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Dynamique et perception de la biodiversité dans la ville de Ngaoundéré

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par Félix Bouyo Ndolédjé
Université de Ngaoundéré - Master II 2015
  

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4.1. 4. Perceptions des changements climatiques

L'analyse de la dynamique du couvert végétal mentionnée dans le discours des personnes enquêtées, c'est également fait en cherchant à savoir si les populations locales appréhendent à leur niveau l'état du climat. Cette perception de l'évolution ou non, ou des modifications au niveau du climat, est aussi étudiée à travers les discours des populations relatifs aux risques climatiques et à leurs différentes manifestations.

Il ressort des discours des personnes interrogées que depuis plusieurs années, la ville de Ngaoundéré est sujette à une modification du climat et à une forte érosion des terres cultivables et pistes rurales. Ngaoundéré se trouve être une zone où coexistent plusieurs problèmes environnementaux dont les principaux pour les populations sont la perte de la biodiversité et le changement climatique, accroissant alors la vulnérabilité des populations. Les risques climatiques que l'étude a identifiés à travers la collecte des données à partir des observations et des entretiens sont :

Dynamique et perception de la biodiversité dans la ville de Ngaoundéré 105

+ Chaleur excessive

+ Pluies tardives et très fortes

+ Vents violents

+ Mauvaise répartition dans l'espace et dans le temps des pluies.

+ Sécheresse

> Pluies tardives et très fortes

Les différentes manifestations des risques identifiés ci-dessus et leur ampleur sont le mode par lequel les populations perçoivent les changements climatiques dans la zone d'étude

A Ngaoundéré, la saison pluvieuse commence habituellement au mois d'avril. Mais, d'après les propos des populations (agriculteurs), on assiste à un prolongement de la saison sèche qui provoque donc un retard dans le démarrage de la saison des pluies. Selon eux, cette dernière ne commence qu'à la fin du mois de juin et même en juillet parfois, entrainant ainsi des troubles de production agricole. Les propos d'un producteur interrogé à ce sujet, illustre cet aspect.

« Les pluies ne vont plus jusqu'en Décembre comme avant. Elles s'arrêtent déjà en Octobre. Donc on ne fait plus les cultures à cycle long. On récolte vite avant la fin des pluies. Mais ces pluies sont trop fortes »

Il ressort de ces propos que la saison pluvieuse est non seulement tardive pour le démarrage mais elle se raccourcit de plus en plus, elles provoquent un retard dans le démarrage des opérations culturales.

« On a cru que les pluies avaient déjà commencé, elles ne s'installent plus vite et perturbent les cultures. On ne sait même plus quand ça commence réellement. Nous sommes obligés d'attendre un peu et on fait des semis tardifs. Mais la pluie s'arrête vite encore et entraîne un développement végétatif incomplet des cultures »

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On peut dire que la frontière entre les saisons n'est plus étanche. En effet, la saison des pluies ne s'installe plus au moment propice et de plus elle connait une fin précoce ; empêchant de ce fait la plupart des cultures de boucler leur cycle végétatif.

? Chaleur excessive

Les chaleurs excessives sont un risque qui se manifeste par une trop forte élévation des moyennes thermiques aussi bien journalières, hebdomadaires que mensuelles et par un allongement de la saison sèche. Harmattan, vent sec qui marque cette saison, devient moins prononcé et s'étale moins dans le temps. La ville de Ngaoundéré enregistre de plus en plus de fortes valeurs thermiques pendant la saison sèche. Ces fortes températures, selon les propos de certains acteurs interrogés ne sont pas pareilles aux autres il ya de cela quelques années.

« La saison sèche ici à Ngaoundéré est déjà comparable à celle de Maroua ou Garoua, on n'arrive même pas à respirer, ce n'est pas du tout supportable, or avant à Ngaoundéré aux mois de Décembres et Janvier il faisait franchement froid au point on ne pouvait dormir la nuit sas couverture, mais actuellement il fait de plus en plus chaud »

Les résultats des entretiens effectués auprès des populations dans la ville de Ngaoundéré, nous ont permis d'identifer la dégradation de la biodiversité perçue à travers le recul du couvert végétal et le changement climatique perçu à travers la modification des paramètres climatiques (pluie, température, vent), comme étant les changements environnementaux les plus importants aux yeux des populations. Mais il ressort que deux les changements perçus par les populations mettent en tête de liste les changements climatiques, comme étant le plus important qui touche le plus grand nombre de personnes, quelque soit le secteur d'activité, tandis la dégradation de la biodiversité est beaucoup plus mentionnées par les acteurs dont l'activité dépend étroitement des ressources naturelles (exploitant des produits forestiers ligneux et fauniques,)

Ainsi, les entretiens nous ont permis d'observer, au sein de notre échantillon, des membres de la communauté aux aguets, attentifs à leur environnement et dépositaires d'une mémoire précieuse concernant les changements y étant intervenus. La qualité de ce savoir

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local apparait d'autant plus appréciable que les « vérités » personnelles qui ressortent des discours sont souvent corroborées par les données scientifiques. Nos résultats nous confortent dans l'utilisation du savoir local comme source d'information sur les changements environnementaux, lorsque les informations fournies par les répondants se recoupent clairement. Ceci trouve une application intéressante dans les situations où aucune étude scientifique n'a été réalisée sur un sujet donné. Cette appréciation du savoir local nous permet ainsi d'accepter avec confiance les informations qui nous ont été fournies sur l'envasement de la baie, par exemple, phénomène qui n'a fait l'objet d'aucune étude quantitative au site de notre étude

En termes de gestion, ces recoupements entre savoir local et séries chronologiques quantifiées pourraient se traduire en motifs d'action et favoriser la mobilisation de la communauté pour la prise en charge de la qualité environnementale et la mise en place de stratégies d'adaptation et d'atténuation aux changements environnementaux. Ceci va dans le sens des réflexions de Kimmerer (2000) et Teka et Vogt (2010) pour qui le savoir local est plus qu'une simple source d'information, mais représente aussi un lien nécessaire entre les interventions humaines et la préservation des écosystèmes.

Tableau 21. Récapitulatif des données collectées pour la recherche

Obje ctifs

Hypothèses

Variables

Indicateurs ou données à collecter

O1

Les populations

Variable dépendante:

Sécheresse pendant saison

 

perçoivent

diversement les

Perception et changement -Climat

pluvieuse, chaleurs excessives, répartition spatiale et

 

changements en fonction de leurs

-Faune -Flore

temporelle des espèces, mauvaise récoltes des dégâts

 

caractéristiques socio culturelles et économiques

-Fertilité des sols -Erosion

de cultures, perte de sol fertile

O2

La perte de la biodiv

Variable dépendante :

Diminution des espèces

 

sité entraine une réducti n considérable des ressources naturelles

Ressources naturelles

biologiques (arbres, animaux
et oiseaux) difficulté d'accès
aux ressources (éloignement)

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O3

 

L'accessibilité aux res source (bois de chauf

Variable dépendante : Niveau de vulnérabilité

Disponibilité des ressources, distance faite pour avoir la

 

e et viande de brouss)

socioéconomique des

ressource, coût d'achat, coût

 

pour les populations détermine leur niveau de vulnérabilité socio-économique

populations.

de transport, coût de L'exploitation

O4

Les stratégies locales

Variable dépendante :

Différents systèmes de cultures

 

d'adaptation développées pour faire face à la vulnérabilité des populations aux changements

stratégies d'adaptation

modification des périodes et techniques culturales modification des habitudes alimentaires, usage du gaz domestique et des foyers améliorés pour limiter l'exploitation du bois.

Soure : enquêtes de terrain

Les savoirs locaux varient d'un individu à l'autre, en fonction des caractéristiques socio-économiques : la tranche d'age et le secteur d'activité. Les indicateurs des changements développés dans le discours des populations, sont entre autres, le changement climatique, le recul du couvert végétal, la disparition de la faune, et la rareté des ressources de première nécessité. Face à cette situation, des mesures et des stratégies locales d'adaptation sont entreprises, en vue d'une gestion durable des ressources biologiques.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon