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Le NEPAD ou l'ère de la conditionnalité intériorisée

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par Julien Vlassenbroek
Université de Louvain-La-Neuve (UCL) - Diplôme d'études spécialisées en études du développement 2005
  

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1. Introduction

Lorsque l'on parle de `développement durable' et de l'Afrique un constat s'impose :

Cela fait maintenant plusieurs décennies que le `développement' (devenu `durable' en cours de route) du continent est inscrit à l'agenda mondial et pourtant cette partie du globe aux potentialités infinies demeure de loin la plus pauvre de la planète. Pire, sa situation économique et sociale se dégrade depuis une bonne vingtaine d'années. Ainsi, si dix pourcents de la population mondiale vit au Sud du Sahara, cette région génère à peine un pourcent du produit intérieur brut global1(*). Si l'on en croit les Indicateurs de Développement issus de la Banque Mondiale (BM), la proportion de la population africaine vivant avec moins d'un dollar par jour aurait cru de 47% en 1990 à 49% en 19992(*), ce qui concrètement veut dire que 74 millions de personnes (des hommes des femmes et des enfants avant d'être des statistiques) de plus qu'il y a 15 ans vivent dans l'extrême pauvreté matérielle alors que sa réduction est sensée être une priorité depuis plus de vingt ans !

Les constats alarmants (toujours dans la perspective d'une prise en compte des habituels indicateurs macro-économiques comme outils destinés à jauger la situation - on ne refera pas ici le débat sur la relativité de ces indicateurs et sur leurs limites, le tout étant de rappeler ici que les objectifs visant le redressement de ces indicateurs sont loin d'avoir été atteints) semblent pouvoir se décliner à l'infini comme l'illustre cet extrait d'une conférence de M. Amath Soumare : « l'Afrique est la région la plus pauvre du monde, avec des revenus réels qui sont en moyenne inférieurs du tiers à ceux de l'Asie du Sud, avant-dernière au classement des plus pauvres. Dans les années 1990, l`Afrique subsaharienne, qui abritait déjà 25 % des victimes de la pauvreté absolue dans le monde, a vu ce chiffre passer à 30 %, et l'Afrique est le seul continent où la pauvreté continue d'augmenter aujourd'hui. Plus de 340 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population africaine, vivent avec moins de 1 Euro par jour. Ces cinq dernières années, les pays africains ont enregistré des taux de croissance moyens de 3,5 %, comparé aux 7 % nécessaires pour atteindre les objectifs de développement du millénaire. [...]. L'Afrique représente moins de 1 % des flux mondiaux de l'investissement, alors qu'on  estime à 40 % la part de l'épargne africaine qui est investie en dehors de l'Afrique. L'Afrique est la seule grande région où l'investissement et l'épargne par habitant ont diminué après 1970 »3(*).

Depuis 1980, le Plan de Lagos, l'APPER (Africa's Priority Programme for Economic Recovery) reconverti en PAAERD (Programme of Action for Africa's Economic Recovery and Development), le CARPAS (Cadre African de Référence pour les programmes d'Ajustement Structurel), «The African Charter for Popular Participation for Development» ou encore «The United Nations New Agenda for the Development of Africa in the 1990's» pour ne citer que ceux-là, ont fourni autant d'initiatives recelant l'ambition d'inverser la tendance4(*). Sans succès. C'est le dernier (entendez le plus récent) de ces grands projets à vocation continentale, le « Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) » qui fera l'objet de la présente étude.

Le NEPAD sera-t-il enfin le plan qui permettra une réelle « renaissance africaine », comme le texte de ce programme le proclame, ou ne sera-ce qu'un plan de plus à ajouter dans la liste des échecs ? Par qui, comment et dans quel contexte a-t-il été élaboré ? Quels en sont les aspects originaux ? Quelle est la position des pays occidentaux et des organisations internationales face à ce plan ? Comment a-t-il été accueilli par la société civile africaine ? Ce projet peut-il marquer le début d'une nouvelle ère dans les rapports de l'Afrique avec le reste du monde dans un contexte de globalisation? Voici quelques questions auxquelles l'on va modestement et très succinctement tenter de répondre au cours de cette courte contribution.

On se penchera dans un premier temps sur la genèse de ce Nouveau Partenariat. Celle-ci apparaît en effet indispensable à aborder pour comprendre les enjeux réels du NEPAD sur le plan africano-africain, le rôle des pays occidentaux dans sa confection, les tenants et les aboutissants ainsi que les origines doctrinales et idéologiques de celui-ci.

On présentera ensuite très synthétiquement le contenu de ce document pour en mettre en exergue les grands axes et les aspects les plus marquants, et ce afin de pouvoir procéder, dans la section suivante du présent travail, à une évaluation sommaire de ce programme en se basant à cette fin uniquement sur la littérature académique ou à prétention scientifique.

La littérature à caractère plus politique ou engagé, officielle ou non, sera elle mise ensuite à profit pour analyser respectivement les réactions endogènes face au projet puis celles des bailleurs de fonds. Cette analyse devrait permettre (c'est en tous cas son ambition) de trancher sur la question du caractère strictement (ou fallacieusement) africain de ce programme, caractéristique souvent présentée comme l'une des forces de ce plan (cf. infra). Enfin, on terminera par une brève conclusion générale dans la quatrième partie.

2. La genèse du NEPAD et les acteurs impliqués

Le long processus qui mène à la réalisation de la version définitive du NEPAD est riche en enseignements à tous points de vue. Que ce soit pour appréhender les rapports de force et leur évolution au cours des années précédant la mise sur pied de ce partenariat, à la fois sur le plan des relations interafricaines stricto sensu mais également afin de mettre en exergue le rôle des bailleurs de fonds (G8, IFIs, UE,...) et certaines lignes directrices des relations Afrique-Occident en général, la genèse du NEPAD s'avère un épisode dont il est selon moi impossible de faire l'économie sous peine de passer à côté de l'essentiel ou, en tous cas, de ne pas en saisir la totalité.

2.1. L'« African Renaissance » comme refuge paradigmatique

Certains auteurs font remonter les origines directes du NEPAD au milieu des années nonante. C'est notamment le cas de Sams Dine Sy qui considère que le NEPAD n'est qu'une réactivation du Plan du Caire destiné à relancer le développement sur le continent africain, agrémentée toutefois de quelques nouveautés5(*). Mais s'il est un fait qu'il existe des éléments de continuité entre le plan du Caire (1995) et le NEPAD, il ne semble pas que l'on puisse établir une parenté directe entre celui-ci et celui-là. On verra en se penchant sur les options économiques et autres éléments doctrinaux qui sont contenus dans le NEPAD que les influences paradigmatiques y sont nombreuses (quoi qu'assez univoques, cf. infra) et peuvent renvoyer à des conceptions vieilles de parfois près de trente ans. Seulement, là n'est pas le but de cette partie du travail. Il s'agit ici de tenter de saisir la ou les dynamique(s) propre(s), si tant est qu'il y en ait, qui a ou ont prévalu à l'éclosion du document qui fait l'objet de la présente étude.

Ainsi, dans le sillage de l'écrasante majorité des auteurs qui ont abordé la problématique, on fera remonter le début de la construction du NEPAD en tant que tel à la fin des années nonante. En effet, les origines du processus d'élaboration de l'accord de partenariat semblent remonter au concept de l' « African Renaissance » élaboré et popularisé par le président de l'Afrique du Sud, Thabo Mbeki. Ce concept peut en fait être appréhendé comme un condensé d'éléments philosophiquo-politiques contenus dans les grands courants de pensées africains tel que le panafricanisme, la négritude ou encore le « Black Consciousness ». Ce n'est donc pas par son caractère novateur que ce nouveau paradigme autoproclamé se distinguait mais bien par son fort potentiel émotionnel, s'avérant psychologiquement et culturellement pertinent en mettant l'accent sur la dignité et le respect de soi en tant qu'Africain mais surtout sur la fierté d'être Africain dans un contexte marqué alors du sceau de l'afro-pessimisme6(*). C'est donc par sa revitalisation de valeurs appréhendées comme authentiquement africaines que ce paradigme, bien que fruit de recyclages, a pu mobiliser les responsables politiques et les intellectuels. Cependant l' « African Renaissance » ne constitue pas en soi un paradigme totalement abouti et politiquement applicable tel quel mais bien une base philosophique sur laquelle appuyer des constructions politiques7(*).

La matérialisation sous forme programmatique des préceptes inhérents à ce courant de pensée s'est réalisée de manière décisive via le « Programme de renaissance africaine pour le nouveau millénaire » (ou MARP, pour « Millennium African Renaissance Program ») présenté par Mbeki lors du Forum économique mondial à Davos le 28 janvier 2001. Ce texte qui fait sien les recommandations du courant de l' « African Renaissance » est le fruit d'un mandat reçu par les chefs d'Etats algérien, nigérian et sud-africain lors du sommet extraordinaire de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), à Syrte en Libye, afin de plaider l'annulation de la dette de l'Afrique auprès de ses créanciers. MM. Obasanjo, Bouteflika et Mbeki virent ensuite leur mandat s'étendre à la préparation d'un programme africain de relance pour le millénaire à venir lors du sommet de juillet 2000 à Lomé.

Le texte de ce plan est décrit comme « un diagnostic des sources de l'appauvrissement historique de l'Afrique et un appel à la prise de conscience des leaders africains »8(*). Passant par l'analyse des dérives de l'esclavage, de la colonisation et de la néocolonisation, il met notamment en lumière les prélèvements de ressources propres à chaque période (respectivement ressources humaines, naturelles et de productions agricoles ou industrielles dans le cadre d'un échange inégal). Le plan avait en outre intégré des préoccupations telles que la place de l'Afrique sur la scène internationale et les modalités d'un nécessaire partenariat avec les institutions multinationales.9(*) Il s'agit donc d'une initiative légèrement teintée d'altermondialisme et d'un ton revendicatif mais insistant également sur la responsabilité des Africains quant à leur avenir propre.

2.2. Le Plan Omega : la riposte de Wade

Même s'il s'agit, comme on vient de le voir, d'une légère déformation de la réalité, le MARP est souvent perçu comme une initiative strictement sud-africaine, voire comme le « bébé » de Mbeki. Il faut concéder que le Président africain y a puisé une visibilité internationale non négligeable. Certains analystes soulèvent également que la diffusion de l' « African Renaissance » ne s'est pas faite sans tentative de positionner l'Afrique du Sud en tant que leader, au moins sur le plan économique, du continent africain.

C'est dans ce contexte que le Président sénégalais Abdoulaye Wade, présenta à son tour un plan économique global à vocation continentale : le « Plan Omega »10(*), quelques mois seulement après la première présentation du MARP11(*). Outre la volonté d'offrir de nouvelles perspectives à l'Afrique, il s'agissait là manifestement dans le chef de Wade de ne pas laisser le monopole du leadership continental à son homologue sud-africain. Plus axé sur la théorie orthodoxe du rattrapage issue de l'héritage doctrinal de Rostow, il est également plus technique voire 'technocratiquement orienté' que le MARP. Le « Plan Omega » vise ainsi principalement à combler les retards de l'Afrique sur les pays plus avancés par l'intégration économique et à partir de la mobilisation du capital physique et humain selon les prescriptions de la théorie de la croissance endogène. La Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (UNECA) accoucha elle aussi d'une initiative comparable intitulée « Compact for African Recovery (CAR) »12(*) qui fut présentée lors de la même Conférence que le plan de Wade.

C'est toujours au cours du même sommet de l'OUA, à Alger, qu'il fut décidé que ces documents devraient être compulsés avec le MARP dans une version unique et consensuelle, un compromis diplomatique qui permettrait d'aplanir les conflits d'intérêts que laissaient apparaître ces plans concurrents, mais ce ne fut pas sans efforts que l'on parvint à éviter la rupture, car désormais les luttes de prestige interpersonnelles s'étaient mêlées aux négociations, comme l'ont soulevé Taylor et Nel : « only hard bargaining managed to prevent Wade's Omega Plan from sabotaging African unity before it had even begun, particularly when Wade began claiming that his plan was a `practical initiative for overcoming Africa's economic difficulties', while MARP was `more of a manifesto'. Yet Wade's plan was extremely problematic and did not deserve the status that it was given (though no doubt satisfying the ego of its author) »13(*).

2.3. De la NAI au NEPAD: à la recherche d'un consensus entre élites

Lors du sommet de l'OUA de juillet 2001 à Lusaka, une version compilée des trois plans appelée « New African Initiative (NAI) »14(*) (faisant en réalité surtout la part belle aux plans de Mbeki et de Wade et ignorant pratiquement le CAR comme l'indique sans ambiguïté le sous-titre dudit document : « Merger of The Millennium Partnership for the African Recovery Program (MAP) and Omega Plan ») fut présentée et un comité de mise en application composé de quinze chefs d'Etat y fut alors mandaté. En Octobre, après que la NAI a été présentée au G8 lors du sommet de Gênes, un nouveau nom sera donné à une version du texte retravaillée à l'aune des exigences des bailleurs de fonds (cf. infra) : « The New Economic Partnership for African Development »15(*) qui en constituera la version définitive.

Si l'on résume le parcours de ce texte, on constatera donc qu'il s'agit d'un compromis entre deux textes principaux issus de chefs d'Etat africains, se disputant le leadership continental et ayant chacun leurs soutiens respectifs, compromis lui-même élaboré entre chefs d'Etat avant d'être soumis aux représentants du G8 pour parvenir à la version finale. Ce qu'on appelle à défaut de meilleure terminologie à disposition, la `société civile' a donc été complètement écartée dans le processus de rédaction de ce plan. En outre, bien qu'il apparaisse comme un texte authentiquement issu de la volonté de responsables africains étant donné son parcours officiel, l'influence des bailleurs de fonds (G8, OCDE, UE, FMI, BM,...), directe et/ou indirecte, ne doit pas être sous-estimée dans la teneur du texte final comme on le verra par la suite. On s'en tiendra dans cette partie à relever l'importance que peut recouvrir le dernier changement de nom du document, étape ultime de sa gestation qui est manifestement issue de demandes externes.

En effet, le label « New African Initiative » sonnait comme un projet strictement africain qui semblait se suffire à lui-même tandis que « New Economic Partnership for African Development » rappelle la dimension `partenariat' et donc inévitablement l'importance des partenaires. Dès 1998, le très influent Professeur de Harvard Jeffrey Sachs recommandait d'ailleurs que soit mis en place un « Nouveau partenariat pour la croissance en Afrique »16(*) qui a donné les grandes lignes dans lesquelles allaient s'inscrire les politiques de coopération américaines dans les années qui suivirent. Il apparaîtrait donc que ces idées venues d'outre-Atlantique aient influencé les promoteurs du NEPAD jusqu'à la détermination de la dénomination adéquate à attribuer à leur plan.

Bien qu'il s'agisse d'un des arguments principaux de ses défenseurs, le caractère proprement africain du NEPAD semble ainsi pouvoir être démenti par sa seule labellisation, mais il va de soi que nous donnerons dans la suite de ce travail des arguments plus étayés appuyant l'idée que ce plan, bien qu'a priori formellement conçu par des leaders Africains, n'est pas (perçu comme) un programme authentiquement africain.

3. Que recommande le NEPAD : les grands axes du projet

D'après ses géniteurs, le NEPAD constitue « une promesse faite par des dirigeants africains, fondée sur une vision commune ainsi qu'une conviction ferme et partagée qu'il leur incombe d'urgence d'éradiquer la pauvreté, de placer leurs pays, individuellement et collectivement, sur la voie d'une croissance et d'un développement durables, tout en participant activement à l'économie et à la vie politique mondiales. Il est ancré dans la détermination des Africains de s'extirper eux-mêmes, ainsi que leur continent, du malaise du sous-développement et de l'exclusion d'une planète en cours de mondialisation »17(*).

Le ton général du document est très vite donné puisqu'il s'agit là du premier paragraphe de celui-ci. On y apprend d'entrée qu'il s'agit d'un engagement pris par des « dirigeants » et non par les peuples aux destinées desquelles ils président car ceux-ci ont été mis à l'écart de son élaboration. La lutte contre la pauvreté est le premier objectif nommément cité, suivi par « la croissance », le « développement durable » et l'intégration dans la vie politique et économique « mondiale » ; une hiérarchie des priorités qui, entre parenthèse, conforte l'idée d'un alignement sur les injonctions et l'agenda des bailleurs de fond (cf. infra).

On y lit ensuite que les « Africains ont commencé à manifester leur refus d'accepter un leadership économique et politique médiocre »18(*), autrement dit que la « bonne gouvernance » fera désormais partie des objectifs poursuivis par leurs dirigeants. Ce faisant et gardant en mémoire les leçons d'un « passé douloureux », les rédacteurs affirment que « les Africains ne doivent pas être les pupilles de gardiens bienveillants, mais plutôt les architectes d'une amélioration soutenue de leurs conditions de vie »19(*), ainsi ce programme constituerait-il « un nouveau cadre d'interaction avec le reste du monde, notamment avec les pays industrialisés et les organisations multilatérales. Il est fondé sur un ordre du jour dont ont décidé les Africains de leur propre initiative et de leur propre gré, afin de déterminer eux-mêmes leur destin »20(*). Ces dernières assertions relèvent indubitablement du courant de l' « African Renaissance ». Notons cependant que ces velléités autonomistes cadrent mal avec les nombreux appels du pied à destination des bailleurs de fonds comme celui contenu dans l'article 66 qui vise à lancer « un appel à nos partenaires de développement pour qu'ils nous apportent une assistance dans nos efforts ».

Afin de parvenir à réaliser le développement durable de l'Afrique, les initiateurs du projet en ont identifié les conditions requises. Elles sont de trois ordres selon eux : tout d'abord « la paix, la sécurité et la bonne gouvernance » étant entendu qu'il « est maintenant généralement accepté que le développement ne peut se réaliser en l'absence d'une démocratie véritable, du respect des droits de l'homme, de la paix et de la bonne gouvernance. Avec le NEPAD, le continent prend l'engagement de respecter les normes mondiales en matière de démocratie »21(*). Ce sont donc bien des critères exogènes de démocratie qui serviront de repères à l'évaluation des progrès politiques des parties prenantes à l'accord, renforçant potentiellement la perception du NEPAD comme un diktat déguisé ou du moins comme le résultat d'une intériorisation par les élites africaines des conditionnalités imposées par l'Occident à l'Afrique d'autant que les deux prérequis suivants, à savoir l'allégeance déclarée à « la gouvernance économique et la gouvernance des entreprises » et enfin la nécessité d'entreprendre des « approches sous-régionales et régionales au développement »22(*) relèvent également de l'agenda et surtout de la terminologie des institutions de Bretton Woods et des autres principaux « partenaires de développement ».

Une fois ces conditions introduites, le NEPAD se penche alors sur les « priorités sectorielles »23(*) dont on retiendra notamment la volonté de « combler l'écart dans le domaine des infrastructures » et notamment en ce qui concerne l'écart numérique que les tenants du NEPAD visent à combler en appelant à « investir dans les technologies de l'information et de la communication »24(*) tandis qu'ici encore, appel est fait à l'assistance du G8 et aux « bailleurs de fonds bilatéraux »25(*). La « mise en valeur des ressources humaines »26(*) qui concerne surtout les efforts afin d'éviter la fuite des cerveaux, la protection de l'environnement, le développement de l'agriculture et de la culture, des sciences et de la technologie sont autant d'objectifs contenus dans ce vaste programme. On verra dans la suite de ce travail que plusieurs analystes appréhendent d'ailleurs cette extrême diversité des desseins à poursuivre comme une faiblesse potentielle. D'autant que les ambitions du plan ne s'arrêtent pas là. Le Nouveau Partenariat s'attaque en effet encore à la mobilisation des ressources via une « initiative en faveur des flux de capitaux »27(*), qui comporte à nouveau un élément qui a l'accent du fatalisme de la dépendance puisqu'il concède que le « NEPAD vise à obtenir une augmentation des apports d'APD à moyen terme »28(*). Il contient également une « initiative pour l'accès aux marchés » notamment à travers la promotion des exportations et du secteur privé29(*).

Enfin, c'est somme toute logiquement que le « Nouveau partenariat pour le développement économique de l'Afrique » se soucie d'établir un... « nouveau partenariat mondial ».

Il est notamment question d' « instaurer de nouvelles relations avec les pays industrialisés et les organisations multilatérales »30(*). Qui dit « nouvelles relations » implique a priori une remise en cause ou, à tout le moins, une réorganisation desdites relations. Cependant, les concepteurs du NEPAD se sont empressés de préciser dès l'article 184 que les « divers partenariats entre l'Afrique et les pays industrialisés d'une part et les institutions multilatérales d'autre part devront être maintenus », offrant ensuite une liste des partenariats en question. Sous cet angle, il semble que cet article soit au moins partiellement antithétique par rapport au titre de la section dans laquelle il s'insère.

4. Evaluation sommaire

Après avoir très succinctement dressé le portrait robot du NEPAD, on va à présent tenter d'en réaliser une brève évaluation en s'appuyant sur la littérature, dorénavant assez consistante, disponible sur le sujet.

Il ne s'agit pas ici de procéder dans une perspective normative, le but n'étant pas de condamner ou d'encenser le NEPAD per se mais bien de mettre en avant les éventuelles forces et faiblesses de ce document. Le fait est que si l'on s'en réfère aux publications à prétention scientifique, une compilation du matériel disponible concernant ce plan livre une balance avec un plateau plus garni du côté `faiblesses' que du côté `forces' - un constat qui ne vaut pas par contre pour la littérature `officielle' comme on le verra par la suite -.

Ce n'est donc pas d'une position idéologiquement marquée de ma part mais bien d'une tentative de refléter la tendance générale des considérations académiques sur le NEPAD dont j'ai pris connaissance qu'est issu le déséquilibre quantitatif entre les deux parties qui suivent.

4.1. Les forces potentielles

Dans un article consacré aux liens entre NEPAD et développement durable31(*), d'ailleurs assez critique vis-à-vis de ce dernier, Ji Kang Kim, chercheuse au CIPS (Centre for International Political Studies de l'Université de Pretoria), dégage néanmoins des grandes lignes de force de ce « Nouveau Partenariat » : tout d'abord, elle relève le fait qu'il y soit formellement reconnu que l'Afrique a désormais besoin de prendre son destin en main, de compter sur elle-même pour réaliser son développement et qu'à ces fins, le texte se concentre sur les moyens de renforcer les facultés des peuples africains à peser sur les décisions et de construire une Afrique autonome ; ensuite, Kim évalue le fait que soit reconnue l'importance prégnante des priorités établies au niveau national pour établir des plans de développement dans plusieurs domaines (lutte contre le HIV/SIDA, développement des technologies de la communication, accès aux marchés, etc.) comme un des principaux aspects positifs du document ; enfin, le fait que la plupart des objectifs du NEPAD soient calqués sur l'agenda des organisations multilatérales32(*) constitue potentiellement un `plus' puisque cela devrait logiquement faciliter la coopération en vue d'atteindre ceux-ci. Ainsi de nombreux auteurs s'accordent pour dire que « one of NEPAD's strenghts is its timeliness with repsect to key donors in the OECD and G8 »33(*).

L'intérêt de cet extrait de l'article de Kim est qu'il offre une vision synthétique de la plupart des éléments généralement évalués comme les points forts du document qui fait l'objet de la présente étude.

Et si les aspects mentionnés ci-dessus ne semblent pas se distinguer par leur caractère innovateur, Alex De Waal juge qu'il s'agit là d'un élément qui renforce le NEPAD plus qu'il ne le dessert : « What's new about NEPAD ? In many respects, not much - and this is one of its strengths. Africa doesn't need new paradigms; what it needs is a proper application of lessons already learned, and a replication and broader application of existing best practices. NEPAD's leaders like to say that what's new is the `political will' behind the initiative »34(*).

Et cet engagement à fournir un volontarisme politique se concrétise d'ailleurs dans le document par les innombrables références et promesses de soumission aux impératifs de la bonne gouvernance que ce soit sur le plan politique ou économique. Et c'est ici que se situe ce que la plupart des analystes décrivent comme le principal atout du NEPAD, son innovation la plus marquante, à l'instar de Jephthah Gathaka et Smokin Wanjala, par exemple, pour qui « the only way in which NEPAD can be said different from other initiatives is taht, for the first time, it acknowledges the fact that poor political leadership characterised by human rights violations, economic mismanagement, and corruption is the cause of the African problem »35(*), ou encore de Ross Herbert qui considère que « the aspect of NEPAD with the greatest potential to change Africa's image and the dynamics of development is its promise to deliver good governance »36(*). Il faut dire que ce dernier concept est dans l'air du temps.

En effet, non seulement des auteurs comme Kempe Ronald Hope37(*), Feng38(*) ou Tavares et Wacziarg39(*) se sont attelés récemment à démontrer l'existence d'une corrélation entre pratiques démocratiques et de bonne gouvernance d'une part, et ce qu'ils désignent comme des performances économiques synonymes de développement (taux de croissance positif, hausse des revenus, libéralisation économique,...) d'autre part mais plus fondamentalement, il est généralement admis, dans le sillon d'Alfred Zack-Williams, que la bonne gouvernance (et plus précisément la consolidation démocratique) est une condition sine qua non du développement : « no democracy, no development »40(*). Ce courant académique est à la fois la source et le reflet d'un contexte idéologique international fortement marqué par cette idée de corrélation bonne gouvernance/développement. Ainsi, dans son rapport annuel, Kofi Annan, le Secrétaire général des Nations Unies, écrivait-il : « good governance is perhaps the single most important factor in eradicating poverty and promoting development »41(*), suivi dans cette voie par le Secrétaire exécutif de l'UNECA, M. Amoako d'après qui « good governance is essential for the political and economic transformation of Africa »42(*). Comme on le voit, l'allégeance aux impératifs de la bonne gouvernance exprimée dans le NEPAD apparaissait comme inévitable à tout plan de développement digne de ce nom sous peine d'obsolescence vis-à-vis de la communauté internationale.

Mais au-delà de la déclaration de principes contenue dans le plan, ce qui suscite généralement l'enthousiasme des observateurs, c'est plutôt la décision prise par le Comité de mise en application du NEPAD de contrôler le respect des critères démocratiques et de bonne gouvernance à travers l' « African Peer Review Mechanism » (APRM), version africaine du « Peer Review System » (ou « système de surveillance par les pairs », soit un système de contrôle systématique et mutuel des performances des Etats en matière de gouvernance par les autres Etats) mis en place par l'OCDE il y a de cela 40 ans.43(*)

Ainsi pour Hope, ce ne sont pas les articles concernant la volonté d'améliorer la gestion politique et économique de l'Afrique mais bien l'APRM qui constitue « the most innovative - and critically significant - aspect of the NEPAD ». L'auteur dresse d'ailleurs un portrait plus qu'élogieu de cet instrument institutionnel qu'il décrit comme « a bold and imaginative attempt to launch a total war on the endemic problems of bad governance, unsustainable development and overwhelming poverty that have been confronting Africa for several decades »44(*).

Cet enthousiasme, qui frôle la naïveté, n'est cependant pas partagé par tous, même parmi les auteurs les plus convaincus par l'utilité de l'APRM. Alex De Waal considère par exemple que ce mécanisme constitue certes un instrument qui détient le potentiel de démarquer réellement le NEPAD des plans précédents mais seulement à condition que la qualité et la crédibilité de l'APRM soient garanties, ce qui reste encore à accomplir.45(*)

Richard Ilorah émet également un avis bienveillant mais prudent à l'égard de ce mécanisme dont il relève surtout qu'il devrait fournir à l'Union Africaine un moyen d'enfin imposer des règles strictes à ses membres à condition que cet organisme parvienne à élaborer des standards de gouvernance économique et politique clairs, permettant une analyse objective des performances des gouvernements africains.46(*)

4.2. Les faiblesses potentielles

4.2.1. Des ambitions démesurées

L'une des critiques les plus récurrentes adressée à l'encontre du NEPAD est d'être beaucoup trop ambitieux pour être réalisable. On a brièvement vu en effet l'ensemble des gageures auxquelles ce programme prétend s'attaquer et il est un fait acquis que tous ses desseins ne pourront être réalisés.

« Un programme trop ambitieux » le NEPAD ? C'est le point de vue développé, entre autres, par l'économiste Philippe Hugon47(*) qui s'interroge dès lors sur l'avenir de ce projet. Il souligne également que ce trop plein d'ambitions entraîne des « lacunes stratégiques » en ce que les « propositions ne sont ni hiérarchisées, ni rationalisées »48(*). Hugon est rejoint dans ce constat par Ross Herbert qui pointe lui aussi le manque de hiérarchisation des priorités comme une des principales lacunes du plan. Ce dernier note également que l'extrême diversité des défis auxquels le NEPAD ambitionne de s'attaquer a souvent entraîné l'utilisation d'un langage vague et très général car il eut été matériellement impossible d'approfondir chaque section avec le degré de technicité requis.49(*)

4.2.2. Des objectifs irréalistes

Mais si les prescriptions du NEPAD sont décrites comme manquant de clarté et de précision, il n'en va pas de même pour certains des objectifs qu'il s'est fixés. Ainsi, des buts chiffrés de manière stricte sont-ils énoncés comme parvenir à une croissance annuelle du PIB de plus de 7% et s'y maintenir pendant les quinze prochaines années ; réduire de moitié le taux de pauvreté d'ici 2015 ; assurer la scolarisation élémentaire de tous les enfants d'ici 2015 ; etc.50(*) Face à ces voeux, un qualificatif revient de façon récurrente : « irréalistes », comme sous la plume de Melber qui commente ces desseins de la manière suivante : « this would appear to be an unrealistic shopping list dictated by `wishful thinking »51(*).

Dans le même ordre d'idées, Thomas Mosch avait été encore plus radical, qualifiant ces mêmes objectifs (alors contenus dans le MARP) de totalement irréalistes et inaccessibles.52(*)

Il est vrai que dans une perspective purement pratique, et sans verser dans l'afro-pessimisme pour autant, il paraît clair aujourd'hui que les souhaits chiffrés exprimés dans le NEPAD s'apparentent effectivement plus à des voeux pieux qu'à des objectifs concrètement réalisables. Les rédacteurs du projet eux-mêmes reconnaissent « qu'à moins que ne soient prises des mesures novatrices et radicales »53(*), l'Afrique ne réalisera pas ces objectifs et Henning Melber de remuer le couteau dans la plaie en relevant que, malgré ces considérations, « the document (le NEPAD) fails to spell out clearly what it considers as new and radical essentials in its approach »54(*).

Mais si les spécialistes tirent à boulets rouges sur la nature chimérique des buts chiffrés fixés par le NEPAD, l'honnêteté intellectuelle oblige toutefois à rendre l'irréalisme aux irréalistes. Car ces points de mire que tout le monde s'accorde à décrire comme inaccessibles ne sont rien d'autre que l'exacte réplique des objectifs fixés par les institutions de Bretton Woods (FMI, BM) à la fin des années nonante55(*) dont la majeure partie fut d'ailleurs répercutée telle quelle par Kofi Annan dans son rapport intitulé « We The peoples : the role of the United Nations in the 21st century »56(*) avant d'être reprise dans la déclaration du millénaire des Nations Unies57(*).

S'il est nécessaire de soulever l'incongruité de certaines prétentions du NEPAD, il est indispensable d'en expliquer la source. Or, dans ce cas-ci on remarquera une nouvelle fois que les rédacteurs du plan ont été plus qu'influencés par des sources exogènes puisqu'ils ont tout simplement endossé les objectifs qui leur avaient été précédemment imposés par des organismes internationaux. Quand bien même eurent-ils voulu fixer des horizons plus accessibles, ils se seraient placés en porte-à-faux avec lesdits organismes.

C'est donc non pas une initiative africaine qui est critiquée à travers les attaques contre l'irréalisme des objectifs du partenariat mais bien l'intériorisation par des élites africaines d'un agenda inconséquent issu des institutions de Bretton Woods et de l'ONU.

4.2.3. Les vieilles recettes néolibérales

A travers cette répercussion docile d'objectifs fixés en d'autres temps et en d'autres lieux par d'autres responsables, les chefs d'Etat africains à la base du NEPAD ont en outre exposé le flanc de leur créature à un autre type d'attaques : celles qui condamnent son conventionnalisme et son manque d'originalité.

Les bonnes vieilles recettes que sont l'ouverture au marché mondial et l'intégration au système global, la libéralisation interne, l'accentuation des exportations, le contrôle strict des dépenses publiques et l'intégration régionale ont en effet toutes été réactivées dans ce « nouveau » partenariat58(*). Pourtant, comme le rappellent Gathaka et Wanjala, au vu des expériences passées on sait que « market-oriented reforms cannot be the panacea for the economic ills that afflict Africa »59(*) et même des économistes néolibéraux reconnaissent que « one of the most important shortcomings of the NEPAD scheme is that it is very conventional in its thinking, offering no particular insights about past development failures beyond the obvious notions that wars must be ended and good governance installed »60(*).

Autrement dit, sur le plan des politiques économiques, le cap n'a pas changé.

Ce cap c'est notamment celui qui mène l'Afrique à l'intégration à la globalisation avec comme fin de booster l'économie du continent en misant sur le `trickle-down effect'. Il s'agit ni plus, ni moins d'une réactivation volontariste de la théorie du `catching up' chère à Rostow et remise à l'ordre du jour par l'OCDE61(*) et les Institutions Financières Internationales (IFI's). En 1999, le FMI publiait le « World Economic Outlook » dont le chapitre 4, intitulé « How can the poorest countries catch up ? » 62(*), laisse peu de doute sur son origine doctrinale. C'est notamment au vu de la récupération de cet héritage idéologique par les leaders africains qui ont initié le NEPAD que certains ont estimé que du point de vue des postulats de base « it [le NEPAD] blends nicely into the neo-liberal globalisation mainstream »63(*).

La relation insertion au marché global - récolte de bénéfices est pourtant loin d'être évidente dans le cas de l'Afrique, comme le rappellent plusieurs auteurs. Les partisans du `catching up' sous-estimeraient « l'architecture internationale » car même après les promesses faites à Monterrey puis au sommet du G8 de Kananaskis, « la tendance profonde des grandes puissances demeure très en deçà des enjeux mondiaux en termes [...] de concurrence loyale »64(*), ainsi les logiques à l'oeuvre au niveau planétaire font en sorte qu'une « reprise significative des investissements privés paraît peu réaliste »65(*), bref pour que la globalisation économique tienne ses promesses et ne contrecarre pas les espoirs de l'Afrique, il faudrait que « le libéralisme asymétrique pratiqué par les pays industriels et les économies émergentes soit remis en question »66(*), ce qui est loin d'être à l'ordre du jour.

Le Sud-africain Richard Cornwell se montre plus acerbe dans ses critiques lorsqu'il écrit non sans ironie : « our leaders are willing to embrace the inevitability of the historical triumph of a process commonly known as globalisation, satisfied with the claims of its high priesthood that allowing the unimpeded operation of market forces and the flow of goods and capital (if not labour) will deliver massive and irreversible material benefits to our country and the bulk of its people »67(*) terminant ce paragraphe par : « Well, what is wrong with that ? Quite a lot really »68(*). Notamment le fait qu'il est loin d'être évident que le chemin du développement économique tracé par les stratèges du libre marché soit accessible en l'état à la masse des pays sous-développés69(*) et que par conséquent : « of `catching up' or `trickle down' there is little evidence »70(*).

Parallèlement à l'orientation idéologique générale, une multitude de carences ponctuelles sont soulevées par les détracteurs comme par les partisans du projet.

Melber signale par exemple, non sans pertinence, que la partie du texte consacrée à l'agriculture ne fait aucune référence à la propriété des terres (« land tenure systems ») ni à l'urgence de mettre en place une redistribution de celles-ci71(*), éléments qui constituent pourtant des enjeux majeurs de la problématique agricole africaine.

Toujours en ce qui concerne l'agriculture, Tom Amadou Seck estime que « le Nouveau partenariat favorise une agriculture entrepreneuriale et intensive. Or, au Sahel, c'est la recherche de la sécurité alimentaire, reposant sur la valorisation de la petite agriculture familiale, qui peut permettre de lutter contre la pauvreté et l'exode rural. [...]. Les conséquences de ce type d'agriculture sont la disparition de la propriété foncière collective, la course aux rendements, le recours aux engrais chimiques et l'endettement. Une révolution `verte' [...] suivie d'une réforme agraire authentique n'est pas envisagée par le NEPAD. [...]. [Pourtant] c'est une des priorités pour lutter contre les famines et la dépendance alimentaire du continent »73(*).

Même certains aspects de l'APRM, pourtant présenté comme la grande innovation et une des principales forces du NEPAD, sont remis en question par certains auteurs. Pour certains le manque de courage dans les réactions des leaders face aux pratiques de Mugabe lors des élections présidentielles de 2002 au Zimbabwe a été interprété comme un signal que les pratiques africaines en matière de gouvernance n'étaient pas en voie d'amélioration74(*).

Le manque de leviers de contraintes réelles est également pointé. Cet aspect semble d'ailleurs potentiellement problématique pour l'ensemble du plan puisqu'il pourrait faire en sorte que celui-ci reste au stade de la déclaration de principes sans implications concrètes étant donné son manque d'attributs normatifs capables de soumettre les Etats membres à respecter les règles qu'ils se sont eux-mêmes imposées75(*) ; la question de la compatibilité des statuts de l'UA avec le NEPAD et donc de la fonctionnalité même de l'APRM apparaît comme non dénuée d'aspects problématiques.

Plus fondamentalement, la pertinence même de ce mécanisme et l'objectif qu'il vise, à savoir garantir des pratiques de bonne gouvernance, seraient issus d'un postulat fallacieux selon Patrick Chabal. Pour cet auteur, l'idée que les pas réalisés en direction de la démocratie - qui se matérialisent par l'adoption d'éléments de démocratie formelle sans changer le fond de la culture politique qui resterait marquée par le néopatrimonialisme - permettront de fournir un cadre dans lequel une meilleure gestion politique et une activité économique revitalisée amèneront les pays africains vers le développement est un leurre.76(*) Ce point de vue marqué par l'afro-pessimisme et le fatalisme du néopatrimonialisme se base sur l'idée que la démocratie est entendue non pas comme une `précondition à' mais bien comme un résultat du développement économique.77(*)

4.3. Deux paradoxes fondamentaux

Mais au-delà de tous ces éléments ponctuels, au-delà même du fait que le NEPAD tout entier repose sur des postulats néolibéraux qui ont montré leurs limites par le passé, ce plan apparaît comme recelant en lui des éléments éminemment contradictoires dans l'articulation de deux de ses principaux objectifs avec les moyens mis (ou à mettre) en oeuvre pour y parvenir.

4.3.1. Une volonté d'émancipation entraînant un accroissement de la dépendance

On l'a vu, les promoteurs du NEPAD tiennent à ce que leur projet soit perçu comme un outil « fondé sur un ordre du jour dont ont décidé les Africains de leur propre initiative et de leur propre gré, afin de déterminer eux-mêmes leur destin »78(*).

Autrement dit, le NEPAD se veut un plan d'émancipation de l'Afrique, fait par les Africains, pour les Africains. Seulement voilà, on a déjà mis en lumière tout ce que ce plan fait « par des Africains » recèle en fait de conditionnalités externes intériorisées et d'alignement sur les agendas des « partenaires de développement ». Et en ce qui concerne ses velléités émancipatrices, il semble bien que le NEPAD induise lui-même les facteurs qui risquent de les étouffer dans l'oeuf. En effet, malgré cette volonté d'autonomie maintes fois ressassée, on a déjà relevé que certains articles du document placent ipso facto l'Afrique sous tutelle des bailleurs de fonds (e.g. les articles 66, 184, 185, 186).

D'aucuns notent que le succès du NEPAD est directement dépendant d'investissements massifs que l'Afrique ne pourrait assumer d'elle-même, or les sources de financement que préconise l'accord restent les mêmes que celles des années précédentes, à savoir les traditionnelles aides des institutions internationales ou des « partenaires de développement » dans le cadre de relations bilatérales.79(*)

Lorsque l'on sait que « les besoins financiers annuels pour assurer les objectifs du NEPAD sont estimés à 60 milliards de dollars, soit plus de quatre fois le montant annuel de l'APD et des IDE »80(*), on comprend à qu'il s'agit là d'un projet qui, malgré ses prétentions, ne pourra être concrétisé qu'au prix d'une inféodation accrue de l'Afrique par rapport au monde développé.

Ce paradoxe d'un plan d'émancipation ne pouvant se réaliser qu'à travers un accroissement de l'auto-sujétion a été remarquablement synthétisé par Richard Ilorah : « the possibilities of supporting the NEPAD budget trough contributions based on member states' GNPs, `own resources, or VAT are [...] not especially bright. A reliance on donor countries and organizations would appear the best option of all except for the implications involved, many of which border on the interference with member states' autonomy and sovereignty. A reliance on donor countries and organizations is tantamount to accepting involvement by powerful international agencies that would ultimately tamper with the sovereignty of NEPAD member countries, and the autonomy of NEPAD as an African programme [dont on a vu qu'elle est déjà toute relative quant à son fond idéologique]. Generally, donor countries and organizations are reluctant to finance development projects if they are not allowed some degrees of influence in the region concerned. [...]. An argument for a reliance on external funding would be that if the success of NEPAD as a programme depends heavily on financial assistance from external donors [ce qui apparaît comme une fatalité à moyen terme], then the members states of NEPAD should as well allow specific donors to have influence not only in the region but also in the programme itself. This is obviously a common price associated with dependency and the question is whether NEPAD is willing to pay the price. Africa has in the past been known to depend heavily on external funding for its projects and donors countries in turn have more or less dictated terms of executing the projects »81(*).

C'est notamment sur base de ces constats que Patrick Chabal estime que le NEPAD ne devrait pas déboucher sur d'autres résultats que la perpétuation des relations Afrique-Occident telles qu'elles se sont développées depuis la décolonisation.82(*)

On se trouve donc bien ici face à un postulat contenant de nature un paradoxe fondamental et inextricable puisque les moyens avancés par le NEPAD afin de sortir le continent africain de son état de dépendance vis-à-vis des pays développés et des institutions multilatérales mèneraient inévitablement à un approfondissement de cette dépendance.

4.3.2. Une allégeance aux principes de la démocratie participative à travers une initiative purement `top down'

On s'est déjà appesanti sur le fait que le NEPAD soit un produit issu de dirigeants africains dans l'élaboration duquel aucune forme de mécanisme de participation quelconque n'a été mis à profit. C'est donc d'une approche strictement et purement `top down' qu'est né ce projet (cf. supra).

Pourtant, le projet se targue de faire en sorte que les pratiques démocratiques et la participation soient mises en valeur autant que faire se peut. Il y a là une contradiction évidente entre les déclarations d'intention et les actions des initiateurs du NEPAD lors de son élaboration. Ce type de contradiction peut avoir des conséquences très néfastes sur l'avenir de ce projet. En effet, il renforce l'idée que les processus de démocratisation qui sont en cours en Afrique ne sont en fait qu'une transition formelle vers un multipartisme qui ne remet pas fondamentalement en cause les pratiques politiques anciennes. La démocratie se réduirait alors à un processus d'origine exogène, initié sur ordre de la communauté des bailleurs de fonds, et qui n'est en fait qu'une concession faite par les dirigeants africains pour continuer à bénéficier d'une assistance financière.83(*) C'est ce que Mkandawire a appelé les « choiceless democracies » en ce que le multipartisme formelle qu'elles généraient n'impliquaient pas une lutte de vision politique en concurrence pour imposer leur projet sociétal mais plutôt une procédure destinée à répartir les fruits pouvant être retirés de l'exercice du pouvoir dans une perspective néopatrimoniale.84(*) Une logique qui déboucherait inexorablement sur une perpétuation des maux dont souffre le continent.

Ainsi les promesses de fidélité aux idéaux démocratiques contenues dans le NEPAD ne seraient perçues que comme une excroissance de l'interventionnisme externe qui a caractérisé les processus de démocratisation africains depuis leurs débuts. Comme le souligne Ukoha Ukiwo, l'une des conséquences les plus dommageables de cet interventionnisme quasi systématique a été l'aliénation des groupes populaires et des mouvements sociaux porteurs de revendications démocratiques authentiquement endogènes.85(*)

C'est sur cet aspect particulier de l'aliénation des groupes sociaux porteurs des revendications démocratiques internes concomitant d'un assujettissement aux exigences de démocratisation venues de l'extérieur que l'on va maintenant s'attarder. On va en effet tenter de voir dans quelle mesure le NEPAD s'insère, ou au contraire se départi, de cette logique en mettant à profit les réactions des représentants de la société civile africaine d'une part et des bailleurs de fonds de l'autre pour essayer de mettre en lumière le degré de prise en compte de leurs revendications respectives.

4.4. Prise en compte des revendications exogènes et endogènes : analyse sur base des réactions face au NEPAD

4.4.1. Les réactions de la société civile africaine

Le 4 mai 2002 à Johannesburg, le groupe Civil Society Indaba adoptait une résolution sans concession concernant le NEPAD qui reflète la tendance générale des organisations de la société civile à l'égard de ce plan. Il y était notamment stipulé que les participants (issus de plusieurs associations et groupement de la société civile : de communautés rurales et urbaines, de groupes de femmes, du First Nations Indigenous people, d'ONG, etc.) considéraient que « Nepad has been imposed on the continent by the few governments and elites, supported the countries of the North and the Bretton Woods Institutions. [...]. Africa and her people have not been involved in devising this path of development. [...].

That Nepad embraces the forces of neoliberal globalization, and promotes these forces as a cure for Africa's ills. [...].

That Nepad embraces the World Bank, International Monetary Fund, the World Trade Organization, and other international institutions of the process of neoliberal globalization, as partners in Africa's development. These institutions have a long history of plunder and exploitation of Africa's resources and her peoples. [...]

That the development path adopted by Nepad will push Africa and her people further into poverty, ill health, hunger and marginalisation »86(*).

Ces points de vue qui peuvent apparaître comme des plus radicaux sont pourtant un bon reflet de la tendance générale adoptée par les organisations citoyennes à propos du NEPAD.

Ainsi, le Council for Development and Social Science Research in Africa (CODESIRA) et Third World Network - Africa, ont-ils rédigé une déclaration commune lors d'une conférence sur les défis du millénaire pour le développement de l'Afrique. Dans celle-ci, ils exprimaient leur accord avec certains des buts que poursuit le NEPAD mais se plaçaient complètement en porte-à-faux avec la vision générale du développement et le modèle économique préconisé par ce document pour y parvenir et que par conséquent « NEPAD will not contribute to addressing the developmental problems of Africa. On the contrary, it will reinforce the hostile external environment and the internal weakness that constitutes the major obstacles to African's development »87(*).

Lors d'une Conférence des Nations Unies sur le financement du développement, l'African Financing for Development Caucus formulait notamment les griefs suivants à l'encontre du NEPAD : « Our first protest is against the marginalization of civil society from the process. We are convinced that without popular participation, NEPAD will suffer the same fate as other past initiatives. The development of Africa lies in the hands of its people, both its poor and rich, as well as its state leaders and civil society. Secondly we are concerned that our leaders are placing Africa's development in the hands of speculators, the gamblers of the global casino and the Bretton Woods institutions. The success of NEPAD is being made contingent on the generosity and charity of wealthy nations. This is dangerous and should be reversed - it is never too late.

Furthermore, we wish to warn our leaders that NEPAD's strategy of seeking foreign private capital to develop the service and infrastructure of Africa will subvert the Human Rights of our people; it would place basic social services and infrastructure in the hands of the private sector, which is dominated by foreign capital »88(*).

Un meeting rassemblant des mouvements sociaux, des syndicats, des organisations de jeunes et de femmes, des organisations religieuses, des intellectuels et des membres d'ONG de tout le continent africain à Port Shepton entre le 4 et le 8 juillet a débouché sur une déclaration commune concernant le NEPAD. Celle-ci s'intitule de manière assez explicite : « Africa Civil Society Declaration on NEPAD : `We do not accept NEPAD !! Africa is not for sale !!' »89(*). Dans celle-ci on peut notamment lire : « this `new international partnership' initiative ignores and sidelines past and existing programmes and efforts by Africans themselves to resolve Africa's crises and move forward from programmes such as the Lagos Plan of Action (1980) and the Abuja Treaty (1991), the African Alternative Framework to Structural Adjustment Programmes (AAF-SAAP, 1989), the African Charter for Popular Participation and Development (Arusha Charter, 1990) and the Cairo Agenda (1994). In contrast to such programmes, NEPAD is mainly concerned with raising external financial resources, appealing to and relying on external governments and institutions.

In addition, it is a top-down programme driven by African elites and drawn up with the corporate forces and institutional instruments of globalisation, rather than being based on African peoples experiences, knowledge and demands ». En plus des critiques reprises par la plupart des organisations de la société civile, un point que nous n'avons pu aborder au cours de ce travail et qu'il serait pourtant intéressant d'approfondir est ici mis sur le tapis, à savoir la comparaison du contenu du NEPAD avec d'autres plans, aux recettes disons plus `alternatives' (comme le CARPAS qui est cité dans ce passage), et qui avaient entraîné des réactions bien moins enthousiastes de la part des bailleurs de fonds que le NEPAD (cf. infra).

Enfin, notons que les prises de position des syndicats à travers le continent vont également dans le même sens. Ainsi, l'OATUU (Organization for African Trade Union Unity), le COSATU (Congress of South African Trade Unions) et la Confédération Internationale des Syndicats ont émis nombre de critiques vis-à-vis du NEPAD lors d'une réunion à Dakar en 2002. Parmi celles-ci, l'absence de participation des acteurs populaires, les choix en matière de politique au niveau macro-économique, les options néolibérales embrassée par le texte, la probable infaisabilité des projets qui y sont présentés, la reddition face à l'idéologie du `tout au marché' et de l'abandon des prérogatives étatiques, ainsi que les incompatibilités du NEPAD avec d'autres initiatives panafricaines préexistantes.90(*)

4.4.2. Les réactions des bailleurs de fonds

Contrastant nettement avec celles de la société civile africaine, les réactions des dirigeants occidentaux face au NEPAD furent dans une large mesure chaleureuses et bienveillantes.

Henning Melber rapporte par exemple que Uschi Eid, Ministre allemande de la coopération économique et du développement avait accueilli très favorablement cette initiative avec les commentaires suivants « [I consider NEPAD as] groundbreaking for African leaders to propose that undemocratic governments and despots be isolated by means of the OUA and joint programmes such as MAP. [...] the Millenium Programme could develop into a benchmark for Germany's policy on Africa »91(*).

Le Premier ministre canadien, Jean Chrétien a de son côté soutenu avec conviction le NEPAD et avait d'ailleurs annoncé avant le sommet du G8 à Kananaskis son intention de faire avancer l'agenda que contenait cet accord, notamment au niveau de l'augmentation de l'aide internationale pour le développement de l'Afrique.

Le gouvernement britannique a également ouvertement manifesté son soutien à ce plan. Le voyage de Tony Blair en Afrique en février 2002 l'a confirmé et Gordon Brown, le ministre britannique des Finances, a garanti que la Grande-Bretagne allait apporter une aide substantielle à ce « plan Marshall » africain.92(*)

L'Union Européenne a elle aussi manifesté son approbation face aux recommandations du NEPAD et aux choix stratégiques qu'il formule. Suite à une rencontre avec le Président nigérian Obasanjo, Romano Prodi, alors Président de la Commission, faisait un communiqué de presse pour signaler qu'il considérait le NEPAD comme « a stance based on the principles of responsibility, ownership, democracy, rule of law, good governance and human rights as fundamental factors for development. Europe is willing to support this initiative, within a global partnership and drawing on the existing Euro African instances », mais surtout pour préciser que « our financial co-operation with Nigeria was resumed in 1999 and we have agreed to re-invigorate and accelerate the channelling of the funds already committed »93(*), donnant par là un signal fort à tous les dirigeants africains: `adopter le NEPAD peut vous permettre d'assurer une cooperation fructueuse avec l'UE'.

En ce qui concerne le G8, depuis le sommet de Gênes en 2001, il n'a eu de cesse de manifester son soutien aux intentions exprimées par les chefs d'Etat africains à travers le NEPAD. Cet état de fait s'explique aisément selon Ukoha Ukiwo : « the G8 support for NEPAD is predicated on the commitment of African leaders to promote democracy, good governance, human rights and open market economies. Thus more assistance to Africa is a quid pro quo for liberalization of markets and adoption of liberal democracy »94(*).

En fait, les seules réserves émises par les bailleurs de fonds à l'encontre du NEPAD ne concerne pas l'esprit de ce partenariat, les idées qui y sont développées étant jugées de manière éminemment positive, mais elle est dirigée contre les dirigeants africains eux-mêmes dont les responsables occidentaux craignent qu'ils ne se plient aux exigences que dorénavant ils ont eux-mêmes fixé. Comme l'explique Melber : « There has been growing skepticism among members of the donor community that the request for massive additional financial support to implementing the initiative will come all too soon, while the political will indicated with regard to issues of governance will remain only a vague promise »95(*).

Une fois encore, les réactions plus que contrastées entre les responsables occidentaux d'une part et la société civile africaine de l'autre, semblent bel et bien renforcer la thèse selon laquelle le NEPAD, bien que rédigé par des dirigeants africains, est plus destiné à offrir des gages de bonne conduite aux bailleurs de fonds qu'à satisfaire les exigences des populations dont les rédacteurs de ce plan ont le destin entre les mains.

5. Conclusions

Confirmant leur adhésion aux principes de l' « African Renaissance », les rédacteurs du NEPAD concluait leur oeuvre en affirmant qu'en « réalisant les promesses qui y sont contenues, le présent programme devra permettre à l'enfant africain émacié d'espérer qu'en vérité le 21ème siècle sera bel et bien le siècle de la renaissance de l'Afrique »96(*).

Cependant, l'analyse succincte que l'on vient d'en réaliser autorise à douter quelque peu du fait que ce « Nouveau Partenariat » permette réellement d'inaugurer une nouvelle ère pour le continent africain, que ce soit au niveau de sa situation propre ou en ce qui concerne ses relations avec le reste du monde.

En effet, en étudiant brièvement sa genèse, l'on a pu se rendre compte que l'on est ici en présence du fruit d'un cas idéal-typique de ce qu'on qualifie un peu pompeusement de `top down process'. Issu d'un compromis entre deux plans rédigés par des présidents cherchant à affirmer leur leadership sur le continent, le NEPAD a souffert d'une approche plus préoccupée par le consensuel que par le pragmatisme ou, pour le dire mieux, l'approche qui a prévalu lors de sa conception fut « plus diplomatique que scientifique »97(*). Pas étonnant dès lors que la plupart des observateurs académiques, quel que soit leur orientation idéologique, juge ce partenariat inapte à relever les défis qu'il s'est lui-même imposé.

Malgré le fait que ses initiateurs soient des chefs d'Etat africains, le NEPAD a, de par sa gestation ignorant superbement toute idée de consultation de la société civile mais surtout en donnant la préséance absolue aux exigences des « partenaires de développement » sur les revendications populaires endogènes désormais connues, perdu toute chance d'être accepté comme une initiative authentiquement africaine au sein des populations dont il prétend pouvoir améliorer le sort.

C'est ce qui explique que « it [ le NEPAD] has won high praise from the G8 while sparking deep anxieties among [...] the non-governmental sector »98(*).

Quand bien même il ne pâtirait pas de ce déficit de légitimité initial, son contenu, impliquant une dépendance accrue envers les pays développés et réactivant toutes les `bonnes vieilles recettes' néolibérales qui sont perçues comme ayant, sinon engendré, du moins aggravé les problèmes économiques et sociaux dont souffre le continent, ne semble pas de nature à lui permettre de réussir à rallier un soutien populaire digne de ce nom. Les oppositions farouches et les critiques acerbes émanant des représentants de la société civile africaine ne semblent en effet pas augurer des lendemains qui chantent pour ce nouveau plan.

Déficit d'authenticité, de participation dans sa confection, d'originalité dans ses prescriptions et d'audace dans ses orientations, le NEPAD ne m'apparaît pas comme le plan qui changera la donne dans le berceau du monde. Comme l'écrivait Aminata Traore, ce plan apparaît plutôt comme un mécanisme de plus qui « permet la poursuite de la mission `civilisatrice' des puissances coloniales, mais, cette fois, avec l'appui et la complicité des élites locales, qui, à leur tour, leurrent et assujettissent leurs propres peuples »99(*) car les porteurs de ce projet relèvent de cette catégorie de dirigeants qui « préfèrent se tromper de défi et engranger les dividendes de la subordination »100(*).

Devenues les courroies de transmission des desideratas de leurs bailleurs de fonds plutôt que de celles de leurs populations, les chefs d'Etat africains ont fait du NEPAD un nouvel appendice de ce que Ukiwo décrit comme la « tendance à l'extraversion » des élites africaines101(*) qui avait permis à Fanon (il y a 40 ans déjà...) de les caricaturer comme des « homme blancs dans des peaux noires »102(*).

Cependant la question de la marge de manoeuvre de ces élites africaines clouées au pilori se pose avec acuité. Car lorsqu'ils font allégeance à l'Occident, ils sont logiquement critiqués sur le plan interne et pour leur manque de volontarisme mais s'ils osent sortir des carcans que leurs imposent leurs partenaires de développement, ils se retrouvent très vite coincé par les moyens de pression infinis que ces derniers ont à disposition.

C'est conscients de l'impopularité bien compréhensible des conditionnalités imposées de l'extérieur que les dirigeants des pays développés ont poussé les leaders africains à les endosser en leur nom. Michel Camdessus, représentant la France au FMI, a lui-même déclaré que « s'il existe une conditionnalité intérieure, elle doit rendre inutiles les conditionnalités extérieures »103(*), ce que Badara Ndiaye traduit non sans pertinence par « `tropicalisez les conditionnalités connues des IFI et du G8 et nous n'y ajouterons rien d'autre' »104(*). Le NEPAD s'inscrit parfaitement dans cette logique de tentative d'appropriation par les élites politico-économique africaines des conditionnalités issues des institutions de Bretton Woods et des organisations internationales.

Si comme il le proclame, le NEPAD marque bien le passage à une ère nouvelle, ce n'est donc sans doute pas à celle de la « Renaissance Africaine » qu'il ouvre la voie mais il pourrait bien au bout du compte rester dans l'histoire comme la borne ayant scellé la transition de l'ère des conditionnalités exogènes à l'ère des conditionnalités intériorisées.

Bibliographie principale

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* 1 R. Gibb, « Charting a New Course; Globalization, African Recovery and the New African Initiative, South African Institute of International Affairs, Johannesbourg, 2002, p. 92.

* 2 World Bank, « World Development Indicators 2003 », publication de la Banque Mondiale, Washington, 2003 ; Extraits disponibles sur http://www.worldbank.org/data/wdi2003/economy.pdf

* 3 A. Soumare, « NEPAD - New Partnership for Africa's Development - historique, présentation, ambitions, modalités de mise en oeuvre, structures », Communication à l'occasion de la Conférence « NEPAD avenir - Sciences Po », intitulée l'Afrique qui gagne, Paris, 13 mars 2003 ; texte disponible sur http://www.assoce.net/avenir-nepad/download.php?fileId=10

* 4 A. Adedeji, « From the Lagos Plan of Action to the New Partnership for African Development and from the final act of Lagos to the constitutive act : wither Africa? », Keynote address for presentation at the African Forum for Envisioning Africa, Nairobi, 26-29 avril 2002, pp. 3-4; texte disponible sur www.worldsummit2002.org/texts/AdebayoAdedeji2.pdf

* 5 S. D. Sy, « NEPAD : A Vision for the Global Governance ? », synthèse des présentations effectuées par l'auteur lors du meeting régional de la RADI (février 2003), Dakar, 2003, url: www.reformwatch.net/fitxers/42.pdf

* 6 H. Melber, « The New Partnership for Africa's Development (NEPAD) - Scope and Perspectives », in H. Melber, R. Cornwell, J. Gathaka et S. Wanjala, The New Partnership for Africa's Development (NEPAD) - African Perspectives, Nordiska Afrikainstituet Discussion Paper n°16, Uppsala, 2002, p. 6.

* 7 Ibid.

* 8 A. Soumare, « NEPAD - New Partnership for Africa's Development - historique, présentation, ambitions, modalités de mise en oeuvre, structures », op. cit., sur http://www.assoce.net/nepad-avenir/?page=1x6

* 9 Ibid.

* 10 Texte complet disponible sur www.nepad.org.ng/PDF/About%20Nepad/planOmega.pdf

* 11 Le « Plan Omega » fut en effet officiellement présenté lors de la Conférence des Ministres de l'UNECA d'Alger (8-10 mai 2001).

* 12 Texte complet disponible sur http://www.uneca.org/eca_resources/Major_ECA_Websites/conference_of_ministers/25/compact_for_african_recovery.htm

* 13 I. Taylor et P. Nel, « `New Africa', Globalisation and the Confines of Elite Reformism : `Getting the Rhetoric Right', Getting the Strategy Wrong », Third World Quartely, Vol. 23, n°1, Londres, février 2002, p. 173.

* 14 Texte complet disponible sur www.nepad.org.ng/PDF/About%20Nepad/NAI.pdf

* 15 Texte complet disponible sur www.dfa.gov.za/au.nepad/nepad.pdf; en version française sur http://www.unesco.org/africa/seminar/Documents/nepad_french_version.pdf

* 16 J. Sachs, « A New Partnership for Growth in Africa », PROSI Magazine, n°355, septembre 1998, url: http://www.prosi.net.mu/mag98/356sept/sachs356.htm

* 17 NEPAD, Section I, article 1.

* 18 Id., Section I, article 7.

* 19 Id., Section II, article 27.

* 20 Id., Section II, article 48.

* 21 Id., Section V, article 79.

* 22 Id., Section V, articles 71 à 95.

* 23 Id., Section V, articles 96 à 143.

* 24 Id., Section V, articles 104 à 108.

* 25 Id., Section V, article 108.

* 26 Id., Section V, articles 115 à 128.

* 27 Id., Section V, articles 144 à 152.

* 28 Id., Section V, article 148.

* 29 Id., Section V, articles 153 à 170.

* 30 Id., Section VI, articles 183 à 185.

* 31 J. Kim, « Africa Sustainable Development and the Establishment of NEPAD », African Institute of South Africa, Pretoria, 5 décembre 2003, url: http://www.ai.org.za/electronic_monograph.asp?ID=15

- Version PDF disponible sur www.up.ac.za, url:www.up.ac.za/academic/cips/Publications/ Africa's%20sustainable%20development%20and%20NEPAD.pdf

* 32 Aspect qui est également envisagé comme une faiblesse par le même auteur en ce qu'elle est un indice de l'inféodation des rédacteurs du plan aux desideratas des bailleurs de fonds.

* 33 A. De Waal, « What's new in the `New Partnership for Africa's Development'? », International Affairs, vol. 78, n°3, Londres, juillet 2002, p. 469.

* 34 Id., p. 465.

* 35 J. Gathaka et S. Wanjala, « Kenya and NEPAD », in H. Melber, R. Cornwell, J. Gathaka et S. Wanjala, The New Partnership for Africa's Development (NEPAD) - African Perspectives, Nordiska Afrikainstituet Discussion Paper n°16, Uppsala, 2002, p. 18.

* 36 R. Herbert, « Implementing NEPAD : A Critical Assessment », in R. Culpeper (éd.), Africa Report: Assessing the New Partnership, North-South Institute, Ottawa, 2002, p. 108.

* 37 K. R. Hope, « From Crisis to Renewal: Towards a successful Implementation of the New Partnership for Africa's Development », African Affairs, vol. 101, n° 404, Oxford, juillet 2002, pp. 387-402.

* 38 Y. Feng, « Democracy, Governance, and Economic Performance : Theory and Evidence », MIT Press, Cambridge, 2003.

* 39 J. Tavares et R. Wacziarg, « How Democracy Affects Growth », European Economic Review, vol. 45, n° 8, août 2001, pp. 1341-1378.

* 40 A. B. Zack-Williams, « No democracy, no development: Reflections on Democracy and Development in Africa », Review of African Political Economy, vol. 28, n° 88, juin 2001, pp. 213-223.

* 41 United Nations, « Annual Report of the Secretary-General on the Work of the Organization », doc. A/53/1, United Nations, New-York, 1998, p. 13; texte complet disponible sur http://www.un.org/Docs/SG/Report98/con98.htm

* 42 K. Y. Amoako, « Perspectives on Africa's Development », United Nations, New York, 2000, p. 155; texte complet disponible sur http://www.uneca.org/eca_resources/publications/books/perspectives_on_africa_s_development/default.htm

* 43 K. R. Hope, Sr., « Toward Good Governance and Sustainable Development: The African Peer Review Mechanism », Governance, vol. 18, n° 2, Londres, avril 2005, p. 289.

* 44 Id., p. 306.

* 45 A. De Waal, op. cit., pp. 471-472.

* 46 R. Ilorah, « NEPAD : The Need and Obstacles », African Development Review, vol. 16, n° 2, septembre 2004, Oxford, pp. 237-240; texte complet disponible sur http://www.blackwell-synergy.com/doi/abs/10.1111/j.1017-6772.2004.00090.x

* 47 Cf. P. Hugon, « Le NEPAD entre partenariat et gestion des conflits », Politique Etrangère, vol. 68, n° 2, juin 2003, pp. 344 ; texte complet disponible sur http://www.ifri.org/frontDispatcher/ifri/publications/politique_etrangere/politique__trang_re________1056354564262/sommaire_1056354729377/afrique__conflits_et_d_veloppement_1056364465227/publi_P_publi_pe________hugon_1056374057238

* 48 Id., p. 342.

* 49 R. Herbert, « Implementing NEPAD : A Critical Assessment », op. cit., p. 9.

* 50 NEPAD, Section V, article 68.

* 51 H. Melber, « The New Partnership for Africa's Development (NEPAD) - Old Wine in New Bottles? », Forum for Development Studies, vol. 29, n° 1, juin 2002, p. 192.

* 52 T. Mosch, « Skepsis, aber kein vorschneller Pessimismus. Anmerkungen zum Millinnium Africa Renaissance Program », in « A Millennium Africa Renaissance Program - An African Vision for Self-Determined Development », Bündnis 90/Die Grünen, Dokumentation der Anhörung vom 04/04/2001, juin 2001, pp. 44-49 ; texte disponible sur http://www.duei.de/iaue/show.php/de/content/mitarbeiter/kappel.html (cliquer sur les liens de l'année 2001 au titre de l'article susmentionné)

* 53 NEPAD, Section V, article 70.

* 54 H. Melber, « The New Partnership for Africa's Development (NEPAD) - Old Wine in New Bottles? », op. cit., p. 192.

* 55 S. D. Sy, « NEPAD : A Vision for the Global Governance ? », op. cit., p. 9.

* 56 K. Annan, « We the Peoples : the Role of the United Nations in the 21st century », United Nations, New-York, 2000, pp. 19-40; texte complet disponible sur http://www.un.org/millennium/sg/report/full.htm

* 57 Nations Unies, « Déclaration du Millénaire », doc. A/res/55/2, New York, 8 septembre 2000; texte complet disponible sur http://www.un.org/french/millenaire/ares552f.htm

* 58 Voir notamment: - S. D. Sy, « NEPAD : A Vision for the Global Governance ? », op. cit.;

- B. Ndiaye, « Le NEPAD : un plan d'ajustement structurel pour l'Afrique », sur http://www.sommetjohannesburg.org/institutions/nepad-liens.html;

- A. Soumare, « NEPAD - New Partnership for Africa's Development - historique, présentation, ambitions, modalités de mise en oeuvre, structures », op. cit.

* 59 J. Gathaka et S. Wanjala, « Kenya and NEPAD », p. 21.

* 60 R. Herbert, « Implementing NEPAD : A Critical Assessment », op. cit., p. 9.

* 61 S. D. Sy, « NEPAD : A Vision for the Global Governance ? », op. cit., p. 14.

* 62 IMF, « World Economic Outlook », publication du Fond Monétaire International, Washington, 2000, pp. 113-148.

* 63 H. Melber, « The New Partnership for Africa's Development (NEPAD) - Scope and Perspectives » in H. Melber, R. Cornwell, J. Gathaka et S. Wanjala, The New Partnership for Africa's Development (NEPAD) - African Perspectives, Nordiska Afrikainstituet Discussion Paper n°16, Uppsala, 2002, p. 10.

* 64 P. Hugon, « Le NEPAD entre partenariat et gestion des conflits », op. cit., p. 346.

* 65 Ibid.

* 66 Id., p. 347.

* 67 R. Cornwell, « The New Partnership for Africa's Development : Last Chance for Africa ? » in H. Melber, R. Cornwell, J. Gathaka et S. Wanjala, The New Partnership for Africa's Development (NEPAD) - African Perspectives, Nordiska Afrikainstituet Discussion Paper n°16, Uppsala, 2002, p. 24.

* 68 Ibid.

* 69 Id., p. 25.

* 70 Ibid.

* 71 72 H. Melber, « The New Partnership for Africa's Development (NEPAD) - Old Wine in New Bottles? », op. cit., p. 192.

* 73 T. A. Seck, « Leurres du Nouveau partenariat pour l'Afrique », Le Monde diplomatique, décembre 2004, p. 19 ; texte complet disponible sur http://www.monde-diplomatique.fr/2004/11/AMADOU_SECK/11653

* 74 Voir notamment R. Herbert, « Implementing NEPAD : A Critical Assessment », op. cit., p. 14.

* 75 Cf. J. Gathaka et S. Wanjala, « Kenya and NEPAD », p. 19.

* 76 P. Chabal, « The quest for good government and development in Africa: is NEPAD the answer? », International Affairs, vol. 78, n° 3, juillet 2002, p. 454.

* 77 Id., p. 465.

* 78 Id., Section II, article 48.

* 79 J. Gathaka et S. Wanjala, « Kenya and NEPAD », p. 18.

* 80 P. Hugon, « Le NEPAD entre partenariat et gestion des conflits », op. cit., p. 344.

* 81 R. Ilorah, « NEPAD : The Need and Obstacles »,p. 244.

* 82 P. Chabal, « The quest for good government and development in Africa: is NEPAD the answer? », op. cit., p. 462. 

* 83 Id., p. 449.

* 84 T. Mkandawire, « Crisis Management and the Making of `Choiceless Democracies' », in R. Joseph (éd.), State, Conflict and Democracy in Africa, Lynne Rienner, Boulder, 1999, pp. 119-136.

* 85 U. Ukiwo, « Charity begins abroad Responses to the New partnership for African Development », African Perspective, vol. 4, n° 15, automne 2003, sur http://www.sis.gov.eg/public/africanmag/issue15/html/study08.htm

* 86 Civil Society Indaba, « Resolution on NEPAD », sur http://www.aidc.org.za/?q=book/view/188

* 87 Cité in P. Bond, « Fanon 's Warning: A Civil Society Reader on the New Partnership for African Development », Africa World Press, Trenton, 2002, p. 32.

* 88 African Financing for Development Caucus, « Press release at the UN International Conference on Financing for Development », Monterrey, 18-22 mars 2002 sur http://www.aidc.org.za/?q=book/view/172

* 89 Sur http://www.igd.org.za/pub/g-dialogue/africa/NEPAD.rtf

* 90 The Guardian, 8 août 2002, p. 12.

* 91 H. Melber, « The New Partnership for Africa's Development (NEPAD) - Old Wine in New Bottles? », op. cit., p. 201.

* 92 B. Tembo, « A Plan of Action », NewsAfrica, 25 mars 2002, p. 32.

* 93 « President Prodi meets President Obasanjo of Nigeria », European Union press release, IP/01/1404, Bruxelles, 10 octobre 2001; sur http://europa.eu.int/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/01/1404&format=HTML&aged=1&language=EN&guiLanguage=en

* 94 U. Ukiwo, « Charity begins abroad Responses to the New partnership for African Development », op. cit., sur http://www.sis.gov.eg/public/africanmag/issue15/html/study08.htm

* 95 H. Melber, « The New Partnership for Africa's Development (NEPAD) - Old Wine in New Bottles? », op. cit., p. 201.

* 96 NEPAD, Section VIII, article 205.

* 97 S. D. Sy, « NEPAD : A Vision for the Global Governance ? », p. 13.

* 98 R. Herbert, « Implementing NEPAD : A Critical Assessment », op. cit., p. 12.

* 99 A. D. Traore, « L'oppression du développement », Manière de voir, n° 79 (« Résistances africaines »), février-mars 2005, p. 50.

* 100 Id., p. 51.

* 101 U. Ukiwo, « Charity begins abroad Responses to the New partnership for African Development », op. cit., sur http://www.sis.gov.eg/public/africanmag/issue15/html/study08.htm

* 102 Fanon cité in Ibid.

* 103 Cité in B. Ndiaye, « Le NEPAD : un plan d'ajustement structurel pour l'Afrique », sur http://www.sommetjohannesburg.org/institutions/nepad-liens.html;

* 104 Ibid.






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