WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La médiatisation de la "question anglophone" par les journaux camerounais pendant le cinquantenaire de la réunification

( Télécharger le fichier original )
par Vireil Renaud EBOTO
Université de Douala - master 2 en communication sociale et médiatique 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B- LES FESTIVITÉS DU CINQUANTENAIRE DE LA RÉUNIFICATION :

Cameroon Tribune nous informe de ce que tout a commencé à Buéa le 16 février 2014 en après-midi, par une célébration inter-religieuse. Le comité d'organisation dont le PCO est le Directeur du cabinet civil de la Présidence de la République, Martin Bélinga Eboutou a choisi cette formule pour baliser le chemin de la paix, de la tolérance et de l'unité dans la diversité. L'évêque du diocèse de Buéa Immanuel Bushu a indiqué dans son homélie que le sens de cette action de grâce est de dire merci à Dieu pour les bienfaits abondants octroyés à notre pays le Cameroun. Pour aller dans ce sens, le journaliste Essama Essomba signe un reportage intitulé « une prière en guise de coup d'envoi »64. L'envoyé spécial à Buéa de Cameroon Tribune écrit: « ...ils ont imploré Dieu très haut et très grand en chantant des sourates, afin qu'il continue à protéger notre pays des maux de la division ».

Le 17 février 2014 a eu lieu à l'amphithéâtre 750 de l'université de Buéa, le grand colloque de Buéa sous le thème : « de la réunification à l'intégration : 50 ans de construction nationale ». Ledit colloque a été ouvert par le Premier Ministre Philémon Yang et les travaux ont été dirigés par le Ministre Fame Ndongo de l'enseignement supérieur. Le quotidien Cameroon Tribune nous rapporte que la parole a été donnée à 27 personnalités de la classe politique nationale, du monde universitaire, des confessions religieuses, des chefferies traditionnelles etc. Trois sous-thèmes ont été abordés : le premier : l'unité nationale mythe ou réalité ? Le deuxième : la dynamique intégrative après 50 ans de réunification. Le troisième : la dynamique de convergence entre les deux sous-systèmes éducatifs francophone et anglophone. Philémon Yang a ouvert les travaux en rappelant que le processus d'indépendance et de réunification du Cameroun est irréversible, tout comme celui de l'unité et de l'intégration nationale. Mais, durant les échanges, Jacques Fame Ndongo a expliqué à tous les participants, en langue anglaise qu'il n'y a pas de sujet tabou. La parole étant libre, l'enseignant d'université Daniel Abwa en revisitant le processus historique depuis la colonisation allemande jusqu'à nos jours, soutient que l'unité du Cameroun n'est pas un mythe. Son collègue anglophone, Fanso Werfijika avance que sans la prise en compte de certaines réalités et droits pour l'égalité, cette unité demeure un mythe. Njoh Litumbe dont la

accords signés avec les rebelles de la Séléka qui s'articulaient autour de 10 points. La situation s'est envenimée et ils se sont mis en route vers la capitale Bangui où s'en est suivie une guerre civile...Il y a beaucoup de groupes de pression anglophone au Cameroun qui s'intéresse au problème anglophone »

64Cameroon Tribune, Du lundi 17 février 2014

43

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

thèse demeure qu'il n'y a pas eu mariage entre les deux Cameroun, évoque le « problème anglophone » et propose éventuellement un dialogue avec le SCNC. Sur cette question le PM a été clair : « qu?il crée un parti politique et dans ce cadre, comme tous les partis légalisés, dialogue avec les pouvoirs publics ».

Un fait marquant et significatif de ce cinquantenaire, l'arrivée du Président de la République Paul Biya accompagné de son épouse à l'aéroport de Tiko annoncée dans un communiqué signé du DCC le 17 février 2014 : « Monsieur le président de la République, son excellence Paul Biya, en compagnie de son épouse Madame Chantal Biya, effectuera dès le mardi 18 février 2014, une visite officielle dans la région du Sud-Ouest, où il présidera les manifestations du cinquantenaire de la réunification du Cameroun ». Une arrivée triomphale en hélicoptère à Tiko, qui vient bousculer le programme de ces festivités et imposer au Cameroon Tribune journal pro-gouvernemental de publier le nouveau programme des festivités. Le CT n'en finit plus avec sa titraille pour magnifier cette arrivée : « Paul Biya à Buéa ce jour »65, « Le Chef de l'Etat en visite officielle à Buéa »66,« Tiko comme en 1961 », « Liesse populaire au pied du mont Cameroun »,« Tiko Airport : Where Reunification begins ».Sur le tarmac de l'aéroport de Tiko, une foule en liesse mais surtout deux enfants : la petite Ada Elisabeth Ngongi, élève à l'école anglophone Kingston School de Buéa et le petit Ngono Bikanga de l'école francophone de Buéa, qui remettent chacun à son tour un bouquet de fleur, respectivement au président de la République et à la première dame, Chantal Biya.

Plus tôt ce 18 février 2014 a eu lieu dès 7h30, la marche de la réunification dans toutes les 10 régions du Cameroun. Ensuite place a été laissée en soirée à un spectacle riche en son et lumière intitulé : « la marche en avant » et mettant en scène les fresques historiques du Cameroun. Un vibrant hommage a été rendu aux héros de l'indépendance et de la réunification du Cameroun. Des séquences laissant apparaitre des images avec des personnages historiques tels que Um Nyobe, André Marie Mbida, Ahmadou Ahidjo, Ossende Afana, Félix Moumié, Ernest Ouandjié, John Ngu Foncha, Chief Endeley, Madola, Egbe Tabi, Ngom Jua, Salomon Tandem Muna ont été mises en exergue. Le 19 février 2014, le monument des cinquantenaires a été inauguré en matinée. En fin d'après-midi a eu lieu l'ouverture solennelle de la retraite aux flambeaux, suivi en début de soirée de l'ouverture du

65Cameroon Tribune, Du mardi 18 février 2014 66Idem, Page 3

44

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

feu de camp par les scouts en prélude à la grande soirée culturelle à laquelle ont pris part des artistes musiciens et des humoristes. Et puis le 20 février 2014, cérémonie protocolaire marquant le cinquantenaire de la réunification à la place des fêtes de Buéa. Pendant son discours de circonstance à la nation, Paul Biya a rendu hommage aux artisans de l'indépendance et de la réunification. Le Chef de l'Etat a salué la marche héroïque vers la réunification, la construction de l'Etat du Cameroun, souligné ce qui a été fait en matière d'éducation, d'infrastructure de transport, d'industrialisation et dans le secteur de la santé. Le président de la république a dressé le bilan des évolutions du Cameroun de la période de l'indépendance jusqu'à nos jours et évoqué les perspectives d'avenir.

Pour bon nombre d'observateurs, la réconciliation n'a pas eu lieu pendant le cinquantenaire de la réunification. L'on s'est limité aux festivités sans poser des actes forts allant dans le sens du dialogue constructif, de l'apaisement, de la réparation d'un préjudice historique, bien que le débat sur la question anglophone ait été évoqué lors des travaux en plénière pendant le colloque.

CHAPITRE III :
STRATÉGIES DE CONSTRUCTION DE
LA « QUESTION ANGLOPHONE »
DANS LES JOURNAUX CAMEROUNAIS

45

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

46

La médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.

La « question anglophone » comme tous les autres questionnements sociaux, pour apparaitre dans le paysage médiatique camerounais doit préalablement faire l'objet d'une construction. Les journaux sont avant tout des entreprises de presse. Ils mettent en oeuvre des politiques de captation de l'audience pour traiter d'une information dans leurs colonnes. Ces manoeuvres ont un triple objectif : premièrement sur un plan purement professionnel, il est question de traiter de manière optimale le sujet dans le but d'en ressortir les pourtours et les contours ; deuxièmement sur un plan économique, le traitement de l'information doit accrocher le « lecteur de Une 67» au point de le pousser à acheter le journal, à le lire et à le faire lire. Troisièmement sur un plan éthique et déontologique, le ton donné aux articles à paraitre, doit respecter la ligne éditoriale du journal. C'est à ce triptyque que se greffent les autres éléments qui participent de la médiatisation d'une information dans la presse. Dans cette partie liminaire, il sera question d'étudier les opérations qui concourent à la mise en page et à la mise en discours de la « question anglophone » pendant la célébration du cinquantenaire. Nous allons distinguer trois étapes précises : la période pré cinquantenaire, la période du cinquantenaire et la période post cinquantenaire, pour étudier le traitement de la « question anglophone ». Ces étapes nous permettront d'analyser les trois journaux de notre corpus dans le but de savoir comment ils traitent de la « question anglophone », de vérifier s'ils respectent la distance minimale du discours informatif par rapport à l'information en fonction de leur périodicité. A travers les sources, l'étude des stratégies de langage et les différents genres journalistiques utilisés, nous pourrons comprendre le processus de médiatisation de la « question anglophone » au Cameroun. Nous veillerons à bien faire la différence entre la mise en récit de la « question anglophone » dans la presse écrite avant, pendant et après le cinquantenaire de la réunification.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand