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La gestion des sites du patrimoine mondial au Maroc: Le cas du Ksar Ait Ben Haddou (province de Ouarzazate)

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par Hassan ZAKRITI
Université internationale de langue française au service du développement africain - DEPA 2005
  

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3.1. Le contexte socio-économique

3.1.1. L'abandon du ksar

La population du site s'élève à 3000 habitants, essentiellement implantée dans

le village situé dans l'autre rive du fleuve (Oued el Maleh) à proximité de la route. 7 ménages avec à peu près 50 personnes peuplent encore le ksar et seule une famille au complet occupe sa demeure ancestrale.

Les inondations de 1989 ont précipité le départ de la population vers la rive droite de l'Oued el-maleh, qui compte une centaine de foyers contre 7 pour le ksar. Ce mouvement de la population d'une rive à l'autre - amorcée déjà depuis le début des années 1970 - a formé le nouveau village, à cause du déficit en équipements au niveau du ksar ; l'absence d'un pont par exemple constitue l'un des principaux handicaps, en période de crues surtout. Un sentiment d'isolement et de marginalisation régnait chez les ksouriens du site.

Mais le phénomène d'abandon - attesté dans la plupart des ksour du sud marocain- s'inscrit dans un mouvement social d'urbanisation de la population marocaine stimulé par la recherche d'un mode de vie meilleur qu'on arrive plus à trouver dans les ksars : ceux-ci - avec leur fonction défensive d'antan - sont devenus obsolètes à leur sens. Chez les ksouriens de Aït Ben Haddou, ce phénomène est plus accentué car il s'agit d'un abandon quasi total.

3.1.2. Une base économique précaire

Les activités de base dans l'environnement immédiat du ksar sont dominées par l'agriculture, l'élevage et l'artisanat (tissage de tapis). Le tourisme et la production

1 Les éléments du diagnostic sont établis à la suite des visites que j'ai effectuées au site, et de la lecture de 3 documents : le rapport de suivi périodique des sites marocains (Région arabe) soumis à l'Unesco (2000), le rapport sur le profil environnemental du ksar Aït Ben Haddou, établi par FathAllah Debbi (2003), et l'enquête sur la situation foncière du ksar Aït Ben Haddou (CERKAS, 2001).

cinématographique constituent actuellement les principaux pôles d'attraction de la région.

a. L'agriculture : un secteur d'activité fragile

Elle constitue l'activité majeure de la population. Il s'agit d'une production

locale de subsistance, pratiquée sur des petites parcelles irriguées le long du fleuve et à faible rendement. L'usage de la technologie moderne est assez faible. L'instabilité des précipitations rend la pratique agricole difficile et non pérenne ; s'ajoute à ceci le degré de salinité du fleuve Oued el maleh dont l'appellation évoque ce phénomène (le fleuve salé).

L'espace cultivable est divisé en quatre quartiers d'irrigation alimentés chacun par une seguia. Chaque seguia possède un tour d'eau (tawala) celui-ci est graduée en tranches horaires (talguim't) correspondant à 6 heures, et chaque lignage possède,

dans chaque seguia un certain nombre de telguimin (sing. talguim't)1.

Les cultures sont dominées par les céréales (blé, orge en hiver et maïs en été) ; celles-ci occupent environ les 2/3 des terres cultivables. Les cultures fourragères n'en occupent que 23% environ (la luzerne est la plus représentée). Le reste du terrain est occupé par les légumineuse (fèves) ou les cultures maraîchères (oignons, navets, carottes). L'arboriculture occupait auparavant, une place importante dans la production du site, mais les vagues de sécheresse de la fin des années 1970 et début des années 1980 avaient précipité leur déclin. On assiste néanmoins une renaissance de cette activité au début des années 1990 : amandiers, oliviers, pommiers, et même des palmiers2.

L'élevage, associé à l'agriculture, est une composante très importante du système agricole du site du ksar. Il s'agit d'un élément de sécurité contre les aléas climatiques. La possession du cheptel était un signe de prestige et un moyen d'accès aux parcours collectifs, d'où l'importance que lui accorde l'ensemble des habitants du ksar.

Le système d'élevage était basé sur une transhumance entre les sommets des monts qui dominent Oued Ounila, Tizi n'Telouet en été, et la région de Tefernine et

Tammassine en hiver. Cette transhumance est aujourd'hui en déclin3.

En conséquence, l'agriculture sur le site du Ksar Aït Ben Haddou est handicapée par

des éléments de son environnement physique, écologique et humain : les longues gelées d'hiver, les chaleurs torrides d'été, la longue saison sèche, la brutalité des averses et de crues, la salinité de l'eau et du sol et l'altération du couvert végétal sont autant

1 M. Aït Hamza, op. cit., p.27

2 id., p. 28

3 ibid.

d'éléments physiques qui agissent pour la décadence de cette activité. En outre, le sentiment de mépris et de dédain que l'ouverture a engendré chez les jeunes envers les travaux agricoles et l'intérêt accru pour le tourisme ont contribué largement au déclin de ce secteur d'activités.

b. une activité touristique peu organisée

L'infrastructure d'accueil du site, d'une capacité de 64 lits, comporte : 7

auberges restaurants, 4 maisons d'hôtes, 2 hôtels classés, 2 restaurants, 2 auberges en cours de construction. Ces équipements sont localisés dans le nouveau village, alors que le ksar est dépourvu de toute structure d'accueil.

Le site est visité - selon des estimations - par 130.000 personnes par an soit la moitié des visiteurs de la région. Le rythme quotidien varie de 700 à 1200 visiteurs par jour. La haute saison s'étale sur les mois de mars, avril et mai, tandis que la basse saison caractérise les mois de novembre, décembre et janvier.

La situation du ksar à 30km de la ville d'Ouarzazate et à une demie heure de la Route Nationale route ne favorise pas les séjours sur place. D'ailleurs, la province enregistre un nombre de nuitée assez bas (1,7 nuitée en moyenne) du fait qu'elle constitue un lieu de passage entre Marrakech et Agadir.

Le développement de ce secteur au niveau du site est entravé par : des difficultés d'organisation, d'accueil et de séj our ; le manque d'hygiène et d'aménagement approprié ; manque d'encadrement des guides.

L'activité touristique sur le site génère des revenus mais sans effet de retour sur la sauvegarde du ksar qui constitue la véritable attraction des touristes.

Photo. 7- l'un des aspects de la folklorisation du site à des fins touristiques
(cliché: M. Barjali- Cerkas)

c. une activité cinématographique non réglementée

Cette activité constitue, avec le tourisme, l'activité phare de la région, développée

grâce à la beauté des paysages naturels et architectural qu'offre les ksour à l'image de celui des Aït Ben Haddou. Plusieurs facteurs ont favorisé cette activité : intégrité du paysage ; luminosité assez importante ; diversité ethnique de la population pour les besoins de figuration ; une infrastructure de qualité (aéroport, hôtels, studio, moyens de transport et de communication divers) ; facilités administratives de la part des autorités provinciales et du Centre Cinématographique Marocain (CCM), assistances diverses voire même celle de l'armée (pour les grandes productions).

La production cinématographique semble être un secteur générateur d'emplois. Il a également contribué au développement de certains métiers : décoration, travail du plâtre et du bois, et l'habillement. Cependant, il engendre des effets négatifs sur la communauté et place la population dans une position d'attente permanente de tournage. Un phénomène qui engendre à son tour des spéculations et des surenchères entre les propriétaires ce qui risque de décourager ou détourner les producteurs.

En outre, cette pratique est préjudiciable à l'intégrité physique du site et les enjeux qui en résultent mettent le ksar en péril, à cause de son utilisation abusive, alors que le patrimoine est dans son ensemble assez fragile. Il a été même rapporté que des dégâts ont été faits sur les structures anciennes lors du tournage d'un film.

Photo. 8 - reliquat d'un décor de tournage laissé à l'entrée du ksar (cliché : l'auteur)

d. prolifération des commerces sur le site

59 vendeurs en bazar se sont installés sur le site, dont 24 dans le ksar. Beaucoup

sont étrangers à la région (Taroudant). Au sein du ksar, ils occupent la rue commerçante et s'installent dans les rues adjacentes.

Photo. 9 - l'un des aspects de la prolifération anarchique des bazars dans le site
(cliché : M. Barjali - Cerkas)

e. l'artisanat : activité peu encadrée

L'artisanat dans l'environnement du ksar est essentiellement basé sur le tissage du tapis, pratiqué par les femmes. La commercialisation, liée à la production familiale, s'effectue au rythme du marché hebdomadaire par les hommes. Le secteur n'est pas organisé en coopérative, ce qui limite les possibilités d'accès aux services fournis par la délégation provinciale de l'Artisanat.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote