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Les effets de la politique de réformes monétaires sur la croissance économique en R.D.Congo.

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par JEAN-PAUL BISIMWA MUSHENGEZI
Université officielle de Bukavu - Licence 2010
  

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INTRODUCTION GENERALE

La politique économique s'est sensiblement modifiée avec la pensée Keynésienne. Désormais, l'Etat peut intervenir sur les marchés afin d'en modifier les équilibres. Il possède pour ce faire plusieurs instruments dont la politique monétaire, qui est l'ensemble d'arbitrages effectués par les autorités monétaires en vue de contrôler la croissance et la quantité monétaire en circulation, la politique monétaire agit sur le coût ou sur le montant de la monnaie, dans le but de réguler l'évolution globale de l'économie, son efficacité suppose la capacité qu'elle possède d'atteindre les objectifs finals lui assignés(Greffe, 1987, P. 9).

Néanmoins des débats anciens entre Monétaristes et Keynésiens sur l'efficacité de la politique monétaire renaissent sous une forme nouvelle entre nouveaux classiques et nouveaux Keynésiens, ce qui donne une importance aux études sur l'efficacité de la politique monétaire.

En effet, la divergence majeure entre Monétaristes et Keynésiens concernant la neutralité (non neutralité) vis-à-vis des variables réelles, fait l'objet du débat entre les deux courants. Pour les Monétaristes, la neutralité de la monnaie sur les variables réelles implique que la politique monétaire doit être affectée à la stabilité de prix. Par contre, le Keynésianisme tout en admettant la non neutralité de la monnaie privilégie le niveau de production. Entre nouvelle école classique et nouveaux keynésiens, ce débat se prolonge par la critique des nouveaux classiques. Ceux-ci, en invoquant le rôle des anticipations rationnelles, radicalisent le message d'inefficacité de toute politique économique en générale et en particulier de la politique monétaire sur les variables réelles. Les anticipations rationnelles supposent que les agents économiques ne sont pas passifs. Ils anticipent des décisions et des actions des autorités de sorte que l'application des politiques macroéconomiques aboutit aux faits contraires de ceux attendus (Greffe, 1987, P 241).

S'opposant à cette pensée, les nouveaux Keynésiens montrent qu'en dépit d'anticipation, la politique monétaire conserve toute son efficacité sur les variables réelles. Cette efficacité est due par la rigidité des prix et de salaires nominaux à la baisse. Grâce à cette rigidité, la relance monétaire est suivie par l'amélioration du

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volume d'encaissement réelles et par conséquent, le revenu aussi s'accroit (Cabannes, 1994, pp 49-51).

Dès lors, il y a clivage entre efficacité de la politique monétaire. Le débat théorique se déplace alors sur un terrain empirique afin de vérifier si les actions des autorités monétaires sont capables d'atteindre les objectifs finals leurs assignés.

La théorie macroéconomique élaborée dans les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale a sous-estimé le rôle des facteurs monétaires dans la vie économique. Paradoxalement, cette théorie qui se voulait keynésienne oubliait ainsi l'un des enseignements fondamentaux de KEYNES, hérité de WICKSELL, qui intégrait la monnaie dans l'analyse des phénomènes réels (économiques). Or, dans le même temps, l'inflation imposait au pouvoir public des politiques qui étaient mal mesurées dans l'ensemble de ses interventions visant l'octroie de crédit à l'économie, le bien être social et la croissance économique sont apparus comme des freins au développement économique. Ainsi, actuellement l'analyse de la théorie et la politique économique s'accordent mieux pour considérer la reforme monétaire comme un élément décisif de la relance de l'activité économique nationale et internationale (Encyclopie Universalis, 2010).

En effet, le développement réel et quantifié d'un pays est le fait de plusieurs interactions d'agents et des secteurs économiques. Les pays dits en voie de développement en général et ceux de l'Afrique en particulier éprouvent de nombreuses difficultés dans l'évaluation de l'effort national au sens du développement économique.

De ce qui précède, une meilleure allocation des ressources financières à l'économie nationale permet de quantifier tant soit peu la production de chaque secteur économique. Toutefois, la valeur monétaire d'un pays mérite une prise d'attention particulière de part et d'autre dans l'économie moderne.

En Afrique, nous assistons à des mutations du système monétaire et bancaire dû à la négligence des Etats dans leurs responsabilités inhérentes à leur souveraineté monétaire (Jacquerot et Raffinot, 1993, p18).

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Cependant, « l'économie de la République démocratique du Congo est le prototype d'une petite économie ouverte en proie, à des fréquents déséquilibres internes et externes. » (F. Kubuya kalala, 1998, p21).

Ces diverses situations caractérisaient l'économie congolaise avant chaque reforme monétaire opérée (celle de 1983, 1993 et en fin celle de 1998) en RDC, la baisse drastique de la production, le développement de l'économie informelle ; les déficits chroniques du budget de l'Etat, financés essentiellement par l'émission incontrôlée de la monnaie, lesquelles ont occasionné l'hyperinflation dans les années avant 1998 et aggravés la précarité des conditions de vie de la population ; la désarticulation du système des finances et la faillite de plusieurs établissements de crédit, et surtout le non contrôle des crédits accordés à l'économie nationale ; l'éclatement de l'espace monétaire nationale et en fin la multiplicité des taux de change.

Face à cette ampleur des déséquilibres et à la profondeur de la crise, le gouvernement par le biais de la BCC décidait d'opérer des reformes monétaires comprises comme un ensemble de mesures successives et coordonnées visant à assainir l'environnement économique et financier du pays. Par la suite, cette politique des reformes monétaires opérée poursuivait dans chacune d'elles l'un ou l'autre objectifs à savoir : «l'adhésion aux régimes de change flottant ; la libéralisation de la réglementation des échanges ; la restauration et la redynamisation du système de paiement comme le souhaite la banque centrale qui est certes une condition sine qua none pour la reprise de la croissance qui doit être accompagnée d'action concrète du gouvernement dans les domaines d'action économique, fiscale, administrative et politique afin de consolider la stabilité macroéconomique et rassurer les investissements ; la liquidation des arriérés dues aux fonctionnaires de l'Etat par l'augmentation des rémunérations au sein de la fonction publique, l'apurement de la dette intérieure, l'utilisation de la monnaie scripturale dans les transactions commerciales et autres, ainsi que la relance du crédit à l'économie ; le déploiement des efforts considérables par le gouvernement dans le domaine fiscal afin d'une part d'augmenter les ressources budgétaires, et d'autre part, de préserver la stabilité macroéconomique, et en fin que ces reformes monétaires opérées en 1983, 1993 et 1998 créent les conditions d'une amélioration de la qualité de vie des populations

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(bien être social) grâce notamment aux impulsions qui induiront l'augmentation de paiement, la restructuration des banques et la relance de la production »( F. Kubuya kalala,1998, p 23-24).

De ce qui précède, la question qui nous interpelle pour cette étude est la suivante :

? La politique des reformes monétaires (par la variation des taux de l'encaisse monétaire de la BCC) a-t-elle des effets sur la croissance économique ?

Partant de cette problématique, notre hypothèse qui est une réponse provisoire, nous disons que la politique monétaire stimulerait partiellement la croissance économique en RDC à long terme mais ceci ne se justifie pas à court terme ; ceci s'explique par le fait qu'en RDC, il est dévolu à la politique monétaire l'objectif final d'assurer la stabilité des prix. En effet, les statuts de la BCC stipulent à l'article deux que la banque a pour objet essentiel de maintenir la stabilité monétaire par la politique de crédit et de change favorable au développement équilibré de l'économie, sans nuire à la politique économique générale du gouvernement central. Mais la RDC doit faire face aux multiples défis dont cette politique, n'a pas réussie à les relever totalement par le biais de notre étude, entre autre :

? L'absence du marché financier et l'effondrement du système bancaire ? Le niveau de la production qui se replie à celui des années soixante-dix ? Le financement monétaire des déficits budgétaires

? La perte continue de la valeur de la monnaie nationale. Etc.

C'est dans ce cadre que les autorités appliquent des politiques qui influent sur la masse monétaire. Il nécessite alors une évaluation des actions des autorités monétaires afin de connaitre leur incidence sur l'économie, il est donc question de savoir si la politique monétaire via l'encaisse monétaire a des effets en RDC.

Pour être anti-inflationniste, la politique monétaire devrait être mise en oeuvre de façon à réduire efficacement les dépenses. Il importe alors qu'une politique monétaire soit entreprise. En effet, la contraction monétaire augmentant le taux d'intérêt, freine les investissements ce qui diminue la demande agrégée. C'est cette

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baisse de la demande globale qui constitue le moteur de la variation négative des prix. Notre hypothèse ne peut être confirmée que grâce à une étude empirique.

Notre étude se propose de montrer que la politique monétaire mise en oeuvre en RDC depuis 1983 jusqu'en 2007 à pour objet de remédier aux différents maux détériorant la situation macroéconomique du pays, principalement l'inflation n'a pas été efficace. Ses effets serait liée d'une part, au fait que l'instabilité des prix qui n'est pas entièrement d'origine monétaire et d'autre part, aux problèmes spécifiques de conduite de cette politique dans le contexte précis de la RDC.

Ainsi, pour parvenir à la vérification de notre hypothèse, notre étude fera appel à la méthode quantitative axée sur les méthodes économétriques et statistiques qui nous permettrons le traitement des données empiriques par le logiciel économétrique EVIEWS 3.1 appuyé par la technique documentaire pour nous permettre de consulter les différents rapports de la BCC, le rapport de la BM et différentes documentations ayant trait à notre étude.

Notre étude revêt un intérêt tant sur le plan théorique que sur le plan pratique, il permet de vérifier d'abord, un certain nombre des théories économiques à travers certains faits économique, en suite, sur le plan pratique, il permet d'analyser les effets de cette politique après les reformes monétaires opérées en 1983, 1993 et 1998 sur la croissance économique afin de soumettre aux grands décideurs politiques les bonnes orientations sur la politique monétaire en RDC.

A cet effet, le travail se subdivise en trois chapitres qui sont :

? Cadre théorique et conceptuel,

? Reformes monétaires opérées en RDC et approche méthodologique et ? La présentation et interprétation des résultats

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CHAP I. CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL

I.1 CADRE DEFINITIONNEL

I.1.1 Reforme monétaire

La reforme monétaire est une transformation des structures monétaires qui se réalise à travers le changement de l'appellation des signes monétaires et ou à travers la définition de l'unité monétaire (J. M. KEYNES, 1923).

En plus, elle est comprise comme une politique de restructuration économique dépendant de l'ensemble des actions économiques et sociales des pouvoirs publics concernant la monnaie.

Abordant toujours dans le même sens, le Prof KABUYA K. parle d'un ensemble des mesures d'ajustement économique ayant au centre une manipulation de la monnaie (Christine NAMEGABE B., 2006).

Une reforme monétaire ne consiste donc pas seulement à échanger une nouvelle monnaie contre l'ancienne à un taux arbitrairement fixe, elle entraine une restructuration profonde de toute l'économie.

En effet, la politique monétaire est un ensemble des mesures mise en oeuvre, moyens de paiement central (par le biais de la BC) pour déterminer le volume des moyens de paiements et pour ajuster ce volume aux besoins du marché (BRAUN A., 1999).

Dans ce cadre nous pouvons définir les taux d'intérêts directeurs comme des taux pratiqués par la BC dans le cadre d'opérations de refinancement et en finançant les autres Banques. En agissant sur ces taux, la BC influence le cout de liquidité bancaire et surtout, elle transmet au marché monétaire des informations sur les orientations de la politique monétaire.

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I.1.2 La croissance économique

La définition de la croissance économique ne fait pas l'objet d'une unanimité auprès de divers auteurs économiques. Quelques aspects définitionnels ci-après se dégagent de considérations des économistes quant à la caractéristique de ce concept :

La croissance économique est un processus quantitatif qui traduit, pour un système productif, l'accroissement de son produit intérieur brut (H., NGOA, 2007);

La croissance économique c'est l'augmentation durable en terme réel (volume ou en quantité) d'un indicateur de la performance qui est le PIB (ABESSOLO Y., 2008) ;

Selon SIMON KUZNET, la croissance économique d'un pays peut être définie comme une hausse de long terme de sa capacité d'offrir à sa population une gamme sans cesse élargie des biens économiques. Cette capacité étant basée sur le progrès technique et les ajustements institutionnels et idéologiques qu'elle requiert.

La croissance désigne l'évolution annuelle, exprimée en pourcentage du PIB et PNB, d'où ;

? La croissance extensive qui est l'augmentation des quantités de facteurs de production (culture de nouvelles terres, ouverture de nouvelles usines). La croissance extensive génère des créations d'emplois.

? Par contre, la croissance intensive est l'augmentation par des gains de productivité de la production à volume de facteurs de production identiques, notamment sans création d'emplois supplémentaires.

? Une croissance du PIB n'implique pas nécessairement une élévation du niveau de vie. En effet, si la croissance démographique est plus rapide que la croissance du PIB, le PIB par habitant diminue.

D'une manière générale, la croissance correspond, pour une notion, à une augmentation soutenue et durable pendant une période suffisamment longue de la production de biens et de services appréhendée par des indicateurs comme le PIB et PNB. Cependant, n'étant qu'une mesure quantitative d'un agrégat économique, la croissance n'est qu'une composante du développement qui est une notion plus

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abstraire et qualitative. Il peut donc y avoir croissance sans développement et inversement.

Différentes visions de la croissance chez certains économistes (Encyclopédie Universalis, 2010) :

? Adam SMITH : dans « Richesse », il développe les premiers éléments de la théorie de la croissance prenant sa source dans la division du travail, la croissance lui apparait comme illimitée.

? Thomas Robert MALTHUS ; la croissance de la population est plus rapide que celle la production de la terre, conduit à des famines qui permettent de rétablir, à court terme, le bon rapport entre les deux ... jusqu'à ce que l'écart entre population et production de la terre provoque une nouvelle crise.

? David RICARDO ; pour faire face à la croissance de la population de nouvelles terres doivent être cultivées. Or celles-ci ont un rendement décroissant (les meilleures étant déjà utilisées). Il s'ensuit inéluctablement à long terme un état stationnaire.

? Karl MARX pour lui, l'accumulation du capital permet à ce dernier de se substituer au travail, l'augmentation du chômage et de la baisse des salaires qui en découlent, provoquent une baisse de la consommation et du taux de profit et par conséquent de la croissance.

? John Maynard KEYNES insiste sur le rôle de l'Etat qui, par les investissements publics, peut relancer l'économie en jouant sur la demande et favoriser la croissance.

I.2 CONTROVERSES THEORIQUES ET STRATEGIQUES DE POLITIQUE MONETAIRE (DOUZOUNET M., 2009)

Nous présentons d'une part dans ce point une revue de la littérature recensant les controverses théoriques sur l'efficacité de la politique monétaire en matière de croissance ; et d'autre part les stratégies de la politique monétaire pratiquée par la BCC.

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I.2.1 Politique monétaire et croissance économique : une revue de la littérature

Sur le plan théorique, la question du rôle de la politique monétaire et plus généralement des unions monétaires en matière de croissance continue de soulever d'importants débats opposants les sceptiques aux optimistes.

I.2.1.1 La thèse des sceptiques en faveur d'une relation limitée

La thèse de sceptiques est très ancienne, principalement partagée par les monétaristes MILTON FRIEDMAN et par quelques économistes comme William POOLE. Ce dernier à l'occasion de 43è congrès de l'Association Nationale Américaine des Economistes d'Entreprises en septembre 2001 sur le thème « Relance de la croissance économique : Que peut faire et que ne peut pas faire la politique monétaire? » avait repris le discours prononcé par MILTON FRIEDMAN, que le seul but de la politique monétaire est de veiller à la stabilité des prix, en évitant toute action contra-cyclique sur le marché, susceptible de perturber ces derniers, tant l'incertitude pèse sur le délais d'action de la politique.

POOLE reprend ce point de vue à son compte, en rappelant que selon FRIEDMAN, la politique monétaire n'affecte que les variables nominales telles que les taux d'intérêts nominaux ou le niveau des prix. Les effets d'impacts sur les niveaux ou les taux de croissance de ces variables. En conséquence, la BC ne peut espérer être efficace en recherchant pour cible, la valeur d'une quelconque variable réelle, car les effets d'impact sur les variables réelles comme le PIB ou le taux de chômage, sont par nature transitoire et très aléatoires.

Précisant son point de vue personnel, POOLE conclut qu'en effet, même s'il est possible d'entamer une action de correction des fluctuations cyclique d'activité. Il convient qu'une telle action ne vienne pas compromettre l'objectif des stabilités des prix, que seule la BC est à mesure de réaliser. C'est pourquoi la prudence exige de ne pas définir des objectifs de croissance ou de chômage, car non seulement on ne fait rien de ce que serait le taux de croissance d'équilibre de longue période, mais on ne sait rien non plus du taux de chômage compatible avec l'équilibre du marché de

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travail à long terme. Donc une action de relance par la monnaie, risque de conduire à une épouvantable erreur de politique économique.

Daniel THORNTON, un des principaux responsables de la Reserve Fédérale dans l'Etat de Saint-Louis, se pose aussi la question si la politique monétaire est-elle encore efficace. Pour le cas Américain, l'auteur répond par la négative à cette question, lorsque du moins il considère les périodes de récession. Il remarque que la Reserve Fédérale a réduit le niveau du taux effectif sur les fonds. C'est-à-dire qu'au cours du dernière période, la réserve fédérale a même anticipé la récession en réduisant le taux effectif sur les fonds fédéraux qui constitue son principal instrument de politique monétaire, bien avant que l'activité ne parvienne au sommet du cycle conjoncturel. Pourtant, la réponse de l'économiste Américain ajoute TRORNTON, apparait pour le moins Américain en dépit d'une théorie aussi bien en ce qui concerne la récession que pour la récession actuelle, en comparaison avec la réponse de l'économie lors des récessions observées avant la 2è Guerre Mondiale, aux variations des instruments de la politique monétaire.

Comment dans ces conditions expliquer la faiblesse des effets de la politique monétaire sur l'activité réelle ? Plusieurs explications sont envisageables, mais nous retenons celle qui nous semble accessible et compréhensible pour tout lecteur. L'explication donnée est relative à l'asymétrie entre la réponse de l'économie à des augmentations de taux d'intérêt et celle qu'elle enregistre suite à des baisses de taux d'intérêt.

En effet, à court terme, la politique monétaire affecte l'activité réelle via son effet sur le prix, or si la rigidité des prix est plus forte lorsqu'ils baissent que lorsqu'ils augmentent, les effets du resserrement monétaire vont se refléter davantage sur l'activité que sur les prix, et ce par opposition aux effets d'une politique monétaire expansive. Cette asymétrie d'ajustement des prix étant notamment à relier à l'impossibilité pour les firmes privées de diminuer les salaires, lorsque notamment les contrats de travail comportent des clauses d'indexation.

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La faiblesse de la réponse de l'économie aux variations à la baisse de taux d'intérêt ne provient-elle pas tout simplement de ce que la croissance constitue un phénomène réel, par opposition à l'inflation qui serait un phénomène monétaire.

SIDRAUSKI(1967) prend quant à lui la position diamétralement opposée aux travaux de TOBIN, il suppose que la monnaie entre dans la composition de la fonction d'utilité des ménages car elle fournit un flux de services issus de sa détention. Les résultats conduisent à déterminer la super neutralité de la monnaie. La monnaie dans ce cas n'aurait aucun effet ni à court terme, ni à long terme car elle ne serait pas susceptible de jouer sur le niveau et l'évolution du PIB.

Ces analyses sceptiques du rôle de la politique monétaire en matière de croissance n'est pas du point de vue de tous les théoriciens. Ce qui convient de présenter la thèse des optimistes en faveur d'une relation avérée.

I.2.1.2 La thèse des optimistes en faveur d'une relation avérée

La thèse des optimistes également ancienne, puisque relative chez les néo-keynésiens comme James TOBIN, ou même des néo-classiques circonstatiellement comme Paul Anthony SAMUELSON ou Robert SOLOW, a la possibilité de pratiquer du pilotage fin, tant que l'ajustement des anticipations inflationnistes des activités. Cette thèse a été renouvelée dans la période récente. On admet ici avec John VICKERS (2000) suivant le bon enseignement de SOLOW, que la croissance de la production réelle est spécifiquement un phénomène de long terme (composante transitoire), résultat de la croissance du nombre d'heures travaillées, du stock de capital ou de la main d'oeuvre suivant son degré moyen de qualification. Néanmoins, l'amélioration de la répartition des facteurs travail et capital, une meilleure explication des économies d'échelle, comme le processus d'innovation et la diffusion à grande échelle de technologies efficaces et de méthodes de travail renouvelées affectent les mouvements transitoires de l'activité (composante transitoire). Dans ces conditions, se soumettre à une règle fixe qu'elle soit relative à un agrégat monétaire bien relié à l'activité en valeur comme chez FRIEDMAN, ou à un niveau de taux d'intérêt nominal à court terme bien en phase avec les taux d'intérêt d'équilibre global à long terme

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chez John TAYLOR, interdit de saisir des opportunités d'utilisation plus intensive des capacités de production pour améliorer le bien être à court terme.

Tout en partageant avec les sceptiques la nécessité d'assigner l'objectif de stabilité des prix à la politique monétaire, ces auteurs tirent cependant parti des développements contemporains sur les sources de croissance endogène, découlant alternativement de l'innovation technologique ou du commerce extérieur (Fränkel JEFFREY et ROMER David, 1999), dans un contexte de libre échange régional ou les stratégies de diversification et de spécialisation absolue sont mise en concurrence (KRUGMAN Paul, 1993), ou dans un contexte d'union monétaire, pour affirmer le potentiel d'efficacité des unions monétaires sur la croissance à partir des conclusions suivantes.

Notons que dans le contexte des économies par la stabilité des prix, la BC crée les conditions d'une croissance économique saine, solide et durable impliquant la création d'emplois et donc la réduction du chômage, par l'entremise de trois canaux fonctionnels, dynamiques et simultanés.

I.2.2 Différents instruments de la politique monétaire appliqués par la BC

Les instruments de la politique monétaire sont l'ensemble des éléments sur lesquels peut intervenir la Banque Centrale pour modifier l'environnement monétaire. Par extension, ils recouvrent aussi les objectifs opératoires à court terme, qui consiste par l'ensemble à fixer les taux directeurs. Aujourd'hui ces taux d'intérêt à court terme sont les principaux instruments de la politique monétaire.

Il n'en a pas toujours été ainsi : avant la libéralisation financière qui a eu lieu au cours des années quatre vingt dans la plupart des pays, la politique monétaire consistait à contrôler directement l'évolution de l'encaisse monétaire et du crédit, les taux restant inertes étant considérés comme une simple résultante. (J. ADDA, 1995)

Dans la pratique seuls les taux d'escompte et /ou à taux du marché monétaire sont des taux directement fixés par les banques centrales et peuvent véritablement être considérés comme des instruments. (DEMAROLLE et QUINET., 1996 Cité par BENASSY et Al., 2003)

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I.2.2.1 Qualité des instruments de la politique monétaire : la question des transmissions de la politique

Les canaux de transmission de la politique monétaire sont des processus très complexes. Les effets de variation de taux d'intérêt sur les variables macroéconomiques ne sont pas systématique, ils dépendent de l'état de l'économie et des anticipations des agents ; par ailleurs, ils ne s'exercent qu'avec des délais assez longs, généralement évalués en quatre et six trimestres (C. GUINAUDEAU, GUSHCHINA, NAVARRO, VIZZAVONA, cité par Kako NUBUPRO, 2003).

On distingue traditionnellement trois canaux de transmission de la politique monétaire :

· Canal du taux d'intérêt

Une variation du taux d'intérêt produit trois types d'effets sur les variables réelles de l'économie.

Un effet de substitution : l'arbitrage entre consommation et épargne se modifie, le taux d'intérêt exprime donc le prix de la détention de liquidités. Ainsi dans le cas d'une hausse du taux d'intérêt par exemple, les agents économiques vont substituer une part de leur consommation à l'épargne devenue plus rémunératrice.

Un effet de revenu : en imaginant une hausse du taux d'intérêt, les effets vont être contraires, selon que l'agent est créditeur ou débiteur. L'agent créditeur verra son épargne mieux rémunérée, il sera donc plus riche et c'est sans modifier son comportement, l'agent débiteur verra augmenter le prix de sa dette.

Un effet de richesse : la hausse des taux d'intérêt fait baisser les cours de certains titres et les agents qui voient ainsi la valeur de leur patrimoine diminuée, réduisent leurs consommations.

· Canal de crédit

La hausse des taux d'intérêt directeurs de la banque centrale conduit les banques à accroître les taux d'intérêt débiteurs, mais aussi à rationner le crédit en raison de la montée des risques liés à des charges d'intérêt plus élevés. La hausse des taux d'intérêt, du fait de l'asymétrie d'information, risque de produire aussi un aléa moral (les « bons emprunteurs » renoncent à leurs demandes de crédits et les « mauvais risques» continuent à s'endetter) cette situation pousse aussi les banques à réduire leur offre de crédit. Ainsi les contraintes d'accès au crédit de certains agents,

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ménages ou petites et moyennes entreprises (PME), peuvent donner lieu à des changements importants dans la transmission d'une politique monétaire par le taux d'intérêt.

En effet, si les agents sont contraints dans leurs demandes de crédit, pourra susciter une baisse de demande de crédit bancaire, mais s'il y a une situation initiale, un excès de demande, cette hausse ne se traduira pas nécessairement par une baisse des crédits distribués.

De nombreuses études ont été menées, liées au canal de crédit (BERNANKE et BLINDER, 1992) et (BARRAN et Al., 1995) montrent en effet, qu'une hausse du taux d'intérêt n'est généralement pas suivie immédiatement d'une baisse du crédit bancaire.

· Canal du taux de change

La hausse des taux d'intérêt entraîne, toute chose restante égale par ailleurs, une appréciation du taux de change qui mène à une dégradation des termes de

l'échange (le pays concerné est moins compétitif) qui conduit des agents résidents à acheter davantage à l'étranger et moins au producteurs domestiques. (GUIVANDEA et Al., 2007)

I.2.1.2 Objectifs de la politique de reforme monétaire

Cette politique monétaire est le sous ensemble de la politique économique. A ce titre il peut contribuer à atteindre du carré magique :

? La croissance

? Plein emploi

? Stabilité de prix

? Equilibre extérieur

Pendant les trente glorieuses, la politique monétaire étant considérée, combinée dans le cadre de la politique mixte visant à maintenir l'économie sur un sentier de la croissance, de plein emploi compatible avec une stabilité des prix et un équilibre extérieur (A.BENASSY et Al., 2003)

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Cependant, depuis le début des années quatre vingt, on a assisté à un recentrage de la politique monétaire sur l'objectif de la stabilité des prix. Sous l'influence de la monnaie, on considère en effet que l'inflation résulte d'une création excessive de monnaie et qu'il appartient à la banque centrale de se consacrer à la maîtrise de la croissance des agrégats monétaires (DICTIONNAIRE ECONOMIQUE, éd. 2007).

Parmi les objectifs de la politique monétaire appliqués par la banque centrale pour stabiliser une économie et faire une relance des activités économiques, nous retenons :

a. Objectifs intermédiaires

Pour atteindre les objectifs de la stabilité de prix, la banque centrale détermine les objectifs intermédiaires qui peuvent porter sur la croissance d'un agrégat et/ou sur le niveau du taux d'intérêt.

Par exemple, en Europe avec l'union monétaire, la banque centrale européenne (BCE) a comme objectif intermédiaire la croissance de l'agrégat monétaire qui doit être compatible aux taux d'inflation à 2%. (A.BENASSY et Al., 2003)

b. Objectifs ultimes

Les objectifs ultimes de la politique monétaire sont inscrits dans les statuts des Banques Centrales et varient selon les pays. Il est vrai que depuis le début des années quatre vingt, la lutte contre l'inflation est devenue un objectif prioritaire de la politique monétaire, ou du moins affiché comme tel.

Par exemple, le principal objectif ultime dans le cas de la Banque Centrale Européenne (BCE), est la stabilité des prix dans la zone euro ; cependant, dans une optique stratégique, la réalisation de ces objectifs ultimes peut se trouver facilitée par la fixation d'objectifs intermédiaires qui leurs sont liés, et sur lesquels les Banques Centrales ont davantage de prise. Par exemple, les agrégats de masse monétaire ou le taux de change peuvent être utilisés comme objectifs intermédiaires.

Sur le plan empirique en outre, il semble utile et pertinent de distinguer les influences du taux d'intérêt à court terme aux influences du taux d'intérêt à long

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Les années de la théorie économique ont aussi contribué à l'attention portée sur la lutte contre l'inflation et la récession économique. Les modèles à anticipation rationnelle ont accrédité l'idée selon laquelle l'inflation n'a pas d'effet bénéfique sur la croissance. A long terme, plus l'inflation ne réduit pas le chômage (on dit que la courbe de Philips est verticale).

Seule l'inflation non anticipée peut avoir un effet sur la croissance, en faisant baisser les salaires réels. Mais l'inflation ne peut pas être durablement sous estimée. Dans ces conditions, il y a intérêt à lutter contre l'inflation puisque la croissance de long terme n'en sera pas affectée. La plus part des économistes admettent aujourd'hui ces résultats sur l'absence d'effets de long terme de l'inflation.

Cependant, il y a un débat sur les effets de court terme et sur le niveau d'inflation à atteindre. Pour (AKERLOF et Al., 1997 Cité par A. BENASSY et Al., 2003) l'inflation permet aux entreprises de faire baisser à court terme les salaires réels tout en faisant progresser les salaires nominaux, ce qui a un effet expansif sur l'offre ; cela est impossible lorsque l'inflation est nulle et difficile quand elle est trop basse.

En outre, une inflation trop basse limite la conduite de la politique monétaire, en freinant la baisse des taux d'intérêt (FMI, 1999).

I.3 REVUE DE LA LITTERATURE EMPIRIQUE

Sur le plan empirique, signalons à cet effet que les taux d'intérêt appliqués par les banques centrales constituent les principaux instruments de la politique monétaire pour réguler le niveau des prix et d'activité économique. (LEXIQUE ECONOMIQUE., 8e Edition.)

L'impact de ces derniers fait l'objet de nombreuses études appliquées tant sur les pays développés que sur les pays en voie de développement. Et elles ont été motivées à la fois par les nécessités des reformes monétaires ainsi que les différents changements économiques et financiers intervenus au fil des années.

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terme qui ont d'effets sur la croissance économique. (Revue Economique de l'OCDE, n° 25, 1995).

La politique monétaire axée sur les taux d'intérêt directeurs exerce une influence significative sur le secteur réel, il convient simplement de s'assurer de la bonne transmission de cette variation de taux d'intérêt. (K. NUBUKPO, 2003)

Les effets de la politique économique agissent davantage qu'on ne supposerait autrement, à travers les effets directs des variations du stock de monnaie sur la dépense, et plutôt moins à travers les effets indicateurs sur le taux d'intérêt, par conséquent sur l'investissement, par là sur le revenu et sur le niveau général de prix.

Le taux d'intérêt à long terme est un déterminant des décisions d'épargne et d'investissement à long terme, et son influence sur les dépenses des entreprises, l'investissement des ménages et la consommation des biens durables jouent un rôle fondamental dans le cycle de l'activité économique et dans l'assurance des politiques économiques d'un pays. (Adrian ORR et Al., 1995)

I.3.1. Taux d'intérêt après la politique de reforme monétaire-inflation

Les travaux empiriques ont souvent recherché le lien entre les taux appliqués par les banques centrales et l'inflation d'un pays après une restructuration profonde de la monnaie.

On en est arrivé à distinguer certains enseignements d'analyses de travaux :

? En ce qui concerne l'inflation dans un modèle de correction d'erreur étudié par K. NUBUPKO l'impact d'une variation du taux du marché monétaire est significative à court terme et présente le signe attendu dans l'Union Monétaire d'Ouest d'Afrique prise globalement. Une augmentation du taux du marché monétaire provoque une baisse significative de l'inflation dans l'ensemble des pays de l'Union. En revanche, le taux de prise en pension exerce un impact significatif contraire au sens attendu, aussi bien à court terme qu'à long terme, dans l'ensemble des pays U.E.M.A.O à l'exception du Bénin et du Niger. En effet, dans ces deux pays, une augmentation du taux de prise en pension

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engendre à long terme, une diminution significative de l'inflation. Cependant, la réponse d'inflation à une variation des taux d'intérêt directeurs dans l'U.E.M.O.A (-0,02), se révèle beaucoup plus faible que celle obtenue par KAHN et KNIGHT (1991, p. 55) qui s'élève à 0,33. (NUBUKPO K., 2003)

y' De manière générale, il ressort des estimations effectuées que l'inflation importée constitue un déterminant important de l'inflation au sein de l'U.E.M.O.A (élasticité de 0,13). Ce résultat corrobore les conclusions de L. DOE et M. DIALLO (1997) qui indiquent à propos de l'U.E.M.O.A, que « l'évolution de l'inflation dans les Etats reflète étroitement celle de l'inflation en France ».

y' En revanche, il est paradoxal que l'inflation importée soit significative à court terme, seulement dans les cas du Burkina et de l'Union prise dans son ensemble. De même, dans trois pays, Burkina, Mali, Sénégal, l'inflation importée ne ressort pas significative à long terme et ceci n'a pas trouvé pour l'heure, une explication possible (K. NUBUKPO 2003).

Ces analyses nous viennent de Cote d'Ivoire de O. SAMBA MAMADOU (1998) dans le cadre du modèle « Promes-Cote d'Ivoire » il a observé pendant cinq ans (à partir de données annuelles) et de A. DIAGNE et F. DOUCOURE (2000) qui trouvent à partir de modélisation VAR que dans le cas de la Cote d'Ivoire, « la réaction du taux d'inflation suite à un choc sur le taux d'intérêt est instantané : les prix baissent fortement dès que le choc est opéré ». Alors qu'en France et dans les pays regroupés au sein de G11ou un choc monétaire a un effet tardif sur les prix (un an et demi à deux ans) mais l'effet subsiste longtemps (de six ans) (GERLACH et SMETS 1995, CORTET 1998 cité par DOUZOUNET M, 2009)

Toutefois, les deux auteurs (SAMBA et DIAGNE) notent une forte hausse des prix entre première et troisième période. L'effet se stabilise à partir de la première année, ce qui diffère sensiblement des résultats obtenus dans le cadre du modèle « PROMES-Côte d'Ivoire ».

Ces analyses par la suite nous proviennent de K. NUBUKPO, il a utilisé la méthode de la modélisation VAR, où les taux d'intérêt directeurs de la BCEAO engendrent dans tous les pays de l'UEMOA une diminution de l'inflation. « Le résultat attendu, montre que les économies de l'Union réagissent positivement aux décisions

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des autorités monétaires. Dans le cas spécifique de la Cote d'Ivoire, la réponse désinflationniste à un choc positif sur les taux directeurs de la BCEAO, très rapide est maximale au bout de la première période. Les prix remontent ensuite rapidement aux deuxièmes et troisièmes périodes et retrouvent progressivement, puis dépassent légèrement leur niveau initial au bout de trois ans. Le retour de l'inflation à son niveau de long terme s'effectue au bout de six ans.

I.3.2. Taux d'intérêt directeur-croissance économique

Les travaux empiriques ont souvent recherché le lien entre le taux d'intérêt et la croissance économique d'un pays après une restructuration profonde de la monnaie.

On en est arrivé à distinguer quelques analyses pratiques :

y' K. NUBUKPO dans la modélisation de correction d'erreur, où l'estimation de l'équation de croissance révèle l'existence d'un impact significatif mais relativement faible, à court et long terme, des décisions de politique de taux d'intérêt de la B .C.E.A.O sur le rythme de l'activité dans la zone. En effet, à court terme, une relation significative et négative existe entre la variation du taux du marché des pays, à l'exception du Niger. A long terme, c'est le taux de prise en pension qui exerce un effet significatif dans le sens attendu sur la croissance économique, à la fois dans l'Union prise globalement et dans les pays pris individuellement, à l'exception notable de la Côte d'Ivoire. En effet, dans ce dernier pays, c'est l'impact du taux du marché monétaire qui reste significatif à long terme sur la croissance. L'intensité de l'effet de la politique de taux d'intérêt de la B.C.E.A.O sur la croissance se révèle néanmoins faible, (Avec -0,002 pour le taux du marché monétaire et -0,003 pour le taux de prise en pension). Ce résultat est conforme aux prédictions théoriques et aux observations empiriques de KAHN et KNIGHT (1991) qui trouvent une réponse de la croissance à la variation de l'offre de monnaie dans les pays en développement de 0,043. (K. NUBUPKO, 2003)

y' A partir d'un modèle PROMES-Côte d'Ivoire, a simulé l'Impact de la variation du taux du marché monétaire et de la pension sur l'inflation à la croissance en Côte-d'Ivoire, en se fondant sur deux scénarios alternatifs, une hausse de

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trois points du taux de prises en pension et une hausse de même ampleur du marché monétaire. Il ressort des simulations effectuées, qu'une hausse du taux du marché monétaire exerce un effet désinflationniste plus important que celui d'une hausse du taux de prise en pension. De même, l'impact de l'augmentation du taux de marché monétaire sur la croissance économique est plus marqué que celui du taux de pension. (DOUZOUNET M, 1998)

En effet, le groupe de travaux conclut qu'un choc positif sur les taux d'intérêt directeurs de la BCEAO se traduit par un effet négatif sur la croissance économique « alors que les résultats obtenus en France et dans le pays du G11 indiquent pour leur part, que le délai de réaction de la croissance du PIB réel est positif est supérieur à celui observé dans l'U.E.M.O.A mais avec un effet qui s'amortit plus vite » (COUSSERAN et P. FISTER 1996, Banque de France, 1998 cité par K. NUBUPKO) et l'inflation au sein de l'Union Monétaire des Etats de l'Afrique de l'Ouest (U.E.M.A.O). Toutefois, cet effet demeure relativement faible et différencié suivant les pays de l'Union. Ainsi, (K. NUBUKPO Novembre 2003), utilise la méthode de HENRY en une étape vue la petitesse de l'échantillon prise trimestriellement du 1e trimestre 1989 au dernier trimestre 1999 (K. NUBUKPO. 2003).

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CHAP.II REFORMES MONETAIRES OPEREES EN RDC ET APPROCHE

METHODOLOGIQUE

Dans le présent chapitre, nous allons passer en revue toutes les reformes monétaires opérées en RDC en premier lieu et en second lieu, nous allons spécifier les modèles de notre étude et en fin nous présenterons la démarche méthodologique ou nous analyserons les variables tant expliquées qu'explicatives.

I. LES REFORME MONETAIRES AU CONGO

En général, les opérations qui ont été qualifiées de « reformes monétaires » au Congo ont comporté un ou plusieurs de ces éléments ;

? La modification de parité externe de la monnaie nationale

? L'émission d'une nouvelle unité monétaire

? Le retrait avec ou sans substitution, partiellement ou totalement des signes monétaires existants

Le blocage temporaire ou définitif d'une partie considérable des moyens de payement

Soulignons qu'à peine sorti de l'ère coloniale, le Congo indépendant était contrait déjà de procéder en 1961, à une reforme monétaire digne d'intérêt est celle intervenue en novembre 1963.

I.1 Reforme monétaire de novembre 1963

a) Causes

Dès le départ, les finances publiques du jeunes Etat Congolais étaient placées dans un environnement peu favorable à cause notamment des charges de consommation et d'amortissement de la dette publique qui s'étaient considérablement alourdis au cours des années 1950 sous l'administration coloniale.

A partir de 1957, les problèmes financiers de l'Etat se firent aigus, car ses charges courantes ne firent que croitre, tandis que ses recettes ordinaires plafonnaient ou même diminuaient, ... la conjonction de l'accroissement des charges

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courantes et de la stagnation du revenu imposable obligeait les pouvoirs publics à faire face à un déficit structurel des finances, même en l'absence d'accidents graves. En sens de ce lourd héritage, la situation financière du pays s'est dégradée au cours des trois premières années de l'indépendance. D'une part, le pouvoir central affaibli par les sécessions au Katanga et du Sud-Kasaï n'était plus en mesure d'accéder aux recettes fiscales provenant de ces deux riches provinces minières, et sa désorganisation administrative l'empêchait davantage de mobiliser de recettes conséquentes. D'autre part, les multiples revendications corporatives et aspiratoires sociales, suscite au lendemain de l'indépendance, ont donné lieu è des nombreuses promotions et augmentations salariales intempestives tant dans l'armée que la fonction publique.

Inévitablement, il a fallu recourir au financement monétaire pour épargner les déficits publics, créant de fait les principales considérations permissives de l'inflation au Congo.

b) Objectifs

La reforme monétaire de novembre 1963 visait essentiellement è transférer les ressources de circulants spéculatifs non seulement è l'Etat par l'impôt mais aussi secteurs productifs exportateurs industriels, agriculteurs par les biais des prix relatifs. Cette première dévaluation officielle survenue après cette date de fait ou indirecte de novembre 1961, n'avait réussi ni à corriger l'orientation consommatrice de l'économie Congolaise.

En outre, la dévaluation susmentionnée avait été accompagnée de hausses généralisées des salaires, et leur couverture assurée par d'importantes avances de la banque centrale.

Les réserves de charge avaient fortement fondu aggravant ainsi l'état d'approvisionnement du pays. La hausse subséquente des prix acheva de faire sauter l'indice de stabilisation monétaire entrepris en novembre 1963. C'est dans ce contexte que s'est imposée une autre reforme monétaire.

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c) les conséquences

En plus, comme résultat de ce qui précède, dans le premier temps, les poussées inflationniste se restreignent d'une part en raison de la diminution de la demande résultant de la compression des dépenses publiques et de la création de nouvelles liquidités publiques procurées par l'établissement d'un double taux de change et d'autres part comme conséquence d'un certain accroissement de l'offre.

La réduction de l'écart entre le taux officiel et parallèle sur le marché des changes freina les fraudes è l'importation et à l'exportation, la situation du Franc s'en trouva redressée.

Des événements malheureux annoncèrent l'échec de la première tentative de stabilisation ; l'extension de la rébellion en 1964 aggrava la détérioration de la production intérieure et conduit les pouvoirs publics à augmenter les dépenses publiques affectées à la consommation sous formes de salaires.

Des nouvelles pressions inflationnistes s'aggravèrent et leur permanence fut à l'origine de la reforme du 23 juin 1967.

I.2 Reforme monétaire de juin 1967

Cette reforme s'est caractérisée particulièrement par :

? La création d'une nouvelle unité monétaire, le Zaïre s'échangeant contre 100Fc soit 2 dollars américains ;

? La suppression du double taux de change instauré en 1963 ;

? L'assouplissement considérable des formations d'importation et l'abandon du système de répartitions administratives de quotas.

a) Objectifs et conséquences de la reforme de 1967

Cette opération de redressement monétaire fut préparée plus longuement que la précédente, soit pendant plus d'une année. Elle bénéficia de circonstances politiques et économiques infiniment plus favorables.

En outre le laxisme croissant dans redressement monétaire. Une longue série de dévaluations habilement camouflées sous le prétexte du relâchement du Zaïre -

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Politiquement parlant, le pays avait retrouvé son unité, le pouvoir de Mobutu était à son apogée, et l'administration publique relativement outillée pour appliquer un programme économique et financier. Sur le plan économique, la remontée de cours de cuivre, principale source des recettes fiscales et en devises fut sans conteste l'atout majeur. Le Congo reçut l'assurance aussi du FMI d'accéder à un crédit « stand by » de 27 millions de dollars américains qui ne seront finalement pas utilisés.

Les mesures monétaires de 1967 visaient des objectifs similaires à ceux de la reforme de 1963 ; rétablir l'équilibre des finances publiques, faire disparaitre les circuits spéculatifs et transférer les ressources à l'Etat et aux secteurs produits, créant ainsi les conditions de relance des exportations et des investissements. La situation de finances publiques se redressa immédiatement après la reformes monétaire de 1967. Les avoirs extérieurs passèrent de 45,6 millions de dollars américains en juin 1967 à 170,4 millions de dollars en décembre 1968 grâce aux effets de la dévaluation sur le commerce extérieur et grâce aux cours mondiaux élevés du cuivre. Le stock monétaire passa de 84 ,6 millions de Zaïre (soit l'équivalent de 1692 millions de dollars) à 135,4 millions de Zaïre (Soit l'équivalent de 270,8 millions de dollars) dans les dix huit mois qui suivirent la reforme ; cette expansion des liquidités était imputables presque exclusivement à l'augmentation des avoirs extérieurs.

b) Apogée et déclin de cette reforme

L'économie Congolaise ayant bénéficié des effets favorables de la reforme de 1967 en particulier au niveau du secteur agricole d'exportation et dans l'industrie minière, verra cependant sa croissance s'estomper dans les années 1970 à la suite notamment du retournement de la conjoncture internationale( chute des cours des produits d'exportations et hausse vertigineuse des prix du pétrole) et des retombées négatives sur l'investissement, des mesures économiques dites de « zaïrianisation » et de « radicalisation » édictée en 1973-1974.

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monnaie ou DTS va ainsi s'installer à partir de mars 1976, comme le montre le tableau ci-après. C'est la période « dévaluation en cascade ».

Tableau n° 01 Modifications intervenues à la parité monétaire entre le 1er janvier 1968 et le 22 février 1980

DATES

VARIATIONS

01 janvier 1968

1Z=2$ US= 100FB

21 décembre 1971

1Z=2$ US= 88,22FB

12 mars 1976

1Z= 1DTS= 1,16$US= 44,89FB

31 mars 1978

1Z= 1DTS= 1,33$US= 37,03FB

01 novembre 1978

1Z= 0,9DTS= 1,21$us= 30,34FB

15 décembre 1978

1Z= 0,97$US= 29,29FB

21 décembre 1978

1Z=-=0,99$us=28,74FB

02 janvier 1979

1Z=0,05DTS= 0,65$US=18,76FB

27 août 1979

1Z=0,05DTS= 0,66$US=14,30FB

22 février 1980

1Z= 0,26DTS= 0,34$us= 10,19FB

Source : KIKASSA M., op. Cite p. 30

A l'époque, la République du Zaïre évoluait dans le contexte des taux de change fixes ; ce qui comportait pour elle en tant que pays membre du FMI, l'obligation non seulement de définir la parité officielle de sa monnaie mais surtout d'en préserver la valeur par des inventions ponctuelles sur le marché des changes. Le dollar américain a servi de référence initiale dans la fixation de la parité externe du Zaïre monnaie (1Z= 2 dollars US lors de la reforme monétaire de 1967).

L'amenuisement progressif des réserves de change officielles ne permettait plus aux autorités monétaires de maintenir fixe le taux de change officiel.

Dans l'entre temps, le Zaïre monnaie subissait ainsi des baisses induites par les dévaluations du dollar américain. Il sied de rappeler que le DTS défini comme un panier de principales devises y compris le dollar américain s'est imposé comme l'unité de compte au sein du FMI depuis la décision américaine du 15 août 1971 décrétant l'inconvertibilité du dollar par rapport à l'or monétaire.

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Aussi, le rattachement du Zaïre-monnaie au DTS était-il perçu officiellement au Zaïre à l'époque comme une façon d'atténuer le sou bressant de la monnaie nationale au moment où les pays industrialisés décidaient à la suite des accords dits de Jamaïque en janvier 1976 de laisser flotter carrément leurs monnaies.

I.3 Reforme monétaire du 12 mars 1976

Cette troisième reforme monétaire S'est opérée sous le rattachement du Zaïre au DTS (1Z=1DTS), qui valait à l'époque 1,17 dollar US. Par rapport à la parité antérieure de 1Z=2$US, cet alignement avait comporté une dévaluation de la monnaie nationale de l'ordre de 42%.

L'opération s'était inscrite dans un processus de mise en place d'un programme de stabilisation appuyé par FMI. Ce programme comme celui qui succéder en 1977, n'a pas donné les résultats qu'on entendait sauf au niveau de finances publiques et de l'expansion des liquidités que des paiements.

I.4 Reforme monétaire de décembre 1979

La quatrième reforme monétaire est celle de décembre 1979. A cette occasion, il fut procédé à la démonétisation des billets de 5Z et 10Z et à leur remplacement par d'autres billets de mêmes valeurs faciales. En même temps, il fut question d'opérer une importante déflation des moyens de paiement sans autant affecter la valeur externe de la monnaie nationale.

L'échange manuel pour les particuliers devait se limiter à 3000Z (dont 50% à verser en compte bancaire) pour les entreprises de grande taille. Dans un premier temps, ces avoirs en compte à vue étaient disponibles à concurrence de 10% tandis que le reste serait progressivement libéré suivant les besoins de l'économie.

Par certains de ces aspects, la démonétisation de décembre 1979 a fait penser à « l'opération Gutt » d'assainissement monétaire menée en Belgique en 1944 au moment de la libération.

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La démonétisation intervenue au Congo en 1979, loin de s'intégrer comme « opération Gutt » dans un vaste champ de mesures visant la stabilisation de l'économie, voulait cependant répondre à une situation ponctuelle ; décourager la détention à des fins spéculatives des coupures à valeurs faciales élevées et épargner une partie des liquidités.

En janvier 1980, soit un mois après la démonétisation et la décision de geler les liquidités, on assistait à une reprise figurante des émissions monétaires ; témoignage assez éloquent de l'échec même de l'opération et de son incapacité à différer la dévaluation de 30% qui surviendra en février 1980

I.5 Reforme monétaire de septembre 1983

La cinquième grande opération de redressement monétaire fut la reforme du régime des changes intervenue en septembre 1983. Elle comportait trois principaux objectifs :

V' La modification de taux de change ;

V' L'adhésion au régime des taux flottants ;

V' Et la libéralisation de la réglementation des échanges.

Dans ce régime, le cours des monnaies était censé se déterminer librement sur le marché interbancaire des changes.

La révision décidée de la parité de 1Z=0,1575DTS en vigueur depuis le 22 juillet 1981 à 1Z=0 ,03542DTS.

Un ensemble des mesures a accompagné cette reforme du régime des changes concernant le budget, le crédit, les prix et le salaire en vue de contenir l'expansion de la demande interne notamment :

V' La majoration des prix des produits pétroliers, ainsi que les tarifs des services publics ;

V' L'ajustement des taux d'intérêt et la libéralisation du taux appliqués par les banques commerciales ;

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y' La limitation à 40% de l'augmentation de la masse monétaire globale des rémunérations des fonctionnaires.

Jusqu'à la fin de l'année 1983, le Zaïre ne s'était que très lentement déprécié par rapport au dollar américain. L'écart entre le taux du marché officiel et celui du marché parallèle s'était progressivement réduit grâce à une amélioration des rapports en devises par certaine libéralisation des échanges extérieurs . Les mesures de septembre 1983 s'étaient inscrites dans ce cadre d'un programme d'ajustement économique et financier qui, en fin d'exercice avait reçu le soutien du FMI.

Après la reforme de 1983, la politique monétaire est demeurée prudente et avait pour objectif de contenir le niveau d'inflation tout en permettant une certaine relance de l'économie. Pour atteindre ce but, des mesures tendant à contrôler la liquidité de l'économie ont été poursuivies. Elles portaient essentiellement sur l'encadrement direct des crédits, le coût de refinancement des banques auprès de la banque du Zaïre, le mécanisme de réserve obligatoire et les taux d'intérêt débiteur. Les modalités de distributions des crédits avaient été assouplies par l'élimination du sous-plafond global.

De ce fait, les banques avaient commencé à disposer d'un pouvoir discrétionnaire en matière de sélection des bénéficiaires et de répartition sectorielle de leurs interventions.

Deux autres programmes seront initiés en 1987 et 1988, et puis interrompues par la suite à cause de leur exécution non satisfaisante au regard de critères de performance édictés par le FMI.

I.6 Reforme monétaire d'octobre 1993

Le diagnostic de l'économie Congolaise qui sous-tend généralement les reformes monétaires est invariable :

y' Dégradation prononcée de l'activité de production ;

y' Détérioration des finances publique ;

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V' Aggravation de l'inflation ;

V' Précarité des réserves de changes ;

V' Accumulation des arriérés du service de la dette extérieure.

Mais cette pénultième reforme monétaire procédait surtout d'un double constant

nouveau et plus alarmant à savoir :

o La profonde modification intervenue dans la structure de la masse monétaire à la suite d'un gonflement malsain des dépôts bancaires

o Et l'incapacité croissante des banques à répondre aux demandes de retrait de fond exprimées par la clientèle.

Au lieu de s'attaquer à ces problèmes tout à fait spécifiques, l'autorité monétaire avait assigné à la reforme monétaire de 1993 des objectifs à la fois multiples et contradictoires

? Réduire fortement le niveau de l'inflation par la résomption partielle des liquidités

? Réajuster la parité externe par l'empressions des signes monétaires, faciliter la comptabilisation de six zéros sur les billets existants et leur remplacement par d'autres dénominations (la parité interne était de 1NZ=3000000Z)

? Créer un environnement économique favorable à la relance de l'activité économique.

Au plan de l'exécution de cette reforme monétaire, plusieurs erreurs techniques fatales furent commises, et des mesure d'encadrement totalement irrationnelles appliquées.

En effet, l'absence de sous multiples annoncée de l'unité monétaire avait permis aux vendeurs de ramener automatiquement à la hauteur de 1NZ soit l'équivalent de 3000000Z tous les prix des articles valent moins de cette somme exprimée dans l'ancienne unité monétaire. Par ailleurs, le gouvernement avait fixé à quatre semaines la période d'échange des anciens billets contre les nouveau signes monétaires sans pour autant pouvoir approvisionner tout l'intérieur de pays en quantité suffisante de ces billets.

Cette méprise est sans doute l'une des principales causes de fractionnements de l'espace monétaire national en deux :

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? L'un usant des billets libellé « Nouveau Zaïres » et

? L'autre rejetant ceux-ci au profit des zaïres démonétisé

Aucun contrôle strict exercé sur l'expansion de liquidités à la veille de la reforme monétaire sur la circulation de ces encaisses et au 26 novembre 1993, soit 35 jours plus tard, cette composante s'élevait à 70%

L'absence d'assainissement des finances publiques s'est avérée plus fatale pour le bon déroulement de cette reforme.

La fixation par le gouvernement du taux de change de 1dollr US=3NZ le jour de La reforme monétaire et la projection annoncée de ce taux à 1 dollar US= 15 NZ à la fin décembre 1993, laissaient clairement entrevoir aux yeux du publics que la banque centrale ne disposait pas de moyens nécessaires pour maintenir longtemps le premier taux. Une telle attitude ne pouvait que favoriser la spéculation et les anticipations à l'endroit du cours de la monnaie nationale.

Bien plus, dans sa tentative d'encadrer la reforme monétaire, le gouvernement a pratiqué une véritable politique de répression des marchés des changes, de blocages de prix des produits et des denrées de première nécessité et même intimité des négociants en diamants d'exploitation artisanale. Ce dirigisme qui cadre très peu l'option officielle de libéralisation des pris et de taux de change, prise depuis 1983, n'a fait que transmettre de mauvais signaux aux marchés.

D'où l'emballement des prix et l'envol des taux de changes. Tout compte fait, la reforme monétaire 1993 s'était opérée dans un contexte très peu propice : insuffisante de concentration technique, précipitation dans l'exécution, agitations et surenchères politique autour de l'idée même de reforme monétaire, grave pénurie de devises et absence d'appui financier extérieur. La suppression des six zéros sur les anciennes dénominations et changement des signes monétaires auront été seuls marques visibles de cette reforme tant décriée.

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I.7 Reforme monétaire de juin 1998

a) Nécessité d'un programme d'ajustement économique

L'organe technique du gouvernement dans le domaine monétaire qui est la BCC n'y est pas allée par d'autres voies pour constater que le changement politique intervenu dans le pays depuis le mois de mais 1997 ayant entrainé également le changement du nom de pays devrait impliquer le changement de l'unité monétaire dont le nom était associé à celui du pays. Il en est de même de la démonétisation de l'institut d'émission reprise sur les billets de banque.

Bien plus, au regard de la situation économique qui prévalait en 1997, il devenait plus urgent pour gouvernement d'entreprendre des mesures correctives au travers d'un programme d'ajustement économique comportant deux volets : la stabilisation monétaire à court terme et la relance de l'économie à moyen terme.

En effet, les indicateurs macroéconomique de dix dernières années attestent que l'économie congolaise ploie sous l'effet des déséquilibres fondamentaux en dépit des diverses mesures de redressements mis en oeuvre. La banque centrale a estimé à l'époque que le PIB a reculée de 42,9% entre 1990 et 1994 ; cette tendance à la baisse ne s'est que très légèrement estompée en 1995-1996 avant de se poursuivre en 1997.

Les déficits budgétaires ont été financés pour l'essentiel par la création monétaire en 1994 soit après la reforme monétaire d'octobre 1993, l'expansion monétaire a été de 10322,2% avant d'être ramenée à 308,8% en 1995 et 471% en 1996.

Par ailleurs, l'inflation est demeurée très vive : le niveau le plus élevé a été atteint en 1994 avec un taux annuel de 9,769% contre 370% et 753% en 1995 et 1996 respectivement.

Dans le secteur monétaire, il a été épinglé d'une part la démonétisation progressive de l'économie, le rapport masse monétaire ; PIB étant tombé à 4,3% en 1997 contre une moyenne de 10% au cours des années antérieures. D'autre part, les

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chèques subissaient une forte décote dans les transactions consacrant ainsi la rupture de la parité entre la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale.

Les banques elles mêmes étaient en proie à une forte désintermédiation financière, tandis que l'on assistait à la montée en flèche de la « dollarisation », signe pas trop évident de la confiance généralisée envers la monnaie nationale.

Tableau n°2 : Evaluation de la décote de la monnaie scripturale (nombre de NZ en cheque pour 1NZ en espèce)

Mois

1992

1993

1994

1995

1996

1997

Janvier

1

12

2

3,5

1

3

Février

1

16

10

3,4

1

3

Mars

1

18

10

1,2

1

4

Avril

2

30

6

1,2

1

8

Mais

2,5

60

16

1,1

1

1,1

Juin

3

170

4

1,15

1

1

Juillet

3,5

80

3

1,08

1

1

Août

4,5

50

1,5

1,10

1

1

Septembre

5,5

30

1,5

1,18

1

1

Octobre

6

1

1,4

1,02

1

1

Novembre

6,5

1

1,2

1,0

1

1

Décembre

1,1

1,5

1,9

1,0

3

1

Source : KABUYA K., MATATA P., op cite p.53

Dans ce contexte de la décote de nouveau zaïre en cheque, la reforme monétaire du 30 juin 1998 a culminée par la mise en circulation d'une nouvelle unité monétaire le « Franc congolais », visant particulièrement à casser l'hyperinflation, à combattre la dollarisation de l'économie, à rétablir le système général des paiements y compris l'usage des chèques, en réunifiant l'espace monétaire national et en réduisant la disparité de taux de change à travers le pays.

33

Un des traits majeurs de cette reforme monétaire a consisté à la neutralisation d'une partie de dépôts bancaire à vue, préalablement déflatés par leur transformation en titre de créances, sur le système bancaire. Cette opération a permis de faire immédiatement la décote de la monnaie scripturale par rapport à la masse fiduciaire tel que constatée mensuellement depuis 1992 jusqu'à 1997.

Dans ce contexte, une reforme monétaire s'imposait particulièrement ;

+ Au plan politique, elle devait adapter l'appellation de l'unité monétaire au

changement de la démonétisation du pays et de l'institut d'émission

+ Au plan économique, elle visait :

+ Assainir l'environnement monétaire et financier caractérisé par la persistance

de l'hyperinflation, la désarticulation du système des paiements et la

multiplicité des taux de change,

+ Stabiliser la monnaie et unifier l'espace monétaire national,

+ Accroitre le taux de liquidité en vue de financer l'économie et

+ Favoriser la relance des activités de production.

b) Contexte du lancement du Franc Congolais

Le lancement du Franc Congolais n'était que l'ultime étape de l'ensemble de mesures faisant parler d'un programme d'ajustement économique et d'assainissement monétaire. Plusieurs actions préalables ont été menées entre autre mais 1997 et juin 1998, en vue de stabiliser la monnaie, de restaurer l'éventail fiduciaire, d'unifier progressivement l'espace monétaire national et de réduire la disparité des taux de change entre les différentes places.

La parité interne a été fixée à 1 FC pour respectivement 100000N et 14000000NZ. Les anciens signes monétaires en Zaïres et Nouveaux Zaïres conserveront leur cours légal, avec pouvoir libératoire illimité, jusqu'au 30 juin 1999. La parité externe a été initialement établie à 1$US pour 1,38FC et a fluctué par la suite selon les forces du marché. Le délai d'échange devrait se poursuivre aux seuls guiches du siège de la BCC ou de ses directions et agences en provinces jusqu'au 31 décembre 1999.

34

Le franc congolais a été mis en circulation dans toutes les provinces à la fois. Le lancement de ce dernier a été précédé par une campagne de sensibilisation qui avait pour objet d'informer le public sur les objectifs de la reforme monétaire, le délai et les conditions de l'échange ainsi que d'enregistrer ses appréhensions, ses attentes et ses suggestions éventuelles.

En autre, l'opération devait permettre d'identifier les infrastructures devant servir à l'échange afin d'en évaluer les capacités de stockage et les conditions de sécurités. L'harmonisation de l'éventail fiduciaire a été obtenue d'une part par le retrait des coupures de 500000NZ et 1000000NZ de couleur verte et orange.

En vue de rétablir la convertibilité au pair de la monnaie scripturale, la BCC a procédée à la déflation au taux de 4,8% des dépôts bancaires excessifs et en leur transformation en dépôts à terme.

En définitif, depuis les années 1960, la RDC a connu seize dévaluation (reconnaissance officielle de la diminution de la valeur d'une monnaie en régime de change fixe) et d'une seule démonétisation en 1979 (remplacement des billets de 5 et 10Z par d'autres billets de 5 et 10Z ayant d'autres caractéristiques).

II. APPROCHE METHODOLOGIQUE

Dans ce point, il est question d'expliquer la manière dont nous allons procéder pour atteindre les résultats de nos analyses. La méthodologie retenue s'inspire de l'approche de Pool(1970) cite par MALLAYE D. (2009) qui insiste sur la dimension stochastique et présente un modèle qui offre un cadre a partir du quel on pourra mesure l'ampleur particulière des effets de la politique monétaire et accessoirement de la politique budgétaire sur l'activité économique.

Pour ce faire, nous allons présenter dans la première partie la spécificité du modèle et dans le second point les variables retenues dans les modèles

35

II.1 Spécification du modèle

A travers une approche économétrique, il va ressortir de ce point la démarche procédurale à suivre pour analyser la pertinence des effets de la politique monétaire en RDC.

Notre attention sera de prime a bord focalisée sur la forme théorique du modèle et par la suite au modèle empirique a des fins d'estimation.

II.1.1 Le modèle théorique

Deux thèses s'affrontent généralement dans la littérature relative à l'efficacité de la politique macroéconomique sur les variables réelles, les thèses Keynésienne et monétariste.

L'analyse Keynésienne en remettant en cause les hypothèses de la théories quantitatives de ses prédécesseurs classiques, relatives au plein-emploi et la constance de la vitesse de circulation de la monnaie fait apparaitre des équilibres de sous-emploi, fait-on appel à une action de relance budgétaire et / ou monétaire. L'approche monétariste soutient qu'à court terme, les variations de la quantité de monnaie peuvent avoir des effets temporaires réels a couse de la rigidité initiale des prix.

En outre, la politique budgétaire est inefficace du fait essentiellement de ses risques d'éviction.

Cependant, à long terme, sous hypothèse de flexibilité des prix de marche de travail, les variations de la masse monétaire n'ont d'effet que sur le niveau général de prix. La production de l'emploi ne sont pas affectes.

Au delà de l'aspect théorique, les thèses Keynésiennes et monétaristes ont surtout alimentés de nombreuses études, notamment au sein de la Federal Reserve Bank qui ont développé et estimé un modèle connu sous le nom du modèle de saint Louis, qui exprime la variation de la dépense totale courante en fonction des variations de l'offre de monnaie et des dépenses publiques. Le résultat fondamental qui se dégage est que l'impact de la politique monétaire est plus important, plus rapide et plus prévisible que celui de la politique budgétaire (MALLAYE D., 2009)

36

II.1.2 Le modèle empirique

Le modèle empirique à estimer s'inspire de la version modifiée du modèle de saint Louis (Bynoe, 1994, Koné, 2000) cité par MALLAYE étant donné que celle-ci fait l'objet de travaux empiriques, notamment pour les pays en développement. Le modèle exprime en termes de variance le produit intérieur brut(PIB), l'encaisse monétaire (EM), de l'investissement total (INVT) et du taux d'importation (TIMP).

A l'instar de MALLAYE (2009) et contrairement aux autres travaux basés principalement sur une analyse en terme nominal, l'étude adopte une démarche en trois étapes qui consiste à estimer le modèle en utilisant les variables exprimées d'abord en terme nominaux et en suite statistiquement comparés aux effets nominaux pour faire ressortir indirectement le rôle de l'inflation dont la maitrise constitue l'objectif principal de la politique monétaire depuis les années marquant les reformes monétaires en RD Congo (ici nous prenons les années en études 19832007).

La spécification adoptée est sous la forme linéaire suivante :

Y= &+&EM+&INVT+&TIMP+E 0 1 2 3

Avec: -Y est le taux de croissance du PIB

-EM est le taux de croissance de l'encaisse monétaire réel ou nominal

-INVT est le taux de croissance des investissements totaux réels ou nominaux

-TIMP est le taux de croissance des importations réelles ou nominales

A la suite, le modèle général s'écrit respectivement en termes nominal et réel sous les formes suivantes :

Y= EM+INVT+TIMP 0 1 2 3 & & & & (1)

Yr= EMr+INVTr+TIMPr 0 1 2 3 b b b b (2)

En Somme, la démarche empirique consistera a:

37

? Vérifier si les coefficients &1, &2, &3 d'une part, et les coefficients b1, b2, b3 d'autre part, sont positifs et significatifs ;

? Comparer les élasticités de la variation du PIB nominal et du PIB réel par rapport aux variables monétaires et budgétaires ainsi que des importations et faire ressortir les différences d'effets.

S'agissant des tests individuels, on pourra conclure en cas de non rejet d'hypothèse que les effets de la politique monétaire sur la variation du PIBR et PIBN sont identiques. En cas de rejet d'hypothèse, les effets réels sont supérieurs ou inferieurs aux effets nominaux. Dans le premier cas, il s'agirait d'un effet de croissance réelle avec une stabilité des prix alors que le second cas concernerait un effet potentiellement inflationniste.

II.3 PRESENTATION DES VARIABLES DU MODELE

Trois types des variables explicatives sont considères, en termes nominaux et réels : les variables monétaires, budgétaires et extérieures. Dans la plupart des cas les variables réelles sont obtenues en appliquant aux variables nominales le déflateur du PIB. Les variables monétaires sont extraites des différents rapports de la BCC et les autres sont directement tirées des statistiques du FMI vérifiées sur la publication de world indicators.

II.3.1 Les variables expliquées

Dans ce point, nous allons utiliser deux ratios différents pour capturer l'impact de la variation des taux directeurs (EM) après reformes monétaires sur le PIB.

Le produit intérieur brut (PIB)

La croissance économique d'un pays est matérialisée par une augmentation sur une longue période, à partir de trois grandeurs (revenu national, PIB, en supposant que la croissance du PIB est fonction positive de l'offre excédentaire d'encaisse réelle et du gap de production où de l'excès de capacité et vice versa).

38

D'où, l'évolution du PIB réel de la RDC après la politique de trois pénultièmes reformes monétaires se présente sur ce graphique :

Graphique n°2 évolution du PIB PIBR : Produit Intérieur Brut

Sources : FMI

Pendant plus de deux décennies, l'objectif principal des dirigeants de la RDC consistait en une exploitation des ressources naturelles et la recherche d'une économie de rente, indépendamment des conséquences économiques pour le pays. Le résultat de cette politique a été un déclin continu de la croissance de l'économie. Pendant les années 1980 le taux de croissance moyen était modeste, 1,8% par an passant à 5,1% dans les années 1990.

A cet effet, le PIB de la RDC avant la reforme monétaire de 1983 avait subi un recul de 3% en 1982, le PIB en terme réel a enregistré un taux de croissance de 1,3% en 1983 et 2,7% en 1984. La croissance du PIBR est imputable à l'expansion du secteur minier, à l'amélioration sensible de la production agricole au regain d'activité de l'industrie manufacturière et au bon comportement du secteur service (RAPPORT ANNUEL BZ 1984). Notons que la croissance du PIBR n'a pas sensiblement été constatée avec une légère amélioration jusqu'en 1994 après la reforme monétaire de 1993, où le taux s'est amélioré à 9,7% en 1994 ; 9,8% en 1995, 9,7% en 1996 et 9,2% EN 1997.

Qui plus est, la reforme monétaire de juin 1998 envisageant la relance de l'activité économique, a été fragilisée par la guerre et les troubles politiques, l'économie a été stabilisée et a connu une tendance négative du PIB redressée. La

Cependant, nous récapitulons toutes l'évolution relative à la formation brute du capital fixe en RDC après les reformes monétaires dans le graphique ci-après :

39

croissance du PIB en terme réel passée de 6% en 2003 et à 6,5% en 2005. En autre, entre 2002 et 2005, on a assisté à une hausse du PIB par habitant ainsi qu'une baisse du taux d'inflation, du déficit budgétaire de l'Etat et du déficit de la balance des paiements. La situation macroéconomique de la RDC s'est alors en général améliorée.

Cette croissance est restée concentrée principalement sur les secteurs des mines et des communications et que cette croissance reste fragile et ne peut donc encore soutenir un développement durable de l'économie nationale et réduire la pauvreté en RDC.

L'évolution de part la contribution des différents secteurs au PIB devra traduire la poursuite de la transformation progressive de l'économie. D'après les projections ci-dessous, la part du secteur primaire a été réduite à 51% en 2008, la part du secteur secondaire était de 14,1% en 2008 ; tandis que celle du secteur tertiaire a connue une augmentation à 32,1%, ce qui ramène à conclure que la croissance économique en 2008 était de 6%.

II.3.2 Les variables explicatives

Pour notre étude, trois principaux facteurs susceptibles d'influencer l'inflation et la croissance économique en RDC ont été retenus : l'investissement total (INVT), le taux de l'encaisse monétaire (EM) et l'indice de prix à l'importation (TIPM).

a) Investissement total (INVT)

L'investissement en tant qu'une formation brute du capital fixe détermine profondément les structures et l'évolution de la conjoncture d'une économie. La politique monétaire envisagée influence significativement à court terme et ou à long terme sur l'investissement d'un pays.

40

Graphique n°3 évolution de l'investissement entre 1983 et 2007 INVT : Taux des investissements

Source : CD-ROM Banque Mondiale

Notons en effet qu'après la reforme monétaire de 1983 le taux d'investissement en terme réel a doublé en 1984, et la part importante de ce pourcentage a été financée par les ressources étrangères spécifiques et les investissements privés ont connu un regain d'activité en 1984 avec 100 projets dont 35 ont été mis en exécution (RAPPORT BZ 1983-1984). En 1985 après la reforme monétaire de 1983, les stratégies mises au point par la banque centrale consistait à regrouper deux axes principaux; d'une part le programme de stabilisation et d'autre part, le programme d'investissement public. Le programme de stabilisation était constitué d'un trait de mesures dont l'application pouvant aboutir à un certain nombre d'ajustements d'ordre économique et financier. Et le programme d'investissement consistait dans un ensemble de projet d'investissement dont l'Etat et les entreprises publiques étaient promoteurs (RAPPORT BZ 1985).

Cependant, les taux de formation brute du capital fixe s'étaient comportés après la reforme monétaire de 1993 de cette allure en 1994, 1995, 1996 et 1997 de 7% ; 9,17% ; 12,8% et 8,85% respectivement.

En effet, les investissements et les épargnes en part du PIR ont montré une tendance ascendante depuis la reforme monétaire économique de juin 1998. En 1999, l'épargne nationale brute était de 5% du PIB, est montée à 15%, six ans plus tard, soit trois fois la valeur plus grande. Les chiffres des investissements sont

L'offre de monnaie résulte des demandes de crédits des entreprises, de l'Etat, des entrées d'or et de devises, du comportement des banques, de la politique

41

comparables : 4,1% du PIB en 1999 et 21,5% six ans plus tard. Ce qui nous montre que la politique monétaire menée à 1998 serait plus bénéfique à la reprise des activités économiques dans l'ensemble. En effet, le taux d'investissement, qui n'était que de 7,6% du PIB en 2001, s'élevait à 18,5% du PIB en 2004, ce qui constitue le principal facteur de la croissance. Ainsi, les capitaux en terme de formation brute du capital ont évolué de 9,1% ; 12,6% ; 18,5% ; 14,1% ; 18,1% et 23,7% respectivement des 2001 à 2007.

b) Encaisse monétaire (EM)

C'est un taux à partir du quel la banque centrale offre des capitaux sur le marché une fois pour une durée en un montant déterminé par elle (LEXIQUE D'ECONOMIE 8e,e éd.).

De ce fait, la BC en dispose pour agir sur le marché monétaire afin de financer les activités économiques.

Ce taux du marché monétaire se retrace sur le graphique suivant :

Graphique n°5 Evolution de l'encaisse monétaire entre 1983 et 2007. Indice de l'encaisse monétaire (en %)

Source : Rapports de la BZ et BCC 1984, 1985, 1986 et 2003-2004

Différents condensés d'information statistique

42

monétaire. Nous remarquons que le taux en call money après reforme monétaire a facilité les investisseurs pour financer leurs activités économiques raison pour la quelle nous constatons la pente ascendante de la courbe d'investissement, c'est à partir de la reforme de 1993 que nous constatons une montée de ce taux qui diminuant le taux d'investissement. En autre, nous constatons que la BCC qui disposait un taux d'intérêt supérieur à 27% après 1998, ce qui empêchait les agents économiques de demander la monnaie ; c'est pourquoi la courbe en raison de 125% année 1999 et 140% année 2000.

C'est juste après une restructuration profonde de l'économie Congolaise avec objectif de s'engager dans le cadre du DSRP qu'on a mené des actions prioritaires allant dans le sens de la relance de l'activité économique en soutenant les secteurs porteurs de la croissance afin de mettre fin au spirale de la pauvreté. C'est pourquoi en effet, les taux d'offre de monnaie a baissé jusqu'à 13% en 2003 ; 19% en 2004 et nageait autour de 33,8%, 36,8% et 32,7% pour les années 2005, 2006 et 2007.

En général, nous ne constatons que le taux de croissance de l'offre de monnaie pendant cet intervalle de temps s'avère significatif avec environs 43,5%.

c) Taux de l'indice de prix à l'importation (TIPM)

Le choix porté à cette variable est du fait que certaines instabilités économiques dans les pays en voie de développement sont dues aux prix des biens ou services importés.

De ce fait, l'évolution de l'indice de prix à l'importation en RDC représenté dans ce graphique ci-dessous:

Graphique n° 6 L'évolution de l'indice de prix à l'importation de 1983 à 2007

IPM : indice des prix à l'importation

43

Source : différents rapports de la banque centrale Condensé statistique d'information de la BCC

L'appréciation du dollar et le taux d'intérêt élevé pratiqué par les Etats-Unis ont provoqués une hausse des prix des biens importés au zaïre au cours de la période de 1983, leur indice s'est élevé à 514% en 1984 contre un accroissement de 8,9% enregistré en 1983.

En effet, l'indice de prix à l'importation s'est situé à 540,2 en 1985 contre 541 en 1984, représentant un accroissement de 50%. Cette évolution est expliquée par les coûts de facteurs de production encours par les pays initialisés (RAPPORT BZ 1985).

En 1993, cet indice serait déjà à 40,4%, en 1994 jusqu'en 2001 a connu une légère variation à 113,4 avec une diminution continue jusqu'en 2007.

En conclusion, signalons que les impératifs et les déterminants de la croissance économique en RDC durant ces trois dernières décennies ont été marqués par une profonde dégradation des indicateurs socio-économiques. Pour prendre la mesure de cette situation, le PIBR n'a enregistré rien que de 1990 jusqu'en 2000 une baise cumulée de 43,4% alors que la population du pays s'est globalement accrue de 46,3. Le PIB par habitant qui se chiffrait à 145,9$US en 1992 est tombé à 71,6$US. La destruction du tissu économique consécutive aux pillages des années 1991 et 1993 a été un tournant décisif dans l'évolution de la situation économique du pays. L'arrêt de la coopération structurelle au début des années 1990 s'est traduit par un tarissement privé et le taux d'investissement brut de l'économie qui se situait à 13% en 1990 est tombé à 4, 4% en 2000. La situation des finances publiques au cours de la période allant de 1990 à 2000 s'est caractérisée par d'importants déficits couverts en grande partie par les avances de la banque au trésor. Sous cette impulsion du crédit de l'Etat, les liquidités monétaires s'accroissent sans commune mesure avec les besoins réels de l'économie, soumettant ainsi celle-ci à l'hyperinflation. Le niveau record d'inflation a été atteint en 1994 avec un taux de 9796,9% entre 1999 et 2000, ce taux annuel moyen d'inflation a été de 511%.

44

Au plan extérieur, la RDC accusait un déficit insoutenable de la balance de paiement ainsi que l'accumulation des arriérés des services de la dette. Les réserves internationales disponibles ne représentaient quelques importations des biens et services non facteurs en fin 2000. La dette extérieure a atteint 280% du PIB à cette année avec des arriérés constituant 75% du montant de la dette, soit près de 13 milliards de dollars américains dont plus de 9 milliards en arriérés.

III. METHODE D'ESTIMATION

Plusieurs tests seront utilisés pour s'assurer de la qualité de nos estimations et de la robustesse de nos résultats ; il s'agit notamment des tests de stationnarité et de cointégration.

III.1 Le test de stationnarité

La satisfaction au test de stationnarité des variables constitue la condition sine qua none pour l'application de la méthode des moindres carrés ordinaire et travailler avec des variables non stationnaires conduits a des régressions fallacieuses ou artificielles (superius régression) et des interprétations no cohérentes (JONHSTON et DINARDO, 1997).

Notre première étape est donc de tester la stationnarité de nos variables à travers le test conventionnel d'Augmented Dickey-Fuller (ADF) dont les valeurs ont été comparées aux valeurs critiques tabulées par Mackinnon.

Le niveau approprié du décalage dans la régression ADF a été choisi en comparant les niveaux par le critère d'information AKAIKE (AIC). L'idée est de tester l'hypothèse nulle d'existence d'une racine unitaire dans les séries contre l'hypothèse alternative d'absence d'une racine unitaire et donc de stationnarité des données. Le rejet de l'hypothèse alternative conduit à vérifier si les variables non stationnaires sont intégrées.

45

III.2 Test de cointégration

La seconde étape après l'identification de l'ordre d'intégration sera de vérifier si les variables non stationnaires étaient cointegrées. Le test de JOHANSEN sera utilisé à cet effet, il permettra d'identifier l'existence d'une relation de long terme entre deux ou plusieurs variables du modèle.

Si les variables retenues étaient cointegrées, la spécification par un modèle à correction d'erreur serait alors imposée. En effet, conformément au théorème de représentation de GRANGER (1987), toutes séries cointegrées peuvent être représentées par un modèle à correction d'erreur (ECM) qui donne la dynamique de court terme du poids des variations des taux appliquées par la BCC en RDC.

Ainsi, l'estimation de la relation de long terme de ces taux sera faite par la méthode des moindres carrés ordinaires sur base du logiciel Econometric views (Eviews 3.1)

De ce fait, les résultats du test de stationnarité, présentés en résume dans le tableau N° 1, sont obtenus par le logiciel Eviews 3.1

46

CHAP III. PRESENTATION ET INTERPRETATION DES RESULTATS

L'intérêt de ce chapitre est de présenter les résultats des tests et d'interpréter les résultats par l'approche économétrique d'une part et de formuler les recommandations de politiques économiques qui en découlent d'autre part.

III.1. PRESENTATION DES RESULTATS

Nous exposons les résultats dans cette section auxquels nous avons aboutis après application de différents tests sur les modèles empiriques de la politique des reformes monétaires en RDC.

Nous commençons par expliquer le test de stationnarité ainsi que celui de cointégration de nos variables avant de présenter ceux effectuées sur le modèle de long terme et modèle à correction d'erreur.

III.1.1. Test de stationnarité

En effet, pour procéder à l'application des méthodes économétriques classiques, nous avons effectué le test de stationnarité sur toutes les variables du modèle (PIBR, EM, TIPM, INVT). Il s'agit donc de s'assurer que tout choc tendant à éloigner ces variables déclenchera des mécanismes qui les ramèneront tendanciellement vers leurs valeurs moyennes.

Pour étudier la stationnarité on recourt a trois types de test : test de Dickey-Fuller, de Dickey-Fuller Augmenté et test de Phillips-Peron. Comme les limites du test DF sont complétées par ADF de Dickey-Fuller (1981) pour vérifier la stationnarité des variables.

Mais, avant d'en arriver là, il est nécessaire de déterminer le nombre de retards à prendre a compte pour chaque variable. Le nombre est déterminé grâce au test d'Akaike et de Schwarz. A ce propos, c'est le retard p qui minimise les critères qui sera retenu.

47

Tableau n° 3 : Résultats du test de stationnarité

Séries

Constante

Trend

Valeur

Valeurs critiques

CONCLUSION

1%

5%

DPIB

OUI

NON

-

3.489330

-

3.7667

-

3.0038

I(I)

DTIMP

OUI

NON

-

3.283703

-

3.7667

-

3.0038

I(1)

DEM

OUI

NON

-

3.193714

-

3.7667

-

3.0038

I(1)

DINVT

OUI

OUI

-

4.323651

-

4.4415

-

3.6330

I(1)

Source : nos résultats sous Eviews

Au regard de ce test, toutes les variables du modèle (PIB, EM, TIMP, INVT) ne sont pas stationnaires en niveau. Il en est de même de celles de l'équation de la croissance. Elles suivent un processus stochastique évoluant avec le temps et ne deviennent stationnaires qu'en les différenciant une fois. La présence d'une racine unitaire pour ces séries du modèle justifie le recours au test de cointégration.

III.1.2. Le test de cointégration

Comme l'écrit Bourbonnais (1998) cité par NGONGO Muganza (2005-2006), l'analyse de la cointégration permet identifier clairement la relation véritable entre deux (ou plusieurs) variables en recherchant existante d'un vecteur de cointégration et en éliminant son effet les cas échéant. Dou le tableau suivant.

48

Tableau n 4: TEST DE COINTEGATION DE Johansen

Eigen value

Like lihood

Valeur

critique à
5%

Valeur

critique à
1%

Hypothèse sur le Nombre économétrique

0.989456

219.6224

47.21

54.46

Aucun**

0.946274

2114.9214

29.68

35.65

At Most 1**

0.855760

47.67282

15.41

20.04

At Most 2**

0.127556

3.138510

3.76

6.65

At Most 3

*(**) signifie rejet de l'hypothèse à 5% et (1%) Source: Estimation des données sous Eviews

L'approche d'Engel et Granger porte sur le test de racine unitaire de résidu. A partir du moment où les séries sont cointegrées de même ordre, on peut estimer par les moindres carrés ordinaires la relation de long terme entre les variables. L'estimation par les moindres carrés ordinaire permet de calculer le résidu. Si ce résidu est stationnaire, a niveau bien sur l hypothèse d'une cointégration, c'est-à-dire de relation de long terme, entre les variables est acceptée.

L'approche de Johansen, quant a elle, permet par la méthode de maximum de vraisemblance de tester l'existante d'une relation de long terme dans la série temporelle et d'obtenir tous les vecteurs de cointégration dans un cadre multi varié. Contrairement a l'approche de Engel et Granger qui ne tient compte que d'une seule relation de cointégration, celle de Johansen apparait plus attrayante lorsqu'on veut tester la cointégration dans un système de plusieurs variables (NUBUPKO, 2003).

Le test de cointégration effectué sur les séries qui se sont avérées non stationnaires à niveau commence par la détermination de la longueur de décalage à incorporer (AKITOBY et CINYABUGUMA, 2004). Ainsi, nous avons basé la sélection du meilleur retard sur le test du ratio de vraisemblance du modèle réduit intégré dans Eviews partant de 1 à 4 retards.

49

Tableau n° 5 : Résultats du modèle de la croissance du test de cointégration

Depend variable : LPIB Méthod: Least Squares Date: 12/22/10 Time: 14:32 Sample: 1983 2007 Included observations: 25

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

C

15.95673

0.569390

28.02424

0.0000

LEM

0.170123

0.023608

7.206289

0.0000

LINVT

-0.289312

0.015491

-18.67670

0.0000

LTIMP

0.012965

0.024463

0.529991

0.6020

ET

1.001612

0.012907

77.60201

0.0000

R-squared

0.996904

Mean dependent var

 

14.34463

Adjusted R- squared

0.996285

S.D. dependent var

 

0.959761

S.E. of regression

0.058498

Akaike info criterion

 

-2.662794

Sum squared resid

0.068440

Schwarz criterion

 

-2.419018

Log likelihood

38.28492

F-statistic

 

1610.089

Durbin-Watson stat

1.314425

Prob (F-statistic)

 

0.000000

Source : nos résultats sous Eviews

50

Le test de ratio de vraisemblance indique la présence d'une équation de cointégration au seuil de 5 % dans le second modèle.

Les résultats de ces deux modèles nous conduisent à l'estimation d'un modèle vectoriel à correction d'erreur qui nous donnera la dynamique de CT du poids de la politique de reforme monétaire en RDC.

Celle-ci est faite par la méthode en deux étapes préconisées par ENGLE et GRANGER (BOURBONNAIS, 1998). Ces auteurs montrent qu'en présence des chroniques cointegrées, les estimateurs de moindres carrés sont alors consistants et convergent rapidement vers la vraie valeur des paramètres.

? La première étape consiste à estimer la relation à Long Terme sans tenir compte de la dynamique de Court Terme.

? La deuxième étape consiste à récupérer les résidus de la relation de Long Terme pour estimer le modèle à correction d'erreur qui donne la dynamique de Court Terme

Nous venons de constater seules deux variables sont statistiquement significativement, il s'agit des variables de politique monétaire et de politique budgétaire, qui par ailleurs, présentent les signes attendus. L'investissement total quant a lui na aucun effet significatif sur le PIBR d'après nos résultats, pourtant il l'avait sur le PIBN.

Une fois de plus, l'effet de la politique monétaire domine celui de la politique budgétaire. Les effets fixes semblent indiquer la présence de spécificités propres à la RD Congo dans l'explication de la croissance

L'objet du présent sous point est de comparer et de tester statistiquement les différences entre les effets nominaux et les effets réels de la politique monétaire, pour faire ressortir indirectement le phénomène de l'inflation dont la maitrise constitue un objectif principal de la politique macroéconomique de la RD Congo. La comparaison est faite en considérant individuellement les coefficients nominaux et réels de la variable de l'encaisse monétaire dans l'équation d'équilibre du PIB nominal et réel.

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Les probabilités statistiques indiquent le rejet d'hypothèse nulle d'Egalite des coefficients. Ainsi, le coefficient b est statistiquement différent de &. En outre, ce qui traduit le fait que la politique monétaire ait contribué à alimenter une croissance inflationniste. Plus simplement, la politique monétaire a contribué plus à générer une dynamique inflationniste qu'une dynamique d'expansion soutenue du produit en volume.

III.2. ESTIMATION DES MODELES DE LONG TERME

Nous allons présenter par la suite les résultats de chacune de nos variables dépendantes ou endogènes, la politique monétaire sur l'inflation et la politique monétaire de la croissance économique.

III.2.1. Modèle à Long Terme de l'impact de la politique monétaire sur la croissance

Notre modèle de départ est :

LPIB C LEM LINVT LTIMP ET

Equation destimation est :

LPIB= C(1)+ C(2)*LEM+ C(3)*LINVT+ C(4)*LTIMP+ C(5)*E

Substituted coefficients :

LPIB = 15.9567266+0.1701227975*LEM - 0.2893122482*LINVT+

0.01296519839*LTIMP+ 1.001612138*ET

Les tests donnent les résultats suivants :

? Le test de RESET sur la forme fonctionnelle indique que l'hypothèse nulle ne peut être rejetée, ce qui implique que la spécification du modèle est valable1. Toutefois, l'existence des données aberrantes pour la variable PIBR e a été

1 La probabilité associée à la statistique de Fisher ainsi qu'au ratio du log vraisemblance sont largement supérieures au seuil de 5%. Elles s'élèvent respectivement à 56,51% et 50,37%.

2 La probabilité de la statistique de Fisher et celle du Multiplicateur de Lagrange sont supérieures au seuil de 5% (respectivement 35,28% et 25,50%), indiquant le rejet de l'hypothèse alternative d'autocorrélation des erreurs.

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corrigée par l'introduction d'une variable indicatrice qui prend la valeur 1 entre 1993 et 1996 d'intervalle de temps et 0 ailleurs.

? Le test de BREUSH -GODGREY ne laisse pas entrevoir l'existence d'une dépendance sérielle des erreurs.2

? Le test de WHITE montre que les erreurs du modèle de croissance sont homoscédastiques au seuil de 5% : la probabilité du Multiplicateur de Lagrange (5, 76%) est supérieure au seuil de signification.

? La statistique de JARQUE-BERA ne rejette pas l'hypothèse nulle de normalité des résidus du modèle : sa probabilité (82,1%) est supérieure au seuil de signification.

Ainsi, après l'application de tous les tests nécessaires, notre modèle à Long Terme de la politique monétaire sur la croissance économique se présente comme suit :

R squared=0.996904 Squared adjust=0.996285 DW=1.314425 F-Stat=16.1 Prob=0.000000

Les valeurs ci-haut représentent la significativité des variables. Alors que dans l'équation R squared montre que l'encaisse monétaire influence à 99% le PIB, les variables indépendantes expliques à 99% la demande de la monnaie.

Dans cette deuxième section, nous interpréterons d'abord les résultats des modèles à Long Terme avant d'analyser ceux obtenus par les modèles à correction d'erreur.

III.2.2. Interprétation du modèle à Long Terme

Pour la politique des reformes monétaires en RDC, le coefficient R2 ajusté montre que les équations du modèle à long terme expliquent 78 % des variations des prix et 39% de la croissance du PIB. Ainsi, les parts des variances expliquées pour le premier modèle sont satisfaisantes contrairement au deuxième modèle

Nous devons signaler que seuls deux variables sont

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a. l'encaisse monétaire

Le taux du marché monétaire a des effets significatifs sur la croissance économique en RDC, apparu avec un signe attendu au seuil de 5 %. Alors toute diminution à long terme d'un pourcent du taux d'intérêt du marché monétaire entraîne une augmentation du PIB de 0,54%.

Signalons en effet, que le taux de l'encaisse monétaire étant un taux avec lequel la Banque Centrale agit avec des capitaux sur le marché, constatons qu'en RDC, toute diminution du taux monétaire entraînait un taux de la croissance économique.

L'impact d'une variation de l'encaisse monétaire est significatif à long terme ; par contre il présente un signe inattendu en République Démocratique du Congo. Son coefficient montre qu'une augmentation d'un % du taux d'intérêt du marché monétaire entraîne une augmentation de 1,07% du taux d'inflation domestique.

En effet, bien que cette augmentation se montre théoriquement exceptionnelle, elle reste tout de même en conformité avec la situation empirique de l'économie congolaise dont la forte dollarisation limite l'efficacité des instruments dont la banque centrale dispose pour stabiliser le prix. En effet les agents économiques ont un arbitrage entre la monnaie nationale et le dollar qui se veut plus liquide que la première et à ce titre l'augmentation de l'encaisse monétaire peut, au lieu de diminuer l'inflation, augmentait le volume de transaction en devise et ainsi agir à la croissance.

Le manque de confiance en monnaie nationale pousse les opérateurs à dépenser plus qu'ils ont suffisamment des liquides à la suite d'une baisse du taux d'intérêt

Par ailleurs, les travaux empiriques de certains auteurs (dont GUINAUDEAU, GUSCHCHINA, NAVARO et VIZZAVARO, 2007) soulignent que le taux d'intérêt de l'encaisse monétaire, pour certaines économies surtout dollarisées, des banques centrales agissent dans le sens inverse comme dans notre cas sur l'évolution de l'encaisse monétaire : dans ce cas, toute chose restant égale par ailleurs, plus les taux d'intérêt sont bas dans une économie dollarisées, plus l'encaisse monétaire tend à baisser ainsi que le niveau d'inflation intérieure.

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En outre, la variable qualitative s'avère significative au seuil de 5%. Toute variation d'un % de la variable Dummy entraîne une augmentation de 2,11%. De ce fait, toute augmentation des nouvelles grosses coupures entraînerait une inflation supplémentaire de 2,11% sur la hausse des prix attendue, chaque fois que la politique monétaire est anticipée sa significativité indique que les fortes variations du niveau d'inflation en RDC entre 1993 et 1996 sont tributaires du recours massif à la politique de la planche à billets qui a caractérisé l'espace monétaire du pays durant cette période.

En outre, le système bancaire a été marqué par une crise de liquidité aigue, laquelle a accentué la désintermédiation pour la bonne application de la politique monétaire en RDC, c'est ainsi que le niveau élevé du taux d'inflation au début des années 92 s'explique par un accroissement de liquidité et par des anticipations liées à l'annonce de la mise en circulation des coupures à valeur fiscale élevée. (KABUYA, 1998)

Dans les pays de l'U.E.M.O.A, la prise en compte de la dévaluation du Franc CFA, les répercutions de la crise politique malienne de 1991, l'atonie de l'offre au Togo en 1999 sur fond de crise politique, la grave crise de trésorerie du Niger en 1992 qui s'est traduite par des arriérés de salaires et une contraction forte de la demande ont justifié l'introduction d'une variable muette dans le modèle d'inflation et sa répercussion sur la hausse des niveaux des prix dans certains pays de l'union. (NUBUPKO, 2003).

c. L'indice du produit intérieur brut

L'indice de Produit Intérieur Brut influence significativement le taux de l'inflation en RDC. L'élasticité du PIBR par rapport à l'investissement est de -0.93, ce qui signifie qu'une augmentation d'un % de l'indice du PIB entraîne une diminution de 0,93% du taux d'investissement de la RDC.

En RDC, nous constatons que l'augmentation du produit intérieur brut gonfle doublement la demande de monnaie successivement pour le motif de transaction et pour le motif de précaution entraînant à ce titre une diminution presque de même ordre du niveau de l'inflation pour une offre de monnaie donnée.

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Les études économiques antérieures appuient cette situation dans la mesure où dans une politique économique entraînant une modification de la quantité de monnaie consécutive à la hausse de la demande présente dans l'économie se traduit par un changement du niveau général des prix et induit des modifications permanentes des variables réelles tels que la production ou encore le chômage et inverse est possible. Une variation de la quantité de monnaie en circulation représente donc, en fin de compte une modification de l'unité de compte qui laisse toutes les autres variables modifiées. (MALLAYE D., 2009).

d. L'indice de prix à l'importation(TIMP)

En première vue, L'indice de prix à l'importation n'influence pas significativement l'inflation en RDC. Conformément aux résultats de nos estimations, en RDC l'inflation n'a pas été un phénomène à géométrie variable importé de l'extérieur : elle est essentiellement due au recours incontrôlé de l'émission de la monnaie en vue du financement des dépenses publiques (rémunération des fonctionnaires de l'Etat, investissements publics des prestiges...), cette politique est en grande partie responsable des déséquilibres actuels du système financier congolais.

Toutefois, il nous semble absurde que ces résultats nous éloignent de la réalité que présente la balance commerciale toujours déficitaire et qui induit inévitablement la présence d'une inflation importée en RDC. En notre sens, ces chiffrent perdent de vue la réalité étant donné que ces importations échappent complètement aux manoeuvres des autorités monétaires dont les instruments manoeuvrent la monnaie nationale est loin les devises extérieurs sur base desquelles la valeur des importations est en général indexée.

Il ressort que le taux d'investissement total réel est significativement sur la croissance économique au seuil de 5 % et apparu avec un signe inattendu c'est-à-dire toute variation négative du taux d'investissement total réel d'un pourcent a des effets négatifs sur la croissance économique de -0.27%.Cela s'explique en RDC, par le fait qu'à chaque fois que le taux d'intérêt du marché monétaire haussait, les opérateurs économiques ne demandaient plus de liquidité aux banques

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commerciales pour financer leurs activités respectives, ce qui n'entraînait pas une croissance des investissements en RDC.

Le pouvoir explicatif de nos relations de court terme est satisfaisant pour le modèle de l'inflation et non satisfait pour le modèle de la croissance respectivement de 62,88 % et 31.46 %. De ce fait, les parts des variances à court terme ne sont pas satisfaisantes pour le premier modèle.

Le taux du marché monétaire influence significativement le taux d'inflation en RDC, et il présente un signe non attendu pour la RDC. Ce qui signifie qu'à court terme, une montée d'un pourcent du taux de l'encaisse monétaire fait accroître le taux d'inflation de 1.05%. Cependant, les effets du modèle à long terme se confirment pour ce modèle de dynamique à court terme.

L'indice de prix à l'importation n'est d'influencé qu'au seuil de 10 % mais non au seuil attendu, et il présente un signe négatif à court terme ; pour dire que quand l'indice de prix d'importation augmente d'un pourcent en RDC, le taux d'inflation diminue de 0,59 % au seuil de 10 % pendant qu'au seuil de 5 % il n'exerce aucun effet.

La variable DUMMY a influencé significativement à court terme le taux d'inflation en RDC, il présente un signe positif. Ainsi chaque fois que cette variable muette évoluait d'un %, le taux d'inflation en RDC augmentait de 2,38% au seuil de 5 %. En effet, le Franc Congolais est toujours très faible et le taux de change avec le dollar très volatil. Toute augmentation inattendue des dépenses publiques à court terme financée par la création monétaire diminuera la confiance du public congolais à la devise nationale en faveur de dollars américain, causant une dépréciation du Franc Congolais qui alimentera l'inflation.

Constatons en fin que, le PIB n'a aucune influence sur le taux d'inflation en RDC à court terme. Toutes les variables sur la croissance économique n'ont pas été significatives à court terme au seuil attendu, c'est-à-dire chaque fois que la politique monétaire en RDC était envisagée ces effets n'étaient pas influents sur la relance de l'activité économique à court terme.

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L'encaisse monétaire n'a pas influencé la croissance économique d'autant plus qu'il agit par l'intermédiaire du financement des investissements dont les conséquences exigent un certain temps ou un délai généralement long pour le cas constaté en RDC.

En suite celle de 1993 :

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CONCLUSION

La présente étude s'est proposé d'analyser les effets de la politique des reformes monétaires sur la croissance économique en RDC.

Les prédictions de notre étude reposaient sur l'hypothèse selon laquelle il est des effets statistiques significatifs entre le taux de l'encaisse monétaire de la BCC sur la croissance du PIB et d'autres variables économiques pertinentes. Ainsi, l'approche économétrique a été privilégiée pour mettre en évidence l'existence et l'ampleur de ce lien et déterminer le niveau à partir de la variation de la politique monétaire sur certaines variables macroéconomiques.

Cependant, les diverses situations caractérisaient l'économie congolaise avant chaque reforme monétaire entre autres : la baisse drastique de la production, le développement de l'économie informelle ; les déficits chroniques du budget de l'Etat financé essentiellement par l'émission incontrôlée de la monnaie, lesquelles ont occasionné l'hyperinflation autours des années 1998 et aggravés la précarité de condition de vie de la population ; la désarticulation du système financier et la faillite de plusieurs établissements de crédit, et surtout le non contrôle des crédits accordés à l'économie nationale; l'éclatement de l'espace monétaire national et en fin la multiplicité du taux de change.

Eu regard, ces déséquilibres économiques en RDC, toutes les reformes monétaires amorcées visaient entre autres :

D'abord celle de 1983 :

? L'ajustement des taux d'intérêt débiteur et la libération du taux appliqué par les banques commerciales ;

? La limitation de l'augmentation de la masse monétaire globale des rémunérations des fonctionnaires ;

? La majoration des prix des produits pétroliers, ainsi que des services publics ;

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· Réduire fortement le niveau de l'inflation par la résorption partielle des liquidités ;

· Réajuster la parité externe par l'empressions des signes monétaires ;

· Créer un environnement économique favorable à la relance de l'activité économique.

· Aligner les dépenses de l'Etat sur les recettes, étant donné que la gestion des finances publiques est restée caractérisée, durant cette période par des dérèglements importants nécessitant, pour le financement du déficit budgétaire, des avances de la Banque Centrale.

En fin celle de 1998 qui avait un double objectifs : ? Au plan politique ;

Elle devait adapter l'appellation de l'unité monétaire au changement de la dénomination du pays et l'institution d'émission

? Au plan économique, elle visait :

· L'unification de l'espace monétaire ;

· La stabilité des prix intérieurs et du taux de change ;

· La réduction de la disparité des taux de change à travers le pays ;

· Le rétablissement du système des paiements

· La restructuration du système bancaire ;

· L'institution d'une nouvelle unité monétaire.

Partant de ces causes et objectifs susmentionnés, nous nous sommes proposés comme question du problème :

1. La politique des reformes monétaires (la variation des taux de l'encaisse monétaire de la BCC) a-t-elle des effets sur la croissance économique en RD Congo?

Ayant fait recours aux techniques documentaires pour consulter les différents rapports de la BCC, CD-ROM 2004 BM pour savoir les pourquoi des reformes monétaires en RDC, nous ont permises de récolter les données et la méthode

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quantitative axée sur les techniques économétriques nous a permise tant soit peu de mesure les faits économiques en étude.

En fin, après étude et analyse de la politique des reformes monétaires en République Démocratique du Congo, les résultats suivant ont été aboutis :

De ce qui précède, notre hypothèse selon laquelle, la politique des reformes monétaires en RDC sur la croissance, nous avons observé qu'une diminution d'un % du taux de l'encaisse monétaire induit un taux de croissance économique de 0.55%, ce qui confirme notre hypothèse relative aux effets positifs de la politique de reforme monétaire sur la croissance économique à long terme, par contre, nous avons constaté que l'investissement en RD Congo qui, est constitué des investissement public et privé ont des effets négatifs sur la croissance du PIB, ceci s'explique par le fait que l'investissement public est presqu'inexistante, en le combinant avec l'investissement privé nous avons trouvé un coefficient de -29%, ce qui n'est pas un bon signe pour un pays.

Cependant, le paramètre relatif pour le modèle à court terme n'étant pas significativement diffèrent du seuil attendu, la politique monétaire en RDC durant la période étudiée n'a aucune influence sur sa croissance économique, nous en déduisons que notre hypothèse est confirmée pour le long terme et infirmé pour le court terme.

En tout état de cause, nous recommandons aux autorités monétaires et à la Banque Centrale du Congo ce qui suit :

o De recourir aux mécanismes de transmissions des chocs exogènes au secteur monétaire et financier tel que nous les avons explicités dans la partie théorie de ce travail, qui sont notamment ; le canal du taux d'intérêt, le canal du crédit et le canal du taux de change pour mieux appliquer la politique monétaire en RDC.

o D'adopter des mesures idoines (correctives) pour le caractère « hors banque » du secteur bancaire dominant en RDC afin que toute politique monétaire envisagée par les autorités monétaires et la Banque Centrale

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habilitée ; ait des effets pertinents sur la stabilité des prix et l'activité économique.

o Que l'indépendance de la Banque Centrale limite les droits du gouvernement de financer son déficit par la création monétaire et que le gouvernement ait des instruments financiers pour financer son déficit et cela la force à avoir un excédent dans la balance primaire pour compenser ses déficits du service de la dette afin que la politique monétaire soit garantie à court comme à long terme.

Pour clore notre travail, il sied de signaler que nous ne pouvons nous prévaloir avoir épuisé la substance de ce sujet. Nous nous mettons en disposition pour toutes les remarques ou suggestion ayant trait à la fiabilité de notre recherche.

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· WWW.memoireonline.com






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