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Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

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par Tamsir Ousmane DIAGNE
Ecole supérieure d'économie appliquée (ESEA ex ENEA) - Diplôme d'ingénieur des travaux d'aménagement du territoire et de la gestion urbaine 2013
  

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Chapitre 3 : Problématique

L'analyse des stratégies d'adaptation aux variations et changements climatiques d'une communauté a comme préalable l'étude du niveau de vulnérabilité. Car la résilience dépend de l'échelle d'exposition au choc et de la sensibilité aux fluctuations climatiques.

D'une part, la majeure partie des études de vulnérabilité considèrent les populations les plus pauvres comme les plus vulnérables. Le Sahel où se trouve le Sénégal est une région en proie à une pauvreté endémique. Cette pauvreté est tout d'abord, le fruit de la fragilité écologique. En effet, la région se trouve dans une zone en proie à une progression du désert et à un climat oscillant de saison en saison. Les sécheresses répétitives accroissent la progression de la désertification. Celles-ci combinées avec les catastrophes naturelles (fortes pluies, périls acridiens, les érosions côtières, éoliennes et hydriques...) fragilisent les ressources et moyens d'existence. Si on sait que la majeure partie de la population sahélienne dépend des secteurs en rapport avec les ressources naturelles tels que l'agriculture on peut imaginer l'ampleur de ces phénomènes sur le vécu. La péjoration du climat amoindrit l'économie de la plupart des pays qui le composent et agrandit l'insécurité alimentaire. La vulnérabilité dans la zone est donc avant tout biophysique.

Ensuite, elle est socioéconomique car le sous développement de cette région à d'autres facteurs notamment économiques dûs à un retard dans la croissance. Les pays qui la composent sont parmi les moins avancés de la planète et l'extrême pauvreté touche 20 à 30% de la population. Enfin, la mauvaise gouvernance est une cause sous jacente de vulnérabilité avec la corruption, la concussion, les inégalités de genres et dans la répartition des richesses, les conflits etc. Ainsi l'agriculture dans cette région est exposée à des aléas climatiques et non climatiques qui sont les causes de ses contre performances.

D'autre part, le Sénégal est rangé parmi les 35 pays les plus en retard dans le monde. Sa population croit à un taux de 2,6% et est de 12,5 millions de personnes en 2012 avec 55% constituée de ruraux. Le taux de chômage est de 10,2%20. L'agriculture reste le secteur porteur d'emplois et supporte plus de la moitié de la population active.

20 Stratégie Nationale de Développement Economique et Sociale, SNDES 2013-2017, novembre 2012.

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

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changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

Elle nourrit la grande majorité des ruraux et citadins. Elle représente environ 16% du PIB. Et il est démontré qu'une croissance économique portée par l'agriculture a des allures plus importantes qu'une croissance qui découle des autres secteurs. Elle permet d'atteindre la sécurité alimentaire et de réduire la dépendance du pays vis-à-vis des importations alimentaires.

Toutefois, ce secteur est en proie à de nombreuses tares. Elle est

essentiellement pratiquée sous pluies. Alors que le climat, dans cette région, est exposé à des variations inter et intra annuelles. Il est, aussi, établi que les changements climatiques vont toucher le Sénégal et réduire conséquemment les bases de production et de subsistance. C'est ainsi que la sécheresse de 1984 a fait chuter de 40% les recettes tirées de l'arachide se qui avait compromis la mise en oeuvre de l'ajustement d'après Diagne (2004). En plus des variations et changements climatiques, l'agriculture sénégalaise est en proie à d'autres difficultés. Ces dernières sont entre autres la non disponibilité de semences de qualité et en quantité suffisante ; le manque ou vétusté des matériels, le défaut d'innovation ; les difficultés dans la commercialisation et la transformation ; l'inadéquation de la politique foncière ; la faiblesse des investissements public et privé dans le secteur...

Par conséquent, on peut considérer notre pays comme très vulnérable aux variations et changements climatiques. Les péjorations du climat auront donc des impacts négatifs sur les écosystèmes, sur les ressources et moyens d'existence, sur le progrès économique et social, sur la santé et en corrélation sur l'éducation, sur le cadre de vie...bref les bases d'un développement durable se trouveront amenuisées. Mais la capacité d'adaptation est elle seulement fonction du niveau de développement et de sous développement ? Autrement dit les communautés les plus vulnérables n'entreprennent elles pas des actions de résilience efficaces pour faire face au climat ?

Dans un sens les communautés de base ont compris que face aux variations et changements climatiques la plus mauvaise stratégie est de rester sans rien faire. Dans la communauté rurale de Keur Moussa la recherche d'une résilience de l'agriculture a poussé les exploitations à entreprendre un certain nombre de pratiques d'adaptation. Ces mesures aussi bien individuelles que collectives peuvent être classées en trois catégories :

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

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Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

y' Les stratégies organisationnelles d'adaptation ; y' Les stratégies socio économiques ; y' Et les stratégies techniques.

Ces exploitations agricoles rencontrées dans cette collectivité locale sont pour la plupart très sensibles aux variations et changements climatiques. Car si pour beaucoup d'études, la réponse aux instabilités pluviométriques est l'irrigation et la diversification des activités socio économiques. On retrouve dans ce terroir la combinaison quasi adéquate de l'agriculture sous pluie, du maraîchage avec puits et/ou avec l'eau du robinet, de l'arboriculture et de l'élevage. De plus, le commerce est très développé avec la vente de fruits et de légumes favorisée par la proximité avec les grands centres de consommation que sont Dakar et Thiès. L'industrie, les mines et le secteur artisanal sont présents dans le territoire de cette collectivité locale. Ce qui engendre une variété et une diversification des sources de revenus.

En outre, des mesures d'optimisation de la production par de bonnes pratiques agricoles (stratégies techniques) sont aussi opérées par les producteurs agricoles : l'utilisation de semences de qualité, de variétés améliorées où à cycle court, de fertilisation des sols, les combinaisons agriculture-élevage, la consultation des prévisions climatiques entre autres. La défense et la restauration du sol, des végétaux et de la nappe d'eau sont aussi pratiquées par les exploitations agricoles de la CR. De ce fait, des actions de lutte anti érosifs, des campagnes de reboisements, des actions de lutte contre les feux de brousse...sont notées dans les activités des producteurs de la zone. Par ailleurs, l'existence de la forêt classée de Pout sur le territoire de la communauté rurale assure la promotion de la biodiversité et constitue un espace pastoral.

Les institutions locales (conseil rural, OCB, CLCOP...) ne sont pas en reste dans l'effort d'optimiser le secteur agricole. Mais le regroupement des producteurs constitue la première instance de recherche de résilience. En effet, les agriculteurs de cette localité se sont regroupés dans des groupements. L'un des plus importants est la fédération « WOOBIN » qui regroupe des producteurs dans la quasi-totalité des villages de la communauté rurale. A travers cette fédération et d'autres organisations les populations locales entreprennent des mesures d'adaptation et de dynamisation de l'agriculture. Dans ce sens, la capacité d'entreprendre et l'ouverture à l'innovation dans

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changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

cette communauté surtout chez les femmes est un gage d'une bonne robustesse des systèmes de production.

Néanmoins, le secteur agricole dans cette partie de la région de Thiès n'est pas sans problèmes. Il subit comme dans tout le territoire national les effets négatifs de la péjoration du climat. Les changements climatiques avec ses lots de sécheresses, d'inondations, de réchauffement climatique, de prolifération des maladies des végétaux...n'épargnent pas les exploitations agricoles. Même l'agriculture irriguée subit les effets de ces phénomènes notamment l'augmentation de la profondeur des puits à cause de l'abaissement de la nappe, l'assèchement des mares, la salinisation et la prolifération des insectes ravageurs.

Par ailleurs, face aux stratégies organisationnelles d'adaptation, la dynamique de mobilisation est souvent limitée dans certaine partie de la CR. La recherche de résilience nécessite la participation de toute la communauté aussi bien les hommes que les femmes, les jeunes que les adultes, les riches et les plus vulnérables.

En outre, les différents programmes d'adaptation menés par les partenaires comme ENDA PRONAT manquent d'évaluation envue de leur pérénisation. Il existe donc un déficit d'indicateurs de mesures des performances de ces différentes actions. De même, la capitalisation nécessaire à la reproduction et la repliquabilité de ces interventions ne sont pas notées. D'où la nécessité de s'inscrire dans une analyse des différentes mesures et pratiques d'adaptation locales tout en se basant sur la perception de la population de Keur Moussa et des différentes structures locales et partenaires qui s'y exercent.

Ce qui précède nous amène à poser la question à savoir : Les stratégies locales d'adaptation réduisent elles la vulnérabilité de l'agriculture aux effets négatifs des variations et changements climatiques ?

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