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Les défis du terrorisme au Sahel. Aqmi,une menace stratégique?

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par Rodrigue NANA NGASSAM
Université de Douala - Cameroun - Master II en science politique- option : études internationales 2013
  

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PARAGRAPHE II : LA CHINE, DANS LE VISEUR DE L'OCCIDENT

Depuis le début des années 2000, on assiste à une croissance fulgurante des relations sino-africaines270(*) qui interagissent avec les calculs stratégiques aussi bien des partenaires dits traditionnels que des nouveaux venus. Si les motivations de la Chine pour l'Afrique s'expliquent à travers plusieurs raisons (B), l'occident reste très inquiet face à cette pénétration du géant asiatique vers le continent africain (A).

A- L'inquiétude de l'occident face au safari de la chine en Afrique

L'Afrique n'est plus la chasse gardée de l'occident, mais désormais une chasse croisée, entre des puissances extrarégionales. Les nouveaux arrivants que sont les chinois entretiennent des intérêts stratégiques divergents avec des puissances dont la présence résulte d'une longue tradition. C'est ainsi que derrière la lutte contre le terrorisme au sahel, des rivalités existent entre la Chine et les Etats-Unis (1) et entre la Chine et l'Union-Européenne (2).

1- La rivalité sino-américaine

Il y a un grand jeu en train de se préparer au sahel et les pions sont mis en place progressivement entre les Etats-Unis et la Chine. Cette hypothèse est fondée avant tout par le regard, de plus en plus critique, jeté par Washington sur l'expansion de la diplomatie chinoise à travers le monde, en Afrique singulièrement. Dans ce cas de figure, les Etats-Unis et la Chine s'implique particulièrement dans cette entreprise au risque de mener des actions concurrentes exacerbant leur relation. Outre la compétition entre les deux grands qui s'observe en Guinée Equatoriale et en Angola, le Sahel est devenu le nouveau gâteau que se querelle ces deux puissances. Pour comprendre la stratégie de Pékin, il est indispensable de saisir l'ampleur des enjeux du continent africain271(*). La chine est positionnée de manière extrêmement forte au Soudan, où elle est majoritaire dans les principaux champs pétrolifères du pays (Muglad et Melut). Elle désenclave le pétrole Sud-Soudanais vers Port-Soudan et l'exporte à travers la Mer rouge. L'idéal pour la Chine serait d'arriver à relier les champs pétrolifères se trouvant au Tchad via ces oléoducs et donc de se constituer un réseau de désenclavement de ces richesses. La China National Petroleum Corporation (CNPC), la Chinese National Off Shore Oil Compagny et China Petroleum Corporation (SINOPEC) sont déjà présents dans les pays sahéliens, notamment au Niger, en Mauritanie et au Tchad, et mènent également des prospections au Mali272(*).

Mais parallèlement, les Etats-Unis ont un autre projet politique qui lui est déjà mis en place à travers un oléoduc qui désenclave le pétrole Tchadien par le golf de Guinée. Les compagnies pétrolières américaines concentrent leur effort dans le golf de guinée. Le pétrole étant l'enjeu majeur, il n'est pas étonnant de voir le Nigéria, l'Angola et la Guinée Equatoriale en tête des partenaires africains des Etats-Unis. La Guinée Equatoriale constitue la 1ere zone dans la stratégie pétrolière de Washington. Troisième producteur de pétrole d'Afrique Subsaharien après le Nigéria et l'Angola, ce pays bénéficie d'importants investissements américains. Il y a ensuite des pays dont le principal produit d'exportation est le pétrole brut, à savoir le Congo Brazzaville, le Tchad et le Gabon. Depuis le début des années 2000, Washington cherche à renforcer la présence de ses majors en Afriques. Walter KANSTEINER, le vice-secrétaire d'Etat américain aux affaires africaines, ne déclarait-il pas en 2002 que le pétrole africain « est devenu un intérêt national stratégique ? », et le sénateur républicain Ed Royce de renchérir que « le pétrole africain devrait être traité comme une priorité pour la sécurité nationale des Etats-Unis de l'après 11 septembre »273(*). Aujourd'hui, Pékin craint sérieusement les risques d'une politique d' « energy containment » menée par Washington. La vive rivalité américano-chinoise à l'égard du sahel et du continent africain est un test dans les rapports qu'entretiennent ces deux puissances. Il convient de noter que l'Europe tout comme les Etats-Unis, n'y voit pas d'un très bon oeil l'avancée de la Chine en Afrique.

2- La rivalité Sino-européenne

La ruée vers l'Afrique ne s'arrête cependant pas aux rivalités sino-américaines. Sans faire autant de vague que la Chine, l'Europe avance aussi ses pions dans ce champ sahélien qui ne laisse personne insensible. Pour des raisons à la fois historiques et géographiques, des liens forts unissent les Etats de la rive nord de la Méditerranée (France, Royaume-Uni, Espagne, Italie etc.) à ceux de la rive Sud et de la zone Sahélo-saharienne (Mauritanie, Mali, Tchad...). Des coopérations bilatérales et communautaires ont été développées avec ces pays ainsi que des relations commerciales, économiques, politiques, culturelles et migratoires. Ces relations ont été sanctionnées d'ailleurs par des politiques cibles de la part de l'Union Européenne dans l'ensemble de ces domaines. Le récent retour de la Chine en Afrique, après un retrait relatif suscite beaucoup d'inquiétudes en Europe face à une attitude jugée « prédatrice ». Eric IZARAELEWICZ dresse le constat suivant : « les conditions actuelles de l'OPA chinoise sur l'Afrique ont quelque chose de révoltant. Deux raisons. D'abord, pour aider les pays africains, les grandes puissances industrielles et les organisations internationales ont accepté, ces dernières années, d'effacer leur dette. Aujourd'hui la Chine ramasse la mise. Elle accorde à ces pays, désendettés donc, des prêts. Sans conditions publiques d'abord - c'est le principe de non ingérence cher à Pékin. Ce qui conforte les régimes les plus corrompus ou les plus durs de la région. Des prêts surtout destinés à acheter chinois bien sûr. Tout cela n'est pas très fair play »274(*).

L'Union Européenne dont 20% des importations pétrolières proviennent de l'Afrique n'apprécie guère la stratégie chinoise en Afrique. En effet, même si le pétrole africain ne constitue pas un enjeu stratégique pour la majorité de ses membres, il reste que la guerre du gaz de décembre 2005 livrée par la Russie (qui fournit 25% du gaz et 42% du pétrole de l'UE) incite à s'intéresser à d'autres sources d'approvisionnement, dont l'Afrique. Elle porte un grand intérêt au projet du « Trans saharan gaz pipeline » (TSGP), un gazoduc devant relier le Nigéria à l'Algérie via la méditerranée pour alimenter l'Europe. Cet ouvrage devrait permettre l'acheminement de 20 à 30 Gm3 par an, principalement vers l'Europe. Son coût est estimé aujourd'hui à plus de 10 milliards de dollars supplémentaires pour la construction d'infrastructures destinées à permettre la collecte du gaz au Nigeria. En juin 2009, un accord a été signé entre les gouvernements d'Algérie, du Nigéria et du Niger visant la construction de ce gazoduc à l'horizon 2015. Il existe aussi un projet Libyen de prolongement du Greenstream vers les champs pétrolifères tchadiens et du Darfour. L'énergie solaire est également au menu du livre vert de la Commission Européenne sur la sécurité de l'approvisionnement énergétique : l'Algérie, la Tunisie et le Maroc275(*) peuvent offrir des solutions économiquement et techniquement viables pour l'UE qui devra importer « 15% de son électricité à partir du solaire en 2029 »276(*). Le méga projet Désertec fait parti de cette stratégie européenne visant à se positionner au sahel. Au moment où l'UE entend insuffler un nouveau dynamisme à sa coopération avec l'Afrique par la promotion d'une démarche multilatérale277(*), la Chine acceptera telle de la rejoindre autour du « partenariat de valeurs » dont parle Louis Michel Commissaire européen au développement et à l'aide humanitaire ?278(*)

* 270 Chris ALDEN, Daniel LARGE, et Ricardo DE OLIVEIRA (dir), China Return to Africa. Arising Power and a Continent Embrace, Columbia University Press, New-York, E-U, 2008, 400 p.

* 271 Alain CAUSSIEU, Sébastien DEMAILLY, Guillaume DETILLEUX, Mathieu DEPOIRE, Christophe PEIGNE, « Crise au Darfour : Indice révélateur de la politique d'accroissement de puissance de la chine en Afrique », Dossier Chine-Afrique, Info-guerre, décembre 2007, p. 11.

* 272 Bérangère ROUPPERT, « Les Etats sahéliens et leurs partenaires extrarégionaux : Le cas de l'Union Européenne en particulier », Note d'analyse du GRIP, 6 décembre 2012, p. 4.

* 273 Jean Christophe SERVANT, «The New Gulf oïl States», Le Monde Diplomatique, Janvier 2003.

* 274 Analyse d'Erik IZARAELEWICZ, intitulée Chine-Afrique, blog des Echos du 03 novembre 2006.

* 275 Bérangère Rouppert, « Les Etats sahéliens et leurs partenaires extrarégionaux : Le cas de l'Union Européenne en particulier », Note d'analyse du GRIP, 6 décembre 2012, p. 6.

* 276 Abderrahmane MEBTOUL, « La coopération Europe-Maghreb face aux mutations géostratégiques mondiales », Note de l'IFRI, avril 2011. P. 36.

* 277 Louis MICHEL, Commissaire Européen au Développement et à l'Aide Humanitaire, « Il est temps de remettre l'Afrique au centre de la politique extérieure européenne », Conférence Publique sur la stratégie Européenne en Afrique, Berlin, le 28 novembre 2006.

* 278 Commandant Mbaye CISSE, Sénégal CID, 14e promotion, « L'affirmation de stratégie de puissance : la politique africaine de la chine », www.diploweb.com, Géopolitique de l'Afrique et de la Chine, date de mise en ligne, octobre 2007.

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