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Travail de fin d'étude en Développement et Education Des Adultes (DEDA)

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par Valentin Agon
Université de Ouagadougou - Licence 2005
  

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I - 1 - 3 L'Approche socio-anthropologique

Le module d'analyse socio-anthropologique des sociétés en développement éclaire un aspect du développement. En effet, pour élucider la problématique du développement, il convient de considérer l'étude empirique multidimensionnelle des groupes sociaux concernés et de leurs interactions, dans une perspective diachronique et combinant l'analyse de leurs pratiques à celles de leurs représentations. Leurs dynamiques de reproduction (transformation sociale), leurs comportements et les significations qu'ils accordent à ces comportements sont à prendre en compte dans un programme de leur développement. Pour amorcer un changement social, l'acteur du développement doit être capable de faire une relecture de ses actes. Et c'est en cela que Edgar Morin propose que notre pensée se donne pour tâche majeure d'investir par les lumières de la raison « l'impensé » qui la commande et la contrôle. Ce qu'il souhaite à l'action de développement, c'est qu'elle ne reste pas prisonnière de la pure et simple logique de l'efficacité, tournant en rond sur elle-même comme dans un cercle vicieux, mais qu'elle se transforme en matière à penser, en source de questionnement perpétuel et réflexif prenant en compte la recherche humaine des valeurs et du sens. Ce qui est en jeu, c'est la réflexivité dont les acteurs du développement doivent être capables pour sortir l'histoire des hommes de l'absurdité ou de la barbarie techno-scientifique. L'interrogation ne doit pas s'éteindre chez les acteurs du développement, elle doit rester vive, critique et éclairer leur marche hésitante sur les routes du progrès.

En somme, la dimension socio-anthropologique, permet à l'acteur du développement d'oeuvrer dans ce cadre en considérant d'une part tout ce qui concerne l'homme dans son environnement social, ses faits, ses représentations, ses manières d'agir et le sens qu'il accorde à sa vision des choses, à sa vision des êtres, du monde et de l'histoire, et d'autre part pour lui-même la capacité de se remettre en question et de se reconsidérer, de relire, de réfléchir son engagement pour le développement. Avant d'évoluer, une analyse de la situation actuelle du développement ou plutôt du sous-développement, s'impose comme nécessaire pour repenser autrement le développement.

I - 1 - 4 Analyse du développement : adultération de son sens

Le développement tel que perçu et vécu dans le contexte africain ne garantit pas des changements durables pouvant favoriser l'émergence du continent. La mentalité selon laquelle le développement s'importe trahit même le sens du concept. On croit que l'exhibition de notre pauvreté méritera une attention et une préoccupation particulières du monde développé qui exportera le développement chez nous. Non ! Soutiendra l'éminent historien burkinabé KI-ZERBO selon qui « On ne développe pas, on se développe ». Le développement a été jusque là compris et continue malheureusement encore aujourd'hui de l'être selon une logique qu'on pourrait appeler « assistancialiste ». Cette logique est dénoncée comme on le sait par Jean-Pierre OLIVIER de SARDAN34(*) comme une entrave majeure au développement de l'Afrique. Chez nous, un autre grand frein au développement se rend visible à travers l'accaparement35(*) voire le détournement des aides à des fins privées, partisanes et égoïstes. Une mentalité s'est développée quasiment à tous les niveaux de la société africaine, selon laquelle « le développement se mange ». Des élites du plus haut niveau de l'Etat jusqu'aux paysans dans la campagne la plus reculée, l'argent du « Blanc » est perçu comme un cadeau voire un gâteau que l'on doit se partager au lieu de le faire fructifier au profit de l'ensemble de la société. Ce système pernicieux est tellement développé que le « per-diem » occupe maintenant une ligne budgétaire dans les projets, et il est devenu une condition sans laquelle le paysan ne prend plus part aux oeuvres de développement de son milieu. Le chef du projet non plus n'exécutera pas le programme s'il n'est pas assuré de se réserver la part du lion. On peut, dans un tel contexte, se poser des questions sur notre conscience de la situation difficile, dramatique, sur notre détermination et volonté de nous en sortir, de consentir quelques sacrifices pour obtenir la fin de la misère dans laquelle nous sommes plongés.

A quand la fin de cette idéologie pernicieuse qui a pris place en Afrique, qui nous installe dans un mépris total de la morale et fait de nous des hommes et des femmes sans honneur et sans dignité ? L'argent est devenu une finalité de notre vie, il s'acquiert par tous les moyens. Une question importante se pose : un plan Marshall peut-il développer l'Afrique ? On peut en douter, car il faut un changement préalable de mentalité qui remet l'argent à sa place de simple moyen pour lequel il faut d'abord un but commun et une certaine dose de moralité pour mettre le bien commun au-dessus de tout. Selon S. Smith, «...Quant au plan Marshall, les principaux bénéficiaires aux sorties de la deuxième guerre mondiale - l'Allemagne et la France - n'ont reçu d'aides qu'à hauteur de 2,5 % de leurs PNB. En revanche, pour 1996, les Etats subsahariens - exceptés le Nigéria et l'Afrique du Sud - ont reçu en moyenne, l'équivalent de 12,3% de leur PIB sous forme d'aides. Ils ne se sont pas développés pour autant. Ce qui n'a d'ailleurs rien d'étonnant : les pays européens se sont relevés après la guerre après la main tendue américaine ; n'ayant jamais atteint un niveau d'organisation social de formation de leur main d'oeuvre et de productivité qui fondent le développement, et qu'aucune forme de crédit ne saurait compenser, les pays africains, eux, tendent la main faute de pouvoir gagner leur vie autrement - et ils le feront tant qu'ils ne seront pas obligés d'améliorer leurs sorts par leurs propres efforts. ... Entre 1990 et 1995, l'aide extérieure à l'Afrique subsaharienne représentait plus de 50% des recettes et même 71% des investissements des gouvernements bénéficiaires »36(*). De tels propos devraient nous faire réfléchir et trouver les moyens de compter sur nos propres forces. L'Afrique ne peut pas compter sur quelqu'un d'autre pour sortir de la précarité et l'historien burkinabé a raison quand il sous-entend que tant que nous dormons sur la natte des autres, nous dormons en fait par terre. L'autonomie est à conquérir dans les meilleurs délais. Il est temps de devenir majeur, de mûrir sur plusieurs plans et d'oser assumer notre destin pour le transformer en situation favorable à nos projets. Pour finir cette réflexion sur le développement, il est utile de faire un bilan avant d'évoluer dans cette étude des concepts.

I - 1 - 5 Bilan

La complexité du développement explique la difficulté de le circonscrire par l'éclairage d'une seule discipline. L'approche interdisciplinaire et pluridisciplinaire se montre pertinente pour comprendre des problématiques telles que celle du développement et de l'éducation. Le développement apparaît comme une réalité relative à l'espace et au temps, aux sociétés et à leur culture. Il ne saurait donc se réduire à ce que l'Occident nous a montré comme modèle de développement car ce type de développement a été source de dégâts sur l'environnement, sur l'homme dans ses relations avec la nature, mais surtout avec les autres hommes avec qui il a des difficultés de co-existence. A quoi sert le développement (de type occidental) s'il détruit la nature et l'humanité des hommes et des femmes ?

Considérant tout ce qui précède, je propose du développement la définition suivante : il s'agit du résultat, réparti dans le temps d'un long processus positif de changement, d'abord humain ensuite culturel, social, économique, politique, environnemental etc. qui s'effectue progressivement par la mise en valeur des ressources locales en l'occurrence l'homme, la nature avec tout son contenu et parfois aussi par l'apport extérieur de ressources (technique, technologique, humaine, culturelle, financière etc.). Loin d'être anthropophage en déstructurant les sociétés occidentales et non occidentales, le développement doit être anthropocentré pour être durable. Mais une telle vision du développement est-elle viable quand tant d'obstacles telle que la mondialisation, se dresse depuis quelques années sur les routes du développement de l'Afrique ?

* 34 Anthropologie et développement, Essai en socio-anthropologie du changement social, éditions Karthala 1995, page 136.

* 35 Anthropologie et développement, Essai en socio-anthropologie du changement social, éditions Karthala 1995, page 136.

* 36Négrologie, Pourquoi l'Afrique meurt ?, Stephen Smith, éditions Calmann-Lévy, 2003, page 105.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984