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Michel Foucault ,Psychiatrie et médecine

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par David Labreure
Université Paris 1 panthéon sorbonne - Ma??trise 2004
  

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II : L'INSTITUTION MEDICALE ET LA MEDICALISATION :

1 : Vers une médecine sociale ?

Foucault revient sur la question de la médecine d'une manière totalement différente de celle de Naissance de la clinique : Si les questions de politique de santé étaient effectivement présentes dans cet ouvrage, ce n'était qu'en tant que conditions d'émergence du regard médical. Mais elles n'étaient pas vraiment étudiées pour elles même. Dans les années 1970, la problématisation tourne autour de ce thème. C'est maintenant l'institution médicale et son rôle social normalisateur qui va constituer son champ d'observation : Foucault va désormais parler de « médecine sociale » avant de déboucher sur une réflexion sur le bio-pouvoir, comme dimension politique fondamentale.

I : QU'EST-CE QUE LA MEDECINE SOCIALE?

« La médecine moderne est une médecine sociale » affirme Foucault dans une des conférences de Rio en 1974.D'après lui, seule une petite partie de la médecine favorise des relations individuelles et la relation entre le médecin et le patient. Foucault s'est attaqué plus précisément au problème de l'hôpital dans ses recherches de 1974/1975 avec son groupe de séminaire, recherches dont le résultat figure en grande partie dans l'ouvrage collectif Les Machines à guérir .Le point essentiel réside dans le fait que la médecine soit une médecine sociale .Dans le premier article ,au début du livre, Foucault parle d'une véritable politique de santé en France à partir du XVIII ème siècle:c'est seulement dans le courant du XVII ème siècle que l'institutionnalisation de préoccupations permanentes pour la santé d'une population devient une affaire d'Etat,en Allemagne ,d'abord, comme Foucault le montrera lors de ses conférences de 1974 ,puis en France,avec la création de la Société royale de médecine (1772). A cette nouvelle préoccupation,on peut trouver plusieurs causes :d'une part,l'attention croissante portée à la santé au corps et à la médecine dans les cours monarchiques,sans doute sous l'influence des Lumières,d'autre part le développement d'une administration publique ayant pour charge la collecte des impôts :en effet,la mise en place de ce dispositif mettait en lumière la difficulté à compter exactement les richesses du royaume et par là même favorisait ainsi l'émergence de la notion de population :la population définit ainsi le rapport d'un corps social particulier,doté d'une certaine forme de vie organique, à un espace géographique. On assiste là ,selon Foucault ,à l'ébauche d'un processus qui voit l'Etat chercher à étendre son autorité à la santé de la population ; la Société royale de médecine étant le meilleur exemple de ces soucis, à grande échelle, pour la santé. La médecine s'appuie sur un appareil législatif, elle devient de plus en plus sociale « quantitativement » - il y a de plus en plus de médecins et de structures d'accueil - mais aussi qualitativement. Cette notion de « politique de santé » va servir de toile de fond à la professionnalisation du corps médical et suppose plusieurs choses :d'une part la notion de prévention ,il ne s'agit plus seulement de guérir mais aussi de « prévenir la maladie quelle qu'elle soit »69(*) .Autre point important , la prise en compte de la maladie comme phénomène statistique, comme étant l'observation d'un certain nombre de données (le milieu par exemple), de variables (comme le taux de mortalité) :la médecine devient « un élément pour le maintien et le développement de la société »70(*),elle va prendre place dans un système administratif ayant pour but le bien être et la santé d'une population. Il s'agit de prendre en compte non plus la somme des individus mais aussi la manière dont ils co-existent .A la fin du XVIII ème siècle, les médecins étaient pour une part des spécialistes de l'espace. Ils posaient les problèmes fondamentaux : celui des emplacements (climats régionaux, nature des sols, humidité et sécheresse...), celui de la co-existence (soit des hommes entre eux, soit des hommes et des choses), celui de l'habitat et celui des déplacements des hommes et de la propagation des virus. Selon Foucault, ils ont été « avec les militaires, les premiers gestionnaires de l'espace collectif » ;  « En fait, poursuit il, si l'intervention des médecins a été si capitale à l'époque, c'est qu'elle était appelée par tout un ensemble de problèmes politiques et économiques nouveaux »71(*) .

* 69 Michel Foucault, Les machines à guérir, Mardaga, Bruxelles, 1979, p.7.

* 70 Ibid. p.8.

* 71 Michel Foucault,  « L'oeil du pouvoir » in Dits et Ecrits Vol III, Gallimard, Paris, 1994, p.194.

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