WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

( Télécharger le fichier original )
par Tamsir Ousmane DIAGNE
Ecole supérieure d'économie appliquée (ESEA ex ENEA) - Diplôme d'ingénieur des travaux d'aménagement du territoire et de la gestion urbaine 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

PREMIERE PARTIE: CADRE DE REFERENCE

Chapitre 1 : Revue critique de littérature

Les changements climatiques, une réalité qui mobilise la communauté internationale

La réalité du réchauffement planétaire et l'évidence du changement climatique ne sont plus à démontrer. Le Groupe Intergouvernemental sur l'Evaluation du Climat (GIEC) établit l'augmentation du réchauffement climatique de la planète et les modifications subséquentes des écosystèmes terrestres. D'après ces experts « la gravité des changements en cours est liée à une hausse de la température de 1,8°C à 4°C f...] la généralisation de vague de chaleur et d'épisode de fortes précipitations »(GIEC). Ce réchauffement planétaire est établi par des recherches scientifiques qui sont mondialement reconnues. La cause principale de ce phénomène est l'augmentation des Gaz à Effet de Serre (GES) dans l'atmosphère, notamment le CO2, du fait de l'exploitation des combustibles fossiles. D'après le rapport de synthèse sur le Bilan 2007 des changements climatiques « la poursuite des émissions de gaz à effet de serre au rythme actuel ou à un rythme plus élevé devrait accentuer le réchauffement et modifier profondément le système climatique au XXI siècle. » Les chercheurs du GIEC mettent donc l'accent sur un processus de changement du climat qui touche toutes les parties du monde. Ces changements et variations du climat se manifestent par la récurrence des aléas et phénomènes extrêmes (sécheresse, inondation, tempête, ouragan etc.). Ces phénomènes sont, ainsi, de réels dangers pour l'équilibre de la biosphère. Ils sapent les écosystèmes naturels et anthropiques et augmentent les risques de crises écologiques avec ces conséquences sur l'homme et ces moyens d'existence que sont les ressources naturelles. C'est ce qui est mis en exergue par Gaye et al. (2011) pour qui ce phénomène agit directement sur le milieu naturel en le transformant1. Face à cette transformation, les scientifiques ont été les premiers à appuyer sur la sonnette d'alarme. Le rapport Halte à la croissance ! du club de Rome ne mettait il pas l'accent, déjà en 1972, sur les risques d'écroulement de notre société (21em siècle) si l'expansion

1 Ibrahima Diop Gaye, Amadou Sall et Médoune Ndiaye, Changement climatique et performances socioéconomiques des exploitations agricoles : cas des CR de Fandéne et de Notto Diobass. Dans Adaptation aux impacts du changement climatique, quelles stratégies d'échanges et de partage de l'information scientifique ? CSE, Dakar 2011. 399p

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

3

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

démographique, l'expansion énergétique et les mutations technologiques se maintiennent.

La volonté de réagir à la péjoration du climat amène les Etats à se mobiliser pour trouver des solutions de remédiation. En effet, actuellement, le climat est l'un des secteurs qui rassemble le plus la communauté internationale ces trois dernières décennies. Le processus accéléré de la dégradation du climat du fait des activités humaines pousse les nations unies à organiser la conférence de Rio sur les changements climatiques en 1992. Il est sorti de cette conférence, la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) qui a été jusque là ratifiée par 193 Etats. L'objectif était de « réduire les gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique avec ses conséquences sur les écosystèmes, la production alimentaire et le développement socio économique ». (CCNUCC, article 2).

Après 92, d'autres rencontres de la communauté internationale ont été notées. Ainsi, de Kyoto en 1997 à Rio +20 en 2012, la volonté de réagir face aux péjorations du climat a été affichée. Mais, force est de reconnaitre l'échec des négociations. Ces dernières ont été minées par le multilatéralisme et la psychose de l'imposition des valeurs. Les Etats Unis et la Chine, qui sont les plus grands pollueurs refusent de signer tout protocole qui vise à réduire leur émission de GES car ceci entamerait leurs économies basées essentiellement sur le pétrole.

Toutefois, ces nombreuses initiatives pour le climat ont permis d'impulser une nouvelle dynamique dans la compréhension et l'instauration des écosystèmes. Les gouvernements des pays sont devenus plus sensibles aux péjorations climatiques et des mesures importantes ont commencé à être prises. Ces mesures peuvent être classées en deux catégories : les stratégies d'atténuation et les stratégies d'adaptation.

Multiplication des publications scientifiques sur le climat

A coté de ces mobilisations mondiales sur l'environnement et sa dégradation poussée, de nombreux auteurs se sont intéressés aux changements et variations climatiques. En effet, vu le processus de dégradation du climat, l'importance n'est plus de réfuter les origines des menaces climatiques (S. Facheux et H. Joumni)2 . Ces auteurs pensent qu'il est urgent de « définir les moyen à mobiliser afin de réduire les

2 Economie et politique des changements climatiques. Sylvie Faucheux - Haitham Joumni, Edition la découverte, Paris, 2005. P3

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

4

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

impacts à court, moyen et long terme ». La définition de politiques adéquates pour faire face aux variations du climat est donc nécessaire. C'est ce qui a motivé les déférents sommets internationaux. Car selon les mêmes auteurs, « l'absence de politique conduirait, au pire, à la disparition de l'homme, au mieux à de véritables catastrophes écologiques et d'effondrements du système économique mondial »(P7). Une réaction mondiale, adéquate et durable est donc nécessaire. Cette réaction doit se traduire par l'engagement de tous les pays, mais surtout les pays développés du fait de leur responsabilité historique dans le réchauffement climatique. Les pays en développement doivent aussi chercher à adopter des procédures de productions plus vertes et plus durables. La conservation des forêts et des eaux sont aussi des mesures de protection de ces pays pour une réduction des GES dans l'atmosphère. Car il est admis que, la seule certitude que nous avons aujourd'hui, c'est qu'attendre passivement est une mauvaise stratégie (Magnan et al., 2009)3. Cependant, même si la réaction est indispensable, la manière de réagir est tout aussi importante.

Adaptation ou atténuation : quelle politique choisir ?

L'atténuation des pollutions émises par l'homme est la première solution de la communauté internationale. Cette atténuation se traduit par une réduction des GES et une conservation des ressources qui permettent de stabiliser le climat (foret, mer...). Cette réaction a été le motif d'imposition de quotas d'émissions qui doit être respectés par les pays les plus pollueurs. Mais il s'est trouvé que cette politique a montré ses limites. La prise de conscience que le climat va de toute façon changer, même si les politiques d'atténuation conduites au plan internationale sont un succès4, plaide pour une réorientation des réactions internationales. L'adaptation se trouve être donc la politique la plus adéquate.

L'adaptation peut se faire à toutes les échelles. Mais elle est plus efficace au plan local. Le contexte mondial se traduisant par l'impossibilité d'un consensus sur les mesures devant être apportées, la mise en place de pratiques locales d'adaptation qui permettraient de faire face aux risques climatiques se trouve justifier. Mais les stratégies d'adaptation ont toujours été minimisées dans les décisions sur le climat. Ces stratégies ont été considérées comme étant très spécifiques aux localités et ne prennent pas en

3 Magnan, A. B. Garnaud, R. Billé, F. Gemenne, S. Hallegatte, 2009. La Méditerranée au futur : des impacts du changement climatique aux enjeux de l'adaptation. Paris, Iddri series, 43 p

4Christian de Perthuis, Stéphane Hallegatte et Franck Lecocq, Economie de l'adaptation aux changements climatiques, Conseil économique pour le développement durable. Conseil économique pour le développement durable, Février 2010.

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

5

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

compte l'environnement global. Ces effets ne bénéficient donc qu'à une communauté qui décide de les mettre en oeuvre.

Au niveau des pays en voie de développement (PVD), la variation du climat est responsable de nombreux désastres aussi bien sur les écosystèmes naturels que sur l'homme.

Des impacts négatifs dans les PVD

L'Abache (2004) met l'accent sur l'augmentation future des GES et la responsabilité plus engagée des pays en développement. Pour lui, il est plus que nécessaire que ces pays participent à la réduction des émissions. Il considère que si la déforestation et l'évolution de l'utilisation des sols sont prises en compte dans les évaluations mondiales, la part de ces pays serait plus conséquente. D'où la nécessité de leur imposer des mesures plus pesantes de réduction. Mais, si on analyse du point de vue de la responsabilité historique des changements climatiques il convient de minimiser la responsabilité de ces PVD.

Par ailleurs, les répercussions de ces changements et variations climatiques sont très importantes et concernent la plupart des secteurs économiques et des écosystèmes naturels. Mais, l'agriculture est le domaine le plus sensible à la péjoration climatique. En effet, d'après la FAO, « de nombreux pays ressentent déjà les effets du changement climatique, tels que l'irrégularité et l'imprévisibilité des précipitations, l'incidence accrue des tempêtes et les sécheresses prolongées. Le changement des conditions météorologiques favorise aussi l'apparition de ravageurs et de maladies qui s'attaquent aux cultures et au bétail. »5

Dans ces pays, le secteur agricole dépend directement des conditions du climat. La variabilité de celui-ci engendre des contre performances dans le rendement de l'agriculture, qui est le domaine de production des aliments de subsistance. Ce rapport revient sur les risques alimentaires : « La production de nombreuses espèces se trouve hypothéquée par le changement climatique. Ceci, présente un risque pour l'alimentation des populations dans le monde, surtout dans les pays en voie de développement.»

5 FAO, La FAO et la protection de l'Environnement Mondial. Adapter l'agriculture au changement climatique.

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

6

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

La crise alimentaire de 2008 illustre parfaitement la vulnérabilité des bases de production de l'alimentation dans le monde. Cette crise est plus ressentie dans les pays les plus pauvres, conduisant à des émeutes de la faim. Par ailleurs, ce rapport de la FAO met l'accent sur la nécessité de s'adapter. Dans le contexte actuel l'adaptation est indispensable pour la réduction de la faim.

Cependant, ce rapport ne prend pas en compte la capacité d'adaptation des communautés locales. Cette dernière se traduit par la mise en place de pratiques d'adaptation allant des initiatives individuelles de mitigation par l'adoption de nouvelles techniques culturales à la mise en place d'ouvrages anti érosifs par la mobilisation de groupements de gestion et de restauration de l'environnement.

L'adaptation est une réaction naturelle de l'homme en ce qui concerne les variations et changements climatiques, « ces stratégie locales ont toujours existé » selon la revue agriDape. Mais selon la même revue elles ont été longtemps confinées par les paradigmes dominants qui ne leurs ont pas aménagé des espaces d'expression adaptés pour leur grande diffusion. De plus la sécurité de l'alimentation dépend, en grande partie, du contexte géographique où l'on se trouve. La vulnérabilité géographique influence toute capacité d'adaptation des communautés.

Le niveau de développement expliquerait le degré de vulnérabilité d'un pays. Puisque « la capacité de s'adapter à la modification du climat est liée aux progrès technologique, aux aménagements institutionnels et aux possibilités de financement, de production et d'échange d'information » (BADOLO M. 2008) Les pays en développement qui émettent moins de CO2 dans l'atmosphère sont, de ce fait, plus exposés à la fluctuation climatique.

La pauvreté augmente le niveau de vulnérabilité. Et si nous savons le rapport aux ressources naturelles des populations de ces pays nous pouvons imaginer les risques de tels changements sur la population.

Au Sahel, la vulnérabilité qui résulte des variations et changements climatiques ont des conséquences désastreuses sur tous les domaines surtout sur celui de l'agriculture. Cette dernière est d'une importance capitale dans la vie socio économique des habitants de cette région.

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

7

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

Le Sahel, une région particulièrement vulnérable

L'Afrique sahélienne est présentée comme l'une des régions les plus vulnérables de la planète. Brooks (2006)6 cherche à identifier les causes de la sécheresse au Sahel. Il oppose deux théories de la dessiccation du Sahel : la première met en cause les facteurs anthropogènes tels que l'utilisation inappropriée des terres ; la seconde considère que les causes sont naturelles et résulte de la dégradation de l'environnement mondial. Car selon lui « la dessiccation du Sahel au cours de la fin du 20ème siècle est le résultat d'une variation climatique de longue durée impulsée par des changements dans la configuration de la température de surface au niveau mondial. ». Ainsi, les variations climatiques dans cette région résulteraient de l'environnement global. Les pratiques pastorales, l'agriculture de nature extensive, l'exploitation abusive des forêts dans cette région ne seraient elles pas les principales responsables de la sécheresse et de la désertification ?

Mais, même si ces facteurs humains sont minimisés dans les principales causes, il est évident que l'utilisation inappropriée des ressources et moyens d'existence contribue à la dégradation des conditions naturelles dans cette région. Aussi, quoi qu'il en soit, il est admis que cette région est des plus exposées aux modifications du climat.

La vulnérabilité dépend aussi bien de la position géographique que des conditions socio économiques. L'impact des changements et variations climatiques est très important au Sahel. En tout cas, c'est ce que tente d'expliquer Perret (2008), d'après qui le Sahel doit faire face à deux défis qui sont liés au climat : la vulnérabilité et l'incertitude7.

D'abord, la vulnérabilité, selon cet auteur, dépendrait non pas seulement de la position géographique mais des conditions socio économiques. Or la région sahélienne est l'une des régions les plus pauvres de la planète. Les populations qui y vivent ont un rapport très développé avec les ressources naturelles. Elles dépendent, pour la plupart, des conditions climatiques pour leurs productions vivrières et rentières. Le climat conditionne ainsi le niveau de développement socio économique. Les déficits ou excès de pluviométrie, par exemple, ont des conséquences sur la performance de l'agriculture.

Vu les nombreux défis auxquels la région est exposée les pays sahéliens ont très vite réagi. La création du CILSS au cours de la décennie 70-80 répond à ce souci de réagir. Ainsi, Ce comité met l'accent sur le niveau d'exposition de cette région à la

6 Nick Brooks, note de préparation pour l'initiative mondiale sur le pastoralisme durable. Novembre 2006. p2

7 Christophe Perre, Stéphane Jost, Mohamadou Magha, Brahima Sidibé, note de préparation de la conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale :les défis du changement climatique et des bioénergies. Rome 3-5 juin 2008, p3

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

8

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

modification du climat. Selon ce comité, « le Sahel a connu au cours des dernières décennies un glissement des isohyètes de 100 à 200 km du nord vers le sud depuis le début des années 70 par rapport à la période normale précédente de 1941-1970 »8. On assiste ainsi à une détérioration des bases de production et de subsistance. Les conséquences directes sont l'exode des ruraux vers les grandes villes. L'impact à long terme des sécheresses aux Sahel se traduit par le dépeuplement des zones rurales au profit des villes capitales. L'aménagement du territoire se trouve ainsi saper par les dérèglements climatiques. Le surpeuplement des espaces urbains renforce la paupérisation des capitales. On assiste, ainsi, à la dégradation de l'environnement, au développement de l'insécurité dans ces espaces et l'occupation d'espace de plus en plus exigüe.

En ce qui concerne l'incertitude dans le Sahel, elle se traduit par un manque de confiance sur les prévisions de réchauffement climatique et ces impacts. Les précipitations, par exemple, connaissent des fluctuations inter annuelles et intra

annuelles difficilement prévisible. Ainsi, « Les changements climatiques sont
susceptibles d'accroître la fréquence et la gravité des inondations et des sécheresses dans les zones connaissant déjà une forte variabilité des précipitations »
(Parret).

Cependant, l'auteur même s'il reconnait qu'il existe des stratégies d'adaptation et que celles-ci sont rencontrées dans la plupart des pays sahéliens, ne se fonde que sur certains types de stratégies et fait fi des autres. Les mesures d'adaptation ne sont pas que des actions techniques liées à la lutte contre la dégradation des terres agricoles, la gestion de la fertilité des sols, les techniques de gestion de l'eau, la diversification des cultures. Elles ne sont pas, aussi, seulement des mesures socio économiques par la diversification des activités, la migration, la vente de lait etc. Les stratégies d'adaptation sont aussi organisationnelles. Le regroupement des producteurs pour la défense et la restauration de leurs ressources et la lutte contre toutes formes de dégradation ; la mise en place d'institutions de protection des ressources et d'aide des producteurs notamment pendant la soudure ; la mise en place de GTE et de mutuelles de financement... sont des pratiques d'adaptation que les population sahélienne mettent en place pour une bonne résilience des exploitations agricoles.

Ainsi, face aux changements et variations climatiques, les populations sahéliennes, nous l'avons vu, réagissent en développant des pratiques endogènes d'adaptation et des stratégies de parade propres. Dans les différents pays de cette

8 Rapport bilan d'éxécussion du projet d'appui aux capacités d'adaptation aux changements climatique, CILSS juin 2010.

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

9

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

région des Plans d'action nationale pour l'adaptation aux changements climatiques (PANA) sont élaborés.

Le niveau de vulnérabilité de l'agriculture au Sénégal

Le Sénégal est un pays où l'agriculture est l'activité principale d'une grande partie de la population active : environ 56 % de la population active entre 1993 et 2006 d'après le PANIA. Cette agriculture possède plusieurs potentialités. La disponibilité des terres cultivables dont 19% seulement ont été exploitées ; la présence de sources d'eau dans certaines régions et une bonne pluviométrie dans une partie du territoire national. Cependant ces potentialités ont du mal à casser une forêt de problèmes. La plupart des études sur le secteur agricole mettent l'accent sur la forte vulnérabilité face aux variations et changements climatiques. Diagne (2000) étudie la vulnérabilité de l'agriculture face aux changements climatiques et il ressort de ces études. D'abord « que la pluiviométrie au Sénégal est marquée par des cycles d'année sèche et d'année pluvieuse »9. L'auteur identifie deux scénariis découlant de deux périodes différentes. Un scénario sec avec une pluviométrie déficitaire entre les années 1970-1985 et un scénario humide par rapport au premier dans la période 1950-1960.

Par ailleurs, la variabilité climatique a largement affecté les productions agricoles. Face à la baisse des pluies observée depuis les années 70, l'agriculture sénégalaise subit des contre performances dûes au stress hydrique. Les rendements sont de plus en plus faibles. Les causes principales de la faiblesse des rendements sont liées à l'instabilité des saisons pluvieuses même si les autres facteurs notamment la disponibilité des intrants, la difficulté de commercialisation et la concurrence du marché international...ne doivent pas être négligées. Donc, l'agriculture sénégalaise est essentiellement tributaire de la pluie. Une bonne pluviométrie détermine donc la production.

Les conséquences d'une mauvaise production sont l'insécurité alimentaire. Si on sait qu'en plus de la production vivrière, elle procure aux paysans sénégalais les revenus nécessaires pour l'achat des autres produits de subsistance comme le riz.

Cependant, cette étude est seulement limitée dans les cas des productions sous pluies comme l'arachide et le mil. Les autres spéculations ne sont pas prises en compte. De ce fait l'auteur ne s'inscrit pas dans une analyse globale de la vulnérabilité de l'agriculture sénégalaise. En effet, dans beaucoup de localités du pays, les cultures du mil et de

9 DIAGNE M., 2000 Vulnérabilité des productions agricoles au changement climatique au Sénégal. Direction de l'Environnement et des Etablissements Classés- Programme d'Assistance des Pays-Bas sur les Changements Climatiques N.C.C.S.A.P. Ministère de la Jeunesse, de l'Environnement et de l'Hygiène Publique, Sénégal. 36 p.

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

10

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

l'arachide sont minoritaires. C'est le cas de la zone des Niayes où les cultures maraîchères et l'arboriculture fruitière dominent.

L'étude de cas des systèmes de production agricoles de Sébikotane10 menée par l'ONG ENDA Tiers Monde, s'inscrit dans la zone des Niayes. Selon cette étude : « Avec une production de l'ordre d'une tonne par hectare et par an, le paysan sahélien en général et sénégalais en particulier, mettra alors 100 ans pour produire 100 tonnes sur un hectare ». Les rendements sont ainsi faibles vu les défis qui attendent l'agriculture. La production agricole est nécessaire pour nourrir, vêtir, soigner, éduquer et investir dans un pays comme le Sénégal. Face à cette situation d'aucuns ont préconisé l'intensification des cultures et la substitution de l'agriculture pluviale au profit de celle irriguée. Cette dernière est pratiquée dans toutes les zones du pays mais particulièrement dans la zone des Niayes. Les conditions climatiques, pédologiques et hydrologiques font de cette partie un lieu de prédilection du maraîchage. En plus, la production de légumes est très avantageuse en termes de rendement. Elle possède une forte valeur ajoutée, la commercialisation des fruits et légumes ne subit pas les mêmes tares que celle de l'arachide. Car d'après la même étude, « Il est clairement démontré aujourd'hui que les agriculteurs dans les systèmes irrigués, qui pratiquent les cultures maraîchères, s'en sortent mieux que les agriculteurs des systèmes pluviaux. Les premiers, vivent dans des maisons en dur, tandis que les seconds vivent toujours dans des cases ».

Dans ce même sillage Moussa Naabou (ENDA TM), dans son étude sur la même zone, présente qu'une adaptation efficace du secteur agricole aux effets des variations et changements climatiques doit forcement passer par deux éléments : le remplacement de l'agriculture traditionnelle sous pluies par l'agriculture irriguée et que l'environnement produit soit comptabilisé comme facteur de production11.

En effet, comme il a été dit précédemment, cette forme d'agriculture qui regroupe le maraîchage et l'arboriculture est plus avantageuse en termes de rendement et de création de richesse. Par ailleurs, la production de l'environnement signifie les différents aménagements (brises vents, zaie, cordon pierreux, demi-lune...) qui ont été faits dans les champs pour permettre de s'adapter à la sécheresse, aux fortes pluies, à l'action des

10 Adaptation aux Changements Climatiques. L'étude de cas des systèmes de production agricoles de Sébikotane (Sénégal), Moussa SECK,, Mamouda MOUSSA NA ABOU, Salimata WADE, Jean-Philippe THOMAS ENDA T.M Février 2005, p19

11 Moussa NAABOU, Evaluation de la vulnérabilité et des stratégies d'adaptation: Agriculture et sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne : le cas de la zone des Niayes au Sénégal. Compte rendu de l'attélier de formation des formateurs sur vulnérabilité et adaptation aux changements climatiques, ENDA TM, juillet 2005.

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

11

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

vents forts etc. et permettre ainsi un bon rendement. La production de cet environnement nécessite le concours des savoirs locaux et la modernisation du secteur.

Mais, même si les cultures traditionnelles sous pluie présentent de nombreux problèmes, elles jouent aussi un rôle très important dans la plupart des localités du pays. Ces cultures sont, d'abord, ancrées dans la tradition des sénégalais et il serait difficile de les en dissuader. Ensuite, le mil, par exemple est la base de la nourriture de la majeure partie des familles surtout dans le monde rural. L'arachide en plus de la commercialisation est utilisée pour la nourriture du bétail, ces pailles servant d'aliments pour les ruminants. Enfin, la libération actuelle du marché a amélioré la commercialisation de l'arachide. Cette dernière se vend plus facilement avec l'ouverture sur le marché international.

Aussi, même si le maraîchage est présenté comme une stratégie d'adaptation, il subit, tout de même, les effets de la péjoration du climat. La rareté des pluies durant les décennies précédentes fait que des poches sèches apparaissent dans des endroits qui étaient jadis réputés humides. En outre les vents forts dans la zone des Niayes augmentent les risques de stress hydrique. La salinisation des nappes est une limite réelle de la production dans la zone. C'est pourquoi ce rapport de l'ONG ENDA TM liste un certains nombres de mesures d'adaptation parmi lesquelles la diversification des cultures et des activités, l'utilisation de variétés améliorées et l'implantation de brises vents pour atténuer l'action des vents.

Ainsi, la substitution de l'agriculture pluviale par celle irriguée ne serait pas la bonne solution. L'irrigation a un certain coût qui serait difficilement supportable par

beaucoup de paysans. Il faudra chercher à instaurer une « substitution
complémentaire » en essayant d'étendre la saison culturale au delà de l'hivernage pour assurer une sécurité alimentaire dans notre pays.

La diversification culturale par l'intégration des systèmes pluviaux avec les systèmes maraîchers, arboricoles et l'élevage, la mise en place de la polyculture et la diversification des sources de revenus par la pratique d'autres formes de métiers seraient les solutions idoines contre les phénomènes du climat. La lutte contre les érosions par des techniques endogènes ; la recherche d'une bonne gestion de l'eau ; l'utilisation modérée des fertilisants chimiques ; la mobilisation pour sensibiliser et former les producteurs sur les techniques de production les plus optimales et les plus durables... sont autant de mesures d'adaptation que nous rencontrons dans certaines exploitations agricoles du Sénégal. La communauté rurale de Keur Moussa, dont une

Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA 2013

12

Analyse de la perception de la vulnérabilité et des stratégies locales d'adaptation aux variations et
changements climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.

grande partie se trouve dans les Niayes, renferme des exploitations et des organisations qui s'activent dans la pratique de telles mesures. L'analyse des stratégies locales d'adaptation qui sont développées par les populations locales est d'une importance particulière.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King