La problématique est mieux expliquée en
matière de l'espace urbain produit sur le rayon des abords. Comme
expliqué en chapitre premier, les abords peuvent être des espaces
figés dans le temps, voire des espaces muséographiques, ou des
espaces évolutifs et créatifs. Dans les deux cas, leur
caractère doit être protégé ainsi que leur relation
inséparable avec le monument ou le site historique.
En Algérie, le coté réglementaire en
faveur de la protection des abords du patrimoine bâti, est
complètement absent. Le cadre législatif prescrit des
recommandations pour éviter toute atteinte, uniquement visuelle, sur ces
espaces, mais aucun règlement applicable n'est produit pour cet
objectif. L'absence de contrôle des actions urbaines sur le sol
algérien, semble être l'une des plus grandes causes de l'ignorance
des abords et la méconnaissance de leurs valeurs. On cite le
problème des agglomérations illicites et illégales sur le
rayon des abords, voire même sur le périmètre des sites et
réserves archéologiques. Ces agressions sur le caractère
des lieux que forment le patrimoine bâti et ses abords, sont
causées principalement par l'échec de la politique urbaine de
contrôler et de gérer ce type d'urbanisation anarchique et non
respectueux à la qualité patrimoniale et à la
qualité du cadre bâti en général. On trouve des
monuments en restauration ou en réhabilitation et en quelques
mètres du même monument, dans le rayon des abords, on trouve des
travaux de lotissement ou d'installation industrielle qui détruisent le
caractère historique, mémoriel et paysager du lieu.
Le rayon des abords en Algérie est très
réduit pour pouvoir atteindre les objectifs de la protection des abords.
Bien que la loi 98/04 stipule que ce rayon est adapté selon le cas et la
nature et l'emplacement du monument ou le site historique, mais aussi selon
« l'appréciation » du ministre chargé de la culture,
tous les abords sont, automatiquement, limités à 200 mètre
et ne sont jamais revisités, même s'il s'agit d'une perspective
monumentale ou d'un paysage exceptionnel représentatif de
l'identité sociale et territoriale (ce cas est plus amplement
expliqué dans le cas d'étude), et dans la plupart des temps le
rayon des abords ne figure même pas sur le POS.
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LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA
Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des
abords du patrimoine bâti en Algérie
La cause du problème des abords du patrimoine
bâti en Algérie réside, certainement, dans la faiblesse des
textes juridiques, législatifs et réglementaires, en
matière de précision et d'application. Mais la cause peut aussi
résider dans l'absence complète de la notion de «paysage
» dans les deux politiques patrimoniale et urbaine. Si on considère
la protection du patrimoine bâti et de ses abords dans son cadre
historique, patrimonial, urbain et ensuite paysager, les abords pourront avoir
une meilleure protection, car en se souciant du paysage urbain, les
recommandations issues des deux politiques trouvent, automatiquement, leur
place dans le cadre de l'amélioration de la qualité de
l'environnement bâti. Cela peut être l'objet de proposer de
nouvelles institutions paysagères pour garantir l'établissement
d'un lien réglementaire entre la politique patrimoniale et la politique
urbaine, pour une meilleure protection des abords du patrimoine bâti en
reconnaissant leurs valeurs.