WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Influence conjointe du bilinguisme et de la pédagogie alternative sur les capacités graphiques des enfants.

( Télécharger le fichier original )
par Carinne maradeï
Montpellier III - Master 2 psychologie Développement 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

IV. DISCUSSION

La présente étude visait à évaluer l'influence conjointe de la pédagogie alternative et du bilinguisme sur le score d'expressivité, au travers de l'utilisation des différentes stratégies expressives employées par les enfants dans leurs dessins.

Notre première hypothèse était que les enfants bilingues et ceux issus de pédagogies alternatives pourraient présenter de meilleures performances que les enfants monolingues et que ceux issus de la pédagogie traditionnelle, relativement à leur capacité à dessiner de manière expressive. Nos résultats indiquent que les enfants issus des pédagogies alternatives (Freinet et Calandreta) obtiennent un score d'expressivité supérieur aux enfants scolarisés en pédagogie bilingue et traditionnelle. La constatation que les enfants issus des pédagogies alternatives ont des scores d'expressivités plus élevés dans leurs dessins est conforme avec des précédents résultats révélant majoritairement une supériorité des performances créatives des enfants scolarisés en pédagogie alternative (Besançon & Lubart, 2007 ; Rose, Jolley, & Charman, 2011). Comme prévu nos résultats montrent que les enfants issus de la pédagogie Freinet et ceux issus de l'école Calandreta utilisent et combinent plus facilement les stratégies. Plus précisément les enfants issus de la pédagogie Freinet et ceux issus de l'école Calandreta combinent les stratégies littérales avec celles de contenus et abstraites, alors que les enfants de la pédagogie traditionnelle et ceux de la pédagogie bilingue ont tendance à moins utiliser la combinaison des stratégies et privilégient l'usage d'une stratégie unique (littérale, contenu). Picard et Boulhais (2011) ont démontré que l'utilisation d'expression graphique complexe est associée à une forte créativité graphique. Ces résultats pourraient s'expliquer par l'attitude des enseignants, identifiée par Cropley en 1997. Effectivement en pédagogie traditionnelle l'enseignant à un rôle frontal avec l'apprenant, l'élève est passif, les règles relativement fixes, les connaissances sont compartimentées et peu liées entre elles, les performances sont évaluées par des épreuves de rappels, ce qui favorise la pensée convergente. Alors que, les enseignants pratiquant les pédagogies alternatives accordent une plus grande liberté aux élèves, une place importante est donnée à l'expression libre, les activités sont

21

reliées entre elles et s'enracinent dans la pratique, ce qui favorise la prise d'initiative et l'ouverture à de nouvelles expériences, des qualités qui sont nécessaires pour le développement de la créativité. (Lubart et al, 2003). Dans la pédagogie Freinet/PI, l'apprentissage expérientiel est central. L'enfant apprend en faisant lui-même, le maître sert uniquement de guide. On respecte le rythme de l'enfant, les savoirs sont acquis en fonction de son évolution, s'il possède une compétence de maîtrise dans un domaine il pourra venir soutenir ses pairs dans leurs apprentissages. L'accent est systématiquement porté sur le fait qu'il existe une multitude de solution à un problème et de différents moyens de parvenir à le régler. Les pensées convergentes et divergentes sont constamment sollicitées. L'utilisation de ces deux systèmes de pensées accroisse le potentiel créatif. (Guilford, 1950).

Bien que nos résultats montrent un effet de l'âge et un effet du type de pédagogie sur les capacités expressives, ils ne révèlent aucune interaction entre l'âge et la pédagogie sur le score d'expressivité ainsi que sur les stratégies employées. Cependant nos résultats ne sont pas analogues à ceux obtenus par Rose et Jolley (2012) qui ont révélé une différence en fonction de l'âge et du type de pédagogie (Steiner, Montessori, traditionnelle) entre 7 et 9 ans. Cette différence de résultat peut émaner du type de pédagogie analysé, effectivement le type de pédagogie influence de manière significative les performances créatrices des enfants (Besançon & Lubart, 2007). En effet, même si la place de l'enfant est centrale, les enseignements, les activités et le rôle de l'enseignant, différent radicalement entre les pédagogies Steiner, Montessori, Freinet et traditionnelle.

Le second objectif de cette étude était d'examiner la capacité à dessiner de manière expressive chez les enfants issus d'écoles Calandreta. Les enfants issus de l'école Calandreta obtiennent des scores d'expressivités plus élevés que les enfants issus de la pédagogie traditionnelle ainsi que ceux issus de l'école bilingue. Ils utilisent et combinent majoritairement les stratégies : contenu-littérale, contenu-abstraite et la combinaison littérale-contenu-abstraite. La particularité des écoles Calandretas, telle qu'observer dans cette étude, est de conjuguer la pédagogie Freinet/PI et le bilinguisme en immersion précoce. Notre étude montre une supériorité des scores des enfants issus de la pédagogie

22

Calandreta sur les enfants issus de l'école bilingue, ce qui nous permet d'écarter l'influence unique du bilinguisme sur les scores de créativités tel que démontrés par Adi Japha et al (2010). Ces résultats devant être interprétés avec prudence, le potentiel créatif pouvant être mesuré aux travers de différents types de tâches (Lubart et al, 2003). Il ne faut pas exclure non plus que le bilinguisme était examiné sous l'angle d'une langue régionale (l'occitan), donc très peu usitée en dehors du système scolaire contrairement aux langues internationales telles que l'Anglais.

Suite à ces résultats, nous nous attendions à trouver de meilleures performances dans les capacités expressives et dans l'utilisation des stratégies pour les enfants issus de Calandretas, par rapport aux autres écoles et notamment par rapport aux enfants issus de l'école Freinet, ce qui n'est pas le cas. Les enfants issus de la pédagogie Freinet ont obtenus des scores supérieurs tant en expressivité que dans l'utilisation et la combinaison des stratégies par rapport aux enfants issus de l'école Calandreta. Nous ne pouvons donc pas exclure la possibilité d'une influence du type d'environnement familial sur le développement des capacités expressives. En effet, Lubart et Lautrey (1996) ont démontré l'impact du type d'environnement familial sur la créativité. Les environnements les plus contraignants et les plus laxistes sont moins favorables au développement cognitif. L'environnement le plus stimulant est celui qui fournit à la fois des régularités (donc des contraintes) et des perturbations, introduisant de la souplesse dans les règles de vie et les habitudes. Une structuration souple de l'environnement familial est positivement corrélée à la performance créative des enfants. Les parents choisissant ce type d'école sont conscients que l'éducation est centrée sur l'enfant, ce qui va permettre de développer des compétences différentes. Ces parents pourraient avoir des attitudes différentes dans leurs modes d'éducations, dans leurs pratiques et leurs activités notamment artistiques et culturelles avec leurs enfants, ce qui pourrait engendrer un impact sur les aptitudes graphiques de l'enfant. A l'heure actuelle il existe peu d'études portant sur ce domaine à l'exception d'une évaluation menée par Burkitt, Jolley et Rose (2010) ; Burkitt et Lowry (2015), montrant l'existence d'une influence conjointe de l'environnement familial, des enseignants et de l'enfant lui-même sur les attitudes et les pratiques graphiques de l'enfant.

23

En outre, nous avons aussi évalué dans quelle mesure l'âge des enfants interagit ou non avec le type d'environnement scolaire sur leurs capacités expressives. Nos résultats indiquent que les enfants les plus jeunes (6-7 ans) ont un score d'expressivité plus faible que les enfants les plus âgés (8-9 ans). Cette évolution croissante des scores d'expressivités est cohérente avec le développement progressif de la capacité des enfants à marquer des émotions dans leurs dessins entre 5 et 11 ans (Brechet et al, 2007). En adéquation avec les résultats de Ives (1984), les enfants utilisent et combinent 3 grandes stratégies (L-C-A), et aucun n'utilisent les stratégies de contenus, abstraites, seules et la combinaison contenu-abstraite. Les enfants les plus jeunes (6-7 ans) représentent les émotions à travers des stratégies littérales seules et à partir de 8 ans cette utilisation diminue au profit de l'utilisation de la combinaison des stratégies LC-LA-LCA. Ces résultats pourraient être mis en relations avec ceux obtenus par Brechet et al (2007) montrant que les enfants à partir de 5 ans produisent exclusivement des indices d'expressions faciales et qu'à partir de 8 ans apparaît également la production d'indices de postures et de contextes.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery