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La maladie sacrée, les parthenoi dans le regard de la médecine grecque

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par Virginie TORDEUX
Université Rennes 2 - Master 2006
  

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I. La médecine rationnelle

On retrouve dans la collection hippocratique le même esprit que dans l'oeuvre de Thucydide qui refuse d'expliquer la marche des évènements historiques par l'intervention des dieux dans les sociétés humaines. Bien que des résurgences de pensées archaïques soient présentes (la maladie est une force démoniaque), la pensée hippocratique refuse l'intervention divine pour expliquer les maladies et rejette la thérapeutique magique par incantations ou purification240(*).

La médecine hippocratique apparaît comme une médecine laïque, rationnelle, exercée par des médecins qui soignent en prescrivant des remèdes, des régimes ou en pratiquant des interventions chirurgicales241(*).

Pour l'auteur hippocratique, ce sont les causes naturelles qui sont à l'origine des maladies et plus particulièrement un flux d'humeurs froides provoqué par les changements de vent. Par conséquent, le traitement doit être naturel, par les contraires qu'il oppose242(*).

Selon l'auteur, il faut chercher les causes dans l'histoire de la famille du malade, dès avant la naissance et au cours de sa vie243(*).Toutefois, cette histoire s'inscrit dans des processus internes qui sont les mêmes chez tous les individus.

Même si des différences existaient entre les doctrines et les procédures de chaque groupe, il y avait aussi de vastes zones communes244(*). Le traité Maladie Sacrée révèle que les adversaires d'Hippocrate emploient des purifications, charmes, incantations et recommandations d'ordre diététique. En considérant que certains mets sont nuisibles au malade, l'auteur leur reconnaît un intérêt245(*). Ceci est confirmé par les inscriptions à Epidaure du culte d'Asclépios. Le dieu guérirait les malades en les touchant avec un anneau mais également grâce aux aliments et aux médicaments.

II. La médecine magico-religieuse

En la matière, le travail de Dodds246(*) a permis que certaines thèses soient désormais admises. On sait aujourd'hui que l'irrationnel fut présent à toutes les périodes de la pensée grecque mais que quelques variations existaient. Ainsi, Dodds décèle au IVème siècle une sorte de retour en réponse au Vème siècle247(*), époque des Lumières qui s'intensifie à partir du deuxième siècle après Jésus-Christ. Toutefois, même si cela s'avère exact, on s'accorde à dire que le monde antique a développé des enquêtes dans lesquelles on reconnaît science et philosophie.

Tout en dénonçant l'ignorance totale de l'art chez ses adversaires, le médecin hippocratique leur reconnaît une certaine habileté. Leur responsabilité est rejetée sur les dieux en cas de décès du patient alors qu'il s'arroge le mérite en cas de guérison248(*). Grâce à différents artifices, ils semblent être les détenteurs d'une science supérieure, auxquels ils ont recours, que ce soit dans le diagnostic ou dans le traitement.

Le médecin hippocratique reproche à la médecine magico-religieuse de chercher à être plus affective, expressive ou symbolique, qu'efficace. Le critère qui permettait de la juger était de savoir si elle avait été accomplie comme il le fallait et non si elle avait obtenu des résultats pratiques249(*).

Pour ce qui est du traitement, la médecine magico-religieuse allie purifications, incantations et interdits alimentaires.

« Il ordonnent de s'abstenir de bain et de nombreux aliments qui sont inappropriés aux malades ; por les poissons de mer, le trigle, le mélanure, le mulet, l'anguille ; pour les viandes, celles de chèvres, de cerf, de porcelet et de chien ; pour les oiseaux, la poule, la tourterelle, l'outarde ; pour les légumes, la menthe, l'ail, l'oignon ; et ils ordonnent de ne pas porter un manteau noir, de ne pas se coucher sur une peau de chèvre ni d'en porter sur soi ».

De même, des distinctions sont faites dans le diagnostic :

« Si le malade imite la chèvre, s'il rugit et s'il a des convulsions du côté droit, ils disent que la mère des dieux est responsable ; s'il fait entendre des sons plutôt aigus et perçant, ils comparent le malade à un cheval et disent que Poséidon est responsable »

Ce passage permet de comprendre comment la médecine magico-religieuse a pu rivaliser avec la médecine hippocratique. En effet, les principes du diagnostic rappellent des traités du corpus dans lesquels la variation des symptômes permet de conclure à deux maladies différentes. On comprend mieux l'aspect paradoxal de la polémique qui assimile ses adversaires à des charlatans mais qui leur reconnaît une certaine habileté sophistique.

Cette médecine est d'autant plus un adversaire que la mentalité populaire devait certainement conserver la conception divine de la maladie, celle-ci étant intensément relayé par le théâtre dans lequel on voit les dieux infligés des maladies ou les guérir. Ainsi, dans OEdipe Roi, où une épidémie s'abat sur la ville tant que le meurtrier du précédent roi n'est pas retrouvé. La tragédie est donc le témoin de la crédulité populaire qui pouvait facilement être utilisée par les charlatans250(*).

* 240 Jacques Jouanna, La maladie sacrée, Paris, Les Belles Lettres, p XXVI.

* 241 Jacques Jouanna, l'Art de la médecine, Paris, Flammarion, 1999, p 31.

* 242 Ibid, p 30.

* 243 Jacques Jouanna, La maladie sacrée, p XXXIX.

* 244 G.E.R. Lloyd, loc. cit.

* 245 Jacques Jouanna, La maladie sacrée, p XXXIV.

* 246 Eric Robertson, Dodds, Les grecs et l'irrationnel, Paris, Flammarion, 1985, 316p.

* 247 G.E.R. Lloyd, loc. cit.

* 248 Jacques Jouanna, La maladie sacrée, PXXI.

* 249 G.E.R. Lloyd, loc. cit.

* 250 Ibid.

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