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Les initiatives d'intégration en Afrique

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par Papa Lafatime Sène
Université Pierre Mendès France Grenoble II - Master de Droit international public et européen 2005
  

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UNIVERSITE PIERRE MENDES FRANCE, GRENOBLE II

FACULTE DE DOIT

MASTER DE DROIT INTERNATIONAL PUBLIC ET EUROPEEN

THEME DE MEMOIRE

«  Les initiatives d'intégration en Afrique  »

rédigé par :

Papa Lafatime Sène

Année universitaire : 2005/2006

TABLE DES MATIERES

I - L'historique du projet d'intégration africaine et son évolution

A- Les tentatives d'intégration régionale en Afrique

1- La multiplicité des fondements historiques et théoriques inspirant l'intégration

régionale en Afrique

2- Les tentatives de regroupement politique

B- La nature des obstacles freinant à l'intégration régionale en Afrique

1- Les obstacles endogènes

2- Les obstacles liés à l'histoire spécifique de l'Afrique

II - La recherche d'une intégration africaine par la mise en place de

structures d'intégration diverses

A- Les communautés économiques régionales, pilier de l'intégration

régionale

1- Le rôle des communautés économiques régionales dans le processus d'intégration

régionale

2- L'enjeu de l'intégration régionale face à la problématique du financement

B- Les organisations internationales chargées de la gestion de politiques

sectorielles

1- La gestion intégrée des bassins fluviaux

2- la prise en charge des défis environnementaux dans un cadre régional

III - L'originalité d'une intégration régionale réussie en Afrique :

le cas de l'Afrique de l'Ouest

A- L'exemple de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest

1- Les avancées en matière d'intégration réalisées par la CEDEAO

2- Le cadre institutionnel de la CEDEAO

B- L'exemple de l'Union économique et monétaire ouest africaine

1- Les réalisations de l'UEMAO depuis sa création

2- Les perspectives de l'UEMAO

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

SITES INTERNET

La configuration actuelle de l'Afrique, qui compte dans son ensemble 53 Etats

SIGLES

BCEAO......... Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest

AOF............ Afrique Occidentale française

UEMOA....... Union économique et monétaire Ouest africaine

UMOA........ .. Union monétaire ouest africaine

CEDEAO.........Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CEMAC..........Communauté économique et monétaire des Etats de l'Afrique centrale

UMA ........... ... Union du Magreb arabe

CER...............Communauté économique régionale

NEPAD...........Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique

COMESA......... Marché commun de l'Afrique orientale et australe

CEEAC...........Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale

CILSS..............Comité de lutte contre la sécheresse au Sahel

OMVS ............Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal

ABN .............. Autorité du basin du fleuve Niger

RIOB...............Réseau international des organisations de bassin

CBLT...............Commission du bassin du Lac Tchad

IBN.................. Initiative du basin du Nil

RAOB.............. Réseau africain des organisations de bassin

F. CFA............. franc de la Communauté financière africaine

BAD............... Banque africaine de développement

ALENA ......... Accord de libre échange Nord américain

UE ............... Union européenne

PCS................Prélèvement communautaires de solidarité

TEC................Tarif extérieur commun

FCMV..............Fond de compensation de moins-values

FAIR............. Fond d'aide d'intégration régionale

INTRODUCTION

Suite à la résolution 1514 de l'Assemblée générale des Nations -Unies portant sur l'octroi de l'indépendance aux peuples coloniaux, adoptée le 14 décembre 1960, la majorité des pays africains a accédé à la souveraineté internationale avec un très lourd handicap. En effet les frontières de ces derniers sont toutes issues des décisions du concert européen qui, réuni du 15 novembre 1884 au 26 février 1885 à l'invitation du chancelier allemand Otto Von Bismark, décida la balkanisation, communément appelée partage de l'Afrique. Ceci a fait que les frontières internationales des Etats africains correspondent aux limites administratives des anciennes colonies. On constate alors que la plupart de ces nouveaux Etats sont de dimension modeste, tant sur le plan démographique, territorial qu'économique. Enfermés dans un carcan d'espace socio-économique étroit les Etats africains se rendent compte de la nécessité de dépasser le cadre de leur souveraineté nationale. Bien que de nombreux efforts aient été fournis en faveur de l'unité africaine en général, force est de constater que le chemin qui reste à parcourir est encore long. Au niveau national, un grand nombre de pays africains sont toujours la proie de crises politiques à répétition. Sur le plan régional, certaines régions de l'Afrique (les Grands Lacs) sont instables, phénomène qui entrave leur développement économique. Au plan international, l'Afrique doit fournir beaucoup d'efforts pour s'intégrer dans l'économie mondiale. Face à cet état de fait, la recherche d'une voie à même de relever le défi du développement, dans un monde entièrement globalisé se fait de plus en plus pressante. Dans une telle perspective, l'intégration régionale apparaît comme la réponse la plus adéquate, au-delà de l'Etat-nation post colonial.

La collaboration dans le cadre de l'intégration régionale suppose la construction d'un espace géographique qui aboutit à une interdépendance structurelle entre différents Etats qui ont une proximité spatiale. Nous pouvons alors dire que l'intégration régionale dépasse la stricte intégration économique en ce sens qu'elle peut engager tous les domaines de compétence étatiques et entraîner un certain partage de souveraineté .Ce mécanisme, au regard de la taille des pays africains, permettrait à ces derniers de faire ensemble ce qui, à l'échelle d'un seul Etat, aurait été difficile, voire impossible à réaliser. La création de l'Organisation de l'Unité africaine en 1964 reflétait la sensibilisation des responsables de l'époque au fait que la force de l'Afrique reposerait sur la coopération panafricaine. Sur l'ensemble du continent, les leaders politiques et les citoyens ont pris des mesures pour ouvrir et transformer des économies centralisées, dynamiser le secteur privé et créer des institutions qui peuvent appuyer la stabilité politique et de favoriser le développement économique. Des Communautés économiques régionales sont à l'oeuvre aujourd'hui en Afrique de l'Ouest en Afrique de l'Est, en Afrique du Nord, en Afrique centrale et en Afrique australe. Ainsi le traité instituant la Communauté économique africaine laisse entrevoir la possibilité d'une économie continentale. La charte de l'Organisation de l'unité africaine et l'acte constitutif de l'Union africaine définissent l'intégration régionale comme l'un des piliers de l'unité africaine. Le plan de Lagos et traité d'Abuja précisent les mécanismes économiques, politiques et institutionnels permettant de concrétiser cette aspiration. Le nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) offre au continent africain un cadre de développement global qui fait de l'intégration régionale un des principaux objectifs du développement.

Les données statistiques montrent que les mécanismes d'intégration contribuent à la prospérité des pays membres. Il est démontré ainsi que l'Accord de libre échange Nord américain a considérablement augmenté l'investissement direct étranger au Mexique et le (MERCOSUR) a eu le même effet en Argentine. D'ailleurs que le poids de certains blocs telles que l'Union européenne (U.E) ou l'ALENA, témoigne de la nécessité pour les pays africains de se constituer en groupements régionaux. Ces impératifs ont suscité une prise de conscience des leaders africains de l'intérêt que présente l'intégration régionale en tant que facteur apte à contribuer, non seulement à leur développement économique, mais également à leur intégration dans l'économe mondiale. Une telle prise de conscience s'est traduite progressivement par la création de multiples organisations internationales dont certaines s'apparentent à des structures de coopération et d'autres qui revêtent la forme d'organisations ayant pour finalité la réalisation de l'intégration des différentes régions en Afrique.

Pour mieux se rendre compte de l'état de l'intégration régionale en Afrique, il importe, au préalable, de passer en revue l'historique du projet d'intégration africaine et son évolution (I). Aujourd'hui l'Afrique recherche son unité politique et son développement économique par la création de structures d'intégration multiples (II), mais parmi toutes ses régions, seule l'Afrique de l'Ouest constitue, aujourd'hui, un exemple d'une intégration réussie (III).

I- L'historique du projet d'intégration africaine et son évolution

Selon Adotévi (anthropologue et philosophe burkinabé), le regain d'intérêt que suscite l'intégration en Afrique constitue la recherche d'une identité culturelle et sociale dont les racines et la légitimité sont plus fortes que celles proposée par les Etats actuels. Cependant malgré les nombreuses tentatives qui ont été entreprises (A), l'intégration régionale s'est toujours heurtée à de nombreux obstacles (B).

A- Les tentatives multiples d'intégration régionale en Afrique

L'intégration régionale en Afrique s'est inspirée de fondements historiques divers (1) et a donné lieu, au sortir des indépendances, à des expériences pratiques au niveau politique (2).

1)- La multiplicité des fondements théorique et historique inspirant

l'intégration régionale en Afrique

Deux courants idéologiques ont dominé les débats politiques et les tentatives gouvernementales concernant la coopération et l'unité africaine: le panafricanisme et la négritude.

Le panafricanisme avait pour objectif l'autodétermination et l'unité africaine à travers un projet politique très ambitieux. Dans son livre, « Africa must unite », Kwame krumah (leader politique ghanaen) préconisait la réalisation de l'unité africaine par la formation des « Etats-Unis d'Afrique », une Afrique continentale. Son idée a donné lieu à de nombreux débats qui n'ont pu aboutir qu'à la réalisation de l'Organisation de l'unité africaine en 1963. Pour Kwame Nkrumah le panafricanisme doit bannir non seulement les frontières et limites coloniales, mais également les différences tenant aux particularismes ethniques et linguistiques.

Si le panafricanisme s'est situé sur le terrain politique, un autre courant de libération du continent africain pour son unité s'était formé à Paris. La négritude est née de la rencontre, notamment, entre Léopold Sédar Senghor, Léon Gontran Damas, Aimé Césaire et Birago Diop. La négritude est définie comme l' «ensemble des valeurs culturelles du monde noir, telles qu'elles s'expriment dans la vie, les institutions, et oeuvres des noirs ». Mais contrairement au panafricanisme, la négritude a négligé la lutte politique pour se situer sur le terrain culturel. C'est ainsi qu'elle a été utilisée par Léopold Sédar Senghor pour dénoncer la balkanisation de l'Afrique. Senghor soutenait le processus d'intégration sur une base culturelle. Et ce fondement culturel remonte dans le passé lointain de l'Afrique.

Avec ses 30 millions de km2, l'Afrique est le deuxième continent de la planète après l'Asie. Outre les grands empires comme le royaume de Koush et le royaume d'Aksoum qui ont vécu respectivement en 500 avant Jésus Christ et au Ier siècle après Jésus Christ, l'histoire de l'Afrique est jalonnée par l'existence de différents empires qui englobaient de grands ensembles territoriaux. En effet c'est au début du Veme siècle de notre ère qu'émergea, par exemple, en Afrique de l'Ouest l'empire du Ghana sur le site de Koumbi saleh. Fondé par le peuple Soniké, cet empire étendait son hégémonie sur l'actuel sud-ouest de la Mauritanie, du Mali et du Nord du Sénégal .C'est à partir de 1078 que les Almoravides, venus du Maroc, envahissèrent le Ghana. Les Almoravides seront chassés par les Soussou du fouta Djalon, anciens vassaux du Ghana. Ils détruisirent Koumbi Saleh en 1203. Mais très vite le roi Soussou subit une défaite par le petit « Etat » kangaba dirigé par le mandingue Soudiata Kéita, fondateur de dynastie mandingue, qui parvint à unifier les clans d'une vaste région qui allait devenir l'empire du Mali. A son apogée, autour de 1300, l'empire était une confédération de trois « Etats » alliés indépendants (Mali, Mémo,Wagadan) et s'étendait à la place du Mali, du Sénégal et de la Guinée actuels; ses grandes villes étaient Djenné et Tombouctou. Au XlVeme siècle les provinces vassales de l'empire du Mali se sont révoltées. Parmi celles-ci, le SonghaÏ qui commença à s'agrandir autour de Gao et conquiert Djenné en 1471. Le peuple SonghaÏ venu de la région du Dundi, Nord-Ouest de Niger s'est étendu en remontant le fleuve Niger au Vlleme siècle. C'est sous la dynastie Soni que le SonghaÏ se lança à la conquête du Mali. Mais c'est surtout la dynastie Askia qui permit à l'empire SonghaÏ d'étendre son influence sur Tombouctou en évinça l'empire du Mali pour ensuite.

En 1591 le Sultan du Maroc, Ahmed Al Mansour conquiert l'empire du Mali.

Cette batail consacra la fin de l'empire SongaÏ mais aussi le déclin des villes sahéliennes tandis que la création des comptoirs commerciaux européens à Saint-Louis, à Gorée, au Cape Coast d'Accra etc.., assurait le triomphe du commerce atlantique.

C'est dans l'ambition de vouloir reconstruire les unités territoriales d'antan que les leaders africains ont expérimenté, dès les premiers jours des indépendances, des regroupements politiques puis économiques afin de parvenir à une intégration régionale et de façon plus globale à l'unité africaine.

2) - Les tentatives de regroupement politique

L'accession à l'indépendance avait ouvert de nouvelles perspectives aux peuples africains qui se trouvèrent partagés entre deux objectifs contradictoires, celui de l'unité et celui de la construction de l'Etat-Nation. Ainsi malgré les mouvements panafricanistes et la négritude, les nouveaux Etats sacralisèrent leurs frontières par le biais d'une résolution de Modibo Kéita, adoptée par l'Organisation de l'unité africaine. Auparavant, à la fin des années 1960, le débat sur la forme des futurs Etats indépendants suscitait de profonds antagonismes au sein des classes politiques africaines.

En Afrique de l'Ouest, quatre Etats vont porter un projet de constituer une fédération. Cependant sous la pression du Général de Gaule et d'Houphouet Boigny, président de la Côte d'Ivoire, le Dahomey (Bénin) et la Haute Volta (Burkina Faso) vont se retirer du projet. L'union est alors réduite à un tête à tête entre le Sénégal et Soudan (Mali). Le 4 avril 1960, l'Assemblée fédérale va élire son président en la personne de Léopol Sédar Senghor et un chef de gouvernement, Modibo Kéita (futur président du Mali).

La fédération du Mali était née.

Ratification des accords de compétence entre le chef

du gouvernement de la fédération du Mali, Modibo Kéita et le

Ministre d'Etat français, Louis Jacquinot

Modibo Kéita (assis) est applaudi

Debout à gauche: Jacques Foccart lisant son discours par l'Assemblée fédérale qui vient de l'élire

à droite : Léopold Sédar Senghor

Assis de gauche à droite : Louis Jacquinot

Modibo Kéita

Mamadou Dia

Mais très vite des désaccords subsistèrent entre les leaders de la fédération nouvellement instituée. Dans la nuit du 19 au 20 août 1960, la fédération va connaître son éclatement irréversible. Les désaccords portaient sur cinq points :

1- Une différence de conception de l'expérience fédérale :

Les soudanais voyaient en la fédération du Mali, une étape vers un Etat unitaire, les sénégalais s'en tenaient à l'idée d'une confédération plus souple.

2- Un désaccord sur le type de relation avec la France.

Partisan de l'africanisation des cadres de la fédération, Modibo Kéita dénonçait la présence de fonctionnaires français à certains postes de responsabilité au sein de l'administration sénégalaise et affirmait ouvertement ses sympathies pour le FLN pendant la guerre d'Algérie, Senghor lui, était opposé à de telles positions qui ne pouvaient que déplaire à la France.

3-Certaines initiatives politiques des soudanais étaient considérées comme une immixtion dans les affaires intérieures du Sénégal. Cette accusation concernait notamment les contacts que Modibo Kéita avait noués avec les chefs religieux locaux.

4- Les vues controversées à propos du choix du futur président de la fédération dont l'élection était prévue pour le 27aoùt 1960, les soudanais ne voulant pas de Senghor à la tête de la fédération du Mali, vont déployer de grandes manoeuvres politiques pour empêcher son élection . Ils iront même jusqu'à susciter les candidatures des sénégalais comme Mamadou Dia puis Lamine Gueye contre leur chef de fil.

5- Les divergences portaient également sur la constitution d'un marché commun et la création d'une grande zone monétaire africaine ne se limitant pas seulement aux anciennes colonies françaises.

D'autres expériences de ce type vont être tentées mais sans grands succès. Le 1er mai 1959 fut la date de la création de l'Union Ghana- Guinée entre deux pays sans frontière géographique. Cette union sera concrétisée par la nomination d'Ambassadeur au rang de ministre-résident au conseil des ministres des deux Etats et par un prêt de 10 millions de livres sterling du Ghana à la Guinée. Le 24 décembre 1960, le Mali rejoint cette Union qui devient Ghana- Guinée - Mali. L'Union qui n'a jamais fonctionné, apparaissait plus symbolique que réelle; elle n'a pas été dissoute non plus. Par ailleurs le projet de l'Union des Républiques d'Afrique centrale n'a pas pu voir le jour à cause de l'hostilité de la France et de Léon Mba (président du Gabon). Tout ce balbutiement aboutit le 25 mai 1963 à la création, à Addis Abéba, de l'Organisation de l'unité africaine, qui fut une institution de coopération économique et de lutte politique au niveau du continent africain dans son ensemble.

Telles sont l'essentiel des initiatives prises par les Etats africains sur le plan politique pour créer les bases de l'intégration régionale, qui s'est toujours heurtée à des obstacles multiples.

B- La nature des obstacles freinant à l'intégration régionale en Afrique

Depuis l'accession des Etats africains à l'indépendance, les leaders de ces derniers n'ont cessé d'affirmer leur volonté de parvenir à une intégration régionale à moyen et long terme. Nonobstant les engagements des différents Etats africains, il faut constater que l'intégration régionale butte sur des obstacles de nature endogènes (1), qui n'occultent pas pour autant ceux liés à l'histoire spécifique de l'Afrique (2).

1)- Les obstacles endogènes allant à l'encontre de l'intégration

régionale en Afrique

L'observation de la situation générale de l'Afrique nous fait remarquer trois causes principales qui sont de nature à freiner l'intégration régionale en Afrique :

- l'instabilité politique chronique.

- la multiplicité des organisations internationales parfois concurrentes.

- la faiblesse du niveau de développement économique.

Depuis les années 1960, les Etats du tiers-monde, notamment africains, sont des foyers de tension et de déplacement de population. Par exemple en 1993 on relevait dans le monde quatre zones principales de tension (Europe, Asie, Amérique, Afrique) avec 28 Etats dont la majorité se situait en Afrique. Ces tensions rendent évidemment particulièrement instable les régions concernées qui deviennent de ce fait des zones déséquilibrées. Depuis 1948, selon un rapport de la banque mondiale, il y a au moins, par pays en développement une tentative de coup d'Etat tous les cinq ans; le record dans ce domaine est détenu par l'Afrique. Il en résulte une crise politique sur fond de dictature de violence et de rivalité régionales.

L'instabilité politique a ainsi tendance à devenir un fait constant, bloquant le processus d'intégration. La prise de conscience de cet état de fait a conduit les Etats de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), pour ce qui concerne les tensions politiques, à conclure en 1977 des traités multilatéraux de non agression et d'assistance mutuelle en matière de défense et de sécurité.

En dépit de ces accords, on a relevé deux conflits qui ont pu survenir entre le Mali et le Burkina en 1985, la Mauritanie et le Sénégal en 1989. Par ailleurs la région des grands Lacs connaît depuis les années 1990 une crise majeure qui implique sept pays de la régions: la République démocratique du Congo, le Zimbabwe, la Namibie, le Rwanda, le Burundi, l'Ouganda, l'Angola.

Dans un deuxième point, il existe en Afrique une pléthore d'organisations internationales, ce qui ne favorise pas l'efficacité de ces dernières. En effet l'Afrique, dans son ensemble, comptabilise plus d'une cinquantaine d'organisations internationales. La multiplication de ces structures apparaît plutôt comme le fait de la volonté des seuls chefs d'Etat, plutôt que celle des cadres et des chercheurs africains. Ils ont semble- t- il obéi à leurs principaux désirs qu'à une démarche d'efficacité pour trouver une formule viable de regroupement des Etats vers leur unité politique dans la diversité de leurs traditions. De ce fait l'analyse des organisations internationales en Afrique montre une prépondérance de la souveraineté nationale dans les instances décisionnelles, qui se traduit par la supranationalité de la Conférence des chefs d'Etat dans la prise de décision. Comme la plupart des chefs d'Etat africains sont à la tête de régime autoritaire, on se demande comment ils accepteraient d'être soumis à une instance supranationale. Et pourtant dans leurs discours, pendant les conférences officielles et dans les traités, ces dirigeants politiques adhèrent à l'idée d'une plus grande intégration tout en sapant le processus par leurs actions. L'intégration étant d'abord un engagement politique, on ne peut s'empêcher de nous interroger sur légitimité des traités signés par des régimes autoritaires.

Le troisième facteur de blocage concerne le faible niveau de développement économique. En effet la majorité des pays africains sont classés parmi les pays les moins avancés (PMA). Malgré cette relative homogénéité, les pays africains engagés ensemble dans les processus d'intégration, n'ont pas toujours le même niveau de développement économique. Pour des raisons historiques et selon les opportunités de la nature, ces Etats ne son pas dotés de la même manière et ne possèdent pas les mêmes atouts et les mêmes ressources naturelles et industrielles: apparaît ainsi un clivage évident. Certains Etats sont pauvres et pratiquement bloqués dans leur croissance tandis que d'autres sont relativement bien pourvus (ZaÏre, Cote d'Ivoire, Afrique du Sud) et connaissent un développement soutenu.

Cette disparité, qui a été en partie à l'origine de la désintégration de l'Afrique occidentale française (AOF) en 1957 au profit de pays bien dotés en ressources naturelles et qui continuent de freiner le processus d'intégration, est exacerbée par le passé colonial spécifique de l'Afrique.

2) - Les obstacles liés à l'histoire spécifique de l'Afrique

L'Afrique est le continent le plus fragmenté sur le plan géopolitique et aussi le plus cosmopolite sur le plan de la diversité de la population. Dans ce contexte la question l'intégration est plus que jamais au coeur du « mal africain » selon Joseph Ki Zerbo (historien camerounais). Le rêve inassouvi de l'unité africaine se heurte malheureusement à la pesanteur d'un espace éclaté dont l'histoire remonte, pour l'essentiel, au XIXe, lors du partage colonial qui a façonné la configuration des frontières des Etats actuels de l'Afrique. En effet c'est durant la période mercantiliste que l'Afrique, pour la première fois perdit totalement son autonomie, sa fonction essentiel étant de fournir des esclaves aux plantations d'Amérique et des matières premières à l'Europe occidentale (commerce triangulaire). Les processus d'intégration interne, des peuples et de construction de vastes ensembles, qui se développaient à l'époque précoloniale, sont arrêtés au profit d'un émiettement et d'un isolement des peuples. La conquête coloniale a soumis par la force l'ensemble du continent africain, à l'exception de l'Ethiopie et du Libéria à la domination européenne. Ainsi les empires européennes s'efforcèrent de cloisonner les territoires qu'elles conquièrent pour éviter la mainmise des autres puissances concurrentes. Il en est ainsi, par exemple, dans chaque espace conquis où l'objectif fut de réduire au maximum les communications et les échanges entres les colonies françaises et les deux ensembles anglais et portugais par une politique systématique de réorientation des voies commerciales des capitales respectives de chaque colonies vers la côte en direction des Amériques ou de l'Europe. Du Nord au Sud de l'Afrique, Praia, Nouakchot, Dakar, Banjul, Bissau, Conakry, Freetown, Monrovia, Abidjan, Accra, Lomé, Cotonou et Lagos, soit 13 Etats sur 16 ont leur capitale sur la côte et leur économie tournées vers l'Europe laissant l'arrière pays dans l'abandon total .

Ce phénomène a abouti, par exemple, à la réorientation du centre de gravité de l'Afrique de l'Ouest, de la bouche du Niger vers l'Atlantique, créant ainsi un déséquilibre durables entre pays côtiers comme la Côte d'Ivoire ou le Ghana et les pays du centre enclavés comme le Burkina - Faso. A cela s'ajoute les déséquilibres entre la côte mise en valeur et l'intérieur abandonnés à lui-même comme pourvoyeur de main d'oeuvre. On assiste par ailleurs à une séparation des peuples qui appartenaient dans le passé au même ensemble politique. Par exemple le peuple Ewe est partagé entre le Togo français et le Ghana anglais, les Yoruba entre le Nigéria et le Burkina tandis que les Haoussa sont de part et d'autre de la frontière du Nigéria et du Niger. Cette situation est encore plus poussée en Sénégambie, en particulier au Sud où les Joola, les Manding et les Peuls appartenant dans le passé à l'empire du Mali, sont partagés entre les deux Guinées, la Gambie et le Sénégal. Pire encore, la Gambie coupe le Sénégal en deux créant ainsi un déséquilibre majeur entre le Sud et le Nord, ce qui est à l'origine de la rébellion des Joola dans la région sénégalaise de Casamance. En outre ces remparts expliquent les difficultés de rapprochement entre la Guinée-Bissau et le Cap-Vert. L'échec de leur tentative d'intégration est lié à la distance socio-culturelle séparant les deux peuples en raison de leur histoire coloniale particulière. En dépit des liens historiques séculaires entre les deux pays, la politique d'assimilation appliquée au Cap-Vert par le Portugal et l'utilisation de fonctionnaires cap -verdiens en Guinée-Bissau ont créé entre les deux populations une distance sociale qui a voué à l'échec tout effort d'intégration .Il existe un parallèle entre cet exemple et celui de la Gambie et du Sénégal. La crainte de la domination d'un pays par un autre a constitué l'entrave principale à l'intégration dans les deux cas (crainte de la domination de la Guinée-Bissau par le Cap-vert dans le premier cas ; de la Gambie par le Sénégal dans le deuxième cas).

Il faut préciser que les modifications de frontières sont très rares durant la période coloniale, les puissances européennes ayant dans l'ensemble consolidé les conventions signées à la fin du XXe siècle pour matérialiser les limites plus précises de chaque colonie. Avec le mouvement des indépendances, les Etats actuels, héritiers des frontières administratives, entrent dans un processus de construction de l'Etat -Nation, qui entre aujourd'hui en crise. Au fur à mesure que les colonisateurs européens détruisaient rapidement et progressivement les anciens «  Etats » africains et les pouvoirs provinciaux et locaux, ils avaient mis en place des Etats très centralisés qui recevaient des ordres de l'extérieur. Par conséquent les Etats africains indépendants qui ont été constitués à partir des années 1960, ont maintenu les valeurs et traditions centralisatrices, notamment jacobinistes. Ainsi les Etats post coloniaux se sont évertués à fonder des Etats- Nations à travers un processus de destruction des solidarités ethniques, régionales, locales, villageoise, culturelles et autres au profit d'une Nation supposée être unique, en utilisant officiellement la seule langue léguée par les colonisateurs. Pour réaliser un tel projet, les Etats étaient devenus tellement centralisés, qu'ils avaient supprimé toutes velléité d'intégration en Afrique. Dans la pratique, la constitution de l'Etat-Nation fut un échec, le centralisme a plutôt constitué un frein redoutable à l'intégration régionale, même si elle n'a pu empêcher les populations de faire fi des frontières qui leurs sont léguées puis entérinées par l'Organisation de l'unité africaine. Par conséquent le blocage essentiel de l'intégration régionale ne se réduit pas seulement à l'économie, il est d'abord d'ordre politique et culturel. Partout en Afrique éclatent aujourd'hui, les questions sociales et culturelles à travers la remise en cause des pouvoirs politiques centralisateurs et autocratiques qui ont occupé la scène politique depuis les indépendances et qui continuent d'entretenir des relations fusionnelles avec les anciennes puissances coloniales. Les crises actuelles montrent aussi avec évidence que les populations vivent mal à l'intérieure des Etats -Nations et posent avec acuité la gestion de cet héritage qui a fixé des frontières aussi artificielles qu'arbitraires. Les crises touchent aussi bien les grands Etats comme le Nigéria, le Congo, l'Angola, que les petits Etats comme le Rwanda, le Burundi, la Sierra Léone, le Sénégal ou la Guinée-Bissau. Ces crises ont des répercutions sur le plan externe et reposent indirectement le problème de la redéfinition des frontières sinon d'un nouvel espace territorial, économique et culturel susceptible de consolider la paix et la sécurité des populations.

Face à ces barrières multiples, les communautés économiques régionales représentent un palliatif pour réaliser une intégration régionale fiable.

II - La recherche d'une intégration africaine par la mise en place de

structures d'intégration régionale diverses.

Dans le but de parvenir à une intégration globale, les pays africains ont institué des Communautés économiques régionales (A) et différentes structures chargées de la gestion de politiques sectorielles (B) contribuant à l'intégration régionale.

A - Les Communautés économiques régionales, piliers de l'intégration

régionale en Afrique.

Les Communautés économiques régionales sont censées créer des zones de libre échange, puis des unions douanières pour finalement se renforcer et aboutir à un marché commun couvrant l'ensemble du continent africain (1). Cependant la politique du financement de ces C.E.R. constitue le maillon faible de ce processus d'intégration régionale (2).

1)- Le rôle des Communautés économiques régionales dans le processus

d'intégration régionale.

Plus que toute autre région, l'Afrique a besoin d'intégration sur tous plans pour promouvoir le développement économique et de mettre en place les capacités et la compétitivité requise afin de participer, comme, il se doit au nouveau système commercial multilatéral. Renforcer l'intégration permettrait à l'Afrique de devenir partie intégrante de l'économie mondiale et d'échapper à une plus grande marginalisation. Au cours des années 1990 une reprise des efforts de l'intégration régionale a abouti, après trente ans de balbutiement, à la création de la Communauté économique africaine (CEA) sur la base du plan d'action de Lagos et du traité d'Abuja de 1991. Le traité d'Abuja portant création de la Communauté économique africaine consacre la volonté de l'Afrique de ne pas être un continent composé de pays individuels qui appartiennent à la catégorie des pays en développement et plus particulièrement à celle des moins avancés.

Actuellement diverses communautés économiques régionales composent le paysage africain ; parmi elles, sept forment les piliers de la Communauté économique africaine :

1-Le Marché commun de l'Afrique de orientale et australe (COMESA) : ses 20 membres (Angola, Burundi, Comores, République Démocratique du Congo, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Kenya, Madagascar, Malawi, Maurice, Namibie Ouganda, Rwanda Seychelles, soudan, Swaziland, Zambie, Zimbabwe) comprennent tous les pays d'Afrique de l'Est à l'exception de la Tanzanie

2-La Communauté des Etats sahélo - sahariens (CEN-SAD) : ses 18 membres ( Bénin, Burkina Faso, Djibouti, Egypte, Erythrée, Gambie, Libye, Mali, Maroc, Niger, Nigéria, République Démocratique du Congo, Sénégal, Somalie, Soudan, Tchad, Togo, Tunisie), sont répartis en Afrique de, l'Ouest, Australe, du Nord

3- La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) : ses 15 membres (Bénin, Burkina, Cap-Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée Conakry, Guinée Bissau, Libéria), représentent l'ensembles de l'Afrique de l'Ouest.

4- L'Union du Magreb arabe (UMA) : ses 5 membres (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie), représentent l'ensemble de l'Afrique du Nord.

5- La Communauté des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) : ses 11 membres (République Démocratique du Congo, Sao Tomé et Principes, Tchad, Angola, Burundi, Cameroun, Gabon, Guinée Equatoriale), couvrent l'ensemble de l'Afrique centrale.

6- L'Autorité intergouvernementale pour le développement de la Corne de l'Afrique et de la partie Nord de l'Est, qui compte 7 pays (

7- La Communauté de développement austral : ses 14 membres couvrent l'ensemble de l'Afrique australe.

A travers ces structures, les dirigeants africains visent à surmonter la fragmentation économique, à encourager la diversification économique et à établir des liens transfrontaliers. Pour réaliser ce projet, en tant que piliers de l'Union africaine, les communautés économiques régionales doivent passer par des étapes réparties sur trois décennies (12) :

-1er étape 1994-1999 : renforcement des Communautés économiques régionales existantes et création de nouvelles communautés là où il n'en existe pas

-2e étape 1999-2007: stabilisation des barrières tarifaires et non tarifaires, des droits de douane et taxes intérieures à leurs niveaux de mai 1994, harmonisation progressive des politiques de mise en oeuvre de programmes multiples dans tous les secteurs économiques, notamment l'agriculture, l'industrie, les transports, les communications et l'énergie .

-3e étape 2007-2017 : consolidation des zones de libre échange et des unions douanières grâce à l'élimination progressive des barrières tarifaires et non tarifaires et autres au commerce et adoption d'un tarif extérieur commun.

-4e étape 2017-2019 : Parachèvement de la coordination et l'harmonisation des politiques et programmes dans le secteur en vue de la réalisation totale du marché commun africain et de la communauté économique africaine, avec l'ensemble des Communautés économiques régionales .Cette étape devrait aboutir à la libre circulation des personnes et à l'application des droits de résidence et d'établissement au sein des communautés économiques régionales.

-5e étape 2019-2023 : consolidation du marché commun africain au niveau continental, aboutissement logique de la quatrième étape.

-6e étape 2023 -2028 : concrétisation de la vision de la communauté économique africaine et réalisation d'une intégration économique, politique, sociale et culturelle totale et des structures, aménagement et fonction communes ,comprenant notamment la création d'une banque centrale africain unique, d'un Parlement panafricain et d'une Union économique et monétaire panafricaine .

En juillet 2003, l'Union africaine a remplacé l'Organisation de l'unité africaine. L'Union africaine est censée donner le second souffle au processus d'intégration de l'Afrique et ancrer l'unité économique et politique. En vue d'accélérer le processus, les pays africains ont récemment adopté le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique ( NEPAD ), qui constitue l'une des initiatives les plus importantes de ces dernières années .L'éradication de la pauvreté en Afrique est l'objectif premier du NEPAD, qui cherche, entre autre, à placer les pays africains individuellement et collectivement sur la voie de la croissance et du développement durable, en mettant un terme à la marginalisation du continent dans le processus de mondialisation. La promotion de l'intégration régionale est l'une de ses priorités, l'une d'elle étant notamment de combler la faiblesse des infrastructures sur le continent. Ainsi plusieurs institutions et acteurs internationaux, tel que la banque africaine de développement(BAD), la banque mondiale, la commission économique pour l'Afrique, le programme des Nations-Unies pour le développement, l'Union européenne, l'Agence des Etats-Unis pour le développement international doivent apporter une contribution et un soutien non négligeable à l'intégration africaine .Une coopération permanente entre ces institutions , les Communautés économiques régionales et l'Union africaine est la clef de voûte d'une intégration accélérée .

Une telle collaboration est nécessaire en ce qu'elle permettrait de pallier les contraintes liées aux problèmes de financement.

2)- L'enjeu de l'intégration régionale face à la problématique

du financement des CER

On s'accorde généralement à reconnaître que les problèmes de financement sont le principal frein à l'intégration de l'Afrique. Les Communauté économiques régionales disposent de capacités et de ressources limitées, d'où les écarts substantiels entre les ambitions et la réalité.

En effet les ressources des C.E.R. proviennent essentiellement des contributions des Etats membres, mais les montants versés restent toujours en deçà des besoins budgétaires escomptés. Par ailleurs les contributions extérieures jouent un rôle non négligeable dans les opérations des C.E.R. Comme on pouvait s'y attendre, les contributions acquittées ont décliné au fil du temps et l'aide extérieure a fait parfois défaut ou ne plus suffit plus pour répondre aux besoins de fonctionnement.

Le financement des activités d'intégration régionales, qui a pendant longtemps reposé sur le système de contribution à partir des budgets des Etats membres, se traduisait par la détermination des quotes-parts de leurs membres en fonction d'un principe d'équité, en tenant compte de la capacité contributive de chacun. Cette méthode peut se défendre mais, en pratique, les pays rechignent à assurer la majeure partie du financement du budget. Cet état de fait a causé l'effondrement de la Communauté économique de l'Afrique de l'Ouest (CEAO) lorsque le Sénégal et la Côte d'Ivoire ont refusé de verser les montants qu'ils devaient à l'organisation. Par conséquent l'expérience montre que ces systèmes ne parviennent pas à couvrir les besoins financiers ou qu'elles ne sont plus viables avec le temps. Il faut alors concevoir des systèmes concrets pour mobiliser des ressources, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Dans cette perspective, des mécanismes d'autofinancement sont des moyens envisagés. Ainsi bon nombre d'organisations internationales ont pris l'initiative d'adopter des mécanismes de ressources propres comme solution du problème de financement de l'intégration régionale .Selon les organisations internationales, on parle de mécanisme de « ressources propres  » ou de système de « financement autonome» (13). Le principe d'instituer des mécanismes de ressources propres figure dans la plupart des traités des C.E.R. A cet égard, le traité révisé de la CEDEAO (article 72), le traité instituant le marché commun de l'Afrique de l'est et de l'Afrique australe (article 168), le traité de la Communauté économique africaine (article 82) et celui de l'UEMOA (artiicles 54 et 55), prévoient formellement la mise en place de ressources propres qui doivent assurer intégralement ou en partie le financement des projets et programmes communautaires. Les mécanismes de ressources propres présentent l'avantage de n'exercer aucune ponction sur les budgets nationaux.

Les prélèvements fiscaux communautaires constituent le moyen auquel on a le plus recours pour assurer le financement des C.E.R. Ces prélèvements communautaires basés sur la taxation des produits provenant de pays tiers, sont de plus en plus adoptés par divers CER africaines (CEDEAO- CEMAC- UEMOA). Ils sont utilisés par l'Union européenne de puis 1971.

Un autre mécanisme de financement autonome de l'intégration régionale consiste en la mobilisation de ressources du secteur privé et du capital international. Ce système peut se matérialiser à travers l'organisation de « journées économiques » en faveur d'une CER donnée. Ainsi la vente des droits à organiser ces rencontres ainsi que le prélèvement d'un certain pourcentage sur les recettes de telles manifestations constitue des ressources non négligeables. De tels systèmes de financement sont fiables; ils permettent des flux de ressources prévisibles et empêchent la rétention des fonds par les Etats membres car les contributions sont déposées dans des comptes d'une banque centrale, auxquels seule l'organisation a accès.

Par ailleurs nous savons que la réussite de l'intégration exige la mise en place de secrétariats dotés de personnels et d'une assise financières solide .Donc les Communauté économiques régionales (CER) doivent établir des priorités pour leurs actions et se concentrer sur des objectifs concrets et réalisables. Ce souci d'efficacité à amener certains C.E.R. à assainir leur situation financière en rationalisant leurs organes (UEMOA- CEDEAO- CEMAC -CEEAC COMESA).

Jusqu'à récemment, la question du financement de l'intégration régionale en Afrique s'est surtout posée pour le fonctionnement de la Communauté économique africaine et des C.E.R .Avec la création de l'Union africaine, elle a pris une autre dimension. L'éventail des besoins en matière de ressources va au-delà de simples dépenses de fonctionnement nécessaires à l'organisation des sommets des chefs d'Etat et de gouvernement, de l'Assemblée panafricaine, du conseil exécutif, et du conseil économique et social. Pour cela, il faut une stratégie qui tienne compte des besoins à court, moyen et long terme de l'Union africaine, des C.E.R mais aussi des organismes techniques subsidiaires. Ces entités doivent être solidairement appuyées, car elles offrent des avantages comparatifs qui complètent les activités que mènent les C.E.R afin de favoriser l'avancement de l'Union africaine et l'intégration régionale.

En raison de ces grands besoins d'argent, les institutions financières prévues par l'acte constitutif de l'Union africaine doivent être opérationnelles et viables. Il s'agit de la Banque centrale africaine, du Fonds monétaire africain et de Banque africaine d'investissement.

Dans le cadre de leurs actions, les Communautés économiques régionales ont également mis en place des institutions autonomes qui soutiennent leurs efforts d'intégration. C'est dans cette optique que des structures chargées de la gestion de politiques sectorielles ont été instituées.

B -Les organisations internationales chargées de la gestion de

Politiques sectorielles

En raison de leurs avantages comparatifs, les organisations spécialisées peuvent compléter les activités des Communautés économiques régionales et font progresser l'Union africaine et l'intégration régionale. Ces structures se chargent d'assurer, en parallèle, une gestion intégrée des bassins fluviaux (1) et prennent en charge, dans un cadre régional, des défis environnementaux (2).

1)- La gestion intégrée des bassins fluviaux

Au plan hydrographique, l'Afrique est traversée par de très grands fleuves qui prennent leur source dans des régions tropicales et coulent, selon l'hémisphère considéré, vers le Nord ou le Sud en apportant des volumes d'eau considérables dans des régions arides ou semi-arides. Le Nil, le Congo, l'Okavango, le Niger, le Sénégal, qui sont les plus grands fleuves d'Afrique, par exemple, empiètent sur plusieurs territoires d'Etats différents. Ce pose dans un tel cas l'intérêt d'une concertation pour la gestion des ressources hydrauliques dans un cadre institutionnel. Ces dernières années, de nombreux pays ont engagé de profondes réformes juridiques et institutionnelles afin de s'orienter vers une politique de l'eau selon le mode de gestion intégrée et sur la base des bassins versants. Dans cette logique, un  Réseau international des organisations de bassin (RIOB) a été créé en 1994 pour faciliter la mise en commun et la diffusion des bonnes pratiques de gestion intégrées des ressources en eau à l'échelle du continent africain (14). Cet organisme soutient la création, en son sein, de « Réseaux régionaux » pour faciliter le partage d'expériences entre pays voisins d'une même région et développe des compétences communes et des projets de soutien opérationnels. C'est également dans ce cadre qu'a été créé en Juillet 2002, à Dakar le nouveau  Réseau africain des organisations de bassin (RAOB) avec pour objectif de mettre en oeuvre les actions du programme associé par les organismes de bassin transfrontaliers (voir annexe).

Les organisations de bassin ont joué un rôle très important dans la prévention et la gestion des crises qui ont secoué l'Afrique ces dernières années. De l'avis de M. David Shinn, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Ethiopie, l'initiative du Bassin du Nil, aide les dix pays bordant le Nil à éviter les conflits qui pourraient voir le jour au sujet de leurs droits en tant que riverains du fleuve (15). Le Nil avec ses 6.570 kilomètres, est le plus long fleuve du monde. Son bassin couvre 3,37 millions de km2. Les pays riverains qu'il traverse sont le Burundi, la République Démocratique du Congo, l'Egypte, l'Erythrée, le Rwanda, le Soudan, le Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie. Ces dix pays ont une population de 336 millions d'habitants. Ainsi les perspectives de croissance de cette population intensifient encore la pression sur les ressources du Nil qui ne sont infinies.

Dans une autre région de l'Afrique, l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (MVS) a continué à fonctionner tout au long de la crise entre le Sénégal et la Mauritanie .Pendant la période de rupture des relations diplomatiques, elle a servi de cadre de dialogue entre les deux Etats. Par ailleurs la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) a pu servir comme premier niveau d'arbitrage entre le Cameroun et le Nigéria à propos du lac en question. L'Autorité de Bassin du Niger (ABN) continue, elle aussi, de servir de cadre de dialogue entre le Mali et le Niger d'une part puis le Niger et le Nigéria d'autre part.

En fait la multiplicité de projet de barrage, le haut degré d'interdépendance des Etats et la réduction notable de la disponibilité de l'eau, sont à l'origine des tensions, voire des risques de conflits inter étatiques autour de la ressource en eau. En effet c'est lors du dernier trimestre de l'année 1988 qu'a commencé ce qui allait mener quelques mois plus tard à la plus grave crise dans les relations entre le Sénégal et la Mauritanie. Le barrage de Manantali venait d'être réceptionné alors que celui de Diama était mis en service deux ans auparavant. Des expulsions d'agro-pasteurs de part et d'autre des deux pays débouchèrent très vite sur l'exhumation d'un vieux conflit foncier relatif au tracé de la frontière entre les deux Etats. Après des tueries et prises d'otages localisés, la tension ne tardera pas à gagner tout le long du fleuve et les principales villes des deux pays. Le bilan du conflit sera très lourd : outre les dizaine de morts, près de 75000 sénégalais, 150000 mauritaniens durent être rapatriés au courant du premier semestre de 1989 .Des milliers de population noires africaines de nationalité mauritanienne furent déportés au Sénégal ( épuration ethnique) (16).

En juin 2000 les autorités mauritaniennes accusèrent le président Wade du Sénégal qui venait d'être élu d'avoir l'intention de remettre à l'ordre du jour le projet de réhabilitation des vallées fossiles de son prédécesseur, Abdou Diouf .Ce projet consiste à vouloir dévier une partie du fleuve Sénégal pour alimenter un réseau de vallées asséchés dans le centre Nord du Sénégal. Du point de vue des dirigeants politiques sénégalais, la remise en eau de ce réseau de cours d'eau fossiles en particulier la vallée du ferlo qui se jette dans le lac de Guier ( lac qui alimente la ville de Dakar en eau potable ) à Keur Momar Sarr après avoir reçu une série de d'affluents, tous aujourd'hui asséchés, permettrait de développer des activités agropastorales dans la région sahélienne du centre nord du Sénégal .La réaction du gouvernement mauritanien à ce projet fut de donner un délai de 15 jours aux ressortissants sénégalais pour quitter la Mauritanie. Le président Wade annonça alors le gel du projet, ce qui fit baisser la tension en attendant le prochain incident. 

De la même manière, la crise énergétique qui avait frappé le Ghana en 1998, suite au déficit d'eau dans le Lac Volta, une partie de l'opinion publique et même les dirigeants de ce pays avaient suspecté le Burkina Faso d'avoir été à l'origine du problème. Certains ont en effet pensé que la baisse du niveau d'eau dans le lac Volta résultait d'un accroissement des prélèvements d'eau par le Burkina sur les sections en amont de la volta blanche et de la volta noire .Mais il s'est révélé que la cause de la plus crédible de cette crise énergétique était la variation et le changement climatique.

Dans un autre exemple le Nigéria qui a consenti d'importants investissements hydro agricoles et énergétiques dans la partie aval du fleuve Niger redoute aujourd'hui que la réalisation de projet de barrages en amont du fleuve n'entraîne une baisse des débits dans la partie nigériane du cours d'eau. C'est ainsi que les autorités nigérianes ont manifesté à plusieurs reprises leur inquiétude concernant tout projet hydraulique sur le fleuve Niger qui entraînerait une réduction de plus de 10% du volume d'eau reçu au Nigéria.

Au-delà du cadre strict des bassins versants, les Etats africains s'engagent à traiter ensemble, dans un cadre plus global, les problèmes liés à l'environnement.

2)- La prise en charge des défis environnementaux dans un cadre

régional

Cinq ans après la création de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), le Comité africain sur la conservation de la nature et des ressources naturelles fur institué à Alger, en 1968. Le principal objectif de ce comité était d'encourager l'action conjointe en faveur de la préservation, de l'exploitation et de la mise en valeur des sols, de l'eau, de la faune et de la flore pour le bien être présent et futur de l'humanité. Suite à la rencontre d'Alger, l'ordre du jour environnemental, défini pour la première fois en 1972, lors de la conférence de Stockholm sur l'environnement, influença les politiques et les programmes de l'Afrique dans ce domaine (17).

La huitième Conférence des ministres africains de l'environnement (CMAE), qui s'est déroulée à Abuja en avril 2000, a approuvé un programme dont l'une des décisions a été l'établissement d'un rapport sur l'avenir de l'environnement en Afrique. Cette mesure a été confirmée lors du Comité interministériel qui s'est tenue à Malmo, en Suède au mois de mai 2000. A partir de là, le secrétariat de la CMAE, le bureau régional pour l'Afrique du programme des Nations-Unies pour l'environnement, en collaboration avec la division de l'alerte précoce et d'évaluation, ont entrepris un travail dans ce sens.Le rapport envisage de relever les mesures politiques et d'établir l'état de l'environnement en Afrique centrale, en Afrique du Nord, en Afrique australe, en Afrique occidentale, en Afrique de l'Est et dans les Iles de l'Ouest de l'océan indien, en choisissant comme point de départ la conférence des Nations-Unies sur l'environnement humain, de Stockholm (Suède) en 1972.

Dans les années 1970, la conférence de Stockholm a grandement contribué à placer les préoccupations environnementales au premier plan du débat social et politique sur l'ensemble de la planète. Les conclusions de la conférence ont permis de définir un programme moderne en faveur de l'environnement, mais elles ont surtout revêtu une importance particulière pour l'Afrique vu le contexte de l'époque. Tout d'abord elles stipulent clairement qu'un environnement sain est un droit qu'il est impossible d'obtenir tant que l'apartheid, la ségrégation raciale et la domination coloniale persistent. Cet appel a connu un écho immédiat dans une région qui se libérait des liens coloniaux et dont les populations, en grande partie, doivent directement compter sur les ressources naturelles pour trouver ses moyens d'existence.

L'Afrique est particulièrement vulnérable à la variabilité du climat et au changement climatique. Les variations des précipitations ont engendré des sécheresses et des inondations ayant des conséquences désastreuses pour la population et pour l'environnement. Outre son impact écologique, la déforestation est également synonyme de perte de ressources primordiales, situation provoquant la perte essentielle, de moyens d'existence et de ressources d'énergie nécessaires pour les communautés humaines.

La coopération internationale et l'intégration de la gestion des ressources naturelles paraissaient donc nécessaires. Ainsi les interventions entreprises par les pouvoirs publics africains en réponse aux problèmes et aux défis environnementaux mis en lumière lors des conférences successives sur l'environnement, de la conférence de Stockholm (1971) au sommet de la Terre de Rio (1992), en passant par la rencontre de Johannesburg (2000), se sont traduites par divers accords régionaux.

C'est ainsi qu'en Afrique orientale, il a été adopté le programme de préservation de la biodiversité, l'initiative du bassin du Nil, le programme de conservation des zones humides, la gestion intégrée de la zone côtière et le projet pour l'environnement mondial en faveur du Lac Victoria.

En 1989, six pays africains frappés par la sécheresse (Djibouti, l'Ethiopie, la Somalie, le Kenya, le Soudan et l'Ouganda) créèrent l'Autorité intergouvernementale sur la sécheresse et le développement afin de coordonner leurs actions dans la corne de l'Afrique. Par la suite baptisée «Autorité intergouvernementale pour le développement » (AIGD), l'organisation s'élargit à l'Erythrée en septembre 1993.

Par ailleurs, il a été créé en 1973, au lendemain des premiers épisodes de sécheresse, le Comité de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS), qui regroupe les Etats sahéliens suivants: le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée Bissau, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria, le Sénégal et le Tchad (18).

L'institution a réussi à mettre en oeuvre des programmes dits de première génération concernant des domaines essentiels: l'agriculture pluviale et irriguée, les ressource hydrauliques.

Le CILSS permet aujourd'hui aux Etats sahéliens d'appréhender les problèmes de sécurité alimentaire et la gestion des ressources naturelles à l'échelle régionale et de proposer des mesures efficaces pour les résoudre. C'est un acteur majeur dans le dispositif régional d'intégration, au service de ses Etats membres. L'organisme est implanté sur trois cites :

- Ouagadougou : abrite le secrétariat exécutif et se charge de la direction et de l'administration de l'institut.

- Niamey : héberge le centre de l'agro- météorologique du Sahel. Le centre constitue un outil indispensable pour la détection précoce des risques agro-alimentaires, qui nécessite la mise en oeuvre d'une gamme étendue de moyens techniques (télédétection, traitement de l'information).

- Bamako : abrite l'institut du Sahel ; c'est un centre de recherche axé sur deux thèmes principaux « population-développement » et « recherche agro-socio-économique ».

Même si toutes les régions de l'Afrique n'ont pas, pour l'instant atteint un stade d'intégration suffisant pour faire aux défis de ce nouveau millénaire, certaines d'entre elles pourraient servir d'exemple.

III - L'originalité d'une intégration régionale réussie en

Afrique : l'exemple de l'Afrique de l'Ouest

Contrairement aux autres blocs régionaux, à savoir l'Afrique de du nord, l'Afrique de l'est, l'Afrique centrale, l'Afrique de l'ouest a atteint un niveau d'intégration acceptable. Il existe sur son aire géographique deux grandes organisations internationales, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) (A) et l'Union économique et monétaire des Etats de l'Afrique de l'Ouest (UEMOA) (B), qui sont à la fois concurrentes et complémentaires tout en poursuivant les mêmes objectifs d'intégration .

A - L'exemple de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest

Le traité de la CEDEAO prévoit l'institution, à long terme, d'une union économique et monétaire. Malgré les difficultés rencontrées, cette organisation régionale a enregistré des progrès considérables en matière d'intégration (1) grâce à la création d'un cadre institutionnel adéquat (2).

1)- Les avancées en matière d'intégration réalisées par la Communauté

économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest

L'Afrique de l'Ouest, définie comme étant la région couvrant le sahel, comprend 17 pays et s'étant sur 7.500.000 Km2 pour une population de 250 million d'habitants.

L'espace géographique de la CEDEAO

Le but de la CEDEAO est de promouvoir la coopération et le développement dans tous les domaines de l'activité économique, particulièrement dans ceux de l'industrie, des transports des télécommunications, de l'énergie, de l'agriculture, des ressources naturelles, du commerce, des questions monétaires, des affaires sociales et culturelles avec pour objectif d'élever le niveau de vie des peuples de cette région de l'Afrique, d'accroître et de maintenir la stabilité économique, de renforcer les relations entre ses membres et de contribuer au progrès et au développement économique du continent africain.

Depuis la signature, le 25 mai 1975, du traité de la CEDEAO, des changements notables sont intervenus en Afrique de l'Ouest, tout comme l'environnement extérieur a considérablement évolué. Le protocole sur la libre circulation des personnes, adopté par la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement en 1978, comprend l'abolition des visas, la mise en place d'un droit de résidence et le droit d'établissement .Tout citoyen de la Communauté, excepté celui entrant dans la catégorie des immigrants au terme des lois et règlements en vigueur dans le pays concerné, désirant séjourner dans un Etat membre pour une période maximum de 90 jours, pourra entrer sur le territoire de ce Etat membre sans avoir à présenter un document de voyage et de certificats internationaux en cours de validité. Actuellement tous les Etats membres ont aboli les visas et permis d'entrée. Dans le domaine industriel, à ce jour 2627 produits industriels fabriqués par 897 entreprises de la communauté ont été agrées au schéma de libéralisation des échanges. En plus les chefs d'Etat et de gouvernement ont décidé que le tarif extérieur commun de l'Union économique et monétaire ouest africain soit étendue à l'ensemble de la CEDEAO, à la suite d'études d'impact sur les économies et les finances publiques des Etats non membres de l'Union économique ouest africaine. Dans le cadre de la mise en application de cette décision, des mesures nécessaires ont été prises pour parvenir à l'adoption d'un tarif extérieur commun (CEDEAO/UEMOA), au cours de la période 2005-2008. Cette préoccupation est née de la prise de conscience que les marchés intérieurs des Etats membres pris individuellement en raison de leur étroitesse étaient loin d'être compétitifs, dans un environnement mondial marqué par l'existence de grands blocs commerciaux.

Pour faciliter les échanges intra- régionaux, des projets de construction de routes régionales, de développement de liaison de télécommunication entre les Etats ont été initiés. Par ailleurs les événements intervenus dernièrement dans l'ensemble du paysage politique et économique ouest africain ont contribué à lever progressivement de nombreux obstacles à l'intégration. En effet nous pouvons constater l'avènement de la démocratie dans la plupart des pays de l'Afrique de l'Ouest et plus particulièrement aux Sénégal et au Nigéria, ce dernier étant l'économie dominante dans la région. Par ailleurs le désengagement progressif de l'Etat et la prise de conscience du fait que le secteur privé doit être le moteur de la croissance et de l'intégration économique, ont facilité l'harmonisation des programmes de la CEDEAO et de l'UEMOA dans le cadre de l'accélération du processus d'intégration régionale.

A ces objectifs économiques, l'organisation s'est adjointe une dimension politique et militaire en se dotant d'une force d'interposition. En effet depuis quelques années les Communauté économiques régionales ont commencé à mettre en place des cadres institutionnels et des mécanismes de maintien de la paix. Le système le mieux conçu et le plus connu en Afrique c'est certainement celui de CEDEAO. Le Groupe de contrôle de la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (ECOMOG), est une force militaire d'interposition qui a été constitué pour résoudre les conflits et maintenir la paix au sein de la communauté. Des opérations en ce sens ont été organisées au Libéria (1990-1999), en Sierra Léone (1997- 2000) et en Guinée (1998 -2000). L'écomog a été créé en 1990. Il a pour mission principale de s'interposer dans les combats, d'imposer la paix et de la maintenir. L'interposition dans les combats se faits à la demande de tout gouvernement légalement constitué pour empêcher qu'une situation ne dégénère en anarchie ou lorsque des factions rebelles tentent d'usurper le pouvoir ou de résister à l'autorité du gouvernement légal .Ces missions visent à conclure un cessez- le -feu entre les belligérants, à créer un climat favorable aux négociations et à protéger les populations civiles. Après avoir fait le bilan de cette force militaire dans le règlement des conflits, les dirigeants de la CEDEAO ont décidé, en 1998, de la maintenir en tant que future structure de maintien de paix de la communauté. L'écomog agit sur instruction des chefs d'Etat de ses pays membres.

Pour accélérer l'intégration en permettant l'application de décisions supranationales, la CEDEAO s'est appuyée sur un cadre institutionnel adéquat.

2)- Le cadre institutionnel de la Communauté économique des

Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest regroupe tous Etats de cette région à l'exception de la Mauritanie qui s'est retirée le 26 décembre 1999. Elle a pour mission de promouvoir l'intégration économique dans tous les domaines, d'abolir à cette fin, les restrictions au commerce, de supprimer les obstacles à la libre circulation des personnes, des services et des biens, de réaliser l'harmonisation des politiques sectorielles régionales. Ainsi devant la lenteur des progrès enregistrés, certaines initiatives visant à redynamiser le processus d'intégration ont été prises à partir de 1990. Par conséquent dès 1991, le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement avait reconnu la nécessité de procéder à la révision du traité du 28 mai 1975, instituant la CEDEAO et avait créé un comité chargé de faire des recommandations dans ce sens.

Par la suite le traité révisé a été adopté lors du sommet des chefs d'Etat, à Cotonou en juillet 1992. Les pouvoirs des institutions communautaires sont renforcés pour traduire la priorité qui est accordée à l'intégration régionale. Le principe de la supranationalité dans l'application des décisions a été introduit. En outre il a été envisagé la création, en plus des institutions déjà existantes, d'une cour de justice de la communauté à la place du tribunal communautaire, d'un Parlement et d'un Conseil économique et social. L'article 6 du traité (révisé) instituant la CEDEAO dispose : «Les institutions de la Communauté sont les suivantes  : La conférence des chefs d'Etat et gouvernement

Le conseil des ministres

Le Parlement de la Communauté

Le secrétariat exécutif

La cour de justice de la communauté

Les commissions techniques spécialisées

Le conseil économique et social

Les institutions de la Communauté exercent leurs fonctions et agissent dans les limites des pouvoirs qui leurs sont conférées par le présent traité et par les protocoles y afférents».

2-1Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement :

C'est l'organe suprême de la CEDEAO, qui a la responsabilité de donner les principes directeurs et de contrôler le fonctionnement de la communauté ainsi que de prendre toutes les mesures afin de garantir le développement progressif et la réalisation des objectifs de la communauté. Elle est chargée de :

-définir la politique générale et les principes directeurs de la communauté

-Assurer et coordonner les politiques économiques scientifiques et sociales des Etats.

-Superviser le fonctionnement des organismes de la communauté et de suivre la mise en oeuvre des objectifs de la communauté.

-Préparer et adopter les règles de procédure.

-Nommer le secrétariat exécutif.

-Soumettre à la cours de justice de la communauté quand elle le juge nécessaire, toute instance confirmée si un Etat membre ou institution de la communauté a manqué d'honorer ses obligations ou si une institution de la communauté a outrepassé ou a abusé les pouvoirs qui lui ont été conférés aux termes du traité, par une décision de l'Assemblée ou règlement du conseil.

-Demander à la cours de justice de la communauté de donner un avis sur une question de légalité.

-Exercer les pouvoirs qui lui sont conférés aux termes du traité

La conférence se réunit au moins une fois par an en séance ordinaire. Une séance extraordinaire peut être organisée à la demande d'un Etat membre pourvu qu'une telle demande soit soutenue par une majorité des Etats membres.

2-2 La Cour de justice :

Prévue dans les textes depuis 1991, la cours n'existe réellement qu'à partir de 2001. En janvier 2005, lors du sommet des chefs d'Etat réuni à Accra, au Ghana, il a été adopté un amendement qui a introduit la possibilité pour les individus de saisir directement la cour après épuisement de toutes les voies de recours contentieuses ou arbitrales au niveau interne.

La compétence de la cour s'étend à l'interprétation du traité.

Par ailleurs il est l'organe de contrôle juridictionnel destiné à juger du respect par les Etats membres de leurs engagements, à régler les différends et à vérifier la légalité des actes des institutions communautaires.

2-3 Conseil des ministres.

Il est composé du ministre des affaires de la CEDEAO ainsi que d'un ministre désigné par chaque Etat membre. Le conseil est chargé de formuler des recommandations à la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement sur les questions visant à la réalisation des objectifs da la communauté. Il émet des directives pour les affaires concernant la coordination et l'harmonisation des politiques d'intégration économique, fait des recommandations à la conférence des chefs d'Etat pour la nomination d'auditeurs externes, prépare le règlement pour les employés et approuve les structures d'organisation des institutions communautaires, peut demander à la cour de justice de la communauté de donner un avis sur des questions de l'égalité. Le conseil se réunit au moins deux fois par an.

2-4 Le Parlement

Le parlement de la CEDEAO s'est réuni pour la première fois en mai 2002, avec 115 députés représentant tous leurs Etats respectifs à l'exception de la Côte d'Ivoire (qui traverse une crise politique). Le Togo, le Libéria le Cap-Vert, la Guinée Conakry, la Guinée Bissau, le Bénin, la Gambie et la Sierra Léone ont chacun 5 députés; le Mali le Niger et le Sénégal ont chacun 6 députés; le Côte d'Ivoire a droit à 7 députés; le Ghana en a 8 et le Nigéria 35.

Le Parlement de la CEDEAO a son siège à Abuja, au Nigéria ; il chargé du contrôle démocratique des institutions de la communauté mais fonctionne en ce moment qu'à titre consultatif.

2-5 Le conseil économique et social.

Il est composé des représentants des différentes catégories d'activité économique et sociale, il a également un rôle consultatif.

2-6 Secrétariat exécutif.

Le secrétariat exécutif est responsable de la mise en oeuvre des décisions prises par la conférence des chefs d'Etat et de l'application des règlements du Conseil. Son siège est à Abuja, au Nigéria. Le secrétaire exécutif est élu pour un mandat de 4 ans, est assisté de 4 fonctionnaires.

2-7 Commissions techniques spécialisées :

- Industrie, science et techniques

-Environnement, communication et tourisme

-Commerce, douane, fiscalité, statistique monnaie

-Affaires politique, judiciaire et juridique, sécurité régionale et immigration

- Ressource humaine, information, affaire sociales et culturelle

- Administration et finances

En plus de la CEDEAO, l'Afrique de l'Ouest compte sur son espace géographique une organisation sous-régionale qui s'occupe, notamment, de questions d'ordre monétaires.

B - L'exemple de l'Union économique et monétaire Ouest africaine

Construite sur les ruines de l'ex-Communauté économique de l'Afrique de l'Ouest (CEAO), qui se limitait à maintenir le lien avec la France et à mettre en place la libre circulation des capitaux, l'U.E.M.O.A., vise principalement les questions d'ordre monétaires. Outre les réalisations accomplies depuis sa création (1), cette organisation s'oriente de plus en plus vers de nouvelles perspectives (2).

1)- Les réalisations de l'Union économique Ouest africaine depuis sa

création.

L'intégration monétaire est un élément essentiel de l'intégration régionale; elle suppose une évolution à moyen ou long terme vers un régime de taux de change fixe, les pays concernés finissent par adopter une monnaie commune. L'Union économique et monétaire ouest africaine est un cas d'espèce intéressant d'une intégration monétaire, union complète en ce sens que ses membres ont une monnaie commune et entièrement convertible, émise par une banque centrale supranationale qui surveille les opérations à partir d'un compte commun de devises. En tant que sous ensemble de la CEDEAO, elle regroupe 8 Etats et couvre une superficie de 3.509.610 km2 avec une population de 74 millions d'habitants. Elle a été créée par le traité de Dakar du 10 janvier 1994 par les chefs d'Etat et de gouvernement des sept pays d'Afrique ayant en commun l'usage d'une monnaie unique, le franc CFA.

L'espace géographique de la `UEMOA, sous ensemble de la CEDEAO

Le 2 mai 1997, la Guinée-Bissau est devenu le huitième membre de l'Union

Celle-ci est dirigée par trois organes principaux :

1-la Conférence des chefs d'Etat.

2-Le Conseil des ministres comprenant les ministres des finances des différents pays membres.

3-la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest (BECEAO): C'est un institut d'émission monétaire avec un statut d'établissement publique, commun au Etats de l'U.E.M.O.A .Il son siège à Dakar.

Le succès de l'intégration monétaire de l'UEMOA est intiment lié aux pouvoirs conférés à la Banque centrale supranationale, qui doivent prévaloir sur ceux des autorités nationales en matière monétaire et financière. En contrepartie de cette cession de souveraineté monétaire, les Etats membres bénéficient de politiques monétaires stables, non inflationnistes et sont à l'abri des considérations politiques. Les risques et le coût des opérations en seront pour autant réduits, ce qui stabilisera l'investissement et la croissance et encouragera l'intégration économique des Etats de la sous-région. Ainsi l'UEMOA peut offrir une possibilité d'investir sans risque de change, favoriser une économie d'échelle grâce l'émission d'une monnaie commune.

La BECEAO procède à une programmation annuelle des besoins de crédits, pour l'Union et par pays membre, avant d'en décider l'affectation. Statutairement les emprunts des gouvernements auprès de la BECEAO sont limités à 20% de leurs rentrés budgétaires de l'année précédente. Les gouvernements sont libres d'emprunter sur le marché intérieur ou à l'extérieure et sont tenus uniquement d'en aviser la Banque centrale. En principe, chaque membre doit affecter 65% de ses réserves de devises à un compte d'opération tenus par la banque et établi au trésor français à Paris. Tout déficit de balance des paiements d'un Etat membre est comblé par les avoirs extérieurs des autres Etats membres. Si le bilan global du compte d'opération baisse, on peut faire appel aux 35% restants des réserves. Si cela ne suffit pas, un plan de « gestion de crise » prend le relais. Cette indépendance a subi un coup sévère avec l'avènement des programmes d'ajustement structurels, qui ont entraîné une influence étrangère considérable dans les politiques de la banque. C'est ainsi que la dévaluation du franc CFA a été décidée en 1994, ce qui expliquait le taux d'inflation élevé au milieu des années 1990. Par la suite les taux ont commencé à baisser grâce à la discipline monétaire imposée aux Etats membres de Communauté. A l'exception de la Guinée Bissau qui n'est devenu membre qu'en 1997, tous les pays de l'UEMOA étaient parvenus à l'objectif fixé à partir de la dévaluation, à savoir réduire l'inflation à 3% en 2000.

C'est d'ailleurs dans le souci de limiter les difficultés budgétaires des Etats que le traité de l'UEMOA a, en son article 58, institué un système transitoire de compensation de moins-values de recettes douanières subies par certains Etats membres du fait de la mise en place de l'union douanière. En application de ces dispositions, le prélèvement communautaire de solidarité (PCS) a été institué par l'article 16 de l'acte additionnel N° 04/96 du 10 mai 1996 instaurant un régime tarifaire préférentiel transitoire.

Du 1er juillet 1996 au 31 décembre 2004 le montant du PCS reversé à l'Union par les Etats membres s'est élevé à 178.349.475.216 francs CFA dont 33.296.871.940, pour la période de janvier à décembre 2004. En 2004, l'amélioration des recouvrements des produits du PCS s'est poursuivie, à travers, notamment, des missions de vérification dans les Etats membres et le renforcement de la communication entre la commission et les autorités nationales. L'utilisation des recettes s'est traduite, entre autre, par une dotation adéquate du Fonds de compensation des moins-values (FCMV) de recettes douanières et du Fonds d'aide à l'intégration régionale (FAIR) dont l'intervention est effective depuis 2005.

Du 1er janvier 1998 au 31 décembre 2004, les produits du PCS reversés par les Etats membres de l'UEMOA ont été utilisés pour un montant de 178.349. 475.216 francs CFA se décomposant comme suit:

- dotation du Fonds de compensation des moins-values de recettes douanières pour 111.937.028.219 francs CFA.

- dotation du Fonds d'aide à l'intégration régionale pour 9.987.899.592 francs CFA

- dotation du Fonds de réserve pour 200.000.000 francs CFA.

- financement des budgets de fonctionnement et d'équipement des organes de l'Union au titre des années 1998-2004 pour 46.836.452.190 francs CFA.

- prêt à l'Etat nigérian pour 8.188.095.215 francs CFA.

- dotation partielle pour un montant de 1.200.000.000 francs CFA du Fonds fiduciaire a été créé avec la FAO pour la mise en oeuvre du programme régional spécial de sécurité alimentaire.

Le traité UEMOA a prévu également la compensation automatique de pertes de recettes douanières subies par les Etats du fait de l'application du régime tarifaire préférentiel. Au titre de l'année 2004, l'Union a versé aux Etats membres, un montant compensatoire global de 24.797.011.654 francs CFA relatif à des déclarations de douane de l'année 2004 et des années antérieures, ce montant s'est réparti comme suit :

Bénin ............2.057.236.715 francs CFA

Burkina Faso.... 5.651.394.669

Côte d'Ivoire .....472.129.880

Guinée Bissau......125.710.454

Mali ...............5.709.952.089

Niger...............5.266.992.342

Sénégal ............2.958.487.745

Togo............... 2.555.107.760

Pour éviter une concurrence entre la CEDEOA et l'UEMOA, les Etats qui ne sont pas membres de cette dernière ont accepté d'harmoniser leurs politiques monétaires et budgétaires dans le but de mettre en place une union monétaire au sein de la CEDEAO et de jeter les bases d'une éventuelle fusion avec l'UEMOA. Dans le souci d'accélérer le rythme de l'intégration, le Ghana et le Nigéria ont lancé l'initiative « procédure accélérée » visant la création d'une deuxième zone monétaire dans la sous- région qui serait dénommée  «zone monétaire Ouest- africaine» et qui regrouperait le Ghana, le Nigéria, la Gambie, le Libéria, la Sierra Léone (tous pays anglophones à l'exception de la Guinée Conakry). L'objectif de la zone ouest-africaine est d'harmoniser les politiques macroéconomiques et de mettre en place une monnaie commune, qui sera à court terme fusionnée avec celle l'UEMOA.

Dans une moindre mesure l'Union économique et monétaire ouest-africaine étend son champ d'action.

2) - Les perspectives de l'Union économique et monétaire ouest-africaine

Le traité de l'Union économique et monétaire ouest-africaine prévoit de redynamiser la coopération avec d'autres organisations régionales et sous-régionales. A ce titre l'année 2005 a marqué le point de départ du renforcement du processus de convergence avec la CEDEAO, notamment en matière de schéma de libéralisation des échanges et des politiques économiques. Sur ce dernier point, la coopération a été intensifiée, à travers la poursuite des travaux techniques sur l'harmonisation des produits intérieurs bruts et des indices de prix à la consommation des Etats de la CEDEAO.

Par ailleurs la conduite des négociations de l'Accord de partenariat économique entre l'Afrique de l'Ouest et l'Union européenne fournira également un cadre de renforcement de la coopération entre la Commission de l'UEMOA et le secrétariat exécutif de la CEDEAO. De ce fait ces deux organes s'attachent à la mise en oeuvre, avec l'appui de la communauté internationale, d'une stratégie de réduction de la pauvreté. Ces diverses perspectives sont à envisager, en liaison avec la poursuite des actions prioritaires, notamment dans le domaine de la perception des prélèvements communautaires de solidarité, de la mise en oeuvre de programmes économiques et politiques sectorielles, ainsi que de la communication. Leur réalisation nécessite un retour rapide de la paix et de la stabilisation dans l'espace de l'Union d'où la place prépondérante que l'union devra accorder à l'action politique, dans la mise en oeuvre de son processus d'intégration.

La poursuite du renforcement institutionnel de l'UEMOA, qui découle de l'impératif d'impulser une nouvelle dynamique du processus d'intégration, devra se traduire par quatre actions :

1- La première consistera à combler le retard en matière d'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de communication, par la mise à niveau de l'équipement informatique et conception d'un système efficace de gestion et de diffusion de l'information au sein des organes et entre eux et ceux de l'extérieur.

2- Le deuxième devra se traduire par la remise en place d'une unité de programmation stratégique, en vue d'assurer un meilleur suivi plus rigoureux des activités, une visibilité plus accrue de la Commission de l'UEMOA en direction des différents partenaires, une vision prospective et une plus grande efficacité dans la recherche de financement.

3- La troisième s'articule autour de l'installation du Parlement de l'Union, avec l'entrée en vigueur du Traité y afférent. Dans l'attente de la ratification de cet instrument juridique, la Commission a déjà entamé, en relation avec le Comité inter- parlementaire, l'élaboration des textes subséquents devant régir le fonctionnement du futur Parlement.

4- Le quatrième devra se matérialiser par l'amorce des travaux en vue de la construction du siège de la Cour de justice et de la Cour des comptes.

Les actions concrètes à réaliser dans le cadre du programme économique régional ont été déterminées à partir des programmes et politiques sectoriels adoptés par les instances communautaires. Le tarif extérieur commun (TEC), entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2000, connaît une application globale satisfaisante. Toutefois, certaines entraves non tarifaires persistent encore, notamment les normes techniques imposées par certains Etats membres aux produits communautaires. Par ailleurs la multiplication des barrières routières et la perception de taxes illicites sur les corridors de l'Union sont devenues des problèmes récurrents. Il appartiendra à la l'union d'oeuvrer dans le sens de l'élimination des dernières barrières persistantes.

CONCLUSION

L'intégration régionale est aujourd'hui au centre des préoccupations sur le développement du continent africain. Pour cela, il est important de renforcer les organisations qui ont ce projet en charge. En moins d'un demi-siècle d'existence juridique, en tant qu'Etats souverains, les Etats africains ont accompli des progrès considérables dans la voie de l'intégration régionale. Certains objectifs importants sont atteints, notamment la création de zones de libre échange dans la plupart des communautés économiques régionales. Certaines CER, plus avancées que d'autres ont pu mettre en place la libre circulation des personnes et un tarif extérieur commun (CEDEAO).

Ceci révèle le fait que l'intégration régionale constitue l'une des stratégies les plus crédibles pour résoudre les problèmes de développement auxquels l'Afrique est confrontés étant donné les insuffisances en terme de ressources et autres aspects économiques de chaque pays. Un tel objectif nécessitera une évolution approfondie des résultats obtenus dans ce domaine aux niveaux national, régional et continental et un cadre institutionnel solide. C'est dans ce cadre que le nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) est venu rappeler et renforcer le rôle de l'intégration régional dans la relance de la croissance et du développement en Afrique. D'ailleurs un rôle majeur a été accordé aux CER dans la mise en oeuvre du partenariat.

Certes des efforts conséquents ont été déployés en vue de la convergence économique et de la mise en place de la Communauté économique africaine et de l'Union africaine, mais des problèmes, des lacunes demeurent et devront être pris en charge. Jusqu'à présent le volume du commerce intra-africain reste faible et ne représente que 10% du volume total du commerce en Afrique. Le coût élevé des activités économiques, en particuliers les transports, l'insuffisance du commerce régional constitue encore des entraves aux échanges. Principaux acteurs de l'intégration régionale, les CER n'ont toujours pas reçu de pouvoirs supranationaux requis pour assurer l'exécution des décisions collectives et la convergence des politiques communes. Elles doivent être rationalisées et habilitées à agir au nom de leurs Etats membres. Le financement de l'intégration régionale est une autre contrainte fondamentale qui se traduite par l'insuffisance des ressources financières des CER et des programmes d'intégration.

Cependant lentement mais sûrement, l'intégration régionale en Afrique, berceau de l'humanité, continue son chemin.

BIBLIOGRAHIE

1-Lavergne REAL «  Intégration et coopération en Afrique de l'Ouest », éditions Kathala et CRDI ,1996 :403 pages (pages 11-19 ; 53-58 ; 81-92 ; 281-286)

2-Mahamadou MAÏGA «  Le Fleuve Sénégal et l'intégration de l'Afrique de l'Ouest en 2011 »

(pages 9-23 ; 119- 121 ;139-141)

3- Heiri Wessling, « Le partage de l'Afrique »,Denoel, 1996 pages (pages 159-164)

4-Louis SANGARE «  Les fondements d'un Etat confédéral en Afrique de l'Ouest » , édition Harmattan,1998 : 378 pages

5-Moussa DIAKITE « Le Défi de l'intégration économique en Afrique de l'Ouest », éditions Harmattan ,1998 : 281 pages (pages 81-88)

6-Sénégambie : Plaidoyer pour une histoire régionale, lecture présentée par Boubacar BARRY (Université Cheikh Anta Diop de Dakar) lors d'une rencontre organisée au Brésil par l'institut international de l'histoire sociale d'Amsterdam, en 2000, en collaboration avec le centre des étudiants Afro-asiatiques de Rio Janeiro : 86 pages ( pages 65-78) http://www.iisg.nl/

7-Compte rendu de la conférence organisée par le Club de Bruxelles avec le soutien de la Commission européenne, les 21 et 22 Novembre 1996 à Bruxelles

8-Rapport 2004 de la commission de l'EUMOA portant sur le fonctionnement et l'évolution de l'UEMOA : 43 pages

9-Rapport 2004 de la Commission économique des Nations -Unies pour l'Afrique, portant sur l'état de l'intégration en Afrique 

10- Le Programme d'action 2003-2005 du réseau international des organisations de bassin (RIOB) : 20 pages

11-Ethiopie : l'initiative du Bassin du Nil vise à la réduction des tensions , communiqué de presse du 21 mars 2006 , publié sur le web le 22 mars 2006 www.allAfrica.com

12-Rapport annuel 2003, de la commission de l'EUMOA sur l'évolution de cette dernière, présenté à la 8e conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UEMOA à Niamey 

13-Forum de l'eau de Kyoto : contribution à la session du RIOB «  les progrès réalisés dans la gestion intégrée des ressources en eau par bassin  » par M. Jean Michel Severino, directeur Général de l'Agence française du développement

14-Statuts du Réseau africain des organisations de basin, fait à Dakar le 10 juillet 2006 

15- Publication du centre de recherche pour le développement international : Les dimensions politiques de l'intégration régionale

16-Traité révisé de la CEDEAO

17-Note d'information N°2, de l'année 2004, du Centre africain pour la politique commerciale

18-Les réalisations de la cedeao www.ecowas.int/sitecedeao/français

19-Les modalités pratiques de la création de la zone monétaire cedeao www.uneca.org/aria

20-Publication du centre de recherche pour le développement international : les dimensions politiques et institutionnelles de l'intégration régionale

21 -Interview de Fantu CHERU, professeur d'études africaines et de développement à l'American University de Washington réalisée par « Afrique relance ONU » http://un.org/french/ecosocdev/geninf/afrec

22-Allocution de M Alassane Dramane OUATTARA, Directeur adjoint du FMI à la première conférence de la francophonie, Monaco, le 14 avril 1999

23-Pévenir les conflits et promouvoir la coopération et la gestion des fleuves transfrontaliers en Afrique de l'Ouest , par Madiodio NIASSE, Dr,coordonnateur régional, Zones humides en eau, Bureau régional pour l'Afrique de l'Ouest de l'Union mondiale pour la nature (Ouagadougou)

SITES INTERNET

http://www.afriqueweb.net/institutions/oua

http://www.africa-onweb.com/continent./index.html

http://www.mediaterre.org/afrique-ouest/redirect/76,5.html

http://www.afrika.com/article9620.html

http://un.org/french/ecosocdev/genef/afrec

http://sec.ecowas.int/sitecedeao/français

ANNEXES

1- Indice d'intégration régionale

2- Programme d'action du réseau africain des organisations de bassins






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