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Les fonctions sociales de la littérature dans l'oeuvre de Simplice Ilunga Monga

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par Guy KEBA GUMBA
Université de Lubumbashi - DEA 2016
  

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I.1.1.1.3. LA LITTERATURE SELON ROLAND BARTHES

Les écrits de Roland Barthes font partie des référents habituels quand on veut définir le concept « littérature ». Son premier souci, c'est, en effet, le texte littéraire ; l'opposé des écrits culturels que lisent la plupart des gens qui fréquentent des romans, cette littérature de masse que Barthes range dans la catégorie des textes "poisseux".

Ce qui peut nous questionner, c'est la façon particulière qu'a Barthes d'aborder le rapport lecture/littérature. Nous savons que la société et ses institutions, notamment l'école, entretiennent la confusion entre lecture et littérature au détriment des écrits sociaux ; que, dès le primaire, la pratique de la lecture et son évaluation sont trop souvent l'évaluation de la familiarité de l'élève avec l'écrit littéraire, donc la mise en oeuvre d'un processus inavoué de sélection autour de pratiques culturelles « légitimes » et excluantes.

De même, avec les manuels, l'école secondaire continue d'éliminer les « vrais textes » sociaux pour leur substituer des extraits, voire de « faux textes » pseudo-littéraires qui n'existent qu'à l'école.

Or, le lecteur d'aujourd'hui est obligé de développer des stratégies multiformes adaptées à la diversité des textes qu'il interroge ou rencontre.La lecture du texte littéraire n'est certes pas la lecture, mais une certaine lecture d'un certain type d'écrit, et le lecteur de romans met en jeu des stratégies et (peut-être surtout) des attitudes face à l'écrit très différentes de celles qui conviennent, par exemple, à la lecture d'écrits utilitaires.

C'est de la rencontre entre le lecteur et son texte que Barthes nous entretient. C'est là qu'il nous intéresse en renversant l'ordre établi dans l'approche de l'écrit littéraire.

C'est d'abord un renversement de l'opposition statique entre "forme" et « contenu » au profit d'une dynamique où la structuration du récit, elle-même productrice de sens, agit sur le sens dénoté du texte par le jeu des connotations. Ce sont ces connotations du sens, dans le récit, qui permettent une « lecture plurielle, polysémique », donc variable selon les lecteurs.

Ensuite, et cela me paraît le plus important, Barthes opère un renversement de l'ordre hiérarchique lecteur-auteur au profit du lecteur, détenteur du véritable pouvoir sur le texte : Mais l'aptitude à construire le sens ou, mieux, les sens, n'est-elle pas une aptitude de lecteur indissolublement liée à la capacité de parcourir l'espace texte avec le maximum de libre arbitre ? Cette possibilité est interdite au déchiffreur prisonnier d'une subvocalisation attentatoire à la perception du sens. Il est mis dans l'incapacité de vivre le champ des possibles offert par la langue.

Le déchiffreur est d'abord coincé par la lenteur et la rigidité de son entreprise d'oralisation. Mais il est tout autant la victime d'un statut d'infériorisation sociale qui lui enjoint de répondre à la sempiternelle question : « Que dit, qu'a dit, que veut dire l'auteur ? »

Comme si le système scolaire s'était évertué, de Bled à Lagarde et Michard, à réduire au maximum ces potentialités de l'apprenti lecteur à créer, imaginer, fantasmer lors de sa rencontre avec le texte littéraire. Devenir lecteur, c'est donc aussi accéder à une pluralité du sens qui ne peut pas s'accommoder de la domination symbolique de l'auteur sur le lecteur.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus