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Les défis du terrorisme au Sahel. Aqmi,une menace stratégique?

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par Rodrigue NANA NGASSAM
Université de Douala - Cameroun - Master II en science politique- option : études internationales 2013
  

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B - L'union européenne et le sahel

La stratégie pour le sahel, qui a été élaborée par le Service Européen pour l'Action (SEAE) et qui a été adoptée par le Conseil des Affaires Etrangères du 21 mars 2011, est une initiative majeure de politique de l'UE qui a nécessité plusieurs années de préparation. S'inscrivant dans un contexte géopolitique et dans une configuration internationale particulière et ambitionnant de s'attaquer à des problématiques complexes, la présente stratégie soulève un certain nombre d'objectifs (1) et de défis (2).

1- Objectifs de la stratégie européenne au sahel

« En dépit de son importance stratégique pour l'Europe, le sahel a longtemps pu paraître lointain à certains Etats européens. Or, la multiplication des attentats et des prises d'otages ne visant pas uniquement des ressortissants français a suscité un intérêt accru pour la région et une prise de conscience sur les risques qu'elle faisait courir »388(*). En octobre 2010, trois mois après la mort de Michel GERMANEAU et quelques semaines après les événements tragiques d'ARLIT389(*), le Conseil des Affaires Etrangères de l'UE demanda l'élaboration d'une politique concrète et rapide pour le sahel. Le Service d'Action Extérieure de l'UE a alors établi une « stratégie européenne pour la sécurité et le développement dans le sahel ». Cette stratégie était censée traduire « l'attention et la préoccupation croissantes que suscite la partie sahélienne d'Afrique de l'Ouest »390(*) ainsi que la « solidarité de l'Union Européenne avec les pays du sahel touchés par la menace terroriste »391(*), car faut-il le reconnaître, « c'est bien la situation sécuritaire et précisément la menace terroriste, personnifiée par AQMI, qui semble avoir été le déclencheur de l'attention qui est portée à la région du sahel et de la grande majorité des actions nationales et internationales initiées »392(*).

La stratégie telle qu'elle a été présentée résulte d'un processus d'évaluation, de dialogue et de concertation qui s'est étalée sur une période de plus d'un an en se fondant sur une série de missions sur le terrain et impliquant l'Algérie, le Niger, le Mali et certains pays membres de l'UE mais également plusieurs départements de son institution. Elle s'articule autour de l'appui que l'UE est susceptible d'apporter en soutien à certains pays du sahel dans les efforts que la plupart d'entre eux ont initié afin de faire face aux problèmes complexes d'ordre socio-économiques, politiques, environnementaux et sécuritaires auxquels ils sont confrontés. Ainsi, sur une période de 5 à 10 ans, la stratégie ambitionne de venir en appui aux autorités nationales des pays confronté à des tensions internes (économique, sociale, politique et sécuritaire). Ce soutient de l'UE vise à améliorer la stabilité politique, la sécurité, la bonne gouvernance, la cohésion sociale dans les Etats du sahel, ainsi que les opportunités économique et d'éducation. La stratégie souligne et intègre le lien indispensable et la corrélation entre la sécurité et le développement.

Comme cela fut annoncé en 2011, l'action envisagée par l'UE au sahel avait pour but de promouvoir le développement, la bonne gouvernance et la résolution des conflits internes. Sur ce plan, l'UE envisageait résoudre certains problèmes socioéconomiques de sorte à améliorer les conditions de vie des populations qui vivent dans les régions sahéliennes et à leur offrir des opportunités économiques, l'objectif étant d'éviter que ces régions deviennent des terreaux propices au développement des activités criminelles et à l'enracinement d'un certain radicalisme. Il était aussi question de rétablir et de renfoncer la présence de l'Etat dans les zones qui échappent à son contrôle. L'autre point saillant consistait à la promotion d'une coopération régionale plus étroite. Ceci dans l'intention de faciliter la mise en oeuvre d'une approche plus coordonnée au niveau régional de même qu'un niveau international, permettant notamment aux différents pays de la région de travailler de concert à travers un dialogue soutenu et renforcé, à une gestion efficace des menaces et défis auxquels ils sont tous, d'une manière ou d'une autre et à des degrés divers, confrontés.

Par ailleurs, le renforcement des capacités sécuritaires nationales et de l'état de droit était aussi nécessaire pour enrayer la prolifération des zones de non droit échappant complètement ou en partie au contrôle étatique. Situation dû à l'incapacité des forces de sécurité des pays de la région à assurer et à imposer leur présence effective dans ces régions. La stratégie prévoit de ce fait le renforcement des capacités des institutions de sécurité, du maintient de l'ordre et de l'état de droit afin de les rendre apte à faire face au terrorisme et à la criminalité transfrontalière organisée. Enfin, l'amélioration de la situation économique et la prévention de l'extrémisme violent et le radicalisme est pour l'UE, un moyen incontournable pour répondre aux difficultés socio-économiques et de mécanismes de marginalisation qui fragilisent la cohésion sociale dans plusieurs régions de la bande sahélienne, faisant le lit d'une idéologie islamiste radicale qu'AQMI et d'autres groupes jihadistes essaie d'implanter par le biais d'action d'embrigadements et de propagande. L'Europe envisage ainsi de supprimer ou de réduire les facteurs qui favorisent l'émergence, l'enracinement et la montée de cet extrémisme violent. Il est ainsi question de réduire la pauvreté, le sous-développement et le sentiment d'exclusion sociale que pourraient ressentir certaines composantes des populations vivant dans les régions sahéliennes.

La mise en oeuvre de cette stratégie européenne pour le sahel suscite toutefois des inquiétudes. A ce jour, il y a eu beaucoup de mots mais peu d'actions concrètes réalisées. Ce qui pour certains constituent des défis pour sortir le sahel du spectre de la menace terroriste.

2- Défis à la mise en oeuvre de la stratégie européenne

Un certain nombre de limites ont été formulées à l'égard de la coopération sécuritaire mise en oeuvre au sein de l'UE. Elles concernent particulièrement sa frilosité à aller au-delà du concept traditionnel des formations et conseils apportés aux secteurs de la sécurité des pays auxquels l'UE apporte un soutien et notamment à fournir des équipements militaires, dont bon nombre de pays africains ont pourtant besoin. L'opérationnalisation de la stratégie, qui représentait l'un de ses défis à tarder à se concrétiser393(*). La conséquence directe est qu'elle a été rattrapée et même dépassée par la survenance ou la réalisation de facteurs (notamment le conflit en Libye et l'incidence qu'il a eu pour le Nord du Mali) l'ayant rendu difficilement applicable, précipitant quelque peu son début de mise en oeuvre. Ainsi, une stratégie qui était conçue comme un instrument de prévention s'est réduite à opérer dans l'urgence. C'est notamment dans ce contexte que c'est inscrit le lancement de l'opération EUCAP394(*) sahel Niger.

Le sahel étant une région traversée par des dynamiques diverses et complexes, il est nécessaire que chaque initiative visant à stabiliser la situation dans le sahel découle d'une analyse approfondie des complexes dynamiques et interactions d'ordres sociales, économiques, historiques, culturelles, politiques et sécuritaires. Ce sont en effet ces dynamiques et interactions ou du moins certaines d'entre elles qui participent notamment à l'émergence de l'extrémisme radical, au développement des activités criminelles et des trafics dans la région. En outre, la stratégie européenne est sans doute un peu dépassée par la donne récente et particulièrement le conflit libyen dont les conséquences sur la sécurité et la stabilité dans le sahel sont encore loin d'avoir toutes été analysées et envisagées. La stratégie européenne telle qu'elle se présente actuellement n'est à l'évidence pas un document opérationnel, ce qui limite son impact effectif sur le terrain. L'une des principales ambitions de la stratégie semble à ce propos, comme il est précisé dans le document, de doter l'UE d'un cadre politique devant servir à mobiliser les différents instruments et moyens d'assistance de l'union et à améliorer la coordination de ses initiatives actuelles et futur dans la région.

L'un des défis subséquents consistera ainsi à traduire effectivement dans les faits et de manière opérationnelle ou programmatique les objectifs et axes stratégiques esquissés, en les dotant des moyens adéquats à la hauteur des ambitions affichées et des défis multidimensionnels que sous-tendent la sécurité et le développement dans le sahel. De même, les initiatives, efforts et actions visant à faire face aux problèmes identifiés en termes de développement et de sécurité dans la région sont de la responsabilité première de chacun des pays concernés. De ce fait, malgré les contraintes relatives à la nature complexe des défis socio-économiques, politiques, environnementaux et les difficultés relatives à la faiblesse des capacités de certains des pays concernés, les actions à entreprendre ne sauraient être efficace sans un engagement résolu et concerté de la part de ces derniers (Mali, Mauritanie, Niger, Algérie) qui se doivent donc de prendre à bras le corps les efforts et les risques nécessaires. La stratégie ne saurait être efficace, tout comme les initiatives des autres partenaires internationaux et celles de chacun des pays concernés, sans une approche véritablement régionale, collective et concertée à laquelle s'associeraient toutes les parties prenantes, avec en prélude une vision et une réelle volonté commune. Pour l'heure, cette coopération si elle n'a pas toujours été sereine395(*), semble compte tenu de la menace terroriste être la voie privilégiée et l'ultime recours tant au niveau national, régional qu'au niveau des partenaires extérieures pour résoudre l'énigme du progrès dans la région sahélienne.

* 388 Henry PLAGNOL et Bernard LONCLE, « La situation Sécuritaire dans les pays de la zone sahélienne », Rapport d'Information, Assemblée Nationale (France), 6 mars 2012, p. 74.

* 389 Enlèvements de sept personnes sur le site minier d'Arlit dans le Nord du Niger dans la nuit du 15 au 16 septembre 2010 par AQMI.

* 390 William ASSANVO, « Réflexions sur la stratégie européenne pour la sécurité et le développement dans le sahel », Observatoire de la Vie Diplomatique en Afrique (OVIDA, Note d'analyse n° 5, octobre 2011, p. 2. http://www.ovida-afrido.org/fr/ovida-pdf/strat%c3%A9gie_UE_sahel_5_octobre11.pdf.

* 391 Raby Ould Idoumou, « L'UE et le Sahel définissent une vision conjointe de la sécurité », Magharebia, 12 décembre 2011, http://www.magharebia.com/cocoom/avoi/xhtml1/fr/features/awi/features/2011/12/12/features-03.

* 392 William ASSANVO, Op. Cit., p. 2.

* 393 Rapport d'information de la Commission des Affaires Etrangères de l'Assemblée Nationale Française sur « la situation sécuritaire dans les pays de la zone sahélienne », 6 mars 2012, p. 74. http://www.assemblée-nationale.fr/13/rap-info/i4431.asp.

* 394 L'EUCAP est la mission européenne visant à renforcer les capacités du sahel.

* 395 Sur certaines divergences stratégiques en matière de lutte contre le terrorisme dans le sahel, voir Benjamin Roger, « Terrorisme au sahel : derrière la coopération, chacun joue sa partition », Jeune Afrique, 07 septembre 2011.

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