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Savoirs locaux et nouvelles initiatives pour la gestion des ressources naturelles dans la communauté rurale de Madina Ndiathbe (département de Podor).


par Aliou WANE
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - DEA (Diplome d'étude approfondie) en Géographie 2009
  

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INTRODUCTION GENERALE

En 2010, la journée mondiale de l'environnement consacrant l'année internationale de la biodiversité, est axée sur le thème : « Des millions d'espèces - une planète - Un avenir commun » pour souligner l'intérêt au profit de l'homme, de la richesse des espèces et des écosystèmes de la terre. Des milliers de manifestations, dans beaucoup de pays, mettent l'accent sur les ressources fragiles menacées par la forte croissance démographique et les changements naturels.

Cette tendance marque une sorte de révolution dans les approches du développement et particulièrement dans le domaine de la gestion des ressources naturelles. Une importance particulière est accordée à trois notions centrales : « le développement durable », « la biodiversité » et le « partage des avantages ».

En effet, cette évolution marquée par l'adoption de la Convention sur la Diversité Biologique (Rio, 1992) met au devant de la scène internationale, la question relative à un ensemble de connaissances et de pratiques longtemps négligées voire ignorées : les « savoirs naturalistes locaux ».

Aujourd'hui, on se rend compte que les paysans ont un « savoir propre » de leur environnement (variétés et techniques culturales, techniques d'élevage, espèces végétales etc.) qui s'est construit au cours des siècles d'observation et d'expérimentation.

Les savoirs et les techniques de gestion des ressources naturelles sont multiples et varient d'une catégorie socioprofessionnelle à une autre.

Cependant, il ne s'agit guère d'une opposition de connaissances et/ou pratiques entre les systèmes de production traditionnels et modernes, mais leur combinaison en vue d'une complémentarité.

Ainsi un des défis majeurs est de permettre aux communautés locales de créer des synergies entre savoirs endogènes et exogènes pour choisir leur propre voie vers un développement durable dans la communauté rurale de Madina Ndiathbé, partie intégrante du Sahel. Ce terroir est découpé en trois zones géographiques (Carte1) selon le rapport du PLD de 2009 :

- La zone Walo qui regroupe les villages de l'ile à Morphil avec comme centre, la localité de Cas-Cas. Elle est caractérisée par sa vocation agricole suivant le critère hydro-pédologique des sols.

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Carte 1 : Situation géographique et zonage de la communauté rurale de Madina Ndiathbé

- La zone Centre (Djéjégol) qui regroupe les villages situés entre le Doué et la route nationale 2, dominée par la localité de Madina Ndiathbé qui polarise les flux commerciaux.

- La zone Diéri, à vocation pastorale, qui regroupe tous les villages situés au Sud de la route nationale et gravitant autour de Bano (village centre).

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La communauté rurale de Madina Ndiathbé est située dans l'hémisphère nord entre les 16°49 et 16°26 latitudes nord et les 14°35 et 14°02 longitudes ouest. Elle se trouve dans l'arrondissement de Cas-Cas, département de Podor, région administrative de Saint Louis avec les limites suivantes :

- Le fleuve Sénégal, au Nord,

- Les communautés rurales de Méry et de Boké Dialoubé, à l'Est, - La communauté rurale de Doumga lao, au Sud et à l'Ouest.

La communauté rurale de Madina Ndiathbé a une vocation essentiellement agricole en raison de ses importantes potentialités hydriques et foncières. Les populations dépendent de la valorisation des ressources naturelles (eau, sol et végétation) qui assure la couverture de l'essentiel de leurs besoins.

I. PROBLEMATIQUE

Au Sénégal, les politiques de gestion des ressources naturelles, initiées depuis la période coloniale, privilégient le plus souvent la mise en place d'aires protégées (parcs, forêts classées...) sans tenir compte des exigences des populations riveraines (exemple des aires marines protégées, les forêts classées, le déplacement des populations dans le parc national de Niokolo koba...). Ce qui occasionne des conflits pour l'accès aux ressources, le braconnage, la coupe abusive de bois...

Les projets de développement rural intégrés, mis en place par l'Etat et exécutés en collaboration avec les services déconcentrés, étaient organisés autour d'une filière (la filière du coton avec la SODEFITEX, la filière arachidière avec la SODEVA, la filière rizicole avec la SAED...) où les agriculteurs n'appliquaient que des consignes techniques sous le contrôle des agents de l'Etat.

L'impact de ces différentes politiques s'est traduit par des déséquilibres écologiques (monoculture arachidière, par exemple), le développement de nouvelles formes de dépendance économique et sociale (aide extérieure, dette publique et privée) et une faiblesse des systèmes de gestion, d'exploitation et de conservation des ressources locales.

C'est pourquoi dans le domaine du développement rural en général et la gestion environnementale en particulier, de nombreuses voix se sont levées pour demander une

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participation effective des populations locales à l'identification, à la planification et à l'exécution des projets.

Ainsi, dans la perspective d'une gestion durable des ressources naturelles, il serait intéressant de prendre en considération les savoirs locaux.

La Banque Mondiale indique dans le rapport sur le développement du monde 1998 - 1999 sous le thème : « Le savoir au service du développement », que « c'est le savoir et non le capital qui est la clé d'un développement social et économique durable ». Autrement dit, les savoirs locaux constituent le fondement des sociétés traditionnelles pour la gestion des terres et des eaux. Ces connaissances se sont développées, pratiquées et transmises de génération en génération. On peut en citer : la culture de décrue chez les Halpular de la vallée du fleuve Sénégal, la médecine par les plantes et la méthode de lutte contre les tiques de bétail appliquée par les Foulani, l'agriculture en montagne des Bamiléké...

Pour favoriser cette dynamique, la Convention sur la Diversité Biologique adoptée en 1992, invitait la communauté internationale à travers l'Agenda 21 à inventorier les savoirs locaux.

Notre thème de recherche : « savoirs locaux et nouvelles initiatives pour la gestion des ressources naturelles dans la communauté rurale de Madina Ndiathbé » trouve son intérêt dans ce contexte global de promotion des initiatives locales. La communauté rurale de Madina Ndiathbé est un cadre favorable pour mener cette étude, elle recoupe trois sous-ensembles interdépendants (Walo, Djéjégol et Diéri). Des connaissances y ont été accumulées et constituent un élément fondamental de la culture et de la technologie de cette société Halpular. Cependant, les années de crise, ont été à l'origine de nouvelles initiatives qui se recoupent à ces pratiques ancestrales.

Ainsi pour mieux cerner les contours cette problématique, les orientations suivantes sont élaborées.

1.1 Analyse conceptuelle

En vue de faciliter la compréhension des termes utilisés dans cette étude, nous entendons les définir pour éviter toute confusion, voire des interprétations différentes.

Les « savoirs locaux » sont au centre d'une vive controverse théorique. Dénommés, savoirs traditionnels (Pintou, 2003), savoirs locaux et populaires (UICN, 1998), ils sont définis comme

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« l'ensemble des savoirs, savoir-faire, pratiques et représentations qui sont perpétués et développés par des personnes ayant une longue histoire d'interaction avec leur environnement naturel ».

Ils constituent la base de la prise de décision au niveau local en matière d'agriculture, de santé, de préparation de la nourriture, d'éducation, de gestion des ressources naturelles et pour toute une série d'autres activités menées au sein de la communauté rurale. C'est un outil d'aménagement du territoire, de conservation selon les situations des complexes formes de races animales, de variétés cultivées, d'éléments de ces écosystèmes modelés par les activités humaines.

Les savoirs locaux sont caractérisés à la fois par leur ancrage local, leur dynamisme, leur ouverture et leur capacité à opérer des emprunts et à s'innover. Ce sont des savoirs qui intègrent harmonieusement pratiques locales et connaissances technico-scientifiques.

Le savoir qu'il soit scientifique, endogènes ou local est produit par un système social qui est en interaction avec d'autres systèmes sociaux qui s'influencent mutuellement.

Le concept nouvelle initiative fait référence aux connaissances technico-scientifiques prônées par les administrations. Il s'agit de savoirs administratifs construits sur la base de systèmes internationaux générés par les universités et institutions. Autrement dit, des savoirs fondés sur des procédures et règlements formels comme les plans de gestion des ressources naturelles, les connaissances scientifiques sur lesquelles s'appuient les politiques de développement.

La gestion des ressources naturelles fait référence aux façons dont les ressources sont utilisées par une communauté ou un Etat pour des objectifs de productions forestières, agricoles, halieutiques ou pastorales. Elle s'apparente aux notions d'aménagement du territoire ou d'organisation de l'espace, tout en ayant une portée plus vaste. Elle inclut toutes les formes d'interventions dans l'environnement ayant pour finalité l'utilisation optimale, dans la perspective d'un développement durable, qui permettra de satisfaire les besoins actuels tout en préservant ceux des générations futures.

Les ressources naturelles ont une grande importance dans le développement des sociétés et leur mise en valeur constitue un véritable enjeu.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci