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par Sarah et Leslie Closset et Henry
Université Nancy 2 - Master 1 psychologie  2012
  

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B. Constructivisme

Piaget (1936) se base sur une théorie constructiviste, où le langage se construit en suivant le développement cognitif. Les connaissances font suite aux activités du sujet, elles ne sont pas uniquement dues à une prédisposition génétique ou à l'imitation. Le langage s'acquiert selon les stades de l'intelligence sensori-motrice. Le développement de la langue et sa maitrise est l'expression d'une intelligence générale. C'est au moment de l'acquisition de la logique sensori-motrice que le langage apparaît. Piaget explique dans un débat qui l'oppose à Chomsky (1979) que : « (...) Il y a une raison à ce synchronisme et une parenté entre l'intelligence sensori-motrice et la formation du langage ; la formation de la fonction symbolique, qui est un dérivé nécessaire de l'intelligence sensori-motrice, permet l'acquisition du langage ». (p.250.) Il prétend ainsi que les capacités cognitives ne sont ni totalement innées, ni totalement acquises ; elles découlent d'une construction, qui est progressive, où l'expérience et la maturation interne entrent en jeu.

C. Innéisme

Dans l'ensemble de ces différentes théories, ce qui semble être oublié est le fait que nous avons des compétences langagières qui se développent naturellement (comme par exemple la compréhension de l'ironie et des inférences).

C'est Chomsky qui est le pionner de cette théorie innéiste. Chaque humain naît avec une capacité linguistique innée. Il pense que l'enfant dispose de conditions préalables dans l'apprentissage. Le dispositif que l'enfant possède à sa naissance est appelé Language Acquisition Device (LAD). Ce LAD est constitué de règles linguistiques de la langue dont l'enfant est entouré. C'est lui qui permet à l'enfant de construire la grammaire de sa langue, grâce aux informations linguistique de son entourage. Les enfants actualisent leurs règles de grammaire fréquemment dès leur naissance et c'est ce qui leur permettent de progresser. Cette faculté de langage est propre à notre espèce.

Boysson-Bardies (2003)dit que l'aptitude à développer le langage est inscrite dans notre patrimoine génétique. Les mécanismes qui permettent d'acquérir la langue sont présents dès la naissance et pour que son développement soit possible, nous devons être plongés dans un groupe humain. Elle explique que « l'enfant est porté par le désir vital et impérieux de devenir un être parlant » (p.14).  

Il y a certaines choses que les enfants n'ont pas besoin d'apprendre. Chomsky explique dans son livre Nouveaux horizons dans l'étude du langage (2000)qu'ils n'ont pas besoin d'apprendre la propriété de l'infinité. Cette propriété s'exprime dans les suites de nombres (1,2,3,4,...), ou dans la récursivité des phrases :l'enfant sait qu'il existe des phrases constituées de plusieurs mots qui peuvent se continuer jusqu'à l'infini.

Chomsky appareille la faculté de langage de l'humain à un « organe linguistique », semblable à des organes corporels, lieux d'expressions des gènes.

Rondal (1999) affirme que « la psychologie néonatale nous révèle chaque jour davantage à quel point le « petit de l'homme » est déjà un être sophistiqué quant à ses capacités perceptives et cognitives, même s'il est limité sur le plan moteur. Cette conception moderne contraste avec les croyances traditionnelles envisageant le bébé humain comme une « tabula rasa », un organisme dépourvu de contenus mentaux. » (p.45).

Anne Christophe (2000) explique que le langage est un système dit « productif » car il donne la possibilité de créer un nombre de phrases infinies, à partir d'un nombre fini de mots. Elle montre que les enfants ont certaines compétences innées dans le domaine du langage. Nous pouvons développer l'exemple de la syntaxe qui permet de comprendre le sens d'une phrase, grâce au sens des mots qui composent cette dernière. Des chercheurs tels que Crain et Thornton (1998) ont développé des méthodes pour savoir quand les règles de syntaxe sont apprises par les enfants. Anne Christophe prend l'exemple où un expérimentateur joue une scène avec les personnages du dessin animé « Bonne nuit les petits » : Nounours, Nicolas, et Pimprenelle. Deux phrases sont utilisées pour le test, la première étant « Il a mangé les crêpes quand Nounours était dans la cuisine » et « Quand il a mangé les crêpes, Nounours était dans la cuisine ». La poupée prononce une phrase et l'enfant doit indiquer si celle- ci à bien compris la situation ou non. Dans la première phrase, l'enfant doit donc comprendre que c'est Nicolas qui a mangé les crêpes pendant que Nounours était dans la cuisine et dans la seconde, c'est soit Nicolas qui a mangé les crêpes pendant que Nounours était dans la cuisine, soit elles ont été mangées par Nounours qui se trouvait dans la cuisine.
Ici, on voit que l'analyse sémantique des enfants de 3-4 ans est égale à celle des adultes.
Elleexplique cela par le fait que l'interprétation des pronoms est évidente pour tout le monde, y compris pour les enfants. Les enfants n'ont donc pas besoin d'apprendre certaines règles de syntaxe.

Anne Christophe parle de « révolution cognitive » : au début du siècle, on pensait que le bébé devait tout apprendre par des procédures d'apprentissages (tel que le conditionnement). C'est à partir des années 50 oùl'on reconnaît que chaque espèce, en arrivant au monde, a des procédures d'apprentissages qui lui sont spécifiques. Il y a une part d'inné dans les apprentissages.

Alain Trognonillustre cela par une étude réalisée sur des sujets soumis à un apprentissage de règles soit inventées, soit appartenant à deux langues naturelles, mais inconnues pour le sujet. Le résultat de l'étude montre qu'il y a uniquement les règles de langues qui ont activées les neurones de la zone de Broca, comme si l'espèce humaine était dotée d'un cerveau sensible aux règles grammaticales universelles à toutes les langues humaines. L'aire de Wernicke, l'hémisphère droitet les lobes frontaux sont notamment impliqués dans les aspects pragmatiques.Chomsky explique cela par le fait que l'évolution aurait doté les humains d'un mécanisme produisant de la grammaire de n'importe quelle langue naturelle.

En 2002, Hauser, Chomsky et Fitch définissent unefaculté de langage au sens large. Elle est une hypothèse sur le langage humain basée sur trois caractéristiques :

1) Un système sensorimoteur, qui permet de formuler des sonorités. C'est une procédure que l'on retrouve chez certains animaux, par exemple chez les oiseaux chantants. Ce système est très ancien puisque le premier oiseau à 135 millions d'années.

2) Un système conceptuel intentionnel, permettant de prendre connaissance des éléments du monde, de se représenter le monde en le catégorisant. Il donne une culture. On s'est aperçu sur un plan phylogénétique que certaines espèces d'animaux arrivent à associer deux niveaux, à savoir la sonorité avec des connaissances du monde. On pense que ce système s'acquiert par imitation intra-espèce.

3) Un système permettant la récursivité. C'est le seul de ces 3 aspects qui est spécifiquement humain. Le mot au sens humain apparaît au moment où la syntaxe apparaît. La syntaxe (capacité grammaticales, maitrise de l'usage de la langue) est une propriété du langage au sens étroit.

Ces trois systèmes créent une faculté de langage spécifique à une espèce. Noam Chomsky conceptualise le langage comme un système puissant permettant de se représenter d'agir sur le monde.

Ainsi, l'acquisition du langage chez l'enfant est innée. Bien sûr, l'environnement de l'enfant aura un impactsur son développement, car si un enfant est peu stimulé par ses parents il aura de grandes chances d'avoir des lacunes au niveau du langage, mais il l'aura tout de même acquis.

1) Théorie de l'esprit

L'humain acquiert notamment des connaissances grâce au développement de la notion d'état mental. La théorie de l'esprit entre en compte dans le développement de la communication et du langage chez l'enfant. Elle concerne les processus cognitifs à l'origine des états mentaux qui expriment nos croyances et perception au-delà des comportements directement observables. Pour connaître les objets, les êtres humains et leurs relations, il faut être capable de distinguer le « semblant » et le « pour de vrai », entre l'apparence et la réalité, c'est-à-dire entre la réalisation mentale et la réalisation effective.

La théorie de l'esprit désigne ainsi la capacité de se mettre à la place d'autrui : l'enfant prend conscience de ses propres états mentaux et d'autre part, il prend conscience qu'autrui n'a pas toujours le même point de vue que le sien. Il comprend que les connaissances, c'est-à-dire les croyances de chacun peuvent être exactes ou fausses. L'attribution d'états mentaux de type intentionnel, émotionnel et épistémique permet de faire des prédictions et de comprendre les comportements observables.

Il existe deux niveaux de représentations dans la théorie de l'esprit : un niveau simple quand on attribue des intentions (du type « il veut/il ne veut pas »), ou des états de connaissance (du type « il sait/il ne sait pas »). Ces attributions de niveau simple impliquent des raisonnements inférentiels qui permettent de dire « Il n'a pas vu donc il ne sait pas ». Les représentations sont de deuxième degré lorsqu'elles mettent en jeu des intentions et/ou des croyances (du type » A croit que B à l'intention de faire X »).

Pour Houdé et Pidinielli, la théorie de l'esprit concerne les connaissances et expériences métacognitives, liées aux activités cognitives qui peuvent être plus ou moins conscientes. Ces capacités cognitives relèvent d'un processus de développement au niveau phylogénétique et ontogénique. A partir de 2 ans, au niveau ontogénétique, les enfants peuvent attribuer des désirs à autrui. C'est à 4 ans qu'ils attribuent des fausses et vraies croyances à autrui. Les croyances du second ordre tel que « X croit que Z croit » apparaît seulement vers 6 ans. Bassano affirme que cette évolution est prouvée par l'utilisation des verbes croire et savoir.

La construction de la théorie de l'esprit se fait grâce aux interactions sociales. Elle est essentielle pour la communication verbale et non-verbale, et pour la construction cognitive et sociale, car l'enfant se découvre en découvrant simultanément les autres.

Selon Forguson et Gopnik, il existe un réalisme de sens commun qui se développe entre 18 mois et 5 ans. Il permet de reconnaître qu'il existe un monde commun à tous et indépendant de nos pensées et expériences. L'enfant tente de comprendre que ce qu'il connaît de ce monde, n'est pas nécessairement ce qu'en connaît autrui. Une étape est d'acquérir les représentations mentales de second ordre où l'on prend conscience de nos représentations mentales personnelles et de celles, différentes, d'autrui. On comprend que le monde n'est pas tel qu'il apparaît puisque chacun en a une perception, une représentation différente. L'enfant doit comprendre la grande diversité possible des représentations mentales chez lui et surtout chez autrui pour parvenir à attribuer des fausses croyances à autrui. Les enfants de 3 ans distinguent les rêves, images, pensées et objets réels entre eux, ils ont donc la capacité de former et comprendre des représentations de second ordre, ils distinguent donc les représentations et la réalité.

Pour Tomasello, le début de la construction des états mentaux débute quand l'enfant se rend compte qu'autrui peut avoir une intentionnalité différente de la sienne. Il distingue 3 étapes dans le développement de l'enfant : tout d'abord, jusqu'à 9 mois, l'enfant développe l'attention visuelle. Entre 9 et 18 mois, il développe la compréhension d'autrui ; les personnes peuvent avoir une perception différente de la sienne. Puis, entre 18 et 24 mois, le langage de l'enfant varie selon ses interlocuteurs, ce qui prouve qu'il distingue l'autre comme une personne singulière, ayant des intentions et des croyances.

Pour tester la théorie de l'esprit chez les enfants, S.Baron-Cohen, A.M. Leslie et U.Frith (1985) ont inventé le test de Sally et Anne. Il consiste à présenter à l'enfant deux poupées prénommées Sally et Anne.On construit un scénario où Sally et Anne se trouvent dans une pièce. Sally cache une bille dans une boîte, puis elle sort de la pièce pour partir se promener. Pendant ce temps, Anne prend la bille dans la boîte et va la cacher dans un panier. Quand Sally revient de sa promenade, on demande alors à l'enfant ce qu'il a compris.Dans cette expérience, les enfants de trois ans pensent que Sally sait que la bille a été transférée de la boîte dans le panier. Les enfants de deux à quatre ans n'arrivent pas à attribuer à autrui des fausses croyances. Ils parviennent pourtant à comprendre la simulation, notamment dans l'expérience des Smarties (A.Gopnik et J.W. Astington,1988). Ici,on présente à l'enfant une boîte de smarties, on lui demande s'il reconnaît cette boîte et ce qu'elle contient. Il répond « des smarties ». On lui montre que la boîte contient des crayons. On lui demande ensuite « si un copain à toi arriveet qu'il voit la boîte, qu'est ce qu'il va penser qu'il y a dedans ? ». Les enfants de trois ans pensent que leur camarade absent est lui aussi informé de la présence des crayons dans la boîte. Ils attachent la croyance que la boîte est une boîte de crayons à tout le monde. Alors qu'à partir de quatre ans ils comprennent que l'enfant absent n'a pu voir le subterfuge.

L'enfant de trois ans attribue donc la fausse croyance à sa situation mais n'arrive pas à l'attribuer à celle d'autrui, car il ne fait pas de relation entre les croyances et leurs causes, ni entre les états mentaux et l'environnement. L'enfant qui acquiert la théorie de l'esprit acquiert donc la capacité à se décentrer et comprend que la vision d'autrui d'une situation dépend de sa position dans le contexte et fait la différence entre l'action et l'intention. Les enfants de 4 ans comprennent leurs fausses croyances et celles des autres. Leurs performances corrèlent avec leur compréhension des termes « penser » et « savoir ». Pour Flavell, lesenfants acquièrent ces connaissances à la même période. A 2/3 ans, l'enfant comprend que l'esprit contient des entités mentales invisibles (pensées).A 4 ans il comprend l'activité mentale lorsqu'il acquiert une théorie représentationnelle de l'esprit. Il comprend alors qu'il faut analyser et interpréter les situations et que c'est pour cela que chaque individu a sa propre réalité construite par des représentations dans son esprit.

Il existe un lien très fort entre la théorie de l'esprit et le développement des capacités communicatives et langagières (Veneziano, 2010). Assurément, l'enfant doit avoir la capacité d'attribuer à ses locuteurs des intentions communicatives pour être compétent dans ses échanges. Veneziano explique qu'il doit savoir attribuer croyances et connaissances à l'interlocuteur pour comprendre le sens des énoncés, et adapter ses énoncés propres en fonction de ces attributions.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus