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Les conséquences négatives de l'adhésion de la Chine à  l'Organisation Mondiale du Commerce, sur le secteur textile au Maroc

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par Alexandra Smadja et Badr Laboizi
ESG Paris - Marketing & Commerce international 2006
  

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ESGCI

Paris Graduate School of Management

242, RUE DU FAUBOURG

ST ANTOINE

75012 PARIS 4ème année (MC2)

Tél. : 01 43 48 63 36 LABOIZI Badr

Fax : 01 43 70 65 36 SMADJA Alexandra

MEMOIRE DE FIN D'ETUDES

« Les conséquences négatives de l'adhésion de la Chine à l'Organisation Mondiale du Commerce, sur le secteur textile au Maroc. »

Maître de Mémoire : M. François Lafargue

Année : 2005 - 2006

SOMMAIRE

INTRODUCTION

I. Présentation générale

A. Le Maroc : Etat des lieux

1. Présentation de l'environnement.

2. Le secteur textile Marocain : Première ressource du pays

3. Les points fort et les points faible.

B. La Chine : Premier producteur et exportateur mondial de textile

1. Malgré quelques points faibles, la Chine conserve des atouts de premier plan

2. les Accords Multifibres

3. Une croissance accélérée par l'adhésion à l'OMC et Les Accords sur les textiles et les Vêtements (ATV)

II. Reconfiguration totale du secteur textile dans le Monde

A. L'attitude de la Chine face à ce changement majeur

1. Les principaux impacts en Asie

2. La restructuration du secteur textile Chinois

B. Les conséquences directes au Maroc

1. La chute des investissements dans le secteur textile

2. Une crise prévisible :

C. Perspectives et recommandations

1. Les solutions apportées par l'OMC

2. La reconversion du Maroc est-elle possible ?

CONCLUSION

INTRODUCTION

D'une manière générale, le secteur du textile et des vêtements est entré depuis le 1er janvier 2005 dans une nouvelle ère. C'est en effet à cette date, que le système des quotas a été aboli.

Celui-ci avait pour objectif principal de contenir les exportations de vêtements et de textiles d'un nombre important de pays producteurs vers les plus grands marchés du Monde, notamment les Etats-Unis et l'Union Européenne. Suite à une décision prise il y a dix ans dans le cadre de l'Uruguay Round (cycle de négociations commerciales mondiales menées de 1986 à 1994), plus aucun quotas n'existe entre les pays membres de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

Le secteur textile génère un commerce de plus de 395 milliards de dollars par an (plus de 7% du commerce mondial) et emploie plus de 40 millions de personnes dans le Monde, principalement dans les pays du Sud. Selon la grande majorité des études réalisées sur ce sujet, « il faut s'attendre à une restructuration importante dès la levée des quotas ».

Les grandes multinationales, qui jusqu'alors avaient pour habitude de s'approvisionner dans plusieurs dizaines de pays (situés pour la plupart dans des régions en développement), vont s'adapter, au fur et à mesure à cette nouvelle configuration. L'Association Américaine des Importateurs affirme que « de manière à rationaliser leur réseau de fournisseurs, la plupart des grands acheteurs ne prendront pas le risque de placer toutes leurs commandes dans un seul pays, mais entendent plutôt réduire ce nombre. » Celui-ci devrait donc passer de 50 à cinq ou six pays d'ici 2007.

Alors que ce changement brutal de stratégie va de toute évidence nuire à des pays comme le Bangladesh, la Turquie, l'Indonésie, le Maroc, le Mexique et d'autres, dont il faut signaler qu'une large part de leurs exportations dépend très fortement de ce secteur, il va toutefois très certainement profiter à la Chine.

En effet, devenue membre de l'OMC en 2001, la Chine est déjà dotée de nombreux atouts comme sa main d'oeuvre bon marché et ses faibles coûts de production, dus principalement à une absence totale de syndicats facilitant ainsi l'exploitation des travailleurs. De plus, ses économies d'échelles, ainsi que ses investissement récents dans le secteur textile n'ont eu de cesse de rendre ce pays très compétitif. La Banque Mondiale estime que 50% des exportations mondiales de vêtements viendront de Chine en 2010, alors que cette part n'est aujourd'hui que d'un quart.

A cela s'ajoute le fait que certaines questions primordiales restent à ce jour sans réponse : En effet, la Chine est-elle en train de s'octroyer un quasi-monopole mondial au détriment des pays les plus pauvres ? Faut-il réellement craindre de voir les productions chinoises supplanter ou même éliminer toutes les autres dans les magasins de vêtements du monde entier ? Enfin, existe-t-il des moyens fiables, pour les pays dépendants de ce secteur, de contourner la concurrence chinoise ?

Autant d'interrogations auxquelles nous essaierons de répondre à travers cette étude, en prenant pour exemple le Maroc, qui tire sa principale recette du secteur textile et habillement.

Nous aurions tout aussi bien pu parler d'autres pays où l'inquiétude quant à la fin du système des quotas, est de niveau similaire, comme le Mexique, le Honduras, le Népal, les Philippines, le Bangladesh, l'Indonésie ou encore le Vietnam. Celui-ci ne faisant toujours pas partie de l'OMC, il continue d'être limité par le système des quotas, et à, du fait de ses deux millions de travailleurs dans le secteur textile et confection, de nombreuses raisons de s'inquiéter.

Toujours est -il que du fait de ses importantes relations avec l'Europe et la France, notamment dans le secteur textile, le Maroc nous apparaît comme étant un sujet d'analyse significatif et représentatif de la situation de l'après 1er janvier 2005 pour bon nombre de pays dans le Monde. Le Maroc sera d'ici peu l'une des principales victimes de l'ouverture des quotas et de l'expansion terrifiante du secteur textile chinois.

Nous tenterons donc, tout au long de ce rapport, et après avoir dressé un état des lieux des secteurs textiles Marocains et Chinois, d'appréhender la métamorphose du secteur textile Chinois et ses conséquences directes sur ce pays en développement qu'est le Maroc. Enfin nous examinerons les différentes perspectives qui s'offrent à ce pays tant du point de vue du contournement de cette nouvelle concurrence chinoise mais aussi concernant ses possibilités de modernisation ou encore de reconversion.

I. Présentation générale

A. Le Maroc : Etat des lieux

1.Présentation de l'environnement :

Le Maroc est un pays qui compte une population d'un peu plus de 30 millions d'habitants (incluant les territoires du Sahara occidental).

De plus, même si on remarque une baisse de la démographie au Maroc depuis ces dernières années, la population marocaine reste une population jeune et majoritairement urbaine. En effet, 33% de cette population a moins de 15 ans, et, plus de 58% habite en ville.

Par ailleurs, il existe un grand contraste entre le niveau de vie dans les villes et celui dans les campagnes. En ville, tous les habitants ont accès à l'électricité, l'eau potable et à l'évacuation des eaux usées. Tandis qu'à la campagne, seulement 20% des habitants ont accès à l'électricité et 10% à l'eau potable.

Le PNB par habitant est de 1200$ avec une répartition également très inégale :

- 10% de la population la plus riche réalise 31% des richesses

- 10% de la population la plus pauvre réalise 2,6% des richesses.

Le chômage atteint 25% de la population (en majorité les jeunes). Le taux d'analphabétisme touche 38% de la population et 63,9% des femmes.

L'économie marocaine se caractérise surtout par une dépendance excessive au secteur agricole qui dépend lui-même de la clémence du climat.

De plus, ce secteur emploie 46% de la population et apporte 15% du PIB du pays. C'est pourquoi il est difficile de maintenir une croissance suffisante et soutenue dans le temps, pour créer des emplois et combattre la pauvreté.

La priorité du gouvernement est donc claire : développer un tissu industriel, même à partir de l'agriculture (agro-industrie) afin de contrebalancer le poids de ce secteur et de diversifier l'économie. Ce programme à débuté dès la mise en place, en 1983, du plan d'ajustement structurel.

1. Le secteur textile Marocain : Première ressource du pays

Le secteur du textile et de la confection est aujourd'hui l'un des secteur les plus important dans le commerce mondial de marchandises.

En 2001, les exportations du secteur textile-habillement ont atteint 342 000 millions d'Euros, c'est-à-dire presque 6% du total des exportations mondiales. L'importance du textile est de plus particulièrement accrue dans les pays en voie de développement.

Au Maroc, le secteur du textile et de la confection constitue l'un des piliers fondamentaux de la transformation industrielle. Avec 210 000 travailleurs en 2001, ce secteur est le premier employeur du pays (40% de la main d'oeuvre industrielle) et la production de ces quelques 1 814 entreprises a atteint, en 2001, les 3,4 millions d'Euros (dont 81% restent destinés à l'exportation).

De plus, le secteur est récemment passé à une organisation par filières (Chaîne et Trame ; Maille ; Jean & Sportwear ; Textile de Maison) dans un but stratégique qui témoigne de la volonté de mettre à profit les synergies du secteur. (Tableau 1).

Tableau 1 : Répartition par filières

Année 2000

MAILLE

CHAÎNE ET TRAME

JEAN & SPORTWEAR

TEXTILE DE MAISON

Nombre d'unités

27%

32%

32%

9%

Effectifs

22%

41%

31%

6%

Production

27%

36%

29%

8%

Export

24%

38%

32%

6%

Investissements

29%

12%

51%

8%

Source : Ministère du Commerce et de l'Industrie

L'offre marocaine :

En 2002, le secteur du textile et de la confection disposait d'environ 1600 entreprises, et d'après l'association AMITH (Association Marocaine du Textile et de l'Habillement) il y avait plus de 1814 unités. Il s'agissait à 85% de Petites et Moyennes Entreprises.

De ces entreprises, un peu plus de 50% sont destinées à la confection ; 27% à la fabrication de mailles et les 30% restants se répartissent entre les activités de la branche « textile de base » (filage, tissus, teinture, finissage et impression). Donc, l'industrie textile marocaine est principalement constituée par la confection d'articles d'habillement et la fabrication de mailles.

La production du secteur textile-habillement en 2001 a atteint les 2,8 milliards d'euros, soit une augmentation de presque 17% par rapport à l'année 1999.

De ce volume, les trois quarts correspondent à la branche « textile de base » et le reste à la confection de l'habillement et de la maille (Tableau 2).

De plus, la valeur ajoutée de cette activité en 1999, a rapporté 9 048 millions de dirhams (904,8 millions d'euros), soit une amélioration de 35% par rapport à l'année 1993 (Tableau 3).

Enfin, en ce qui concerne la productivité de la main d'oeuvre, il est évident que celle-ci est liée à son niveau de formation. Le Maroc est dans ce sens quelque peu handicapé, mais la situation semble s'améliorer légèrement, notamment dans le cas des 15-24 ans.

A cela s'ajoute le fait que la formation de techniciens et d'ingénieurs hautement qualifiés pose moins de problème au Maroc qui, à l'instar de la Tunisie ou de la Turquie, a investi dans des centres spécialisés pour ce genre de formation dans l'industrie textile.

Tableau 2 : Les principaux produits du secteur textile et confection

Textile de base

Confection et genre de mailles

Tissu de coton

22%

Pantalons, shorts et bermudas

29%

Filage de coton

15%

Lingerie et corsets

16%

Fil synthétique et artificiel

10%

Chemises

15%

Teinture et finissage

9%

T-shirts, sweat-shirts

10%

Tissu d'ameublement

9%

Jupes et robes

8%

Filage de laine

5%

Manteaux et vestes

8%

Imprimés

4%

Pulls

7%

Tapis et moquettes

4%

Lingerie

5%

Passementerie et corderie

3%

Pyjamas

2%

Tableau 3 : Production et valeur ajoutée du secteur textile et confection

 

1993

 

1995

 

1997

 

1999

 
 

Prod

V A

Prod

VA

Prod

VA

Prod

VA

Textile de base

9 672

2 964

8 892

3 272

9 828

3 120

9 048

3 432

Confection et genre de maille

10 296

3 744

12 168

4 524

14 040

5 460

15 132

5 616

Total

19 968

6 744

21 060

7 800

23 868

8 580

24 180

9 048

Source : AMITH

Néanmoins, il faut tenir compte de l'existence de certaines unités de production informelles, c'est-à-dire employant un personnel non-déclaré. Malheureusement, nous ne disposons que de très peu de données.

Ainsi, dans le secteur du textile et de la confection, 22,67% des unités déclarées à la CNSS (soit 665 sur un total de 2927) n'ont signalé aucun salarié en 2001 ; et, 31,33% de ces mêmes entreprises ont employé seulement entre 1 et 5 personnes.

En fait, seulement 0,98% (environ 28 unités) avaient un effectif compris entre 500 et 1000 personnes.

Ces indicateurs donnent une idée de la situation de l'emploi au Maroc, mais ne reflètent pas complètement la réalité dans sa diversité et sa complexité. En effet, ce secteur regroupe des caractéristiques qui lui sont propres, comme la prédominance du travail à façon, ou la forte dépendance à la saisonnalité, etc....Autant d'éléments que l'on ne retrouve que très peu ou même pas du tout dans d'autres parties du Monde.

La destination de la production :

L'AMITH chiffre le nombre d'entreprises exportatrices à 1260 : ceci représente presque 70% du total des unités. Quant au volume des exportations marocaines, (Tableau 4) nous constatons une croissance plus qu'importante en 2000, avec un chiffre atteignant les 28 006 millions de dirhams, dont 34,2% correspondent aux produits de textiles et de bonneterie.

Tableau 4 : L'évolution des exportations marocaines entre 1993 et 2000 (en millions de dirhams)

 

1993

1995

1997

1999

2000

Total des exportations

17 628

20 904

24 960

27 300

28 006

Les entreprises du « textile de base » (fils, tissus, teintures, finissage et impression) exportent approximativement le tiers de la production totale, et réalisent environ 4,5% des ventes à l'extérieur de l'industrie marocaine. Seulement 4,5%, dans le sens où, ces entreprises s'occupent principalement des besoins de l'industrie locale.

Par ailleurs, les entreprises de confection et de mailles destinent leur production exclusivement à l'exportation, soit environ 34,5% des exportations totales de l'industrie marocaine. Dans la majorité des cas seule une petite partie de ces entreprises travaille pour couvrir la demande locale, cela se fait en général sous des marques propres qui n'ont aucune répercussion à l'étranger.

C'est en 1976 qu'un Accord de préférence à été signé entre le Maroc et la Communauté Européenne de manière a éliminer complètement les droits de douane concernant l'entrée des produits fabriqués au Maroc, ceci, en établissant des contingents pour quelques produits dits « sensibles ». Mais ces limitations ont été supprimées en 1994.

Cet accord a eu une influence décisive pour l'industrie marocaine et surtout pour le secteur du textile et de la confection, ainsi que pour son adaptation à un profil profondément exportateur et tourné vers l'extérieur.

· Les principaux produits exportés par le Maroc sont :

- les produits de confections : vêtements de sport et de ville pour homme, femme et enfant (pantalons, chemises, t-shirt...)

- les articles en maille : lingerie, sous-vêtements, pulls, vêtements de sport...

- les tissus et la lingerie d'ameublement : draps, nappes...

· Les marchés de l'exportation marocaine sont :

- l'Union Européenne,

- les Etats-Unis,

- le Canada,

- les pays africains

- le Moyen Orient.

· Les principaux pays destinés à l'exportation des produits marocains sont :

- la France : 41%,

- la Grande Bretagne : 20%,

- l'Espagne : 17%,

- l'Allemagne : 8%,

- le Benelux : 3%,

- l'Italie : 4%.

Actuellement le Maroc se situe à la 6ème place en tant que fournisseur de produits textiles à l'Union Européenne, avec 4% du total des importations, et est le premier fournisseur d'articles de confection pour la France (Tableaux 5 et 6).

Tableau 5 : La participation du Maroc à l'importation (textile et confection) de l'Union Européenne

PAYS

% à l'importation de l'UE

Chine

11,7

Turquie

11,5

Inde

5,8

Hong-Kong

5

Tunisie

4,4

Maroc

4

Pologne

3,9

Indonésie

3,7

Roumanie

3,7

EU

3,3

Tableau 6 : La destination des exportations textiles marocaines (2000)

 

France

Espagne

G-B

Allemagne

Italie

UEBL

Arabie saoudite

Confection

36,9%

14,9%

23,9%

7,8%

-

3,4%

-

Bonneterie

45,1%

9,5%

24,8%

10,6%

1,2%

1,2%

-

Textile de Base

33,7%

28,2%

4,7%

3%

-

-

13,4%

La localisation de l'industrie :

Même si les entreprises de textile et de confection sont présentes sur presque tout le territoire marocain, environ 81% de celles-ci, se situent dans les régions de Casablanca (59%), Tanger-Tetouan (16%) et Rabat-Salé (6%). (Tableau 7).

L'ensemble de ces entreprises réalise environ 75% de la production et des exportations du secteur.

Tableau 7

REGION

PRODUCTION %

EXPORTATION %

N°D'UNITES %

EMPLOYES %

INVESTISSEMENT %

Casablanca

54

50

59

53

30

Tanger-Tetouan

11

12

16

17

15

Rabat-Salé

10

13

6

12

12

Fés-Taza Meknés

11

12

13

12

12

Marrakech

2

2

3

3

3

Autres

12

11

3

3

28

La dynamique régionale : (Tableau 8)

Le secteur textile et de la confection relève d'une grande importance dans l'activité industrielle des différentes régions marocaines ; À noter le cas de la Région Nord (Tanger-Tetouan) où ce secteur emploie à lui seul, 61% de la population active.

Tableau 8

REGIONS

NB d'unités en %

Effectifs en %

Production en %

Export en %

Casablanca

36

45

16

50

Tanger-Tetouan

45

61

18

51

Rabat-Salé

20

58

26

65

Fés-Taza Meknés

21

55

20

70

Marrakech

16

25

8

31

La demande marocaine :

· Confection et maille :

Autant que pour l'offre disponible, la production marocaine des articles de confection et de mailles reste principalement destinée à l'exportation. La demande locale est couverte par l'industrie domestique. Et, même si nous ne disposons pas de chiffres, la consommation interne est résiduelle par rapport au total des ventes du secteur.

· Matériaux textiles (« textile de base ») :

Le Maroc ne dispose pas de matières premières en grande quantité comme la laine ou le coton. De ce fait, le pays se voit dans l'obligation de les faire importer de l'étranger. Néanmoins, le Maroc tente de mettre en place un programme efficace dans le but de produire de manière autonome une quantité massive de coton.

La demande de matériaux textiles des entreprises marocaines ainsi que celle d'articles de mailles et de confection, est partiellement satisfaite par la branche « textile de base » locale ; elle-même productrice fondamentale de fils et de tissus en coton (tissus synthétiques, artificiels et tissus pour l'ameublement).

Les importations de tissus en général représentent une part conséquente dans la balance commerciale marocaine : en valeur, ce sont les tissus de fibres synthétiques et artificiels qui se trouvent au premier plan (90% en régime d'admission temporaire), suivis des tissus de coton (presque 70% en régime d'admission temporaire), les tissus de laine, poils et crins (90% de régime d'admission temporaire), enfin, le velours (70% en régime d'admission temporaire). (Tableau 9)

Nous pouvons signaler également le pourcentage élevé des importations en régime temporaire ce qui explique clairement le poids de la sous-traitance dans l'industrie de la confection textile marocaine.

Tableau 9

 

En provenance de l'U.E.

U.E. + reste du monde

Admission temporaire

Produits

2000

2000

 

Poids

Valeur

Poids

Valeur

%AT

1000T

Millions DHS

1000T

Millions DHS

%

Tissus de fibres synthétiques et artificielles

29.5

3 335.8

39.3

4 069.9

90.8

Tissus de coton

42.5

4 285.6

54.9

4 828.6

68.4

Tissus de laine, poil et crin

3.3

653.4

3.4

680.3

93.3

Velours

2.2

246.6

2.7

277.3

71.3

En ce qui concerne l'importation de fils, mais également de fibres synthétiques et artificielles, ceux-ci occupent la première place et sont suivis par le coton puis par les fils de laine (Tableau 10).

Tableau 10

 

En provenance de l'UE

UE + reste du monde

Produits

Valeur en DHS Année 2000

Poids en KG

Valeur en DHS Année 2000

Poids en Kg

Fils de fibres synthétiques et artificielles pour tissage

619 275 691

15 416 543

847 361 691

27 870 835

Fils de coton pour tissage

152 941 514

4 006 828

324 677 555

9 439 103

Fils de laine

32 675 096

351 460

37 976 590

395 520

Ces importations proviennent de l'Union Européenne avec les proportions suivantes :

- 70 % dans le cas des fils de fibres synthétiques,

- de 30 à 40 % pour les fils de coton,

- 100% en ce qui concerne les fils de laine.

De forme plus concrète, les principaux produits importés par le Maroc sont les suivants :

Tissus finis pour la confection

Tissus de fantaisie

Accessoires pour vêtements

Fils métalliques, d'acétate, de rayon, de soie...etc.

L'Espagne est le premier fournisseur du Maroc dans le domaine du textile-confection, avant la France, l'Italie, L'Allemagne et la Grande Bretagne. Les achats du Maroc envers l'Espagne représentent un 15 % des importations totales dans le secteur du textile-confection et les 80 % de ces achats sont intégrés par les matériaux suivants :

Matière première textile

Fils

Tissus de mailles

Les investissements étrangers et la coopération des entreprises :

· Cadre général :

Depuis 1983, un programme de réforme visant à asseoir l'économie sur des bases libérales a été mis en place. Il s'appuie sur la promulgation d'un ensemble de mesures d'encouragement à l'investissement privé, national ou étranger, et opte pour la liberté d'entreprendre.

Ceci, de manière à ce que les investisseurs étrangers, résidents ou non résidents, puissent investir librement dans tous les secteurs d'activités et détenir ainsi la totalité du capital social d'une entreprise.

· Avantages fiscaux :

- Droit d'enregistrement

Exonération pour les actes d'acquisition de terrain destiné à la réalisation d'un projet d'investissement.

- Droits de douane

Ils concernent l'importation de biens d'équipement, matériels, outillages, pièces détachées et accessoires, considérés comme nécessaires à la promotion et au développement de l'investissement.

Le droit d'importation se situe entre 2,5% et 10% (tout dépend du lieu de fabrication du produit).

- Taxes sur la valeur ajoutée

Exonération ou remboursement pour les biens d'équipement, matériels et outillages acquis localement ou importés.

- Impôts des patentes

Exonération pendant les 5 premières années d'exploitation, pour une personne physique ou morale, exerçant une activité professionnelle ou commerciale.

- Taxe urbaine

Exonération pendant 5 ans pour les nouvelles constructions, les additions de construction ainsi que pour les machines et appareils faisant partie intégrante des établissements de production.

- Impôt sur les sociétés et impôt général sur le revenu

Les entreprises exportatrices bénéficient de l'exonération totale de l'impôt sur les sociétés ou l'impôt général sur le revenu pendant 5ans. Ceci, uniquement pour le montant de leur chiffre d'affaires réalisé à l'exportation. Au-delà de cette période, ces deux impôts seront réduits de 50%.

Actuellement, 25% des entreprises du secteur textile-habillement établies au Maroc ont un capital totalement ou partiellement étranger. En général, ces entreprises travaillent en majorité pour elles-mêmes, et se consacrent à la fabrication d'articles de vêtements et de mailles confectionnés. Ceci, à la différence des unités marocaines qui travaillent pour des clients souvent occidentaux et aussi en grande partie pour des entreprises de grande distribution.

La délocalisation des entreprises au Maroc :

Le mouvement de délocalisation des entreprises du secteur textile-habillement au Maroc, vient principalement d'Europe, mais également des Etats-Unis dès les années 1980. Nous pouvons d'ailleurs citer comme exemples, plusieurs groupes internationaux connus, ayant des unités au Maroc: Courtaulds, Triumph, Jordache, Zara Lee ou encore Fruit of the Lum, Lacoste, Burberry's, El Corte Inglés, Diesel, Liberto, Carrefour.

L'Espagne, comme l'Italie et le Portugal se sont également incorporés à cette tendance, mais, avec un certain décalage par rapport aux pays du nord de l'Europe.

En effet, la procédure d'implantation des entreprises du secteur textile-habillement espagnol, ne commencera qu'à partir des années 1990 et actuellement on estime qu'il n'y a qu'une cinquantaine d'unités espagnoles sur le sol marocain.

D'après l'AMITH, ces entreprises réalisent 6% du total des ventes du secteur et elles représentent 5% des investissements et exportations de textile au Maroc. La plupart appartiennent aux branches de la confection et des articles de maille, mais on peut aussi mentionner des entreprises au capital social exclusivement espagnol qui opèrent dans la branche « textile de base », comme par exemple :

- PANTCO : entreprise implantée à Casablanca, spécialisée en confection de tenues de ville.

- IBERMODE : entreprise espagnole implantée à Tanger qui fabrique des genres de mailles.

- CONFECCIONES AN-YO : entreprise implantée à Tanger, spécialisée en prêt-à-porter pour femmes.

- BRAVO TEXTILLES : entreprise implantée à Tanger, spécialisée en confection de prêt-à-porter et tissus d'ameublement.

- SELTAVEX : entreprise installée à Settat, spécialisée en production de « demin »

Quand on parle de la présence étrangère dans le secteur textile-habillement marocain on ne peut pas se limiter aux unités de productions à capitaux étrangers. En effet, on ne peut négliger le poids de la sous-traitance de marques internationales, surtout que celle-ci se fait en majorité pour des chaînes de grande distribution ; mais, on trouve aussi des marques qui correspondent à des produits de haute et moyenne gamme.

Ainsi, il se fabrique au Maroc des articles pour de très grands noms de la mode : Daniel Hechter, Chevignon, Pierre Cardin...

Cette relation de sous-traitance entre les entreprises marocaines et leurs clients étrangers peut se faire de trois manières différentes :

1. Le travail dit « à main » : c'est le client étranger qui fournit en tissus l'atelier marocain de manière à concevoir le produit.

2. La sous-traitance : les ateliers s'approvisionnent eux-mêmes en tissus tout en recevant les « patrons » par leurs clients.

3. La pleine production : l'atelier s'occupe de toutes étapes du processus de production (approvisionnement tissus, coupe et confection), jusqu'à la pose de la marque du client sur le produit fini. Cette dernière possibilité de sous-traitance n'est pratiquée que par une infime partie des unités marocaines de production.

Les opportunités d'investissement :

Les opportunités d'investissement au Maroc dans le secteur textile-habillement peuvent s'envisager de deux façons :

- Tout d'abord, la possibilité pour une entreprise de ne s'occuper que des demandes en matériel de textile, mais aussi de l'approvisionnement de celui-ci, à destination de l'industrie locale : fils, tissus, accessoires de confection, emballages, etc....

- Ensuite, la possibilité pour ces entreprises d'utiliser le Maroc comme plateforme de production, tout en profitant de prix beaucoup plus compétitifs. Ceci, à travers une unité de confection ou tout simplement, à travers des entreprises de sous-traitance locale.

Enfin il nous faut signaler que le secteur textile-habillement marocain a connu une période difficile notamment lors de l'exercice 1999/2000 ; en effet plusieurs facteurs internes et externes doivent être pris en compte quant il s'agit d'appuyer l'investissement :

- L'appréciation de la monnaie nationale (Dirham)

- L'augmentation du salaire minimum (environ 10%)

- Les coûts élevés de l'électricité

- La compétitivité des autres pays de la méditerranée (Tunisie, Turquie...) ainsi que celle du Sud-est asiatique.

Cepandant, l'administration marocaine est consciente de l'importance de l'appui à un secteur clef d'une part pour la main d'oeuvre qu'il embauche et d'autre part à la contribution des exportations. C'est pour cela que diverses mesures ont été prises pour pallier à ces difficultés :

- dévaluation du dirham de 5% en avril 2001.

- Réduction de 50% des cotisations sociales por les entreprises exportatrice en 2000.

- Instauration en aout 2000 du régime de « drawback » : remboursement des taxes payées pour l'éléctricité.(l'énérgie éléctrique représente environ 25% du coût du produit.

- Réduction de 17% du coût moyen de l'éléctricité en 2000 pour 3 ans (notons que cet engagement n'a été restpecter qu'une année seulement.

- Financement d'une partie des projets à travers les fonds HassanII pour le développement économique et social des branches de textile de base.

- 50% du financement du terrain avec une limitation de 250dhs/metre carré.

- 30% du financement de la construction avec une limitation à 1500dhs/mettre carré

- 100% du coût du terrain, avec une limitation maximum de 250dhs/metre carré, si l'aide demandée est seulement le terrain.

Toutes ces aides sont demander au département de l'industrie au Ministère du Commerce, de l'Industrie et de l'Enérgie.

4. Les points fort et les point faible :

Les points faibles :

Ø Une faible production des matières premières

Ø Le poids de la sous traitance.

Ø Manque d'intégration du secteur.

Ø Coût de transport élevé.

Ø Coût d'énérgie élevé.

Ø Faible pouvoir d'achat du marché local.

Ø Poids de la sous traitance.

Points fort :

Ø Proximité géographique et culturel des marchés européens.

Ø Identité culturel forte basé sur une culture commune avec les pays du bassins méditéranéen.

Ø Bonne connaissance du marché européen et de ses normes.

Ø Bonne connaissance des marchés Arabes et Africains.

Ø Grande capacité de production.

Ø Production diversifié.

Ø Bonne réactivité face aux nouveaux comportement de la grande distribution.

Ø Volonté politique pour développer ce secteur.

Ø Associassion représentative, organisé et active AMITH (Association Marocaine Industrielle de Textile et de l'Habillement).

Ø Une législation favorable à l'investissement étranger.

Ø Implantation facile et encourager des entreprise étrangère.

Ø Des procédure douanière simple et rapide.

Ø Infrastructure de base performante.

Ø Moyen de transport moderne, développer et adapter aux transport international.

Ø Formation adapté et aux nécessités des entreprises.

Ø Savoir faire reconnue.

Ø Formation financer à hauteur de 80% par l'Etat.

Ø Fonds Hassan II pour le développement qui finance les aides.

Ø Main d'oeuvre expérimenté et récéptive aux nouvelles technologies.

Ø Supression des droits de douanes des produits marocains à l'entré de l'Union Européenne.

Ø Accord de libre échange signé en 2004 avec les Etats-Unis.

Ø Possibilité d'utiliser le Maroc comme une plate-forme pour exporter dans différents pays Arabe, Africains du fait des accords signés. Membre de l'Uma (Union du Maghreb Arabe) (notons que cette union n'est pas très active).

Ø Exonération fiscal de l'impot sur les sociétés lmes 5 prmières annés et de 50% après ces 5 ans.

Ø Coût de la main d'oeuvre compétitif.

Ø Stabilité politique.

Ø Paix social.

B. La Chine : Premier producteur et exportateur Mondial de textile

1.Malgré quelques points faibles, la Chine conserve des atouts de premier plan

D'après un rapport de l'OMC, publié durant l'été 2004, « la part de la Chine dans les importations de vêtements devrait passer à 50% aux Etats-Unis après la fin des quotas (pour 16% en 2002), et 29% en Europe (pour 20% en 2002). »

Le seul exemple des Etats-Unis (et de l'Union Européenne, où la même tendance à été constatée), est significatif de la force chinoise dans le secteur textile. En effet, concernant les produits déjà libéralisés avant le 1er janvier 2005, les exportations de la Chine ont augmentées de 10 à 20 fois, occupant ainsi entre 40 et 60% de parts de marché selon les produits.

Les deux exemples suivants semblent représentatifs de la situation : pour les sous-vêtements, les importations en provenance de Chine sont passées de 16% du marché de l'Union Européenne en 2001 à 42% en 2003 ; Aux Etats-Unis, les importations de vêtements pour bébés de la Chine ont plus que triplé en 2002.

Fort d'une population de plus d'un milliard d'habitants lui permettant de bénéficier d'un réservoir de main d'oeuvre illimité et de bas salaires, le pays a ainsi l'opportunité de défier toutes les concurrences. La Chine est également le premier employeur mondial avec 15 millions de travailleurs dans la filière

Par ailleurs, les entreprises qui s'approvisionnent en Chine se heurtent à quelques imperfections. (graphique 1)

Celles-ci sont politiques : en effet, le pays reste principalement marqué par la corruption, et les principaux pays importateurs comptent mettre en place, pour pallier au mécanisme irréversible de la fin des quotas, une sorte de riposte pouvant affecter la croissance chinoise ;

Elles sont aussi techniques : les grandes zones industrielles sont parfois sujettes à de lourdes pannes d'eau et d'électricité, retardant ainsi les productions des usines ;

Ou encore sociales et salariales : malgré les dizaines de millions de chinois en situation de sous-emploi, des régions comme Shanghai ou le delta de la rivière Perle peinent à trouver de nouveaux travailleurs notamment dans le secteur textile. Cette difficulté est expliquée par la faiblesse des salaires souvent payés avec des mois de retard, les conditions de travail désastreuses, et l'amélioration toutefois légère des revenus des paysans. Ceux-ci, au lieu de se transformer en ouvriers d'usines à vêtements, continuent donc l'exploitation agricole des terres. Ainsi il nous faut noter que la Chine se trouve à l'avant dernier rang mondial concernant le salaire/horaire dans l'industrie de la filature et du tissage. (graphique 2)

Le ministère chinois du Travail et de la Sécurité Sociale pourrait donc finalement obliger les sociétés chinoises à augmenter sensiblement les salaires et améliorer les conditions de travail dans ces usines, de manière à relancer l'affluence des travailleurs venus de la campagne.

Néanmoins, ces augmentations seront de toute évidence freinées, voire même inexistantes de par l'absence de syndicats libres, aptes à revendiquer une hausse des salaires significative.

Graphique 1 : les obstacles à l'implantation des entreprises en Chine

Graphique 2 : comparaison mondiale du coût du travail dans l'industrie de la filature et du tissage (en dollars par heure)

De toute évidence, la Chine apparaît comme étant le « grand bénéficiaire » de l'après 2005, et l'avantage compétitif du pays, découlant principalement des violations des droits des travailleurs, est un moyen évident de capter les investissements des grandes multinationales dans le secteur textile-habillement.

En fait, et malgré ces quelques points faibles, les grands acheteurs restent attirés par l'élément décisif qu'est le prix dans le processus de production, ainsi que par d'autres critères que la Chine maîtrise de mieux en mieux : les délais de livraison, la qualité de production, les tarifs douaniers, le taux de change, le niveau de la corruption, les infrastructures de transport, l'état des communications et l`efficacité de l'administration.

Il nous faut ajouter que la Chine se démarque surtout par sa présence et sa diversité industrielle dans le secteur avec une maîtrise de l'ensemble de la chaîne de production. Elle produit elle-même la matière première et a ses propres ateliers de confection : elle balaie ainsi l'ensemble de la chaîne de production.

Elle a, de plus, su anticiper le démantèlement de l'Accord Multifibres en augmentant sa capacité de production. Elle dispose également d'ingénieurs performants et ainsi elle pourrait presque rivaliser avec les pays développés qui « ont été forcés » de se réfugier dans le haut de gamme.

En fait, et de manière à maintenir des prix attractifs et donc les plus bas possibles, les chinois ont recours à une « stratégie d'intégration des industries du coton, du textile et du vêtement ». En d'autres termes, les exportateurs chinois ne consentent à importer qu'une très faible partie des matières premières nécessaires à la fabrication des vêtements.

Toutefois, la Chine n'aura pas attendu la levée des quotas pour être performante dans la plupart de ces critères, et les grands importateurs en sont conscients : ceux-ci sont loin d'être avares de compliments lorsqu'il s'agit de la fiabilité de leurs fournisseurs, de leur attitude dite « pro-business », ou de leur grande facilité à comprendre les attentes et les besoins du client.

Le récent développement du secteur textile, à destination des marchés occidentaux (moins de 10 ans), permet à ces fournisseurs de disposer d'usines équipées de machines modernes. La Chine bénéficie également du rayonnement financier mondial et des possibilités qui l'accompagne, de certains centres d'affaires, comme Hong-Kong.

Enfin, de nombreuses critiques sont émises au regard des aides apportées par le gouvernement chinois, dans le but d'optimiser au maximum les exportations du pays. Celles-ci prennent par exemple la forme du maintien intentionnel d'une monnaie sous-évaluée (cela facilite les exportations), ou encore de prêts accordés par les Banques d'Etat à quelques industriels, dont on sait d'avance qu'ils ne seront jamais remboursés.

La Chine, et malgré les quotas qui ont longtemps pénalisé ses exportations vers les marchés occidentaux, reste donc et depuis plusieurs années, le premier producteur et exportateur mondial de textile et d'habillement.

Ceci est en grande partie dû au fait que la Chine possède certains atouts majeurs, autres que ceux déjà cités précédemment, et que nous pouvons subdiviser en deux catégories.

Ils sont d'abord internes : en effet, la masse critique du pays et ses économies d'échelle ont permis la création d'un véritable marché unifié, cela suppose en d'autres termes, une réglementation relativement homogène ainsi que des infrastructures de communication de part et d'autre du pays.

De plus, le paradoxe connu et vérifié dans un grand nombre de parties du monde, du contraste entre l'élargissement des échelles économiques (des firmes de plus en plus mondialisées) et le rétrécissement des échelles politiques (des pouvoirs locaux de plus en plus autonomes, des revendications locales à l'indépendance et un intense mouvement de fragmentation politique), n'a pas été constaté en Chine.

Le pays a su préserver les atouts de sa grande taille, même si c'est au prix d'une puissante centralisation du pouvoir.

Enfin, la Chine est considérée comme un pays unifié tant du point de vue de la langue que du point de vue administratif : le Parti Communiste a joué un rôle clé dans la mise en oeuvre de la réforme économique et même si les règles administratives restent nombreuses, cela ne constitue en rien un frein au développement. Selon les études de la Banque Mondiale, « les obstacles au développement sont plutôt moindres que dans les autres PED ».

Ces atouts sont aussi externes : la Chine appartient à une région très dynamique du monde (l'Asie orientale et, au-delà, le monde Pacifique). La diaspora chinoise a su en tirer parti. En effet, au cours des quinze dernières années, les chinois de la diaspora ont assuré 70% des Investissements Directs Etrangers en Chine. Ainsi nous pouvons donner l'exemple de Macao et Hong-Kong, Taiwan (première source des IDE en Chine), mais aussi celui des chinois de Singapour, de Malaisie, ou des Etats-Unis. Ce sont ces populations qui organisent les réseaux socio-économiques de cette vaste région.

1.les Accords Multifibres

L'étonnante différence de coûts de main d'oeuvre entre les pays développés et les pays en développement, a eu pour principal résultat la mise en place de restrictions concernant le commerce de produits textiles et de vêtements, et ceci, dès les années 1930.

La crainte était alors pour les pays les plus industrialisés, la concurrence de ceux encore en développement. Ainsi, les Etats-Unis ont pris l'une des décision les plus importantes pour l'époque: celle de réguler leurs importations de coton.

Cette forme d'accord bilatéral entre le pays importateur et le pays exportateur a été accompagnée par la mise en place d'instruments de protection et notamment de quotas d'importations afin de défendre et de protéger leur industrie nationale.

Plus précisément, le commerce du textile et de l'habillement ne commencera à être réglementer qu'à partir de 1974, avec la mise en place de l'Arrangement Multifibres (AMF), signé sous l'égide du GATT (General Agreement on Tarif and Trade, soit l'accord général sur le commerce et les tarifs).

Cette institution internationale, ancêtre de l'Organisation Mondiale du Commerce, a pour principal objectif, celui de favoriser la stabilité des relations commerciales au niveau mondial, tout en maintenant la transparence des échanges ; et l'AMF, celui de parvenir à leur libéralisation progressive et contrôlée. Ceci, dans le but d'éviter les chocs trop importants sur les marchés. L'apparition de quotas, en d'autres termes de mesures fixées par un pays importateur afin de limiter ses importations, pouvant avoir comme conséquence une concurrence d'autant plus déloyale que brutale.

De nombreuses critiques ont été émises quant à cet Arrangement Multifibres dans le sens où il « constituait une dérogation importante aux règles fondamentales du GATT ». Nous pouvons citer à titre d'exemple, le non respect du principe de transparence, la pratique de restrictions quantitatives ainsi qu'une certaine forme de discrimination à l'égard des pays en développement et donc les plus pauvres.

Ceux-ci ont donc militer, même si le système des quotas n'a pas toujours été rigoureusement respecté par tout les acteurs du marché (principalement par les pays en développement), en vue de mettre fin à ce système, estimant qu'il s'agissait avant tout d'une mesure protectionniste de la part des pays développés.

Au cours des négociations de l'Uruguay Round (de 1986 à 1994), les participants ont alors accepté d'éliminer progressivement les restrictions quantitatives exercées sur leurs importations de textiles et de vêtements, en contrepartie de l'accord sur la protection de la propriété intellectuelle (les TRIPS : Trade-Related Intelectual Property) de la part des pays en développement.

En effet, les TRIPS ainsi que les TRIMS (Trade-Related Investment Measures, soit les accords sur les investissements en relation avec le commerce), ont été deux cycles de négociations liés de près à l'Uruguay Round. Il s'agissait, pour les pays occidentaux industrialisés, de faire pression sur de nombreux pays du Sud, de manière à ce qu'ils reconnaissent les droits liés à ces accords. La suppression de l'Accord Multifibres ainsi que celui sur les Textiles et les Vêtements (ATV), leur permettant alors d'obtenir des avancés non négligeables sur les TRIPS et les TRIMS.

Ce système de contingents ayant incité les importateurs de vêtements à se déplacer dans le monde entier à la recherche de quotas disponibles, a néanmoins contribué à la création de millions d'emplois, surtout dans des zones souvent dépourvues d'industrie textile comme le Cambodge, l'île Maurice ou le Bangladesh.

Il a également quelque peu compliqué la chaîne de production : les entreprises ont en effet été contraintes de répartir les différentes étapes de fabrication dans plusieurs usines de pays différents ; « Ainsi, il arrive fréquemment que les textiles soient achetés dans un pays, coupés dans un autre et cousus dans un troisième. »

Enfin, il nous faut constater que bien que prorogé à trois reprises (la dernière en 1991), l'AMF a profondément bouleversé la configuration du secteur textile tant dans les pays en développement que dans les pays industrialisés, ainsi que les conditions de la concurrence.

Une croissance accélérée par l'adhésion à l'OMC et Les Accords sur les textiles et les Vêtements (ATV)

Lors des Accords de Marrakech, qui ont eu lieu en 1994, l'Organisation Mondiale du Commerce a estimé qu'il était grand temps de démanteler tout accord impliquant des restrictions quantitatives sur le secteur textile-habillement (Accords à Long Terme Coton (1963), Accords Multifibres (depuis 1974), Accords Autonomes : Chine, Vietnam, Taiwan...). Ce secteur a en effet eu, en vingt ans, la possibilité de se restructurer de manière efficace.

Et, même si les six principales régions membres de l'OMC (les Etats-Unis, le Canada, l'Union Européenne, la Norvège, la Suède et l'Autriche), utilisaient encore, à cette période, ces dispositifs de contingentement, il a été décidé de supprimer en dix ans les Accords Multifibres.

Ainsi, tous les pays participants se sont entendus sur la réintégration progressive du secteur textile-habillement dans les règles de non-discrimination du GATT, par la signature de l'Accord sur les Textiles et les Vêtements (ATV), le 1er janvier 1995.

Ce dernier constitue de ce fait un régime transitoire étalé sur une période longue de dix ans, amenant ainsi à l'intégration complète des produits textiles et d'habillement dans le système d'échange mondial et permettant d'éviter une transition quelque peu brutale. Il s'est effectué en quatre étapes :

- 1er janvier 1995 : libéralisation de 16% du commerce textile-habillement

- 1er janvier 1998 : libéralisation de 17% du commerce textile-habillement

- 1er janvier 2002 : libéralisation de 18% supplémentaires

- 1er janvier 2005 : libéralisation finale de tous les produits encore contingentés.

Cependant, le texte des ATV a toutefois donné aux pays membres importateurs, une certaine « marge de manoeuvre » de manière à ce qu'ils puissent choisir la nature des produits à intégrer à chacune des étapes, tout en respectant l'évolution suivante :

- Janvier 1995 : 16%

- Janvier 1998 : 33%

- Janvier 2002 : 51%

- Janvier 2005 : 100%

En réalité, ces « marges de manoeuvre » ce sont avérées être bien trop importantes. En effet, pendant une période de dix ans, les pays importateurs n'ont levé leurs quotas que sur des catégories de produits où la concurrence était moindre. Les plus efficaces et les plus compétitifs sont restés contingentés : «Ils n'ont fait que retarder le processus d'intégration, et la transition a été d'autant plus abrupte le 1er janvier dernier ». 

Les deux plus grands marchés du Monde, à savoir les Etats-Unis et l'Europe, se sont contentés du « minimum légal », pendant les trois premières étapes de la libéralisation, tout en sachant que ce sont eux qui absorbent l'essentiel des importations mondiales de vêtements ; ils ont procédés de la manière suivante : laisser sous le régime des quotas près de la moitié de leurs importations en volume, dont les plus sensibles ; et surtout, ne rien faire pour accélérer le calendrier de libéralisation du commerce textile-habillement.

Mais, depuis le 1er janvier 2005, les 50% de quotas restants ont été supprimé, obligeant ainsi tout les signataires de l'Accord de libéraliser leurs produits les plus sensibles : pantalons, vestes, jupes, robes, manteaux, chemises, chemisiers, pulls, etc.

Parallèlement à cela, les droits de douanes ont été quelque peu réduits. Nous pouvons donner l'exemple des tarifs douaniers communautaires actuellement à un niveau bas :

- 5,3% pour les fils et les fibres

- 6,3% en moyenne pour les tissus

- 11,2% pour les vêtements.

A noter également que certains des Pays les Moins Avancés (PMA) ont pu bénéficier de droits nuls, au titre des « Préférences Tarifaires ». Ainsi ce fût le cas d'un pays comme le Bangladesh, premier exportateur mondial de chemises.

Durant la signature des Accords de Marrakech, et suite à la décision de l'OMC de supprimer le système des quotas dans le cadre de l'ATV, « personne ne concevait que la Chine deviendrait un tel concurrent et se développerait aussi rapidement ».

L'échéance du 1er janvier 2005 aura en fait permis à la grande majorité des pays Asiatiques, dont la Chine du fait de son accession l'OMC, d'obtenir un accès totalement libre au marché Européen.

La Chine, qui a adhéré à l'OMC le 11 décembre 2001 après plus de quinze années de négociations (depuis juillet 1986), est donc, ainsi que tous les autres membres, signataire de l'Accord Multifibres et bénéficie à ce titre des dispositions de l'Accord de Marrakech : « En qualité de membre de l'OMC, la Chine a désormais contracté sur le plan international des droits et des obligations découlant de ces différents accords ».

Selon M. Huang Rengang, Conseiller auprès de la Mission Permanente de la République Populaire de Chine auprès de l'OMC à Genève, « le processus d'accession reste marqué par sa longueur et sa complexité ».

Un Groupe de Travail, alors composé de représentants de 37 différents pays membres de l'OMC, s'est entièrement consacré au programme de candidature chinoise. Ce dernier a été présidé par l'ambassadeur suisse Pierre-Louis Girard du SECO (secrétariat d'État à l'économie), et aura aboutit à la rédaction d'un dossier de plus de 1000 pages notifiant les modalités d'adhésion de la Chine à l'OMC.

D'un point de vue chronologique, et de manière à mieux se rendre compte de la lenteur du processus d'accession de la Chine à l'OMC, voici quelques éléments d'appréciation :

- juillet 1986 : candidature de la Chine auprès du GATT

- février 1987 : mémorandum sur le régime commercial en vigueur

- mars 1987 : mise sur pied du Groupe de Travail

- octobre 1987 : première rencontre du Groupe de Travail

- décembre 1994 : premier Draft du rapport du Groupe de Travail

- septembre 2001 : rapport adopté par le Groupe de travail

- novembre 2001 : rapport adopté par la Conférence ministérielle

- décembre 2001 : adhésion

L'adhésion à l'OMC ne signifie pas seulement pour la Chine, la possibilité, à terme, de s'ouvrir à l'international et celle de pouvoir entrer librement sur les marchés du Monde entier, mais également un nombre de défis importants à relever. La Chine se doit en effet, selon le Conseiller Huang, « d'équilibrer les droits et obligations contractés », ainsi que de préserver le niveau élevé de confiance instauré au sein de la communauté internationale. Le pays doit par ailleurs « surmonter les problèmes posés par les différences culturelles ainsi que par les tensions entre nationalisme et internationalisme ».

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II. Reconfiguration totale du secteur textile dans le Monde

A. L'attitude de la Chine face à ce changement majeur

1.Les principaux impacts en Asie

Impact volumétrique :

La fin des Accords Multifibres est loin de marquer la victoire de tous les pays d'Asie. Certains subiront un impact négatif sur le volume de leurs exportations, comme le Cambodge, l'Indonésie, le Laos, la Malaisie, Le Népal, les Philippines, la Corée du Sud, Taiwan, et la Thaïlande. Ceci reste principalement dû à leur manque de compétitivité.

D'autres, à l'inverse, seront les grands gagnants de cette nouvelle configuration, notamment grâce au fait que ce sont les pays dont les quotas sont très fortement utilisés. Nous pouvons citer essentiellement, la Chine, Hong-Kong, l'Inde, et le Pakistan (tableau 2). A noter qu'un quota est dit atteint s'il est rempli à 90%.

Tableau 2 : quotas atteints en 2001

Il nous apparaît ici évident que ce nouvel équilibre asiatique, au profit de la zone chinoise (Chine - Hong-Kong - Macao), va se faire au détriment d'autres pays producteurs pour deux raisons :

1. la perte de la protection apportée par le système des quotas

2. le manque d'effort de compétitivité

Par ailleurs, notons que pour des pays comme le Bangladesh ou le Sri Lanka, le démantèlement des Accords Multifibres n'aura aucun impact.

Enfin, nous pouvons également constater les quelques prévisions de l'OMC concernant l'évolution des parts de marchés de la Chine dans le secteur textile, avant et après la fin du système des quotas, sur les deux principaux marchés mondiaux (graphiques 3 et 4).

Graphique 3 : part de marché de la Chine avant et après le démantèlement des quotas, dans l'Union Européenne

Graphique 4 : part de marché de la Chine avant et après le démantèlement des quotas, aux Etats-Unis

Ainsi, sur le marché européen du textile, la Chine verra sa part de marché augmenter de 2 points, tandis que les Etats-Unis et la Turquie n'en perdront qu'un.

Sur le marché américain, l'abolition des quotas aura un impact beaucoup plus marqué du fait que les barrières à l'importation soient plus nombreuses. Et, même en supposant qu'il n'y ait plus aucune barrière à l'importation de produits asiatiques, les parts de marché de la Chine augmenteraient de 7 points, tandis que celles de l'Union Européenne et du Mexique seraient réduites de 2 points (respectivement à 14% et 11%).

Impact sur les catégories de produits :

Il est intéressant de remarquer que tous les types de produits ne sont pas touchés par la fin du système des quotas.

- les principaux produits concernés sont : les pull-overs, sous-pulls, chandails, pantalons, et les T-shirts.

- Les produits peu ou pas affectés sont : les chemises, chemisiers, lingerie féminine, vêtements de travail, costumes, vestes, manteaux pour hommes, tailleurs, ensembles, robes, jupes, parkas, blousons, anoraks, blousons, imperméables pour femmes, linges de maison et de lit...

Impact sur les prix et les marges :

De manière générale, l'augmentation non négligeable de la part des produits importés de la zone Asie, aura pour première conséquence, de redynamiser la consommation du Monde entier et notamment de l'Europe et des Etats-Unis.

En effet, selon une étude faite en janvier 2004 par l'Association Américaine des Industries de l'habillement/chaussures (AAMA), les prix des vêtements sur le marché Américain devraient baisser de 11% suite à la fin du système des quotas.

En ce qui concerne le marché Européen, l'élément suivant est à noter : entre 2002 et 2003, les prix moyens à l'importation des vêtements tissés de l'Union Européenne, en provenance de Chine, ont été divisés par deux.

Selon certains spécialistes, « les prix chinois vont ainsi devenir la norme des marchés, entraînant dans leur baisse tous les niveaux de gamme ».

Enfin, suite à la croissance de l'offre sur le marché de l'Union Européenne, due essentiellement au processus de libéralisation de la concurrence, les producteurs vont être en quelque sorte « obligés » de revoir leurs marges à la baisse.

Impact sur la structure de la distribution :

Depuis le 1er janvier 2005, nous assistons à une restructuration progressive mais néanmoins rapide de la distribution textile dans le Monde. Celle-ci s'opère en deux étapes indissociables l'une de l'autre :

- tout d'abord, les grandes enseignes développent des stratégies de sourcing vers l'Asie. Elles ont dorénavant la possibilité de trouver dans cette partie du Monde des prix bas, de la qualité, une offre de plus en plus diversifiée, de la créativité et des délais de plus en plus courts.

- puis, c'est la grande distribution du secteur textile-habillement, notamment en Europe, qui s'en trouvera touchée. A terme, les stratégies des grandes enseignes auront pour but « d'hypertrophier » cette grande distribution, au détriment des distributeurs traditionnels.

Impact sur les stratégies marketing :

En Asie, le démantèlement des Accords Multifibres aura également un impact sur le développement de nouvelles stratégies dites « de valeur ajoutée ».

La grande majorité des entreprises chinoises souhaite « s'affranchir de leur unique rôle de sous-traitant » en se dirigeant vers le produit fini et les marques. Elles se sont en effet très rapidement aperçues, qu'elles ne tiendraient pas longtemps face à la concurrence de l'après 1er janvier 2005 ;

Ainsi, une étude réalisée par le Hong-Kong Trade Council en janvier 2004, a montré que « environ 40% des entreprises se sont engagées dans le développement de leurs propres marques pour cesser d'être de simples poseurs d'étiquettes pour le compte de donneurs d'ordres étrangers ».

1.La restructuration du secteur textile Chinois

En novembre 2001, la Chine est donc parvenue à entrer dans l'OMC. Cela lui a permis de bénéficier de la levée des quotas sur 11 catégories de produits (dont 8 concernent les vêtements) en Europe et 23 aux Etats-Unis.

Ainsi nous pouvons remarquer l'évolution des exportations chinoises comme premier élément d'appréciation (graphique 5 ; tableau 3) :

- Les exportations chinoises de textile entre 2001 et 2003 ont fortement augmenté (53% en valeur) et leur part dans les importations mondiales a progressé de 5,4 points, passant de 10,5% à 15,9% entre 2000 et 2003.

- La valeur des exportations chinoises, sur le marché de l'habillement, a accéléré de 39% entre fin 2001 et 2003. Le poids de la Chine dans les exportations mondiales a ainsi augmenté de 4,2 points.

Graphique 5 : Evolution des exportations chinoises de produits textile et habillement (en milliards de dollars)

Tableau 3 : valeur et variation annuelle des exportations chinoises de produits textiles et d'habillement

Malgré les nombreux dispositifs de contingentement qui ont, pendant plus de quarante ans, lourdement pénalisés les exportations de la Chine, le pays a donc su rester un acteur de premier plan. Il est, en effet, le premier producteur et le premier exportateur mondial de textile et d'habillement.

Sa seule part dans le marché communautaire s'élève à plus de 22% pour l'habillement ; et, grâce au rôle non négligeable de Hong-Kong (réintégré à la Chine depuis juillet 1997), la Chine a été à même de réaliser le quart des importations Européennes en 2004 (soit environ 25,8% du total des importations).

Depuis le 1er janvier 2005, le gouvernement chinois ainsi que les entreprises sont entrés dans une phase de diversification.

La tendance aurait été, si nous prenons l'exemple d'autres pays jusqu'alors pénalisés par les quotas, d'entrer dans un processus de progression du volume des exportations.

Mais, la Chine à préférer miser sur des produits à forte marge, positionnés sur le moyen/haut de gamme. Ceci, en augmentant de manière considérable, ses dépenses en recherche et développement et en formation. Le secteur textile-habillement chinois, qui compte près de 20 millions de salariés, entend consentir à de très gros efforts dans les domaines suivants : la création, l'organisation, et l'investissement dans les nouvelles technologies, surtout celles touchant au tissage.

Très prévoyante quant à son entrée dans l'Organisation Mondiale du Commerce, la Chine avait d'ailleurs inscrit dans son dixième plan quinquennal de l'industrie textile (2001-2005), « le renouvellement de son appareil industriel et des avancées technologiques pour une meilleure qualité des produits ». Le gouvernement chinois ajoute de plus que « ces conditions doivent contribuer pour plus de 60% à la croissance de la valeur ajoutée produite par la filière ».

D'un point de vue géographique, c'est tout le pays qui se réorganise en fonction d'une logique extrêmement bien définie :

- les entreprises situées près des côtes, produisent pour l'exportation ;

- celles situées à l'intérieur des terres, se destinent au marché intérieur ;

- enfin, les entreprises situées à l'ouest du pays, développent des activités de partenariat avec des investisseurs étrangers (Italiens, américains, taiwanais, japonais, coréens et allemands).

Enfin, il est important de signaler que lors du cycle de négociation de l'Uruguay Round, c'est-à-dire au moment où il était question d'un changement majeur dans la configuration du secteur textile-habillement dans le Monde, aucun pays membre de l'OMC ne s'est soucié des travailleurs et des nombreuses pertes d'emplois qui en découleraient. La suppression des quotas aura certes été bénéfique aux entreprises mais elle aura fait de ces travailleurs les « grands perdants » de ce processus.

A aucun moment, la Chine ne s'est posée la question du devenir de ses millions d'employés, lors de sa décision de restructuration du secteur. Seule la rentabilité importe, le travailleur, lui, continue d'être exploité.

B. Les conséquences directes au Maroc :

1. La chute des investissements dans le secteur textile :

Evolution des investissements dans le secteur textil habillement au Maroc :

Au premier trimestre 2005 on note un recul de 16 % des exportations marocaines de textile-habillement.

On remarque en fait une condamnation du sécteur par les banquiers marocains et européens, qui selon eux le secteur est voué à une mort certaine venant de l'explosion du textile Chinois.

Selon l'OMC le poids du Maroc dans les importations Européennes noterai un recul de 1 point passant de 5% à 4% suite à la suppression des quotas.

Le cas du Mexique :

Le Mexique jusqu'en 2004 était la base d'exportation des marques américaines, mais aujourd'hui c'est la Chine qui prends sa place sur le marché Américain.

Le cas du Mexique est très illustratif car on remarque que malgré la proximité géographique, Cette menace est d'autant plus réelle que sur le marché des T-shits et des tricots, deux famille d'articles qui assurent plus de la moitié des exportations marocaines de la maille vers l'union Européenne qui sont aussi une des spécialité de la Chine.

La part du Maroc dans le commerce mondiale est passée de 1,35% à1,20% entre 1999 et 2003 dans le secteur.

Les exportations marocaine de vêtements à destination de l'Union Européenne ont augmentés de 27% entre 1998 et 2002, mais ce chiffre reste faible comparé aux exportations des PECO qui ont augmentés de 34%, celles des autres pays méditerranéens de 40%, et celles de la Chine de 65 %.

2. Une crise prévisible :

« Après quatre décennies de quotas, l'ouverture des marchés en 2005 constituera pour le Maroc un choc concurrentiel majeur » propos du premier ministre Driss Jettou lors de la journée internationale du textile à Marrakech en Octobre 2003.

Selon le ministère du commerce et de l'industrie qui suit l'emploi à travers la CNSS (Caisse Nationale de Sécurité Sociale), le secteur aurait perdu au premier trimestre 2005 4000 emploies. D'après le haut commissariat au plan ce serait plus 95000 emploies de perdu.

Coûts de main d'ouvre trop élevé :

Au Maroc le salaire moyen dans le secteur textile est de 210 euros en moyenne contre 30 euros en Chine

Le Maroc a commencé à sentir les effets de la concurrence asiatique dès la fin des années quatre-vingt-dix. L'ensemble de la profession au Maroc voit les grands d'onneurs d'ordre se tourner vers la Chine, l'Inde, Pakistan,etc...

Ce qui avait permis au Maroc de construire son sercteur textil au détriment des emploies européen se retourne aujourd'hui contre le Maroc.

Settavex est une filiale du producteur de toile de jean espagnol Tavex. Cette dernière produisait au début des années quatre-vingt-dix 80 % de toile basic au Maroc pour passé à 60% en 1996 et plus que 15 % aujourd'hui.

C. Perspectives et recommandations

1. Les solutions apportées par l'OMC

La fin du système des quotas en janvier 2005 a donc eu pour principale conséquence de reconfigurer le secteur textile-habillement dans le Monde, au bénéfice de pays comme la Chine ou l'Inde, et au détriment des pays les plus pauvres.

De nombreuses demandes émanant principalement des pays du Sud, ont été faites à l'OMC, dans le but de prolonger ce système de contingentement des exportations.

En effet, les conséquences pour ces pays sont lourdes et ne vont qu'empirer au fur et à mesure des années, tant du point de vue économique que du point de vue social. Toutefois, la probabilité pour qu'un accord de prolongation des quotas soit signé par l'OMC reste mince dans le sens où cela nécessiterait la signature des 148 pays membres, dont la Chine et l'Inde.

Par ailleurs, lors de la signature de l'Accord sur les Textiles et les Vêtements, il a été prévu une sorte de clause impliquant « un mécanisme de sauvegarde transitoire », en faveur des pays pouvant subir un préjudice grave suite à la fin des quotas.

De ce fait, un pays qui considère que la très forte croissance des importations provenant d'un pays plus compétitif aura un effet dévastateur sur sa propre industrie (celle-ci fabriquant des produits similaires ou concurrents), aura la possibilité de limiter le pourcentage de ces importations.

Cette limitation ne pourra être effective qu'en fonction de certains critères ; voici, de manière exacte, ce que stipule l'OMC :

« Cette mesure de sauvegarde peut être appliquée sur une base sélective, pays par pays, par accord mutuel ou, si aucun accord n'est intervenu au cours de consultations dans un délais de 60 jours, de manière unilatérale. Cette limitation ne peut pas être inférieure au niveau des importations en provenance du pays exportateur au cours des douze derniers mois et ne peut être maintenue que pendant trois ans au maximum. »

Ce recours au contournement des quotas aura attiré les Etats-Unis et l'Union Européenne, qui craignent tout deux, pour leurs emplois (environ 2,7 millions de travailleurs dans le secteur dans l'Europe des 25). Ainsi, ayant constaté une hausse de 1000% des importations de certains produits par la Chine (robes de nuit, soutien-gorge et robes), les Etats-Unis ont donc décidé d'utiliser leur possibilité de limitation des importations. Cette clause de sauvegarde aura également été utilisée par l'Union Européenne dès que celle-ci a constaté qu'entre 2001 et 2003, la valeur des importations en provenance de Chine avait presque doublé.

 
C'est pour faire face à cette situation que la Commission européenne, au nom de tous les États membres, a conclu le 10 juin dernier un accord avec la Chine qui permettra de contrôler et de limiter les importations de certains textiles chinois vers l'UE jusqu'à la fin 2008.

2. La reconversion du Maroc est-elle possible ?

Les quatres filières sur lesquelles le Maroc doit miser :

Maille :

Une des spécialités marocaine est la maille circulaire (T-shirts et polos). Mais aujourd'hui la production est trop basique et il faut faire des adaptations pour faire évoluer la production vers des produits à forte valeur ajoutée.

L'industrie doit tisser des cotons plus élaorés pour se démarquer par rapport à la production asiatique. Le parc de métiers circulaires est puissant, mais doit bénéficier d'une forte adaptation pour satisfaire l'évolution souhaitée vers la mode.

C'est ce même shéma d'évolution que doit suivre le tricotage réctiligne (pulls) en changeant son parc de machine pour monter en gamme.

Chaîne et trame :

Les vêtements chîne et trame ont une marge de progression importante. Le chaîne et trame souffre d'un manque de tissu locaux, tournés vers le denim et le tissu d'ameublement : on éstime la production de tissu vestimentaire à 15 millions de mètres, alors que les besoins découlant de la production de vêtement atteingnet 300 millions de mètres. Dans ces conditions il ne serait pas dérésonnable que le Maroc envisage de produire jusqu'à 100 millions de mètres de tissus vestimentaires. C'est en effet sur le tissu et l'ennoblissement que se jouera la capacité du Maroc à monter en gamme.

Jean et Sportswear :

Le Jean est cité en premier par les donneurs d'ordre internationnaux comme spécialité marocaine. Pourtant, le volume exporté en Europe est aujourd'hui très largement surpassé par les livraisons Turques et Tunisiennes. Le potentiel est donc très important, d'autant plus que le Jean entraine avec lui dans son sillage un chiffre d'affaires de vêtements sportswear estimé à deux fois celui du pantalon jean proprement dit. Ce segment qui inclut des vêtements de chaîne et trame et de maille, progresse au détriment du vêtement plus formel. On peut donc dire que le Jean est une locomotive pour tout le secteur.

Tissu d'ameublement et linge de maison :

Le textile de maison est lui aussi un vecteur potentiel identitaire fort pour le Maroc, très clairement relié au « salon marocain » et à l'artisanat. L'avenir de ce secteur requiert une réfléxion pointue sur la distrribution qui permettrait de déféndre le marché intérieur et de construire l'exportation. La valeur ajoutée est rechercher d'abord dans le produit fini avant de songer à des dévelopements importants de production textile (tissage, filature). Le choix d'une création étayée par un marketing lucide est la seule voie de survie.

Les entreprises doivent se regrouper  :

La taille des entreprises est un handicap. Elles restent au Maroc encore trop petites, alors que pour satisfaire les besoins de plus en plus grands et diversifiés, la grande distribution préfère les grands fabriquants et disposant de capacités de productions de plusieurs produits.

Le secteur doit diversifier ses débouchés :

Aujourd'hui 90% de la production marocaine du textile habillement est exportée vers l'Europe ce qui rends le Maroc particulièrement sensible aux variations conjoncturelle de la demande de l'Europe. Il faudrait donc avoir de nouveau clients. Aujourd'hui le marché Américain semble très ouvert suite à la signature de l'accord de libre échange entre le Maroc et les Etats-Unis. La signature de cet accord donne en effet un avantage aux produit marocains d'environ 30 % sur leurs concurrents Chinois. De plus le savoir faire acquis par les marocains au contact de l'Europe semble intéresser les Etats-Unis.

Le Maroc pourrai aussi jouer une autre carte celle des pays Arabes, notament ceux du Moyen-Orient, dont il dispose d'une bonne connaissance et proximité linguistique.

Be the « second Best »:

On remarque que sur les produits non soumis aux quotas, l'évolution des importations américaines des produits chinois est passée de 9% à 70% entre 2001 et 2004, et qu'elle se stabilise à 70%. On peut donc imaginer que la Chine et l'Inde ne pourront pas aller aux delà des 70 % observer aux Etats-Unis. Il faut donc que le Maroc se positionne comme le « deuxième meilleur ».Le Maroc pourra par exemple récupéré les parts de marché que la Pologne laissera quand se salaires augmenteront.

Le Maroc a besoin de tissu :

L'étude de l'institut français de la mode commandée par l'AMITH en 2003 révèle que l'insuffisance de matière première sur place a fragiliser la confection.

Le textile et la confection n'ont jamais avancés ensemble.

L'industrie textile locale s'est contenté d'un lucratif marcé intérieur à l'abri des barrière douyanière. Son faible développement, tant quantitatif que qualitatif, a contraint la confection locale et les donneurs d'ordre à faire leur sourcing à l'extérieur.

Recevoir les nouvelles délocalisations :

Les délocalisation industrielles sont inéluctables en Europe et le Maroc aspire à les recevoir. C'est ainsi que le Maroc éspère développer entre autre son industrie textile.

De la survie du textile européen dépend étroitement celle de toute la filière confection marocaine car faute de tissus à proximité, le Maroc serait obligé d'aller les chercher plus loin et perdrait son avantage compétitif fondé sur la réactivité.

Réduire les délais de livraisons :

Aujourd'hui les grandes distributions préfère travailler en flux tendu. Notre proximité géographique devrait favoriser les séries courtes et permettre un achalandage réactif aux variations de la demande. En effet Zara par exemple suit les ventes grâce à l'informatique. Lorsqu'un modèle marche il faut en produire très rapidement.

Il faut donc arrivé à produire les produits en sous traitance en 15 jours et 4 semaines pour les produits fini.

Le sourcing extérieur :

D'après l'institut français de la mode il serait trop tard pour développer le textile et il serai préférable de faire ses courses ailleurs pour chercher des matières à traiter par une industrie d'ennoblissement, de « converters » ou de « marketers ». Délavage, grattage, flammage, teinture,etc. ; tous ces « mauvais traitements» que l'on fait subir au Jeans et dont les jeunes sont si friands en Europe.

Vu que le Maroc a signé un accord de libre échange avec la Turquie, qui a développé un secteur textile solide, le Maroc entend bien s'appuyer sur eux pour la fourniture des tissus.

Sortir par le haut  en montant en gamme :

Il faut investir dans les circuits de distribution dans les nouvelles technologie de l'information pour optimiser les moyens et permettre une meilleur gestion des commandes et délais d'exécution, le B to B, le design, la mode. Passer de la sous traitance (qui bride les initiatives des producteurs) à la co-traitance (relation plus équilibrée entre l'acheteurs et confectionneurs qui laisse plus de place à la qualité, la créativité et la recherche de valeur ajoutée) et la production de produits fini remonter en gamme et différencier l'offre ceci passe par des activités « d'ennoblissement », il faut investir dans R&D et mettre en oeuvre des cycles de formation aux différents niveau de qualification.

Des considérations éthique et environnementale :

D'importante mesures ont été prise par les producteurs marocains ces dernières années concernant les considérations éthiques, social et environnementale. Les grandes marques devrait être sensible à ça.

Constitution d'un pôle et d'un marché pan-euroméditerranéen :

La constitution d'un tel pôle ( composé de l'UE, Roumanie, Bulgarie, Afrique du nord et de la Turquie) permettreait des échanges plus fluide et plus performant. Cette fluidité devrait permettre d'apporter une réponse plus adaptée aux exigences du circuit court, tandis que l'harmonisation des règles d'origine serait de nature à privilégier les approvisionnements de proximité ce qui prolongera les systèmes de protection après les quotas en quelques sorte.

CONCLUSION

L'après 1er janvier 2005 est donc loin d'être sans conséquence. Bien au contraire, il aura eu pour effet principal celui de faire évoluer les industries textiles du Monde entier. De manière positive dans un premier temps, comme pour la Chine, qui apparaît comme étant le grand bénéficiaire de ce remaniement ; puis, dans un second temps, de manière plutôt néfaste, pour des pays déjà touchés par la pauvreté et le sous-emploi, comme le Maroc.

Ce qui reste assez surprenant, c'est qu'après toutes les études réalisées sur le sujet ainsi que toutes les prévisions établies par les differentes agences (comme ici, l'OMC où tous les membres sont donc au courant !), la Chine ne se préoccupe aucunement des conséquences sociales et humaines désastreuses que son quasi-monopole va provoquer sur les économies des pays les plus pauvres.

Peut-être s'est elle, elle-même, trop longtemps retrouvée dans une situation où la législation de l'OMC, totalement consciente de son avantage compétitif, n'a fait que l'obliger à se contenir, qu'elle ne tolère aujourd'hui plus aucun obstacle sur le chemin de son expansion ?

Pour faire face à cette menace de plus en plus réelle, tous les agents économiques et politiques (fournisseurs, acheteurs, distributeurs, gouvernements, instances internationales...), doivent se mobiliser d'urgence, et intervenir le plus rapidement possible de manière à éviter de trop lourdes pertes d'emplois, surtout dans les zones déjà très touchées.

Selon Jean-François Limantour, Président du Cercle Euroméditérranéen des Dirigeants Textile-Habillement (CEDITH), « l'Union Européenne serait bien avisée, après des années d'atermoiements et d'inaction, de passer des discours aux actes pour construire un véritable espace Euroméditérranéen textile-habillement ».

SOURCES D'INFORMATION

AMITH Association Marocaine des Industries du Textile et de l'Habillement

www.amith.org.ma

Ministère de l'Industrie, Commerce et Mise à Niveau de l'Economie

www.mcinet.gov.ma

Le secteur textile et de la confection au Maroc

Chambre de commerce de l'ambassade d'Espagne à Tanger

La fin des accords multi fibres (doc pdf)

www.ethique-sur-etiquette.org

Dossier Textile Habillement (doc pdf)

Magazine Conjoncture N°862 Juillet août 2005

www.ccife.org

Les relations Maroc Europe à l'ère de la globalisation

www.trade-info.cec.eu.int

Le Textile Habillement en Méditéranée etat des lieu et enjeux

www.commerce-exterieur.gouv.fr

Enjeux pour le Maroc du démantèlement des AMF

www.leconomiste.com

Plus plusieurs articles de presse. Mais les principales sources sont ci-dessus.






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