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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun.

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par Paule Danielle MEKA'A EBANG
Université de Yaoundé 2-SOA - Master 2 2013
  

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I.2. L'exclusion par les mécanismes de détermination des coûts des services bancaires

Deux aspects seront abordés dans ce point, à savoir : la non rémunération des dépôts à vue et l'encadrement du coût du crédit par la loi.

I.2.1- Le non-respect de la réglementation : le cas de la non rémunération des dépôts à vue

Cette mesure est souvent considérée comme la contrepartie de la gratuité de certains services bancaires : tenue de compte, gestion de chèques etc. (Chiappori, 1991). Au Cameroun, elle est consacrée par l'article 8 de l'arrêté n°224/MINFI/DCE du 5 avril

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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun

1989 portant conditions de banque, modifié et complété par l'arrêté n°00001/MINEFI/CSB/REP du 4 janvier 1995.

Cependant, on observe dans les faits qu'en dépit du fait que les dépôts à vue ne soient pas rémunérés, certaines banques font supporter les charges relatives à la tenue des comptes à leurs clients. Pour le justifier, elles allèguent que la suppression de ces frais remet en cause l'existence même de certaines agences dont l'exploitation et la rentabilité sont en partie assurées par la perception desdits frais (COBAC, 2010).

Par ailleurs, pour les établissements bancaires qui appliquent effectivement cette mesure, la tendance est plutôt à la revue à la hausse des tarifs des autres services proposés, ainsi qu'à la création de nouveaux produits (mise en place de nouvelles commissions, révision de la facturation de certains services...), en vue de compenser ce qu'ils perçoivent comme un manque à gagner.

En fin de compte, il revient au consommateur de supporter ces charges dont l'addition sur un an donne généralement des montants élevés et de nature à favoriser chez les personnes les plus démunies, une renonciation progressive aux services bancaires.

Au total, on observe deux cas de figure : premièrement, certaines banques observent le principe de la non rémunération des dépôts en contrepartie, entre autres, de la gratuité de la tenue des comptes. En compensation, elles revoient à la hausse les prix d'autres produits existants et mettent sur pieds de nouveaux services. Deuxièmement, d'autres banques observent le principe de non rémunération des dépôts mais perçoivent néanmoins les frais de tenue de compte.

I.2.2- L'exclusion par la détermination arbitraire du coût des services bancaires

Au Cameroun, les coûts des services bancaires ne font pas toujours l'objet d'un encadrement adéquat. Le recours aux institutions bancaires formelles est conditionné par la capacité du client à pouvoir payer des frais, notamment un montant minimum

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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun

exigé pour conserver un compte, supporter le taux d'intérêt et apporter les garanties requises afin de pouvoir bénéficier d'un crédit (Avom et Bobbo, 2013).

Si les banques sont tenues d'ouvrir des comptes à toute personne qui en fait la demande13 en vertu des dispositions du Règlement de la CEMAC relatif aux systèmes et moyens de paiement (mars 2003), il n'en demeure pas moins qu'en 2008 il était particulièrement couteux d'ouvrir un compte au Cameroun en 2008. Il fallait pour cela débourser plus de 700 dollars américains, soit plus que le PIB par tête du pays à la même date (Beck et al, 2008).

C'est véritablement avec l'arrêté du Ministre des Finances portant institution du Service Bancaire Minimum Garanti, que la gratuité de l'ouverture des comptes a été consacrée et est réellement observée par les banques. Ces dernières ne disposent dorénavant que d'une seule marge de manoeuvre qui consiste à fixer de façon arbitraire les coûts de maintien de compte et les frais associés à la détention des cartes de paiement.

De même, le coût du crédit est déterminé de façon quelque peu arbitraire sur le marché bancaire camerounais. En effet, depuis la suppression du TDM14, les banques pratiquent des taux de base et des taux effectifs annuels dont les modalités de calcul ne sont pas toujours transparentes. Le graphique ci-après présente l'évolution des taux d'intérêt créditeurs au Cameroun de 2006 à 2010.

13 Cette obligation est consacrée par l'article 7 du règlement qui stipule que «toute personne physique ou morale domiciliée dans un Etat membre de la CEMAC et dépourvue d'un compte de dépôt, a droit à l'ouverture d'un tel compte dans l''établissement assujetti de son choix ».

14 Les autorités monétaires régionales ont supprimé ce taux dans la perspective de poursuivre le processus de libéralisation financière entamé au début des années 1990.

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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun

Graphique I.1 : évolution des taux d'intérêt créditeurs des banques camerounaises de 2007 à 2010

18,00%

16,00%

14,00%

12,00%

10,00%

4,00%

8,00%

6,00%

0,00%

2,00%

15,80%

2007 2008 2009 2010

11,60%

8,70%

9,30%

Source : COBAC, 2011.

Ce graphique suggère que le coût du crédit a diminué sur la période considérée. Cela s'explique par la volonté des autorités monétaires de mettre un terme au désordre observé en matière de tarification des services bancaires. Celles-ci ont en effet procédé à la détermination d'un TEG des différents crédits consentis à la clientèle et d'un taux d'usure calculé périodiquement sur la base des coûts historiques desdits TEG. Ces mesures ont contribué à réduire sensiblement le coût du crédit qui a atteint son niveau le plus bas en 2009. Toutefois, le Cameroun reste l'un des pays marqués par le caractère dispendieux du coût du crédit (Avom et Bobbo, 2013).

S'agissant des garanties nécessaires pour obtenir un crédit bancaire, peu d'individus disposent de ressources suffisantes pour pouvoir les apporter. En effet, certaines banques exigent du client qu'il présente un titre foncier ou d'autres formes de caution (cautionnement, hypothèque d'une maison, d'une voiture etc.), ce qui exclut un grand nombre d'individus. Ce d'autant plus que le montant des garanties est souvent supérieur ou au moins égal à celui du crédit sollicité.

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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun

En fin de compte, la non rémunération des dépôts à vue et le coût élevé de l'endettement au Cameroun érigent donc des barrières à l'entrée du marché bancaire, en même temps qu'ils engendrent des difficultés d'usage liés services bancaires.

Outre poids du cadre réglementaire du secteur bancaire, il convient également d'examiner le rôle joué sur l'exclusion bancaire par certaines politiques commerciales des établissements de crédit.

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