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Disparités régionales en matière de scolarisation en Guinée


par Mamadou Dian Dilé Diallo
Université Yaounde II - DESS 2003
  

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1.2. Le système éducatif guinéen

1.2.1. Historique de l'éducation

1.2.1.1. Historique de l'éducation en Afrique 

Selon F. RATH cité par (WAKAM, 2002) on distingue trois types d'éducation : l'éducation formelle (ou scolaire), l'éducation non-formelle (ou périscolaire) et l'éducation informelle (ou non scolaire).

Dans son rapport annuel de 1988 intitulé « l'éducation en Afrique subsaharienne », la Banque Mondiale décrivait en ces termes ce qu'était l'éducation en Afrique traditionnelle :

« Les sociétés africaines ont une longue et riche tradition éducative. Dispensée de tout temps par tous les groupes ethniques et linguistiques ; l'éducation traditionnelle demeure un important moyen de transmission d'identité culturelle. Elle vise à inculquer aux enfants les comportements et les connaissances qu'exigera le rôle qu'ils sont appelés à jouer au sein de la société, mettant l'accent sur les devoirs et les prérogatives qui ont leur source dans les valeurs culturelles. Véhiculée par la parole et l'exemple au foyer, ainsi que par les leçons et le rituel hors du foyer, l'éducation traditionnelle vise à résoudre les problèmes concrets de la vie courante. Elle forme des dirigeants politiques aussi bien que des simples agriculteurs et elle inculque le sens civique aux membres de la collectivité».

Plongeant ses racines bien au-delà de la période coloniale, l'héritage chrétien représente le deuxième apport important à l'éducation en Afrique. Vers l'an 450, l'église chrétienne d'Éthiopie avait mis en place tout un système d'éducation qui allait devenir le support principal de la vie culturelle, spirituelle, littéraire, scientifique et artistique de ce pays.

L'islam représente la troisième influence majeure sur l'éducation africaine d'avant la période coloniale. Des structures de type scolaire et autre dont un petit nombre comme à Tombouctou au Mali, et à Lanus sur la côte EST de l'Afrique allaient connaître un grand rayonnement, furent créées pour enseigner la morale et la théologie de l'islam ».L'éducation du type formelle ne débutera en Afrique qu'avec l'arrivée des missionnaires européens.

1.2.1.2. Historique du système éducatif guinéen 

Suivant la nature des régimes socio-politiques qui se sont succédé en Guinée, le système éducatif guinéen a connu plusieurs mutations.

a) L'époque précoloniale : période avant 1895

Jusqu'en 1875, la Guinée était structurée en des Sociétés-Etats dont les chefs étaient responsables de la gestion politique, économique et militaire du territoire. L'écriture en caractère latin était inconnue. L'éducation de cette époque visait la préparation de l'enfant à la vie collective par le développement de ses aptitudes morales, intellectuelles et physiques. (FEINDOUNO, 1998).

En 1878, la première école des missionnaires fut implantée à Boffa (sur le littoral guinéen) et dix ans plus tard une école laïque française à l'ancien port négrier de Benty(préfecture de Forécariah).

b) L'époque coloniale (1895--1958)

En 1895, la Guinée devient colonie française rattachée à l'Afrique Occidentale Française (AOF). L'éducation qui était jusque-là informelle devient formelle et structurée. Neuf (9) écoles sont créées à Conakry, Boffa, Boké, Kindia, Mamou, Labé, Faranah, Kankan et Siguiri ayant un effectif total de 500 élèves.

Entre 1903 et 1911, l'administration coloniale définit un système éducatif spécial pour les colonies et crée des nouvelles écoles pour la formation des maîtres indigènes, des interprètes et des commis d'administration. A partir de 1920, la métropole procède à l'ouverture de l'école technique professionnelle Georges Poiret de Conakry et des centres d'apprentissages d'Agriculture et d'Élevage de Kindia et de Mamou.

À la fin de la deuxième guerre mondiale en 1945 on assiste à l'émergence des leaders syndicaux et politiques qui réclament l'émancipation des peuples africains par le biais de l'instruction. Le cycle de formation fut ainsi élargi du primaire au secondaire dans de nombreuses régions du pays. Les lycées techniques de Conakry (Donka) et classique de Labé (Popodara) ouvrent leurs portes. Mais l'accès à ces écoles était très limité. Jusqu'en 1957 l'effectif des élèves du secondaire n'était que de 807 élèves.

c) L'époque postcoloniale (à partir de 1958)

c-1. Le système éducatif guinéen sous la 1ère République (1958-1984) 

A la faveur du référendum du 28 septembre 1958 la Guinée accède à la souveraineté nationale. Les nouvelles autorités engagent un vaste programme de réforme du système éducatif. C'est ainsi que l'ordonnance numéro 42 /MEN du 5 août 1959 portant réforme de l'enseignement fut adopté. Cette ordonnance stipule que :

Article 1 : la réforme de l'enseignement a pour but :

de rénover les valeurs culturelles africaines ;

de rendre effectif le droit à l'instruction reconnu à tout citoyen de la République de Guinée par la loi constitutionnelle du 10 novembre 1958 ;

de permettre au peuple de Guinée d'accéder pleinement à la culture scientifique et à des techniques répondant aux besoins réels du pays.

Article 2 : l'enseignement est obligatoire pour tous les enfants et adolescents de 7 à 15 ans.

Article 3 : l'enseignement est dispensé gratuitement à tous les degrés. Cette gratuité s'étend pour la durée de l'enseignement obligatoire aux fournitures scolaires.

Article 4 : des bourses sont accordées à tous les élèves dont les familles ne peuvent pas assurer l'entretien.

Article 5 : l'éducation des enfants inaptes ou déficients intellectuels est assurée par un personnel spécialisé.

Le « NON » de la Guinée au référendum du Général de Gaule en août 1958 eut pour conséquence le départ de la quasi-totalité des enseignants français. Jusqu'en 1958, il n'existait en Guinée que trois cours normaux à Kindia, Kankan et Macenta pour la formation des moniteurs d'enseignement général. La formation des instituteurs était assurée dans les écoles fédérales du Sénégal (Sebikotane et Rufisque), du Mali (Katibougou) et de Côte d'Ivoire (Dabou). Le personnel sortant de ces écoles était loin de satisfaire les besoins du fait du départ des étrangers. Pour pallier ces difficultés, l'Etat fit appel à tous les citoyens jugés capables d'exercer la fonction d'enseignement. Parallèlement à cette action, des nouveaux centres de formation furent créés. C'est le cas de l'école normale primaire de Kankan, l'école des sages-femmes de Kindia, l'école nationale des techniques administratives de Conakry, l'école nationale d'agriculture de Foulaya, etc.).

En 1961, suite à la grève des enseignants, les écoles privées sont supprimées et la gratuité de l'enseignement et son caractère obligatoire jusqu'au baccalauréat proclamé.En 1962, l'Institut Polytechnique Gamal Abdel Nasser de Conakry, première école d'enseignement supérieur en Afrique francophone, fut créé. Elle comprenait deux facultés : Génie civil et Mines et Géologie.

Les réformes de l'enseignement intervenues à partir de la moitié des années 60 sont marquées par la proclamation de la révolution culturelle socialiste et l'enseignement dans les langues nationales (huit au total) dans les écoles.

Les différents cycles d'enseignement en République de Guinée étaient : le Collège d'enseignement révolutionnaire premier cycle (CER 1er cycle) équivalent actuel au cycle primaire, le Collège d'enseignement révolutionnaire deuxième et troisième cycles (CER 2ème et 3ème cycle) équivalent au collège et au lycée et le CER 4ème équivalent de l'enseignement supérieur.

Le conseil national de la révolution (CNR) tenu à Conakry du 19 au 24 janvier 1970 décida de la création dans chaque unité de base du Parti-État (district ou quartier) d'un Collège d'enseignement révolutionnaire (CER 1er cycle) et chaque CER 2ème& 3ème cycle en était une unité de production et devrait «disposer d'un domaine cultivable de 120 ha et entretenir un cheptel de 60 têtes de bovins au moins ».

Dès 1972, le CNR élargi au conseil supérieur de l'éducation décida de l'introduction pour un quart dans le calcul de la moyenne de composition et des examens, de l'utilisation effective par les CER de 40 % de leur temps aux activités productives ; de l'alphabétisation systématique de tout le peuple ; de la création de l'académie des langues nationales.

Ces années sont aussi marquées par la création de l'école des agents techniques d'exploitations des postes et télécommunications de Conakry, le transfert de la faculté de Mines Géologie près du centre minier de Kamsar, de la création de l'Institut de recherche Agronomique et fruitière de Foulaya et de l'École nationale de zootechnie de Famoila (Beyla), de l'école nationale vétérinaire de Mamou, de l'école des eaux et forêts de Séredou, du transfert de l'école nationale d'agriculture de Foulaya à Faranah.

La 36ème session du CNR tenue à Conakry décida de l'introduction de l'enseignement des langues nationales au secondaire. La charte du 16 février 1975 proclama la création des facultés agronomiques dans toutes les régions administratives du pays. La Guinée comptait à cette date trente facultés d'agronomies du 1er degré et six du 2ème degré.

c-2. Le système éducatif sous la 2ème République (1984 à nos jours) 

La prise du pouvoir par l'armée le 3 avril 1984 marque un autre tournant dans l'histoire de la guinée. Des changements importants furent opérés dans le système éducatif à la suite de la conférence nationale de l'éducation tenue en mai-juin 1984 à Conakry. Les changements concernaient non seulement la restructuration du système éducatif mais aussi les stratégies et les finalités du système. Ainsi dès 1984, le français devient la langue d'enseignement à tous les niveaux. Les activités artistiques et théâtrales sont supprimées des programmes des écoles. Les programmes furent réaménagés, certaines matières telles que l'Agriculture et la Zootechnie supprimées. La quasi-totalité des CER 2ème et 3ème cycles sont fermées dans les PRL (Pouvoir Révolutionnaire Local) et les Arrondissements.

L'amélioration de la qualité de l'enseignement a aussi consisté en un vaste programme de perfectionnement et de recyclage des enseignants. Le contrôle des connaissances est renforcé par l'institutionnalisation de trois compositions annuelles au lieu de deux, la création de la classe de Terminale et l'institutionnalisation du concours d'accès à l'université. Au niveau du lycée, l'option agronomie est supprimée et deux nouvelles options sciences expérimentales et sciences sociales se sont ajoutées à l'option sciences mathématiques. Le brevet qui se passait en 9ème est ramené en 10ème, les baccalauréats premiers et deuxième parties institués en 12ème et en terminales. En 1987, les écoles privées qui avaient été suspendues à la suite de la grève des enseignants de 1961 sont autorisées à reprendre du service.

En 1990, le gouvernement lance un vaste programme d'ajustement structurel du secteur de l'éducation (PASE) et se fixent deux objectifs majeurs :

Sur le plan quantitatif, relever le taux de scolarisation de 27 à 60 % avant l'an 2000 et former 500 enseignants par an et 1400 par an après l'an 2000.Sur le plan qualitatif,

· construire et entretenir les locaux scolaires

· qualifier le personnel enseignant et d'encadrement ;

· le redéploiement des enseignants non qualifiés dans leur formation d'origine ;

· fournir des manuels scolaires à tous les établissements du pays ;

· réduire des disparités entre les sexes et les zones en matière de scolarisation

· promouvoir l'enseignement privé

· doter l'administration scolaire en matériels informatiques.

La réussite de ce premier programme valut à la Guinée son échelonnement par les bailleurs de fonds. Le nouveau programme appelé PASE-II et qui est entré en vigueur en 1996 avait pour objectif de préserver et développer les acquis du PASE-I. Sur le plan quantitatif, il se devait de porter le taux de scolarisation de 34 à 53 % en l'an 2000 et accroître le taux d'accès à l'école à 70 % du taux brut d'inscription en 1ère année en l'an 2000. Le PASE-II avait aussi pour but d'accroître la participation communautaire dans la définition des finalités de l'école et de sa gestion.En l'an 2000 un nouveau programme dénommé Enseignement de base pour tous d'ici l'an 2010 (EPT) fut lancé. L'EPT doit permettre de scolariser tous les enfants en âge d'être scolarisés d'ici l'an 2010.

Au niveau de l'enseignement supérieur, d'importants changements ont été également enregistrés depuis 1984. Dès 1986, les Instituts Polytechniques de Conakry et de Kankan sont érigés en Universités. L'École Normale Supérieure de Manéah est restructurée et rebaptisée Institut Supérieur des Sciences de l'Éducation de Guinée. En 2001, les Centres Universitaires Régionaux de Labé et de Nzérékoré ont été ouverts et rattachés respectivement à l'Université de Conakry et de Kankan.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo