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Les implications socio-sémiotiques et esthétiques du partage des photos numériques et des MMS


par Mahdi AMRI
Université Bordeaux 3 - Master 2 R Sciences de l'Information et de la Communication 2006
  

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Photo numérique et implications esthétiques

Le discours sur les photos numériques s'inscrit dans un cadre plus large, celui de l'image dont le positionnement est devenu très stratégique dans l'espace médiatique. Maintenant, il y a de plus en plus d'images qui circulent à travers les médias, il y a plus d'intérêt porté sur l'image et ses effets psychologiques et sensibles. Les photos numériques distribuées en particulier sur le réseau Internet représentent une masse importante des images qui circulent dans notre vie quotidienne, elles offrent des possibilités d'échange entre les personnes ou l'ensemble des communautés virtuelles.

Pour ce qui concerne notre échantillon enquêté, les photos numériques représentant des paysages et des scènes de la nature diffusées sur le Net sont caractérisées par leur grande qualité qui offre une sensation de confort visuel, elles requièrent des implications esthétiques certaines pour les internautes. A travers lesquelles, on peut visiter des mondes lointains en un simple clic, on a le sentiment de voyager et de traverser l'espace sans même se déplacer. C'est un voyage virtuel à travers Internet qu'offrent ces photos doublé d'un effet de rêve, et c'est justement quelques images représentatives qui donnent l'illusion à ceux qui les regardent d'être partis en voyage.

Ceci suppose que les photos numériques ont la capacité de faire naître des représentations mentales pour ceux qui les regardent. Mais, une image mentale peut-elle reproduire la réalité telle qu'elle s'est déroulée ? Le souvenir d'un voyage réel ne serait-il pas plus authentique et vif qu'une photo restée dans la mémoire d'un paysage vu un certain moment lors d'un voyage virtuel à travers Internet ? La question essentielle qui se pose : Est ce que nous avons besoin de ces photos numériques publiées sur Internet (représentant des coins paradisiaques) pour simuler des voyages ?

Pour ne pas prétendre apporter des réponses instantanées à ces interrogations (nous estimons que cela sera possible ultérieurement dans le cadre d'une recherche approfondie) nous revenons à notre problématique initiale, c'est à dire les dimensions socio-sémiotiques et esthétiques des photos numériques. A cet effet, Tamila pense qu'avec la pénétration de la technologie numérique dans le champ de la photographie, la photo perd sa magie et son charme. Pour expliquer son point de vue, elle fait référence aux photos classiques du début du 20ème siècle qui étaient d'une beauté artistique irréprochable qui leur donnait le statut de vrais chefs-d'oeuvre. Elles correspondent par exemple à quelques photos anciennes des grands parents qu'on prend soin de garder précieusement pour les générations à venir au contraire des photos numériques qui sont si nombreuses qu'on oublie souvent de les préserver.

Tamila pense qu'avec l'appareil photo numérique l'on ne peut pas reproduire des photos artistiques qui touchent les sentiments des gens, étant donné que de nos jours les traditions photographiques ont changé. Autrement dit, avec le numérique on est plus dans l'éphémère et l'irréfléchi que dans le méditatif. La photo numérique de ce fait n'est plus un arrêt sur image, une traduction iconique d'un moment unique ou une contemplation lucide d'une scène précise, c'est plutôt une mécanique incarnationnelle et froide des images, une captation rapide de l'instant, et tout le monde peut facilement en accéder.

Cette possibilité de prendre autant de photos qu'on veut avec le numérique et notamment de les visualiser et de les supprimer ne peut que tuer le plaisir lié à l'acte photographique considéré comme un moment privilégié et une réflexion iconique sur un instant apprécié. C'est la raison pour laquelle on peut se rendre compte que quelques photos argentiques portant notre touche personnelle vaudront mieux qu'une multitude de photos numériques prises de manière rapide et irréfléchie.

« On prend beaucoup de photos mais on ne se rend pas compte que (l'acte photographique) c'est un point privilégié pour se préparer, je ne sais pas... ça donne pas une valeur à la photo en elle-même ». Faïçal, 21 ans

En fait, du moment que l'appareil photo numérique assure une prise déchaînée de photos avec des possibilités parallèles de retouche on n'arrive pas à saisir l'instant véridique. Avec le numérique, les photos des voyages par exemple vont avoir tendance à être plus répétitives (plusieurs versions photos du même endroit ou paysage de différents angles), donc plus futiles et moins signifiantes. De plus, le fait de partir en voyage avec son caméscope peut parfois nous priver de profiter des instants heureux que l'on s'efforce de capturer un à un avec son appareil photo. Ceci va nous inciter à se demander : A quoi cela sert de mémoriser toujours l'instant avec son caméscope ? sommes-nous toujours contraints de mémoriser nos voyages ou notre quotidien en général à travers des photos ? La mémoire photographique enrichit-elle ou appauvrit-elle notre mémoire cérébrale ?

De sa part, Effie considère que le passage de l'argentique au numérique ne peut pas constituer un dilemme pour la photographie. Le numérique participe par contre à la démocratisation de l'art en donnant accès à tous ceux qui le désirent à la photo. Il appartient plus tard aux photographes professionnels de choisir le support convenable pour représenter la réalité à travers des photos artistiques.

« Après si les vrais photographes, les spécialistes veulent prendre des photos artistiques , eh bien c'est à eux de choisir l'appareil ou le support (numérique ou analogique) qui préfèrent pour reconstituer la réalité à travers la photo, tu vois ? ». Effie, 32 ans

Cela étant dit, le numérique reste le médium le plus favorable pour la réalisation de photos réussies. Ses fonctionnalités souples, sa simplicité d'usage et le nombre assez important de photos qu'il permet de prendre en sont apparemment les raisons majeures. Toutefois, le numérique multipliant le nombre des photos prises entraîne leur banalisation et c'est justement avec l'argentique qu'on arrive à apprécier plus les photos. Cela renvoie aux phases successives pour la production de la photo dont la phase du développement chimique de la pellicule qui va décider du destin de l'image (la teinte qu'elle va prendre, photo ratée ou réussie...).

Pour les personnes qu'on a interrogées sur leurs usages des photos numériques dans la vie quotidienne, c'est un vrai bonheur de faire une photo en mode argentique, parce que l'on ne connaît pas le résultat du développement du film ce qui rend précieux et le temps d'attente et d'expectation et la photo obtenue elle-même. La photo argentique prend notamment plus de valeur et devient une source de plaisir ; on peut la toucher et la sentir comme un être humain, à travers laquelle des souvenirs lointains s'éveillent en nous et nous pouvons revoir le passé se reconstituer en morceaux.

« Il y a vraiment un réel contact quand tu prends la chose dans ta main, tu sens...C'est inconscient et après tu dégustes ce moment ». Amal, 24 ans

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon