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Impacts socio-economiques des mouvements migratoires dans l'arrondissement d'Ikpinlè (commune d'Adja-Ouèrè )

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par Abdel Hack Babatoundé Akambi Seïdou
Centre Universitaire de Porto-Novo/Bénin  - Maîtrise en Géographie option Humaine et Économique  2015
  

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2.2.3. Migrations internationales.

Comme les migrations nationales, les migrations internationales connaissent un essor très important dans l'arrondissement d'Ikpinlè. En effet, le poids économique de certains pays de la sous région dont notamment le Nigeria, le Gabon, le Ghana et la Côte d'ivoire constitue une raison fondamentale des déplacements sans cesse que connaissent les populations de l'arrondissement d'Ikpinlè. Dans les quartiers de ville parcourus, ce sont surtout les jeunes qui font le déplacement vers les pays de la sous-région. Mais il faut noter que depuis plus d'une dizaine d'années, c'est au Nigeria que certains jeunes vont faire les travaux champêtres tout en abandonnant leur territoire.

Après avoir pris le goût de l'aventure des migrations qui ont secoué la communauté béninoise dans les années 1970, les populations de l'arrondissement continuent leur aventure vers le Nigeria pour satisfaire leurs besoins fondamentaux. Ces jeunes gens (garçons et filles), adultes (hommes et femmes) travaillent pour la plupart dans les champs de manioc, de maïs de sorgho et des plantations (canne à sucre, caféier...) dans les ménages et bar restaurant pour ce qui concerne les filles et femmes. Les travailleurs en provenance d'Ikpinlè sont localisés dans les régions d'Oyo, Ibadan, Ogbomosho, etc.

Des enquêtes réalisées sur la zone d'étude, il ressort qu'il y a une proportion importante de personnes qui travaillent dans les champs (45 %) et une petite proportion dans les autres secteurs (50 %). En effet, la proportion des migrants internationaux par secteur d'activité est présentée par la figure 6. Les 5 % sont répartis dans d'autres secteurs.

Figure 6: Répartition des émigrants par secteur d'activités

Source: Travaux de terrain mars 2015.

L'examen de la figure 6, montre la répartition des activités des émigrants à Ikpinlè qui varie d'un secteur à un autre. Mais le secteur qui enregistre le plus de travailleur est l'agriculture (45 %), s'en suit le taxi moto (20 %) et les travaux de ménage (15 %). Alors, les émigrants d'Ikpinlè se retrouvent en majorité dans le domaine agricole (45 %) et en plus dans le taxi moto (20 %).

2.2.4. Immigration dans l'arrondissement d'Ikpinlè

L'immigration dans l'arrondissement d'Ikpinlè peut se présenter sous deux principales formes. Il s'agit de : l'immigration commerciale et l'immigration administrative.

2.2.4.1. Immigration liée au commerce.

Cette forme d'immigration se manifeste de plus en plus dans la commune d'Adja-ouèrè en particulier dans l'arrondissement d'Ikpinlè depuis des décennies. En effet, depuis plusieurs années, Ikpinlè enregistre plusieurs étrangers qui s'installent pour des fins commerciales. Il s'agit principalement des nationaux qui viennent de tous les départements du pays et des internationaux venus des pays voisins. De ces derniers on enregistre le plus grand nombre des nigériens (Zarma 10 %) et nigérians (Ibo, Ahoussa 25 %) et ceci sur les 71 enquêtés à Ipkinlè. Ces immigrants mènent principalement des activités liées à la vente de tissus, des pièces détachées, des plastiques, des paires de chaussures, des matériaux de construction...

Les deux photos de la planche 03 ci-dessous montrent quelques activités pratiquées par les immigrants à Ikpinlè.

Planche 03 : Boutique de pièces détachées appartenant à Ibo du Nigéria et Atelier de fripperie appartenant à des Zarmas du Niger au Marché d'Ikpinlè

Prise de vue: SEIDOU  , janvier 2015

Planche 04 : Etalage de tissus et boutique de pièces détachées au marché de Mowodani

Prise de vue: SEIDOU  , janvier 2015

Les différentes photos de la planche 04 ci-dessus montrent la présence de deux immigrants (Ibo et Zarma) dans le marché d'Ikpinlè dans l'exercice de leurs activités. Cela témoigne qu'il y a effectivement la présence des étrangers qui résident à Ikpinlè. De même, les photos 7 et 8 traduisent respectivement la boutique d'un Pobéens qui vend les pièces détachées et l'étalage d'un Porto-Novien qui vend les tissus qui se sont définitivement installé à Ikpinlè à cause de leurs activités quotidiennes. Ils jugent l'arrondissement d'Ipkinlè très favorable aux activités commerciales.

2.2.4.2. Immigration liée aux activités administratives.

Elle concerne en majorité la fonction d'enseignant, d'agents d'administrations, des forces de l'ordre (policiers, gendarmes, douaniers). Ces nationaux après plusieurs années d'exercice de leur fonction finissent par s'installer pour ne retourner chez eux que pendant les vacances, les périodes de fête ou la retraite. Au cours de nos travaux de recherches sur les 154 ménages enquêtés on dénombre enseignants (88), gendarmes, policiers et douaniers (15), les agents de bureaux (23) qui sont des immigrants qui ont construits et qui vivent à Ikpinlè.

2.2.5. Migrations et répartition de la population

La mobilité humaine peut favoriser une répartition de populations entre zones plus ou moins riches du point de vue socio-économique ou des ressources naturelles et peut s'avérer vectrice d'équilibre entre zones plus ou moins porteuses d'opportunités. Ces mobilités ne s'effectuent néanmoins pas toujours vers des zones d'accueil capables de les absorber, notamment au niveau urbain. Les migrations internes peuvent ainsi dans certaines situations participer à l'accélération du phénomène de désintégration sociale ou de bidonvilisation (UN Habitat, 2009). Dans la localité d'Ikpinlè, l'immigration est de plus en plus un lieu d'expression de demande d'emploi afin de satisfaire les besoins liés à leur statut. De même, les immigrants rencontrés ont avoué qu'ils participent à la gestion de leur localité par le paiement de taxe (500 F ou 1000 F, 2000 F voire 5.000 F par mois selon les activités) et à des cotisations en tant que parents d'écoliers ou élèves (1.000 F ou 2000 F) pour aider les écoles à fonctionner.

2.2.5.1. Formation ou apprentissage

L'installation d'un nouvel immigrant à Ikpinlè est précédée par une formation (initiation pour connaître le milieu), c'est-à-dire un Ibo ou un Zarma ou Ahoussa qui vient à Ikpinlè reste au côté de ses prédécesseurs avant d'être totalement libre de ses mouvements (Résultat d'enquête de terrain, décembre 2014). En effet, pour maîtriser les rouages du secteur et les contraintes du milieu, les nouveaux immigrants se font former auprès d'un aîné ou d'un frère issu de la même région. La durée moyenne de la formation est de 5 ans. C'est après cette formation qu'il peut choisir se sédentariser dans une localité de son choix. La formation consiste à aider son patron dans la vente des produits dans une boutique ou à travers la ville. Au bout de cinq années, il acquiert des connaissances sur le marketing commercial, la gestion de stocks, la comptabilité, ainsi que la gestion d'une mini- entreprise. Ces connaissances acquises auprès des aînés sont de véritables clés de succès dans la vie de l'immigrant. La formation prend en compte l'autonomisation de l'apprenti dans la mesure où le patron aide l'immigrant à s'installer à son propre compte en lui constituant un fonds de commerce.

Après l'étape de la formation, les nouveaux patrons peuvent choisir de s'établir temporairement ou définitivement dans une localité.

La figure 7 ci-dessous nous montre la répartition des immigrants à Ikpinlè selon leur durée de séjour dans l'arrondissement.

Figure 7: Répartition des immigrants selon la durée du séjour

Source : INSAE, 2012.

L'examen de la figure 7 montre que 60 % des immigrants ont avoué que la durée de leur séjour est temporaire. Pour ces immigrants, le milieu d'origine est le meilleur endroit pour vivre en toute quiétude. Dans cette catégorie, on retrouve les célibataires ainsi que des mariés ayant leurs familles au Nigeria. Les immigrants saisonniers (27 %) sont généralement les vendeurs ambulants et sont nombreux pendant les périodes de fêtes. Les immigrants ayant choisis de rester définitivement (13 %) à Ikpinlè sont en majorité ceux ayant épousé des femmes dans le milieu créant ainsi des foyers et scolarisent les enfants. Les deux photos de la planche 05 ci-dessous montrent les activités quotidiennes des immigrants dans l'arrondissement d'Ikpinlè.

Planche 05 : Articles des immigrants dans des brouettes à Ikpinlè

Prise de vue: SEIDOU , janvier 2015

L'examen des deux photos de la planche 05 ci-dessus traduit quelques articles disposés soigneusement dans une brouette avec laquelle les quatre (04) migrants circulent à travers les artères de la ville et quartier de ville. On les rencontre dans tous les coins de rue et dans les marchés d'Ikpinlè. Certains immigrants s'illustrent dans la vente des posters des stars du football international, de la musique ou les acteurs des feuilletons ou de séries-cinéma, des produits électroniques et électroménagers. Ils offrent un service de proximité aux populations car ils peuvent aller de ménage en ménage pour proposer leurs articles qui sont parfois moins chèrs.

2.2.5.2. Migrations et emploi

La flexibilité actuelle des travailleurs migrants et les modes de mobilité accélérés permettent de répondre à des besoins évolutifs des marchés de l'emploi nationaux. Cette flexibilité peut toutefois entraîner des infractions aux législations internationales du travail. Certains migrants, particulièrement vulnérables, travaillent de façon non protégée dans l'illégalité, et à des salaires très faibles, quand ils sont payés. Cette situation est préjudiciable à l'intégration de ces migrants dans leurs sociétés d'accueil ou à leur éventuelle réinsertion dans leur localité d'origine lors de leur retour. Dans le cadre de cette étude au sein de cette catégorie, on distingue les migrants indépendants et les apprentis. Les migrants indépendants sont les immigrants qui se sont mis à leur propre compte. Ce sont des commerçants qui font appel rarement à la main d'oeuvre locale pour faire fonctionner leurs entreprises. 85 % des migrants enquêtés sont des migrants économiques. Les apprentis sont les employés des migrants économiques. Ils sont pour la plupart issus de la même région que leurs patrons et son à la recherche du bien-être.

2.2.6. Autres facteurs d'accompagnement

Ils sont constitués essentiellement des facteurs liés au foncier, aux soins sanitaires. La commune d'Adja-Ouèrè, par sa densité démographique de 27,20 habitants /km² favorise d'une part l'arrivée massive des populations étrangères et d'autre part le départ des autochtones vers l'intérieur du Bénin et vers d'autres pays. La croissance démographique a réduit les espaces cultivables de certains ménages qui sont contraints de migrer vers d'autres zones plus reculées où les conditions de vie sont meilleures. Ainsi l'évolution des terres cultivables est inversement proportionnelle à la croissance démographique. Face à cette réduction continue des terres cultivables dans certaines zones d'Ikpinlè, beaucoup de jeunes ne disposent plus d'espaces cultivables suffisants pour satisfaire leurs besoins et ceux de leurs familles. Ceci les oblige à aller s'installer auprès de leurs frères ou amis qui sont dans les villes.

L'installation des citadins dans les quartiers et villages périphériques entraîne une réduction des aires de culture. Ainsi, le `'transfert démographique'' des noyaux anciens des agglomérations de l'arrondissement d'Ikpinlè entraîne un recul des terres agricoles de cet arrondissement.

Les terres agricoles diminuent par l'extension spatiale de la ville avec l'installation des nouvelles habitations dans les quartiers et villages périphériques. Selon le CENATEL (2008), la superficie des agglomérations est passée de 254 ha en 1992 soit un pourcentage d'occupation de 3,83 % à 737 ha en 2008 soit un pourcentage de 10,11 %. La superficie des agglomérations a presque triplé en l'espace de 20 ans. Dans le même temps, la superficie de la mosaïque de cultures et habitation à dominance cultures est passée de 3933 ha à 4403 ha pour la même période. Elle ne représente alors que 72,33 % de la superficie totale au niveau de l'arrondissement d'Ikpinlè.

Les résultats des enquêtes sur le terrain montrent qu'il n'existe plus de grande proportion de terres agricoles cultivables dans l'arrondissement d'Ikpinlè. Lorsque les propriétaires terriens sont en difficultés financières, ils sont obligés de se rapprocher des nantis de la ville pour leur faire des propositions de vente de terre. Les opérateurs économiques de la localité vont au secours des propriétaires lorsqu'ils sont en difficultés et sont obligés de prendre ces terres aux prix qui leur convient. Mais comme contrainte, il s'agit de l'absence d'espace de loisirs pour les jeunes, manque des aires de jeux, et absence des parcs d'attraction etc.

A travers ces différentes études, les atouts et contraintes liées au développement des mouvements migratoires dans l'arrondissement d'Ikpinlè sont nombreux et l'importance de chacun varie selon le cas. Mais c'est surtout leur combinaison ou interaction qui peut mieux expliquer le phénomène. Ainsi il est important d'examiner les causes et l'ampleur des migrations de population dans l'arrondissement d'Ikpinlè.

2.3. Causes et ampleurs des migrations de populations dans l'arrondissement d'Ikpinlè.

Les causes des migrations de population dans l'arrondissement d'Ikpinlè sont multiples. Elles se manifestent par l'émigration, l'immigration et l'exode rural etc.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle