WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les défis du terrorisme au Sahel. Aqmi,une menace stratégique?

( Télécharger le fichier original )
par Rodrigue NANA NGASSAM
Université de Douala - Cameroun - Master II en science politique- option : études internationales 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B- La prévention

La prévention consiste à agir pour éviter la naissance ou l'accentuation des menaces contre la sécurité d'un Etat. Pour être efficace, la stratégie de prévention doit s'appuyer sur un système de veille et d'alerte rapide (1) et sur une surveillance étroite des frontières (2).

1- La mise en place d'un système de veille et d'alerte rapide

L'élimination du terrorisme nécessite un engagement ferme ainsi qu'une action conjointe de la part des Etats du sahel à poursuivre les objectifs communs. Les pays du sahel devraient jouer un rôle de leadership en ce qui concerne les défis de la lutte contre le terrorisme et assumer la prise en charge des capacités à cet égard. Face aux multiples dangers qui guettent ces pays africains, il est utile qu'un système de veille et d'alerte précoce puisse voir le jour en matière de terrorisme. Le système de veille et d'alerte insérera son action dans une démarche coordonné entre les Etats sahéliens mais aussi avec les partenaires extérieurs. A ce titre, l'installation d'un centre de situation contre le terrorisme est importante pour permettre l'évaluation de certaines zones nationales ou régionales de crise. Celui-ci devra être doté des moyens et d'une capacité à alerter conjointement les Etats dès les premiers signes d'une menace. Le système d'alerte rapide jouera ainsi le rôle de détecteur, d'analyse et de réaction permettant aux Etats de connaître les risques naturels majeurs et de développer leur prévention. Pour répondre dans les quinze ans qui viennent, aux enjeux de sécurité de cette zone, une nouvelle approche plus concrète doit être mise en oeuvre dans la lutte antiterroriste. Il s'agira de développer de véritables partenariats, de collaboration, grâce à des projets régionaux concrets qui concourent à la paix, la sécurité et la stabilité et à prendre des mesures collectives efficaces en vue d'éliminer les menaces qui pèsent sur la coopération, la paix et la stabilité régionale.

Cependant, il faut noter que l'architecture de paix et de sécurité de l'UA comporte un système de sécurité collective et d'alerte rapide447(*), en vue de la mise en place d'une réaction rapide et efficace aux situations de conflit et de crise sur le continent. De même pour la CEDEAO, dont le Mécanisme de Sécurité a été complété par un Système d'Alerte Rapide pour la prévention des conflits structurés autour d'un centre d'observation et de suivi basé au siège de la CEDEAO, représenté et relayé sur le terrain à travers des bureaux implantés dans les quatre zones se répartissant la couverture de l'espace sécuritaire de la CEDEAO448(*). Mais, ces systèmes dont celui de l'UA et de la CEDEAO ont échoué dans leur mission de prévention et de gestion des crises. La crise du Nord du Mali est un exemple tangible parmi tant d'autres de l'échec de ces deux mécanismes de sécurité. A cet effet, il semble opportun qu'un véritable système de sécurité puisse voir le jour en matière de terrorisme. Pour cela, les Etats du sahel doivent mettre sur pied une vraie politique de prévention qui exige un réel travail d'anticipation et de planification dont la finalité est d'annihiler toutes menaces de propagation du terrorisme. Outre l'alerte précoce, les pays du sahel ont aussi intérêt à surveiller leurs frontières vastes et poreuses pour empêcher la circulation des terroristes et des marchands de la mort.

2- Le renforcement et l'accroissement de la surveillance des frontières

Le sahel et l'Afrique de l'Ouest sont incontestablement devenus une plaque tournante pour le trafic international et pour la circulation des mouvements terroristes. L'une des explications à ce dangereux phénomène, est que la région est moins risquée. AQMI évolue dans une région semblable, de par la taille, à un quadrilatère qui relierait Londres, Moscou, Odessa et Rome ! C'est là un terrain de jeu très commode pour les terroristes désireux d'échapper aux poursuites. Lorsqu'on visionne le film de l'intervention des forces françaises contre le convoi qui détenait Antoine DE LEOCOUR et Vincent DELORY, enlevé en janvier 2011 à Niamey par AQMI, il apparaît que des terroristes prennent la fuite sans être inquiétés. Les terroristes et les groupes mafieux semblent être les maîtres de cet immense désert devenu un supermarché à ciel ouvert où se déroule commerce des otages et trafics en tous genres. Traiter de la sécurité frontalière dans cette région est un problème mondial compte tenu des influences extérieures (drogues, armes et combattants) qui la pénètrent.

L'efficacité de la lutte contre le terrorisme doit prendre en compte la question de la sécurisation des frontières. Le contrôle des frontières au sahel est une nécessité pour réduire les activités des groupes terroristes et criminels dans la région. Cela doit s'accompagner d'une surveillance effective des autorités frontalières qui pour la plupart sont corrompues. L'Afrique est pour diverses raisons, « le foyer des Etats les plus faibles du monde, en termes de capacité à faire respecter l'autorité de la loi sur leur territoire »449(*). En conséquence, le crime organisé peut déstabiliser les Etats en les gangrenant par la corruption, en s'accaparant des régions entières, en produisant de la violence et de l'insécurité chronique, et en étant une menace pour la population. Répandue à tous les échelons des sociétés, elle concerne aussi bien les élites proches du pouvoir, que les cadres et les fonctionnaires intermédiaires, les forces de sécurité et tout agent de l'Etat. A chaque palier, les acteurs prélèvent leur part de la rente, que celle-ci provienne du commerce de produits licites, de la contrebande de cigarettes, de l'exploitation ou du pillage des ressources naturelles, des gains du trafic de drogue ou d'armes, ou des flux humains clandestins450(*).

Cela étant, sachant que les procédures qui facilitent les déplacements et les échanges culturels et économiques sont également mises à profit par les terroristes, les mesures visant à lutter contre le terrorisme devraient être aujourd'hui clairement liées à la gestion et à la régulation des mouvements transfrontaliers. Ainsi, la mise en place de systèmes intégrés de contrôle des passagers aux frontières, la délivrance de titres de voyage sécurisés, la promotion de l'échange d'information entre parties intéressées, la formation et le renforcement des capacités des autorités frontaliers en équipement, en système de surveillance (de patrouille, d'évaluation du renseignement) est important pour réduire la perméabilité des frontières des Etats du sahel. Ces mesures pourront permettre de renforcer les dispositifs de sécurité et d'immigration tout en facilitant la circulation transfrontalière des personnes. Il faut que les autorités compétentes mènent de concert les activités de contrôle nécessaires pour faire face aux risques que posent les frontières ouvertes. Toutefois, la coopération et le renforcement juridique et judiciaire est inéluctable pour mieux coordonner les efforts et pour mieux lutter contre le terrorisme.

* 447 Conformément à l'article 12 (1) du Protocole relatif à la création du Conseil de Paix et de Sécurité Africaine.

* 448 Intervention de Massaër DIALLO, « La Sécurité en Afrique de l'Ouest : Enjeu de gouvernance et développement », Réunion du Groupe d'Orientation des Politiques (GOP) du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE), 25 et 26 janvier 2007 GTZ, Berlin, p. 4.

* 449 Rapport de l'ONUDC, Le Trafic de drogue comme menace à la sécurité en Afrique de l'Ouest, octobre 2008.

* 450 Laurence AIDA AMMOUR, « Flux, Réseaux et Circuits de la Criminalité organisée au Sahara-Sahel et en Afrique de l'Ouest », Institut de Recherche Stratégique de l'Ecole Militaire (IRSEM), Paris, Cahiers du CEREM, Spécial Sahel, n° 12, décembre 2009, p. 17.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore