FACULTE DE PHILOSOPHIE
SAINT PIERRE CANISIUS
KIMWENZA
SEMINAIRE II :
DE LA LOGIQUE INTERNE DE LA TECHNOSCIENCE. :
Une perpétuelle menace contre la foi ?
Etudiant : Professeur
LUHATA Lokadi Pierre, sj MUTUNDA Mwembo Pierre
Année Académique : 2004 - 2005
0. Introduction
Tenir un discours sur la logique interne de la technoscience
c'est aller en profondeur, au fondement de cette réalité prise
comme un « tout » en vue d'y déceler les lois qui
président à son dynamisme interne. Il s'agit de faire un
exposé sur la procédure utilisée en science et en
technologie pour aboutir à la vérité.
Le mathématicien, physicien et astronome italien
Galilée est le premier scientifique à avoir déclaré
que « le monde est régi par des lois
mathématiques ». L'univers est quantifiable.
C'est-à-dire construit selon des lois et des règles
précises qu'on peut bien quantifier. Maddox dit qu sujet de
Galilée qu'il fut le premier à exploiter l'idiome moderne de la
science, à cet égard, il fut le premier scientifique1(*). Bacon dit que « la
nature est un livre ouvert ». L'introduction des mathématiques
dans la conception de l'univers a considérablement influencé les
recherches en sciences. Le souci d'exactitude et d'objectivité est
devenue dès lors, le critère spécifique de la connaissance
scientifique. De nos jours, on ne peut parler de science sans faire allusion
à une certaine rigueur et à une systématisation des
procédures suivies dans la quête de la vérité. La
raison est ainsi mise au premier plan de toutes investigations scientifiques.
La notion de la rationalité est centrale dans presque toutes les
sciences de la décision. Cette notion est essentiellement saisie de deux
manières : d'abord à travers l'idée toute formelle
d'une cohérence des choix ou des préférences
envisagées comme dispositions à agir, ce qui se traduit
mathématiquement par des transitivités ( a ? b ; b ?
c ; a ?c) ou d'absence de cycle. En second lieu, le choix rationnel est
saisi à travers la construction graduelle de modèles reposant sur
des hypothèses jugées convaincantes à propos de la
décision humaine, généralement dans un contexte de risque
ou d'incertitude.
La science et la technologie sont fondamentalement
marquées par la rationalité, c'est-à-dire la
capacité de rendre raisonnable leur démarche. Cette
rationalité construite sous le modèle mathématique est le
fruit du raisonnement de l'esprit humain qui cherche toujours à
construire la réalité selon ses lois propre en vue d'en
dégager un télos. La réalité se voit ainsi
réduit aux signes et symboles mathématiques. Comme le disait
Hilbert : « au commencement était le signe ».
La raison instrumentale s'en va à la conquête de l'univers.
Dans le souci d'objectivité et clarté, la
réalité est mise en époké. Il y a une
rupture, une séparation avec le monde visible. Le vrai monde c'est le
monde d'esprit. La notion de représentation mathématique joue une
place considérable dans la réduction de la réalité
aux signes et formules. Ainsi, avec la technoscience, la réalité
se trouve construite, planifiée, contrôlée,
réglée par la logique mathématique. Le monde devient pour
ainsi dire, un monde informatisé, robotisé, digital, se
présentant comme un ensemble d'appareillages objectifs commandés
selon les finalités pré-établies. Le résultat est
que tout se calcule, se planifie en vue d'atteindre avec exactitude des
solutions voulues. Adieu l'heure de l'après peu, du tâtonnement,
de la providence.
Dès lors, la question se pose, radicalement avec
acuité, quelle est la place de la foi dans cette vision du monde ?
La science peut-elle tout expliquer ?
L'intitulé de mon exposé peut paraître
très provocant pour certains. Au fait, en proposant ce titre, j'ai voulu
me questionner sur la question de savoir : « comment la
technoscience peut-elle conduire à la négation de la foi ?
Notre réflexion à la suite de Ladrière se veut avant tout
une compréhension du projet scientifique. Il s'agit de considérer
la « réalité
« technoscience » dans sa totalité, d'observer son
fonctionnement, de relever des constances qu'on pourrait dégager sous
forme d'une loi intérieure.
Pour se faire, notre réflexion s'articule autour de
trois principaux chapitres. Le premier chapitre est consacré au rapport
historique entre foi et raison. Dans cette première partie, il s'agira
de relever des points de rencontre significatifs entre la foi et la raison.
L'histoire s'étale de la Grèce antique jusqu'à nos jours.
Le deuxième chapitre constitue la matrice de notre démarche. Dans
ce chapitre, il sera question des caractéristiques de la technoscience.
Enfin, le troisième chapitre est une tentative de concilier la foi et
la raison. Il sera question d'explorer les profondeurs de l'âme humaine
pour y découvrir les causes internes de la tension entre ces deux
réalités.
Une brève conclusion mettra fin à notre
investigation.
I. Du rapport historique
entre foi et raison.
Loin d'être inconnue l'une de l'autre, la foi et la
raison sont des amies de longue date. Ensemble, elles ont traversé
l'histoire de l'humanité. Déjà dans l'antiquité
grecque et judéo-chrétienne, on note la rencontre entre ces deux
réalités. Le christianisme à ses débuts, se servit
de la raison philosophique pour fonder sa doctrine. Le platonisme a
constitué la base solide à partir de laquelle la religion est
entrée en dialogue avec le monde de la raison.
Certes, l'homme est un être métaphysique. Il est
marqué par ce désir de la transcendance. Un Absolu qui viendrait
rendre compte de ses fluctuations et sa contingence. L'homme est toujours dans
la poursuite d'un sens qu'il n'atteint toujours pas. Ce désir se trouve
à l'origine même des représentations du sacré, de
l'Absolu. Partout dans le monde, les hommes se sont représentés
des figures d'hommes et d'animaux pour expliquer l'origine de la vie. Les
mythes et les contes sont bien placés par confirmer notre thèse.
Cet effort de la quête de sens s'est manifesté d'une
manière exceptionnelle en Grèce antique. En effet, la
Grèce nous donne un exemple éloquent de la richesse de sa
mythologie. Ce récit fabuleux, le plus souvent non
réfléchie dans lequel des agents impersonnels, le plus souvent
les forces de la nature sont présentées sous forme d'êtres
personnels, dont les actions ou les aventures ont un sens symbolique, rend
compte du pourquoi des choses. Les mythes ont pour rôle de donner un
télos aux choses qui échappent à la raison. La
mythologie dans ce sens, sert à rendre compte des fluctuations qui
marquent la vie temporelle de l'être humain. Des questions au sujet de la
mort et de l'origine de la vie en sont des exemples convaincants.
L'avènement de la raison spéculative avec les
philosophes grecques, voulut mettre fin au règne de la mythologie, du
monde de l'imaginaire pour laisser la place à la raison. Il s'agissait
d'écarter les mythes parce que faisant partie de la doxa. A
propos de l'effort des philosophes grecques d'éradiquer les mythes dans
leur cosmologie, Jean Paul II l'exprime clairement en ces termes :
« L'un des efforts majeurs opérés par
les philosophes de la pensée classique fit, en effet, de purifier de ses
formes mythologiques la conception que les hommes se faisaient des Dieu. Comme
nous le savons, la religion grecque elle aussi, peu différente en cela
de la majeure partie des religions cosmiques, était polythéiste,
si bien qu'elle divinisait des choses et des phénomènes
naturels.2(*)
Avec l'aide des philosophes grecques, la vision du monde
change. C'est dans ce climat que l'évangile venu de la Palestine,
rencontre la raison spéculative. Cette rencontre a été
souvent difficile. Entre la foi et la raison, qui prime sur l'autre ?
Fallait-il soumettre la vérité révélée
à critique des philosophes ?
Dans ce sens Jean Paul affirme :
C'est sur cette base que les pères de l'Eglise
entreprirent un dialogue fécond avec les philosophes d'antiquité,
ouvrant la route à l'annonce et à la compréhension de Dieu
de Jésus Christ3(*).
Au moyen âge, avec la naissance des universités
en Europe, la foi et la raison se séparèrent. Il eut une
légitime distinction entre les deux savoirs. C'est le temps du doute, de
la remise en question de l'autorité de l'Eglise et de ses enseignements.
Seule la raison peut procurer le salut. C'est l'époque du positivisme.
La vision chrétienne du monde est bouleversée avec les
découvertes scientifiques. La révolution copernicienne en est un
exemple apologétique. C'est qui compte c'est le fait. Les croyances
n'ont plus de place.
Avec la raison, le monde est mis en époké. Le
souci d'objectivité impose à la science de douter de tout, sauf
de rien même de la foi. Cette rupture Jean Ladrière l'explique en
ces termes :
« Il faut qu'intervienne une rupture par rapport au
vécu, que soit pris en suspens le réseau constitué des
significations, le système traditionnel des évidences, pour que
puisse s'élaborer un savoir de type scientifique ».4(*)
Voulant ainsi se rendre autonome, la science et sa fille
aînée, la technologie sont devenues les seuls maîtres du
monde : « Point de salut en dehors de la science ».
C'est la technoscience qui donne le sens a notre existence. La vie humaine se
trouve réglementée, contrôlée et planifiée
par la raison instrumentale. La naissance des industries modifie
l'activité humaine. Les machines travaillent à la place de
l'homme. Avec l'industrialisation, la science va à la conquête de
l'univers. Désormais, plus rien n'échappe à son
contrôle. Malheureusement, comme l'affirme Jean Paul II :
« L'homme d'aujourd'hui semble toujours
menacé parce qu'il fabrique, c'est à dire par le résultat
du travail de ses mains, et plus encore du travail de son intelligence, des
tendances de sa volonté... »5(*)
L'être humaine se fait prisonnier de ses propres
inventions. L'homme devient objet de ses recherches. C'est le triomphe de la
science qui impose sa vision du monde comme la seule vraie.
La modernité c'est l'époque de
l'industrialisation. C'est le règne de l'individualisme et de la
bureaucratie. Ces derniers sont les malaises de la modernité. La raison
instrumentale devient le grand conquérant du monde. Et cela pour
conséquence, l'éthique est abandonnée au profit de la
logique d'efficacité et de compétitivité. Le monde moderne
est un monde impersonnel. Enveloppé dans cette vision du monde,
l'être humain perd tout horizon de sens, c'est le nihilisme, l'enfant
terrible de la modernité.
Malgré les différentes inventions et
découvertes scientifiques qui visent à rendre la vie humaine plus
agréable, l'homme se rend compte que ses problèmes existentiels
demeurent. La science en se développant crée aussi des nouveaux
problèmes qu'elle ne maîtrise pas. Néanmoins, il serait
ingrat de ne pas reconnaître les bienfaits de la science. Grâce
à elle, tous les coins du monde peuvent être atteints. La
médecine et les autres sciences humaines aident l'homme à
prolonger la vie et à la rendre plus agréable. La technologie
facilite l'homme certaines tâches difficiles à
réalisées avec les mains.
Telle est, d'une manière brève, le rapport qui a
existé entre la foi et la raison depuis l'antiquité
jusqu'à nos jours. A présent, essayons de comprendre le
phénomène « technoscience » dans sa
globalité pour relever les lois internes qui président à
son dynamisme marqué essentiellement par le progrès.
II. De la logique interne de
la technoscience.
II.1. Qu'est ce que nous
attendons par la « technoscience » ?
Nous attendons par la technoscience l'ensemble des pratiques
combinées de la science et la technologie. C'est l'ensemble des
techniques et des connaissances appropriées utilisées en vue
d'atteindre un but.
Hottois quant à lui pense que :
« les termes -technoscience- et -technoscientifique-
signalent à la fois l'enchevêtrement des deux pôles et la
prépondérance du pôle technique, ainsi sont-ils
appropriées pour désigner les activités scientifiques
contemporaines dans sa complexité et son
originalité »6(*).
La science et la technologie sont aujourd'hui liée
d'une manière forte qu'il est difficile de les distinguer. Ces deux
réalités sont soutenues par une même base, la raison. Elles
s'influencent mutuellement. Il y a une co-pénétration entre d'une
part, la théorie et d'autre part, la pratique. Il est difficile de
préciser qui vient avant l'autre. Gilbert Hottois dit que le couple
« théorie-technique » constitue une des grandes
articulations de la pensée occidentale. Comme pour les autres couples
philosophiques, un des deux termes est traditionnellement valorisé au
détriment de l'autre : le primat revient en l'occurrence à
la théorie. Cette dominance remonte fort haut. Déjà, la
pensée grecque méprisait la technique, le domaine pratique ;
elle plaçait au sommet la vie contemplative ou
théorétique7(*).
Toutefois, il est évident qu'une nouvelle
théorie scientifique provoque des nouvelles inventions technologiques.
De même, une nouvelle invention de la technique soulève des
modifications de la connaissance scientifique. Ladrière le dit
clairement en ces mots :
« Mais ce qui est significatif, c'est que, par ses
ressorts profonds, l'activité technologique contemporaine soit
liée à la pratique scientifique. Du reste, cette liaison est
d'autant visible que l'on a affaire à des formes plus avancées de
technologie ».8(*)
Dans la science comme dans la technologie, on a
constaté une réelle évolution très significative.
Si dans l'antiquité la science et la technologie étaient
marquée par un manque de connaissance sûre et précise.
Entraînant ainsi le manque d'efficacité de la réalisation
des instruments d'appoints, de nos jours, c'est le contraire qui se produit. La
technoscience est progrès, efficacité,
compétitivité et durabilité. Fonctionnant sous le
modèle des mathématiques, la science et la technologie
progressent toujours sans limité comme dans une suite
arithmétique. Avec la technoscience, nous allons de l'avant. Du simple
au complexe avec un niveau d'intégration extraordinaire.
Qui ne s'étonnerai pas devant les merveilles
accomplies par la technoscience ? L'avènement de l'intelligence
artificielle avec les ordinateurs, la maîtrise de l'énergie
atomique, la conquête de l'espace...
Les technosciences comme totalité possèdent
une structure interne qui change dans le temps. L'idée de structure
interne fait penser à certaines règles, lois internes qui aident
sa consistance. Voyons à présent les caractéristiques de
la technoscience.
II.2. La notion de la
représentation mathématique
La notion de la représentation mathématique
désigne la correspondance dans la réalité( mouvement d'un
corps, périodes d'une pendule, la symétrie, la
fréquence...) d'une entité formelle dont le comportement est
connu et maîtrise. Cette entité mathématique est construite
selon des procédures déterminées, toujours
décomposables en opérations élémentaires dont les
propriétés sont parfaitement claires9(*).
L'idée de recourir aux mathématiques pour
atteindre un degré de généralisation convenable,
résulte naturellement de la simple constatation qu'elles nous offrent un
langage le plus précis et le plus universel qu'aucune science n'aie
jamais parvenu à élaborer. Platon voyait dans les
mathématiques des êtres parfaits. En effet, ces corps sont non
sensibles donc, ides. C'est de la qu'elles tiennent leur perfection. Dans son
`discours de la « méthode » Descartes disait
que la certitude qui s'attache aux mathématiques de ce que les
énoncés qu'on pose d'abord ( prémisses) s'imposent
à l'esprit avec une telle clarté et une telle évidence
qu'il est impossible de douter de leur vérité, et que ceux qu'on
en tire( conclusions) sont si fortement lies aux premiers qu'aucune erreur
n'est concevable.
L'essentiel dans l'usage de la
représentation mathématique n'est nullement l'introduction
du calcul, c'est à dire la possibilité de déterminations
numériques, mais, la construction des concepts.
Néanmoins, il est illusoire de penser que les
mathématiques reflètent nécessairement le monde
réel. Disons plutôt que les mathématiques sont un moyen par
lequel des conclusions sont déduites d'énonces
hypothétiques, y compris les règles d'inférences et les
axiomes qu'Euclide définissait comme « ce qui va de
soi ».10(*) Il
est important de noter que la démarche des mathématiques n'est
pas seulement quantitative mais aussi qualitative.
La représentation mathématique aide les
scientifiques dans leurs expériences à créer des relations
de dépendance. En effet, l'expérience scientifique selon
Ladriere, est une procédure consistant à faire apparaître
un effet déterminé, détectable et analyse, dans des
circonstances qui ont été préparées selon un plan
précis et en fonction de certaines hypothèses relatives aux
effets possibles.11(*) On
fait apparaître une dépendance pour contrôler
l'expérience. Soit deux grandeurs A et B. Si on veut tester si B
dépend de A dans un système donne qui peut comporter
évidemment d'autres grandeurs, et si l'on désire préciser
la nature de la relation entre A et B, on s'arrange à faire varier A et
on observe quelles sont les valeurs prises par B pour chacune des valeurs
données à A. Ceci peut se résumer en cette formule :
f(A)= B.
Par ailleurs, l'observation en science a une place de choix.
On n'observe pas pour plaire aux yeux. Observer scientifiquement une
expérience, ce n'est pas enregistrer passivement ce qui se passe dans un
système, c'est monter un dispositif capable de fournir des informations
d'une espèce donnée, choisie au préalable en fonction du
type d'expérience. Dans une expérience scientifique ce qui est
important ce n'est pas d'enregistrer des données mais tout ce qui le
précède et tout ce qui le suit.
Avec le développement des technosciences, les
instruments viennent prolonger les sens de l'homme qui sont limites. Les
télescopes géants, les microscopes électroniques, le
compteur Geiger, le cardiogramme... tous ces instruments sont mis au point pour
fournir des informations que les sens de l'homme n'arrivent pas à
capter.
Toutefois, malgré leurs efficacités et le haut
degré d'objectivité, les appareillages objectifs connaissent
aussi certaines failles. Et cela entraîne des conséquences
néfastes dans les décisions à appliquer.
Comme disait Lavoisier, rien ne se perd, rien ne se
crée, tout se transforme ; la science et la technologie nous
presentent un dynamisme interne extraordinaire caracterise par la
transformation et la metamorphose de leurs produits. D'où vient ce
dynamisme ?
II.3. La notion
d'operationnalité.
La démarche technoscientifique est caracterisée
par la capacité d'opérer des actions. Les technosciences ont une
capacité d'élaborer, d'utiliser et de mettre à
l'épreuve des théories dans des procédures
expérimentales.
La démarche scientifique est faite d'acte ou
série d'actes supposant réflexion et la combinaison des moyens en
vue d'obtenir un résultat déterminé. En d'autres termes,
l'operationnalité fait penser à la caractéristique qu'a la
science et la technologie de créer de processus de nature
déterminé, qui, à partir d'éléments communs,
permet d'en engendrer un nouveau. Ces processus se montrent clairement dans les
opérations comme : l'addition, soustration, multiplication...)
L'opération dans la de marche scientifique a plusieurs
caractéristiques fondamentales :
a) Premièrement ce qui caractérise une
opération, c'est qu'elle est une action de
transformation12(*). Ex. : ? x2 dix. =
X3/3 + C
b) Deuxièmement, une opération est
toujours de nature formelle c'est à dire, que les
propriétés qui la définissent sont indenpendants de la
nature particulière des objets auxquels elle s'applique, c'est la forme
de l'action qui compte, non sa matérialité.
c) Troisièmement, l'opération est
thématisable c'est à dire, elle peut être
elle-même constitue en objet et être aussi éventuellement
subordonne sous une opération de niveau élevé. De ce fait,
l'opération est une entité objectivable qui, peut donc toujours
être soumise à d'autres opérations. Ex. : (p)
d) Une quatrième caractéristique de
l'opération est qu'elle est
généralisable. En effet, une opération peut
être représentée par une formule abstraite qui indique
comment elle produit son effet. En arithmétique, l'addition et la
multiplication ont une propriété remarquable, la
récursivité. Ex. : 4+ 3 = 1 +1+1+1+1+1+1
e) Une dernière caractéristique de
l'opération est qu'elle n'est jamais une entité isoler mais
s'inscrit dans un réseau
opératoire.13(*) Nous faisons allusion aux propriétés
formelles, c'est à dire, un groupe d'opérations données
qui ont en commun une certaine propriété commune(
la multiplication et l'addition sont récursives)
Bref, toutes ces caractéristiques confèrent aux
technosciences un dynamisme qui vise avant tout le progrès et
l'efficacité. Notons aussi que les projets technoscientifiques ne se
réalisent que suivent certain plan, modèle
déterminé pris comme référence.
II.4. La notion
de modèle
La science comme la technologie ne procède pas ex
nihilo. Il y a toujours un modèle, une voie déjà
tracée que le chercheur est dois suivre pour atteindre le but de ses
investigations. Un modèle est une représentation
simplifiée, souvent mathématique, de relations ou de fonctions
unissant les unités d'un système. De type descriptif, expositif
ou inductif, le modèle se présente comme le système
d'interactions reliant les éléments d'un ensemble. Il simule la
réalité, ou tout au moins les aspects de la réalité
correspondant à la pertinence du point de vue adopté.
La construction des modèles est désormais
devenue le credo de l'ensemble des disciplines scientifiques. A vrai dire, le
terme « modèle » peut recouvrir des
réalités bien différentes selon les disciplines et au sein
de la même discipline, selon le niveau plus ou moins abstrait auquel on
se situe. Il y a une grande variété de modèles. En effet,
un modèle peut se vouloir l'expression d'une théorie
générale ou, à l'autre extrême, la traduction d'un
simple phénomène local ou particulier. Le modèle est
parfois descriptif ou inductif, déterministe, probabiliste. Notons que
la notion mathématique de fonction, f(x), joue un rôle
incontournable.
Pour sa part, Ladrière pense que :
Un modèle est une construction abstraite qui
censée fournir une approximation schématique et idéaliste
du domaine concret dont on s'occupe et dont la structure est suffisamment
simple pour pouvoir être décrite au moyen des ressources
conceptuelles dont on dispose.14(*)
Le type paradigmatique d'un modèle c'est le
système. Ce dernier est le genre de modèle qui se prête le
mieux à une analyse en termes mathématiques. Au fait, un
système est une entité idéale qui possède
éventuellement une certaine structure interne, qui peut être
caractérisée par certaines propriétés bien
définies, en général variables au cours du temps, et qui
est susceptible de se trouver, à chaque instant, dans un état ou
principe entièrement analysable. En informatique par exemple, les
algorithmes jouent le rôle des modèles ayant pour but d'effectuer
certaines applications précises.
Etant donné qu'un système a toujours une
structure interne, on peut dès lors, la décomposer en sous
systèmes. Ainsi, on pourra contrôler son évolution dans le
temps. Un système n'est pas statique, il évolue dans le temps.
Pour être bref, la démarche scientifique et
technologique est commandée par le processus de la modélisation.
Certes, c'est par l'intermédiaire du modèle que la théorie
rejoint l'expérience, qu'elle suggère les interventions utiles
qui permettront éventuellement de soutenir ou d'éliminer telle ou
hypothèse, et par-là, faire progresser la connaissance.
II.5. De la croissance de la
connaissance scientifique.
Le phénomène
« technoscience » n'est pas statique. Il est
fondamentalement dynamisme, progrès. Ce dynamisme tient son origine du
caractère opératoire de la technoscience. La science et la
technologie ne sont pas passivité mais au contraire, activité. Il
s'agit précisément de d'action qui a pour finalité une
transformation. La science comme la technologie n'est pas statique. Au
contraire, elle est un processus non cumulatif presque comportant des moments
des remises en question des anciennes théories et pratiques. C'est
exactement ce que dit Karl Popper en ces termes :
On pourrait résumer ces considérations
ainsi : le critère de la scientificité d'une théorie
réside dans la possibilité de l'invalider, de la réfuter
ou encore de la tester.15(*)
Par ailleurs on pourrait aussi comprendre la croissance du
savoir scientifique en utilisant la notion de paradigme chez Kuhn ou
des noyaux durs chez Lakhatos. Finalement, Ladrière pense que
le problème central de la dynamique de la technoscience est celui de la
transformation des théories :
Ainsi, n'est-il pas surprenant que le problème central
de la dynamique(interne) de la science soit celui de la transformation des
théories. Le principe est simple : on transforme une théorie
en modifiant les hypothèses sur les quelles elle est fondée, et
l'on est contraint à une telle modification lorsque les
procédures de mise à l'épreuve entraînent rejet des
hypothèses préalablement admises.16(*)
Cette transformation ne s'effectue pas sans but. En
réalité, le dynamisme de la science vise l'optimisation. C'est
à dire, le principe consistant à imposer le remaniement d'un
système donné afin qu'il réponde aux conditions
d'adéquation, tout en respectant les contraintes internes, et cela de la
manière la plus économique, en termes de moyens conceptuels et
algorithmiques17(*).
Finalement, en regardant de plus près la logique
interne qui sous-tend le phénomène technoscientifique, on
constate qu'il y a une tendance au déterminisme. C'est à dire, la
construction d'un monde pré-défini, contrôlable et capable
d'être modifié à volonté. C'est ça l'ambition
de la technoscience : avoir un pouvoir d'action sur la
réalité. La science et la technologie nous conduisent suivant les
modèles qu'elles se sont élaborées sur nous. Que nous le
voulions ou pas, nous sommes déjà des objets des technosciences.
C'est ce que Ladrière note en ces termes :
Le second danger est la tendance à réduire
l'homme au statut d'objet. Comme les techniques ne sont pas seulement des
instruments de domination de la nature, mais aussi des instruments permettant
le conditionnement et la manipulation des êtres humains et des groupes
humains, on en vient comme tout naturellement à considérer
l'homme comme un fragment de la nature, comme un objet18(*).
C'est le lus grand danger que court le monde moderne. L'homme
s'est fait prendre au piège de son invention. Désormais, plus
rien n'échappe au contrôle de la raison.
Le cas le plus actuel dans la biogénétique c'est
la création « des bébés
médicaments » autrement baptisés « designer
babies ». Qu'attendons-nous par un « designer
babi » ? Concrètement, un « bébé
médicament » est conçu pour soigner un
aîné malade. Après une fécondation in vitro(FIV),
les médecins ont recours au diagnostic préimplantatoire(DPI) pour
sélectionner, parmi les embryons créés, les embryons
saints c'est-à-dire non porteurs de la maladie. Ensuite, les
médecins pratiquent une seconde sélection génétique
afin de ne conserver que les embryons compatibles avec l'aîné(e)
malade. Le premier bébé médicament est Adam Nash,
né de cette pratique conçue pour sauver sa soeur Molly en octobre
2000 au USA. Pour réaliser cette manipulation génétique,
il a fallu créer 15 embryons et n'en conserver qu'un seul. Ces embryons
sacrifiés ne sont-ils pas des hommes et des femmes
massacrés ? Quelle est la valeur de la personne humaine
prônée par les écritures saintes ?
Bref, le plus grand malaise de la modernité c'est la
perte de tout horizon de sens. Le monde est devenu impersonnel, régi par
des lois de la raison instrumentale.
Dès lors, comment tenter une conciliation entre de ces
réalités fondamentales de l'humanité, foi et raison?
III. Tentative d'une
conciliation de la foi et de la raison.
Plusieurs grands penseurs ont déjà
abordé cette problématique, celle de concilier la foi et la
raison. Déjà au moyen âge des penseurs chrétiens
comme saint Anselme de Cantorbéry et saint Thomas d'Aquin ont fait
preuve d'une intelligence extraordinaire. Dans l'époque contemporaine,
nous voyons la figure de Pierre Teilhard de Chardin qui introduit une nouvelle
christologie, basée essentiellement sur le Christ cosmique de la foi qui
correspond au point Oméga de la science.
Ma présente tentative s'inscrit dans la même
mouvance que les efforts fournis par les anciens. Ma principale thèse
est que la foi et la raison sont réalités constitutives de
l'homme. Chercher à les réconcilier, c'est en
réalité, chercher à réconcilier l'homme avec
lui-même. L'homme est un mélange du rationnel et de l'irrationnel.
C'est à dire que la personne humaine est forcément un monde de
raison et un monde de sentiment.
D'où, je pense que la résolution de cette
problématique ne réside pas à l'extérieur mais
à l'intérieur de l'homme. Le problème de foi et de raison
s'est toujours posé dans l'histoire humaine. Toutes les civilisations du
monde l'ont connu. C'est pourquoi, il faudrait peut être aller dans les
profondeurs de l'être humain pour saisir la source de cette tension.
Pour se faire, nous développerons deux points. Le
premier point présente deux visions différentes du monde, celle
de la science et celle de la foi. Le deuxième point est une exploration
de l'être humain.
III.2.Deux visions
différentes de la réalité
Ladrière qui est un fin connaisseur de cette
problématique dit que le problème des rapports entre la science
et la foi chrétienne semble pouvoir se poser à deux niveaux. Au
niveau des contenus et au niveau des attitudes fondamentales19(*). Si le monde chrétien
porte sur l'univers en général et sur l'homme en particulier, une
vison à partir de l'attitude fondamentale de la foi, la science au
contraire a une vision à partir de la raison.
Par ailleurs le système de représentation de la
science est tout à fait différente de celui de la foi. En effet,
si la science utilise une représentation mathématique c'est
à dire quantitative et qualitative, tandis que le système de
représentation du monde chrétien qui est une synthèse
théologique de l'interprétation de la nature. Ces deux visions du
monde sont toujours en opposition d'autant plus que chacune d'elle cherche
à justifier l'autre.
La mentalité techoscientifique comporte plusieurs
côtés positifs et négatifs.
Comme points positifs nous avons :
- Une possibilité plus grande de justice dans la
résolution des problèmes sociaux.
- Le développement de la personnalité
humaine,
- L'accroissement d'un pouvoir sur le monde extérieur
peut aussi conduire à un développement plus vigoureux de la
conscience de soi, et avec tout ce qui implique ( le narcissisme).
- Avec la modernité, des nouvelles formes de cultures
prennent naissance.
Par ailleurs, cette mentalité a aussi des
côtés négatifs qu'il faut combattre :
- La concentration du pouvoir et la décision
humaine.
- La réduction de l'homme au statut d'objet
- Le nihilisme des techniciens. Le danger de la raison
instrumentale.
- La disparition du sacré et la dévaluation du
symbole. La raison se sent le seul maître. En principe d'ailleurs, tout
est déjà transparent : « il n'y a rien que nous ne
puissions faire ou qui ne soit offert à notre prise de
conscience ».
Toutes ces conséquences, je pense qu'elles ont leur
origine dans l'homme. Ainsi, explorons pour pouvoir bien le connaître.
III. 2. Qu'est ce que
l'homme ?
Du point de vue pragmatique dit Kant, l'homme a un
caractère qui est moral ou physique. Il est moral dans le sens qu'il est
un être doué de liberté. C'est un être raisonnable.
Dans le second, l'homme est un être sensible c'est à dire un
être de nature. De ce fait, nous pouvons dire que l'homme se situe entre
le monde sensible et le monde intelligible. Le premier monde varie selon la
différence de sensibilité des divers spectateurs. Le
deuxième est un monde immatériel, donc transcendantal.
Le problème de Kant consistait à surmonter le
dualisme entre le moi et l'objet ou surmonter l'opposition entre rationalisme
et empirisme, et ramener pensée et expérience, intelligence et
intuition sensible à l'unité. La réponse de Kant à
cette question est qu'il n'existe ni une pensée pure sans
réception de quelques choses de sensible, ni expérience sans
pensée qui la comprend.
Dans la critique de la raison pure, Kant
établit les limites de la raison humaine. Ces sont les trois
Idées du Monde, du Moi et de Dieu. L'âme, Dieu et la
liberté sont trois données a priori qui constituent le
fondement rationnel de la religion. Cette dernière commence quand
l'homme quitte le rationnel pour pénétrer dans le mystère.
Ces trois idées sont nécessaires en ce sens qu'elles se
présentent à la conscience quelle que soit la diversité
des expériences ; objets d'une aperception immédiate, elles
se passent de toute démonstration. Elles constituent le fondement
rationnel de la croyance. C'est ainsi que Kant quitte la critique de la
raison pure pour la critique de la raison pratique. C'est dans
l'agir morale que l'homme atteint la réalité en soi,
l'Idéal. L'Idée hypostasiée, personnifiée. En
effet, l'agir moral tend vers le bonheur ou béatitude(
Glückseligkeit) que la raison ne peut procurer.
Dans ce sens, je pense que la
problématique de foi et raison peut être surmonter. Ces deux
réalités sont en réalité comme Jean Paul II le dit,
deux ailes qui nous aident à nous élever dans les cieux pour
contempler la vérité.
La foi sans la raison est vide. Et la raison sans la foi est
aveugle.
IV. Conclusion
Malgré le haut degré
d'opérationalité de la technoscience, cette dernière
n'atteint pas la vérité dernière quelle cherche depuis des
siècles. La vérité ultime qui se résume dans la
célèbre question anthropologique kantienne :
« qu'est-ce que l'homme » ? En vérité, la
science et la technologie n'épuisent pas toute la réalité.
Tout n'est pas rationnel comme le pensent plusieurs scientifiques. Le monde est
à la fois rationnel et irrationnel. D'où, un discours rationnel
ne suffit pas pour dire la réalité.
Si le naturalisme scientifique considère le monde comme
s'expliquant par des causes ; la religion au contraire implique le
sentiment du mystère de l'univers. Dans sont livre intitulé
« Le Sacré », Rudolf Otto s'efforce de montrer que
la conception scientifique du monde et celle de la religion, loin de s'exclure,
se complètent. Même soumis à des lois, le monde reste
mystérieux. Les mystères que présentent la nature d'une
part, et la vie humaine d'autre part, sollicitent l'esprit à
s'élever au-dessus du monde. Ainsi, dit-il : « A
côté et au-dessus de la conception scientifique, il y a donc la
place pour la conception religieuse.20(*)
V. Bibliographie
1. LADRIERE, Jean, Les enjeux de la rationalité. Le
défi de la science et de la technologie aux cultures,Paris, Aubier,
1977, 217 p.
2. LADRIERE, Jean, La science, le monde et la foi,
Paris, Casterman, 1979, 225 p.
3. LADRIERE, Jean, Les limitations internes des
formalismes, Paris, Jacques Gabay, 1957, 741 p.
4. LADRIERE, Jean, L'articulations du sens, discours
scientifique et parole de la foi, Paris, Aubier, Cerf, 1970, 245p.
5. LADRIERE, Jean, La notion de constructivité en
mathématique, Tome III, Gembloux, Duculot, 1956, pp. 82-97
6. LADRIERE, Jean, L' éthique dans l'univers
de la rationalité, Catalyses, Fides, 1997, 334p.
7. LADRIERE, Jean, Mathématiques et
formalismes, in extrait de la revue des questions scientifiques du
20octobre1955, pp.538-574.
7. HOTTOIS Gilbert, Le paradigme bioéthique, une
éthique pour la technoscience, Bruxelles, de Boeck, 1990,
216p.
8. HOTTOIS Gilbert (édi), Aux fondements d'une
éthique contemporaine, Paris, Vrin, 1993, 248p.
9. JEAN PAUL II, Foi et Raison, Paris, Cerf, 1998,
143p.
10. MADDOX John, Ce qu'il reste à
découvrir, Paris , Bayard, 2000, 481 p
11. OTTO Rudolf, Le Sacré, l'élément
non-rationnel dans l'idée du Divin et sa relation avec le
rationnel. Paris, Payot, 1949, 234p.
12. POPPER Karl, Conjectures et Réfutations,
La croissance du savoir scientifique. Paris, Payot, 1985, 601p.
VI. Table des
matières
0. Introduction
1
I. Du rapport historique entre foi et raison.
4
II. De la logique interne de la technoscience.
8
II.1. Qu'est ce que nous attendons par la
« technoscience » ?
8
II.2. La notion de la représentation
mathématique
9
II.3. La notion d'operationnalité.
12
II.4. La notion de modèle
14
II.5. De la croissance de la connaissance
scientifique.
15
III. Tentative d'une conciliation de la foi et de
la raison.
19
III.2.Deux visions différentes de la
réalité
19
III. 2. Qu'est ce que l'homme ?
21
IV. Conclusion
23
V. Bibliographie
24
VI. Table des matières
25
* 1 John Maddox, Ce qu'il
reste à découvrir, Paris, Bayard, 2000, p. 7
* 2 Jean Paul II, La foi et
la raison, Paris, Cerf, 1998, p.50
* 3 Ibid, p. 51.
* 4 Jean Ladrière,
les enjeux de la rationalité, Paris, Aubier, 1977, p. 17
* 5 Jean Paul II, Encyclique
Redemptor hominis (4 mars 1978), n°15 : AAS71(1979).
* 6 Gilbert Hottois, Le
paradigme bioéthique, une éthique pour la technoscience,
Bruxelles, de Boeck, 1990, p 29
* 7Ibid, p.13
* 8 Jean Ladrière,
les enjeux de la rationalité. P. 55
* 9 Ibid., p. 38
* 10 John Maddox,
Op.cit, p.367
* 11 Jean Ladriere, Les
enjeux de la rationalité, p.37
* 12 Ibid, p.39
* 13 Ibid., p. 45
* 14 Ibid., p. 42
* 15 Karl R. Popper,
Conjectures et Réfutations. La croissance du savoir
scientifique. Paris, Payot, 1985, p.85
* 16 Jean Ladrière,
les enjeux de la rationalité, p. 49.
* 17 Ibidem.
* 18 Jean Ladière,
La science, le monde et la foi. Paris, Casterman, 1979, p.91
* 19Ibid, p. 18
* 20 Rudolf Otto, Le
Sacré, l'élément non-rationnel dans l'idée du Divin
et sa relation avec le rationnel. Paris, Payot, 1949, p. 8