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La maladie sacrée, les parthenoi dans le regard de la médecine grecque

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par Virginie TORDEUX
Université Rennes 2 - Master 2006
  

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PREMIERE PARTIE

PRESENTATION DES SOURCES

Au milieu du cinquième siècle avant Jésus Christ, la philosophie prit un tournant dans la composition et l'organisation du monde extérieur pour ce qui avait attrait aux valeurs morales et éthiques de l'homme. Les théories sur la cosmologie (incluant notamment la différence entre les sexes) gardèrent une place importante dans les systèmes philosophiques mais leurs investigations s'étendirent aux différents aspects de la physiologie humaine et, en cela, la philosophie devint une matière proche de la médecine. A la tête de cette tradition médicale, contemporain de Socrate, on trouve Hippocrate.

Nous n'avons aucune certitude sur le fait qu'Hippocrate ait pu écrire les soixante traités qui nous sont parvenus. Ils furent probablement assemblés aux alentours du deuxième ou troisième siècle avant Jésus-Christ, à Alexandrie. Malgré l'incertitude concernant la date de la rédaction, on peut, de part les connaissances anatomiques, pharmaceutiques, datés ces écrits entre le cinquième et le deuxième siècle avant notre ère, la plupart ayant été certainement écrit au quatrième et cinquième siècle.

La langue utilisée est un dialecte de la langue ionique. L'Ionie, patrie d'Hippocrate, n'est pas forcément celle de tous les auteurs mais, la tendance grecque à absorber les différents dialectes serait suffisante pour expliquer pourquoi les écrivains médicaux continuèrent à utiliser cette langue, même s'ils venaient d'une autre région du monde grec2(*).

Le contenu de la collection est très diverse. Elle regroupe des monographies médicales, des notes sur des cas concrets (Epidémies), et des discours destinés à gagner la confiance de leurs contemporains (on verra plus loin pourquoi l'acquisition de cette confiance était importante à l'époque classique). Les différents traités n'ont pas d'unité entre eux. Ce serait une erreur de croire que le corpus hippocratique ne renferme qu'une seule doctrine. On trouve, notamment des désaccords quant aux nombres de fluides vitaux présents dans le corps ainsi que concernant les humeurs3(*).

Cette partie sera consacrée à la présentation de la Collection hippocratique ainsi qu'à l'étude des traités utilisés pour cette recherche.

CHAPITRE I

LA COLLECTION HIPPOCRATIQUE

Qu'appelle t-on la Collection hippocratique ? On verra comment a été composé le Corpus, l'impact qu'il a pu avoir sur la médecine de l'Antiquité, pour finir par la postérité de l'ouvrage.

I.COMPOSITION DU CORPUS

La Collection hippocratique.

Pourquoi retenir cette oeuvre sous cette appellation alors que la postérité l'attribue à Hippocrate ? Serait-ce dû aux interrogations qui entourent sa rédaction ? On verra, dans un premier temps, la polémique à laquelle les conditions de la constitution de l'oeuvre a donné naissance, puis les tentatives faites pour organiser la Collection, pour finir sur la question de l'auteur du recueil.

I.1. Une oeuvre constituée par le hasard ?

L'hypothèse la plus probable fait provenir la Collection hippocratique de la bibliothèque de l'école de Cos4(*). Celle-ci aurait contenu les travaux des grands Asclépiades.5(*) On y trouvait les ouvrages des maîtres, ceux à destination des étudiants, des ouvrages qui n'avaient pas vocation à être publiés, d'autres entrés en possession de la bibliothèque par hasard6(*). Le Corpus7(*) comprend une soixantaine de traités8(*) et serait composé de travaux de dates et d'écoles différentes.

Certains chercheurs estiment que les traités ont été réunis par le hasard9(*), d'autres soutiennent la thèse opposée10(*). Il est difficile de se faire une opinion, les deux parties avançant des arguments recevables. Pour les premiers, le corpus aurait été réunis au hasard des copies et des bibliothécaires. Cette affirmation est illustré par le fait que certains traités ne sont pas terminés et trouvent la fin de l'exposé dans un autre traité du corpus. C'est le cas du traité « Régime »: sept chapitres sont consacrés aux moyens de conserver une bonne santé et sont organisés de façon logique puis, une brisure apparaît au huitième chapitre qui renvoie au début de « Maladies I », et le neuvième au début des « Affections ». Or, il semble aberrant à W.H.S. Jones qu'un auteur ou un éditeur soit à l'origine de ce découpage. «  What author or editor could be so stupid as to complete an incomplete work by such unsuitable additions?»11(*).La reproduction se faisant sur des rouleaux de papyrus, la taille de ceux-ci pourrait expliquer ces césures12(*).

Les partisans d'une compilation voulue soulignent que le noyau dur du corpus est à attribuer à l'entourage direct d'Hippocrate et explique la diversité des sujets des traités par le fait que les médecins n'étaient pas des spécialistes mais des généralistes13(*). Mais une difficulté se pose à ce stade. En effet, G.E.R. Lloyd, dans son ouvrage Magie, raison et expérience, l'auteur considère qu'à la différence des médecins de la période homérique, les médecins de l'époque classique étaient devenus des spécialistes. La contradiction est levée par Jacques Jouanna qui considère que les médecins hippocratiques pouvaient être des spécialistes mais qu'ils étaient avant tout des généralistes14(*).

Quelque soit l'hypothèse retenue, les chercheurs s'accordent à dire que deux critères font l'unité de l'oeuvre : elle est écrite en langage ionnien15(*) et rejette la magie et la superstition comme moyens thérapeutiques16(*). Ce dernier point fera l'objet d'un développement dans la troisième partie de ce travail.

Après avoir vu les débats dont les conditions de constitution du corpus ont fait l'objet, examinons celui lié à l'ordonnancement de celui-ci.

* 2 Lesley Ann Dean-Jones, Women's Bodies en Classical Greek Science, Oxford, Clarendon Press, 2001, p 6.

* 3 Ibid.

* 4 W.H.S.Jones, Hippocrate, tome I, London, The Loeb Classical Library, 1952.

* 5 Famille des deux fils d'Asclépios, qui, avant d'être divinisé, fut un homme initié par le centaure Chiron à l'art de la médecine. Pour avoir trouvé le secret de l'immortalité, il fut foudroyé avant de devenir le dieu de la médecine supplantant ainsi Apollon.

* 6 W.H.S. Jones, op. cit.

* 7 Corpus : Recueil concernant une même matière.

* 8 Jacques Jouanna, Hippocrate, Paris, Fayard, p 85.

* 9 W.H.S. Jones, , op. cit., tome 4.

* 10 Jacques Jouanna, , op. cit., p 87.

* 11 W.H.S. Jones, Hippocrate, , op. cit., tome 4.

* 12 Jacques Jouanna, Hippocrate, op cit.,p 87.

* 13 Ibid.

* 14 Ibid.

* 15 Langage ionien : langue d'une école de philosophes et de physiciens grecs (VIème-Vème siècle) principalement représentés par Anaxagore, Thalès, Anaximandre et Héraclite.

* 16 W.H.S. Jones, Hippocrate, op. cit., tome 4.

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