1. Introduction
Lorsque l'on parle de `développement durable' et de
l'Afrique un constat s'impose :
Cela fait maintenant plusieurs décennies que le
`développement' (devenu `durable' en cours de route) du continent est
inscrit à l'agenda mondial et pourtant cette partie du globe aux
potentialités infinies demeure de loin la plus pauvre de la
planète. Pire, sa situation économique et sociale se
dégrade depuis une bonne vingtaine d'années. Ainsi, si dix
pourcents de la population mondiale vit au Sud du Sahara, cette région
génère à peine un pourcent du produit intérieur
brut global1(*). Si l'on en
croit les Indicateurs de Développement issus de la Banque Mondiale (BM),
la proportion de la population africaine vivant avec moins d'un dollar par jour
aurait cru de 47% en 1990 à 49% en 19992(*), ce qui concrètement veut dire que 74 millions
de personnes (des hommes des femmes et des enfants avant d'être des
statistiques) de plus qu'il y a 15 ans vivent dans l'extrême
pauvreté matérielle alors que sa réduction est
sensée être une priorité depuis plus de vingt ans !
Les constats alarmants (toujours dans la perspective d'une prise
en compte des habituels indicateurs macro-économiques comme outils
destinés à jauger la situation - on ne refera pas ici le
débat sur la relativité de ces indicateurs et sur leurs limites,
le tout étant de rappeler ici que les objectifs visant le redressement
de ces indicateurs sont loin d'avoir été atteints) semblent
pouvoir se décliner à l'infini comme l'illustre cet extrait d'une
conférence de M. Amath Soumare : « l'Afrique est la
région la plus pauvre du monde, avec des revenus réels qui sont
en moyenne inférieurs du tiers à ceux de l'Asie du Sud,
avant-dernière au classement des plus pauvres. Dans les années
1990, l`Afrique subsaharienne, qui abritait déjà 25 % des
victimes de la pauvreté absolue dans le monde, a vu ce chiffre passer
à 30 %, et l'Afrique est le seul continent où la pauvreté
continue d'augmenter aujourd'hui. Plus de 340 millions de personnes, soit plus
de la moitié de la population africaine, vivent avec moins de 1 Euro par
jour. Ces cinq dernières années, les pays africains ont
enregistré des taux de croissance moyens de 3,5 %, comparé aux 7
% nécessaires pour atteindre les objectifs de développement du
millénaire. [...]. L'Afrique représente moins de 1 % des flux
mondiaux de l'investissement, alors qu'on estime à 40 % la part de
l'épargne africaine qui est investie en dehors de l'Afrique. L'Afrique
est la seule grande région où l'investissement et
l'épargne par habitant ont diminué après
1970 »3(*).
Depuis 1980, le Plan de Lagos, l'APPER (Africa's Priority
Programme for Economic Recovery) reconverti en PAAERD (Programme of Action for
Africa's Economic Recovery and Development), le CARPAS (Cadre African de
Référence pour les programmes d'Ajustement Structurel), «The
African Charter for Popular Participation for Development» ou encore
«The United Nations New Agenda for the Development of Africa in the
1990's» pour ne citer que ceux-là, ont fourni autant d'initiatives
recelant l'ambition d'inverser la tendance4(*). Sans succès. C'est le dernier (entendez le
plus récent) de ces grands projets à vocation continentale, le
« Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique
(NEPAD) » qui fera l'objet de la présente étude.
Le NEPAD sera-t-il enfin le plan qui permettra une réelle
« renaissance africaine », comme le texte de ce programme
le proclame, ou ne sera-ce qu'un plan de plus à ajouter dans la
liste des échecs ? Par qui, comment et dans quel contexte a-t-il
été élaboré ? Quels en sont les aspects
originaux ? Quelle est la position des pays occidentaux et des
organisations internationales face à ce plan ? Comment a-t-il
été accueilli par la société civile
africaine ? Ce projet peut-il marquer le début d'une nouvelle
ère dans les rapports de l'Afrique avec le reste du monde dans un
contexte de globalisation? Voici quelques questions auxquelles l'on va
modestement et très succinctement tenter de répondre au cours de
cette courte contribution.
On se penchera dans un premier temps sur la genèse de ce
Nouveau Partenariat. Celle-ci apparaît en effet indispensable à
aborder pour comprendre les enjeux réels du NEPAD sur le plan
africano-africain, le rôle des pays occidentaux dans sa confection, les
tenants et les aboutissants ainsi que les origines doctrinales et
idéologiques de celui-ci.
On présentera ensuite très synthétiquement
le contenu de ce document pour en mettre en exergue les grands axes et les
aspects les plus marquants, et ce afin de pouvoir procéder, dans la
section suivante du présent travail, à une évaluation
sommaire de ce programme en se basant à cette fin uniquement sur la
littérature académique ou à prétention
scientifique.
La littérature à caractère plus politique ou
engagé, officielle ou non, sera elle mise ensuite à profit pour
analyser respectivement les réactions endogènes face au projet
puis celles des bailleurs de fonds. Cette analyse devrait permettre (c'est en
tous cas son ambition) de trancher sur la question du caractère
strictement (ou fallacieusement) africain de ce programme,
caractéristique souvent présentée comme l'une des forces
de ce plan (cf. infra). Enfin, on terminera par une brève conclusion
générale dans la quatrième partie.
2. La genèse du NEPAD et les acteurs
impliqués
Le long processus qui mène à la réalisation
de la version définitive du NEPAD est riche en enseignements à
tous points de vue. Que ce soit pour appréhender les rapports de force
et leur évolution au cours des années précédant la
mise sur pied de ce partenariat, à la fois sur le plan des relations
interafricaines stricto sensu mais également afin de mettre en
exergue le rôle des bailleurs de fonds (G8, IFIs, UE,...) et certaines
lignes directrices des relations Afrique-Occident en général, la
genèse du NEPAD s'avère un épisode dont il est selon moi
impossible de faire l'économie sous peine de passer à
côté de l'essentiel ou, en tous cas, de ne pas en saisir la
totalité.
2.1. L'« African Renaissance » comme
refuge paradigmatique
Certains auteurs font remonter les origines directes du NEPAD au
milieu des années nonante. C'est notamment le cas de Sams Dine Sy qui
considère que le NEPAD n'est qu'une réactivation du Plan du Caire
destiné à relancer le développement sur le continent
africain, agrémentée toutefois de quelques
nouveautés5(*). Mais
s'il est un fait qu'il existe des éléments de continuité
entre le plan du Caire (1995) et le NEPAD, il ne semble pas que l'on puisse
établir une parenté directe entre celui-ci et celui-là.
On verra en se penchant sur les options économiques et autres
éléments doctrinaux qui sont contenus dans le NEPAD que les
influences paradigmatiques y sont nombreuses (quoi qu'assez univoques, cf.
infra) et peuvent renvoyer à des conceptions vieilles de parfois
près de trente ans. Seulement, là n'est pas le but de cette
partie du travail. Il s'agit ici de tenter de saisir la ou les dynamique(s)
propre(s), si tant est qu'il y en ait, qui a ou ont prévalu à
l'éclosion du document qui fait l'objet de la présente
étude.
Ainsi, dans le sillage de l'écrasante majorité des
auteurs qui ont abordé la problématique, on fera remonter le
début de la construction du NEPAD en tant que tel à la fin des
années nonante. En effet, les origines du processus d'élaboration
de l'accord de partenariat semblent remonter au concept de
l' « African Renaissance » élaboré et
popularisé par le président de l'Afrique du Sud, Thabo Mbeki. Ce
concept peut en fait être appréhendé comme un
condensé d'éléments philosophiquo-politiques contenus dans
les grands courants de pensées africains tel que le panafricanisme, la
négritude ou encore le « Black Consciousness ». Ce
n'est donc pas par son caractère novateur que ce nouveau paradigme
autoproclamé se distinguait mais bien par son fort potentiel
émotionnel, s'avérant psychologiquement et culturellement
pertinent en mettant l'accent sur la dignité et le respect de soi en
tant qu'Africain mais surtout sur la fierté d'être Africain dans
un contexte marqué alors du sceau de l'afro-pessimisme6(*). C'est donc par sa
revitalisation de valeurs appréhendées comme authentiquement
africaines que ce paradigme, bien que fruit de recyclages, a pu mobiliser les
responsables politiques et les intellectuels. Cependant
l' « African Renaissance » ne constitue pas en soi un
paradigme totalement abouti et politiquement applicable tel quel mais bien une
base philosophique sur laquelle appuyer des constructions politiques7(*).
La matérialisation sous forme programmatique des
préceptes inhérents à ce courant de pensée s'est
réalisée de manière décisive via le
« Programme de renaissance africaine pour le nouveau
millénaire » (ou MARP, pour « Millennium African
Renaissance Program ») présenté par Mbeki lors du Forum
économique mondial à Davos le 28 janvier 2001. Ce texte qui fait
sien les recommandations du courant de l' « African
Renaissance » est le fruit d'un mandat reçu par les chefs
d'Etats algérien, nigérian et sud-africain lors du sommet
extraordinaire de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), à
Syrte en Libye, afin de plaider l'annulation de la dette de l'Afrique
auprès de ses créanciers. MM. Obasanjo, Bouteflika et Mbeki
virent ensuite leur mandat s'étendre à la préparation d'un
programme africain de relance pour le millénaire à venir lors du
sommet de juillet 2000 à Lomé.
Le texte de ce plan est décrit comme « un
diagnostic des sources de l'appauvrissement historique de l'Afrique et un appel
à la prise de conscience des leaders africains »8(*). Passant par l'analyse des
dérives de l'esclavage, de la colonisation et de la
néocolonisation, il met notamment en lumière les
prélèvements de ressources propres à chaque période
(respectivement ressources humaines, naturelles et de productions agricoles ou
industrielles dans le cadre d'un échange inégal). Le plan avait
en outre intégré des préoccupations telles que la place de
l'Afrique sur la scène internationale et les modalités d'un
nécessaire partenariat avec les institutions multinationales.9(*) Il s'agit donc d'une initiative
légèrement teintée d'altermondialisme et d'un ton
revendicatif mais insistant également sur la responsabilité des
Africains quant à leur avenir propre.
2.2. Le Plan Omega : la riposte de Wade
Même s'il s'agit, comme on vient de le voir, d'une
légère déformation de la réalité, le MARP
est souvent perçu comme une initiative strictement sud-africaine, voire
comme le « bébé » de Mbeki. Il faut
concéder que le Président africain y a puisé une
visibilité internationale non négligeable. Certains analystes
soulèvent également que la diffusion de
l' « African Renaissance » ne s'est pas faite sans
tentative de positionner l'Afrique du Sud en tant que leader, au moins sur le
plan économique, du continent africain.
C'est dans ce contexte que le Président
sénégalais Abdoulaye Wade, présenta à son tour un
plan économique global à vocation continentale : le
« Plan Omega »10(*), quelques mois seulement après la
première présentation du MARP11(*). Outre la volonté d'offrir de nouvelles
perspectives à l'Afrique, il s'agissait là manifestement dans le
chef de Wade de ne pas laisser le monopole du leadership continental à
son homologue sud-africain. Plus axé sur la théorie orthodoxe du
rattrapage issue de l'héritage doctrinal de Rostow, il est
également plus technique voire 'technocratiquement orienté' que
le MARP. Le « Plan Omega » vise ainsi principalement
à combler les retards de l'Afrique sur les pays plus avancés par
l'intégration économique et à partir de la mobilisation du
capital physique et humain selon les prescriptions de la théorie de la
croissance endogène. La Commission économique des Nations Unies
pour l'Afrique (UNECA) accoucha elle aussi d'une initiative comparable
intitulée « Compact for African Recovery
(CAR) »12(*) qui
fut présentée lors de la même Conférence que le plan
de Wade.
C'est toujours au cours du même sommet de l'OUA, à
Alger, qu'il fut décidé que ces documents devraient être
compulsés avec le MARP dans une version unique et consensuelle, un
compromis diplomatique qui permettrait d'aplanir les conflits
d'intérêts que laissaient apparaître ces plans concurrents,
mais ce ne fut pas sans efforts que l'on parvint à éviter la
rupture, car désormais les luttes de prestige interpersonnelles
s'étaient mêlées aux négociations, comme l'ont
soulevé Taylor et Nel : « only hard bargaining managed to
prevent Wade's Omega Plan from sabotaging African unity before it had even
begun, particularly when Wade began claiming that his plan was a `practical
initiative for overcoming Africa's economic difficulties', while MARP was `more
of a manifesto'. Yet Wade's plan was extremely problematic and did not deserve
the status that it was given (though no doubt satisfying the ego of its
author) »13(*).
2.3. De la NAI au NEPAD: à la recherche d'un
consensus entre élites
Lors du sommet de l'OUA de juillet 2001 à Lusaka, une
version compilée des trois plans appelée « New African
Initiative (NAI) »14(*) (faisant en réalité surtout la part
belle aux plans de Mbeki et de Wade et ignorant pratiquement le CAR comme
l'indique sans ambiguïté le sous-titre dudit document :
« Merger of The Millennium Partnership for the African Recovery
Program (MAP) and Omega Plan ») fut présentée et un
comité de mise en application composé de quinze chefs d'Etat y
fut alors mandaté. En Octobre, après que la NAI a
été présentée au G8 lors du sommet de Gênes,
un nouveau nom sera donné à une version du texte
retravaillée à l'aune des exigences des bailleurs de fonds (cf.
infra) : « The New Economic Partnership for African
Development »15(*) qui en constituera la version définitive.
Si l'on résume le parcours de ce texte, on constatera donc
qu'il s'agit d'un compromis entre deux textes principaux issus de chefs d'Etat
africains, se disputant le leadership continental et ayant chacun leurs
soutiens respectifs, compromis lui-même élaboré entre chefs
d'Etat avant d'être soumis aux représentants du G8 pour parvenir
à la version finale. Ce qu'on appelle à défaut de
meilleure terminologie à disposition, la `société civile'
a donc été complètement écartée dans le
processus de rédaction de ce plan. En outre, bien qu'il apparaisse comme
un texte authentiquement issu de la volonté de responsables africains
étant donné son parcours officiel, l'influence des bailleurs de
fonds (G8, OCDE, UE, FMI, BM,...), directe et/ou indirecte, ne doit pas
être sous-estimée dans la teneur du texte final comme on le verra
par la suite. On s'en tiendra dans cette partie à relever l'importance
que peut recouvrir le dernier changement de nom du document, étape
ultime de sa gestation qui est manifestement issue de demandes externes.
En effet, le label « New African Initiative »
sonnait comme un projet strictement africain qui semblait se suffire à
lui-même tandis que « New Economic Partnership for African
Development » rappelle la dimension `partenariat' et donc
inévitablement l'importance des partenaires. Dès 1998, le
très influent Professeur de Harvard Jeffrey Sachs recommandait
d'ailleurs que soit mis en place un « Nouveau partenariat pour la
croissance en Afrique »16(*) qui a donné les grandes lignes dans lesquelles
allaient s'inscrire les politiques de coopération américaines
dans les années qui suivirent. Il apparaîtrait donc que ces
idées venues d'outre-Atlantique aient influencé les promoteurs du
NEPAD jusqu'à la détermination de la dénomination
adéquate à attribuer à leur plan.
Bien qu'il s'agisse d'un des arguments principaux de ses
défenseurs, le caractère proprement africain du NEPAD semble
ainsi pouvoir être démenti par sa seule labellisation, mais il va
de soi que nous donnerons dans la suite de ce travail des arguments plus
étayés appuyant l'idée que ce plan, bien qu'a
priori formellement conçu par des leaders Africains, n'est pas
(perçu comme) un programme authentiquement africain.
3. Que recommande le NEPAD : les grands axes du
projet
D'après ses géniteurs, le NEPAD constitue
« une promesse faite par des dirigeants africains, fondée sur
une vision commune ainsi qu'une conviction ferme et partagée qu'il leur
incombe d'urgence d'éradiquer la pauvreté, de placer leurs pays,
individuellement et collectivement, sur la voie d'une croissance et d'un
développement durables, tout en participant activement à
l'économie et à la vie politique mondiales. Il est ancré
dans la détermination des Africains de s'extirper eux-mêmes, ainsi
que leur continent, du malaise du sous-développement et de l'exclusion
d'une planète en cours de mondialisation »17(*).
Le ton général du document est très vite
donné puisqu'il s'agit là du premier paragraphe de celui-ci. On y
apprend d'entrée qu'il s'agit d'un engagement pris par des
« dirigeants » et non par les peuples aux destinées
desquelles ils président car ceux-ci ont été mis à
l'écart de son élaboration. La lutte contre la pauvreté
est le premier objectif nommément cité, suivi par « la
croissance », le « développement durable »
et l'intégration dans la vie politique et économique
« mondiale » ; une hiérarchie des
priorités qui, entre parenthèse, conforte l'idée d'un
alignement sur les injonctions et l'agenda des bailleurs de fond (cf.
infra).
On y lit ensuite que les « Africains ont
commencé à manifester leur refus d'accepter un leadership
économique et politique médiocre »18(*), autrement dit que la
« bonne gouvernance » fera désormais partie des
objectifs poursuivis par leurs dirigeants. Ce faisant et gardant en
mémoire les leçons d'un « passé
douloureux », les rédacteurs affirment que « les
Africains ne doivent pas être les pupilles de gardiens bienveillants,
mais plutôt les architectes d'une amélioration soutenue de leurs
conditions de vie »19(*), ainsi ce programme constituerait-il « un
nouveau cadre d'interaction avec le reste du monde, notamment avec les pays
industrialisés et les organisations multilatérales. Il est
fondé sur un ordre du jour dont ont décidé les Africains
de leur propre initiative et de leur propre gré, afin de
déterminer eux-mêmes leur destin »20(*). Ces dernières
assertions relèvent indubitablement du courant de
l' « African Renaissance ». Notons cependant que ces
velléités autonomistes cadrent mal avec les nombreux appels du
pied à destination des bailleurs de fonds comme celui contenu dans
l'article 66 qui vise à lancer « un appel à nos
partenaires de développement pour qu'ils nous apportent une assistance
dans nos efforts ».
Afin de parvenir à réaliser le développement
durable de l'Afrique, les initiateurs du projet en ont identifié les
conditions requises. Elles sont de trois ordres selon eux : tout d'abord
« la paix, la sécurité et la bonne
gouvernance » étant entendu qu'il « est maintenant
généralement accepté que le développement ne peut
se réaliser en l'absence d'une démocratie véritable, du
respect des droits de l'homme, de la paix et de la bonne gouvernance. Avec le
NEPAD, le continent prend l'engagement de respecter les normes mondiales en
matière de démocratie »21(*). Ce sont donc bien des critères
exogènes de démocratie qui serviront de repères à
l'évaluation des progrès politiques des parties prenantes
à l'accord, renforçant potentiellement la perception du NEPAD
comme un diktat déguisé ou du moins comme le résultat
d'une intériorisation par les élites africaines des
conditionnalités imposées par l'Occident à l'Afrique
d'autant que les deux prérequis suivants, à savoir
l'allégeance déclarée à « la gouvernance
économique et la gouvernance des entreprises » et enfin la
nécessité d'entreprendre des « approches
sous-régionales et régionales au
développement »22(*) relèvent également de l'agenda et
surtout de la terminologie des institutions de Bretton Woods et des autres
principaux « partenaires de développement ».
Une fois ces conditions introduites, le NEPAD se penche alors sur
les « priorités sectorielles »23(*) dont on retiendra notamment la
volonté de « combler l'écart dans le domaine des
infrastructures » et notamment en ce qui concerne l'écart
numérique que les tenants du NEPAD visent à combler en appelant
à « investir dans les technologies de l'information et de la
communication »24(*) tandis qu'ici encore, appel est fait à
l'assistance du G8 et aux « bailleurs de fonds
bilatéraux »25(*). La « mise en valeur des ressources
humaines »26(*)
qui concerne surtout les efforts afin d'éviter la fuite des cerveaux, la
protection de l'environnement, le développement de l'agriculture et de
la culture, des sciences et de la technologie sont autant d'objectifs contenus
dans ce vaste programme. On verra dans la suite de ce travail que plusieurs
analystes appréhendent d'ailleurs cette extrême diversité
des desseins à poursuivre comme une faiblesse potentielle. D'autant que
les ambitions du plan ne s'arrêtent pas là. Le Nouveau Partenariat
s'attaque en effet encore à la mobilisation des ressources via une
« initiative en faveur des flux de capitaux »27(*), qui comporte à nouveau
un élément qui a l'accent du fatalisme de la dépendance
puisqu'il concède que le « NEPAD vise à obtenir une
augmentation des apports d'APD à moyen terme »28(*). Il contient également
une « initiative pour l'accès aux marchés »
notamment à travers la promotion des exportations et du secteur
privé29(*).
Enfin, c'est somme toute logiquement que le
« Nouveau partenariat pour le développement
économique de l'Afrique » se soucie d'établir un...
« nouveau partenariat mondial ».
Il est notamment question d' « instaurer de
nouvelles relations avec les pays industrialisés et les organisations
multilatérales »30(*). Qui dit « nouvelles relations »
implique a priori une remise en cause ou, à tout le moins, une
réorganisation desdites relations. Cependant, les concepteurs du NEPAD
se sont empressés de préciser dès l'article 184 que les
« divers partenariats entre l'Afrique et les pays
industrialisés d'une part et les institutions multilatérales
d'autre part devront être maintenus », offrant ensuite une
liste des partenariats en question. Sous cet angle, il semble que cet article
soit au moins partiellement antithétique par rapport au titre de la
section dans laquelle il s'insère.
4. Evaluation sommaire
Après avoir très succinctement dressé le
portrait robot du NEPAD, on va à présent tenter d'en
réaliser une brève évaluation en s'appuyant sur la
littérature, dorénavant assez consistante, disponible sur le
sujet.
Il ne s'agit pas ici de procéder dans une perspective
normative, le but n'étant pas de condamner ou d'encenser le NEPAD
per se mais bien de mettre en avant les éventuelles forces et
faiblesses de ce document. Le fait est que si l'on s'en réfère
aux publications à prétention scientifique, une compilation du
matériel disponible concernant ce plan livre une balance avec un plateau
plus garni du côté `faiblesses' que du côté `forces'
- un constat qui ne vaut pas par contre pour la littérature `officielle'
comme on le verra par la suite -.
Ce n'est donc pas d'une position idéologiquement
marquée de ma part mais bien d'une tentative de refléter la
tendance générale des considérations académiques
sur le NEPAD dont j'ai pris connaissance qu'est issu le
déséquilibre quantitatif entre les deux parties qui suivent.
4.1. Les forces potentielles
Dans un article consacré aux liens entre NEPAD et
développement durable31(*), d'ailleurs assez critique vis-à-vis de ce
dernier, Ji Kang Kim, chercheuse au CIPS (Centre for International Political
Studies de l'Université de Pretoria), dégage néanmoins des
grandes lignes de force de ce « Nouveau
Partenariat » : tout d'abord, elle relève le fait qu'il y
soit formellement reconnu que l'Afrique a désormais besoin de prendre
son destin en main, de compter sur elle-même pour réaliser son
développement et qu'à ces fins, le texte se concentre sur les
moyens de renforcer les facultés des peuples africains à peser
sur les décisions et de construire une Afrique autonome ; ensuite,
Kim évalue le fait que soit reconnue l'importance prégnante des
priorités établies au niveau national pour établir des
plans de développement dans plusieurs domaines (lutte contre le
HIV/SIDA, développement des technologies de la communication,
accès aux marchés, etc.) comme un des principaux aspects
positifs du document ; enfin, le fait que la plupart des objectifs du
NEPAD soient calqués sur l'agenda des organisations
multilatérales32(*)
constitue potentiellement un `plus' puisque cela devrait logiquement faciliter
la coopération en vue d'atteindre ceux-ci. Ainsi de nombreux auteurs
s'accordent pour dire que « one of NEPAD's strenghts is its
timeliness with repsect to key donors in the OECD and G8 »33(*).
L'intérêt de cet extrait de l'article de Kim est
qu'il offre une vision synthétique de la plupart des
éléments généralement évalués comme
les points forts du document qui fait l'objet de la présente
étude.
Et si les aspects mentionnés ci-dessus ne semblent pas se
distinguer par leur caractère innovateur, Alex De Waal juge qu'il s'agit
là d'un élément qui renforce le NEPAD plus qu'il ne le
dessert : « What's new about NEPAD ? In many respects, not
much - and this is one of its strengths. Africa doesn't need new paradigms;
what it needs is a proper application of lessons already learned, and a
replication and broader application of existing best practices. NEPAD's
leaders like to say that what's new is the `political will' behind the
initiative »34(*).
Et cet engagement à fournir un volontarisme politique se
concrétise d'ailleurs dans le document par les innombrables
références et promesses de soumission aux impératifs de la
bonne gouvernance que ce soit sur le plan politique ou économique. Et
c'est ici que se situe ce que la plupart des analystes décrivent comme
le principal atout du NEPAD, son innovation la plus marquante, à
l'instar de Jephthah Gathaka et Smokin Wanjala, par exemple, pour qui
« the only way in which NEPAD can be said different from other
initiatives is taht, for the first time, it acknowledges the fact that poor
political leadership characterised by human rights violations, economic
mismanagement, and corruption is the cause of the African
problem »35(*),
ou encore de Ross Herbert qui considère que « the aspect of
NEPAD with the greatest potential to change Africa's image and the dynamics of
development is its promise to deliver good governance »36(*). Il faut dire que ce dernier
concept est dans l'air du temps.
En effet, non seulement des auteurs comme Kempe Ronald
Hope37(*), Feng38(*) ou Tavares et
Wacziarg39(*) se sont
attelés récemment à démontrer l'existence d'une
corrélation entre pratiques démocratiques et de bonne gouvernance
d'une part, et ce qu'ils désignent comme des performances
économiques synonymes de développement (taux de croissance
positif, hausse des revenus, libéralisation économique,...)
d'autre part mais plus fondamentalement, il est généralement
admis, dans le sillon d'Alfred Zack-Williams, que la bonne gouvernance (et plus
précisément la consolidation démocratique) est une
condition sine qua non du développement : « no democracy,
no development »40(*). Ce courant académique est à la fois la
source et le reflet d'un contexte idéologique international fortement
marqué par cette idée de corrélation bonne
gouvernance/développement. Ainsi, dans son rapport annuel, Kofi Annan,
le Secrétaire général des Nations Unies,
écrivait-il : « good governance is perhaps the single
most important factor in eradicating poverty and promoting
development »41(*), suivi dans cette voie par le Secrétaire
exécutif de l'UNECA, M. Amoako d'après qui « good
governance is essential for the political and economic transformation of
Africa »42(*).
Comme on le voit, l'allégeance aux impératifs de la bonne
gouvernance exprimée dans le NEPAD apparaissait comme inévitable
à tout plan de développement digne de ce nom sous peine
d'obsolescence vis-à-vis de la communauté internationale.
Mais au-delà de la déclaration de principes
contenue dans le plan, ce qui suscite généralement l'enthousiasme
des observateurs, c'est plutôt la décision prise par le
Comité de mise en application du NEPAD de contrôler le respect des
critères démocratiques et de bonne gouvernance à travers
l' « African Peer Review Mechanism » (APRM), version
africaine du « Peer Review System » (ou
« système de surveillance par les pairs », soit un
système de contrôle systématique et mutuel des performances
des Etats en matière de gouvernance par les autres Etats) mis en place
par l'OCDE il y a de cela 40 ans.43(*)
Ainsi pour Hope, ce ne sont pas les articles concernant la
volonté d'améliorer la gestion politique et économique de
l'Afrique mais bien l'APRM qui constitue « the most innovative - and
critically significant - aspect of the NEPAD ». L'auteur dresse
d'ailleurs un portrait plus qu'élogieu de cet instrument institutionnel
qu'il décrit comme « a bold and imaginative attempt to launch
a total war on the endemic problems of bad governance, unsustainable
development and overwhelming poverty that have been confronting Africa for
several decades »44(*).
Cet enthousiasme, qui frôle la naïveté, n'est
cependant pas partagé par tous, même parmi les auteurs les plus
convaincus par l'utilité de l'APRM. Alex De Waal considère par
exemple que ce mécanisme constitue certes un instrument qui
détient le potentiel de démarquer réellement le NEPAD des
plans précédents mais seulement à condition que la
qualité et la crédibilité de l'APRM soient garanties, ce
qui reste encore à accomplir.45(*)
Richard Ilorah émet également un avis bienveillant
mais prudent à l'égard de ce mécanisme dont il
relève surtout qu'il devrait fournir à l'Union Africaine un moyen
d'enfin imposer des règles strictes à ses membres à
condition que cet organisme parvienne à élaborer des standards de
gouvernance économique et politique clairs, permettant une analyse
objective des performances des gouvernements africains.46(*)
4.2. Les faiblesses potentielles
4.2.1. Des ambitions démesurées
L'une des critiques les plus récurrentes adressée
à l'encontre du NEPAD est d'être beaucoup trop ambitieux pour
être réalisable. On a brièvement vu en effet l'ensemble des
gageures auxquelles ce programme prétend s'attaquer et il est un fait
acquis que tous ses desseins ne pourront être réalisés.
« Un programme trop ambitieux » le NEPAD ?
C'est le point de vue développé, entre autres, par
l'économiste Philippe Hugon47(*) qui s'interroge dès lors sur l'avenir de ce
projet. Il souligne également que ce trop plein d'ambitions
entraîne des « lacunes stratégiques » en ce
que les « propositions ne sont ni hiérarchisées, ni
rationalisées »48(*). Hugon est rejoint dans ce constat par Ross Herbert
qui pointe lui aussi le manque de hiérarchisation des priorités
comme une des principales lacunes du plan. Ce dernier note également que
l'extrême diversité des défis auxquels le NEPAD ambitionne
de s'attaquer a souvent entraîné l'utilisation d'un langage vague
et très général car il eut été
matériellement impossible d'approfondir chaque section avec le
degré de technicité requis.49(*)
4.2.2. Des objectifs irréalistes
Mais si les prescriptions du NEPAD sont décrites comme
manquant de clarté et de précision, il n'en va pas de même
pour certains des objectifs qu'il s'est fixés. Ainsi, des buts
chiffrés de manière stricte sont-ils
énoncés comme parvenir à une croissance annuelle du
PIB de plus de 7% et s'y maintenir pendant les quinze prochaines
années ; réduire de moitié le taux de pauvreté
d'ici 2015 ; assurer la scolarisation élémentaire de tous
les enfants d'ici 2015 ; etc.50(*) Face à ces voeux, un qualificatif revient de
façon récurrente :
« irréalistes », comme sous la plume de Melber qui
commente ces desseins de la manière suivante : « this
would appear to be an unrealistic shopping list dictated by `wishful
thinking »51(*).
Dans le même ordre d'idées, Thomas Mosch avait
été encore plus radical, qualifiant ces mêmes objectifs
(alors contenus dans le MARP) de totalement irréalistes et
inaccessibles.52(*)
Il est vrai que dans une perspective purement pratique, et sans
verser dans l'afro-pessimisme pour autant, il paraît clair aujourd'hui
que les souhaits chiffrés exprimés dans le NEPAD s'apparentent
effectivement plus à des voeux pieux qu'à des objectifs
concrètement réalisables. Les rédacteurs du projet
eux-mêmes reconnaissent « qu'à moins que ne soient
prises des mesures novatrices et radicales »53(*), l'Afrique ne réalisera
pas ces objectifs et Henning Melber de remuer le couteau dans la plaie en
relevant que, malgré ces considérations, « the document
(le NEPAD) fails to spell out clearly what it considers as new and radical
essentials in its approach »54(*).
Mais si les spécialistes tirent à boulets rouges
sur la nature chimérique des buts chiffrés fixés par le
NEPAD, l'honnêteté intellectuelle oblige toutefois à rendre
l'irréalisme aux irréalistes. Car ces points de mire que tout le
monde s'accorde à décrire comme inaccessibles ne sont rien
d'autre que l'exacte réplique des objectifs fixés par les
institutions de Bretton Woods (FMI, BM) à la fin des années
nonante55(*) dont la
majeure partie fut d'ailleurs répercutée telle quelle par Kofi
Annan dans son rapport intitulé « We The peoples : the
role of the United Nations in the 21st century »56(*) avant d'être reprise
dans la déclaration du millénaire des Nations Unies57(*).
S'il est nécessaire de soulever l'incongruité de
certaines prétentions du NEPAD, il est indispensable d'en expliquer la
source. Or, dans ce cas-ci on remarquera une nouvelle fois que les
rédacteurs du plan ont été plus qu'influencés par
des sources exogènes puisqu'ils ont tout simplement endossé les
objectifs qui leur avaient été précédemment
imposés par des organismes internationaux. Quand bien même
eurent-ils voulu fixer des horizons plus accessibles, ils se seraient
placés en porte-à-faux avec lesdits organismes.
C'est donc non pas une initiative africaine qui est
critiquée à travers les attaques contre l'irréalisme des
objectifs du partenariat mais bien l'intériorisation par des
élites africaines d'un agenda inconséquent issu des institutions
de Bretton Woods et de l'ONU.
4.2.3. Les vieilles recettes néolibérales
A travers cette répercussion docile d'objectifs
fixés en d'autres temps et en d'autres lieux par d'autres responsables,
les chefs d'Etat africains à la base du NEPAD ont en outre exposé
le flanc de leur créature à un autre type d'attaques :
celles qui condamnent son conventionnalisme et son manque d'originalité.
Les bonnes vieilles recettes que sont l'ouverture au
marché mondial et l'intégration au système global, la
libéralisation interne, l'accentuation des exportations, le
contrôle strict des dépenses publiques et l'intégration
régionale ont en effet toutes été réactivées
dans ce « nouveau » partenariat58(*). Pourtant, comme le rappellent
Gathaka et Wanjala, au vu des expériences passées on sait que
« market-oriented reforms cannot be the panacea for the economic ills
that afflict Africa »59(*) et même des économistes
néolibéraux reconnaissent que « one of the most
important shortcomings of the NEPAD scheme is that it is very conventional in
its thinking, offering no particular insights about past development failures
beyond the obvious notions that wars must be ended and good governance
installed »60(*).
Autrement dit, sur le plan des politiques économiques, le
cap n'a pas changé.
Ce cap c'est notamment celui qui mène l'Afrique à
l'intégration à la globalisation avec comme fin de booster
l'économie du continent en misant sur le `trickle-down effect'. Il
s'agit ni plus, ni moins d'une réactivation volontariste de la
théorie du `catching up' chère à Rostow et remise à
l'ordre du jour par l'OCDE61(*) et les Institutions Financières
Internationales (IFI's). En 1999, le FMI publiait le « World Economic
Outlook » dont le chapitre 4, intitulé « How can the
poorest countries catch up ? » 62(*), laisse peu de doute sur son origine doctrinale.
C'est notamment au vu de la récupération de cet héritage
idéologique par les leaders africains qui ont initié le NEPAD que
certains ont estimé que du point de vue des postulats de base
« it [le NEPAD] blends nicely into the neo-liberal globalisation
mainstream »63(*).
La relation insertion au marché global - récolte de
bénéfices est pourtant loin d'être évidente dans le
cas de l'Afrique, comme le rappellent plusieurs auteurs. Les partisans du
`catching up' sous-estimeraient « l'architecture
internationale » car même après les promesses faites
à Monterrey puis au sommet du G8 de Kananaskis, « la tendance
profonde des grandes puissances demeure très en deçà des
enjeux mondiaux en termes [...] de concurrence loyale »64(*), ainsi les logiques à
l'oeuvre au niveau planétaire font en sorte qu'une « reprise
significative des investissements privés paraît peu
réaliste »65(*), bref pour que la globalisation économique
tienne ses promesses et ne contrecarre pas les espoirs de l'Afrique, il
faudrait que « le libéralisme asymétrique
pratiqué par les pays industriels et les économies
émergentes soit remis en question »66(*), ce qui est loin d'être
à l'ordre du jour.
Le Sud-africain Richard Cornwell se montre plus acerbe dans ses
critiques lorsqu'il écrit non sans ironie : « our leaders
are willing to embrace the inevitability of the historical triumph of a process
commonly known as globalisation, satisfied with the claims of its high
priesthood that allowing the unimpeded operation of market forces and the flow
of goods and capital (if not labour) will deliver massive and irreversible
material benefits to our country and the bulk of its
people »67(*)
terminant ce paragraphe par : « Well, what is wrong with
that ? Quite a lot really »68(*). Notamment le fait qu'il est loin d'être
évident que le chemin du développement économique
tracé par les stratèges du libre marché soit accessible en
l'état à la masse des pays sous-développés69(*) et que par
conséquent : « of `catching up' or `trickle down' there
is little evidence »70(*).
Parallèlement à l'orientation idéologique
générale, une multitude de carences ponctuelles sont
soulevées par les détracteurs comme par les partisans du
projet.
Melber signale par exemple, non sans pertinence, que la partie du
texte consacrée à l'agriculture ne fait aucune
référence à la propriété des terres
(« land tenure systems ») ni à l'urgence de mettre
en place une redistribution de celles-ci71(*), éléments qui constituent pourtant des
enjeux majeurs de la problématique agricole africaine.
Toujours en ce qui concerne l'agriculture, Tom Amadou Seck estime
que « le Nouveau partenariat favorise une agriculture
entrepreneuriale et intensive. Or, au Sahel, c'est la recherche de la
sécurité alimentaire, reposant sur la valorisation de la petite
agriculture familiale, qui peut permettre de lutter contre la pauvreté
et l'exode rural. [...]. Les conséquences de ce type d'agriculture sont
la disparition de la propriété foncière collective, la
course aux rendements, le recours aux engrais chimiques et l'endettement. Une
révolution `verte' [...] suivie d'une réforme agraire authentique
n'est pas envisagée par le NEPAD. [...]. [Pourtant] c'est une des
priorités pour lutter contre les famines et la dépendance
alimentaire du continent »73(*).
Même certains aspects de l'APRM, pourtant
présenté comme la grande innovation et une des principales forces
du NEPAD, sont remis en question par certains auteurs. Pour certains le manque
de courage dans les réactions des leaders face aux pratiques de Mugabe
lors des élections présidentielles de 2002 au Zimbabwe a
été interprété comme un signal que les pratiques
africaines en matière de gouvernance n'étaient pas en voie
d'amélioration74(*).
Le manque de leviers de contraintes réelles est
également pointé. Cet aspect semble d'ailleurs potentiellement
problématique pour l'ensemble du plan puisqu'il pourrait faire en sorte
que celui-ci reste au stade de la déclaration de principes sans
implications concrètes étant donné son manque d'attributs
normatifs capables de soumettre les Etats membres à respecter les
règles qu'ils se sont eux-mêmes imposées75(*) ; la question de la
compatibilité des statuts de l'UA avec le NEPAD et donc de la
fonctionnalité même de l'APRM apparaît comme non
dénuée d'aspects problématiques.
Plus fondamentalement, la pertinence même de ce
mécanisme et l'objectif qu'il vise, à savoir garantir des
pratiques de bonne gouvernance, seraient issus d'un postulat fallacieux selon
Patrick Chabal. Pour cet auteur, l'idée que les pas
réalisés en direction de la démocratie - qui se
matérialisent par l'adoption d'éléments de
démocratie formelle sans changer le fond de la culture politique qui
resterait marquée par le néopatrimonialisme - permettront de
fournir un cadre dans lequel une meilleure gestion politique et une
activité économique revitalisée amèneront les pays
africains vers le développement est un leurre.76(*) Ce point de vue marqué
par l'afro-pessimisme et le fatalisme du néopatrimonialisme se base sur
l'idée que la démocratie est entendue non pas comme une
`précondition à' mais bien comme un résultat du
développement économique.77(*)
4.3. Deux paradoxes fondamentaux
Mais au-delà de tous ces éléments ponctuels,
au-delà même du fait que le NEPAD tout entier repose sur des
postulats néolibéraux qui ont montré leurs limites par le
passé, ce plan apparaît comme recelant en lui des
éléments éminemment contradictoires dans l'articulation de
deux de ses principaux objectifs avec les moyens mis (ou à mettre) en
oeuvre pour y parvenir.
4.3.1. Une volonté d'émancipation
entraînant un accroissement de la dépendance
On l'a vu, les promoteurs du NEPAD tiennent à ce que leur
projet soit perçu comme un outil « fondé sur un ordre
du jour dont ont décidé les Africains de leur propre initiative
et de leur propre gré, afin de déterminer eux-mêmes leur
destin »78(*).
Autrement dit, le NEPAD se veut un plan d'émancipation de
l'Afrique, fait par les Africains, pour les Africains. Seulement voilà,
on a déjà mis en lumière tout ce que ce plan fait
« par des Africains » recèle en fait de
conditionnalités externes intériorisées et d'alignement
sur les agendas des « partenaires de
développement ». Et en ce qui concerne ses
velléités émancipatrices, il semble bien que le NEPAD
induise lui-même les facteurs qui risquent de les étouffer dans
l'oeuf. En effet, malgré cette volonté d'autonomie maintes fois
ressassée, on a déjà relevé que certains articles
du document placent ipso facto l'Afrique sous tutelle des bailleurs de
fonds (e.g. les articles 66, 184, 185, 186).
D'aucuns notent que le succès du NEPAD est directement
dépendant d'investissements massifs que l'Afrique ne pourrait assumer
d'elle-même, or les sources de financement que préconise l'accord
restent les mêmes que celles des années précédentes,
à savoir les traditionnelles aides des institutions internationales ou
des « partenaires de développement » dans le cadre
de relations bilatérales.79(*)
Lorsque l'on sait que « les besoins financiers annuels
pour assurer les objectifs du NEPAD sont estimés à 60 milliards
de dollars, soit plus de quatre fois le montant annuel de l'APD et des
IDE »80(*), on
comprend à qu'il s'agit là d'un projet qui, malgré ses
prétentions, ne pourra être concrétisé qu'au prix
d'une inféodation accrue de l'Afrique par rapport au monde
développé.
Ce paradoxe d'un plan d'émancipation ne pouvant se
réaliser qu'à travers un accroissement de l'auto-sujétion
a été remarquablement synthétisé par Richard
Ilorah : « the possibilities of supporting the NEPAD budget trough
contributions based on member states' GNPs, `own resources, or VAT are [...]
not especially bright. A reliance on donor countries and organizations would
appear the best option of all except for the implications involved, many
of which border on the interference with member states' autonomy and
sovereignty. A reliance on donor countries and organizations is tantamount to
accepting involvement by powerful international agencies that would ultimately
tamper with the sovereignty of NEPAD member countries, and the autonomy of
NEPAD as an African programme [dont on a vu qu'elle est déjà
toute relative quant à son fond idéologique]. Generally, donor
countries and organizations are reluctant to finance development projects if
they are not allowed some degrees of influence in the region concerned. [...].
An argument for a reliance on external funding would be that if the success of
NEPAD as a programme depends heavily on financial assistance from external
donors [ce qui apparaît comme une fatalité à moyen terme],
then the members states of NEPAD should as well allow specific donors to have
influence not only in the region but also in the programme itself. This is
obviously a common price associated with dependency and the question is whether
NEPAD is willing to pay the price. Africa has in the past been known to depend
heavily on external funding for its projects and donors countries in turn have
more or less dictated terms of executing the projects »81(*).
C'est notamment sur base de ces constats que Patrick Chabal
estime que le NEPAD ne devrait pas déboucher sur d'autres
résultats que la perpétuation des relations Afrique-Occident
telles qu'elles se sont développées depuis la
décolonisation.82(*)
On se trouve donc bien ici face à un postulat contenant
de nature un paradoxe fondamental et inextricable puisque les moyens
avancés par le NEPAD afin de sortir le continent africain de son
état de dépendance vis-à-vis des pays
développés et des institutions multilatérales
mèneraient inévitablement à un approfondissement de cette
dépendance.
4.3.2. Une allégeance aux principes de la
démocratie participative à travers une initiative purement `top
down'
On s'est déjà appesanti sur le fait que le NEPAD
soit un produit issu de dirigeants africains dans l'élaboration duquel
aucune forme de mécanisme de participation quelconque n'a
été mis à profit. C'est donc d'une approche strictement et
purement `top down' qu'est né ce projet (cf. supra).
Pourtant, le projet se targue de faire en sorte que les pratiques
démocratiques et la participation soient mises en valeur autant que
faire se peut. Il y a là une contradiction évidente entre les
déclarations d'intention et les actions des initiateurs du NEPAD lors de
son élaboration. Ce type de contradiction peut avoir des
conséquences très néfastes sur l'avenir de ce projet. En
effet, il renforce l'idée que les processus de démocratisation
qui sont en cours en Afrique ne sont en fait qu'une transition formelle vers un
multipartisme qui ne remet pas fondamentalement en cause les pratiques
politiques anciennes. La démocratie se réduirait alors à
un processus d'origine exogène, initié sur ordre de la
communauté des bailleurs de fonds, et qui n'est en fait qu'une
concession faite par les dirigeants africains pour continuer à
bénéficier d'une assistance financière.83(*) C'est ce que Mkandawire a
appelé les « choiceless democracies » en ce que le
multipartisme formelle qu'elles généraient n'impliquaient pas une
lutte de vision politique en concurrence pour imposer leur projet
sociétal mais plutôt une procédure destinée à
répartir les fruits pouvant être retirés de l'exercice du
pouvoir dans une perspective néopatrimoniale.84(*) Une logique qui
déboucherait inexorablement sur une perpétuation des maux dont
souffre le continent.
Ainsi les promesses de fidélité aux idéaux
démocratiques contenues dans le NEPAD ne seraient perçues que
comme une excroissance de l'interventionnisme externe qui a
caractérisé les processus de démocratisation africains
depuis leurs débuts. Comme le souligne Ukoha Ukiwo, l'une des
conséquences les plus dommageables de cet interventionnisme quasi
systématique a été l'aliénation des groupes
populaires et des mouvements sociaux porteurs de revendications
démocratiques authentiquement endogènes.85(*)
C'est sur cet aspect particulier de l'aliénation des
groupes sociaux porteurs des revendications démocratiques internes
concomitant d'un assujettissement aux exigences de démocratisation
venues de l'extérieur que l'on va maintenant s'attarder. On va en effet
tenter de voir dans quelle mesure le NEPAD s'insère, ou au contraire se
départi, de cette logique en mettant à profit les
réactions des représentants de la société civile
africaine d'une part et des bailleurs de fonds de l'autre pour essayer de
mettre en lumière le degré de prise en compte de leurs
revendications respectives.
4.4. Prise en compte des revendications exogènes
et endogènes : analyse sur base des réactions face au
NEPAD
4.4.1. Les réactions de la société
civile africaine
Le 4 mai 2002 à Johannesburg, le groupe Civil Society
Indaba adoptait une résolution sans concession concernant le NEPAD qui
reflète la tendance générale des organisations de la
société civile à l'égard de ce plan. Il y
était notamment stipulé que les participants (issus de plusieurs
associations et groupement de la société civile : de
communautés rurales et urbaines, de groupes de femmes, du First Nations
Indigenous people, d'ONG, etc.) considéraient que « Nepad has
been imposed on the continent by the few governments and elites, supported the
countries of the North and the Bretton Woods Institutions. [...]. Africa and
her people have not been involved in devising this path of development.
[...].
That Nepad embraces the forces of neoliberal globalization, and
promotes these forces as a cure for Africa's ills. [...].
That Nepad embraces the World Bank, International Monetary Fund,
the World Trade Organization, and other international institutions of the
process of neoliberal globalization, as partners in Africa's development. These
institutions have a long history of plunder and exploitation of Africa's
resources and her peoples. [...]
That the development path adopted by Nepad will push Africa and
her people further into poverty, ill health, hunger and marginalisation
»86(*).
Ces points de vue qui peuvent apparaître comme des plus
radicaux sont pourtant un bon reflet de la tendance générale
adoptée par les organisations citoyennes à propos du NEPAD.
Ainsi, le Council for Development and Social Science Research in
Africa (CODESIRA) et Third World Network - Africa, ont-ils rédigé
une déclaration commune lors d'une conférence sur les
défis du millénaire pour le développement de l'Afrique.
Dans celle-ci, ils exprimaient leur accord avec certains des buts que poursuit
le NEPAD mais se plaçaient complètement en porte-à-faux
avec la vision générale du développement et le
modèle économique préconisé par ce document pour y
parvenir et que par conséquent « NEPAD will not contribute to
addressing the developmental problems of Africa. On the contrary, it will
reinforce the hostile external environment and the internal weakness that
constitutes the major obstacles to African's development »87(*).
Lors d'une Conférence des Nations Unies sur le financement
du développement, l'African Financing for Development Caucus formulait
notamment les griefs suivants à l'encontre du NEPAD :
« Our first protest is against the marginalization of civil society
from the process. We are convinced that without popular participation, NEPAD
will suffer the same fate as other past initiatives. The development of Africa
lies in the hands of its people, both its poor and rich, as well as its state
leaders and civil society. Secondly we are concerned that our leaders are
placing Africa's development in the hands of speculators, the gamblers of the
global casino and the Bretton Woods institutions. The success of NEPAD is being
made contingent on the generosity and charity of wealthy nations. This is
dangerous and should be reversed - it is never too late.
Furthermore, we wish to warn our leaders that NEPAD's strategy of
seeking foreign private capital to develop the service and infrastructure of
Africa will subvert the Human Rights of our people; it would place basic social
services and infrastructure in the hands of the private sector, which is
dominated by foreign capital »88(*).
Un meeting rassemblant des mouvements sociaux, des syndicats, des
organisations de jeunes et de femmes, des organisations religieuses, des
intellectuels et des membres d'ONG de tout le continent africain à Port
Shepton entre le 4 et le 8 juillet a débouché sur une
déclaration commune concernant le NEPAD. Celle-ci s'intitule de
manière assez explicite : « Africa Civil Society
Declaration on NEPAD : `We do not accept NEPAD !! Africa is not for
sale !!' »89(*). Dans celle-ci on peut notamment lire :
« this `new international partnership' initiative ignores and
sidelines past and existing programmes and efforts by Africans themselves to
resolve Africa's crises and move forward from programmes such as the Lagos Plan
of Action (1980) and the Abuja Treaty (1991), the African Alternative Framework
to Structural Adjustment Programmes (AAF-SAAP, 1989), the African Charter for
Popular Participation and Development (Arusha Charter, 1990) and the Cairo
Agenda (1994). In contrast to such programmes, NEPAD is mainly concerned with
raising external financial resources, appealing to and relying on external
governments and institutions.
In addition, it is a top-down programme driven by African elites
and drawn up with the corporate forces and institutional instruments of
globalisation, rather than being based on African peoples experiences,
knowledge and demands ». En plus des critiques reprises par la
plupart des organisations de la société civile, un point que nous
n'avons pu aborder au cours de ce travail et qu'il serait pourtant
intéressant d'approfondir est ici mis sur le tapis, à savoir la
comparaison du contenu du NEPAD avec d'autres plans, aux recettes disons plus
`alternatives' (comme le CARPAS qui est cité dans ce passage), et qui
avaient entraîné des réactions bien moins enthousiastes de
la part des bailleurs de fonds que le NEPAD (cf. infra).
Enfin, notons que les prises de position des syndicats à
travers le continent vont également dans le même sens. Ainsi,
l'OATUU (Organization for African Trade Union Unity), le COSATU (Congress of
South African Trade Unions) et la Confédération Internationale
des Syndicats ont émis nombre de critiques vis-à-vis du NEPAD
lors d'une réunion à Dakar en 2002. Parmi celles-ci, l'absence de
participation des acteurs populaires, les choix en matière de politique
au niveau macro-économique, les options néolibérales
embrassée par le texte, la probable infaisabilité des projets qui
y sont présentés, la reddition face à l'idéologie
du `tout au marché' et de l'abandon des prérogatives
étatiques, ainsi que les incompatibilités du NEPAD avec d'autres
initiatives panafricaines préexistantes.90(*)
4.4.2. Les réactions des bailleurs de fonds
Contrastant nettement avec celles de la société
civile africaine, les réactions des dirigeants occidentaux face au NEPAD
furent dans une large mesure chaleureuses et bienveillantes.
Henning Melber rapporte par exemple que Uschi Eid, Ministre
allemande de la coopération économique et du développement
avait accueilli très favorablement cette initiative avec les
commentaires suivants « [I consider NEPAD as] groundbreaking for
African leaders to propose that undemocratic governments and despots be
isolated by means of the OUA and joint programmes such as MAP. [...] the
Millenium Programme could develop into a benchmark for Germany's policy on
Africa »91(*).
Le Premier ministre canadien, Jean Chrétien a de son
côté soutenu avec conviction le NEPAD et avait d'ailleurs
annoncé avant le sommet du G8 à Kananaskis son intention de faire
avancer l'agenda que contenait cet accord, notamment au niveau de
l'augmentation de l'aide internationale pour le développement de
l'Afrique.
Le gouvernement britannique a également ouvertement
manifesté son soutien à ce plan. Le voyage de Tony Blair en
Afrique en février 2002 l'a confirmé et Gordon Brown, le ministre
britannique des Finances, a garanti que la Grande-Bretagne allait apporter une
aide substantielle à ce « plan Marshall »
africain.92(*)
L'Union Européenne a elle aussi manifesté son
approbation face aux recommandations du NEPAD et aux choix stratégiques
qu'il formule. Suite à une rencontre avec le Président
nigérian Obasanjo, Romano Prodi, alors Président de la
Commission, faisait un communiqué de presse pour signaler qu'il
considérait le NEPAD comme « a stance based on the principles
of responsibility, ownership, democracy, rule of law, good governance and human
rights as fundamental factors for development. Europe is willing to support
this initiative, within a global partnership and drawing on the existing Euro
African instances », mais surtout pour préciser que
« our financial co-operation with Nigeria was resumed in 1999 and we
have agreed to re-invigorate and accelerate the channelling of the funds
already committed »93(*), donnant par là un signal fort à tous
les dirigeants africains: `adopter le NEPAD peut vous permettre d'assurer une
cooperation fructueuse avec l'UE'.
En ce qui concerne le G8, depuis le sommet de Gênes en
2001, il n'a eu de cesse de manifester son soutien aux intentions
exprimées par les chefs d'Etat africains à travers le NEPAD. Cet
état de fait s'explique aisément selon Ukoha Ukiwo :
« the G8 support for NEPAD is predicated on the commitment of African
leaders to promote democracy, good governance, human rights and open market
economies. Thus more assistance to Africa is a quid pro quo for liberalization
of markets and adoption of liberal democracy »94(*).
En fait, les seules réserves émises par les
bailleurs de fonds à l'encontre du NEPAD ne concerne pas l'esprit de ce
partenariat, les idées qui y sont développées étant
jugées de manière éminemment positive, mais elle est
dirigée contre les dirigeants africains eux-mêmes dont les
responsables occidentaux craignent qu'ils ne se plient aux exigences que
dorénavant ils ont eux-mêmes fixé. Comme l'explique Melber
: « There has been growing skepticism among members of the donor
community that the request for massive additional financial support to
implementing the initiative will come all too soon, while the political will
indicated with regard to issues of governance will remain only a vague
promise »95(*).
Une fois encore, les réactions plus que contrastées
entre les responsables occidentaux d'une part et la société
civile africaine de l'autre, semblent bel et bien renforcer la thèse
selon laquelle le NEPAD, bien que rédigé par des dirigeants
africains, est plus destiné à offrir des gages de bonne conduite
aux bailleurs de fonds qu'à satisfaire les exigences des populations
dont les rédacteurs de ce plan ont le destin entre les mains.
5. Conclusions
Confirmant leur adhésion aux principes de
l' « African Renaissance », les rédacteurs du
NEPAD concluait leur oeuvre en affirmant qu'en « réalisant les
promesses qui y sont contenues, le présent programme devra permettre
à l'enfant africain émacié d'espérer qu'en
vérité le 21ème siècle sera bel et bien
le siècle de la renaissance de l'Afrique »96(*).
Cependant, l'analyse succincte que l'on vient d'en
réaliser autorise à douter quelque peu du fait que ce
« Nouveau Partenariat » permette réellement
d'inaugurer une nouvelle ère pour le continent africain, que ce soit au
niveau de sa situation propre ou en ce qui concerne ses relations avec le reste
du monde.
En effet, en étudiant brièvement sa genèse,
l'on a pu se rendre compte que l'on est ici en présence du fruit d'un
cas idéal-typique de ce qu'on qualifie un peu pompeusement de `top down
process'. Issu d'un compromis entre deux plans rédigés par des
présidents cherchant à affirmer leur leadership sur le continent,
le NEPAD a souffert d'une approche plus préoccupée par le
consensuel que par le pragmatisme ou, pour le dire mieux, l'approche qui a
prévalu lors de sa conception fut « plus diplomatique que
scientifique »97(*). Pas étonnant dès lors que la plupart
des observateurs académiques, quel que soit leur orientation
idéologique, juge ce partenariat inapte à relever les
défis qu'il s'est lui-même imposé.
Malgré le fait que ses initiateurs soient des chefs d'Etat
africains, le NEPAD a, de par sa gestation ignorant superbement toute
idée de consultation de la société civile mais surtout en
donnant la préséance absolue aux exigences des
« partenaires de développement » sur les
revendications populaires endogènes désormais connues, perdu
toute chance d'être accepté comme une initiative authentiquement
africaine au sein des populations dont il prétend pouvoir
améliorer le sort.
C'est ce qui explique que « it [ le NEPAD] has won high
praise from the G8 while sparking deep anxieties among [...] the
non-governmental sector »98(*).
Quand bien même il ne pâtirait pas de ce
déficit de légitimité initial, son contenu, impliquant une
dépendance accrue envers les pays développés et
réactivant toutes les `bonnes vieilles recettes'
néolibérales qui sont perçues comme ayant, sinon
engendré, du moins aggravé les problèmes
économiques et sociaux dont souffre le continent, ne semble pas de
nature à lui permettre de réussir à rallier un soutien
populaire digne de ce nom. Les oppositions farouches et les critiques acerbes
émanant des représentants de la société civile
africaine ne semblent en effet pas augurer des lendemains qui chantent pour ce
nouveau plan.
Déficit d'authenticité, de participation dans sa
confection, d'originalité dans ses prescriptions et d'audace dans ses
orientations, le NEPAD ne m'apparaît pas comme le plan qui changera la
donne dans le berceau du monde. Comme l'écrivait Aminata Traore, ce plan
apparaît plutôt comme un mécanisme de plus qui
« permet la poursuite de la mission `civilisatrice' des puissances
coloniales, mais, cette fois, avec l'appui et la complicité des
élites locales, qui, à leur tour, leurrent et assujettissent
leurs propres peuples »99(*) car les porteurs de ce projet relèvent de
cette catégorie de dirigeants qui « préfèrent se
tromper de défi et engranger les dividendes de la
subordination »100(*).
Devenues les courroies de transmission des desideratas de leurs
bailleurs de fonds plutôt que de celles de leurs populations, les chefs
d'Etat africains ont fait du NEPAD un nouvel appendice de ce que Ukiwo
décrit comme la « tendance à l'extraversion »
des élites africaines101(*) qui avait permis à Fanon (il y a 40 ans
déjà...) de les caricaturer comme des « homme blancs
dans des peaux noires »102(*).
Cependant la question de la marge de manoeuvre de ces
élites africaines clouées au pilori se pose avec acuité.
Car lorsqu'ils font allégeance à l'Occident, ils sont logiquement
critiqués sur le plan interne et pour leur manque de volontarisme mais
s'ils osent sortir des carcans que leurs imposent leurs partenaires de
développement, ils se retrouvent très vite coincé par les
moyens de pression infinis que ces derniers ont à disposition.
C'est conscients de l'impopularité bien
compréhensible des conditionnalités imposées de
l'extérieur que les dirigeants des pays développés ont
poussé les leaders africains à les endosser en leur nom. Michel
Camdessus, représentant la France au FMI, a lui-même
déclaré que « s'il existe une conditionnalité
intérieure, elle doit rendre inutiles les conditionnalités
extérieures »103(*), ce que Badara Ndiaye traduit non sans pertinence
par « `tropicalisez les conditionnalités connues des IFI et du
G8 et nous n'y ajouterons rien d'autre' »104(*). Le NEPAD s'inscrit
parfaitement dans cette logique de tentative d'appropriation par les
élites politico-économique africaines des conditionnalités
issues des institutions de Bretton Woods et des organisations internationales.
Si comme il le proclame, le NEPAD marque bien le passage à
une ère nouvelle, ce n'est donc sans doute pas à celle de la
« Renaissance Africaine » qu'il ouvre la voie mais il
pourrait bien au bout du compte rester dans l'histoire comme la borne ayant
scellé la transition de l'ère des conditionnalités
exogènes à l'ère des conditionnalités
intériorisées.
Bibliographie principale
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* 1 R. Gibb,
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African Initiative, South African Institute of International Affairs,
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* 2 World Bank,
« World Development Indicators 2003 », publication de la
Banque Mondiale, Washington, 2003 ; Extraits disponibles sur
http://www.worldbank.org/data/wdi2003/economy.pdf
* 3 A. Soumare,
« NEPAD - New Partnership for Africa's Development - historique,
présentation, ambitions, modalités de mise en oeuvre,
structures », Communication à l'occasion de la
Conférence « NEPAD avenir - Sciences Po »,
intitulée l'Afrique qui gagne, Paris, 13 mars 2003 ; texte
disponible sur http://www.assoce.net/avenir-nepad/download.php?fileId=10
* 4 A. Adedeji, « From
the Lagos Plan of Action to the New Partnership for African Development and
from the final act of Lagos to the constitutive act : wither
Africa? », Keynote address for presentation at the
African Forum for Envisioning Africa, Nairobi, 26-29 avril 2002, pp. 3-4;
texte disponible sur www.worldsummit2002.org/texts/AdebayoAdedeji2.pdf
* 5 S. D. Sy,
« NEPAD : A Vision for the Global Governance ? »,
synthèse des présentations effectuées par l'auteur lors du
meeting régional de la RADI (février 2003), Dakar, 2003, url:
www.reformwatch.net/fitxers/42.pdf
* 6 H. Melber, « The
New Partnership for Africa's Development (NEPAD) - Scope and
Perspectives », in H. Melber, R. Cornwell, J. Gathaka et S.
Wanjala, The New Partnership for Africa's Development (NEPAD) -
African Perspectives, Nordiska Afrikainstituet Discussion Paper
n°16, Uppsala, 2002, p. 6.
* 7 Ibid.
* 8 A. Soumare,
« NEPAD - New Partnership for Africa's Development - historique,
présentation, ambitions, modalités de mise en oeuvre,
structures », op. cit., sur
http://www.assoce.net/nepad-avenir/?page=1x6
* 9 Ibid.
* 10 Texte complet disponible
sur www.nepad.org.ng/PDF/About%20Nepad/planOmega.pdf
* 11 Le « Plan
Omega » fut en effet officiellement présenté lors de la
Conférence des Ministres de l'UNECA d'Alger (8-10 mai 2001).
* 12 Texte complet disponible
sur
http://www.uneca.org/eca_resources/Major_ECA_Websites/conference_of_ministers/25/compact_for_african_recovery.htm
* 13 I. Taylor et P. Nel,
« `New Africa', Globalisation and the Confines of Elite
Reformism : `Getting the Rhetoric Right', Getting the Strategy
Wrong », Third World Quartely, Vol. 23, n°1, Londres,
février 2002, p. 173.
* 14 Texte complet disponible
sur www.nepad.org.ng/PDF/About%20Nepad/NAI.pdf
* 15 Texte complet disponible
sur www.dfa.gov.za/au.nepad/nepad.pdf; en version française sur
http://www.unesco.org/africa/seminar/Documents/nepad_french_version.pdf
* 16 J. Sachs, « A
New Partnership for Growth in Africa », PROSI Magazine,
n°355, septembre 1998, url:
http://www.prosi.net.mu/mag98/356sept/sachs356.htm
* 17 NEPAD, Section I, article
1.
* 18 Id., Section I,
article 7.
* 19 Id., Section II,
article 27.
* 20 Id., Section II,
article 48.
* 21 Id., Section V,
article 79.
* 22 Id., Section V,
articles 71 à 95.
* 23 Id., Section V,
articles 96 à 143.
* 24 Id., Section V,
articles 104 à 108.
* 25 Id., Section V,
article 108.
* 26 Id., Section V,
articles 115 à 128.
* 27 Id., Section V,
articles 144 à 152.
* 28 Id., Section V,
article 148.
* 29 Id., Section V,
articles 153 à 170.
* 30 Id., Section VI,
articles 183 à 185.
* 31 J. Kim, « Africa
Sustainable Development and the Establishment of NEPAD », African
Institute of South Africa, Pretoria, 5 décembre 2003, url:
http://www.ai.org.za/electronic_monograph.asp?ID=15
- Version PDF disponible sur
www.up.ac.za,
url:www.up.ac.za/academic/cips/Publications/
Africa's%20sustainable%20development%20and%20NEPAD.pdf
* 32 Aspect qui est
également envisagé comme une faiblesse par le même auteur
en ce qu'elle est un indice de l'inféodation des rédacteurs du
plan aux desideratas des bailleurs de fonds.
* 33 A. De Waal,
« What's new in the `New Partnership for Africa's Development'?
», International Affairs, vol. 78, n°3, Londres, juillet
2002, p. 469.
* 34 Id., p. 465.
* 35 J. Gathaka et S. Wanjala,
« Kenya and NEPAD », in H. Melber, R. Cornwell, J.
Gathaka et S. Wanjala, The New Partnership for Africa's
Development (NEPAD) - African Perspectives, Nordiska
Afrikainstituet Discussion Paper n°16, Uppsala, 2002, p. 18.
* 36 R. Herbert,
« Implementing NEPAD : A Critical Assessment », in
R. Culpeper (éd.), Africa Report: Assessing the New
Partnership, North-South Institute, Ottawa, 2002, p. 108.
* 37 K. R. Hope,
« From Crisis to Renewal: Towards a successful Implementation of the
New Partnership for Africa's Development », African Affairs,
vol. 101, n° 404, Oxford, juillet 2002, pp. 387-402.
* 38 Y. Feng,
« Democracy, Governance, and Economic Performance : Theory and
Evidence », MIT Press, Cambridge, 2003.
* 39 J. Tavares et R. Wacziarg,
« How Democracy Affects Growth », European Economic
Review, vol. 45, n° 8, août 2001, pp. 1341-1378.
* 40 A. B. Zack-Williams,
« No democracy, no development: Reflections on Democracy and
Development in Africa », Review of African Political
Economy, vol. 28, n° 88, juin 2001, pp. 213-223.
* 41 United Nations,
« Annual Report of the Secretary-General on the Work of the
Organization », doc. A/53/1, United Nations, New-York, 1998, p. 13;
texte complet disponible sur http://www.un.org/Docs/SG/Report98/con98.htm
* 42 K. Y. Amoako,
« Perspectives on Africa's Development », United Nations,
New York, 2000, p. 155; texte complet disponible sur
http://www.uneca.org/eca_resources/publications/books/perspectives_on_africa_s_development/default.htm
* 43 K. R. Hope, Sr.,
« Toward Good Governance and Sustainable Development: The African
Peer Review Mechanism », Governance, vol. 18, n° 2,
Londres, avril 2005, p. 289.
* 44 Id., p. 306.
* 45 A. De Waal, op. cit., pp.
471-472.
* 46 R. Ilorah, «
NEPAD : The Need and Obstacles », African Development
Review, vol. 16, n° 2, septembre 2004, Oxford, pp. 237-240; texte
complet disponible sur
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* 47 Cf. P. Hugon,
« Le NEPAD entre partenariat et gestion des conflits »,
Politique Etrangère, vol. 68, n° 2, juin 2003, pp.
344 ; texte complet disponible sur
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* 48 Id., p. 342.
* 49 R. Herbert,
« Implementing NEPAD : A Critical Assessment », op.
cit., p. 9.
* 50 NEPAD, Section V, article
68.
* 51 H. Melber, « The
New Partnership for Africa's Development (NEPAD) - Old Wine in New
Bottles? », Forum for Development Studies, vol. 29, n°
1, juin 2002, p. 192.
* 52 T. Mosch,
« Skepsis, aber kein vorschneller Pessimismus. Anmerkungen zum
Millinnium Africa Renaissance Program », in « A
Millennium Africa Renaissance Program - An African Vision for Self-Determined
Development », Bündnis 90/Die Grünen,
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texte disponible sur
http://www.duei.de/iaue/show.php/de/content/mitarbeiter/kappel.html (cliquer
sur les liens de l'année 2001 au titre de l'article
susmentionné)
* 53 NEPAD, Section V, article
70.
* 54 H. Melber, « The
New Partnership for Africa's Development (NEPAD) - Old Wine in New
Bottles? », op. cit., p. 192.
* 55 S. D. Sy,
« NEPAD : A Vision for the Global Governance ? »,
op. cit., p. 9.
* 56 K. Annan, « We
the Peoples : the Role of the United Nations in the 21st
century », United Nations, New-York, 2000, pp. 19-40; texte complet
disponible sur http://www.un.org/millennium/sg/report/full.htm
* 57 Nations Unies,
« Déclaration du Millénaire », doc.
A/res/55/2, New York, 8 septembre 2000; texte complet disponible sur
http://www.un.org/french/millenaire/ares552f.htm
* 58 Voir notamment: - S. D.
Sy, « NEPAD : A Vision for the Global
Governance ? », op. cit.;
- B. Ndiaye, « Le NEPAD : un plan
d'ajustement structurel pour l'Afrique », sur
http://www.sommetjohannesburg.org/institutions/nepad-liens.html;
- A. Soumare, « NEPAD - New Partnership for Africa's
Development - historique, présentation, ambitions, modalités de
mise en oeuvre, structures », op. cit.
* 59 J. Gathaka et S. Wanjala,
« Kenya and NEPAD », p. 21.
* 60 R. Herbert,
« Implementing NEPAD : A Critical Assessment », op.
cit., p. 9.
* 61 S. D. Sy,
« NEPAD : A Vision for the Global Governance ? »,
op. cit., p. 14.
* 62 IMF, « World
Economic Outlook », publication du Fond Monétaire
International, Washington, 2000, pp. 113-148.
* 63 H. Melber, « The
New Partnership for Africa's Development (NEPAD) - Scope and
Perspectives » in H. Melber, R. Cornwell, J. Gathaka et S.
Wanjala, The New Partnership for Africa's Development (NEPAD) -
African Perspectives, Nordiska Afrikainstituet Discussion Paper
n°16, Uppsala, 2002, p. 10.
* 64 P. Hugon, « Le
NEPAD entre partenariat et gestion des conflits », op. cit., p.
346.
* 65 Ibid.
* 66 Id., p. 347.
* 67 R. Cornwell,
« The New Partnership for Africa's Development : Last Chance for
Africa ? » in H. Melber, R. Cornwell, J. Gathaka et S.
Wanjala, The New Partnership for Africa's Development (NEPAD) -
African Perspectives, Nordiska Afrikainstituet Discussion Paper
n°16, Uppsala, 2002, p. 24.
* 68 Ibid.
* 69 Id., p. 25.
* 70 Ibid.
* 71 72 H. Melber,
« The New Partnership for Africa's Development (NEPAD) - Old Wine in
New Bottles? », op. cit., p. 192.
* 73 T. A. Seck,
« Leurres du Nouveau partenariat pour l'Afrique », Le
Monde diplomatique, décembre 2004, p. 19 ; texte complet
disponible sur http://www.monde-diplomatique.fr/2004/11/AMADOU_SECK/11653
* 74 Voir notamment R. Herbert,
« Implementing NEPAD : A Critical Assessment », op.
cit., p. 14.
* 75 Cf. J. Gathaka et S.
Wanjala, « Kenya and NEPAD », p. 19.
* 76 P. Chabal, « The
quest for good government and development in Africa: is NEPAD the
answer? », International Affairs, vol. 78, n° 3,
juillet 2002, p. 454.
* 77 Id., p. 465.
* 78 Id., Section II,
article 48.
* 79 J. Gathaka et S. Wanjala,
« Kenya and NEPAD », p. 18.
* 80 P. Hugon, « Le
NEPAD entre partenariat et gestion des conflits », op. cit., p.
344.
* 81 R. Ilorah, «
NEPAD : The Need and Obstacles »,p. 244.
* 82 P. Chabal, « The
quest for good government and development in Africa: is NEPAD the
answer? », op. cit., p. 462.
* 83 Id., p. 449.
* 84 T. Mkandawire,
« Crisis Management and the Making of `Choiceless
Democracies' », in R. Joseph (éd.), State,
Conflict and Democracy in Africa, Lynne Rienner, Boulder, 1999, pp.
119-136.
* 85 U. Ukiwo,
« Charity begins abroad Responses to the New partnership for African
Development », African Perspective, vol. 4, n° 15,
automne 2003, sur
http://www.sis.gov.eg/public/africanmag/issue15/html/study08.htm
* 86 Civil Society Indaba,
« Resolution on NEPAD », sur
http://www.aidc.org.za/?q=book/view/188
* 87 Cité in P.
Bond, « Fanon 's Warning: A Civil Society Reader on the New
Partnership for African Development », Africa World Press, Trenton,
2002, p. 32.
* 88 African Financing for
Development Caucus, « Press release at the UN International
Conference on Financing for Development », Monterrey, 18-22 mars 2002
sur http://www.aidc.org.za/?q=book/view/172
* 89 Sur
http://www.igd.org.za/pub/g-dialogue/africa/NEPAD.rtf
* 90 The Guardian, 8
août 2002, p. 12.
* 91 H. Melber, « The
New Partnership for Africa's Development (NEPAD) - Old Wine in New
Bottles? », op. cit., p. 201.
* 92 B. Tembo, « A Plan of
Action », NewsAfrica, 25 mars 2002, p. 32.
* 93 « President
Prodi meets President Obasanjo of Nigeria », European Union press
release, IP/01/1404, Bruxelles, 10 octobre 2001; sur
http://europa.eu.int/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/01/1404&format=HTML&aged=1&language=EN&guiLanguage=en
* 94 U. Ukiwo,
« Charity begins abroad Responses to the New partnership for African
Development », op. cit., sur
http://www.sis.gov.eg/public/africanmag/issue15/html/study08.htm
* 95 H. Melber, « The
New Partnership for Africa's Development (NEPAD) - Old Wine in New
Bottles? », op. cit., p. 201.
* 96 NEPAD, Section VIII,
article 205.
* 97 S. D. Sy,
« NEPAD : A Vision for the Global Governance ? »,
p. 13.
* 98 R. Herbert,
« Implementing NEPAD : A Critical Assessment », op.
cit., p. 12.
* 99 A. D. Traore,
« L'oppression du développement »,
Manière de voir, n° 79 (« Résistances
africaines »), février-mars 2005, p. 50.
* 100 Id., p. 51.
* 101 U. Ukiwo,
« Charity begins abroad Responses to the New partnership for African
Development », op. cit., sur
http://www.sis.gov.eg/public/africanmag/issue15/html/study08.htm
* 102 Fanon cité in
Ibid.
* 103 Cité in
B. Ndiaye, « Le NEPAD : un plan d'ajustement
structurel pour l'Afrique », sur
http://www.sommetjohannesburg.org/institutions/nepad-liens.html;
* 104 Ibid.
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