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Redéploiement militaire américain : L'Afrique du Nord aprés le 11 septembre 2001

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par Rachid Oufkir
Université Paris VIII - Etudes Européennes et Internationales, spécialité La Construction Européenne, Option l'Europe et l'ordre International 2006
  

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4- Conflit entre la demande « sociale » intérieure et l'offre « militaro sécuritaire » extérieure

En agissant ainsi les Etats-Unis ont un calcul conscient de la dimension que prend la prolifération, de leurs bases et de leur présence dans une région qui ne demande pas de soldats américains mais plutôt des aides économiques, ainsi qu'un soutien en termes d'acheminement vers la justice sociale et l'égalité, en un mot vers la démocratie. Une démocratie qui fait en sorte que les citoyens puissent penser par eux même le destin qu'ils veulent pour leur société, des élections libres, alternance aux pouvoirs autoritaires, une juste distribution des richesses nationales, ce sont ces ambitions là auxquelles aspire le peuple. La genèse de la citoyenneté et la démocratie dans les pays développés, ne s'était pas faite en adoptant le militarisme en tant que priorité nationale, mais au contraire, la priorité était donné à l'élément de base d'une société digne de ce nom, à savoir l'individu et ses préoccupations humaines et prioritaires, la paix, son émancipation, sa liberté ses besoins en terme de santé, son droit à l'éducation, le besoin qu'on respecte son choix lors des élections électorales. Le militarisme et la militarisation que connaît la zone ne pencherait ni dans le sens de développement ni celle de la paix110(*), et l'histoire est là pour rappeler que la course aux armements produit des effets négatifs, de la destruction plutôt que le bâtissement d'une paix durable, la haine de l'autre plutôt que le rapprochement entre les peuples quelques soient leur appartenance nationales, idéologiques, linguistiques, et religieuses. La guerre en Irak et celle d'Afghanistan avaient des légitimations de démocratisation et d'émancipation d'un peuple opprimé par leur dirigeant. Aujourd'hui, l'actualité de ses deux pays parle d'elle-même, la démocratisation est loin d'être le cas, et l'objectif aujourd'hui est de répondre aux inquiétudes de voir l'actuelle guerre civile111(*), en s'intensifiant, entrainer les Etats voisins et créer un Etat en faillite « failedstate » propice à l'installation d'un centre de terrorism,e comme le fut l'Afghanistan, ainsi que faire cesser les carnages et la haine que se livrent les confessions irakiennes entre elles mêmes. La violence en place dépasse en dimension celle en vogue sous les régimes destitués, comme vient de le déclarer Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU112(*).

Depuis le démantèlement de l'Union soviétique, les Etats-Unis sont à la recherche d'un ennemi. Ils en ont besoin de façon cruciale à la fois pour des raisons de politique intérieure et pour maintenir la cohésion du monde sous leur direction et pour leur profit. Grégory Arbatov, directeur de l'Institut pour les études nord américaines à l'Académie soviétique des sciences disait en 1988 « Nous sommes en train de vous faire quelque chose de terrible : nous sommes en train de vous priver d'ennemi113(*) ».

Trouver immédiatement un ennemi de substitution fut l'objectif premier pour continuer à jouer leur rôle hégémonique. Ce fut, dès 1990, Saddam Hussein, Mais cela n'a pas suffit pas pour ratisser large, il leur a fallu alors agiter un autre chiffon rouge : le terrorisme. Le but est de faire croire au monde et aux Européens qu'ils sont sous le coup d'une menace grave et immédiate et qu'ils ne pourront y faire face qu'en se rangeant derrière la puissance américaine

Il ne s'agit pas ici de soutenir l'idée selon laquelle les Etats-Unis sont entrain d'enclencher une guerre régionale, cela n'est pas mon propos. Mon intérêt est plutôt ailleurs à savoir que les américains, et à leur tête Bush avec son concept de guerre préventive, concept qui constitue la pierre angulaire de sa politique étrangère et de défense depuis 2001, sont entrain de créer les conditions pour une tension régionale en se proliférant militairement dans une région sous des prétextes de l'épouvantail de groupes terroristes, de lutte anti terrorisme, de sécurisation de l' « arc d'instabilité », connue comme étant la source d'inquiétude pour leurs sécurités et leurs intérêt, ce qui est tout à fait contradictoire avec leurs prétentions universalistes au travers du projet de Grand Moyen Orient. Ces deux situations, à mon sens, ne peuvent aller de pair, militarisme exclut la démocratie et vice versa.

L'assistance militaire, l'approvisionnement en arme, l'autorisation des abus des droits de l'homme, par les Etats-Unis eux même, et la sous-traitance de ses formes de traitements à leur alliés, combiné à la course aux armement et le militarisme érigée en doctrine, en Algérie par exemple, les dépenses en achats d'armes attestent de cela, ainsi les réactions que provoquent chez les pays voisins, c'est-à-dire l'achat à leur tour d'armes et de mise à niveau de leur dispositifs militaires pour une confrontation éventuelle à l'avenir , sont des données objectives, qui donne une certaine idée de l'avenir de la région , proche ou lointain.

Cet environnement stratégique n'est pas déconnecté de l'Etat du monde de ces dernières années, la « Guerre Globale contre le Terrorisme » la prolifération des armes de destruction massives, en Iran, la menace de faire usage de l'arme nucléaire par la Corée du Nord, en cas d'attaque américaine, les prétentions nucléaires des Etats comme l'Egypte, la multiplication des conflits en Afrique et en Asie ainsi qu'en Amérique latine. Cet environnement est une donnée fondamentale dans la compréhension des défis mondiaux dont l'ONU est appelé à répondre.

Comme décrit en haut, la démocratie exclut le militarisme et vice versa, une démocratie ne peut s'appuyer sur le militarisme, doctrine qui prône la prépondérance de l'armée, de l'élément militaire dans la vie d'une société, le gout des armes de la guerre, et le bellicisme114(*).

Le militarisme ne peut être démocratique, et consenti par le peuple, en règle globale cela est un fait dans les sociétés démocratiques et les pays les plus développés en Europe notamment, ces pays ont déjà appris des leçons de la 1ère et 2ème Guerre Mondiales qui n'ont produit que des carnages et de destruction ainsi que de la haine. Le cas des Etats-Unis fait exception à ce postulat, comme l'explique Philip Golub dans son article Sur le militarisme américain115(*) pour rendre compte de deux livres sur la question, « le dieu romain de la guerre inspire encore l'esprit américain ».

Le nationalisme et le militarisme imprègnent les élites et des secteurs larges de la population116(*)américaine, notamment le parti républicain dans le sud du pays. Ces deux phénomènes se perçoivent à travers des symptômes comme la normalisation de la guerre, la glorification des chefs militaires, la recherche élitaire de la supériorité stratégique perpétuelle, l'accoutumance de la population à la guerre, une nouvelle « esthétique de la guerre » technologique à distance, et enfin la transfiguration des présidents en seigneurs de guerre.

Comment se fait-il qu'un pays réputé si démocratiquement avancé se permet une telle situation ? Pour l'auteur ce phénomène est « profondément enraciné dans le passé américain » et s'est développé « au grand jour en jouissant d'un grand soutien populaire » l'immense appareil de sécurité, dont « l'étendue, le coût et la configuration » visent son expansion et son autoperpétuation, parallèlement à la transformation de la société américaine.

Outre le complexe militaro-industriel117(*), le facteur religieux y est pour beaucoup à savoir l'irruption du fondamentalisme chrétien dans l'arène politique. Le poids des Etats du sud dans l'émergence d'un bloc nationaliste, militariste et impérialiste118(*).

En Afrique, cette tendance est de vigueur pour les Etats-Unis dont le militarisme et la militarisation119(*) est une composante aujourd'hui incontournable de l'action diplomatique, et participe activement à l'élaboration de la politique étrangère et de défense. Au delà de déploiement de leurs armées, le credo des stratèges américains comprend aussi la vocation des Etats-Unis à guider la planète, à en contrôler les ressources énergétiques, et à modeler la civilisation mondiale.

En parlant de la logique sécuritaire,envisagée dans la région d'Afrique du nord, cela suppose que, d'abord les Etats de la région sont le premiers concernés et responsables, ensuite que les conséquences qui découlent de la logique sécuritaire peuvent être résolues, non pas de l'extérieur, mais par le dernier ressort que constitue la démocratie qui doit jaillir de l'intérieur

* 110 Une étude, menée en 1995, par les économistes du FMI, The peace dividen militaray spendung cuts and economic growth, a démontré que les coupes dans les budgets militaires ont des effets sur la croissance économique sur le long terme, dans el cas de l'Afrique du nord cette croissance est de l'ordre de 4% sur la période de 10 et de l'ordre de 40 % sur une période de 50 ans

* 111 Dans un entretien du Secrétaire Général de l'ONU diffusé à la BBC le 4 novembre, il déclare que la situation en Irak est « bien pire » que la guerre civile et il reconnaît que la situation est bien plus difficile que sous la dictature de Saddam Houssein,

* 112 Pour Kofi Annan la vie est q pire que sous Saddam, Le Figaro, 04-12-2006 http://www.lefigaro.fr/international/20061204.WWW000000325_pour_kofi_annan_la_vie_est_pire_que_sous_saddam_.html

* 113 Cité par Mustapha Benchenane dans, La Méditerranée, espace de stabilité ou protectorat américain ? , Arabies, Décembre 1996 http://www.fmes-france.net/article.php3?id_article=119

Sur la question de la nécessité pour la puissance d'avoir un ennemi pour l'exercice de son hégémonie, Cf Lionel POURTOU, L'ennemi à l'âge des conflits asymétriques, Sociétés N° 80, 2003/2

* 114 Dictionnaire du petit Robert

* 115 Philip Golub, Sur le Militarisme américain, Le Monde Diplomatique, Décembre 2005.

* 116 Andrew J.Bacevich,the New American Militarism : How Americans are seduced by War, Oxford university Press, New york , cite par Philip Golub, Sur le militarisme américain, Le Monde Diplomatique, Décembre 2005

* 117 La guerre contre le terrorisme fait gagner énormément à l'industrie d'armement américaine. Le Budget militaire américain atteint des sommes énormes estimé à 400 milliards de dollars et sur 30 milliards de dollars de ventes d'armes dans le monde en 2002, 45% étaient réalisées par les Etats-Unis et leur complexe militaro industriel

* 118 Anatol Lieven , Le Nouveau nationalisme américain, Lattès, Paris 2005, cité par Philip Golub in Sur le militarisme américain, Le Monde Diplomatique, Décembre 2005

* 119 Celle-ci désigne l'action de militariser ou d'organiser militairement

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore