BURKINA FASO
Unité - Progrès - Justice
MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE
SUPERIEUR ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
U F R / S H
Filière Développement et Education des Adultes (D
E D A)
Niveau :
LICENCE
Promotion n°2 :
2003-2005
Travail de Fin d'Etudes
Analyse des enjeux de la formation DEDA
sur mon expérience professionnelle
de :
Directeur de l'ONG API-BENIN
Septembre 2005
Présenté et soutenu par :
Valentin A. AGON
Accompagnateur : Monsieur
Jacques NANEMA.
Chargé de l'atelier
d'intégration
Développement et Education des Adultes
(DEDA)
06 BP 9344 Ouagadougou BURKINA FASO
Tél. +226 50
307064/65 Poste 4076
Ligne directe Tél. /Fax :+226 50
300476
Email: uo.deda@univ-ouaga.bf
Sommaire
SOMMAIRE
II
ACRONYMES
III
DEDICACE
III
REMERCIEMENTS
IV
RESUME
V
INTRODUCTION GENERALE
2
A / PHASE ANTE-DEDA
3
1- MON PARCOURS DE FORMATION
3
1 -1 Présentation synoptique de mon
parcours de formation
3
1-2 Mise en exergue de quelques moments
significatifs du parcours
9
1 - 3 Compétences acquises
10
2 - PARCOURS PROFESSIONNEL
11
2 - 1 Présentation synoptique de mon
parcours professionnel
11
2 - 2 - Analyse critique du cadre
professionnel.
15
2 - 3 Analyse de l'efficacité externe de
ma pratique professionnelle à ma demande de formation à DEDA
16
B / PHASE INTRA-DEDA
18
I ACQUIS CONCEPTUELS
18
I -1 Sens et importance d'une approche
interdisciplinaire du développement.
19
I - 1 - 1 L'Approche
socio-économique
19
I - 1 - 2 Approche historico-politique
20
I - 1 - 3 L'Approche socio-anthropologique
24
I - 2 La mondialisation
27
II - ACQUIS METHODOLOGIQUES
31
II - 1 Analyse sociologique des
organisations
32
II - 2 - Gestion et ingénierie des
projets
34
II - 3 - La communication interculturelle et
la communication pour le développement
36
III - ACQUIS TRANSVERSAUX
39
C / PHASE POST-DEDA
41
I - DÉSTABILISATION ET RESTRUCTURATION DE
MA PERSONNE ET DE L'INSTITUTION API-BENIN
42
I - 1- Au niveau de ma personne.
42
I - 2 - Au niveau de l'institution
43
II- VISION DE L'ACTION ET STRATÉGIE POUR LE
DÉVELOPPEMENT
43
III - LE VIH/SIDA : UN PROBLÈME DE
DÉVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE
46
III - 2 - SIDA : Obstacle du
développement rural
47
III - 3 - SIDA : une catastrophe
humanitaire en Afrique subsaharienne
47
III - 4 - SIDA : un défi pour
l'Afrique
48
III - 5 - Une lueur d'espoir
49
CONCLUSION
50
BIBLIOGRAPHIE
51
ACRONYMES
AFOCO : Apiculture Formation Coopération.
AFVP : Association Française des Volontaires du
Progrès.
ASF : Apiculture Sans Frontière.
BIT : Bureau International du Travail.
CABPS : Centre d'Action Biblique pour la Promotion
Sociale.
ISD : Chantier d'Initiatives pour le
Développement.
CLER : Centre de Liaison des Equipes de Recherches.
DEDA (formation) : Développement et Education
Des Adultes( la formation DEDA consiste en 6 mois de cours intensifs
étalés sur deux ans, en raison de l'alternance Université
- Terrain).
FAO : Food and Agriculture
Organiszation (organisation des Nations unies pour
l'alimentation et l'agriculture).
FMI : Fond Monétaire
International.
IDH : Indice du Développement Humain.
PAS : Programme d'Ajustement Structurel.
PIB : Produit Intérieur Brut.
PNB : Produit National Brut.
OIF : Organisation internationale de la Francophonie.
OMC : Organisation Mondiale du Commerce.
OMPI : Organisation Mondiale de la Propriété
Intellectuelle.
OMS : Organisation Mondiale de la Santé.
RNN : Régulation Naturelle des Naissances.
DEDICACE
Je dédie ce travail de fin d'études
à :
· SOGLO Bahangnassi, ma mère qui, grâce
à sa collaboration, sa détermination dans le travail de la terre,
m'a inscrit à l'école et m'a soutenu au prix de sacrifices
inoubliables ;
· Feu père AGON Missi, qui n'a pas pu voir ce que
je suis devenu ;
· ADJAHOUINOU Colette, ma femme et mes trois enfants
Eben-ezer, Caleb et Rachel née pendant la rédaction de ce
travail, qui me soutiennent au prix de mille et une privations dans mon
engagement pour le développement ;
· KINNOUDO Célestin, mon collaborateur le plus
proche qui, avec son sens de l'humain, est pour moi un soutien
inestimable ;
· Tous mes cousins, fils de ma chère feue tante
Nassi, qui m'ont appris à lire et écrire en 1973-1974 à
Tindji ;
· A toutes les africaines et tous africains conscients de
l'urgence de changement de mentalité pour le développement du
continent ;
· A Dieu à qui j'adresse mes remerciements par sa
grâce infinie pour moi et que j'implore pour intervenir dans l'oeuvre de
développement de l'Afrique pour la transformation de ses
créatures que sont les hommes.
REMERCIEMENTS
Mes remerciements vont à l'endroit de tous ceux qui
ont contribué à la réussite de ce travail, en particulier
à :
· Mon épouse et mes trois enfants pour leur
engagement, les divers sacrifices et leur soutien ;
· Mes frères et soeurs : Armand, Antoinette,
Louis, Hubert, Hippolithe et surtout Apollinaire pour son dévouement et
sa collaboration ;
· docteur Jacques NANEMA qui m'a soutenu et m'a surtout
aidé, éclairé, tant au Burkina Faso que chez moi au
Bénin ;
· Mes collaborateurs de service, surtout Monsieur
KINNOUDO Célestin ;
· Toute la direction du programme DEDA et en particulier
à tous les professeurs qui ont contribué à notre
formation ;
· Mes secrétaires Marie-José JIGOT et
Annick AVOLONTO ;
· A tous mes parents, amis et collègues qui m'ont
aidé dans l'anonymat.
RESUME
Né dans une collectivité pauvre en intellectuels
et démunie, j'ai connu les différentes facettes de la vie d'un
jeune homme déterminé à s'enrichir en culture
intellectuelle. Après les péripéties scolaires,
universitaires et professionnelles, une occasion m'est offerte de revivre les
expériences universitaires afin de mieux appréhender mes
engagements professionnels et de rebâtir un nouvel avenir.
DEDA, espace de formation de l'homme axée sur son
changement tant professionnel qu'humain, sur son autoformation pour qu'il soit
acteur de son propre changement, offre à l'Afrique un creuset de
réflexion, de relecture et de changement pour son développement.
Divers outils de nature conceptuelle, méthodologique, technique et
transversale sont offerts pour aguerrir l'acteur dans son propre changement et
dans celui qu'il pourra déclencher et gérer.
Avec tout le travail de réflexivité fait au
cours de cette formation et considérant tout le savoir, le
savoir-être et le savoir-faire acquis, je peux témoigner que DEDA
m'a permis d'être un homme autre que celui que j'étais, capable de
changement et d'analyse pour le développement.
Cet ensemble de nouvelles capacités et d'expertise avec
leurs facteurs déclencheurs et ma nouvelle vision de l'action et de
stratégie constituent la substance de ce travail de fin de formation.
INTRODUCTION GENERALE
L'Afrique reste en retard par
rapport aux autres continents et il est urgent de contribuer à son
développement par le changement. Tout changement dans le cadre du
développement, est un fait de l'homme qui, a lui-même besoin de
sérieux changements tant dans sa perception des choses que dans son
implication dans la transformation de son environnement. Pour le rendre
capable, surtout s'il est déjà adulte, donc censé
être conscient de son état de pauvreté en capacité
de changement, le recours à l'éducation est la seule assurance
pour lui faire acquérir des compétences et des qualités
constitutives de la dynamique du développement. Il lui revient de faire
donc un retour dans le monde du savoir pour réfléchir sur son
engagement professionnel et s'armer d'outils nécessaires à son
développement et à celui de son environnement. C'est dans ce
cadre que j'ai bénéficié pendant deux ans de divers acquis
à DEDA afin d'être un véritable acteur de
développement et de réussir mon projet de participer à
l'émergence de l'Afrique. Roger Mimier n'a-t-il pas
dit : «Un homme sans projets est l'ennemi du genre
humain»1(*) ?
Ainsi dans le cadre du travail de fin d'études, je
présenterai dans un premier temps mon parcours de formation en puisant
dans mon histoire de vie, ensuite mon parcours professionnel pendant lequel la
nécessité s'est imposée à moi d'aller
acquérir des compétences, ce qui m'a conduit à la
formation DEDA ; dans un deuxième temps, je présenterai les
acquis DEDA tant conceptuels, méthodologiques que transversaux en
mettant en relief leurs valeurs théoriques et pratiques ; enfin je
ferai ressortir ma nouvelle vision d'action avec ma nouvelle stratégie
tout en rendant compte des changements connus.
A / PHASE ANTE-DEDA
1- Mon parcours de formation
« Le passé n'est jamais tout à fait
le passé »2(*), cette affirmation de Henry BATAILLE donne un sens au
récit de mon parcours qui sera présenté dans ce document
de fin d'études. Mieux qu'un spectateur assis dans une salle de
cinéma, je vais tenter de dépeindre et d'analyser « le
film de ma vie » dont je suis pour l'essentiel l'acteur. Il est vrai,
Louis ARAGON écrivait que «la vie est un voyageur qui laisse
traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses
traces»3(*). Pour ce
qui me concerne, aux antipodes de ces propos qui font sens dans bien des cas,
mon passé à moi demeure vivant et vivifiant. Ainsi, dans les
lignes qui vont suivre, je vais tenter une sorte de voyage dans mon
passé, dans mon histoire pour faire l'état des lieux afin de
faire ressortir les succès et les échecs, l'influence positive et
négative de mon environnement social, les faits marquants,
indélébiles, inscrits dans les pages de ma vie, qui constituent
les facteurs de changement personnel et professionnel.
1 -1
Présentation synoptique de mon parcours de formation
? Formation socio-culturelle
et scolaire
George BERNANOS dit « On ne subit pas l'avenir, on
le fait »4(*).
Selon le freudisme, le présent et l'avenir de tout homme sont
tissés par ou avec les fils de son passé. Mon passé s'est
déroulé dans un contexte socio-culturel et scolaire
particulier.
Né le 14 février 19645(*) à VEHOU6(*) (village très
attaché à la tradition), d'un père polygame7(*), ancien combattant de la
Deuxième Guerre Mondiale et d'une mère totalement
consacrée à la culture de la terre, je suis l'un des treize
enfants de ma famille et le seul avoir été scolarisé.
Selon notre famille, l'éducation scolaire facteur d'aliénation,
signe d'allégeance à la domination coloniale du monde noir par
l'Europe, éloigne l'enfant de sa tradition du culte "vodoun"8(*), ce qui est une honte pour la
collectivité entière. C'est pourquoi avant d'envoyer un enfant
à l'école, les parents consultaient le " Fâ"9(*) pour avoir l'accord du vodoun.
Ainsi, le "Fâ10(*)"
s'était opposé à l'inscription scolaire de tous mes
frères sauf à la mienne et à celui de mon jeune
frère. Mais l'école étant très
éloignée de notre domicile, il a fallu que j'attende d'avoir dix
(10) ans avant d'aller en 1974 à l'école primaire
d'Agbanwémè (puis à Lokozoun en passant par Sodohomey
à Bohicon.)
Jaloux, le frère aîné de mon père
lui disait que donner cinq (05) francs11(*) à chacun des deux enfants par jour pendant
trente jours voire un an était synonyme de gaspillage. Ce qui a fait que
j'ai systématiquement pris la décision de refuser les frais de
petit déjeuner demandant tout simplement à ma mère de
m'apprêter chaque matin un repas que je devais amener à
l'école pour mon déjeuner car je ne rentrais à la maison
que le soir. Mon petit frère abandonna l'école à cause de
la distance à parcourir et peut-être aussi par manque de
volonté. Son abandon ne m'avait guère influencé. Au
contraire j'avais promis à notre maman de ne pas la décevoir.
Pendant mon parcours primaire, durant deux ans notre classe
avait manqué d'instituteur encadreur. Ce fut une occasion de
découragement pour la plupart de mes camarades ; mais pour moi, ce
fut une période de formation personnelle chez mes cousins alors au
collège, ce qui m'assura une certaine supériorité :
j'étais toujours premier de ma classe. Admis à l'examen
d'entrée en sixième en 1981, major de ma province, je devais
aller à l'école militaire12(*) de Bembèrèkè. Mon père,
vétéran de la deuxième guerre, s'y opposa. Son attitude
s'expliquait par le fait qu'il avait été enrôlé de
force par le chef Canton et surtout par le fait qu'il avait perdu, sans pouvoir
rien faire pour eux, au front alors qu'il combattait dans les rangs de
l'armée française contre l'occupation allemande, ses deux
derniers frères d'armes partis comme lui du Dahomey. Rescapé de
la deuxième tragédie mondiale, et de retour chez lui, il avait
dû renoncer au classement dans le corps kaki sans doute pour exprimer
tout le dégoût que la guerre et ses armes suscitaient en lui.
Après la guerre, il avait retrouvé une famille « en
cendres » : son frère suicidé, et ses deux soeurs
mortes en couche. Il se retrouvait seul et horrifié par tout ce qui
conduisait à la guerre, à la mort.
Mon père mourût le 14 mars 1982. Cet
événement fut très perturbateur pour l'enfant que
j'étais. Mais là encore, je me suis interdit le
découragement car je savais que ma réussite dépendrait de
mon investissement dans les études. J'avais promis à ma
mère, pour l'encourager à toujours me soutenir, que je serais
toujours le premier de ma classe ; promesse à laquelle j'ai tenu
jusqu'en classe de troisième en 1984.
Mon frère aîné tomba gravement malade en
1984. Cette année là, je repris tardivement le chemin de
l'école. Il fut hospitalisé chez un guérisseur
traditionnel qui faisait appel à un infirmier pour lui administrer les
soins à domicile. J'avais peur de perdre à nouveau un membre de
ma famille. J'assistai alors mon frère autant que je le pouvais,
l'aidant à tenir la position assise et le nourrissant. Ce retard
accusé à l'école a fait baisser le niveau de mon
rendement scolaire, exposant ainsi le major de classe que j'étais aux
propos moqueurs et aux humiliations de certains camarades. Pour sortir de cette
impasse, j'ai dû une fois de plus, recourir à un camarade13(*) de classe qui lui,
possédait tous les livres de la classe de troisième. Je passai
chez lui une bonne partie des congés de Noël, le nez dans les
livres, avec la ferme résolution de retrouver mon niveau perdu. Mais, un
autre obstacle de taille se dressa sur mon chemin. Je fus sommé par le
chef de la collectivité AGON d'entrer dans le couvent "Sapkata" DIEU de
la terre chez les ethnies « Fon » en fin
décembre 1984 pour y subir une initiation au culte Vodoun. Le
prêtre "vodoun" qui n'était personne d'autre que le frère
aîné de mon père, mon oncle qui avait
déconseillé mon père de financer ma scolarité,
s'était énergiquement opposé à ce que j'apporte au
couvent les signes de l'école moderne qu'il semblait vraiment avoir en
horreur.
A la reprise des classes en janvier 1985, j'ai reconquis ma
place de major de ma classe et en fin d'année, je me suis
retrouvé seul de la classe admis au BEPC sur les 67
élèves. Cet échec massif était probablement
dû au débrayage causé par des mouvements
antirévolutionnaires des milieux estudiantins14(*). Contre toute attente,
l'année scolaire qui aurait dû être
décrétée « année blanche », fut
validée au dernier moment par le ministre de l'éducation qui
confirma la tenue des examens de fin d'année, à la surprise
générale des élèves et de leurs familles.
L'année 1985 fut spéciale. A la suite du
décès de mon père, la famille avait arraché
à ma mère toutes les terres qu'elle cultivait et qui lui
permettaient de soutenir ma scolarité. Il est arrivé que les
repas de midi auxquels j'avais droit fassent défaut. Je fus donc
contraint de chercher de petites activités
rémunératrices en me rendant les mercredis
après-midi, les samedis et les dimanches au marché de Bohicon
avec un camarade pour égrener des sacs d'arachides à raison de
125 francs le sac. C'est de cette manière que je trouvais par semaine
1000 à 1250 francs pour me soutenir dans mes études.
En classe de seconde, ayant été seul à
réussir au BEPC, j'ai, en quelque sorte, attrapé la grosse
tête à tel point que je ne me soumettais plus aux exigences et
à la rigueur qui étaient les miennes. Néanmoins, j'ai pu
garder ma place de major avec une moyenne de quatorze sur vingt. Dans les
pratiques de la révolution marxiste d'alors, il avait été
institué dans toutes les écoles des activités
coopératives (les arts martiaux, la pharmacopée, la couture, la
musique et l'élevage, etc.). Mon choix porta sur la section
pharmacopée. Je fus élu président de cette section et
j'occupai ce poste pendant tout le second cycle. Chaque élève,
membre de la section, était invité à prendre tous les
renseignements possibles auprès de ses parents ou des personnes
âgées pour récolter les connaissances relatives aux plantes
médicinales15(*).
Un herbier était constitué avec une classification des plantes
par maladie. C'était le début d'une première mise en
valeur de l'héritage des connaissances reçues de mon père
et le premier moment de recherche empirique en contexte local et culturel sur
la médecine. Cela présageait de la passion que j'aurais pour les
études en médecine après le baccalauréat.
Entre-temps, pendant les vacances de l'année 1985, je
m'étais converti au christianisme. J'étais devenu membre de
l'Eglise « Union Renaissance d'homme en Christ » (URHC)
très répandue au Bénin. Je cherchais par cette conversion
à me libérer du joug du vodoun et à me mettre à
l'abri de la sorcellerie dont mon frère aîné avait
été probablement victime. Mon souhait le plus fort était
de pouvoir étudier sans craindre les foudres ou la jalousie des
féticheurs du culte vodoun. Par ma conversion au christianisme, je
défiais ouvertement le culte "vodoun". Je me donnais pour mission
d'éclairer mon village selon moi, dans les ténèbres du
vodoun que je considérais dès lors comme un culte16(*) rendu au diable. J'ai
passé au feu tout ce qui était de ce culte et j'ai
implanté un lieu de culte chrétien dans mon village pour
l'attirer au christianisme et pour prouver l'impuissance de vodoun à
nuire à ceux qui le quittent pour Jésus Christ.
La religion prit alors le dessus sur mes études et
occupa une très large partie de mon temps. Ce fut le début des
influences contraires à mon engagement scolaire. Puisque les
responsables du culte "vodoun" ne m'avaient pas pardonné mon rejet du
culte ancestral, une lutte sans merci s'engagea entre eux et moi. La
confrontation fut telle que nous dûmes même recourir plusieurs fois
à la police et au tribunal pour trancher des litiges. Dans ces
turbulences, c'est difficilement que je suis passé de la classe de
première en terminale avec seulement 10 de moyenne. Mes études
furent perturbées à tel point que j'enregistrai mon premier
échec scolaire, j'échouai au baccalauréat en 1987. Je n'ai
pas tardé à réaliser la tragédie qui me tombait
dessus et ma situation me révolta. J'ai compris alors que mon
échec trouvait sa raison dans la démesure de mon engagement
religieux ; l'église avait, en quelque sorte, supplanté
l'école dans mes priorités. Comme l'écrivait Honoré
de Balzac, « en toute chose l'on ne reçoit qu'en raison de ce
que l'on donne »17(*). L'Eglise à laquelle j'avais sacrifié
l'école, n'encourageait guère les études car elles
pouvaient éloigner le bon croyant de son Dieu. Le pasteur fondateur de
l'église n'avait pas fait d'études au-delà de
l'école primaire. Le leitmotiv de ses prêches prenait appui sur la
parole biblique (à propos des riches qu'il est plus difficile de faire
entrer au ciel que de faire passer un chameau par le trou d'une aiguille) pour
stigmatiser les intellectuels.
Pour reprendre mes études avec plus de sérieux,
j'ai dû prendre énergiquement quelque distance d'avec mon
engagement religieux. Ce fut la clef de ma réussite au
baccalauréat en 1988. Militant de GBU/GBEEB (groupe biblique
universitaire/ groupe biblique des élèves et étudiants du
Bénin), convaincu des graves risques qui pesaient sur le rendement
scolaire, je n'ai pas hésité à décourager
l'implication totale des élèves dans les affaires
religieuses.
L'accès à l'enseignement supérieur
m'était rendu difficile pour des raisons personnelles,
géographiques, et financières. D'ailleurs, même si j'avais
pu intégrer la seule université de mon pays, je n'y aurais pas
fait long feu car en cours d'année (1989), des troubles politiques
secouèrent le Bénin et provoquèrent une fermeture
générale de l'école18(*).
? Formations
professionnelles.
Quand les portes de l'enseignement supérieur
s'étaient ré-ouvertes en 1990, les moyens d'y accéder me
manquaient toujours. Mon souci d'alors était de me former
désormais dans une perspective d'engagement professionnel. Pour ce
faire, j'ai tenté d'obtenir des bourses de formation pour me rendre
à l'extérieur (France, Maroc, URSS) ou de réussir à
un concours au niveau national : aviation, santé.
Après de vaines recherches de travail, j'ai eu
l'opportunité de suivre une formation agricole (entièrement
financée par une bienfaitrice française retraitée de
l'enseignement et totalement consacrée aux oeuvres chrétiennes de
nature évangélique) de 1990 à 1991 au centre Songhaï
à Porto-Novo pour devenir un futur entrepreneur agricole (Volaille,
production d'oeufs de consommation et culture agricole).
Mais juste après cette formation, aidé par la
même bienfaitrice, j'ai saisi l'opportunité qui m'était
offerte de me rendre en France, dans un institut de théologie, pour
renouer avec les études alors que j'avais tourné le dos à
l'engagement religieux (formation axée sur la missiologie,
l'anthropologie, l'enseignement biblique, la prédication de
l'évangile). Après un an, suite à un différend
entre le Directeur de l'institut et moi, j'ai dû démissionner. La
même année, je me suis inscrit à la Faculté des
lettres à Aix-en- Provence dans la section langues anciennes pour y
étudier le grec19(*) dans la perspective d'une maîtrise
« radicale » du message biblique et pour exercer en tant
qu'enseignant dans la Faculté de Théologie que l'association des
églises évangéliques projetait de créer dans mon
pays. Etant donné que la possibilité nous était
donnée de suivre les études de grec, même à
distance, avant de rentrer au pays, j'étais décidé
à profiter au maximum de mon séjour en France. C'est ainsi que je
suis allé faire un stage en apiculture à Bresse et une formation
paramédicale au CLER (Centre de Liaison des Equipes de Recherches)
à Paris pour être moniteur conjugal.
La méthode apprise s'appelle la Régulation
Naturelle des Naissances (RNN) composée de trois sous
méthodes :
- La méthode Biling (observation de la glaire
cervicale) pour repérer le début de la période
féconde,
- L'observation du col de l'utérus (consistance,
position, ouverture) pour situer précisément l'approche de la
ponte ovulaire et le lendemain de l'ovulation.
- La méthode Ogino (température) pour confirmer
la fin de la période féconde.
Le retour au pays a eu lieu en 1994 et il fut synonyme d'un
engagement de ma personne dans l'écriture journalistique20(*), dans la littérature de
combat, temps des règlements de compte avec les formes de
démesures que j'avais vécues plus jeune au Bénin et
à l'institut de théologie en France.
En 1997-1998, puisque j'avais déjà
créé API BENIN et suite à une rencontre avec un apiculteur
belge de passage au Bénin pour évaluer les potentialités
apicoles locales, je me suis rendu à Mons pour y suivre une formation
supérieure en apiculture générale, tropicale et
subtropicale avec spécialisation en insémination artificielle des
reines d'abeilles et en apithérapie (traitement des maladies avec les
produits des abeilles). A Mons, je suis sorti major de promotion.
De retour de Belgique, en 1998, je me suis inscrit pour une
formation à distance en agronomie tropicale pour renforcer mes
capacités dans le domaine agricole.
En 2002, je suis allé suivre un stage en
médecine verte à la Faculté de médecine Calixto
Gracia à la Havane, à Cuba pour renforcer ma capacité en
phytothérapie. Par la suite, j'ai arrêté mes études
en agronomie pour me lancer dans la santé au point de m'inscrire en
médecine au Canada. L'option choisie concerne la mise en valeur des
végétaux. Mes études seront sanctionnées par un
doctorat de 1er niveau en homéopathie et en naturopathie.
1-2
Mise en exergue de quelques moments significatifs du parcours
Mon parcours de formation est semé d'un certain nombre
de moments significatifs qui, à mon sens, méritent d'être
mis en exergue.
· Alors que beaucoup d'écoliers de mon pays, une
fois inscrits à l'école, sont comme abandonnés à
eux-mêmes ou aux enseignants, j'ai bénéficié d'une
présence continue, active mais discrète de ma mère qui
s'est acquittée de ma ration quotidienne d'écolier. Ainsi, dans
la discrétion, elle a contribué grandement à la
construction de ma personnalité.
· La conjonction entre d'une part le traumatisme de la
maladie et de la mort de mon père et d'autre part la flamme de courage
qu'il m'a transmise pour que je sois le potier de mon avenir en prenant
l'école au sérieux : « N'abandonne pas
l'école, ainsi tu réussiras dans la vie ». Ces paroles
de mon père résonnent encore en moi comme un souffle d'optimisme
irréductible et consolident la confiance que l'école me formera
pour un avenir certain.
· Les fluctuations de mon rendement scolaire m'ont appris
que rien n'était définitivement acquis en matière
d'apprentissage scolaire et que l'orgueil, la bonne conscience et toute forme
de diversion pouvaient faire basculer un homme de l'excellence dans la
médiocrité. Clérambard Grasset n'a t-il pas prévenu
que « l'humilité est l'antichambre de toutes les
perfections » 21(*)
· Mon départ du Bénin vers la France pour
étudier fut à la fois une aventure dans l'inconnu mais aussi une
opportunité de me former de façon polyvalente. Le fait d'aller
à l'étranger repose sur deux exigences principales :
être mu par le sens du défi et savoir se ressaisir dans les
moments difficiles.
· La nécessité de
« convertir » toute formation et compétence
technique (en agronomie par exemple) en souci constant de sortir l'humain de la
détresse (la médecine comme expression d'un humanisme). Directeur
d'une organisation à vocation agricole pour la promotion de
l'apiculture, j'étais d'abord fier d'évoluer dans mon domaine
technique. Mais, comme par une révolution copernicienne, j'ai
choisi de m'investir dans la santé pour être plus utile à
la société. Face à la détresse des populations
menacées par le fléau du SIDA, contribuer à leur procurer
quelques remèdes qui ajournent la mort et sèment l'espoir,
représente pour moi le sens même de mon existence.
1 -
3 Compétences acquises
Brut et difforme que j'étais, l'école et les
différents domaines de formation suivie ont été le creuset
de ma transformation. Comme l'or qui passe d'abord par l'épreuve du feu
(à haute température) avant de faire apparaître ses
qualités, mon parcours de formation, enrichi de peines et de joies
soutenues par le courage à différents niveaux, m'a fait
acquérir diverses compétences dans les domaines du savoir, du
savoir-faire et du savoir-être sans oublier des défauts qui se
sont glissés dans mes comportements.
Outre les différentes langues apprises : le
français, l'anglais et le grec, j'ai énormément appris
dans les domaines scientifiques en général et en particulier les
sciences naturelles (mon domaine de prédilection). Mon parcours de
formation m'a permis d'acquérir la capacité de dépasser
les frontières ethniques, socio-culturelles et religieuses) pour
communiquer avec le reste du monde. Le cours de philosophie et celui de
littérature m'ont appris le raisonnement logique et la capacité
de rechercher le pour et le contre en toute circonstance. Ma formation
inachevée en agronomie me permet de voir au-delà de la vision
limitée des paysans ou du simple technicien en matière des
problèmes agricoles. Les cours en médecine douce m'ont appris
à voir l'être humain d'un autre regard dans l'analyse des
réactions de son corps en différentes situations
pathologiques.
Je suis en partie le produit de mon parcours de formation qui
m'a appris à me battre dans la vie, à rechercher l'excellence
dans tout ce que je fais. J'ai appris à ne pas céder au
découragement. La souffrance pendant les études et
l'apprentissage quelles que soient leur nature et leur durée produisent
finalement une joie d'intensité incomparable. Le dicton ancien :
« La croix précède la gloire » est une
réalité que j'ai vécue. J'ai acquis aussi une
extraordinaire capacité d'adaptation et de réadaptation et une
personnalité polyvalente. Les différentes activités qui
composent la société API-BENIN que je dirige aujourd'hui sont en
partie le produit ou la conjugaison de mon savoir-faire acquis tout au long de
mon parcours.
Les différentes formations ont construit ma
personnalité. Mon expérience de l'orgueil en classe de seconde
m'a appris l'humilité : ne pas vivre imbu de soi-même au sein
de la société, savoir apprendre des autres et reconnaître
leur valeur. Les souffrances et privations m'ont appris la compassion et la
générosité à l'égard d'autrui. J'ai acquis
aussi un esprit de détermination et une témérité
particulière. Les études bibliques et théologiques m'ont
appris l'attention à autrui, à ce qui me dépasse, à
la transcendance. Dans cette disposition d'esprit, j'ai compris qu'il
était mieux dans la vie de : parler moins de moi-même ;
parler peu et d'écouter plus.
2 - Parcours professionnel
2 -
1 Présentation synoptique de mon parcours professionnel
Après avoir vécu et compris les influences
négatives qu'une secte pouvait avoir sur la vie d'un jeune homme, j'ai
choisi, d'une part de dénoncer ses actes malveillants et d'autre part
d'informer le peuple béninois des dérapages de certains
mouvements religieux. Et je menais simultanément un combat sur d'autres
fronts : aider les couples à planifier les naissances
(méthode naturelle) et prévenir les avortements. Pour soutenir
financièrement mes combats, j'ai entrepris des travaux d'élevage
concentrés dans le domaine de l'apiculture qui me propulsera dans le
domaine de la santé où je connais une émergence
exceptionnelle.
2 - 1.1 Le journalisme
chrétien
Revenu au pays après ma formation en théologie,
j'ai initié un bulletin d'information et de combat nommé
"l'Avertisseur" dans lequel je m'exprimais librement en dénonçant
les dérapages au plan doctrinal, social, organisationnel, éthique
etc. Ce travail m'a occupé de juin 1994 à mai 1995. Les
conséquences ont été au-delà de mes attentes:
l'assemblée a été secouée, une lutte au plan
national a été engagée pour la réforme, la cour
suprême nous a convoqués, le pasteur principal et moi pour nous
entendre ; le gouvernement béninois a sanctionné les
dérapages d'ordre organisationnel et moral par la fermeture de
l'église pendant un mois. Mon bulletin qui paraissait chaque
trimestre était distribué presque gratuitement, ce qui a
épuisé rapidement les fonds propres et les aides dont je
disposais à cet effet malgré quelques soutiens. Quatre
numéros parurent et traversèrent les frontières du
Bénin pour atteindre la France et la Suisse. Faute de moyens, j'ai
dû arrêter cette oeuvre pour m'investir dans l'agriculture et
l'élevage qui, mieux que le journalisme, allaient me rendre
financièrement indépendant et capable.
2 - 1.2 Le travail de
moniteur conjugal
Dans les années 1995-1996, parallèlement
à mon travail de rédacteur du bulletin "l'Avertisseur", je
recevais tous les samedis de 10 à 16 heures les couples pour leur
enseigner la Régulation Naturelle de Naissance (RNN) autrement dit un
planning familial de type naturel. J'enseignais les trois méthodes qui
composent la RNN mentionnées un peu plus haut. Les raisons pour
lesquelles ce service me tenait à coeur étaient humanitaires.
Je menais cette oeuvre pour :
- lutter contre l'avortement volontaire que je
considérais comme un crime, un "assassinat", car une fois les deux
nucléi fusionnés le résultat est un être humain
à part entière et a tous les droits, la preuve est que le
bébé éprouvette n'a besoin de rien d'autre que
d'être nourri pour devenir un être complet ;
- aider les couples béninois à planifier les
naissances et à éviter les grossesses non
désirées ;
- lutter contre les méthodes abortives telles que les
stérilets qui sont utilisées, dans une certaine inconscience par
les femmes.
Cette oeuvre de défense de la vie humaine a
été saluée par les églises et j'étais
débordé par l'affluence des couples qui venaient m'écouter
les samedis. Mais à la création de ma ferme agropastorale, j'ai
dû marquer une pause, suspendre cette oeuvre humanitaire qui
répondait à un besoin social.
2 - 1.3 Entreprenariat
agricole/Direction de l'ONG API-BENIN
Sentant ma réserve financière s'amenuiser et
aidé par ma bienfaitrice française, j'ai décidé de
mettre en valeur ma formation agricole. A partir d'une couveuse acquise le 18
juin 1995, j'ai entrepris une production de pintades à Bohicon. De juin
à décembre, après sept séries successives
d'incubation, j'ai atteint en fin décembre un cheptel de plus de cinq
cents têtes de volailles, ce qui m'a amené à créer
une ferme à Djidja à plus de trente kilomètres de chez
moi. J'ai triplé ce cheptel et développé
parallèlement d'autres secteurs d'activités telles que la
production d'incubateurs améliorés et la plantation
d'anacardiers. J'ai obtenu plusieurs prix en tant que grand producteur de
pintades22(*). Un avenir
florissant s'annonçait quand, subitement des hordes de bandits de Djidja
se sont mises à me menacer et à mettre en péril mon
entreprise. La fin a été tragique et dramatique ; ils ont
mis à sac mon élevage et l'un d'eux que j'ai pu arrêter et
identifié m'a menacé de mort. Déçus et
profondément choqués, ma femme et moi, nous nous sommes
consolés en confiant notre destin à la providence divine. J'ai
vendu tout le reste de mon matériel, et j'ai décidé
d'investir dans la construction des ruches pour l'élevage des abeilles
espérant une meilleure fortune. Avec tristesse, j'ai
déménagé pour me retourner en ville où j'ai
créé le CABPS23(*) qui est devenu API - BENIN.
Entre-temps, les grands centres d'élevage de pondeuses
d'Abomey et de Bohicon m'ont fait appel pour m'engager comme assistant
technique. Sur programme, je supervisais trois fermes de plus de 20.000 poules
pondeuses. Le salaire acquis m'a permis de louer une grande villa pour lancer
les activités apicoles d'API-BENIN et une unité de production de
couveuse à pétrole, à ventilation dynamique et
électronique, fruit de ma propre invention. C'est en partie, sur fonds
propres que j'ai financé ma formation de spécialisation en
apiculture générale, tropicale et subtropicale en Belgique en
1998. Après mon retour, avec l'appui de partenaires hollandais, j'ai
lancé à grande échelle la promotion de l'apiculture fort
médiatisée. Deux cent soixante paysans formés en
apiculture ont été équipés pour la production du
miel.
Plusieurs projets étaient mis en route pour
développer notre activité :
- la coopération française au
développement avec l'appui de l'AFVP (Association Française des
Volontaires du Progrès) voulait nous aider à construire un grand
centre de formation et mettre un volontaire de progrès à notre
disposition pour deux ans (projet d'un coût total de cent vingt neuf
millions) ;
- la FAO avait accepté d'étudier notre projet de
deux cent dix millions pour le développement de l'apiculture au centre
et au nord Bénin comme activité complémentaire au secteur
agricole.
En dépit de ce climat favorable à mon
entreprise, à la suite d'une mésentente, quatre de mes
collaborateurs ont quitté et ont écrit à tous les
partenaires de l'ONG pour la discréditer. Malgré mon
périple dans les pays européens en 2000, j'ai
échoué dans la relance des relations de partenariat pour les
différents financements en projet. Seuls les Hollandais ont pris la
peine de faire évaluer leur appui par des experts belges. Cette
évaluation a été très favorable à l'ONG, et
pour encourager mon travail, la décision a été prise de
financer la construction de mon centre de formation qui abrite une station de
recherche, d'élevage, de sélection et d'insémination
artificielle des reines d'abeilles, la première en Afrique. Après
ces événements, j'ai décidé de tourner dos à
tous les partenaires pour m'engager dans un processus de développement
sans assistance extérieure. Cette décision apparemment suicidaire
prise en octobre 2000 allait être source de motivation et de changement
profond et spectaculaire dans la suite de ma vie professionnelle et
associative. Je venais d'entrer dans une autre logique du développement,
celle que défend Joseph KI-ZERBO qui dit : « On ne
développe pas, on se développe »24(*). En effet, "tant que tu
dors sur la natte d'un autre, tu dors par terre". A quelque chose malheur est
bon : vu sous un angle différent, le forfait de mes anciens
collaborateurs avait été plus bénéfique que
maléfique. La situation dans laquelle je m'étais retrouvé
me laissait seulement le choix entre disparaître ou survivre par la
créativité d'inventer un autre type de développement.
Depuis ce moment, je mesure la vérité et la profondeur de
l'affirmation de Georges Bataille selon laquelle « nous n'avons
d'autre possibilité que l'impossible.»25(*)
Notre organisation a connu une croissance économique
sans précédent, le nombre d'agents est passé de onze
à cent six en l'espace de deux ans. Du directeur d'une petite structure
que j'étais, j'ai été propulsé à la
tête d'une organisation composée de différentes
unités de production, cinquante cinq bureaux dans tout le pays et de six
bureaux hors de nos frontières.
2-1.4 La recherche en
médecine avec les plantes
L'apithérapie m'a conduit à la
phytothérapie, ce qui a suscité en moi la recherche de plantes
pour lutter contre la pandémie du VIH/SIDA après que j'ai perdu
un collègue camerounais et un parent béninois
décédés de VIH/SIDA. Les recherches menées en
collaboration avec mon adjoint26(*) ont été couronnées par la
découverte d'une substance27(*) inhibitrice de l'infection à VIH/SIDA pour
laquelle j'ai obtenu un brevet à l'OMPI28(*) en Suisse. Dans ce contexte, il me semble que l'on
peut prendre au sérieux Georges Bataille quand il
écrit que « la malédiction est le chemin de la
bénédiction la moins illusoire »29(*). Mes recherches m'ont conduit
à l'institut de virologie de l'université de Strasbourg-1 pour
des essais in vitro, au centre de transfusion sanguine d'Abidjan pour des
analyses de quantification des copies d'ARN viral, au laboratoire de virologie
de l'hôpital Necker à Paris et à l'ANRS (Agence National de
Recherche sur la SIDA à Paris 13ième) pour conseil et
orientation.
2 -
2 - Analyse critique du cadre professionnel.
L'organisation API-BENIN
créée depuis 1995, formellement structurée en 1997 et
enregistrée en 1998 par le gouvernement du Bénin s'est
donnée pour mission la revalorisation de l'environnement afin d'en tirer
des ressources pour servir le développement. Pour atteindre ce but, des
dispositions sont prises pour sa gestion et son fonctionnement. Analyser cette
structure revient à montrer l'efficacité de l'interrelation
existant entre les objectifs, les ressources et le fonctionnement de la
structure.
Les objectifs professionnels que poursuit API-BENIN
sont : la production à l'échelle industrielle de nos
phytomédicaments et remèdes apithérapeutiques, la
formation et l'encadrement des apiculteurs pour la production de
matières premières, l'exploitation de grands domaines de plantes
médicinales et la recherche de compétence pour
l'efficacité du personnel dans les différents domaines.
Les ressources matérielles et financières
proviennent de la vente de nos produits sur toute l'étendue du
territoire et hors du Bénin. Les ressources humaines sont disponibles
mais pas très qualifiées.
Le déséquilibre entre la poursuite des
objectifs cités et la qualité du personnel disponible est
remarquable : parfois à cause de la cherté du personnel
qualifié, l'ONG a dû recourir à une main-d'oeuvre moins
chère formée sur le tas. Dans certains cas, les résultats
sont tellement médiocres que nous fermons certains bureaux.
L'investissement dans l'entretien de la dynamique engagée et dans
certaines installations pour la production, la gestion du mouvement
international ont privé l'ONG d'assurer un bon suivi de plus de 700
paysans apiculteurs engagés et même l'organisation de session de
formation pour de nouveaux paysans s'en trouve affectée ce qui contredit
notre vie de l'autonomie et du refus de la dépendance. Ce fait a
progressivement provoqué la non-disponibilité de matières
premières à transformer, ce qui a induit nos apiculteurs à
être désorganisés et peu productifs et nous sommes
obligés de tourner vers l'extérieur pour importer nos
matières premières.
Pour le bon fonctionnement de notre organisation, nous avons
constitué plusieurs pôles : une équipe centralise et
gère toutes les données des différents pôles
dirigés par des responsables stratégiques. L'informatisation de
la gestion a été d'un grand secours pour moi. Néanmoins,
des difficultés de taille existent encore du fait de la distance qui
sépare les différents bureaux de la structure répartis sur
tout le territoire national. La croissance a rendu l'ONG vulnérable.
2 -
3 Analyse de l'efficacité externe de ma pratique professionnelle
à ma demande de formation à DEDA
Dans mon engagement pour le développement, les
différents changements et événements m'ont
conféré d'énormes capacités. L'indépendance
économique acquise m'a permis de voler au-delà des horizons que
je pensais infranchissables et d'avoir d'autres possibilités telles que
l'acquisition d'équipements, la liberté de décision sans
avoir à consulter un bailleur de fonds, la capacité d'aller
au-delà de nos frontières quel que soit le coût pour
m'enrichir de compétences indispensables. Néanmoins la gestion
globale de l'étendue de nos activités, les compétences
nécessaires pour faire mieux, la capacité d'analyse au plan
social, économique, politique, stratégique me font défaut.
Les conséquences sont évidentes : l'ignorance dans la
manière de procéder, l'évolution par tâtonnement, la
difficulté à gérer les hommes dans leur complexité,
l'incapacité à déceler la cause principale de certains
problèmes d'ordre organisationnel et technique, l'incapacité
d'être à la hauteur d'une structure qui s'agrandit de jour en
jour, la difficulté éprouvée dans la gestion des gens
provenant de toutes les ethnies du Bénin. Le choix du type de
développement que j'ai fait, « développement sans
assistance financière venant de l'extérieur et basé sur la
mise en valeur des ressources locales », me pousse à
rechercher des compétences. En matière du développement
pour assurer une croissance à tous les niveaux et pour servir de
modèle de développement en Afrique, continent pauvre mais dormant
sur une mine de richesses insuffisamment exploitées, certaines
qualités sont indispensables. Celles-ci vont me permettre de former les
paysans en apiculture et de conduire à bon port l'ONG API-BENIN. Cette
stratégie m'imposait d'aller en quête des compétences
adéquates pour éviter à mon action de développement
la sclérose, le cercle vicieux de la routine et du bricolage pour lui
assurer une mise en perspective à partir de compétences
avérées. Ainsi ma demande de formation au programme DEDA repose
sur les préoccupations suivantes :
- 1- prendre un recul critique vis à vis de mes
pratiques de pilotage et de gestion de l'ONG ;
- 2- acquérir des outils techniques de gestion et de
formation des adultes pour créer une véritable dynamique au sein
de l'ONG ;
- 3- décoder les paramètres socioculturels et
leur pesanteur dans les organisations ;
- 4- intégrer dans ma vision et ma pratique de
développement la notion de capital humain ;
- 5- comprendre davantage la complexité constitutive du
développement.
B / PHASE INTRA-DEDA
Les difficultés personnelles et professionnelles dont
j'ai fait cas dans les pages précédentes devaient à tout
prix trouver une solution en terme de formation. C'est en ce sens que j'ai pris
la mesure du sens et de l'importance de l'offre de formation faite par le
programme DEDA aux acteurs du développement. L'offre de formation DEDA
vise à les outiller en développant, en renforçant leurs
capacités d'analyse des pratiques professionnelles, et leurs
capacités d'action sur le terrain du développement et de
formation des adultes.
En plus de ce contenu qui rencontrait pleinement ma demande
de formation, l'organisation de la formation DEDA par alternance
présentait un intérêt particulier pour le directeur d'ONG
que j'étais : tout au long de la durée de la formation, un
mois de cours intensifs à l'université suivi d'un retour sur le
terrain de l'action quotidienne où il est possible de confronter assez
rapidement les théories universitaires avec les réalités
du terrain afin d'en tirer une nouvelle dynamique pour la lutte contre la
pauvreté. La formation en alternance comportait aussi l'avantage de
faire en sorte que les acteurs du terrain professionnel apportent avec eux
à l'université tous les problèmes concrets pour les
examiner, les analyser et éventuellement leur trouver des débuts
de solutions théoriques. Pour moi, l'université en tant qu'espace
critique du savoir est capable de « nourrir » le monde
professionnel et réciproquement.
I ACQUIS CONCEPTUELS
La formation DEDA a été marquée par la
découverte de plusieurs concepts dont nous avons, en quelque sorte,
apprécié la complexité et la profondeur. C'est ainsi que
le développement, un des deux concepts centraux du programme a
été analysé selon une pluralité de perspectives,
dans une dynamique interdisciplinaire (socio-économique,
historico-politique, socio-anthropologique). Ensuite, la mondialisation,
deuxième concept central, elle-même en lien étroit avec le
concept de développement dans la mesure où tout ce qui concerne
les questions de développement se joue dans le même monde devenu
depuis quelques temps déjà, à la faveur des nouvelles
technologies de l'information et de la communication, elles-mêmes
conséquences de l'explosion vertigineuse des sciences, un village
planétaire où chaque pays est, nécessairement en relation
avec les autres.
I
-1 Sens et importance d'une approche interdisciplinaire du
développement.
Avant d'intégrer la formation DEDA et son approche
interdisciplinaire du développement, je n'en avais qu'une vision
restreinte, réduite à la seule dimension économique. Ma
vision était en quelque sorte obnubilée par le paradigme
occidental du progrès et du développement, à tel point
qu'il s'agissait pour moi, dans la lutte contre la pauvreté, d'oeuvrer
à reproduire en Afrique une logique pure de l'accumulation des biens et
des services pour créer un confort matériel, un bien-être
en mesure d'assurer à chacun une certaine sécurité. Ma
vision était donc en quelque sorte, économiste, ou selon certains
usages, économiciste.
Mais la formation DEDA m'a offert l'opportunité de
bénéficier d'une approche multidisciplinaire pour élargir
ma vision au profit d'une intelligence plus large et humaniste de la
problématique du développement. Je vais tenter dans les lignes
qui suivent de montrer que la vision holistique du développement promue
par la formation DEDA, repose sur une diversité de disciplines aidant
à percevoir la complexité de la notion de développement.
Cette approche est à mon sens déterminante car on ne saurait
comprendre une réalité aussi complexe que le développement
par la seule discipline qu'est l'économie qui nous perd si souvent dans
ses chiffres et ses taux. Plusieurs types d'approches ont constitué
notre formation en développement ces deux années durant.
I -
1 - 1 L'Approche socio-économique
Considérant l'omniprésence de la
précarité en termes de biens et de services pour la satisfaction
des besoins des populations en pleine croissance, le développement ne
peut être pensé sans considérer sa dimension
socio-économique. C'est une exigence de réalisme. Ce n'est pas en
versant des larmes de crocodile sur notre sort de pays pauvres que nous allons
nous émanciper du bourbier du sous-développement. Face à
la misère, il faut travailler à créer un minimum de
bien-être pour la sécurité physique, matérielle
même des populations. L'Afrique est un continent où il manque
quelquefois jusqu'au minimum. Agir ici s'impose comme une urgence à
laquelle personne ne devrait se dérober ; c'est une question de vie
ou de mort. Ne pas se développer, c'est en quelque sorte se condamner
soi-même à mort. Au-delà des mots et des larmes sur notre
continent, nous devons savoir que le développement se fait avec des
moyens économiques. Pour développer un milieu, il est primordial
d'évaluer la richesse de son environnement naturel pour ensuite la
mettre en valeur en essayant de passer de l'extraction des ressources enfouies
dans le milieu à leur transformation afin de créer de la valeur
ajoutée. La valeur ajoutée est fonction des initiatives des
personnes ressources dont dispose un pays, de leurs aptitudes intellectuelles
et morales, théoriques et pratiques, de leur sens de l'histoire (les
personnes-ressources d'un pays doivent savoir relier le passé du pays
à son présent et inventer l'avenir à la lumière du
passé et du présent). Tout développement sans
création de valeur ajoutée est une oeuvre qui finit par appauvrir
le milieu. Autrement dit, la production rentière n'est donc pas un
véritable facteur de développement économique. En prenant
le cas de l'Afrique, continent sur certains points, effectivement en retard par
rapport aux autres, la situation est plus qu'alarmante. En effet, parmi les
pays au monde qui ont le plus faible PNB (Produit National Brut), 18 sont en
Afrique et malgré qu'elle ait les 12% de la population mondiale, elle ne
produit que 1,6% des richesses du monde. L'indice du développement
humain (IDH) est particulièrement bas : les 15 pays du monde ayant
les faibles IDH sont tous africains30(*). Cette situation, loin de paralyser les Africains,
devrait plutôt les réveiller pour qu'ils se déterminent
à agir avec les ressources scientifiques et technologiques de leur
époque au lieu de rêver de transformer la réalité
par ce que Axelle Kabou31(*) appelait la
« bouc-émissairisation », par les larmes ou la
mendicité à l'échelle internationale. Les Africains
doivent devenir des gens qui croient en eux-mêmes, qui ont foi en leur
valeur et en leur capacité à agir pour changer le cours triste de
leur histoire. Mais alors, il faut dépasser toute vision purement
économique du développement et prendre d'autres paramètres
en compte.
I -
1 - 2 Approche historico-politique
Le développement d'un milieu ne peut être
amorcé sans tenir compte de son passé et de ses systèmes
de gestion et d'organisation politique. Le passé peut être un
facteur positif ou négatif du développement. Dans certains cas,
le passé reste très fécond à l'émergence
d'un milieu tandis que dans d'autres, le passé regorge de pesanteurs qui
handicapent ou retardent le développement. Considérant le cas de
l'Afrique, pour se développer, elle doit reconsidérer avec
lucidité, détermination et sans complaisance les causes
historiques de son retard. Trois facteurs importants sont à
considérer : la colonisation, la mondialisation et l'attitude
parfois irresponsable des africains eux-mêmes. L'Afrique est un
continent mal parti pour la bataille du développement qui se retrouve
aujourd'hui sans réels repères historiques pour son
émergence. Les causes historico politiques de son retard peuvent
être considérées comme les suivantes :
- la saignée humaine du fait de la traite
négrière et de la conquête coloniale ;
- l'éducation
« occidentalisée » qui fut en quelque sorte source
d'aliénation des forces vives du continent entraînant chez
beaucoup le mépris d'eux-mêmes, la démission par rapport
à leurs valeurs, leur langue, leur vision du monde, leur mode de
production des biens et des services nécessaires pour lutter contre la
précarité (les pères de la négritude
n'hésitent pas à parler de l'Afrique colonisée comme d'une
terre violée, à leurs yeux les Africains sont des gens à
qui on a savamment inculqué un complexe d'infériorité qui
les paralyse au quotidien et inhibe leur détermination, leur audace,
leur vaillance légendaire) ;
- la mise en place de l'économie de traite (qui
signifie absence d'industrialisation), la protection artificielle des
économies (dans ce qu'on appelle le pacte colonial), l'imposition et la
perpétuation d'une monnaie telle que le franc CFA, en dépendance
totale vis-à-vis des devises extérieures, occidentales ;
- le découpage artificiel des territoires engendrant de
multiformes et perpétuels problèmes de frontières, la
constitution des Etats a rarement coïncidé avec la
réalité des nations ou des pôles ethniques, linguistiques
(ce fait a engendré beaucoup de conflits frontaliers qui ont
contribué à retarder le décollage économique en
raison de la paix devenant impossible alors qu'elle est nécessaire
à toute entreprise de développement d'un pays) ;
- les réseaux de transports orientés vers
l'extérieur (tout était conçu pour traiter l'Afrique en
pays de production de cultures de rente, ce qui a compromis le perfectionnement
des cultures vivrières pourtant si nécessaires à
l'autosuffisance alimentaire, composante déterminante du
développement) ;
- l'enclavement de la plupart des Etats, et qui en plus de
cette situation inconfortable, ont pendant trop longtemps entretenu la
confusion des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire :
la concentration des pouvoirs entre les mains d'un seul ou entre les mains d'un
groupe ethnique, politique, idéologique a été
favorisé par les intrigues entre l'ex-colon et les subalternes qu'il a
essayé de placer derrière lui, après avoir sonné la
fin de la tutelle coloniale. De tels régimes ont sévi un peu
partout en Afrique, exerçant une violence arbitraire sur les
populations, manifestant un grand mépris des populations que l'ancien
maître désignait par le terme
« indigènes », et réprimant de manière
sanglante toute forme de rebellions.
- L'entretien de la dépendance des pays africains
vis-à-vis des puissances coloniales et particulièrement celle des
dirigeants africains, condamnés à travailler contre leurs propres
populations, pillant les ressources de leur pays pour enrichir les anciennes
colonies. En effet, certains des dirigeants africains ont souvent
été réduits à n'être que de simples
exécutants du pouvoir réel exercé par l'Occident.
Il est des jours où on peut être tenté de
croire que le monde développé prend plaisir à entretenir
la pauvreté de l'Afrique même si ce monde est aussi celui qui
apporte l'aide humanitaire, les projets de coopération, l'aide au
développement, etc.. C'est en cela que l'on peut imputer à
l'occident ou au système de la mondialisation une certaine
responsabilité dans la perpétuation de la pauvreté en
Afrique. Les raisons sont nombreuses :
- le débauchage des intellectuels africains, des
personnes ressources de grande valeur scientifique qui, après leurs
études au Nord, sont subtilement invitées à s'installer
dans le confort occidental au lieu de rentrer au pays pour être les
locomotives du développement de leur patrie. Il faut le
reconnaître aussi, les pouvoirs politiques africains n'ont pas toujours
créé les conditions idoines pour éviter l'exode ou la
fuite des cerveaux ;
- le choix des industries pharmaceutiques de ne
privilégier que les médicaments rentables destinés aux
clientèles solvables du Nord, au grand mépris des maladies
endémiques qui frappent le Sud, au grand mépris des populations
insolvables ;
- les économies africaines déjà fragiles,
exposées de plein fouet à la concurrence internationale
après « la crise de la dette », l'ouverture des
frontières exigée par la banque mondiale et FMI, la concurrence
déloyale des importations subventionnées par des pays riches
(chacun sait le problème qui oppose les pays riches aux pays du Sud,
à propos du coton) ;
- la privatisation, la dérégulation, la
libéralisation entraînant la montée des mafias, des trafics
illicites de tous genres (déchets toxiques, armes, diamants, drogue,
médicaments...) ;
- l'ingérence politique et économique (les
renversements des régimes supposés dangereux du simple fait
qu'ils refusent d'être dominés et de servir la cause des
puissances d'argent) ;
- et l'application des PAS imposés par les institutions
de Breton WOOD sans souci aucun des souffrances de la population.
Tous ces faits ont engendré et entretenu
l'instabilité socio-économico-politique de l'Afrique. Au lieu
d'être un espace de solidarité, notre monde s'est
métamorphosé en un espace où règne la loi de la
jungle : les plus forts écrasent les plus faibles, les pauvres
meurent de faim et de maladies et les plus riches s'épanouissent et
épargnent leur argent frauduleusement gagné dans des paradis
fiscaux en Occident.
Mais, au-delà de ces preuves de la culpabilité
de l'Occident dans nos malheurs, il faut reconnaître que les puissances
extérieures ne peuvent agir au détriment de l'Afrique qu'avec la
complicité des Africains eux-mêmes.
Loin d'accuser les autres et d'oublier les responsables
immédiats du recul et du retard de l'Afrique, le devoir du patriotisme
minimal pour notre continent oblige tout africaniste à considérer
la part importante de responsabilité des Africains dans l'enlisement du
berceau de l'humanité. C'est dans cette optique que l'on peut situer
l'oeuvre de Axelle Kabou qui remettait en cause le comportement souvent
incohérent des Africains sur les chemins de leur propre
développement. C'est aussi cette exigence de revenir à
nous-mêmes au lieu d'accuser toujours les autres d'être les
responsables de notre malheur, que nous trouvons dans les écrits
très critiques sur les démissions africaines de Mouelle Njoh
Ebénezer32(*).
L'Afrique coule chaque jour un peu plus en raison de
problèmes et de maux internes qu'il faut avoir le courage de
dénoncer et de remédier au plus vite. On peut citer entre
autres :
- la très grande segmentation et la
hiérarchisation africaine engendrant des rapports
dominants-dominés ;
- les haines et les antagonismes ethniques, les mépris
envers les peuples supposés « inférieurs »
(Arabes/Noirs, Bantous/Pygmées, Noirs
« clairs » / Noirs
« foncés » ;
- le développement des économies
rentières ;
- l'utilisation des entreprises comme des machines à
employer ;
- les nationalismes exacerbés et la haine des voisins,
fruits de l'échec des intégrations régionales qui se
manifestent dans la création de partis politiques à base ethnique
;
- la spéculation foncière entretenue par les
élites ;
- la confusion entre l'intérêt public et les
intérêts privés qui fait que le chef peut en toute
impunité, prendre l'argent et le redistribuer à ses proches
(corruption, népotisme, clientélisme) ;
- la négation de l'état de droit ;
- le détournement des aides internationales ;
- l'instrumentalisation des ONG ;
- et le faible investissement dans l'éducation de base
et dans la santé primaire33(*).
Tous ces maux sont parmi tant d'autres, ce qui de façon
certaine a privé l'Afrique d'un réel décollage à la
fois sur le plan économique, social et politique. L'absence de
patriotisme chez les Africains a privé l'Afrique d'une culture et d'une
mentalité prédisposées au développement. La
division, le génocide, la transformation d'une nation entière en
poudrière incendiaire telle que l'invention de l'ivoirité en
Côte d'Ivoire repoussent de plus en plus loin le rêve de l'Afrique
développée et l'enracine dans un prétendu processus de
développement portant l'étiquette « continent en voie
de développement ». La question est de savoir à quand
le décollage réel de l'Afrique pour son
développement, autrement dit, à quand le changement pour un
développement du continent africain ? Il importe de
réfléchir sur le développement en considérant
l'approche socio-anthropologique des sociétés
concernées.
I -
1 - 3 L'Approche socio-anthropologique
Le module d'analyse socio-anthropologique des
sociétés en développement éclaire un aspect du
développement. En effet, pour élucider la problématique du
développement, il convient de considérer l'étude empirique
multidimensionnelle des groupes sociaux concernés et de leurs
interactions, dans une perspective diachronique et combinant l'analyse de leurs
pratiques à celles de leurs représentations. Leurs dynamiques de
reproduction (transformation sociale), leurs comportements et les
significations qu'ils accordent à ces comportements sont à
prendre en compte dans un programme de leur développement. Pour amorcer
un changement social, l'acteur du développement doit être capable
de faire une relecture de ses actes. Et c'est en cela que Edgar Morin propose
que notre pensée se donne pour tâche majeure d'investir par les
lumières de la raison « l'impensé » qui la
commande et la contrôle. Ce qu'il souhaite à l'action de
développement, c'est qu'elle ne reste pas prisonnière de la pure
et simple logique de l'efficacité, tournant en rond sur elle-même
comme dans un cercle vicieux, mais qu'elle se transforme en matière
à penser, en source de questionnement perpétuel et
réflexif prenant en compte la recherche humaine des valeurs et du sens.
Ce qui est en jeu, c'est la réflexivité dont les acteurs du
développement doivent être capables pour sortir l'histoire des
hommes de l'absurdité ou de la barbarie techno-scientifique.
L'interrogation ne doit pas s'éteindre chez les acteurs du
développement, elle doit rester vive, critique et éclairer leur
marche hésitante sur les routes du progrès.
En somme, la dimension socio-anthropologique, permet à
l'acteur du développement d'oeuvrer dans ce cadre en considérant
d'une part tout ce qui concerne l'homme dans son environnement social, ses
faits, ses représentations, ses manières d'agir et le sens qu'il
accorde à sa vision des choses, à sa vision des êtres, du
monde et de l'histoire, et d'autre part pour lui-même la capacité
de se remettre en question et de se reconsidérer, de relire, de
réfléchir son engagement pour le développement. Avant
d'évoluer, une analyse de la situation actuelle du développement
ou plutôt du sous-développement, s'impose comme nécessaire
pour repenser autrement le développement.
I - 1 - 4 Analyse du développement :
adultération de son sens
Le développement tel que perçu et vécu
dans le contexte africain ne garantit pas des changements durables pouvant
favoriser l'émergence du continent. La mentalité selon laquelle
le développement s'importe trahit même le sens du concept. On
croit que l'exhibition de notre pauvreté méritera une attention
et une préoccupation particulières du monde
développé qui exportera le développement chez nous.
Non ! Soutiendra l'éminent historien burkinabé KI-ZERBO
selon qui « On ne développe pas, on se
développe ». Le développement a été
jusque là compris et continue malheureusement encore aujourd'hui de
l'être selon une logique qu'on pourrait appeler
« assistancialiste ». Cette logique est
dénoncée comme on le sait par Jean-Pierre OLIVIER de
SARDAN34(*) comme une
entrave majeure au développement de l'Afrique. Chez nous, un autre grand
frein au développement se rend visible à travers
l'accaparement35(*) voire
le détournement des aides à des fins privées, partisanes
et égoïstes. Une mentalité s'est développée
quasiment à tous les niveaux de la société africaine,
selon laquelle « le développement se mange ». Des
élites du plus haut niveau de l'Etat jusqu'aux paysans dans la campagne
la plus reculée, l'argent du « Blanc » est
perçu comme un cadeau voire un gâteau que l'on doit se partager au
lieu de le faire fructifier au profit de l'ensemble de la
société. Ce système pernicieux est tellement
développé que le « per-diem » occupe
maintenant une ligne budgétaire dans les projets, et il est devenu une
condition sans laquelle le paysan ne prend plus part aux oeuvres de
développement de son milieu. Le chef du projet non plus
n'exécutera pas le programme s'il n'est pas assuré de se
réserver la part du lion. On peut, dans un tel contexte, se poser des
questions sur notre conscience de la situation difficile, dramatique, sur notre
détermination et volonté de nous en sortir, de consentir quelques
sacrifices pour obtenir la fin de la misère dans laquelle nous sommes
plongés.
A quand la fin de cette idéologie pernicieuse qui a
pris place en Afrique, qui nous installe dans un mépris total de la
morale et fait de nous des hommes et des femmes sans honneur et sans
dignité ? L'argent est devenu une finalité de notre vie, il
s'acquiert par tous les moyens. Une question importante se pose : un plan
Marshall peut-il développer l'Afrique ? On peut en douter, car il
faut un changement préalable de mentalité qui remet l'argent
à sa place de simple moyen pour lequel il faut d'abord un but commun et
une certaine dose de moralité pour mettre le bien commun au-dessus de
tout. Selon S. Smith, «...Quant au plan Marshall, les principaux
bénéficiaires aux sorties de la deuxième guerre mondiale -
l'Allemagne et la France - n'ont reçu d'aides qu'à hauteur de
2,5 % de leurs PNB. En revanche, pour 1996, les Etats subsahariens -
exceptés le Nigéria et l'Afrique du Sud - ont reçu en
moyenne, l'équivalent de 12,3% de leur PIB sous forme d'aides. Ils ne se
sont pas développés pour autant. Ce qui n'a d'ailleurs rien
d'étonnant : les pays européens se sont relevés
après la guerre après la main tendue américaine ;
n'ayant jamais atteint un niveau d'organisation social de formation de leur
main d'oeuvre et de productivité qui fondent le développement, et
qu'aucune forme de crédit ne saurait compenser, les pays africains, eux,
tendent la main faute de pouvoir gagner leur vie autrement - et ils le feront
tant qu'ils ne seront pas obligés d'améliorer leurs sorts par
leurs propres efforts. ... Entre 1990 et 1995, l'aide extérieure
à l'Afrique subsaharienne représentait plus de 50% des recettes
et même 71% des investissements des gouvernements
bénéficiaires »36(*). De tels propos devraient nous faire
réfléchir et trouver les moyens de compter sur nos propres
forces. L'Afrique ne peut pas compter sur quelqu'un d'autre pour sortir de la
précarité et l'historien burkinabé a raison quand il
sous-entend que tant que nous dormons sur la natte des autres, nous dormons en
fait par terre. L'autonomie est à conquérir dans les meilleurs
délais. Il est temps de devenir majeur, de mûrir sur plusieurs
plans et d'oser assumer notre destin pour le transformer en situation favorable
à nos projets. Pour finir cette réflexion sur le
développement, il est utile de faire un bilan avant d'évoluer
dans cette étude des concepts.
I - 1 - 5 Bilan
La complexité du développement explique la
difficulté de le circonscrire par l'éclairage d'une seule
discipline. L'approche interdisciplinaire et pluridisciplinaire se montre
pertinente pour comprendre des problématiques telles que celle du
développement et de l'éducation. Le développement
apparaît comme une réalité relative à l'espace et au
temps, aux sociétés et à leur culture. Il ne saurait donc
se réduire à ce que l'Occident nous a montré comme
modèle de développement car ce type de développement a
été source de dégâts sur l'environnement, sur
l'homme dans ses relations avec la nature, mais surtout avec les autres hommes
avec qui il a des difficultés de co-existence. A quoi sert le
développement (de type occidental) s'il détruit la nature et
l'humanité des hommes et des femmes ?
Considérant tout ce qui précède, je
propose du développement la définition suivante : il
s'agit du résultat, réparti dans le temps d'un long processus
positif de changement, d'abord humain ensuite culturel, social,
économique, politique, environnemental etc. qui s'effectue
progressivement par la mise en valeur des ressources locales en l'occurrence
l'homme, la nature avec tout son contenu et parfois aussi par l'apport
extérieur de ressources (technique, technologique, humaine, culturelle,
financière etc.). Loin d'être anthropophage en
déstructurant les sociétés occidentales et non
occidentales, le développement doit être anthropocentré
pour être durable. Mais une telle vision du développement est-elle
viable quand tant d'obstacles telle que la mondialisation, se dresse depuis
quelques années sur les routes du développement de
l'Afrique ?
I -
2 La mondialisation
A cause de ce qu'en disent les médias, j'avais une
connaissance vague, brumeuse de ce phénomène qui m'apparaissait
en fait comme une nébuleuse sans contour précis. Elle est
tantôt adulée par certains qui y voient une opportunité de
liberté de circulation des biens et des personnes et tantôt
critiquée par d'autres pour qui, la mondialisation serait le produit du
développement de l'Occident qui, à cause de sa surproduction,
serait en quête de marchés nouveaux pour exporter son trop-plein.
La formation DEDA m'a permis d'y voir un peu plus clair,
au-delà des polémiques idéologiques. Non seulement la
mondialisation n'est pas un conte, une fable, c'est-à-dire, quelque
chose qui n'existerait pas mais dont on ferait croire à l'existence,
mais en plus, c'est une réalité qui nous concerne
particulièrement en tant que pays pauvres, endettés, pris dans la
tourmente d'un monde qui court sans cesse dans l'accumulation du pouvoir et de
l'argent, du pouvoir par l'argent. Ce phénomène réel,
où se joue l'avenir du monde à travers la lutte des
intérêts, selon une nouvelle vision du monde comme un
marché sans frontière fait l'affaire des grandes puissances. La
mondialisation n'a pas commencé aujourd'hui, mais s'est progressivement
installée depuis la deuxième moitié du siècle
dernier. En effet, après la Deuxième Guerre Mondiale, le
développement des entreprises multinationales a conduit à
l'établissement des rapports internationaux basés sur le libre
échange donnant naissance à un mouvement dénommé
mondialisation, « Mouvement d'internationalisation des
économies et des sociétés induit par le
développement des échanges dans le monde. On dit aussi «
globalisation » (de l'anglais globalization). La mondialisation
traduit l'extension géographique des échanges, mais
également l'extension du domaine de ces échanges. Elle ne
concerne plus seulement les marchandises, mais englobe les capitaux, la
main-d'oeuvre, les services, la propriété intellectuelle, les
oeuvres d'art. »37(*). Il est utile de compléter la
définition de ZYGMUNT BAUMAN pour rendre visibles les nouvelles
injustices que la mondialisation porte dans ses flancs : « La
signification la plus profonde de l'idée de mondialisation renvoie au
caractère indéterminé, anarchique et autonome des affaires
mondiales ; à l'absence de centre, de contrôle, de conseil
d'administration, de bureau de direction. La mondialisation est l'autre nom du
"nouveau désordre mondial" de JOWITT »38(*). En réalité on
assiste à l'émergence d'un nouvel impérialisme de nature
économique, accompagné d'idéologie politique
universaliste. Tentons d'examiner ce phénomène qui définit
le présent de notre monde pour savoir comment, et dans quel sens nous
Africains pouvons nous déterminer. Il est utile de mettre en relief ses
effets tant positifs que négatifs.
Si la mondialisation est bien intégrée à
une économie, elle pourrait aider au développement d'un pays, en
lui permettant d'accéder au marché mondial, et d'y trouver des
débouchés pour écouler ses produits et améliorer
ainsi ses capacités d'agir en faveur de ses populations. Tous les jours,
du fait de la mondialisation, l'information circule et touche même le
pays le plus petit, le plus isolé. A l'heure des nouvelles technologies
de l'information et de la communication, on peut être au courant de tout,
tout de suite. Un autre aspect que j'estime positif est la circulation des
objets de consommation ; plus besoin d'aller par exemple dans les pays du
Nord pour se procurer tel ou tel objet puisque le produit en question est soit
fabriqué, dans la dynamique de la délocalisation des entreprises,
dans les pays du Sud (même si l'Afrique est une destination moins
prisée que l'Asie), soit exporté avec rapidité un peu
partout dans le monde à la faveur des moyens ultra rapides de
locomotion. En quelques heures, des produits de consommation quittent l'Europe
ou l'Amérique pour devenir accessibles aux gens du Sud. On sait que la
possibilité pour les gens du Sud de disposer des produits
pharmaceutiques fabriqués au Nord (même si les prix restent
toujours excessifs par rapport aux moyens des gens) est déterminante
pour guérir de certaines maladies. Nul ne peut nier
l'intérêt du fait que les produits fabriqués ailleurs
viennent jusqu'à nous au lieu que nous soyons obligés de
dépenser des fortunes colossales pour aller les chercher au Nord. Mais,
en cette matière comme en d'autres, tout n'est pas aussi rose qu'on
pourrait le croire. Car la mondialisation comporte aussi des effets pervers,
des effets nocifs qui, au lieu de tirer d'affaire les gens du Sud, demeurent
des entraves majeures à leur développement.
Par et dans ce mouvement de la mondialisation, beaucoup de
valeurs locales sont mises en danger par le rouleau compresseur du
marché sans frontière. A regarder de près, on se rend
compte que l'Occident essaye d'imposer un "modèle" aux pays en voie de
développement, d'universaliser ses valeurs et ainsi de gommer tout ce
qui n'est pas de lui ou conforme à ses visées. Les produits de
consommation courante des pays riches s'imposent chez les pauvres au
détriment de leurs propres habitudes de consommation (en termes
vestimentaires, alimentaires, culturels et pharmaceutiques). En outre, on
assiste à une uniformisation dangereuse dans le traitement des valeurs
et des produits : tout est mis dans un même moule, les
spécificités culturelles sont donc banalisées, les
différences anéanties ou soumises comme les peuples
eux-mêmes qui ont été subordonnés lors de
l'entreprise esclavagiste ou coloniale. On peut donc soutenir que la
mondialisation sous son mode purement économique représente une
nouvelle colonisation des plus pauvres par les plus riches. Une autre logique,
purement et simplement mercantile est mise en place et en marche comme un
rouleau compresseur qui écrase tout sur son passage au point de
compromettre des choses essentielles concernant la vie individuelle mais aussi
la vie communautaire : « l'Etat-Nation, est semble-t-il en voie
d'érosion, ou peut-être même de dépérissement.
Et les forces d'érosion sont des forces
transnationales ».39(*) Et c'est cet aspect que précise le Directeur
général du Bureau international du Travail (BIT), quand il
écrit « qu'il n'y aura pas de mondialisation juste et
équitable sans un profond respect de l'identité culturelle de
chacun »40(*).
En cela, il entrait dans la dynamique de la résistance initiée
par la France contre l'hégémonie de la culture américaine
dans la mondialisation. Celle-ci apparaît dès lors comme le lieu
de l'unilatéralisme américain qui est principalement d'ordre
économico-politique. Le respect de l'identité culturelle
serait-il, dès lors, un passage obligé de la mondialisation ? Le
Secrétaire général de l'OIF (Organisation internationale
de la Francophonie), renchérissait en ces termes : «C'est pour
moi une évidence, si la mondialisation continue au même rythme,
dans dix à quinze ans, la culture restera le dernier bastion qui
permettra aux Etats de garder leurs spécificités»41(*). Selon lui, «C'est dans
l'intérêt de la communauté internationale d'avoir cette
diversité culturelle, car si nous ne parvenons pas à
démocratiser la mondialisation, la mondialisation va dénaturer la
démocratie, et cette démocratisation passe, entre autres, par la
défense et le maintien de cette diversité culturelle. A mes yeux,
le plurilinguisme est à la mondialisation ce que le multipartisme est
à la démocratie: indispensable»42(*).
Pour le moment, la mondialisation n'a malheureusement pas
modifié le déséquilibre mondial entre les pays riches et
les pays pauvres, au contraire elle a créé des
inégalités qui engendrent encore plus de pauvres ; un
fossé de plus en plus grand se creuse chaque jour davantage entre riches
et pauvres, entre les pays du Nord et ceux du Sud et en particulier entre
l'Occident et l'Afrique. L'importance de ce mouvement comporte des dangers
qu'il ne faut pas négliger. Certaines craintes sont légitimes
quand elles dénoncent les excès des politiques libérales
fondées sur la déréglementation et la privatisation de
biens publics naturels ou patrimoniaux. Une étude de la Banque Mondiale
sur la pauvreté (2000) montre par exemple que la tendance actuelle de
l'économie mondiale va dans le sens d'une augmentation des
inégalités entre pays industriels et pays
sous-développés43(*). D'autres effets tels que les différentes
menaces contre l'emploi, la santé et l'environnement, le
développement incontrôlé des OGM sont à prendre au
sérieux. A banaliser les problèmes suscités par la
mondialisation, on risque de subir un naufrage.
Ce phénomène auquel les pays sont
confrontés doit être surveillé et redressé chaque
fois que ces manifestations sont de nature à porter atteinte à
l'exercice des droits fondamentaux des individus et des peuples. Et je juge
pertinente la comparaison suivante : dans le domaine des sports, toute
inégalité entre les équipes est proscrite : un senior
ne doit pas entrer en compétition avec un junior et sur le ring MIKE
TYSON n'entrerait pas en compétition avec un débutant, car alors
sa vie serait mise en danger. L'OMC devrait tenir compte de cette règle
élémentaire de la compétition entre les grands et les
petits, entre les pays riches et les pauvres pour qu'il y ait un minimum de
justice dans les relations économiques internationales, à moins
qu'il s'agisse d'organiser consciemment, intentionnellement un massacre dont
l'Afrique serait la première victime.
La mondialisation traîne avec elle un nouvel
impérialisme économique qui est devenu une nouvelle cause
très importante dans l'échec des initiatives locales du
développement, entraînant ainsi un sous-développement
chronique de nos sociétés. Un exemple palpable au Bénin
est que toutes les entreprises des oeufs de consommation s'endettent et tombent
tout simplement parce que les oeufs importés, de plus gros calibre, se
vendent beaucoup moins cher (1100 FCFA avec emballage perdu) que la production
béninoise (l700 FCFA livrée sans emballage). La différence
entre les deux productions est que les producteurs occidentaux reçoivent
de subventions et vendent leur produit en dessous du coût réel et
ils ne perdent rien. Ayant pris connaissance de ce fléau
économiquement dévastateur, je mobilise tous les acteurs de ce
secteur pour aller contre ce désordre mondial de nature
impérialiste. Une première délégation est
déjà allée rencontrer les ministres de tutelle en juillet
2005 pour attirer leur attention sur ce phénomène et ses impacts
négatifs, des actions sont en cours pour inciter le Président de
la République à réagir en faveur de l'économie
nationale. La logique selon laquelle les libres échanges favorisent tout
le monde se révèle illusoire, fausse, tant que les
inégalités existent à tous les niveaux, il n'est pas
possible d'avoir les mêmes chances de réussir dans la
compétition économique actuelle.
Au regard de toutes ces considérations ci-dessus, je
comprends encore mieux aujourd'hui l'inutilité de m'inscrire dans une
position aveuglement « anti-mondialialiste » et la
fécondité de défendre une posture
« alter-mondialiste » en ce sens qu'elle propose de
réfléchir sur des alternatives possibles pour éviter que
notre monde ne sombre sous les coups de la folie marchande du monde. Il s'agit
de préserver la possibilité pour les hommes et les
sociétés de valoriser leurs différences, leurs
originalités, et surtout de rappeler au monde que tout n'est pas
marchandise, qu'il y a des valeurs qui ne s'achètent pas. La
nécessité de s'organiser pour donner un visage humain à la
mondialisation, par la critique et par l'action s'impose. L'Afrique doit entrer
dans cette dynamique d'exigence de toujours plus de justice et
d'équité dans les rapports entre les peuples du monde.
L'humanité ne doit pas s'effondrer sous le coup de catastrophes
orchestrées par elle-même.
La formation DEDA n'a pas favorisé que des acquis
d'ordre conceptuel, elle a aussi mis l'accent sur des outils, des
méthodes de travail sur le terrain qui devraient rendre le
développement possible dans un climat d'efficacité et de
réflexivité.
II - ACQUIS METHODOLOGIQUES
L'un des moments charnières de la formation DEDA est
celui consacré aux ateliers destinés à transmettre des
compétences tant méthodologiques qu'organisationnelles :
l'analyse sociologique des organisations, le savoir et le savoir-faire en
gestion et ingénierie des projets, la communication interculturelle et
la communication pour le développement.
La plupart de ces domaines de compétence
étaient nouveaux pour moi à l'exception de la capacité de
conception, de rédaction, de mise en oeuvre et de gestion d'un projet
qui étaient déjà de mes pratiques de directeur d'ONG. Il
est vrai, j'avais déjà de la pratique en cette matière,
mais par la formation DEDA, ma pratique s'est vue questionnée, mise en
doute, et remise en perspective, au regard des nouveaux acquis. En cette
matière comme en d'autres, il faut reconnaître que les contextes
étant changeants, les manières de voir et de faire les choses
aussi doivent évoluer. On a toujours quelque chose à apprendre
dans le champ de l'organisation d'une structure, de la gestion des personnes
qui y travaillent au quotidien, de la gestion des ressources financières
ou matérielles à tel point que l'on pourrait dire que, du fait de
la mondialisation, chaque acteur doit accepter de se remettre en cause pour
survivre.
II
- 1 Analyse sociologique des organisations
Ce module qui est d'un intérêt particulier pour
le directeur d'ONG que je suis, a abordé deux perspectives d'analyse
avec nous :
- la perspective « contingente » (selon
Lawrence et Lorsch, Mintzberg, etc.) qui se veut sensible à la
diversité des structures organisationnelles et à la
manière dont elles s'ajustent par rapport aux contextes dans lesquels
elles se situent,
- la perspective « politique » (selon
Crozier, Friedberg, Bourgeois et Nizet) qui est attentive aux acteurs -
individuels autant que collectifs - et aux relations de pouvoir qu'ils
entretiennent les uns avec les autres.
Il s'agissait dans ce module de deux objectifs majeurs :
- amener les étudiants à comprendre des concepts
et théories pertinents pour l'analyse des organisations et
institutions ;
- amener les étudiants à analyser, à
partir de ces concepts et théories, des situations concrètes
auxquelles ils sont confrontés de par leur activité
professionnelle.
L'analyse sociologique dans la perspective contingente selon
Mintzberg et Nizet nous a instruits des configurations possibles en nombre de
cinq que peuvent prendre les organisations. Il s'agit de la configuration
entrepreneuriale, de la configuration missionnaire, de la configuration
bureaucratique, de la configuration professionnelle et de la configuration
adhocratique.
Par exemple une organisation de configuration entrepreneuriale
possède les caractéristiques suivantes :
- la division du travail entre les opérateurs est forte
sur la dimension verticale et faible sur la dimension horizontale ce qui veut
dire qu'au plan vertical, les opérateurs sont des exécutants des
travaux conçus à un niveau plus élevé et au plan
horizontal, ils exécutent plusieurs tâches à la
fois ;
- la coordination du travail entre les opérateurs
s'effectue par la supervision directe, ce qui signifie qu'ils exécutent
sous l'oeil ou le contrôle permanent d'un responsable ;
- les opérateurs sont donc de faibles qualifications
professionnelles ;
- les buts de mission qui correspondent aux
préoccupations et valeurs du Directeur prédominent ;
- le degré d'opérationnalité des buts
reste faible car il suffit qu'il soit simplement clair aux yeux du
Directeur ;
- le système de but est relativement
intégré surtout du point de vue du Directeur ;
- le pouvoir se localise au sommet stratégique (le
Directeur ou l'entrepreneur contrôle toutes les étapes de
décision.
Une entreprise peut évoluer d'une configuration
à une autre ou peut être à cheval sur deux types de
configuration.
L'analyse sociologique dans la perspective politique met en
lumière les relations et l'exercice du pouvoir et les stratégies
de pouvoir entre les acteurs d'une organisation. Avant de parler de l'existence
de la politique dans les décisions, il faut quatre principales
choses : des intérêts divergents, enjeux importants,
ressources, dépendance de l'acteur A par rapport à l'acteur B.
Les stratégies d'exercice du pouvoir sont la
pression qui s'effectue par l'agitation de menace ou la légitimation (on
peut légitimer le contenu de la décision, la procédure et
le décideur).
L'analyse contingente et politique d'une organisation met en
lumière le fonctionnement réel de cette dernière et permet
à ses différents membres de revoir certains aspects pour sa
restructuration. Cette analyse est donc à la faveur des organisations,
chaque membre est appelé à discerner les motivations
réelles de chacun et à agir dans le respect de la vision commune
pour un vrai développement. Cette expertise, si elle trouve bon accueil,
aura un impact positif sur les institutions et permettra de résoudre
beaucoup de problèmes et des conflits qui minent les organisations.
Au regard de ma responsabilité de directeur de l'ONG
API-BENIN, ce module de formation était capital et
bénéfique à tout point de vue dans la mesure où il
m'a proposé des clefs de relecture du monde d'organisation et d'action
de mon institution tout en m'indiquant les possibilités de la faire
évoluer dans le sens du meilleur. Outillé pour faire l'analyse de
toute organisation, j'ai d'abord passé au peigne fin toutes les
composantes de mon organisation API-BENIN. Je me suis rendu compte qu'au niveau
de la division, de la coordination du travail et de la gestion du pouvoir au
sein de notre structure, API-BENIN souffrait des maux suivants : non
implication effective du plus grand nombre d'acteurs aux prises de
décisions, faible division du travail au niveau horizontal (par exemple
un chef de sous-zone joue tellement de rôles que finalement le
résultat en devient médiocre). Pour remédier à ces
différents maux, des rencontres au plan national ont été
tenues pour décentraliser la structure, d'où la création
d'un certain nombre de directions : Direction Commerciale (DC), Direction
de Production (DP), Direction des Affaires Administrative et Financière
(DAAF), Direction des Ressources Humaines (DRH), mise en place d'un Conseil
d'Administration, d'un département de la production et d'un
département commercial. Cette décentralisation de l'organisation
ou déconcentration du pouvoir m'a libéré de la lourde
charge de jouer tous les rôles tout seul et en même temps, en
m'évitant aussi de faire preuve finalement d'incompétence
à force de vouloir être au four et au moulin en même temps,
à force de vouloir faire le travail des autres. La formation DEDA en
cette matière aura été plus qu'une libération pour
moi ; le bénéfice premier est que cette formation qui m'a
ouvert les yeux sur des types d'organisation plus ou moins rationnels, est
devenu un puissant facteur de changement positif pour API-BENIN. De la
configuration entrepreneuriale d'alors, l'organisation se trouve actuellement
beaucoup plus dans une configuration professionnelle, même s'il subsiste
encore des aspects relevant de la configuration entrepreneuriale et
missionnaire.
II
- 2 - Gestion et ingénierie des projets
L'objectif de l'atelier est de nous rendre capable de
concevoir, de rédiger, d'exécuter et d'évaluer un projet
de développement. La signification même du mot projet a fait
l'objet d'une attention particulière. Un projet de développement
peut être considéré comme :
- un ensemble d'actions et d'interventions, comprenant
généralement des infrastructures physiques, des moyens
matériels et des services, par lequel une organisation humaine produit
économiquement de l'utilité collective, dite "non-marchande" et
de l'utilité d'échange dite "marchande" ;
- délimité dans le temps et dans
l'espace ;
- faisant intervenir dans la plupart des cas, des
opérateurs multiples, dans une certaine mesure autonome les uns des
autres, ayant leurs propres motivations, libres d'adhérer à
l'organisation, et liés au projet non pas par les relations
d'autorité ou d'obligation mais par leurs intérêts compris
et assumés ;
- qui vise à atteindre un objectif ou un ensemble
d'objectifs d'amélioration des conditions de vie, collectifs et
individuels, explicitement définis, et voulus par les
bénéficiaires participants ;
- dans le cadre d'une organisation de projet chargée de
coordonner l'ensemble des actions et des interventions ;
- suivant un calendrier et un programme établis
d'avance ;
- et suivant un plan de financement explicitant les apports de
tous les opérateurs, que ceux-ci soient définis en espèces
monétaires ou en nature ;
- dont les avantages, qu'ils soient monétaires ou non,
sont jugés supérieurs aux coûts
consentis par l'ensemble de ceux et celles qui contribuent
à ces coûts, que ce soit les bénéficiaires
eux-mêmes, les apporteurs de bien financiers ou les apporteurs de biens
et services.
Ces différents points soulignés ont
montré la complexité des projets, de leur conception, de leur
mise en oeuvre et de leur évaluation. Rien ne doit se faire au hasard,
sur le mode de l'improvisation. Bien au contraire, il s'agit de veiller
à ce que tous les paramètres soient pris en compte en synergie
avec les buts poursuivis. Un travail ardu et technique pour un véritable
transfert de compétences a permis d'appréhender les cinq
étapes majeures du cycle du projet. En effet, tout projet démarre
par une étape d'identification qui permet de préciser
suffisamment l'idée du projet pour qu'on puisse augurer de sa
rentabilité et de sa faisabilité et ensuite pour définir
les conditions, les moyens, les coûts et les termes de
référence de l'étude qui doivent permettre de formuler le
projet. L'utilisation de la technique de l'arbre à problème (les
racines correspondant aux causes avec la racine principale la cause profonde,
le tronc le problème, les branches avec les feuilles les
conséquences) permet de faire un diagnostic rapide et efficace pour
définir le type de solution à mettre en oeuvre pour une action
efficace sur la cause profonde. On arrive après à l'étape
de la préparation qui est la phase d'instruction du projet. Vient
ensuite la phase du financement qui comprend l'appréciation du projet
par le bailleur, la négociation avec lui et son accord. Et on passe
à l'exécution du projet qui est la phase pratique et
éprouvante pour tous les acteurs intervenants : c'est la gestion et
la mise en oeuvre du projet nécessitant la conjugaison des
compétences de tous les acteurs dans une exigence de synergie. Enfin
l'évaluation du projet permet de mettre en relief les impacts directs et
indirects de cette action, de la contribution des uns et des autres à la
réalisation des objectifs. En fait, le projet est une feuille de route
pour atteindre un but prédéterminé et qui est
destiné à produire un changement réel et utile dans le
cadre du développement. Il faut donc qu'il soit de bout en bout pris en
charge par une approche multilatérale.
Dans le cadre du développement de l'apiculture au
Bénin, j'avais fait l'expérience de rédaction et de
gestion / pilotage de plusieurs projets financés par des bailleurs
étrangers et locaux. Ma confrontation avec le module de gestion et
ingénierie des projets a mis en évidence les erreurs et les
lacunes aux plans technique et organisationnel dans la conception, la
rédaction, la présentation, la défense, le pilotage d'un
projet. Aujourd'hui, je me pose la question de savoir comment toutes ces
imperfections, aussi perceptibles, ont pu échapper à la vigilance
des bailleurs. Je me demande comment ils ont pu financer mes initiatives en
matière de projet alors que les indicateurs de réussite
n'étaient pas clairement identifiés, définis ? Si,
malgré ces insuffisances dont j'ai conscience aujourd'hui, des
financements ont pu être obtenus, il s'agit bel et bien d'un indicateur
parlant en faveur d'un manque d'expertise tant au niveau des bailleurs qu'au
niveau des partenaires locaux, communément appelés ONG qui, sans
aucune expertise réelle, efficace, crédible, suffisante en
matière de développement, réussissent à se faire
cependant épauler financièrement.
La formation DEDA palliera certainement et efficacement ces
graves déficiences par la formation des ressources humaines de la
sous-région pour le développement. Savoir concevoir,
rédiger et présenter un projet est une chose, mais
l'exécuter efficacement sans heurter les moeurs et coutumes des
bénéficiaires et surtout, obtenir leur accord et participation
est une autre chose. D'où l'importance notable du savoir communiquer
dans le domaine du développement.
II
- 3 - La communication interculturelle et la communication pour le
développement
Une société se compose de différents
individus, d'origines diverses, d'ethnies différentes parfois, de
diverses cultures. Dans une action de développement, les
différents acteurs ont besoin de composer ensemble pour atteindre leurs
objectifs ; chacun doit être amené à s'ouvrir sur
l'extérieur, mais l'altérité fait toujours peur :
aller vers l'autre demeure comme un saut dans l'inconnu et il n'est pas
toujours facile ou aisé de se retrouver dans une situation
imprévue. D'où la nécessité de l'usage de la
compétence interculturelle pour :
- dépasser la peur de l'autre et entrer en relation
avec l'autre ;
- gérer les malentendus et les conflits en prenant en
compte divers points de vue ;
- créer les nouvelles conditions de coopération
pouvant permettre à chacun de prendre conscience de ses limites et de
vouloir s'appuyer sur l'autre pour les dépasser dans un esprit de
solidarité et de conjugaison des différences. Il ne s'agit pas de
nier les différences mais de les assumer, de les accepter comme des
éléments positifs à capitaliser dans la relation à
soi-même et à l'autre. Vivre, c'est vivre quelque part et avec
d'autres personnes que moi ; cela suppose une ouverture de ma part
à la différence des autres pour qu'elle m'aide à
grandir ; ma différence à moi aussi peut aider les autres
à mieux se connaître et à grandir.
Dans cette dynamique de l'interculturel, voyons de près
la vision des choses proposée par Mark THOMAS : « Nous
qualifions d'interculturelle la démarche commune et constructive dans un
groupe hétérogène et d'origine culturelle
différente, prenant en compte et mettant en synergie trois
plans :
- l'élaboration de l'équilibre identitaire du
sujet et ses aménagements successifs provoqués par
questionnements et tensions vécus dans les contextes
interculturels ;
- l'analyse des ressemblances et différences entre les
groupes en coopération ou en conflit ;
- la méta-communication sur les interactions, qu'il
s'agisse de gestion de malentendus ou de conflits ou de création de
modes de coopérations. L'objectif est de permettre la reconnaissance
mutuelle, le dialogue et la rencontre pour créer les conditions d'un
agir commun »44(*).
Ainsi la communication interculturelle permet de composer avec
les autres cultures sans créer une situation conflictuelle qui est
souvent l'obstacle à l'accomplissement des actes de
développement. Roland LOUVEL attire notre attention sur ce
phénomène courant dans la rencontre des hommes quand il
écrit ce qui suit : « C'est un fait : les hommes
voient plus vite leur différence que leur points communs. La
différence culturelle leur apparaît comme un fossé
naturel »45(*).
Ainsi dans l'oeuvre de développement, la communication interculturelle
permet d'établir un pont au-dessus de ce fossé naturel pour
composer avec les autres malgré les différences culturelles,
ethniques, religieuses, politiques, linguistiques, etc. Une chose est de savoir
intégrer une communauté différente et une autre chose est
de savoir communiquer pour son développement.
La communication pour le développement fait
partie intégrante de l'oeuvre pour le développement en vue
d'induire des changements au niveau des populations d'une région
donnée. En conséquence, la stratégie de communication mise
en oeuvre aura pour résultat le changement de mentalité des
populations bénéficiaires d'un programme donné. Elle prend
en compte l'analyse de la situation qui permet d'étudier le contexte et
de diagnostiquer le problème, obstacle à l'atteinte du but d'un
projet. Le but et les objectifs doivent être clairement définis,
les groupes-cibles bien identifiés, les approches de communication
appropriées bien choisies, l'élaboration des messages clés
destinés à modifier un ou l'ensemble des comportements des
bénéficiaires, les canaux et les supports de communication
identifiés, le volet opérationnel de la stratégie
s'exécute en tenant compte du cadre institutionnel, d'un plan
détaillé46(*), d'un budget réaliste et d'un programme de
suivi-évaluation. Enfin la validation de la stratégie par les
autorités politico-administratives, les autorités
coutumières et tous les notables s'avère indispensable et reste
le préalable à l'exécution de toute stratégie
destinée à atteindre son but. Pour mettre en relief et corriger
les erreurs éventuelles de cette méthode afin de la parfaire, une
révision de toute la stratégie reste indispensable à la
fin du projet.
Au sortir de la formation polyvalente que le programme DEDA
nous a assurée, nul doute que l'apprentissage riche tant en techniques
d'élaboration et de gestion de projet et qu'en méthodes de
communication sera d'une grande utilité dans ma vie socio-
professionnelle.
La communication interculturelle et la communication pour le
développement donnent les moyens non seulement pour vaincre les
barrières socio-culturelles qui sont souvent les vrais obstacles aux
projets et aux programmes de développement dans nos pays, mais aussi
permettent la collaboration efficace et réelle voire l'implication
totale des bénéficiaires directs, gage de réussite des
projets.
Dans le cadre de la direction de API-BENIN, ce module m'a
donné les outils nécessaires pour gérer le personnel.
Celui-ci est composé de ressortissants de toutes les ethnies du
Bénin et dieu seul sait à quel point des conflits ancestraux
représentent encore aujourd'hui des noeuds entre les ethnies
béninoises au point de compromettre souvent les possibilités de
vivre et de travailler ensemble. Etant moi-même ressortissant de la ville
d'Abomey, ancien royaume négrier ayant commis des actes horribles dans
le passé, les agents originaires des autres ethnies, vivent mal le fait
que je sois à la tête de l'institution qui les emploie. Ils voient
dans ma direction de l'institution les signes d'une forme de
totalitarisme ; ils développent ainsi des complexes
d'infériorité qui les rend quelquefois agressifs, tout en
m'accusant d'être moi-même pris dans un complexe de
supériorité qui les tyrannise. La compétence
interculturelle acquise à la formation DEDA m'a déjà
permis de trouver un « modus laborandi » avec eux. Je
compose avec eux tous, et ils se sont rendus compte qu'en fait, nous
étions non des adversaires, en raison du passé ancestral, mais
plutôt des collaborateurs invités à réfléchir
et à agir ensemble pour le développement de notre pays commun
qu'est le Bénin. La communauté pluriethnique que je dirige dans
l'ONG API-BENIN a donc commencé à tourner le dos progressivement
aux réflexes ethniques belliqueux pour amorcer une dynamique de
solidarité, dans l'acceptation des différences
réciproques.
III - ACQUIS TRANSVERSAUX
La formation DEDA se déroule au Burkina Faso, dans un
contexte socio-culturel spécifique et tire sa richesse culturelle
originale de la composition hétérogène socio-culturelle du
public des formateurs en formation, venant des pays de la sous-région
ouest-africaine. Outre le fait que les formateurs en formation sont de
plusieurs pays, ils proviennent également de professions
différentes, et sont caractérisés par des parcours de vie
ou professionnels divers. Le programme DEDA est de ce fait un espace de
composition, de confrontation, de mélange de plusieurs cultures ;
il offre donc aux futurs cadres africains (acteurs de développement)
oeuvrant dans la sous-région ouest-africaine l'opportunité d'une
possibilité d'intégration sous-régionale. La rencontre de
toutes ces cultures offre un espace d'échanges et d'apprentissages
transversaux. L'interculturalité a non seulement été un
module de formation théorique à travers l'éclairage
conceptuel reçu, mais elle a été aussi perçue comme
un outil au service de l'action sur le terrain du développement, et
mieux encore, elle a caractérisé les relations quotidiennes entre
les formateurs, qu'ils soient à l'Université ou en phase
d'alternance, dans leur pays respectif. On l'a remarqué, nous ne pouvons
plus vivre comme avant, nous ignorant mutuellement sous prétexte
d'être des gens d'origine, de culture ou de profession différente,
dorénavant, nous formons en quelque sorte une communauté dans la
diversité. Il ne faut pas oublier que l'interculturalité s'est
également pratiquée dans le sens Nord-Sud, vu que des professeurs
sont venus des pays européens (Belgique, Suisse et France) pour partager
avec nous leurs savoirs, savoir-faire et savoir-être. Nous avons appris
à penser, réfléchir le développement ensemble et
cette opportunité est sans conteste source d'enrichissement et de
découverte mutuels. L'Europe et l'Afrique ont une histoire commune qui
doit être exploitée pour le rapprochement et contre le racisme ou
le mépris de l'autre à cause de sa différence.
L'interculturalité s'est donc pensée, s'est vécue dans
tous les sens pendant tout le processus de notre formation. Je retiens une
dimension particulière de cette interculturalité vécue au
sein du programme DEDA à travers une forme de plaisanterie riche de sens
et propre aux Burkinabé appelée « la parenté
à plaisanterie » qui aide les ethnies différentes
à se dire ce qu'elles pensent l'une de l'autre sans jamais entrer en
conflit, avec les ressources de l'humour et de l'ironie. Cette parenté
à plaisanterie devrait être encore plus connue et exploitée
pour déjouer les conflits socio-politiques qui marquent notre
sous-région47(*).
Pour me résumer sur ce point, je dirais que les étudiants du
programme DEDA étaient dans une situation un peu tendue, difficile au
début de la formation (climat d'incompréhension, de suspicion, de
rivalités inutiles) mais que l'interculturalité nous a
formés à l'acceptation de nos différences mutuelles. Ce
que nous avons vécu peut être vécu à une
échelle plus grande.
C / PHASE POST-DEDA
Penser et agir pour le développement de l'Afrique
revient d'abord à considérer l'homme africain comme le seul ou du
moins le principal acteur capable d'opérer des changements dans le sens
de notre développement. Le développement d'un milieu passe
nécessairement par celui des hommes et ne se réalise qu'avec la
conjugaison de leurs partitions respectives (compétence, effort de tout
genre). Mais le constat est que trop souvent, les Africains évoluent
parallèlement dans deux mondes séparés sans
passerelle : le monde du savoir qu'est l'université et le monde
socio-professionnel. Le programme DEDA offre une opportunité de
passerelles entre le monde de la pensée et celui de l'action
professionnelle, permettant ainsi aux professionnels de revenir à
l'université, pour acquérir des compétences afin
d'être en mesure de poser efficacement et durablement des actes pour le
développement du continent. Le monde professionnel apporte ainsi
beaucoup à l'université, en ce sens qu'elle l'aide à
s'ouvrir à son environnement socio-économique, socio-culturel,
socio-politique.
En ce qui me concerne, après avoir achevé ce
cursus exécuté par alternance, par une projection dans l'avenir
qui débute un moment après la fin de cette formation, je dois
montrer mes capacités théoriques et pratiques à mobiliser
les acquis de ma formation pour agir et pour réfléchir sur mon
engagement professionnel en vue du développement. Et pour le faire, il
me revient de :
- capitaliser et valoriser les acquis de la formation DEDA
pour l'avenir en termes de nouvelle vision de l'action : après la
formation DEDA, quelle conscience ai-je du développement et de l'action
ou des actions dans ce sens ?
- capitaliser et valoriser les acquis de la formation DEDA
pour l'avenir en termes de nouvelle stratégie d'action ; rendre
compte de qui je suis après DEDA, sur le plan personnel et professionnel
et de quoi je suis capable en matière d'action pour le
développement.
Mais la complexité de cette projection dans mon cas
particulier est que, la vision de l'action et la stratégie à
l'atteindre ont déjà été entamées pendant le
cursus même de la formation DEDA. Ce n'est plus vraiment en termes de
futur proche ou lointain que se pose la capitalisation
(réinvestissement) de la formation, puisque cela a déjà
commencé.
I - Déstabilisation et restructuration de ma personne
et de l'institution API-BENIN
L'apprentissage passe nécessairement par une
déstabilisation et une restructuration afin de produire une nouvelle
personnalité de l'apprenant ; dans mon cas, les profondeurs de mon
être ont été touchées à tel point que ma vie
personnelle et l'institution dont je suis le leader ont connu de
sérieux changements que j'inscris comme des bénéfices de
la formation.
I -
1- Au niveau de ma personne.
I - 1-1- Ma vision du
développement
Le développement doit avoir un visage humain. Pour moi,
les attributs fondamentaux d'un véritable développement
pourraient être ainsi présentés :
- un développement anthropocentré,
c'est-à-dire non anthropophage,
- un développement original, c'est-à-dire non
mimétique,
- un développement intégral et durable, qui ne
laisse pas de côté certains aspects de la vie humaine, qui ne
pense pas seulement aux générations actuelles mais inclut les
générations futures, qui se soucie également de
réconcilier les hommes, les sociétés et leur milieu
naturel (environnement)
I - 1-2-
l'intérêt de l'alternance
La formation en alternance m'a permis de continuer mes
études en médecine alternative et la preuve est que j'ai pu
obtenir un diplôme de conseiller et éducateur en santé. Le
temps de la formation m'a enrichi et a enrichi mon institution. L'alternance
m'a aidé à ne pas me déconnecter totalement de mon action
quotidienne pour le développement.
I - 1-3-Activation de mon
potentiel mental
Ce cursus a suscité en moi un amour réel de la
valorisation de mon capital mental, ma structure de penser, autrement dit, mon
potentiel mental pour étudier. J'ai la ferme volonté d'aller au
bout du cursus spécialement consacré au développement. La
formation DEDA m'a insufflé un tel dynamisme mental et pratique
(comportemental) que j'ai pris la résolution de poursuivre une formation
doctorale en développement. Et c'est dans cet objectif que je me suis
inscrit pour un DESS en gestion des micro-entreprises en tant qu'une
stratégie pour le développement en Afrique afin de le
compléter par des études au Canada 48(*).
I - 1- 4- Agrément
belge
J'ai valorisé ma formation DEDA en présentant
les notes déjà obtenues dans les différents modules de
formation dans le cadre d'une sélection d'anciens étudiants
d'ASF49(*) en Belgique
pour devenir conférencier saisonnier en Belgique, sur l'Apiculture et le
développement aux futurs coopérants. J'ai été
agréé sous le N° 19/64072 par la Région Wallonne (le
Ministère d'Emploi), et j'ai commencé une série de
conférences formatives du 26 juin au 23 juillet 2005.
I -
2 - Au niveau de l'institution
Mon organisation API-BENIN est plus que
déstabilisée mais positivement. Totalement
décentralisée et reconfigurée (point
précédemment élucidé), API-BENIN s'est
transformée en deux structures différentes : l'une s'appelle
API-BENIN International Sarl, consacrée à la transformation et
à la commercialisation de notre capital végétal que
constituent les plantes médicinales en Afrique (j'incline à le
désigner comme « l'or vert d'Afrique ») ; et
l'autre, l'ONG CID (Chantier d'Initiatives pour le Développement),
consacrée à des actes pour le développement. Son but
est, bien sûr de prendre activement part à l'oeuvre du
développement en promouvant la culture, le changement et
l'éthique pour le développement. Les domaines embrassés
sont l'éducation, la santé, l'environnement.
II- Vision de l'action et stratégie pour le
développement
Hormis les différentes oeuvres de développement
entamées dans le cadre des activités de API-BENIN INTERNATIONAL
SARL et de l'ONG CID, la principale action à mener est le travail du
changement de l'homme, la considération de la dimension humaine dans le
développement, le changement de mentalité de l'homme qui doit
faire le développement et pour qui le développement sera fait.
Certes je ne changerai pas l'Afrique d'un coup de baguette
magique, mais en tant qu'acteur de développement outillé par la
formation DEDA, ma partition dans cette grande oeuvre sera :
- le travail de renforcement de ma propre culture afin
d'être à la hauteur des exigences de qualité des
tâches qui incombent à un acteur de changement ;
- la formation à l'endroit des Africains en
général et des Béninois en particulier sur des
thèmes relatifs au développement humain durable souhaité
tout au long de ce travail de fin d'études (cf. supra).
- le soutien à l'oeuvre du développement qu'est
le programme DEDA en prenant activement et personnellement part à cette
noble oeuvre et en y impliquant mon organisation ;
- le travail avec d'autres acteurs pour inventer et
prôner un code, une éthique, voire une déontologie du
développement en Afrique. Sans l'établissement de règles
bien définies pour régir le développement, il semble que
l'Afrique tournera en rond sans aucun progrès remarquable dans l'oeuvre
réelle de son développement.
Ma stratégie est d'oeuvrer pour atteindre le but
d'éduquer les adultes pour le développement, et pour mener cette
action je projette de :
- renforcer mes compétences pour mieux réussir
ma vision
- organiser des formations dans notre centre à Cotonou
où l'accueil sera pour tous les niveaux scolaires et pour les personnes
alphabétisées en langues locales afin de partager les
informations utiles pour déclencher et gérer le
développement. Il est temps d'enseigner le développement à
toutes les couches sociales en Afrique.
- mobiliser mon organisation pour soutenir
financièrement la formation de futurs Béninois admis au programme
DEDA et qui ne seraient pas boursiers.
- rayonner en matière de développement en
Afrique de l'Ouest en posant des actes de changement tant dans la
transformation de l'homme que dans celle de l'environnement ;
- créer une revue électronique intitulée
" le développement de l'Afrique" qui sera un espace d'expression de tous
les acteurs avertis du développement.
Pour atteindre cet ensemble d'objectifs, ma stratégie
consiste en une action à deux dimensions :
- action de formation interne dans le cadre de mon
organisation afin de transmettre les acquis théoriques et pratiques de
la formation DEDA aux membres de la société API-BENIN et de l'ONG
CID dans un souci de renforcement des capacités.
- action d'éducation au développement en faveur
de mon pays et de la sous-région ouest-africaine vu que les produits de
mon institution sont déjà connus et appréciés hors
des frontières du Bénin. L'action éducative au
développement consistera en une large diffusion en langues nationales
des acquis et bénéfices de la formation DEDA. Je parie qu'il est
possible à qui a bien compris le sens de la formation DEDA de la
communiquer dans une autre langue à un autre public, souvent non
scolarisé à l'école coloniale, mais quelquefois
alphabétisé en langues locales. S'il faut agir au niveau du grand
public, c'est parce que sans lui, rien n'est possible. Le développement
n'est pas seulement une affaire de spécialistes, ce n'est pas seulement
l'affaire de la « tête » d'une nation, il faut aussi
que le corps tout entier suive. Or pour qu'il suive, il faut qu'il soit
informé, formé et convaincu de la valeur de l'idéal
poursuivi. Mais il faut une nouvelle éducation en Afrique. En effet le
sens de l'éducation doit changer en Afrique car,
« l'éducation traditionnelle en Afrique n'est rien d'autre
qu'une éducation de type ethnique, tribal, c'est-à-dire, une
éducation fermée, repliée aux seules limites de la famille
plus ou moins agrandie, dont nous savons qu'elle porte la guerre dans ses
flancs. Ce type d'éducation, du fait de son éclatement
géoculturel, fait de l'homme en Afrique, à la fois un otage et un
soldat de son groupe social, une copie de l'ancêtre, du
grand-père, du père, l'installe dans une logique qui compromet
toute ouverture à l'altérité »50(*). Et la tâche que je
m'assigne est de promouvoir un autre type d'éducation qui place l'homme
au-dessus des considérations traditionalistes. Ce dont l'Afrique a
besoin, c'est d'une éducation inventive, créatrice et non la
reproduction d'un quelconque modèle (traditionnel ou colonial).
L'Afrique de demain doit se nourrir de celle d'hier et d'aujourd'hui sans
être l'otage du passé.
L'action éducative au développement à
l'intention du large public africain comporte aussi un autre volet qui
relève du domaine de la santé. Le développement est
handicapé en Afrique par la pandémie du SIDA, cela ne fait aucun
doute. L'ONG dont j'ai la responsabilité travaillera davantage dans ce
domaine en s'appuyant sur les acquis de la formation DEDA (un atelier
était consacré aux relations
Santé-SIDA-Développement en Afrique) et surtout sur la
découverte brevetée d'une substance efficace sur le SIDA
(mentionnée plus haut) pour mettre en oeuvre une formation du public en
la matière. Ainsi, un travail d'éducation à visée
préventive et une action de promotion de cette découverte seront
engagés à l'échelle sous-régionale.
L'exécution de ces différentes actions
commence dès maintenant et doit pouvoir atteindre le point culminant
dans les cinq années à venir. Vu l'importance de la lutte contre
le SIDA dans mes actions, et la gravité de ce fléau, je juge
utile de consacrer les lignes qui suivent à la pandémie du SIDA
pour montrer comment elle est devenue un véritable problème du
développement en Afrique et qui mérite une action
concertée des acteurs de développement qu'ils soient du domaine
politique, économique, scientifique, social ou culturel.
III - Le VIH/SIDA : un problème de
développement de l'Afrique
Le SIDA51(*), maladie découverte en 1981 par le professeur
Luc Montagnier, est devenue une préoccupation mondiale de par son
caractère pandémique. Elle s'est hissée en l'espace de
vingt (20) ans au rang des problèmes majeurs de l'humanité
entière et de l'Afrique en particulier. L'OMS l'a déclaré
principale cause de la mortalité des adultes en Afrique
subsaharienne52(*). Ainsi
le SIDA est devenu le problème de développement de l'Afrique,
comme l'affirme la FAO : « La maladie n'est plus un simple
problème de santé : c'est devenu un grand problème de
développement »53(*).
III - 1 - SIDA :
Obstacle du développement en général
Avant d'aborder l'effet destructeur du SIDA sur le
développement rural, je propose de le situer d'abord au plan du
développement en général. Ainsi « La
santé est un facteur du développement : les pertes de
productivité, de revenus et de potentiels humains compromettent le
rythme auquel un pays, fût-il en développement ou
industrialisé peut progresser. Le VIH et le SIDA frappent des gens dans
la force de l'âge. Ils s'attaquent aux riches comme aux pauvres, leur
impact est plus grand sur les pauvres, les démunis et les
marginalisés et comme les pauvres sont plus nombreux, leur maladie aura
un effet sur le développement, au niveau national et
international.54(*) ».
Le développement est toujours handicapé par la
pauvreté et la vulnérabilité même des pauvres au
VIH/SIDA met en évidence ce problème. Le VIH et le SIDA ont
aggravé la pauvreté existante et créent partout dans le
monde de nouvelles privations et de nouveaux besoins. Au niveau régional
l'Afrique subsaharienne où le virus s'est le plus répandu offre
la manifestation la plus dramatique de l'impact de ce fléau. C'est dans
cette région, la plus pauvre sur terre, qu'on compte le plus grand
nombre de cas d'infections déclarées et les gains
réalisés au chapitre du développement commencent à
s'effriter. Le SIDA a anéanti les progrès durement acquis en
matière de développement au cours des 40 dernières
années et touche tous les aspects du bien-être rural, de la
production agricole et des possibilités du développement
durable.
III - 2 - SIDA : Obstacle du développement
rural
Madame Marcela Villarreal55(*), chargée de liaison de la FAO pour le VIH
/SIDA affirme que : « Le virus VIH/SIDA n'est plus un simple
problème de santé, il a un effet dévastateur sur la
sécurité alimentaire et le développement rural. La main
d'oeuvre agricole disparaît à un rythme alarmant, et les
mécanismes de transmissions des connaissances et du savoir-faire sont
ébranlés »56(*).
La pandémie du SIDA est en train de faucher l'avenir de
l'Afrique. Le monde rural qui est le plus peuplé et le plus
défavorisé dans les pays sous-développés et vivant
essentiellement de la production agricole, est durement frappé par le
VIH/SIDA. En somme, les conséquences sociales et économiques de
la maladie frappent directement la famille rurale en Afrique. Elle est
touchée dans sa profondeur. Les milieux plus pauvres sont
condamnés à s'appauvrir plus, « La pauvreté a
toujours joué un rôle dans la propagation des
épidémies : migrations, séparation des familles,
analphabétisme, prostitution. Et le VIH engendre la pauvreté et
entretient le cercle vicieux SIDA-Pauvreté.»57(*)
III - 3 - SIDA : une catastrophe humanitaire en
Afrique subsaharienne
L'OMS estimait sur la base d'un taux d'infection de 40% que
l'épidémie pourrait faire chuter l'expérience de vie en
Afrique subsaharienne de 62 à 47ans. Selon l'UNICEF la mortalité
infantile en Afrique Centrale et orientale pourrait d'ici là atteindre
189%o plutôt que de diminuer au ratio prévu de 132%o.
Lors de la commémoration de la journée mondiale
du SIDA 2002, la Banque Africaine de Développement a exprimé sa
vive préoccupation face à l'ampleur de la maladie en Afrique en
déclarant que : « A ce jour, avec 10% de la population
mondiale, l'Afrique enregistre environ 70% du nombre total de personnes vivant
avec le VIH/SIDA, 75% des décès liés au SIDA dans le monde
et 95% des orphelins du SIDA...S'il est vrai que 7.000.000 de travailleurs
agricoles sont décédés par suite du SIDA en Afrique,
quelques 15 pays africains perdront 24 millions de travailleurs d'ici 20 ans
à cause du SIDA. Le SIDA doit occuper désormais une place
centrale dans tout programme du éveloppement en Afrique. Les conflits et
les guerres ne font que favoriser sa propagation.»58(*).
La pandémie du VIH/SIDA est en train de causer des
dommages sans précédent à l'Afrique ; elle tue
beaucoup plus de gens que les guerres, les famines, les autres maladies et la
pauvreté. Les chiffres font trembler : 400 personnes meurent par
jour en Ethiopie, 700 au Kenya et 1000 par jour en Afrique du Sud, un total de
8000 décès par jour en Afrique subsaharienne, ce qui
équivaut à la catastrophe aérienne de 25 avions de 300
passagers chacun par jour et les décès d'un mois
équivalent au nombre total des victimes du Tsunami qui a frappé
l'Asie en décembre 2004. Quelle terrible catastrophe humanitaire !
Quelle partition doit jouer l'Afrique face à ce défi ?
III
- 4 - SIDA : un défi pour l'Afrique
L'avènement du SIDA doit être
considéré comme un défi lancé à l'Afrique
qui doit réagir pour chercher la solution à son problème.
Comme tout peuple en situation difficile cherche les voies et moyens pour s'en
sortir, l'Afrique doit chercher à vaincre le SIDA. Mais le continent
s'enlise dans la mendicité et l'attente passive des solutions venant de
l'Occident qu'elle regarde comme un messie. Et ce qui est paradoxal, ce que je
qualifie d'antisocial, d'inhumain, d'étrange et après tout
d'irresponsable, c'est que la plupart des projets anti-SIDA en Afrique
constituent des opportunités d'enrichissement illicite des hommes qui y
travaillent, et qui sont y sont placés par les pouvoirs corrompus en
place. Faut-il des preuves autres que celles que chacun peut observer tous les
jours en Afrique sur cette question ? Voyons les faits :
- pendant que les malades maigrissent et meurent, les hommes
des projets-Sida grossissent ;
- pendant qu'on clame l'insuffisance des
antirétroviraux, les "per-diems" de certains chefs de projets-sida pour
une journée de sensibilisation peuvent aller de 100.000 à 300.000
Fcfa ; des ONG et des associations de lutte contre le SIDA se
créent tout simplement pour s'enrichir (quelle honte ! quelle
indécence ! quelle démarche anthropophage !) ;
- pendant que les grands laboratoires, sous prétexte du
coût de leurs recherches brevetées refusent de baisser les prix
des antirétroviraux pour les rendre accessibles aux pays pauvres, les
malades qui se trouvent principalement au Sud crèvent aux
côtés de leurs compatriotes irresponsables, corrompus qui trouvent
dans le sida une opportunité de s'enrichir.
L'Afrique doit cesser d'être démissionnaire et
apprendre à répondre à l'appel lancé par certains
de ses fils tel que l'éminent historien Ki-Zerbo, qui semblent avoir
compris l'urgence de nous ressaisir mais qui restent non entendus, non
écoutés, non compris, indésirables parce que leur discours
dérange. L'Afrique doit relever le défi que représente le
SIDA en trouvant elle - même les moyens pour vaincre ce fléau.
C'est à ce défi que l'ONG API-BENIN veut participer.
III
- 5 - Une lueur d'espoir
L'équipe de « petits » chercheurs
dont je m'honore d'être membre, a réalisé un extrait de
plantes, qui s'est révélé antirétroviral (naturel),
spécialement efficace sur le VIH. Ces effets anti-VIH peuvent être
appréciés selon les paramètres biologiques que sont la
charge virale et le test des CD4. Les patients traités par cette
monothérapie (près de 3000), retrouvent manifestement une
certaine santé59(*)
mais en restent dépendants à cause du mécanisme biologique
d'infection du génome du patient60(*). Cette invention est brevetée pour une
protection mondiale à l'OMPI61(*). Pour une action panafricaine, j'ai proposé
à l'OMS de disposer de cette découverte pour sauver la population
durement touchée de l'Afrique ; mais la réponse ne me
paraît pas satisfaisante.62(*) En attendant la mise en valeur de cette
découverte sous sa forme naturelle, je poursuis une recherche plus
poussée dans un laboratoire en France où des molécules
sont en train d'être mises en évidence, pour une production
industrielle purement pharmaceutique. Ici en Afrique hormis l'essai clinique en
cours à Parakou, des projets d'essais cliniques sont en train
d'être réalisés au Burkina Faso au centre hospitalier et
Universitaire Yalgado, sous la Direction du Professeur SANGARE, et aussi en
Afrique du Sud.
Enfin, penser au développement de l'Afrique, c'est
d'abord penser au bien-être de l'Africain, exposé à la
précarité du fait de cette maladie. Les Africains sauront-ils
entendre et comprendre la déclaration de M. Thabo Mbéki, alors
Vice-président sud-africain en 1998 ? Il s'était
exprimé en ces termes : «En tant que nation, nous avons trop
longtemps fermé les yeux, espérant que la réalité
n'étant pas aussi irréfutable, pendant de longues
années, nous avons laissé le virus VIH se répandre...[et
maintenant] nous sommes confrontés à la possibilité de
voir la moitié de notre jeunesse ne pas atteindre l'âge adulte.
Leur éducation sera perdue. L'économie va reculer. On comptera en
grand nombre des malades que les bien-portants ne seront pas en mesure de
prendre en charge. Nos rêves en tant que peuple seront
brisés.»63(*)
La seule chose qui reste à l'homme en détresse c'est de
rêver et si nos rêves risquent d'être brisés, nous
courons vers un chaos social sans précédent. Le SIDA est en train
de devenir le problème majeur du développement de l'Afrique et en
tant que peuple, nous avons l'obligation de ne pas subir cela comme une
fatalité. C'est dans cette dynamique qui refuse la démission ou
l'aliénation (le fait de ne compter que sur le Nord pour nous sortir de
l'impasse du sous-développement), que je sens l'impérieuse
nécessité, de capitaliser, valoriser et réinvestir les
bénéfices et acquis de la formation DEDA.
Conclusion
L'aventure de formation commencée en 1974 à
Bohicon, entrecoupée d'échecs et de réussites,
influencée par des forces tant destructives que constructives,
réalisée dans un environnement religieux (à la fois
traditionnel et révélé), est le facteur de transformation
déterminant mon avenir et mon engagement socioprofessionnel.
Engagé dans un processus dont le but est de me créer un emploi,
je suis devenu finalement, à la faveur d'efforts multiples consentis,
pourvoyeur d'emplois à travers l'ONG API-BENIN. Le besoin de rechercher
toujours plus de compétences pour mieux gérer une organisation
dont je suis l'initiateur m'a conduit à la formation DEDA où
différentes compétences tant disciplinaires,
méthodologiques que transversales ont été acquises. Toutes
les insuffisances dans mes pratiques professionnelles ont été
mises en relief et cette formation a répondu de façon effective,
pratique à l'exigence de qualité qui s'imposait à mon
organisation. Force est de constater, au sortir de ce parcours de deux
années que les acquis ont influencé positivement tant ma vie
personnelle et que l'organisation API BENIN. L'institution et moi sommes avons
été changés en profondeur à la sortie de ce
parcours riche.
A titre de suggestions en vue d'améliorer les
conditions et la qualité de la formation DEDA, il me revient pour
finir, de faire quelques propositions à l'Université hôte
du programme :
- que DEDA se transforme en un grand institut régional
capable de recevoir plus d'étudiants et de les héberger au besoin
pendant les sessions de formation intensive;
- que, dans le cadre de chaque module, se fassent deux
évaluations dont une sur table et l'autre à domicile pendant
l'alternance ; une évaluation générale finale
devrait être faite sur table à la fin du cursus. Si un tel
principe est respecté, les cadres sortis de ce creuset seront
suffisamment transformés pour la grande oeuvre que constitue le
développement du continent africain. C'est l'excellence qu'il nous faut
en Afrique, pas la médiocrité, pour reprendre les mots qui
composent le titre de l'ouvrage du philosophe camerounais Ebenezer Njoh-Mouelle
cité plus haut (cf. phase intra-deda). Nous ne pouvons pas nous
contenter d'être bons dans nos actions, nous devons être meilleurs.
L'importance et la taille de l'oeuvre méritent une telle exigence afin
que les fruits tiennent les promesses des fleurs. C'est d'abord aux fils et
filles d'Afrique que reviennent la responsabilité et l'honneur de faire
en sorte que change positivement le cours de l'histoire de l'Afrique.
BIBLIOGRAPHIE
1 Acquérir une compétence
interculturelle, Mark THOMAS, Mémoire de DESS en psychologie,
Université de Nancy 2 Octobre 2000.
2 L'Afrique, BRUNEL Sylvie, éditions
Bréal, 2004, pages 98-99 .
3 L'Afrique noire et la différence culturelle,
Roland LOUVEL, éditions l'harmattan 1996, page 153.
4 L'approche biographique de la vie de l'adulte,
Pierre DOMINICE, uviversité de Genève
1985.
5 Anthropologie et développement, Essai en
socio-anthropologie du changement social, Jean-Pierre OLIVIER DE SARDAN
Edition karthala 1995, page 10.
6 A quand l'Afrique ? JOSEPH KI-ZERBO, Edition
de l'aube édition d'en bas 2003.
7 Communication au colloque international sur «Aires
Culturelles et création littéraire en Afrique «Biennale des
Arts et des Lettres. K.A. MARIKO, Dakar 12-18 Déc. 1990.
8 Le coût humain de la mondialisation , ZYGMUNT
BAUMAN, édition HACHETTE LITTERATURE 1999, page 92.
9 De la médiocrité à l'excellence.
Essai sur la signification humaine du développement, MOUELLE Njoh
Ebénézer, éditions du Mont Cameroun, 1988.
10 Economie du secteur informel, Tirtowa Kodjo David
LEMBO, page 31-32, CIESA Canada Juin 2000.
11 L'éducation selon E. Mounier, une philosophie
pratique pour le développement », Communication Jacques
NANEMA au Colloque de Madrid, Juillet 2005.
12 Encyclopédie Encarta, Microsoft
Corporation, Collection ENCARTA 2004.
13 Et si l'Afrique refusait le
développement ? KABOU Axelle, Paris, L'Harmattan, 1991.
14 L'impact de la mondialisation sur les pays
africains de Sébastien MEDVEDOWSKI à l'adresse internet
http://www.chez.com/mazerolle/ScEco2003/Afrique1.doc.
15 Larousse, encyclopédie universelle
intégrale 2005.
16 Négrologie, Pourquoi l'Afrique meurt ?
Stephen Smith, éditions Calmann-Lévy, 2003, page 105.
17 Rapport ONUSIDA 2000.
18 Recherches sur internet dans le moteur de recherche
www.google.fr.
19 Sciences sociales, Emmanuel Le Masson et alii,
Edition DALLOZ 2004.
* 1 (Cité dans)
Animer et gerer un projet, Lionnel BELLENGER et Marie José
COUCHAERE, éditions ESF, année 1995, page 12.
* 2Larousse,
encyclopédie universelle intégrale, Paris 2005.
* 3Ibidem.
* 4 Ibidem.
* 5 Mon acte de naissance a
été revu et ma date officielle de naissance est désormais
«1970 » pour me permettre d'obtenir de bourse d'entrée en
6ième.
* 6 Commune de Bohicon,
BENIN.
* 7 Marié à
trois femmes qui ont fait au total treize enfants dont 5 pour ma mère.
* 8 Divinité
vénérée dans la croyance traditionnelle au
Bénin.
* 9 Procédé
divinatoire qui sert à consulter la volonté du Vodoun.
* 10 FÂ est une sorte
de divination qui sert à consulter l'avenir au Bénin.
* 11 En début des
années soixante-dix, cinq à dix francs CFA suffisaient pour
entretenir un enfant à l'école en une journée.
* 12 Chaque année,
l'Etat envoyait les cinq premiers de chaque province à cette
école qui forme les futurs cadres militaires.
* 13J'avais en quelque sorte
convaincu ma mère d'accepter mon déménagement provisoire,
elle l'avait vécu difficilement car à un moment elle a dû
me rechercher pour savoir ce qui se passait.
* 14 La révolution
marxiste de nature dictatoriale du 26 octobre 1972 , dirigée par les
militaires ayant KEREKOU à la tête avait connu une opposition tant
au plan national qu'international, les enseignants rarement payés et
surtout les étudiants privés de secours et bourses scolaires
étaient les plus farouches antirévolutionnaires.
* 15 Mon père m'avait
fait connaître un nombre important de plantes médicinales dans le
but de ne pas emporter dans la tombe ses connaissances, évitant ainsi ce
qu'a fait remarquer Hampâté BA : « Quand un
vieillard meurt en Afrique, c'est une bibliothèque qui
brûle ».
* 16 Des sacrifices humains
se faisaient dans le culte vodoun au temps des rois d'Abomey ; aujourd'hui
encore les griots racontent des épopées relatives à ses
messes noires ; d'ailleurs le musée d'Abomey témoigne encore
de tous ces actes « inhumains » du passé.
* 17 Larousse,
encyclopédie universelle intégrale, Paris 2005.
* 18 Le mouvement
anti-révolutionnaire à l'origine des troubles politiques est
celui-là même qui a conduit le Bénin à la
conférence nationale en février 1990. Il peut être
considéré comme le prélude à la
démocratisation du pays et de la sous-région ouest-africaine.
* 19 Mes études de
Grec ont été sanctionnées par les attestations du
1er, 2ième et 3ième
degrés sur 5 du cursus à la Faculté des lettres d'Aix en
Provence.
* 20 ONG d'action sociale
utilisant la promotion des abeilles comme une stratégie du
développement.
* 21 LAROUSSE,
encyclopédie universelle intégrale, Paris 2005.
* 22 Plus de mille
têtes totalement maîtrisées mais laissées en
divagation et que je rassemblais à coup de sifflet.
* 23 Centre d'Action
Biblique pour la Promotion Sociale.
* 24 A quand
l'Afrique ? Joseph KIZERBO, éditions de l'aube,
éditions d'en bas, 2003.
* 25 Encyclopédie
universelle intégrale, éditions Larousse, Paris, 2005.
* 26 KINNOUDO
Célestin, Directeur adjoint API-BENIN.
* 27 "Apivirine" extrait de
plante tropicale d'efficacité immédiate sur le VIH, numéro
de la demande internationale : PCT / IB2002 / 005285,
numéro de publication internationale : WO2004 /
052384 A1). (voir site
www.apibenin.org ).
* 28 Organisation Mondiale
de la Propriété Intellectuelle.
* 29 Encyclopédie
universelle intégrale, op. cit.
* 30
Encyclopédie Encarta, Microsoft Corporation, Collection ENCARTA
2004
* 31 Pour aller plus loin
dans cette hypothèse explicative de l'état du
sous-développement de l'Afrique, lire ce texte très critique de
Kabou : Et si l'Afrique refusait le développement ?
Paris, L'Harmattan, 1991.
* 32 De la
médiocrité à l'excellence. Essai sur la signification
humaine du développement, éditions du Mont Cameroun, 1988.
* 33 Cette suite de
pensée s'inspire de BRUNEL Sylvie, L'Afrique, éditions
Bréal, 2004, pp. 98-99.
* 34 Anthropologie et
développement, Essai en socio-anthropologie du changement social,
éditions Karthala 1995, page 136.
* 35 Anthropologie et
développement, Essai en socio-anthropologie du changement social,
éditions Karthala 1995, page 136.
* 36Négrologie,
Pourquoi l'Afrique meurt ?, Stephen Smith, éditions
Calmann-Lévy, 2003, page 105.
* 37 Encyclopédie
Encarta, Microsoft Corporation, Collection ENCARTA, Paris 2004.
* 38 Le coût
humain de la mondialisation, Zygmunt Bauman, éditions HACHETTE
LITTERATURE 1999, page 92.
* 39 (G. H. VON WRIGHT
cité dans) Le coût humain de la mondialisation de ZYGMUNT
BAUMAN, éditions Hachette Littérature, Paris 1999, page 89.
* 40 L'impact de la
mondialisation sur les pays africains de Sébastien MEDVEDOWSKI
à l'adresse internet
http://www.chez.com/mazerolle/ScEco2003/Afrique1.doc.
* 41 Ibidem.
* 42 Ibidem.
* 43 Encyclopédie
Encarta, Microsoft Corporation, Collection ENCARTA, Paris 2004.
* 44 Acquérir une
compétence interculturelle, Mark THOMAS, Mémoire de DESS en
psychologie, Université de Nancy 2, Oct. 2000.
* 45 L'Afrique noire et
la différence culturelle, Roland LOUVEL, éditions
l'harmattan, Paris 1996, page 153.
* 46 Le planning des
activités se compose de la période, du résultat attendu,
des activités, des groupes concernés et des indicateurs de
suivi.
*
47Communication au colloque international sur
«Aires Culturelles et création littéraire en Afrique
«Biennale des Arts et des Lettres ». K. A. MARIKO, Dakar
12-18 Déc. 1990.
* 48 Doctorat en
développement régional à l'université de Quebec
à RIMOUSKI, Canada.
* 49 Apiculture Sans
Frontière (Actuelle AFOCO Apiculture Formation Coopération).
* 50 Extrait de
« L'éducation selon E. Mounier, une philosophie pratique pour
le développement », Communication Jacques NANEMA au Colloque
de Madrid, Juillet 2005.
* 51 Le SIDA - Syndrome
d'immunodéficience acquise - est le stade ultime de
l'infection causée par le virus de l'immunodéficience humaine
(VIH).
* 52 Rapport ONUSIDA
2000.
* 53 Site web de FAO/impact
de SIDA.
* 54 Ibidem.
* 55 Site web de FAO/impact
de SIDA.
* 56 Ibidem.
* 57 Le rapport mondial
sur la pauvreté, Banque mondiale 2004.
* 58 Recherche dans le
moteur www.google.fr
* 59 Voir sur le site
www.apibenin.org quelques photos
de patientes traitées au CHD GOHO sous la supervision du Professeur
TOGNON Francis de l'Université de PARAKOU, BENIN.
* 60 Une fois le cytoplasme
du vih vidé dans celui de l'homme, une transcription inverse s'effectue
à partir de l'ARN viral qui devient un ADN proviral et
intégré au noyau de la T4, il se mélange au génome
humain et à cette étape inoffensive il n'est aucunement possible
de l'identifier pour le combattre sinon c'est combattre le patient, et à
tout moment il peut surgir et se multiplier en virions.
* 61 PCT N°PCT / IB2002
/ 005285, Publication International N° WO2004 / 052384 A1, du 24 juin
2004.
* 62 voir en Annexe la
lettre réponse de l'OMS.
* 63 Rapport sur
l'épidémie mondiale de VIH/SIDA, ONUSIDA, juin 2000, pages
38-39.