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La resistance à la conquête et à la domination coloniale en Grande Comore: 1880-1940

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par said mohamed Said Hassani
Université Paris VII - DEA d'Histoire 2004
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE PARIS 7-DENIS DIDEROT
U.F.R : G.H.S.S.
DEPARTEMENT D'HISTOIRE.

Section Histoire de l'Afrique.

 
 

MÉMOIRE DE D.E.A. D'HISTOIRE DE L'AFRIQUE.

Présenté par : SAID HASSANI Said Mohamed.

LA RÉSISTANCE A LA CONQUÊTE ET A LA DOMINATION COLONIALES EN GRANDE COMORE. (1885 à 1945)

Année Universitaire 2003/2004.

Sous la Direction de Mme Faranirina RAJAONAH.

SOMMAIRE.

Pages.

SOMMAIRE. ........................................................................... 1

Remerciements. ...........................................................................5

Carte de la Grande Comore..............................................................6

INTRODUCTION . ..................................................................... 7

PREMIERE PARTIE : PROBLEMATIQUE. ...................................11

I. LE CHOIX DU SUJET..............................................................11

II. L'INTERET DU SUJET. ..........................................................13

III. PROBLEMATIQUE. .............................................................14

DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE. ................................... 29

CHAPITRE I, LES SOURCES ARCHIVISTIQUES. ......................... 29

I. Le Centre des Archives d'Outre-Mer. .......................................... 30

A. La Série Géographique. ........................................................ 31

B. Agence France d'Outre-Mer (AGEFOM). ................................... 33

C. Commission Guernut. ........................................................... 33

D. Répertoire du Fond des Provinces de Madagascar : Diego - Suarez, Majunga,Tananarive. Province de Majunga ( PM). ........................... 33

E. Série D. ........................................................................... 34

II. Autres Centres d'Archives. .......................................................35

A. France. .............................................................................35

B. Comores et Madagascar. .........................................................35

III. Les centres de documentations et bibliothèques. .......................... .36

IV. Les Sites Internet. ........................................................................... ...39

V. Les sources orales. ................................................................ .40

CHAPITRE II. LES SOURCES IMPRIMEES. ................................ 42

I. Présentation. .......................................................................... 42
II. Bibliographie thématique. ....................................................... 43

A. Ouvrages généraux sur la colonisation. ....................................43

B. Afrique et Océan Indien. .................................................... 45

C. Comores. ...................................................................... 49

D. Mémoires et thèses. ......................................................... 52

a. Sur les Comores. ..................................................... 52

b. Sur d'autres pays. ..................................................... 54

E. Article de presses et revues. ................................................ 54

TROISIEME PARTIE : PRESENTATION DU PLAN. ...................... 61

CHAPITRE I. PLAN PROVISOIRE DE LA THESE. ......................... 61

PARTIE REDIGEE : CHAPITRE V, LA FISCALITÉ, UNE SOURCE DE CONTESTATION A L'ORDRE COLONIAL. .................................67

I. L'instauration de l'impôt. .........................................................67

A. Le traité de 1892 et l'instauration de l'impôt..............................67

B. La perception de l'impôt. une tâche difficile. ............................71

II. Fraudes et contestations fiscale :émeutes et soulèvements. ..................78

A. Iconi, la ville rebelle..........................................................78

B. L'insurrection du nord de Ngazidja en 1915..............................83

C. La fièvre insurrectionnelle dans la province de Dimani en 1915.......86

ANNEXES. ..............................................................................92

1) Carte : La Grande Comore. .........................................................6

2) Photos

2-1) Le sultan Said Ali. .................................................................93

2-2) Le prince Said Housseine. ........................................................93

2-3) Léon Humblot. .....................................................................94

3) Traité commercial du 6 novembre 1885, passé entre le Sultan Said Ali et Léon Humblot. ...........................................................................95

4) Traité du 6 janvier 1886 entre le Sultan Said Ali et le Gouvernement de la République Française. ..................................................................97

5) Traité du protectorat français sur la Grande Comore signé entre le Sultan Said Ali et le Gouvernement de la République Française le 6 janvier 1892. ..........99

6) Liste des déportés suite à l'insurrection de 1915 en Grande Comore.........103

7) Statistique de l'indigénat en 1936, nombre des peines infligées. ............107

8) Liste des Résidents en Grande Comore. .........................................108

9) Résumé des réponses des chefs notables et de la population de la Grande Comore à la proclamation du Gouverneur Général, après l'insurrection de juillet août 1915 en Grande Comore. ........................................................110

10) Quelques dates repères de l'histoire des Comores. ...........................112

Dédicaces.

Je dédie ce travail de mémoire spécialement à ma femme chérie ZAINA Mohamed Said Ali, et à toutes les mères, soeurs, épouses et filles de touts les étudiants comoriens qui poursuivent leurs études en France et dans le monde entier.

Remerciements.

Je tiens à remercier Madame Faranirina Rajaonah, responsable du DEA d'Histoire de l'Afrique à Paris 7, qui a bien voulu diriger ce mémoire. Son intérêt, sa disponibilité, et ses conseils m'ont été d'une grande utilité.

Ensuite, je voudrai exprimer ma gratitude et ma reconnaissance pour Monsieur Housseine Said Ibrahim et Monsieur Djaffar Charif Toihir sans l'apport desquels ce travail n'aurait vu le jour.

Que soient remerciés, Monsieur Mohamed Hassane Kari et sa femme qui m'ont hébergé chez eux à Marseille, durant mon séjour de recherches au Centre des Archives d'Outre-Mer à Aix en Provence.

Mes remerciements également à Monsieur Abdoul Ba et à Monsieur Antonio Pianegonda qui m'ont fait la gentillesse de lire ce travail et d'y apporter des corrections.

Ai-je besoin de remercier Monsieur Ibrahim Abdallah et Madame Hadidja Said Omar qui m'ont beaucoup encouragé, et m'ont soutenu durant mes recherches.

Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont participé, de loin ou de près, à la réalisation de ce mémoire. Mais aussi celles et ceux qui m'ont apporté conseils et affection, ils se connaissent et sauront se reconnaître à travers ces mots.

La Grande Comore. Source : http/www.malango-comores.com/carte.

INTRODUCTION.

Les trente années qui vont de 1880 à la veille de la Première Guerre mondiale constituent un tournant majeur dans l'histoire du continent africain. Elles englobent une somme importante d'évènements dont le plus significatif est la colonisation. Ce processus de conquête et d'occupation de l'Afrique par les Européens fait face à une forte résistance. Des mouvements populaires de contestation éclatent dès la première phase de la colonisation et constituent une réponse aux exigences immédiates du nouveau régime. Les peuples n'acceptent pas la soumission et cherchent à préserver leur indépendance. Vaincus par la puissance des armes, les peuples colonisés prennent conscience et organisent des résistances populaires qui ne laissent aucun replis aux étrangers.

La tournure que prend la colonisation n'épargne pas les Comores où la France prend pied à Mayotte depuis 1841. Ngazidja, l'Île la plus à l'est et la plus grande de l'Archipel, semble à l'abri grâce à ses ports inaccessibles. Elle ne le demeure pas longtemps cependant car, vers 1875, la recrudescence des tensions se traduit en Grande Comore par une guerre qui ouvre la porte de l'île aux appétits des grandes puissances européennes. Le jeune et dernier sultan Said Ali parvient, non sans peine et avec l'aide des Français, à remonter sur le trône de son grand père après avoir éliminé son adversaire le sultan Moussafoumou. Vers 1886 la France établit son protectorat dans l'ensemble des îles accueilli par diverses insurrections systématiquement réprimées. La lecture coloniale donne l'impression que les Grands Comoriens acceptent cette domination avec reconnaissance et les faits de la résistance comorienne sont mis en sourdine. Les Comoriens voient donc dans la venue des Français, un heureux hasard qui les délivre des guerres fratricides, de la tyrannie des sultans voisins, des épidémies et des famines périodiques.

A l'heure où la France du XXIeme siècle commémore le soixantième anniversaire de la libération de Paris, rend hommage aux héros de la résistance et réclame que lumière soit faite sur des massacres passés sous silence, l'histoire de la résistance Comorienne sombre toujours dans l'ignorance. Face à ce silence, nous nous sommes posés des questions au sujet de la résistance comorienne. Les Grands Comoriens se battent d'abord contre l'envahisseur étranger, luttent contre l'occupation de Ngazidja, et, vaincus par la force des armes, ils combattent les institutions, les excès et les abus du régime colonial.

En effet, si la résistance à la conquête est brève et systématiquement réprimée, celle qui suit et s'oppose au système colonial est remarquable. Elle l'est par son caractère permanent, cessant ici pour reprendre ailleurs, renaissant toujours et mettant le colonisateur en perpétuel état d'insécurité. Elle revêt divers aspects, actifs ou passifs et concerne différents cadres : sociaux, politiques, économiques, voire religieux. La réalité de cette résistance est si évidente qu'elle suscite un intérêt de notre part, et nous pousse à effectuer ce travail de recherche. Le choix posé ici permet de rendre compte de l'évolution qui fait passer la Grande Comore du refus de la colonisation à la contestation de l'ordre colonial. Une évolution qui conduit l'Île, de la réaction immédiate de rejet à un combat de longue durée, vers son indépendance. Cet état de fait met à jour la véracité d'un certain nombres de pensée anticolonialistes, car la colonisation n'a pas que des partisans et Paul Louis s'exprime ainsi : «...Les colonisés sont des esclaves qui un jour, au delà des différences de races, de couleurs et de langue, se révolteront... »1(*)

Certes, les mouvements de contestation sont réduits au silence et les Français deviennent maîtres de la situation dans l'ensemble de l'Archipel. Ils réussissent à imposer une paix entre les sultanats et instaurent la sécurité dans le pays. Cette « pacification » laisse croire que le peuple comorien se résigne et adhère à la cause coloniale. Les évènements qui accompagnent l'annexion de l'Archipel témoignent du caractère illusoire de cette paix instaurée, fréquemment troublée par des émeutes. Et la France a étendu une voile de silence sur la résistance comorienne, pour donner l'impression qu'elle devient seule maître dans l'Île. Ce silence accroît le trouble d'un peuple, jadis fière de sa civilisation et de son mode de vie défaits par les instruisions étrangères, et incapable de retrouver ses équilibres ancestraux. Les défenseur de la domination coloniale refusent de considérer que la résistance et les rebellions qu'a suscités la colonisation sont des phénomènes organisés. Ils les décrivirent comme des réactions primitives et irrationnelles ou encore les attribuent à l'agitation de la minorité assoiffée de pouvoir. On parle de conquête coloniale et de pacification tout en niant l'existence d'une résistance, pourtant il n'y a pas de conquête sans résistance. Le peuple comorien subit une convulsion qui le laisse désorienté, à la recherche de nouveaux cadres et d'un idéal nouveau.

La victoire de la France coloniale ne veut pas dire que la résistance comorienne est sans importance en son temps ou qu'elle ne mérite pas d'être étudiée maintenant. Pour contribuer à la compréhension de l'histoire comorienne et à lever un coin du voile de l'histoire comorienne, notre projet consiste à étudier la résistance anticoloniale. Une résistance qui s'est déroulée en différentes étapes : d'abord une opposition armée à la pénétration coloniale, ensuite les émeutes et les soulèvements populaires, enfin une résistance passive au système colonial entraînant des fraudes fiscales, fuites et tout autre acte d'incivilité. Notre travail se propose d'étudier la résistance en Grande Comore, sous sa forme primaire allant de la conquête coloniale, à partir de 1880 jusqu' en 1940. La période qui suit, voit naître des mouvements politiques, qui donnent lieu à des résistances modernes, et qui luttent pour l'indépendance du pays.

Ce travail comprend trois parties. La première est consacrée à l'étude des questions liées à la problématique et l'intérêt du sujet. Nous y présentons les divers thèmes et interrogations liés à l'objet de notre travail. La deuxième partie s'intéresse à la question de la faisabilité de notre sujet. Dans cette partie nous exposons les grandes lignes de l'approche méthodologique, les instruments (archivistiques, documentaires, informatiques etc...) qui nous permettent d'aborder ce sujet. Enfin une troisième partie qui présente le plan provisoire de la thèse suivi d'un de chapitre rédigé.

PREMIERE PARTIE : PROBLEMATIQUE.

I. LE CHOIX DU SUJET.

Traiter un thème sur l'Histoire des Comores, tel était notre but en nous inscrivant dans ce DEA. Cependant le choix n'a pas été facile. Après mûre réflexion et différentes concertations avec des enseignants et étudiants comoriens, et après vérification des travaux publiés sur les Comores, nous nous sommes rendus compte que la résistance anticoloniale ne fait pas l'objet d'une étude historique. Ainsi nous avons décidé de mener notre recherche sur cette question.

L'Archipel des Comores a connu une histoire qui lie les quatre îles entre elles. Dissocier l'histoire de ces îles revient à vouloir séparer le destin des île de cet archipel. Néanmoins, dans le cadre de notre sujet, traiter la résistance anticoloniale dans l'ensemble des îles nous paraît un projet ambitieux dans la mesure où les réactions d'hostilité à la colonisation sont différentes selon le lieu et le contexte. Chaque île connaît des spécificités dans son organisation sociale et politique qui différencie les enjeux de cette opposition. En plus les contestations qui ont lieu dans chaque île n'ont pas forcement de répercussions sur les îles voisines. Cela revient à dire que l'ampleur de cette opposition se limite au niveau insulaire et les réactions respectives n'influencent pas forcement les îles soeurs. Cet état de fait s'explique probablement par les divisions naturelles et géographiques du pays. L'insularité et les difficultés de communication ne permet pas de coordonner les mouvements de résistance.

L'installation de résidents français dans chaque île en est un parfait exemple de cette diversité entre les îles. En effet Anjouan s'oppose catégoriquement à l'arrivée d'un résident, alors qu'en Grande Comore, le sultan Said Ali l'accueille à bras ouvertes. Les différentes insurrections qui éclatent au tout début du XXème siècle dans l'Archipel illustrent également ces diversités. A Ngazidja des émeutes contre l'impôt, éclatent en 1915 alors qu'il a fallu attendre un quart de siècle pour voir l'île d'Anjouan devenir le théâtre d'événements similaires mais de faible envergure si l'on se réfère à MARTIN J2(*). L'ampleur de résistance, varie d'une île à l'autre en fonction des enjeux et des forces en présence.

L'Histoire coloniale de la Grande Comore est marquée par la question foncière qui se trouve au coeur de la plupart des mécontentements indigènes. Elle persiste même après la décolonisation et entraîne des conflits entre différentes localités de l'Archipel.3(*) Cela montre le degré d'importance du problème foncière et le rôle qu'il a joué dans la résistance anticoloniale aux Comores. Autant de raison parmi d'autres, pour nous de limiter notre étude de la résistance anticoloniale à la Grande Comore. Nous nous proposons donc de traiter la résistance primaire dans une période allant de 1880 jusqu'en 1940.

Cette date ne marque pas la fin de la résistance anticoloniale aux Comores, elle ouvre la voie à d'autres formes de contestations au nouveau régime. La terre et le travail demeurent des sources de mécontentement avec cette fois des prétentions d'ordre politiques. Changement donc de stratégie, l'hostilité des Comoriens connaissent des modifications des moyens d'expression. Les interventions militaires matent les soulèvements populaires, les déportations et les condamnations se multiplient sans pour autant calmer les esprits aiguisés par la haine des blancs. « La résistance va changer de forme, elle se réfère à des valeurs nouvelles, introduites par la colonisation elle-même, à savoir la démocratie, le droit des peuples à disposer d'eux mêmes, la liberté....4(*) » la résistance primaire disparaît donc progressivement avec l'arrivée des mouvements politiques.

II. L'INTÉRÊT DU SUJET.

Les chercheurs qui ont travaillé sur les Comores se sont intéressés fréquemment à l'histoire politique contemporaine. Ils se sont beaucoup moins intéressés au thème de la résistance à la conquête et à la domination coloniale. Le but de cette recherche consiste donc à essayer de faire la lumière sur un épisode moins connu de l'histoire comorienne. En effet la résistance anticoloniale aux Comores demeure un sujet très peu abordé. On se contente de mentionner souvent le caractère belliqueux des sultans de cet Archipel en faisant allusion aux « sultans batailleurs », l'apathie des habitants et à leur indifférence à l'égard des étrangers, surtout les blancs. Néanmoins l'accueil que ces « guerriers », ont réservé comme réponse à la domination coloniale est passé sous silence. Notre travail ne consiste pas à reprendre ce qui est fait, nous nous proposons d' interpréter les faits historiques sous l'angle d'une opposition, de contestation et de résistance anticoloniales.

Ce travail est une contribution à la connaissance et à la compréhension de l'Histoire de la Nation comorienne. Une Histoire très mouvementée dans un cadre géographiquement éparpillé. Il vient s'ajouter aux travaux de chercheurs qui ont travaillé sur l'histoire de la résistance aux Comores4(*). Il se veut être un apport complémentaire à la compréhension de l'Histoire de l'Archipel des Comores.

C'est dans l'optique d'approfondir cet aspect de l'histoire comorienne que nous allons étudier l'histoire de la résistance anticoloniale tout en espérant y apporter le maximum de témoignages des Comoriens. A notre connaissance, la plupart des travaux publiés sur l'Histoire des Comores se base sur les archives et les documents écrits sans exploiter les sources orales. Nous entendons donc apporter des témoignages d'un grand nombre de Comoriens lors pour la réalisation de notre thèse. En sollicitant leurs témoignages et leur version de leur propre Histoire.

Ce travail constitue également une réponse aux appels de chercheurs ayant entrepris des travaux de recherches sur les Comores qui souhaitent voir ce sujet faire l'objet d'une recherche historique. Aïnouddine Sidi5(*) est l'un des chercheurs comoriens à avoir exprimé explicitement ce souhait. Ces derniers, n'ayant pas abordé suffisamment cet aspect, reconnaissent néanmoins l'importance de cette réflexion dans l'Histoire comorienne. Elle permettra peut être à d'autres chercheurs de s'intéresser à la question.

III. PROBLÉMATIQUE.

Dans l'état actuel des recherches, il serait prématuré de formuler avec subtilité, une véritable problématique. Il s'agit pour le moment dans notre démarche, de présenter brièvement un certain nombre de thèmes et de questions, censés guider notre travail de recherche.

L'étude de l'opposition et la résistance anticoloniales soulève une série de questions essentielles. Puisque l'historiographie coloniale du continent africain, glorifie dès le départ, l'épopée de la conquête et s'attache à rabaisser les Africains en les décrivant sous les traits les plus négatifs. C'est une idée communément reçue et largement répandue dans la littérature coloniale. Il va de soi que la résistance à la domination coloniale est aussi minimisée et qualifiée de mouvement éphémère. « Le continent africain apparaît comme une sorte de terre vide de toutes règles politiques où la sauvagerie, l'ignorance, et la misère se donnaient libre cours »6(*). Les défenseurs de la domination coloniale décrivent les rebellions comme des réactions primitives et irrationnelles ou encore les attribuent à l'agitation de la minorité assoiffée de sang. Aujourd'hui cette opinion est largement contestée et sérieusement mise en cause par les chercheurs de l'histoire du continent noir.

Les recherches et travaux réalisés prouvent l'existence d'une opposition contre l'influence et la domination française. En Grande Comore, les soulèvements populaires, les manifestations spontanées, le refus de travailler ou de s'acquitter de l'impôt, les désobéissances civiles, les attaques à main armée, les fuites, les migrations, l'indifférence, sont entre autres, les moyens d'expression du mécontentement de la population vis-à-vis de la colonisation. La résistance devient un thème fécond en réflexion et s'impose dans l'historiographie du continent Africain. Il en est de même pour les Comores qui subissent, non sans peine l'épreuve coloniale aux conséquences multiples.

Période sombre de l'Histoire, la colonisation multiplie les interventions militaires, périlleuses et violentes qui bouleversent l'ordre traditionnel de l'Afrique. L'Archipel des Comores n'échappe pas à ces transformations qui vont profondément modifier la structure sociale, politique et économique de l'Archipel en particulier l'île de Ngazidja. Divers récits de voyages et témoignages qualifient les Comoriens d'hommes qui aiment faire la guerre. A leur tête des « sultans batailleurs » par référence à l'ouvrage de FAUREC. U7(*), ils aiment se battre, d'abord entre eux, ensuite contre toute présence étrangère. Certes la succession des guerres et des incursions malgaches affaiblissent considérablement la Grande Comore, mais ne l'empêche pas de réagir contre la conquête et la domination coloniale.

Jusqu'à sa colonisation, la Grande Comore n'a jamais été soumise à une seule autorité politique. Cette situation nous renvoie bien l'image d'une société divisée, en proie aux antagonismes, subissant les régimes sultanesques. Elle témoigne précisément de l'incapacité des autorités successives à rétablir l'ordre et à unifier l'île. Les Comores sont par la suite, livrées aux convoitises des puissances européennes. C'est sur les traces des pirates malgaches que les Européens et notamment les Français vont intervenir indirectement aux Comores, pour s'installer définitivement en commençant d'abord par l'île de Mayotte en 1841.

La colonisation française vient s'ajouter dans un climat de grande tension entre l'ensemble de l'Archipel et ses voisins malgaches, ainsi qu'entre les différents sultanats de la Grande Comore. Les différentes sources relatent bien l'existence de ces antagonismes qui affaiblissent les pouvoirs des sultans et la société. A cela s'ajoutent d'autres enjeux géopolitiques et stratégiques de l'Archipel sur lesquels la France va jouer pour légitimer sa mission colonisatrice. Vue sous cet angle de guerres et d'insécurité permanentes, les Français apparaissent comme porteurs de la civilisation, du progrès et surtout de la paix. Mais « les blancs ont apporté la paix entre les communautés mais pas au sein des communautés »8(*)

La rencontre de la France impériale avec les îles aux parfums est à la fois rusée et violente. Ignorer le coté violent de la pénétration française, revient à falsifier délibérément l'événement. A ce sujet, Hervé CHAGNOUX H et HARIBOU A9(*) dégagent bien les éléments d'un scénario commun :

« ...Un sultan en difficulté demande l'aide d'une puissance étrangère ; il en vient à concéder (aux pouvoirs réguliers ou à des aventuriers) des terres qui ne lui appartiennent pas ; les habitants de l'île se soulèvent contre cette évolution, les autorités française interviennent alors directement pour rétablir l'ordre, de crainte que d'autres puissances ne s'installent dans l'archipel, de soulèvements en répressions et l'autorité coloniale en vient à assumer l'essentiel des pouvoirs ; des rapports de commissions d'enquête reconnaissent enfin et déplorent les abus des aventuriers, ou l'engagement excessif de l'administration coloniale... ».

Sur les conseils de Jules Ferry, Léon Humblot devient rapidement l'allié du Sultan Said Ali et le cosignataire d'un traité où le sultan s'engage à ne donner son pays à un autre pays que la France et le traité de 1885 fait obstacle à toute intervention étrangère dans l'île. Son Altesse donne à Léon Humblot le droit d'exploiter l'île et lui confère toute facilité de réaliser ses projets.10(*) Le traité est préparé par Humblot lui-même, il est examiné et modifié puis approuvé par le ministre des Affaires Etrangères. Il est signé le 5 novembre 1885 à Moroni, à bord de l'aviso le Boursaint, d'un côté, par le sultan de la Grande Comore et ses ministres, et de l'autre par le commandant du Boursaint, les officiers et par Léon Humblot.

Ce dernier va servir de tête de pont à la France pour prendre possession de Ngazidja. Léon Humblot, est né en 1852 à Nancy (en France). Fils doué d'un Maraîcher, il devient jardinier du Museum d'Histoire Naturelle, envoyé souvent à Madagascar pour des recherches botaniques.11(*) L'objet de son voyage en Grande Comore s'inscrit dans le cadre d'une étude sur la faune comorienne. Un voyage qui se transforme en une vraie aventure qui bouleverse sa vie et le destin de la Grande Comore. La ruse n'est qu'une des multiples facettes de l'impérialisme colonial français.

La brutalité et la violence interviennent bien avant les premières contestations contre la présence française. Elles ne font que s'amplifier lorsque les Français interviennent militairement pour aider le Sultan Said Ali à se maintenir au trône, lors de la bataille qui l'oppose au sultan Msafoumou d'Itsandra en 1883. Puis elle effectue des démonstrations militaires pour mater les soulèvements populaires contre la signature du traité du 5 novembre 1885, une convention particulièrement défavorable à son pays et à son peuple. Ce traité est un des trois modes d'acquisition de territoires, dont se sert l'impérialisme colonial, à savoir les traités bilatéraux, les traités euro-africains et les guerres de conquête. Selon HUGON A ?12(*) la France conclut plus de 200 traités similaires entre 1880 et 1890. Leurs statuts, ajoute t-elle, étaient de nature beaucoup plus qu'ambiguë :

« ...traité d'alliance ou d'amitié pour les Africains, ils sont présentés en Europe, comme des traités de protectorat par lesquels les Africains abandonnent leur souveraineté... souvent obtenus dans de conditions suspectes voire frauduleuses, ces accords ont rarement la valeur légale souhaitable... »

A propos de ce traité du 5 novembre 1885,VERIN P. ajoute que « sans doute il ( le sultan Said Ali13(*)) fut victime d'un dol ou du moins d'une escroquerie  à l'amitié de la part de d'Humblot »14(*). Il suffit de lire les mémoires du sultan Said Ali, écritS en exil, pour se rendre compte à quel point le sultan regrette d'avoir fait confiance en son associé Léon Humblot.15(*)

Les interventions vont se traduire plus tard, par le recrutement et l'envoi d'hommes et armes pour maintenir l'ordre colonial à chaque fois que les événements socio-politiques et économiques l'exigent et ce, durant toute la période coloniale. BOAHEN A16(*) explique pourquoi certains peuples en Afrique acceptent rapidement la domination européenne. Car ils considèrent qu'elle fait partie d'un ordre irrésistible, d'où ils peuvent tirer de nombreux avantages, essentiellement la paix, des innovations passionnantes ( chemin de fer, route, lampe et tout ce qu'ils pouvaient acquérir ou expérimenter en ville...). C'est là que se pose l'épineuse question de la collaboration. Elle suscite bien des interrogations sur les raisons qui font que des communautés acceptent l'ordre colonial. Il est certain que la peur d'éventuelles répressions est sans conteste, l'une des causes majeures de cette soumission aux exigences coloniales. La défense des intérêts est aussi au coeur de ce choix qui incite des individus ou un groupe à s'allier au parti des colonisateurs, répondant ainsi à leur appel à la collaboration.

La littérature coloniale veut que les Africains en général aient accueilli les colonisateurs à bras ouverts. Une idée largement contestée aujourd'hui, comme l'écrit KI-ZERBO J :

«...Ceux-ci, à part quelques roitelets sanguinaires qui les opprimaient, auraient accepté la conquête européenne les bras ouverts, ou du moins, presque sans broncher, comme des lapins dans un clapier. En fait, il y eut beaucoup plus de lions que de lapins... »17(*)

Des Comoriens, on dit qu'ils acceptent la colonisation comme une nécessité. C'est plutôt une fatalité inhérente à la situation géographique de l'Archipel. Nous retiendrons ici les termes de Hubert Isnard qui déclare que : « Par leur position géographique, les îles Comores semblaient destinées à subir la colonisation. Ce fut d'abord celle des peuples musulmans qui leurs apportèrent leur civilisation, puis celle, brutale et précaire des Sakalava, et enfin celle des européens. »18(*) Dans tous les cas il est évident que l'instauration de la colonisation ne s'est pas faite sans difficultés. Et les événements qui accompagnent la colonisation de l'île le prouvent. Les Comoriens font preuve d'une grande détermination dans la lutte contre l'oppression coloniale. De son côté la France est résolue à apporter la « civilisation » aux  indigènes. A ce sujet, Alfred de Vigny ne laisse pas trop le choix aux peuples colonisés, il écrit : « Si l'on préfère la vie à la mort, on doit préférer la civilisation à la barbarie. Nulle peuplade dorénavant n'aura le droit de rester barbare à coté des nations civilisées ».19(*) Le problème est de savoir quelles définitions donne t-on ici à la « barbarie » et à la « civilisation ».

Hantise des colons et de l'administration française, les révoltes répandent l'horreur de la colonisation. Elles ne cessent de se reproduire sporadiquement d'un lieu à l'autre, d'une ville à l'autre, et souvent tous les prétextes sont bons pour extérioriser le mécontentement, perpétuant l'effervescence et la colère chez les Comoriens, et l'inquiétude chez les administrateurs et colons. La répression ne décourage pas ces mouvements spontanés nés de la tension constante entre administrateurs, colons et indigènes. A coté des révoltes la colère indigène s'exprime également par : l'indifférence, la passivité et la fuite vers les lieux difficile d'accès, les migrations vers Mayotte, Madagascar et vers la cote est africaine...etc Ces réactions laissaient croire à la résignation, à cause de la suprématie de l'armée des colonisateurs.

Mais cette paix n'exprime, pour les Comoriens, que le silence de l'impuissance et du désespoir. Les réactions continuent à s'exprimer par l'apathie, l'indifférence. Les indigènes se réfugient dans les croyances religieuses. L'Islam s'oppose à toute domination étrangère non musulmane. Il est incontestablement une arme de lutte et de mobilisation populaire, mais aussi une réponse adressée à la colonisation. Elle creuse un fossé entre le monde africain et le monde européen. Un fossé que DESCHAMPS H19(*) qualifie d'invisible et qui sépare Français et indigènes. La foi islamique se maintient très vivement avec l'orgueil du vrai croyant à l'égard des infidèles. C'est, ajoute t--il, une valeur de propagande très puissante qui peut être une caisse de résonance parfaite pour la diffusion du mot d'ordre opposé au colonialisme. L'Islam qui a, jadis, gagné les Comores par le biais de l'Afrique orientale, sert donc de prétexte au rejet de la domination de « l'homme blanc ». Comme tout peuple opprimé par la domination et les exactions coloniales, les Comoriens, surtout l'élite, se tournent vers la vie religieuse. Le dénuement dans lequel le nouveau régime plonge la majorité de la population favorise l'expansion et le renforcement de l'Islam dans l'île. Il le place dans une position de facteur potentiel d'une résistance passive. Le contexte psychologique stimule ainsi le développement des confréries en Grande Comore mais aussi dans l'ensemble de l'Archipel. L'islam est la religion officielle des Comores. Elle constitue le véritable ciment de la civilisation comorienne et sa pratique rythme la vie quotidienne.

Si céder le pays à l'administration coloniale est un mal nécessaire pour les Comoriens, il n'en est pas de même pour la religion, car renier l'Islam est pour eux une chose inadmissible. Au moment des révoltes, des religieux (mwalimu) sont identifiés parmi les plus influents meneurs des révoltes et des mouvements de contestation. Ils l'ont payé cher lors des répressions coloniales. Les sanctions dont ils ont fait l'objet se voulaient exemplaires pour contenir l'effervescence. En dépit d'un siècle de domination coloniale, l'Islam demeure la religion officielle du pays .

Mis à l'épreuve par ce changement brusque, les Comoriens choisissent de recouvrer leur souveraineté. Bien des chefs n'acceptent aucun compromis et préfèrent mourir sur le champ de bataille. Certains sont exilés de force ou contraints au bannissement plutôt que de renoncer sans se battre pour l'indépendance de leur pays. Les chefs de guerre qui ont combattu et les chefs spirituels qui ont incarné cette résistance deviennent de véritables héros. Aussi entend-on souvent dans l'histoire comorienne, parler de farouches opposants comme Hachimou19(*) qui meurt assassiné le 20 juin 1889 près de la ville Niyoumamilma ( dans la province de Mbadjini). Massimou et Mtsala périssent lors des affrontements opposant les rebelles aux forces de l'ordre colonial en 1915, dans la province de Oichili et Dimani en Grande Comore. Selon GUEBOURG J L20(*), ce sont deux révoltés, originaires de la province de Mboudé au nord-est de Ngazidja, qui se rendent chez leur père dans la province de Dimani au centre - est de l'île. De retour des émeutes de Djomani, leur intention est d'inciter la population au soulèvement.

C'est dans les stratégies et les tactiques qu'ils adoptent pour atteindre leurs objectifs que les pratiques de résistance diffèrent. La stratégie de l'affrontement est une des formes courantes pour certains sultans de la Grande Comore, dont le plus marquant est le sultan Hachimou. Pendant que Said Ali le Sultan Tibe, après avoir mal manié l'arme des négociations avec les Français, va recourir aux armes diplomatiques et juridiques, plus tard il va vraisemblablement avoir recours aux armes. Said Ali, le « protégé » des Français, croyait pouvoir utiliser à ses fins le blanc, sans mettre en péril sa propre indépendance et par conséquent sans faillir à l'honneur. Il devient victime de sa trop grande habileté. Erreur sur erreur, il conduit l'île aux mains des colonisateurs.

La stratégie de s'allier avec le blanc pour vaincre le voisin est une pratique bien répandue en Afrique.20(*) Nous la retrouvons en Grande Comore. Pour le sultan, s'allier avec le voisin contre le blanc, ou s'allier avec le blanc contre son voisin est une pratique fréquente de leur politique. Notons seulement que certes, le blanc est un étranger, parfois l'infidèle, mais il n'est pas l'héréditaire ennemi du sultanat voisin. C'est ce qui justifie, à coup sûr, les nombreuses interventions indirectes des puissances européennes, (France et Grande Bretagne) présentes dans l'Océan Indien, qui apportent leur aide aux différents sultans. A cela s'ajoute l'action manquée des Allemands, qui ont momentanément soutenu le prince Hachimou dans le Mbadjini au sud de la Grande Comore. Cette tentative échoue rapidement mais elle stimule les hostilités contre les Français. Hachimou, sultan de la province de Mbadjini au sud de la Grande Comore, obtient le soutien des Allemands dont le Docteur Karl Schmidt fait flotter le drapeau sur la ville de Shindini (Mbadjini), au sud de la Grande Comore. Une alliance qui ne fait pas long feu, mais qui affecte quand même l'action des rebelles Mbadjiniens, et fait monter d'un cran la vigilance des Français en Grande Comore à l'égard des autres nations européennes. Le quai d'Orsay parvient à persuader l'Allemagne à se désintéresser rapidement de Ngazidja, en renonçant à toutes prétentions sur les possessions allemandes du Tanganyika. Même si à l'époque, il n'existe pas un sentiment de conscience nationale, il y'a incontestablement un antagonisme affiché à l'égard des colonisateurs.

Mais les Comoriens doivent faire face à un problème aussi important, celui de la capacité à résister et à se battre. L'inégalité des rapports de force est incontestable. D'un coté une France triomphante, et technologiquement dominante. De l'autre une île politiquement éclatée et pratiquement faible. La résistance comorienne est limitée par l'infériorité en hommes, mais aussi par une infériorité technologique. Les Comoriens ne disposent pas d'armes sophistiquées pour affronter le péril. Et l'introduction tardive des armes à feu n'a pas aboli pour autant l'usage de la sagaie et du bouclier. Le manque d'armes modernes est encore à l'époque, le lot des insurgés.21(*) Les bombardements effectuées à maintes reprises par la Marine française pour mater les soulèvements populaires sont, à l'époque, inconnus dans l'art de la guerre chez les Comoriens. Les forces coloniales jouissent de l'avantage d'un armement sophistiqué, dont l'efficacité meurtrière et dissuasive, est indiscutable.

Le véritable enjeu de la résistance, est le rétablissement de la souveraineté, pour les sultans déchus et pour les classes aristocratiques dépourvues de leurs richesses. L'arrivée des Français saccage un mode de vie, et une organisation traditionnelle qui ne subsistent qu'à l'abri d'une barrière fragile. Les classes sociales dirigeantes perdent leur autorité, d'où une irritation des chefs et des notables, gardiens de la tradition. Irritation qui prend la forme de xénophobie. Elle est entretenue par les anciens sultans mécontents et les anciennes classes dirigeantes, les sorciers (walimu)22(*) dont l'influence malgré tout, demeure importante. Les premiers révoltés viennent de ces éléments dépossédés ou amoindris.

La spoliation foncière fait monter l'effervescence et le mécontentement à leur paroxysme. Nommé sultan sanguinaire, Said Ali se voit reprocher d'avoir vendu l'île aux blancs. La spoliation foncière réduit les Comoriens à la portion congrue. Elle fait grossir les rangs de malheureux indigènes dont le seul salut pour survivre, est d'aller s'engager chez les colons. Le travail dans les plantations est insupportable pour les Comoriens qui ne sont pas habitués aux mauvaises conditions de travail. Ceux qui s'y engagent sont maltraités et perçoivent un salaire de misère. Les journées de travail sont très longues et exténuantes. Les sanctions et les punitions sont monnaie courante. La geôle, le fouet, l'amende sont fréquemment utilisés pour punir les mauvais travailleurs et les paresseux.

  

«...Ils ne veulent pas aller s'engager dans les plantations où il leurs faudrait travailler à la tâche. Il est pénible d'avoir à constater que ce n'est pas sans raisons que les gens répugnent à l'engagement, ils ne sont pas toujours bien traités sur les habitations, surtout par les agents noirs et le recrutement devient de plus en plus difficile [...] C'est pénible à constater, mais il est bien difficile de n'avoir recours à des moyens énergiques pour vaincre la paresse des noirs...23(*».

Ce n'est pourtant pas seulement à cause des conditions de travail que les Comoriens s'en désintéressent. Dans un rapport du 23 février 1908, adressé au ministre des Colonies par le résident de Mayotte, il apparaît que la nature est du coté des Comoriens à qui elle ne demande pas trop d'effort pour subvenir aux besoins alimentaires. Et le Comorien n'éprouve donc pas le besoin de travailler dur, en tout cas comme l'entendent les colons. « ...L'indigène à qui la douceur du climat n'impose aucune obligation et qui vit au maigre produit de son champ n'éprouve pas toujours le besoin de travailler, en tout cas de travailler longtemps... »23(*) Ainsi se pose le problème de recrutement de la main d'oeuvre, car cette « paresse » et le refus de travailler des Grands Comoriens génèrent de sérieuses difficultés. Elles résultent également du fait que Said Ali s'est fait prier pour prêter son concours au directeur de la société Humblot. Il ne respectait pas les engagements visés par l'article IV23(*) du traité de 1885. A toutes les réclamations de Humblot, le sultan répond que le résident Weber est la seule autorité compétente. D'autres Comoriens choisissent la voie du banditisme pour échapper au travail forcé et à l'impôt, ils deviennent des voleurs ambulants qui apparaissent et disparaissent rapidement à la moindre alerte. Cet état de fait va jouer également un rôle moteur dans les retards et dans l'acquittement de l'impôt, derrière la mauvaise foi que ces derniers mettent dans les tâches qui leur sont dévolues par la colonisation.

La question de la terre qui se pose dès la signature du traité de 1885, demeurera au coeur des clivages entre l'administration française, les colons et les Comoriens. Au début du XXème siècle, la colère de la population, centrée sur la question foncière, aboutit à des rétrocessions progressives de terres, après d'âpres poursuites contre la société de la Grande Comore. Le sultan said Ali est le premier à donner l'exemple, en intentant un procès contre la société Humblot, ce fut l'un des grands procès de l'Histoire coloniale française.24(*)

Partout en Afrique la résistance anticoloniale est un fait divers, sans aucune incidence car sans importance. Pourtant ce n'est vraiment pas le cas, la résistance a bel et bien eu lieu, avec des variations en fonction du pays. En Grande Comore les émeutes et autres actions violentes sont spontanées et brèves. A la différences des autres pays africains, Madagascar par exemple, où la violence de la résistance est présente de façon permanente et fait de nombreuses victimes.

Si la résistance est telle qu'elle est décrite : des mouvements désorganisés, isolés et spontanés, sans lendemain, elle ralentit quand même le processus colonial et, à chaque fois que c'est possible, elle déstabilise les institutions coloniales locales. Sinon comment expliquer le fait que la prise de possession de l'Archipel soit si lente et difficile à prendre forme ? La pénétration française aux Comores s'échelonne sur une longue période de 70 ans, allant de 1841 à 1912. En Grande Comore le traité de 1885 marque le point de départ de la prise de l'île. La progression de l'influence française est lente et son investissement dans l'ensemble des îles en 1886 ne traduit pas leur pacification. Cette lenteur n'atteste-elle pas les difficultés rencontrées par la colonisation ? Comment interpréter les contestations et les soulèvements des Comoriens qui expriment leur colère à l'égard de nouveau régime ? C'est dire que d'un côté, sur le terrain les obstacles sont considérables, et de l'autre les hésitations et embarras que suscite l'impérialisme en métropole sont importants. Cette domination est marquée dans son ensemble, par des négociations laborieuses et des affrontements sanglants. La colonisation de l'île de Ngazidja suscite autant d'interrogations que nous allons énoncer, et tenter ensuite d'y répondre, suivant un enchaînement thématique de notre plan de travail.

Dans quel contexte la Grande Comore allait-elle faire face à la progression française ? Pourquoi et comment les relations entre la Grande Comore et l'Europe, notamment la France, subissent-t-elles un bouleversement aussi radical au cours de la fin du XIXème siècle ? Comment le système colonial s'installe-t-il en Grande Comore et quelles mesures politiques et économiques, sont adoptées pour étayer ce système ? Quel est l'impact de la rencontre de ces deux civilisations dans le climat politique, social et économique de l'île ? Dans quelle mesure les Comoriens étaient-ils prêts à résister à la colonisation ? Comment l'ont t-ils fait face, avec quels moyens et avec quels résultats ? Quels intérêts incitent différents personnages comoriens d'origines sociales différentes à la résistance ?

Autant d'interrogations qui guident notre réflexion sur la recherche et la connaissance du passé colonial de la Grande Comore. Il est judicieux de noter que la succession thématique et les questions que nous nous posons ici, restent à compléter et ou à modifier en fonction des recherches. Néanmoins, ces thèmes et interrogations constituent pour nous, une sorte de guide pour orienter et approfondir notre travail.

DEUXIEME PARTIE :

METHODOLOGIE.

CHAPITRE I.

LES SOURCES ARCHIVISTIQUES.

L'objet de ce chapitre consiste à présenter les grandes lignes de l'approche méthodologique. Un exercice qui nous amène à passer en revue la nature des sources et les documents qui nous permettent d'identifier quel genre de sources serviront de guide à notre recherche.

Pour réaliser ce travail de recherche, notre support méthodologique est constitué des différents séminaires auxquels nous avons assisté durant l'année. En plus du séminaire de spécialité dispensé par le professeur Faranirina Rajaonah, nous avons assisté au séminaire méthodologique obligatoire dispensé à Paris 7. Puis au séminaire d'histoire de l'Afrique contemporaine : sources et méthodes, dispensé par le professeur Pierre Boilley, à l'Université de Paris I. Enfin nous avons choisi comme séminaire d'ouverture, celui dispensé par Le professeur Elikia M'Bokolo à l'Ecole de Hautes Etudes en Sciences Sociales, intitulé Histoire et Civilisation de l'Afrique : Histoire de l'Afrique noire du XIXe siècle à nos jours. Ces différents séminaires nous sont d'une précieuse utilité dans la définition de notre sujet, dans la réalisation des recherches archivistiques et documentaires et surtout dans la constitution de ce mémoire de DEA.

Cette partie sur les sources n'a pas pour but d'être exhaustive, mais plutôt d'indiquer quels sont les supports documentaires, les travaux d'historiens et les autres études, sur lesquels nous nous sommes appuyés pour mieux connaître l'histoire des Comores et pouvoir cerner notre sujet. Nous signalerons ici, les diverses sources qui nous paraissent utiles à notre travail.

Les sources archivistiques que nous avons consultées sont toutes des sources écrites. Elles sont établies par l'administration coloniale, constituées de rapports administratifs datant de la période coloniale, des enquêtes, des études et des correspondances administratives. Pour ce qui est des archives, nous n'avons pu voir, pour le moment que quelques cartons concernant l'administration coloniale des Comores. Sachant que les informations relatives à notre sujet sont abondantes et nécessitent d'y consacrer du temps. Nous présenterons les cartons jusqu'ici consultés au Centre des Archives d'Outre-Mer. Nous indiquerons également d'autres archives susceptibles de contenir des documents qui intéressent notre recherche.

I. Le Centre des Archives d'Outre-Mer (Aix en Provence).

Les principales sources archivistiques que nous avons consultées sont en grande partie celles du Centre des Archives d'Outre-Mer.25(*) Elles regroupent une masse importante de documents, la plupart manuscrits, capitaux pour l'histoire des Comores. Ces documents contiennent diverses informations, sur l'histoire, sur les traditions comoriennes, des aspects sociaux, économiques et sur les problèmes de la vie administrative et politique.

Notons simplement qu'au moment de notre recherche au Centre des Archives d'Outre-Mer, le spécialiste sur les Comores était absent. Malheureusement personne ne l'a remplacé en son absence, ce qui n'a pas facilité notre recherche. Car beaucoup d'informations sont dispersées dans de nombreux domaines qu'il n'est pas évident de trouver facilement. La plupart sont regroupées dans le Fond Madagascar, sous série Mayotte et Dépendances. D'autres sont regroupées sur le Fond Ministériel tiroir n° 38, spécialement pour les Comores. Nous avons pu consulter la série géographique, la série D, et les séries de l'Agence France d'Outre-Mer (AGEFOM), le Répertoire du Fond des Provinces de Madagascar : Province de Majunga, une série de la Commission Guernut et des brochures contenues dans la série BIB : SOM et AOM.

A. Série Géographique.

- C 1 Dossier 7 ( Rapport sur les affaires des Comores) 1886-1891

- C 26 Dossier 598 ( correspondance générale, Comores) 1891-1897.

- C 265 Dossier 591 (Organisation politique, rapport avec les princes locaux) 1863-1884

- C 269 Dossier 603 (Règlement du travail) 1893-1896

- C 270 Dossier 605 (Affaires politiques, correspondance générale) 1817-1858

- C 272 Dossier 611 (Affaires politiques, troubles et expulsion aux Comores) 1890-1891

- C 274 Dossier 626 (Affaires politiques, textes, traités passés avec les princes locaux), 1843-1920

- C 274 Dossier 628 (Aperçu général sur les Comores) 1897-1899

- C 277 Dossier 644 (Troubles sociaux) 1899-1914

- C 277 Dossier 646 (Grande Comores, répression des troubles) 1915-1916

- C 278 Dossier 652 (Pétition et plainte des indigènes) 1889-1900

- C 315 Dossier 815 (Déchéance de Said Ali) 1893-1906

- C 315 Dossier 816 (Enquête Danel sur l'affaire Said Ali) 1895

- C 315 Dossier 817 (Restauration et abdication de Said Ali) 1907-1911

- C 316 Dossier 830 (Enquête sur Said Ali 1912

- C 328 Dossier 853 (Concession des terres, Grande Comore) 1897-1927

- C 337 Dossier 888 (Difficultés de la société avec les indigènes) 1897-1927

- C 341 Dossier 916 (Succession de Said Ali)

- C 351 Dossier 940 (Litige entre l'administration et la société de la Grande Comore, règlement du travail) 1897-1905

- C 351 Dossier 941 (Litiges entre l'administration et la Société de la Grande Comore) 1899-1907

- C 399 Dossier 1066 (Affaire concernant Humblot et la compagnie de la Grande Comore) 1896-1901

- C 399 Dossier 1069 (Menée étrangère aux Comores) 1886-1888

- C 399 Dossier 1067 (Notes historiques sur le protectorat des Comores) 1887-1888

- C 399 Dossier 1068 (Exilés comoriens) 1895-1899

- C 401 Dossier 1073 (Exilés comoriens en Nouvelle Calédonie) 1891-1893

- C 405 Dossier 1082 (Rapport d'inspection) 1898 1904

- C 406 Dossier 1087 (Affaires politiques, troubles aux Comores) 1890-1891

- C 406 Dossier 1089 (Rapport d'ensemble sur le protectorat, Grande Comore) 1911

- C 406 Dossier 1090 (Affaires politiques, Traités et conventions, Grande Comores) 1885-1892

- C 406 Dossier 1091 (Expulsion, condamnation des agitateurs) 1898-1904

- C 407 Dossier 1093 (Règlement du travail) 1889-1905

- C 408 Dossier 1025 (Travaux publics, personnel et fonctionnement) 1904-1909

- C 412 Dossier 1106 (Affaires fiscale, impôts personnels, perception) 1896-1919

- C 436 Dossier 1161 (Succession de Said Ali)

B. Agence France d'Outre-Mer (AGEFOM)

- C 855 Dossier 2207 (Rapport économique pour l'année 1933

- C 962 Dossier 3248 (La vie religieuse aux Comores, résumé d'une étude publiée dans : Bulletin économique de Madagascar, 3 et 4éme semestre, 1921-1922

C. Commission Guernut

- GUERNUT C 75 Brochure 58.

- C 66

- C 79

D. Répertoire du Fond des Provinces de Madagascar : Diego - Suarez, Majunga, Tananarive. Province de Majunga ( PM)

- C 478 Dossier 873 Mayotte et Dépendances ( Mayotte Comores, correspondance relative au fonctionnement du territoire) 1904-1906

- C 479 Dossier 874 Mayotte et Dépendances ( Comores, fonctionnement de l'administration des Îles et l'état d'esprit de la population) 1908-1909

- C 480 Dossier 875 Mayotte et Dépendances ( Comores, Fonctionnement du territoire et de l'état d'esprit de la population) 1910-1911

- C 481 Dossier 876 Mayotte et Dépendances (Comores, Fonctionnement du territoire et état d'esprit de la population) 1912

- C 482 Dossier 877 Mayotte et Dépendances (Comores, Fonctionnement du territoire et état d'esprit de la population) 1913-1914

E. Série D.

- 2D287 : (microfilms : MioM 66, 68, 73 : Rapports annuels de 1912 à 1947

- 3D287 : Inspection des affaires administratives par l'inspection SAURY, avril - mai 1939

- 3D305 : Mission spéciale de l'Inspecteur THOMAS

- 6(2) Dossier 22/24 : Mouvements insurrectionnels, Incidents de la Grande Comore, 1914-1919

- 6(2) Dossier 100 : Libération des détenus 1919-1923

- 6(6) Dossier 8 : Organisation de la justice aux Comores

- 6(8) Dossier 1 à 6(8) dossier 28 : Affaires comoriennes.

- 6(9) Dossier 24 : Notices sur l'Archipel des Comores 1938

- 6(9) Dossier 17 : Histoire de la Grande Comore, non daté, écrit par un comorien

II. Autres Centres des Archives.

A. France.

Les archives de Vincennes conservent des informations sur l'histoire politique comorienne, de la période du protectorat jusqu'aux années 1920. Ce sont des documents relatifs à la résistance à la conquête coloniale, à des batailles armées en Grande Comore, à des échanges commerciaux ( la traite des esclaves) entre les Comores, les îles de l'Océan Indien et la côte est africaine.

Il est également question dans ces documents, de correspondances entre les sultans des îles et le gouverneur de Mayotte et de la guerre de la province de Mbadjini , la bataille de Zilimadjou de 1886, des démonstrations militaires dans l'Archipel et d'autres événements sur l'ensemble des Îles.

En plus des archives de la Marine française on peut citer le Centre des Archives Contemporaines de Fontainebleau où sont conservés des documents et des correspondances officielles entre la France et les Comores.

B. Comores et Madagascar.

Le bruit court que les archives des Comores ont été brûlées par le président Ali Soilih. Pourtant le Centre National de Documentation et de Recherche Scientifiques (CNDRS) met à la disposition des chercheurs divers documents dont la liste est progressivement mis en ligne dans le site du CNDRS. Ce qui prouve que les archives n'ont pas été brûlées.

En outre, à la bibliothèque du CNDRS, on peut consulter des travaux de mémoire réalisés par des anciens élèves de l'Ecole Nationale Supérieures (ENS). Ce sont des recherches effectuées sur l'histoire des Comores, basés sur des enquêtes et des traditions orales du pays.

A Madagascar, nous nous sommes procurés une liste établie par Guenier, intitulée « catalogue des missions sur les Comores » et qui est enregistrée entre le 14/04/1969 et le 27/05/1969. Elle fait partie du Fond Local à la bibliothèque Universitaire d'Ankatso à Tananarive. On trouve dans cette liste des rapports, des notes, des correspondances et des documents intéressants sur l'histoire, la civilisation, le commerce, la politique, la santé des Comores et qui répondraient à des questions que nous nous posons dans notre sujet. Outre la bibliothèque Universitaire, il y' a aussi les Archives Nationales de Madagascar où on peut certainement consulter nombreux documents sur l'histoire des Comores, surtout sur la période coloniale.

III. Les centres de documentations et bibliothèques.

S'agissant des centres de documentations et de bibliothèques, nous n'avons pas pu fréquenter l'ensemble de ces espaces. Nous en avons fréquentés un certain nombre en fonction de l'importance documentaire relatif à notre sujet. Il nous faut tout de suite mentionner l'existence de la bibliothèque qui se trouve au Centre des Archives d'Outre-Mer, à Aix en Provence. Elle renferme une somme d'anciens récits de voyages, d'articles de revus et de presses mais aussi des ouvrages sur les Comores.

Le Centre d'Etudes et de Recherches sur les Sociétés de l'Océan Indien situé au 1 rue Bastide de Cyprès 13090 Aix en Provence. C'est là qu'est publiée la Revue Annuaire des Pays de l'Océan Indien, riche en études sur les Comores. Nous y avons pu consulter de précieux travaux de mémoire d'étudiants de l'université d'Aix Marseille, mais aussi d'autres travaux de mémoires issus d'autres universités ou Instituts, d'Alger par exemple. Parmi ces études, il existe également des publications du Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques (CNDRS) de Moroni, sur l'état de connaissances bibliographiques en Sciences Humaines sur les Comores.

Dans la région parisienne, il existe nombreuses bibliothèques et divers centres de documentation, aussi riches les uns et les autres. La liste ici présentée, n'est pas exhaustive, mais sert de point de départ pour la recherche documentaire. On y trouve des ouvrages, articles de revue, des travaux de mémoire et des travaux inédits sur l'histoire, la géographie, la société, la culture et bien d'autre sujet sur les Comores.

- La Bibliothèque de l'institut National des langues et Civilisations Orientales, (INALCO), 4 Rue de Lille, Paris 7ème qui publie de nombreux ouvrages et surtout la revue Etudes Océan Indien. Le premier numéro date de 1982.

- La Bibliothèque de l'Académie des Sciences d'Outre-Mer 15, rue de la Pérouse Paris, 16ème, dont les Mémoires trimestriels contiennent de nombreux articles sur les Comores. Nous y avons également consulté, sur les Comores, des travaux non publiés, et différents ouvrages sur l'Afrique, la colonisation, la décolonisation l'anticolonialisme...

- La Bibliothèque Nationale de France Quai Tolbiac Paris 7ème.

- Bibliothèque de l'Arsenal 1 rue de Sully Paris 4ème.

- La Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine 6, allée de l'Université 92 001 Nanterre Cedex.

- La bibliothèque du Centre de Recherches Africaine, 9 , rue Malher Paris. ( Université Paris I)

- Bibliothèque de Géographie 191, rue St Jacques 75005 Paris

- Bibliothèque de la Sorbonne 17, rue des écoles paris 5ème.

- La Bibliothèque de la Documentation Française, section Centre d'Etudes et de Documentation de l'Afrique et de l'Outre-Mer 29-31, quai Voltaire Paris, 7ème.

- Le Centre de Documentation du Laboratoire SEDET, Université Paris-7 DENIS DIDEROT Dalle « Les Olympiades » bâtiment Montréal, 59, rue National 75013 Paris.

- Le Centre des Hautes études Administratives sur l'Afrique et l'Asie Moderne (CHEAM), à Paris, avec différents mémoires, thèses et autres documents souvent non publiés.

- Le Centre d'Etudes et de Recherches sur l'Asie du sud-est et le Monde Insulindien qui à Paris, publie la revue ASEMI.

- Le Centre de Documentation de Bondy, crée en 1982, il possède plusieurs fonds documentaires : un fond central de 42 000 ouvrages et 1 800 périodiques dont 300 vivants.

- Le Centre de Documentation Tiers Monde (CDTM) 20, rue de Rochechouart, Paris 9ème. Il existe d'autres Centres de Documentation Tiers Mondes dans la région parisienne, dont Le CEDIDELP 21 ter rue Voltaire Paris 11ème, l'IRFED 49 rue de la Glacière Paris 13ème et la CASE 21 rue du Four Gaudon 95440 Ecouen.

- Le Centre de Documentation : Maison de l'Asie 22, Av du président Wilson, 75016 paris.

- Le Centre d'Etudes des problèmes Politiques et Juridiques du Tiers Monde 12 Place du Panthéon Paris 15ème.

- Le Centre d'Etudes Africaines, 54 Boulevard Raspail Paris 6ème.

- CROISSANCE/ Le Monde en Développement ( périodique) 163, Boulevard Malesherbes 75859 Cedex 17.

- L'Institut Français des Relations Internationales 27, rue la procession Paris 15ème.

- L'Institut Français d'urbanisme (IFE) 4, rue Nobel, Cité Descartes - 77 420 Champs sur Marne.

- Le Centre d'Analyse et de Recherches Documentaires pour l'Afrique Noire, 20, rue de Baume Paris 8ème.

- Librairie UNESCO 7, place Fontenoy 75007 Paris.

- Ministère des Affaires Etrangères : Direction des Archives Diplomatiques, 37 Quai d'Orsay Paris.

IV. Les Sites Internet.

Outre les sources archivistiques et imprimées, nous avons consulté certains sites Internet surtout pour l'orientation bibliographique et la localisation de certains ouvrages.

Par ailleurs nous avons profité des moyens techniques électroniques que les laboratoires de recherche se servent comme moyen de diffusion d'un certain nombre de publications. Nous présenterons ici certaines adresses que nous avons consulté les publications, et qui nous on également facilité dans l'orientation et la recherche bibliographique.

- www.comores-online.com

- www.chez.com

- www.monde-diplomatique.fr

- www.imarabe.org

- www.afristat.org

- www.mascareignes.com

- www.planetejeanjaures.free.fr

- www.malango.free.fr

- www.afromix.org

- www.cq95.fr

- www.geoscope.ipgp.jussieu.fr

- www.francophonie.org

- www.ibiscus.fr

- www.diplomatie.fr

- www.univ-paris8.fr

- www.unesco.org

- www-bsg.univ-paris1.fr

- www.cnrs.fr

- www.bondy.ird.fr

- http://gallica.bnf.fr

- http://corail.sudoc.abes.fr

V. Les sources orales.

Nous sommes conscient de la richesse que les sources orales peuvent apporter à notre recherche. C'est une sorte de « musée vivante » des peuples réputés sans écriture. « ...Les vieillards qui la détiennent sont les derniers vestiges d'un passage ancien que l'historien cherche à restaurer. La bouche d'un vieillard sent mauvais mais elle dit des choses bonnes... ».26(*) Les discussions et les concertations que nous avons eues et à la lumière des différentes lectures confirment ce rôle capital. C'est pourquoi nous comptons l'utiliser pour comprendre l'histoire comorienne.

A travers nos lectures, nous nous sommes rendus compte que divers noms de personnes reviennent souvent dans l'Histoire des Comores : Massimou, Mtsala, Ivessi M'gomndri dit Bungala27(*), des princes ou descendants de princes, comme des walimu (sorciers), des sudjây (héros) et d'autres personnalités comme le prince Said Housseine, Kari Mhoma de Nkourani ( rendu célèbre en s'attaquant à Léon Humblot en 1893 et qu'on retrouve dans l'insurrection de 1915), Abderrahmane Moilimou (impliqué dans le soulèvement de juillet août 1915, dont on connaît mal la biographie. Pour obtenir des informations précieuses à notre sujet, le voyage aux Comores s'impose pour rencontrer les détenteurs des traditions orales sur l'histoire des Comores. C'est pourquoi nous envisageons de nous rendre à la Grande Comore.

Des noms de villes et de villages ont marqué l'histoire Comorienne et celle de la résistance anticoloniale. Aussi des villes comme Iconi, Djomani, Sidjou, Chindini, Foumbouni..., sont devenues de lieux incontournables de cette résistance. En dépit de leur rôle capital vaguement évoqué dans les archives coloniales, on ne connaît pas grand chose de ces villes, leur histoire, les raisons et le degré d'implication dans la résistance, les conséquences qui en résultent etc... Cependant d'autres lieux sont mis en veilleuse et pourraient s'avérer intéressants pour notre travail, exemple Zilimadjou avec sa fameuse bataille en 1889, Koimbani comme lieu où se tiennent les principaux kabary ou réunion, etc... Ajoutons une fois que les sources orales constituent un apport de premier choix, mais aussi intéressant dans cette recherche. Notre travail étant réalisé à partir de sources majoritairement élaborées par l'autorité coloniale. Nous pensons qu'une seule vision ne peut pas suffire pour réaliser un travail objectif.

CHAPITRE II.

LES SOURCES IMPRIMEES.

I. Présentation.

Les historiens de l'Afrique s'accordent pour dire que « les sources écrites sur ce continent sont rares sinon mal distribuées dans le temps et dans l'espace... ».28(*) Il en est de même pour les Comores dont la bibliographie habituellement présentée dans différents ouvrages et travaux sur les Comores, donne l'illusion que tout a été étudié sur l'histoire comorienne. En réalité, des thèmes comme les origines de la population comorienne, la société, les traditions, la religion, les problèmes politiques relatifs au contexte de la période suivant la seconde guerre mondiale, l'indépendance des Comores...sont les plus fréquemment traités. En revanche, on trouve très peu d'études sur le thème de la conquête et la résistance anticoloniale. Nous avons découvert au CERSOI, l'existence de répertoires bibliographie sur les Comores. Mais ces ouvrages ne couvrent pas suffisamment le domaine des Sciences Humaines.

Mais si les questions que nous nous posons dans la problématique, dépendent d'abord des sources archivistiques, elle n'en demeure pas moins des autres sources. C'est pourquoi une autre partie des sources est constituée par des ouvrages et documents qui orientent notre recherche. Pour ce qui concerne ce travail, nous présenterons une bibliographie sommaire qui sera complétée ultérieurement.

II. Bibliographie thématique.

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TROISIEME PARTIE :

PRESENTATION DU PLAN.

CHAPITRE I.

PLAN PROVISOIRE DE LA THESE.

PREMIERE PARTIE .

LES GUERRES ET TROUBLES INTERNES : UN CONTEXTE PROPICE A LA CONQUÊTE COLONIALE  ET A LA MISE EN PLACE DU SYSTEME COLONIAL.

Chapitre I.

LA GRANDE COMORE ENTRE PIRATES, SULTANS ET PUISSANCES EUROPÉENNES.

I. Le temps de raids malgaches.

A. Les Malgaches, preneurs d'hommes...

B. ...et donneurs d'hommes.

II. Les guerres, un véritable sport sultanesque

A. Insécurité entre les sultanats.

B. La crise de succession au sein des sultanats.

III. Le Sultan Tibe, un titre convoité : la crise de succession entre M'safoumou et Said Ali.

A. Histoire des deux royaumes ennemis : Bambao et Itsandra.

B. La déchéance et la mort de M'safoumou, sultan d'Itsandra.

IV. Les interventions des puissances européennes en Grande Comore.

A. Brève présence anglaise.

B. La France au secours du sultan Said Ali.

Chapitre II.

LA CONQUÊTE COLONIALE : COLLABORATION, NÉGOCIATION ET REBELLION.

I. Le sultan Said Ali, sultan pro-français.

A. Said Ali, l'homme à travers ses «Mémoires ».

B. L'arrivée du Français Léon Humblot : heureux hasard pour le sultan ?

II. L'opposition du Sultan Hachimou et de ses alliés contre le sultan Said Ali et les étrangers au lendemain de la signature du traité de 1885.

A. La bataille de Zilimadjou : une démonstration des forces rebelles.

B. Le premier soulèvement du sultan Hachimou en 1887

C. Le retour de Hachimou: la deuxième affaire de Mbadjini et la mort du sultan en Juin 1889.

III. Le sultan Said Ali contre le résident M. Weber

A. Weber, premier résident français en Grande Comores : novembre 1886-décembre 1887.

B. Humblot, le résident bénévole : novembre 1889-juin 1896.

IV. Le bras de fer entre Said Ali et Léon Humblot.

A. Le traité du 6 novembre 1885, passé entre Said Ali et Léon Humblot.

B. Le sultan rebelle

C. La déchéance Said Ali en novembre 1893, dernier sultan de Ngazidja.

Chapitre III.

LA FRANCE À LA RENCONTRE DE NGAZIDJA : LE CHOC CULTUREL .

I. Une mission civilisatrice

A. La fin des hostilités internes et unification de la Grande Comore.

B. La suppression de l'esclavage.

II. La tradition comorienne en perte de vitesse.

A. La suppression des institutions traditionnelles de la Grande Comore.

B. L'administration coloniale, un nouvel ordre politique :

III.  Un système traditionnel en décadence.

A. Un ordre social menacé...

C. ...et un système économique perturbé.

DEXIEME PARTIE.

LA TERRE ET L'IMPÔT : LA NOUVELLE VOIE DE LA RESISTANCE.

Chapitre IV.

LA QUESTION FONCIÈRE : LE MECONTENTEMENT POPULAIRE.

I. Le règne de Humblot, le sultan blanc.

A. La création de la Société Humblot et la confiscation foncière.

B. L'administration coloniale contre la société Humblot.

II. Travailler au service des colons, pour s'acquitter des impôts.

A. Conditions particulières de l'engagement des travailleurs.

B. Instauration du code du travail.

III. La réserve indigène, une question épineuse.

A. L'administration coloniale tiraillée entre la Société et la colère généralisée de la population.

B. Le procès du sultan Said Ali contre la société Humblot

C. La mobilisation populaire contre L. Humblot.

Chapitre V.

LA FISCALITÉ, UNE SOURCE DE CONTESTATION A L'ORDRE COLONIAL.

I. L'instauration de l'impôt

A. Le traité de 1892 et l'instauration de l'impôt.

B. La perception de l'impôt. une tâche difficile.

II. Fraudes et contestations fiscales: émeutes et soulèvements.

A. Iconi, la ville rebelle.

B. L'insurrection du nord de Ngazidja en 1915.

C. La fièvre insurrectionnelle dans la province de Dimani en 1915.

TROISIEME PARTIE.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA RESISTANCE GRANDE COMORIENNE.

Chapitre VI.

LES FORMES DE RÉPRESSION.

I. Les Démonstrations de la marine française.

A. Bombardements des villes rebelles : exemples d'Iconi et de Foumbouni.

B. Des interventions musclées, appuyées par des militaires français.

II. Les mesures de répression juridiques.

A. Le système des amendes et du travail forcé.

B. Des fréquentes condamnations

III. L'exil : décisions répressive extrême.

A. La déportation : une forme de répression redoutable.

B. Des destinations variées.

Chapitre VII.

LES LIMITES DE LA RÉSISTANCE COMORIENNE.

I. Les fragiles atouts de cette résistances

A. Gros plan sur quelques héros de la résistance

B. Les déportés de 1915.

II. Les faiblesses de la résistance.

A. La manque de sentiment d'unité nationale face à la domination coloniale.

B. Fragiles forces et moyens de contestation.

III. Une armée coloniale puissante.

A. Les collaborateurs locaux de la colonisation.

B. La suprématie technologique de l'armée coloniale française.

Chapitre VIII.

TYPOLOGIE DE LA RÉSISTANCE GRANDE COMORIENNE.

I. La résistance active.

A. Les attaques et « la guérilla »

B. Fuite et banditisme

II. La résistance pacifique

A. Les migrations.

B. L'indifférence ou la force de l'inertie.

III. Le rôle de l'Islam dans la résistance.

A. L'Islam, moteur de la vie quotidienne aux Comores.

B. La résistance dans l'imaginaire

CHAPITRE II.

EXTRAIT DE CHAPITRE REDIGÇ.

LA FISCALITÇ, UNE SOURCE DE CONTESTATION A L'ORDRE COLONIAL.

La domination coloniale ne s'est pas faite sans résistance. Malgré la détermination des Comoriens, la France l'emporte. Au stade suivant se trouve la contestation du system colonial avec au premier échelon les émeutes spontanées. Mouvements épidermiques et conséquences de la colonisation, ils se traduisent par le refus de payer l'impôt. La question fiscale est à la base d'un sentiment d'indifférence, d'inertie et de colère des Comoriens, vis à vis du nouveau régime. Elle est surtout à l'origine des soulèvements qui éclatent dans la première phase coloniale en Grande Comore et qui s'inscrivent dans le cadre des révoltes dites paysannes, et spontanées et surtout très localisés. Ces mouvements de résistance n'ont pas, certes, réussi à atteindre leurs objectifs qu'ils se proposaient, et les administrateurs ont eu tendance à les minimiser, ou à les passer sous silence. Mais il apparaît que les Comoriens ont compris que les Blancs sont déterminés à obtenir une main d'oeuvre à bon marché. Ils se sont aperçus que les exigences coloniales sont tout aussi écrasantes. Le soulèvement populaire est une réponse aux exigences immédiates et concrètes du nouvel ordre colonial. Ainsi à l'instar de la conquête du territoire, la fiscalité rencontre une résistance.

I. L'instauration de l'impôt.

A. Le traité de 1892 et l'instauration de l'impôt.

Les protestations comoriennes contre la signature des traités de 1885 et 1886 deviennent de plus en plus nombreuses. Les hostilités contre le sultan Said Ali et Léon Humblot s'accentuent et la tournure que prennent les événements force le sultan à quitter la Grande Comore en 1891. Les autres sultans se rebellent et demandent la déposition de Said Ali et le retour au système de rotation du titre tibe. La fuite de Said Ali plonge l'île dans une anarchie totale et livre le trône à de nombreux prétendants .Selon Jean Martin30(*), Léon Humblot compte dix neuf candidats qui se disputent le titre de Tibe. Mais ce sont des gens compromis dans les récents troubles, et qui, aux yeux des Français, ne sont pas dévoués à leurs intérêts dans l'île. Il est donc difficile de trouver un sujet à élever au rang de sultan tibe. Le climat de tension qui règne dans l'île implique une intervention militaire des Français. Le 11 août 1891, le capitaine Dubois débarque à Salimani avec un détachement de quarante hommes, accueillis avec joie par Humblot et les partisans de Said Ali. Une fois la situation maîtrisée, les sanctions répressives s'en suivent immédiatement. En exil, Said Ali prononce des condamnations à mort (les condamnés sont progressivement graciés et rejoignent l'île) et d'autres fauteurs de trouble sont déportés à Obock puis en Nouvelle-Calédonie. La rébellion s'effondre, le calme est rétabli et le sultan peut donc retourner en Grande Comore. C'est dans cette ambiance explosive qu'intervient la signature du traité de janvier 1892.

Le traité dit de protectorat est une étape dans l'acheminement vers l'annexion de Ngazidja. Il n'a jamais été franchement accepté par les sultans. Ces derniers suivent toujours une politique dont le but est de reprendre le terrain perdu. Ce traité de 15 articles est cosigné par la France et le sultan Said Ali, soucieux d'empêcher le retour des révoltes et d'assurer la paix, ainsi que le bonheur et la prospérité de ses sujets. Il abolit l'ancien régime et réorganise complètement l'île. Il instaure les douze provinces, gouvernées par huit Cadis, secondés par les chefs de village qui constituent l'administration indigène de Ngazidja. Said Ali est reconnu seul sultan, reconnaissance théorique, car en réalité il est réduit au titre de figurant. Un esclave dans son propre royaume. En 1887 déjà, les pouvoirs du sultan sont compromis. Dans ses correspondances, Léon Humblot fait allusion à la mésentente entre le résident Weber et le sultan. Il note : « Said Ali reproche au résident de lui avoir fait perdre son autorité dans l'Île en le traitant comme un esclave et non comme un sultan... »31(*) C'est au Résident que reviennent les pleins pouvoirs en toute légalité. Le traité instaure la justice et surtout lance les bases d'un nouvel ordre économique de l'île. Ayant ainsi mis fin provisoirement à toute opposition, la France entreprend de transformer l'île. C'est dans ce traité que sont posés les premiers principes de la fiscalité. « L'impôt est fixé à deux roupies et demi par habitant de douze à soixante ans. »32(*) Il est personnel et imposé à tous, indépendamment des revenus, il n'épousait pas forcement la conjoncture. Aucune étude n'est préalablement réalisée sur la situation financière des indigènes, comme le souligne Guillaume Pierre :

« ...Le procédé est commode, parce qu'il ne nécessite aucune enquête préalable sur la nature et l'importance de la fortune de chacun. Il est d'ailleurs assez équitable, parce que, chez les primitifs, les grandes inégalités de fortune sont rares... »33(*)

La nature de la contribution fiscale évolue, par souci de rentabilité surtout durant la guerre de 1914 -1918.34(*) La France restreint les subventions qu'elle accorde aux colonies et le poids de la Guerre se traduit par l'augmentation des impôts. La fiscalité devient une charge pour les Comoriens, ainsi « ...l'effort de guerre suscite bientôt des résistances surtout dans les colonies françaises où la pression était particulièrement forte... ».35(*) La seule possibilité de s'en acquitter pour la majorité moins fortunée des Comoriens, est de travailler la terre ou de s'engager chez les colons. L'impôt laisse sans recours paysans et éleveurs pauvres qui, faute de moyens, se voient contraints de se séparer de leur lopin de terre ou de leur unique vache. La société Humblot n'est pas à la hauteur de fournir du travail à tout les monde, et comme pour décupler le désarroi, elle n'offre qu'un salaire de misère. Humblot s'arrange également sur le plan administratif pour décourager les candidats à l'émigration qui ne s'engagent pas chez lui.36(*) En Outre, les terres cultivables sont accaparées par la société Humblot, ce qui complique encore plus la situation financière des contribuables. Le Gouverneur de Mayotte en est convaincu malgré la pression exercée sur les Comoriens : « ...Néanmoins, et outre les raisons ci-dessus, il est absolument certain que la situation des habitants de la Grande Comore est très misérable... »37(*). L'augmentation de l'impôt ne laisse pas indifférents les Comoriens qui ne tardent pas à réagir. Outre le souhait de voir l'impôt diminuer, ils exigent l'exemption des femmes. Mais cette exemption des femmes va multiplier l'impôt par trois. Ce qui ne modifie en rien la charge des contribuables.

« ...Il est en effet à remarquer que l'élévation de 5 francs à 15 francs de l'impôt personnel a été la conséquence de la suppression de l'impôt sur les femmes. Ces deux mesures successives et corollaires l'une de l'autre ont, en définitive, peu augmenté les impositions des Comoriens...»38(*)

Le but visé est de faire supporter toutes les dépenses du protectorat par le budget du sultanat, comme le prévoit l'article 9 du traité.39(*) C'est un moyen de créer de nouveaux besoins pour mettre au travail des populations désorientées par la destruction de leur système social. L'impôt est considéré comme l'instrument nécessaire de la mise en valeur de la colonie. Il apparaît comme le moyen de pression efficace pour livrer la main d'oeuvre indigène aux entreprises et plantations des colons. Perçu en argent, l'impôt intègre une part croissante de la population dans une économie monétaire. Les Comoriens ayant besoin de numéraire pour payer leur impôt, ils sont forcés de chercher un emploi salarié. Enfin, l'impôt permet aux autorités coloniales d'assurer la protection et la justice aux habitants de l'île, et de maintenir l'équilibre financier de l'Île. Pour atteindre ces résultats les autorités doivent avoir recours aux mesures fiscales en rapport avec les moeurs et les forces productives de la population. C'est en fonction de l'impôt qu'est apprécié le travail des autorités locales. Il devient un enjeu important sur le plan économique, mais aussi sur le plan politique. Car il doit prouver la soumission de la population à la colonisation en payant l'impôt et de surcroît, démontrer que les autorités coloniales ont en mains, le contrôle de la situation.

Mais la fiscalité nouvellement instituée, est aussi une source de dérives économiques et sociales. Coquerie - Vidrovitch considère l'impôt comme « un support de la monoculture qui   contribue à aggraver fâcheusement l'avenir économique en promouvant la culture. Il participe également à faire dangereusement baisser les cultures vivrières qui, entièrement délaissées aux mains des paysans, ne reçoit aucune amélioration technique. »40(*) En Grande Comore, la culture de la vanille se développe au détriment de la culture vivrière. En outre, les contribuables deviennent sensibles à l'extorsion sans compensations palpables, et d'autre part la vie de misère qu'ils mènent ne joue pas en faveur de l'impôt. Les fonctionnaires chargés de sa perception n'ont pas tardé à se heurter à d'énormes difficultés.

B. La perception de l'impôt, une tâche difficile.

L'administration coloniale, bien qu'éloignée du quotidien des indigènes, est trop peu nombreuse pour exercer son contrôle. Au début de la domination, elle souffre de la médiocrité des effectifs. Aussi, pour percevoir l'impôt, les chefs de village, principaux « rouages entre l'administration et la population »41(*), se sont vus confier cette lourde tâche, pour représenter l'autorité coloniale. Pris de court, ces chefs coutumiers sont transformés en chefs administratifs chargés d'exécuter des tâches jusqu'à là, inconnues pour eux. Au passage, l'administration dépose un nombre important d'autres chefs traditionnels dont la coopération laisse à désirer. Ces nouveaux « chefs » sont secondés dans leurs fonctions, par des agents spéciaux, et des gardes indigènes dont la vocation est de contrôler les activités des chefs et bien sûr, intimider la population.

Il nous faut noter tout de suite que les fonctionnaires étrangers sont, du moins au départ, moins nombreux et surtout détestés par la population. L'Histoire ne manque pas d'exemple : On peut citer la tentative de meurtre dirigée contre Léon Humblot en 1893, où est impliqué le notable Kari Mondoha. Avant l'insurrection de juillet 1915, dans la ville d'Iconi « le préposé du trésor et le chef du canton, menacés d'être tués, avaient du s'enfuire devant ces menaces... »42(*) En 1915 La ville de M'tsangadjou malmène le chef de canton et ses porteur et le menacent de mort. Les résidents, de leur côté, se succèdent aux Comores avec une rapidité invraisemblable.43(*) Des fois les tâches sont confiées à des agents non qualifiés ou déjà surchargés de travail. Une situation qui laisse voir des dysfonctionnements dans la continuité administrative. Les Comoriens vont profiter de cette faiblesse pour passer entre les mailles du filet fiscal.

Les administrations coloniales s'accordent pour reconnaître la difficulté de lever l'impôt dans des pays vivant encore très largement en économie non monétaire. Certains paysans se vengent volontairement du système, ils évitent l'affrontement direct par la fraude fiscale. Se soustraire aux impôts devient chose fréquente et, « au début la collecte des impôts s'accompagna de beaucoup de brutalité et provoqua de fortes résistances ».44(*) Certains, ne pouvant trouver l'argent fuient leurs villages, créant une sorte de confusion chez les fonctionnaires. Ainsi se multiplient les difficultés d'action des administrateurs.

Entre l'administration et la population les rapports sont difficiles. D'un coté des étrangers (les Français surtout) qui ne comprennent rien à la langue locale et qui ne communiquent pas trop avec les administrés. De l'autre une population pauvre, meurtrie par le nouvel ordre, qui se renferme sur soi, et qui n'a pas d'autre choix que de s'y soumettre, par peur des sanctions. L'autorité se fait absente également, à cause des problèmes de circulation. Les difficultés de communication ne facilitent pas la mobilité des fonctionnaires, les éloignant ainsi de la population. Les tournées ne s'effectuent qu'au moment du lever de l'impôt. Une enquête menée par Francis Mury45(*) met à jour diverses vérités troublantes. Elle laisse voire une haine certaine des étrangers, doublée de peur de l'indigène à l'égard de l'administration coloniale en Grande Comore, une vérité jusqu'à là mise en veilleuse. Cette étude atteste l'absence de contact entre administrateurs et administrés. Un vieillard déclare : « ...jamais on ne vient ainsi chez nous. (C'est à dire un blanc qui vient parler avec la population) L'administration ne s'y rend que pour faire la chasse à ceux qui ne peuvent pas payer l'impôt ». Le travail de bureau absorbe les fonctionnaires dans leurs bureaux, loin des administrés. Cet état de fait nous permet de comprendre qu'il n'y a pas suffisamment de contrôle de la population. L'administration française n'a pas su peser sur la vie de l'Île, probablement à cause de l'effectif de personnel très réduit, mais aussi du manque d'infrastructures routières. Dans son journal, Maurice Mathieu46(*) parle d'une situation de sous administration de la Grande Comore. C'est justement ce qui rend difficile la perception de l'impôt, mais n'en constitue pas la seule raison.

Par ailleurs les chefs coutumiers chargés de lever l'impôt semblent partagés entre la connivence avec les villageois, et la loyauté des leurs supérieurs. En outre, ils doivent exécuter d'autres tâches comme le recrutement de travailleurs, ils sont tenus responsables des irrégularités survenues dans leurs fonctions. De ces chefs « incapables », l'administration n'attend pas grand chose qu'une exécution mécanique de leurs tâches, sans état d'âme, ni autorité, mais surtout et, malgré eux, l'administration ne leur fait pas confiance. Ainsi les intentions des blancs laissent percer cette méfiance :

« ...Qu'attendre de tels agents ? Pas grand chose, on ne peut leur demander que d'assurer la rentrée des impôts. Par les temps actuels c'est évidemment appréciable. Encore est-il nécessaire pour ce faire de leur adjoindre des miliciens... »47(*)

C'est un procédé destiné à consolider l'emprise coloniale, et à renforcer le contrôle sur les chefs indigènes. D'ailleurs, dans les colonies françaises, un système hiérarchisé de primes est mis en place pour les inciter à s'acquitter au mieux de leurs tâches fiscales. C'est une sorte de jeu de pression destiné à obtenir les meilleures rendements possibles. De toute évidence, attribuer ces tâches aux chefs locaux, est une façon de neutraliser ou d'atténuer les contestations des indigènes. Car le contribuable se trouve face à son semblable qui n'en est pas le responsable. Mais certains chefs hésitent, dans leur fonctions, ils se rangent du cotés des administrés et du coup, rendent difficile ou retardent la perception de l'impôt. Parfois des chefs sont accusés d'avoir encouragé le vagabondage et la paresse, et d'embrouiller le contrôle des contribuables. Des fois ils encombrent le travail de la collecte, manquent de dénoncer ou délivrer les réfractaires etc ... La pratique la plus courante consiste à faire tourner l'administrateur en rond dans le village. Le chef du village prétend chercher la personne intéressée, ( un certain Mer Kari par exemple). Une fois qu'il croise Mer Kari, il lui demande s'il n'aurait pas vu Mer Kari, et l'homme en question comprend bien que c'est bien lui qu'on cherche. L'administrateur qui ne connaît pas Kari, ne se doute de rien. Et pendant que le chef continue sa promenade de recherche avec l'administrateur, Mer Kari parvient à s'en fuir.

Juste avant la tournée de collecte de l'impôt par l'agent colonial, il arrivent que des habitants, probablement avertis par le chef local, fuient le village vers des zones inaccessibles jusqu'au départ du fonctionnaire. Bref, le chef du village reste implicitement très proche des villageois, voire même se range du côté de la population, contre l'administration. Certains paysans ne manquent pas d'imagination pour trouver des astuces pour échapper au contrôle fiscal. Dans la province de Domba au sud de l'île, des paysans adoptent le tactique des menaces et d'intimidations. Lors d'une campagne de collecte d'impôt, les habitants déclarent : «  Si vous demandez impôt, c'est que vous voulez tapage. »48(*) Autre procédé moins dangereux, est le système des maladies imaginaires pour susciter la pitié de l'administrateur. Bon nombre de Comoriens se souviennent de la fameuse pièce de théâtre interprétée par les comédiens Djounaïd et Laher ( Djimba et Mngomri) sur les ondes de la radio Tropic FM à Moroni au début des années 1990 sur la collecte de l'impôt. Pour échapper à l'impôt, Mngomri est mystérieusement victime d'une terrible diarrhée, dont chaque soulagement émet un bruit hallucinant. Sa femme, Mkaribou, fidèle et complice, le tient au courant des activités du Mzungu, qui, en compagnie de Djimba le chef du village de Nkoda dziwa, perçoit l'impôt. Le Mzungu finit par s'en aller avant la guérison de M'ngomri qui n'a pas payé l'impôt. Une histoire fictive et drôle, mais pertinente et révélatrice en matière de ruse de la part des Comoriens. Elle a aussi son importance dans la mesure où elle contribue à conserver une partie de la mémoire et des traditions orales comoriennes. D'autres paysans fuient le service du travail, ils deviennent des rebelles, des résistants qui nourrissent un réseau déjà existant, exemple celui des bandits, des voleurs ambulants.

La mauvaise volonté des Comoriens se fait ressentir également au sujet de la délivrance des cartes d'identité et des livrets individuels. Elle contribue à jeter la confusion dans le contrôle fiscal et à laisser subsister un « véritable flottement administratif. ».49(*) Car les Comoriens détestent se faire enregistrer par l'administration et « ...préféraient garder l'anonymat de peur d'être contrôlés ou de payer des impôts... »50(*)

Un des motifs non imputable aux difficultés de la perception fiscale, ce sont les problèmes économiques des contribuables. En effet les Comoriens vivent dans la pauvreté. La seule source de richesse étant la terre confisquée par Humblot et sa société. Le taux fiscal jugé très élevé, ne joue pas en faveur des deux parties. En outre, l'administration n'a pas cessé de souligner le problème causé par la spoliation foncière dans les rapports sur la situation fiscale en Grande Comore. Livrée aux appétits du sultan blanc, la Grande Comore subit l'avidité de Humblot. Ce dernier, fort du droit que lui accorde le traité signé avec Said Ali, se sert de touts les moyens pour s'accaparer des terres cultivables. Un article de « la Presse Coloniale » décrit les pratiques du résident de la Grande Comore et directeur de la Société, pour s'accaparer des terres dont il a besoin :

«  ...Il prête à usure entant que directeur, puis il appelle ses débiteurs à échéance devant lui entant que résident. Ne pourrait il pas rembourser ? il ordonne la saisie des ses biens. Il offrait d'acheter les terres dont il a envie à prix dérisoire. Les propriétaires résistaient-ils ? Le résident les emprisonnait comme récalcitrants. Les terre étaient séquestrées et mises en vente. Quelqu'un offrait un prix ? il était frappé d'une amende pour avoir osé renchérir contre le résident de France... »51(*)

Une situation dénoncée maintes fois par les fonctionnaires coloniaux. Il a fallu attendre la fin des années 1910 pour voir la France réagir au profit des Comoriens. A partir de 1907 les mouvements d'hostilité des indigènes se transforment en plaintes collectives contre Humblot, les villageois lésés attaquent la Société en justice. Ils obtiennent gain de cause et des terres leurs sont attribuées, au compte-goutte.

Mais la restitution de terres ne change pas grand chose à la perception de l'impôt. A cette pauvreté évidente, s'ajoutent l'inertie et la mauvaise volonté de la population. Et on retrouve fréquemment ces facteurs dans les rapports administratifs, comme principales raisons des difficultés fiscales rencontrées. La mauvaise volonté se trouve largement mise en cause, elle est vue comme une forme passive de résister. Dans un rapport du Gouverneur de Mayotte rédigé le 10 septembre 1906, on peut lire :

« Il y' a là, une tactique de résistance non pas ouverte, mais passive qui crée une situation fâcheuse... La situation des habitants des la Grande Comore est très spéciale. Ils habitent une île où les terrains cultivables sont très peu nombreux...Cette situation se complique de la main mise par la société Humblot sur touts les terrains favorables enclavant actuellement nombre de parcelles autrefois cultivées par les indigènes. Pour les diverses raisons que je viens de vous énumérer, Monsieur le Ministre, la situation de la Grande Comore n'est pas brillante. »52(*)

Le taux élevé de l'impôt le rend impopulaire dans une société déjà réduite à la portion congrue. Les contribuables sont partagés entre la fuite et la résistance. La fuite se révèle parfois être une mauvaise solution, car les récalcitrants finissent par se faire attraper. C'est ainsi que, des villages ou des régions, se servent d'un événement, de routine ou non, pour faire éclater leur mécontentement. Le cas le plus frappant en Grande Comore, est la fameuse tournée de collecte d'impôt en juillet 1915, qui est à l'origine de soulèvements populaires. Nous prendrons les cas d'Iconi, une ville insoumise puis la région du nord de Ngazidja et enfin la région de Dimani à l'est de l'île. Il serait très douteux de croire que ce sont les seuls lieux de soulèvements populaires, il y'en a d'autres, probablement moins importants ou passés sous silence par l'administration coloniale. Il suffit de lire les rapports des différents administrateurs pour se rendre compte que les problèmes fiscaux sont toujours d'actualité. Ce n'est pas seulement en 1915, ils en parlent avant et après l'insurrection. C'est justement dans de cas similaires que les sources orales seront d'une grande utilité. De toute évidence, ces soulèvements populaires constituent un des plus grave défi, lancé au colonialisme en Grande Comore.

II. Fraudes et contestations fiscales: émeutes et soulèvements.

A. Iconi, la ville rebelle.

Située au sud de Moroni, la ville d'Iconi s'inscrit dans la liste des localités comoriennes qui ont su se défendre contre les invasions étrangères et surtout qui ont exprimé ouvertement leur opposition contre la domination coloniale. Iconi est l'ancienne capitale du royaume de Bambao qui a vu se succéder dans son palais de kabiridjewou (palais royal) du XVIème siècle, un grand nombre de sultans dont le dernier sultan tibe Said Ali. Son caractère rebelle ne date pas de la période coloniale, elle remonte beaucoup plus loin. Iconi a vu débarquer les pirates malgaches au XIXème siècle, contre lesquels elle s'est battue courageusement. Le guerrier Karibaangwe entre dans la légende de cette ville en combattant avec courage, il aurait tué trente huit pirates avant de se faire tuer à coup de sagaies et de sabres par les envahisseurs.53(*)

Iconi incarne l'image d'une ville insoumise à la domination coloniale. A différentes occasions, elle exprime son opposition et son hostilité à l'égard du nouveau régime. Ses antécédents de capital du sultanat de Bambao, le besoin des notables de retrouver leur prestige et la détermination des habitants contribuent à en faire une ville rebelle. Elle reflète la résistance des Comoriens à travers les différentes phases de la colonisation. Bombardée par les Français en décembre 1864 pour briser la lutte comorienne contre la présence étrangère en Grande Comore, elle incite ses habitants à se rebeller contre le nouvel ordre établi. Elle fournit à la résistance des rebelles célèbres et redoutés par l'administration. Enfin Iconi peut se vanter d'être toujours au coeur des affaires politiques des Comores, de fournir certains des premiers figures de l'autonomie interne des Comores et les premiers artisans des Comores indépendantes dont le Prince Said Ibrahim. Il serai très intéressant, de réaliser des enquêtes orales dans cette ville.

Iconi a vécu au rythme des batailles et de guerres à travers lesquelles s'illustrent également les fameux « Hamadi 54(*)», de guerriers exemplaires qui dominent l'histoire de cette ville. Dépossédée de son pouvoir politique par la colonisation, Iconi résiste fermement à travers plusieurs manifestations contre le pouvoir colonial. Ses habitants son parmi les premiers comoriens à avoir contesté le nouvel ordre. De là viennent des personnes jugés agitateurs par les autorités. Elle figure dans la liste des villes qui font beaucoup parler d'elles au sujet de leur manquement au paiement de l'impôt, surtout durant la Guerre de 1915-1918.

Bien avant la Première Guerre Mondiale, le chef de canton fait l'objet d'une agression, en compagnie du préposé du trésor (la source ne renseigne pas sur leurs noms). Les habitants, encouragés par Boina Azizi et ses amis, refusent de payer l'impôt. Ils pensent qu'ils n'ont rien à redouter de l'administration. Ce qui laisse croire que le nombre des habitants est considérablement élevé et rassuré pour prendre une telle décision. Devant les menaces de mort, les deux fonctionnaires prennent la fuite.

D'autres faits similaires se produisent durant la Guerre. Les sources que nous disposons relatent des troubles liés au refus du paiement de l'impôt. A l'origine de ces agitations, un dénommé Mzé Moadjou fait courir le bruit que « les Allemands avaient bombardé et occupé Madagascar. » 55(*) Boina Azizi, Soilihi Bambaouma, Assoumani Ali dit Mnamandzihoa, Msankaci Ilali et Mbaraka Raha dit Amadi Raha, tous des amis de Mzé Moadjou, mettent ces propos en circulation. Ces derniers jouissent d'une certaine influence sur la population de la ville et sur la région de Bambao. De toute évidence le bruit trouve formellement créance et les habitants de la ville d'Iconi refusent de s'acquitter de l'impôt entre les mains du chef de canton, ils se croient désormais non assujettis.

Convoqués par l'intermédiaire de notables, les indigènes refusent de se présenter devant le chef de district. Armés de bâtons, ils organisent une marche sur Moroni et d'autres actes de provocation et d'intimidation pour dissuader les autorités à les laisser tranquilles. Les démonstrations de force rebelle organisées par la ville d'Iconi n'aboutissent pas et les meneurs de troubles sont arrêtés. La décision de déportation leur est imposée, ils sont accusés d' avoir incité la population à la désobéissance et refusé de se présenter devant le chef du district. Selon la Direction des Affaires Civiles de Tananarive,56(*) l'attitude des agitateurs mérite un châtiment particulièrement sévère. Car l'exemple donné par ces derniers a influencé les émeutes qui se sont produites dans le nord de l'Île en juillet 1915. Des évènements d'Iconi, nous pouvons dire que leur ampleur est importante pour pouvoir contribuer à déclencher le soulèvement de juillet et août, si l'on tient compte du la note de la Direction des Affaires Civiles de Madagascar. L'arrêtée de mise en résidence du 27 novembre 1915, fixé par mesure politique condamne les quatre fauteurs de trouble à Mayotte. Soilihi Bambaouma est condamné à trois ans, Msankaci Ilali deux ans, Mbaraka Raha deux ans et Assoumani Ali deux ans.

  Des actes collectifs ou isolés, la ville en compte plusieurs et un grand nombre de résistants au nouveau régime, tout ordre social confondu. Ces troubles viennent s'ajouter à la longue liste des actes innombrables de résistance anticoloniale. Ils traduisent le caractère segmentaire de la population comorienne, encore divisée, dont les soulèvements sont souvent d'ordre local et dont l'organisation politique souffre d'une fragilité évidente. Ils mettent à nu la faiblesse et la vulnérabilité de la société comorienne face à la colonisation, et l'incapacité matérielle et technique à résister, car ce sont les autorités coloniales qui l'emportent sur les insurgés. Ils attestent cependant que la résistance, bien que locale et de courte durée, a bien eu lieu. Des évènements de désobéissance et de trouble qui interviennent dans un contexte très particulier, celui de la Première Guerre mondiale.

Cette période de guerre voit naître des troubles même dans les régions qui semblent pacifiées, même dans les colonies habituellement calmes. A titre de comparaison, Madagascar est un foyer de troubles anticoloniales. A ce sujet, selon GOUREVITCH J P,57(*) « ...Madagascar reste le seul foyer d'agitation permanent ». En 1904 la Province de Farafangahana s'insurge et entraîne une grande partie de la population. Elle est conduite par des miliciens et des tirailleurs déserteurs et attaque des postes militaires, des concessions, elle fait des victimes étrangères. En 1905 la révolte est « jugulée ».58(*) En 1915, l'opposition se développe au sein de la V.V.S (Vy, Vato sy Sakelita),59(*) dont les adeptes se recrutent parmi les élèves de l'Ecole de Médecine de Tananarive. En 1915, on estime à 2000 les membre de cette société secrète.60(*) Une société qui s'inspire du modèle japonais sur la faculté d'adaptation de la tradition et le modernisme. Elle s'exprime par le biais de journaux qui invitent les Malgaches à se sacrifier pour le triomphe de la cause nationaliste. Le mouvement est découvert, réprimé et les responsables présumés sont condamnés à des travaux forcés, ou déportés. Enfin en 1915, éclate le mouvement sadiavahe qui dure jusqu'en 1917. Un mouvement violent d'origine paysanne, qui exprime la colère et l'opposition de la population à l'égard de l'impôt sur le boeufs et surtout de l'effort de guerre. Les insurgés se livrent aux vols de boeufs, attaques de villages et sabotent les installations télégraphiques.

Partout en Afrique le climat est aussi explosif. Entre novembre 1915 et juillet 1916 des émeutes éclatent à l'est du Soudan français, qui devient l'actuel Mali. En 1916 d'autres révoltes naissent au Dahomey qui devient l'actuel Bénin. A l'est de l'Algérie le peuple s'insurge contre les pratique de l'administration coloniales.61(*) Un tableau chronologique des résistances africaines est dressé par l'historien ELIKIA M'Bokolo à partir de 1874.62(*) En cette période de guerre les colonies françaises s'insurgent alors qu' « ...un calme relatif règne dans les possessions anglaise... ».63(*) Le malaise des peuples colonisés semble être contagieux et la recrudescence des troubles donne naissance également à un climat de tension généralisée en Grande Comore.

B. L'insurrection du nord de Ngazidja en juillet 1915.

Le nord de Ngazidja est aussi connu pour ses spectaculaires contestations. Bien avant les événements de 1915, la ville de Ntsaoueni est le théâtre d'affrontements entre les autorités et les habitants, suite aux retards et aux refus de paiement d'impôts. Cet état de faits est imputable, selon le Résident, aux problèmes économiques, ( un problème qu'il ne pouvait pas ignorer) : les habitants étant jugés trop pauvres pour s'acquitter de l'impôt. Mais cette raison ne satisfait pas les autorités qui reprochent aux habitants de mettre autant de mauvaise volonté dans leur devoir de contribuables. Sur ce point, le Gouverneur de Mayotte et le Résident de la Grande Comore s'accordent pour conclure que la situation fiscale dans l'Île est critique. Et le Gouverneur de Mayotte n'hésite pas d'écrire au ministre des Colonies en janvier 1907 : « ...Le recouvrement de l'impôt personnel à la Grande Comore continue à présenter les plus grandes difficultés, ...tant à cause de la pauvreté des indigènes, d'une part, que leur mauvaise volonté d'autre part... »64(*)

A la suite de ces retards, le 13 décembre 1905, le Résident fait enfermer quarante femmes, huit hommes, tous originaires de Ntsaoueni en plus d'une trentaine de femmes de Djomani. Selon la même source65(*), des habitants de la ville de Mitsamihouli connaissent le même sort : une partie est condamnée dans le village de Ouela et une autre dans la ville Bangoinkouni. On remarque que c'est tout le nord de Ngazidja ( les région de Mboudé et de Mitsamihouli) qui est touché par le refus de s'acquitter de l'impôt. Malgré les menaces d'emprisonnement auxquelles ils s'exposent, les indigènes n'obtempèrent pas, et continuent à opposer l'inertie aux observations de l'administration. Les correspondances et les rapports coloniaux mentionnent fréquemment cette mauvaise volonté généralisée. Ce climat de tension et de désobéissance annonce déjà la couleur de l'insurrection de 1915 en gestation, dans la même région.

Ce soulèvement populaire de juillet 1915, est un fait qui marque l'histoire comorienne. Il montre à quel point les exigences coloniales excèdent les paysans, et traduit la résolution des Comoriens à manifester leur colère, longuement contenue et maquillée par le silence et un faux-semblant de résignation. Ce mouvement est à placer incontestablement dans le cadre des résistances qui, menées par les paysans comoriens, découlent directement des efforts déployés par le régime colonial pour renforcer sa mainmise et imposer un nouveau système en vue d'exploiter les ressources humaines et naturelles. C'est une des formes de résistance qui mobilise un nombre important de Comoriens, prés de 1200 hommes selon Jean Martin66(*). Pour l'administration, c'est une surprise de taille, trois ans après l'annexion définitive de Ngazidja. L'insurrection éclate à un moment où la paix la plus profonde semble régner à la Grande Comore qui accueille la nouvelle de la guerre avec indifférence. Les habitants se disent que la guerre est loin et que de toute façon, c'est l'affaire des blancs. Mais cette quiétude n'empêche pas les indigènes de participer au conflit. Selon MARTIN J, « quelques centaines de Comoriens »67(*) participent à la Guerre aux côté d'un régiment de tirailleurs malgaches à Diégo - Suarez. Le contexte de conflit est une occasion propice aux troubles. Pour la première fois les Comoriens, comme les autres Africains colonisés, voient le colonisateur se battre, et recourir à leur aide. La participation africaine est à la fois « ...militaire et financière ainsi qu'en fourniture de matières premières et des produits alimentaires...»68(*)

Confiscation foncière, réorganisation administrative, mauvaises conditions de vie et de travail, impôts..., tout concourt à expliquer le soulèvement de juillet et août 1915 dans le nord de la Grande Comore. La tournée de l'administrateur Teyssandier pour la collecte de l'impôt, est la goûte d'eau qui fait déborder le vase. L'opération jugée de routine se transforme en cauchemar, une sorte d' « opération juillet noire ». Avec son équipe composé du garde principal, du chef des services politiques et quelques employés et miliciens indigènes, l'administrateur est accueilli par des cris de haine dans le village de Djomani. Une localité qui devient le noyau du soulèvement et dont l'effervescence est signalée bien avant cette tournée. Les manifestants n'hésitent pas à s'en prendre à une patrouille de miliciens indigènes qu'ils lapident et dont ils confisquent les armes, fusils et baïonnettes.69(*) Le village de Djomani est assiégé et les chemins y menant sont sous contrôle rebelle. Les barrages érigés coupent toutes les communications avec Mitsamihouli, ville où l'administrateur Teyssandier est bloqué dans son bureau. Il ne doit son salut qu'à un renfort de tirailleurs sénégalais venu de Madagascar, à la tête desquels se trouvent l'inspecteur de province Guesdes, et l'administrateur Marcel Alglave. Les coups de feu des tirailleurs dispersent les assaillants et l'administrateur peut partir. La levée de l'impôt est momentanément suspendue, en attendant le rétablissement de la situation.

L'enquête réalisée suite à cet événement permet d'établir une liste des meneurs les plus compromis. Ces derniers rendent difficile leurs arrestation en se cachant dans la forêt ou dans des endroits sûrs. Les gardes indigènes et les tirailleurs Sénégalais chargés de les arrêter, ne reçoivent pas l'aide escomptée des notables. Néanmoins quatorze meneurs sont arrêtés, dont trois sorciers ( walimu), taxés de charlatans par l'administration, qui voit grandir leur popularité, et c'est un « maillon fort de la chaîne sociale. »70(*) Les arrestations sont systématiquement suivies de sanctions exemplaires, allant des emprisonnements aux déportations. Plus d'une trentaine de meneurs, activement recherchés par l'administration constituent une menace sérieuse. Les fonctionnaires craignent un rebondissement de désordres et emploient tous les moyens pour les arrêter, en vain. La vigilance des administrateurs est recommandée pour éviter une pareille humiliation. Vers le 15 août, le calme revient, le village de Djomani est évacué et les dissidents restituent les armes qu'ils ont confisquées aux gardes indigènes le 24 juillet. Le calme précaire ne signifie pas la fin des mouvements de contestation. Car les Comoriens sont déterminés à aller plus loin dans cette affaire, malgré les sanctions, et le Gouverneur de Mayotte reconnaît que : « ...Ni menace, ni punition ne parviennent à secouer l'apathie des Comoriens, et qu'il est évident qu'il y' a mauvaise intention arrêtée de leur part de ne pas payer 15 francs d'impôt... »71(*) Ainsi, une semaine plus tard les troubles reprennent dans le canton de Oichili Dimani.

C. Le mouvement insurrectionnel dans la province de Dimani en août 1915.

Le soulèvement de Djomani avait reçu la participation d'hommes venus de la région de Mboudé, mais aussi de la côte est de l'île de Ngazidja. Celui-ci semble s'effriter plus tôt que prévu, et c'est dans le canton de Oichili - Dimani qu'il se répercute. Ces nouveaux troubles sont attribués à des réfractaires à l'administration, de retour des émeutes de Djomani. Cette fois, un cap important est franchi, car en général les soulèvements ont pour origine l'accroissement ou la perception rigoureuse de l'impôt. Rarement, depuis la colonisation effective de l'Île, les paysans ont cherché ou su consolider leurs efforts contre le système établi. Les émeutiers de Dimani, en réalité, se servent de la fiscalité pour chasser un chef de canton indésirable, étranger et de surcroît, Malgache. Le mouvement rassemble les personnes les plus compromises par celui de Djomani, venus d'un peu partout de la Grande Comore.72(*) Contrairement à d'autres agitations sporadiques, cette rébellion s'appuie sur une mobilisation populaire importante et entraîne d'autres villages,73(*) quoi que le nombre des manifestants soit inférieur à celui de juillet.

Dans cette province, Ratolojanahary le chef de canton d'origine malgache, souffre d'un manque d'autorité. Une foule de soixante manifestants réunis à M'tsangadjou, menace le fonctionnaire, le maltraite avec ses porteurs. Il s'en échappe grâce à l'intervention du frère de l'ancien chef de canton (nom et origine non indiqués). La nouvelle de la récente révolte court comme une traîné de poudre. «... En se livrant au désordre, les habitants de la province de Mboudé ont obtenu le résultat qu'ils voulaient, c'est à dire n'avoir pas à payer l'impôt, et que par suite il suffit de manifester violemment pour avoir satisfaction et ne pas acquitter l'impôt... »74(*) Après ces menaces, les réfractaires, estimés à 20075(*), s'installent dans le village de Sidjou, armés de bâtons et de couteaux. Le nombre diverge selon les sources, 250 selon la Direction des Affaires Civiles de Tananarive.76(*) Ils semblent s'attendre à la visite des autorités.

C'est Tyssandier qui est chargé d'enquêter sur ces évènements, il est accueilli à coups de pierres par les insurgés. Les manifestants incendient la brousse pour lui barrer le passage. Sous l'ampleur de la menace, il se résout à négocier son passage et invite les agresseurs à se calmer. Mais ceux ci n'obtempèrent pas et lapident Tyssandier et son escorte, blessant des miliciens. Après avoir épuisé les moyens de conciliation, il ordonne à ses gardes d'ouvrir le feu, pour disperser la foule. On dénombre six miliciens blessés et, du coté des manifestants, quatre blessés,( cinq selon l'autre source) et deux morts. Il s'agit de Massimou et Mtsala qui, par leur fin tragique, inscrivent leurs noms dans la légende comorienne. Hamadi Patiara succombera à ses blessures un peu plus tard et alourdit la liste des victimes de cet événement. Ils sont tous morts pour vivre aussi longtemps que l'Histoire s'en souviendra. Selon cette légende, ils auraient dépassé les limites territoriales que les sorciers ont établi, au delà desquelles, il ne fallait pas poursuivre l'ennemi (les blancs). La détermination des manifestants à faire la guerre contre les blancs, suscite de vives réactions chez las habitants de Mbadjini, province voisine. Des vieillards mbadjiniens auraient déclaré : «  ...Ces individus étaient trop jeunes pour se rappeler du débarquement des troupes français et des bombardements de 1886, 1987 et 1891. Sinon ils ne parleraient pas aussi légèrement de guerre... » 77(*)

Ces émeutes et leurs conséquences de blessés et morts, mettent à jour l'hypocrisie de l'administration. Celle-ci prétend avoir donné des instructions, selon lesquelles, il faut user de la conciliation et éviter tout recours à la violence. Pourtant elle était déjà mise au parfum de l'effervescence populaire, par le soulèvement de juillet. Du coup les escortes sont renforcées, car on s'attend au pire. Autre fait qui marque la volonté de museler ces événements c'est le silence des journaux. Certainement pour ne pas faire de vagues qui risquent de susciter la colère des anticolonialistes. Il s'agit d'une stratégie dissimulatrice car, en cette période de guerre, ils faut montrer que l'emprise sur les colonies est solide et que les colonies se rangent derrière la « Mère Patrie ». L'administration se voile donc la face, sachant que ce qu'elle veut montrer est bien loin de la réalité.

Ainsi sont mis en veilleuse les évènements de 1915 et les rares sources qui y font allusion sont celles des tenants coloniaux. Les Comoriens qui pourraient en parler sont déportés. La plupart des déportés, sinon presque la totalité, meurent en exil, dans des circonstances non élucidées. Un des rares témoignages des insurgés comoriens, est la célèbre « chanson » d'Ivessi Mgomri, originaire du village de Chomoni (Oichili), connu sous le pseudonyme de Bungala, à travers laquelle il raconte ses mésaventures.78(*) Ce silence mystérieux laisse croire qu'il y en a eu d'autres événements de résistance desquels le régime colonial n'a souhaité parler. C'est aux historiens de déterrer ces pages de l'histoire, délibérément passées sous silence, pour la mémoire du peuple comorien.

Mais derrière ce langage et cette volonté stratégiques, se cachent l'humiliation, la colère et une détermination manifeste de punir les coupables, pour asseoir le pouvoir déjà largement contesté, manifestement. Durant le mois de septembre 1915, une véritable chasse à l'homme s'organise en Grande Comore. Notables, chefs locaux et des villageois sont impliqués dans ces arrestations, dénonçant et délivrant peu à peu les réfractaires recherchés. Certains insurgés se sont volontairement rendus à l'administration. Ainsi, près d'une centaine de révoltés sont arrêtés, jugés et condamnés à passer des années de leur vie en internement à Madagascar et à Mayotte. Ceux qui ne sont pas déportés purgent leurs peines en prison dans l'Île.

La liste des rebelles les plus influents, est composée d'anciens chefs de villages, de notables, de sorciers, d'anciens tirailleurs, des maître d'écoles coraniques...Elle nous témoigne de l'implication des dignitaires de la société comorienne et laisse percer la diversité des intérêts visés pour les organisateurs et les participants. Certains y prennent part, en espérant profiter de la situation pour occuper une place de choix dans l'administration. C'est le cas d'Abdallah, fils du sultan Moussafoumou qui a failli être nommé chef de canton dans le nord après les émeutes de Djomani. Mais, selon MARTIN J,79(*) il est considéré comme un sujet de satisfaction pour les réfractaire et la place est attribuée à Mzé Higné Bantsi, un notable de Ouella qui a joué un rôle de conciliateur durant les émeutes. D'autres veulent chasser les blancs pour restaurer le système précolonial. C'est le cas du prince Said Housseine,80(*) rebelle et figure charismatique du sud de la Grande Comore. Ce dernier est soupçonné d'avoir excité les paysans de Mboudé à la désobéissance, tout en « nourrissant de grandes ambitions, il rêvait de restaurer un pouvoir monarchique dont il aurait pris la tête. Il poussa ainsi les paysans à ne pas payer l'impôt... »81(*) Il y' a ceux qui n'ont rien à y gagner que la fierté et peut être la célébrité. C'est probablement l'exemple de Massimou et Mtsala, seules victimes des affrontements. Parmi ces agitateurs, se trouvent les principaux perdants, les déportés et les autres prisonniers qu'on appelle « les mauvais sujets ».82(*) Il y a surtout ceux qui parviennent à échapper aux arrestations. Car elles ne frappe que des figurants et des acteurs de second plan qui n'ont pris qu'une part très modeste aux manifestations, selon MARTIN J. Ce dernier dresse une liste de personnages de premier plan de ces troubles, et qui n'ont pas été condamnés : Kari Mondoha notable de Kourani, Abderrahman Moilimou fidèle conseiller du sultan Said Ali, Said Hussein fils de Said Ali...

Revenu de cette excursion du coeur de l'impôt et son corollaire en Grande Comore, il en ressort que les Comoriens se sont efforcés de combattre les mesures et les institutions du nouveau système, après avoir échoué dans le combat contre l'instauration du régime colonial. Les évènements de juillet et août 1915 ont pour objectif le refus de payer l'impôt.

La fiscalité est une contribution de la population à la mise en valeur de leur territoire par la biais du budget local. Pourtant, les Comoriens constatent que rien n'est fait en échange. Les contribuables, sous toutes les latitudes, souhaitent que le paiement de l'impôt, se traduise par des améliorations dans leurs conditions de vie. Les propositions les plus avancée sont le remaniement de l'assiette fiscale, et le règlement de la question agraire en résolvant les litiges avec la Société de la Grande Comore. Deux questions épineuses qui se trouvent aux coeur toutes les hostilités. Partielle, locale, éphémère ou quel que soit le dénominateur attribué à la résistance grande comorienne, l'insoumission, l'inertie et les insurrections paysannes constituent un volet important des pages de l'anticolonialisme aux Comores.

ANNEXES.

Le sultan Said Ali. Source : « le journal » du 18 août 1907, CAOM, MAD, SG C 315 D815.

Le prince Said Houssein. Source : MAURICE M, Un Mzungo aux Comores journal 1945-1948, de mémoire d'homme, Paris, 1995.

Léon Humblot ( au milieu). Source : GUEBOURG J L, la Grande Comore, des sultans aux mercenaires, l'Harmattan, Paris, 1994.

TRAITE COMMERCIAL ENTRE SAID ALI ET LEON HUMBLOT.

A bord du Boursaint, rade de Moroni, Grande Comore, le 5 novembre 1885.

Entre les soussignés : son altesse Said Ali ben Said Omar, sultan de la Grande Comore et tous ses ministres, Mohamed ben Ahmet, Said Abane ben Cheikh Ahmet, Osman ben Ralid, Haissa ben Said, Souali ben Mohamed Fahaia, Mzé ben Kalfane, Ahada ben Moinidjou, Mohamed ben Isa, Bambaouma ben Mougne Mambo, Tamouben Ali, Abdallah ben Ahmet, Issouf ben Moinidjou, Moinjefoumou ben Aoussa, Abdrohamani ben Bemba, M'Bouana ben Moinigoussa, Azirbin ben M'Bambaouma, Ali ben Ivesi, d'une part ;

M. Léon Humblot, naturaliste français de l'autre ;

Art. I - Son Altesse s'engage à ne donner son pays, ou à ne le mettre sous aucun protectorat que celui de la France.

Art. II - Son Altesse donne à Léon Humblot le droit d'exploiter dans toute l'étendue de l'île toute richesses naturelles quelconque ( sic) et toutes les terres qu'il voudra mettre en culture ; ces terres sont données en toutes propriété sans impôt, ni location, avec faculté à L. Humblot de pouvoir, s'il le juge à propos, former une ou plusieurs sociétés pour les différentes branches de l'exploitation de l'île.

Art. III - Son Altesse s'engage à ne donner à personne sans l'assentiment du dit Léon Humblot des terres ou le droit d'exploitation.

Art. IV - Son Altesse s'engage à fournir des travailleurs qui seront engagés pour cinq ans à raison de 100 francs par tête et par an.

Art. V - Si dans l'avenir le sieur L. Humblot est arrivé à donner au pays la prospérité du travail et du commerce, Son altesse s'engage à prendre les mesures nécessaires pour arriver, dans un temps donné à abolir l'esclavage dans l'île de la Grande Comore.

Art. VI - Son Altesse garantit et répond des exploitations ou cultures qui pourraient être détruites par le fait de ses sujets.

Art. VII - L. Humblot s'engage à employer au bout de cinq ans d'installation dabs le pays au moins cinq cents hommes ; dans le cas contraire, son Altesse pourra donner les concessions à d'autres personnes.

Art. VIII - Léon Humblot s'engage à donner à son Altesse 10% sur les bénéfices réalisés dans les différentes branches de l'exploitation de l'île.

Art. IX - L. Humblot s »engage à verser à son Altesse, trois mois après la signature du présent traité, la somme de 5 000 piastres qui sera remboursable sur les travailleurs.

Art. X - L. Humblot s'engage à respecter les lois et moeurs du pays.

Art. XI - En cas de désaccord entre les deux parts ou héritiers de l'une ou l'autre part les différends seront tranchés par les tribunaux français.

« Signatures : L. Humblot, Said Ali ben Said Omar, Ch. Legros, Said Omar, Mohamed ben Said Omar, Tu Bae Ali Agi - Haada ben Niounidjou, Soili ben Mohamed Fahaia, Moindjefoumou ben Aoussa, Abdallah ben Amadi, Mohamadi ben Amadi, Said Habane ben Chei, Said Amadi ben Sidi, Mohamed ben Isa, Assouamni ben Alidini Ioussoufou ben Moignedjou, Tamou ben Ali, M'Bae ben Assoumani, Ali ben Ivesi, Boina ben Suognedjou, Houadjiri ben Bambaouma, Abderrahman ben Bemba, Mzé ben Kalfane, Bambaouma ben Mougne Mambo..." « 

Signé le 10 novembre 1885

TRAITE DU 6 JANVIER 1886.

Entre son Altesse Said Ali ben Said Omar, sultan thibé de la Grande Comore, assisté par :

MOHAMED ben ACHMET, 1er Ministre, et ABDERRHAMAN, 2ème Ministre ;

Et en présence des princes SAID BAKARI, BOINAFOUMOU, sultan particulier de MISSAHOULI et MOHAMADI SIDI ben SAID OMAR, frère de son Altesse, d'une part

Et le gouvernement de la République française représenté par M. GERVILLE REACHE, commandant de Mayotte, en présence de M. de Bausset, ROQUEFORT DUCHÂINE d'ARBAUD, capitaine de frégate, officier de l'Etat le LABOURDONNAIS et MM. RICHE, médecin de l ère classe de la Marine, chevalier de la Légion d'honneur, de LESTRAC, sous commissaire de la Marine, ROPARS et ROUHET, enseigne de vaisseau ; d'autre part :

Il a été convenu ce qui suit :

ARTICLE PREMIER

Le Gouvernement de son Altesse désirant assure l'indépendance de la GRANDE COMORE et resserrer les liens d'amitié existant depuis longtemps entre lui et la France, déclare accorder une situation prépondérante au gouvernement français dans les affaires de cette île à l'exclusion de toute autre nation.

ARTICLE 2

Il s'engage à ne céder aucune partie du territoire et à ne traiter avec aucune autre puissance sans avoir obtenu préalablement l'assentiment du gouvernement français.

ARTICLE 3.

Son Altesse voulant en même temps assure la paix et la tranquillité dans ses Etats et éviter les compétitions entre les différents chefs subalternes du territoire, offre de laisser subsister les cinq sultans existant actuellement, à savoir :

1° BAMBAO

2° TS ANDA

3° MISSAMIOULI

4° BOUDE

5° BADJINI,

et de conserver à la tête de chacun, un chef qui portera le titre de sultan et sera placé directement sous l'autorité du sultan thibé qui se réserve la direction spéciale du sultanat de BAMBAO, dont la capitale esT MORONI.

ARTICLE 4.

Son Altesse prend l'engagement :

1° de ne placer ni de révoquer aucun souverain de l'île sans le consentement du délégué du gouvernement français.

2° de ne faire ni de laisser faire dans ses Etats aucune guerre sans prendre l'avis de l'autorité française.

PROTECTORAT FRANÇAIS DES COMORES.

TRAITÉ

PASSÉ ENTRE SA HAUTESSE SAID ALI, SULTAN DE LA GRANDE COMORE ET LE GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. 6 JANVIER 1892.

Sa hautesse, Said Ali, sultan de la Grande Comore, ben said Omar, chevalier de la légion d'honneur, soucieuse d'empêcher le retour des révoltes qui ont éclaté à plusieurs reprises dans ses Etats ; désirant, en outre, assurer à son pays la paix et la tranquillité ainsi que le bonheur et la prospérité de ses sujets, a arrêté les conventions suivantes avec le gouvernement de la république française dûment représentée par M. clovis Papinaud, chevalier de la légion d'honneur, officier de l'instruction publique, Gouverneur de Mayotte, représentant du protectorat français aux Comores.

ARTICLE PREMIER.

Les fonctions de Ministre, ainsi que le Kabar des Ministres comme conseil de Gouvernement sont et demeurent supprimés. Le sultan ne recevra désormais de conseil que du Résident de France.

ART. 2.

Sont également supprimés les sultanats particuliers de Bambao, Itsandra, Mitsamiouli, Boudé et M'Badjini. Le sultan régnera seul sur toute le Grande Comore.

ART.3.

Chacun des actes du sultan devra être contresignés par le Résident de France, qui sera chargé d'en assure l'exécution.

ART.4.

Le Résident de France aura sous ses ordres le personnel de la police. Aucune force publique ne pourra se recruter, s'organiser ni se mouvoir que par les ordres du Résident.

ART.5.

Le Résident de France sera reçu par le sultan en audience privée toutes les fois qu'il le demandera. Il assistera, de droit, à tous les pourparlers, conférences ou audiences que le sultan pourra avoir avec les représentants ou agents des puissances ou nations étrangères.

ART.6.

Le justice sera rendue au nom du Sultan, conformément aux lois, usages et coutumes du pays, par les cadis régulièrement investis.

ART.7.

Un tribunal mixte, composé du Résident de France, Président, d'un Cadi et d'un assesseur français, connaîtra en dernier ressort des sentences prononcées par les Cadis.

Toutefois, les demandeurs pourront porter directement leur cause devant le tribunal mixte.

Le tribunal mixte jugera en dernier ressort les affaires criminelles, ainsi que les attentats commis contre la sûreté de l'Etat.

ART.8.

Les différends de toute nature qui pourraient s'élever entre Français et étrangers habitants la Grande Comore, ou entre étrangers non domiciliés dans les Etats du sultan et les Comoriens, seront jugés par le tribunal mixte.

ART.9.

A compter du 1er janvier 1893, toutes les dépenses du services du protectorat français à la Grande Comore seront supportées par le budget du sultanat.

ART.10.

Tout les revenus du royaume seront versés à la caisse d'un comptable nommé par le gouvernement français. Ce comptable sera chargé de la perception des impôts, taxes et revenus, ainsi que du payement des dépenses.

ART.11.

Tous les ans, avant le mois de décembre, le Résident de France dressera, pour l'année suivante, un projet de budget des recettes et des dépenses du sultanat. Ce budget sera définit et rendu exécutoire après avoir été homologué par le sultan et approuvé par le Gouverneur de Mayotte.

ART.12.

Le Résident de France aura la liquidation, l'ordonnancement et le mandatement de toutes les dépenses du sultanat. Il devra se conformer aux règles de la comptabilité publique française.

Une commission de trois membres, nommés par le Gouverneur de Mayotte, procèdera, tous les ans à la vérification et à l'apurement des comptes présentés par le Résident et le

comptable.

ARt.13.

Le Gouvernement de la République française prêtera au sultan son appui moral et, s'il y a lieu, effectif en vue du maintien de l'ordre et de la tranquillité du Royaume.

ART.14.

Le traité du 6 janvier 1886, intervenu entre le Gouvernement de la République française et sa Hautesse le Sultan, est maintenu en tout ce qu'il n'a pas de contraire aux présentes conventions que les parties contractantes s'engagent à exécuter de bonne foi. En cas de contestation, le texte français seul pourra être invoqué.

ART.15.

Le présent traité ne sera définitif qu'après sa ratification par le Gouvernement de la République française.

Fait en rade de Moroni, à bord de l'Eure, le 6 janvier 1892, en trois exemplaires, français et sahoueli, qui ont été revêtus du sceau et du contreseing des parties contractantes, a prés lecture faite des deux textes, et en présence de MM. Valat, capitaine de frégate commandant l'Eure ; Humblot, Résident de France à la Grande Comore ; Prince Said Hassan, dit Saïdina ben Sultan Said Omar, frère du Sultan ; Mornet, lieutenant de vaisseau, officier en second de l'Eure, et Castaing, chef du secrétariat du Gouvernement de Mayotte.

Signature de : Said Ali Sultan de la Signé : PAPINAUD.

Grande Comore, ben Sultan Said Omar. VALAT.

SAID HASSAN, dit Saïdina ben Sultan L. HUBLOT.

Said Omar. CH. MORNET.

Répression de l'insurrection de 1915 en Grande Comore, liste des déportés.

Nom Âge origine rang social lieu d'exil durée

Mondoha Brahimou 45 ans Kourani ancien chef Sainte-Marie 5 ans

Icilamou Assoumani 50 ans Helendje notable Sainte-Marie 5 ans

Oussoufi Karioudja 60 ans Maoueni sorcier Sainte-Marie 5 ans

N'gouzou Moindze 50 ans Djomani sorcier Sainte-Marie 5 ans

Said Amed Said Bacary 37 ans Moroni .......... Sainte-Marie 5 ans

Sambaouma Amadi 28 ans Idjinkoundzi sorcier Sainte-Marie 5 ans

Mogne Amadou 31 ans Mtsangadjou notable ............... .....

Moadjou Saidou 20 ans Mboudé chef de la bande Sainte-Marie 5 ans

Mohamadi Moidze Homa 60 ans Corani Grand sorcier Sainte-Marie 5 ans

Mdohoma Hona 40 ans M'tsangadjou notable Sainte-Marie 5 ans

Moeva Moa 40 ans Mboudé chef de village Sainte-Marie 5 ans

Chehezi Hadji Abdallah 29 ans M'tsangadjou notable Sainte-Marie 5 ans

Mzimba Ciaka 51 ans Tsoralé notable Nosy -Lava 5 ans

Mchinda Mohoma 30 ans Mtsangadjou sorcier Nosy -Lava 5 ans

Hadji Boina 65 ans Mtsangadjou sorcier Nosy- Lava 5 ans

Amadou Moilimou 60 ans Mtsangadjou notable Nosy- Bé 5 ans

Moindandzé Oussoufi 45 ans notable Nosy -Bé 5 ans

M'dahoma Amadi 32 ans Sidjou notable Sainte-Marie 5 ans

M'boreha Amadi 60 ans M'tsangadjou notable Mayotte 5 ans

Soilihi Brahimou 45 ans Mirereni chef Mayotte 5 ans

Assimakou Ali 30 ans Douniani ........ Nosy- Lava 5 ans

Soimrou Bambaouma 50 ans Douniani notable Nosy -Lava 5 ans

M'katibou Mohomadi 45 ans Ouzioini .......... Sainte-Marie 5 ans

Momadi Boina 25 ans Ouzioini ........... Sainte-Marie 5 ans

Oussoufi Mchangama 45 ans Chamlé notable Sainte-Marie 5 ans

Mfoihaia Moigné 30 ans Maoueni ......... Sainte -Marie 5 ans

M'dahoma Amadi 28 ans Maoueni ......... Nosy- Bé 5 ans

Homadi Chei 25 ans N'taoueni .......... Sainte-Marie 5 ans

M'dahoma Amadi 28 ans Djomani ...........

Icilamou Brahimou 50 ans Djomani Maître d'école coranique Nosy- Lava 5 ans

Karibangoue Aziri 60 ans Djomani sorcier Nosy- Lava 5 ans

Milani Karihila 28 ans Mandza sorcier Sainte-Marie 5 ans

Abdallah M'changama 30 ans Ouella Ancien milicien Sainte-Marie 5 ans

Saidou Adamou 57 ans N'tsaoueni notable Sainte-Marie 5 ans

Fadhili M'bambaouma 20 ans Djomani ......... Sainte-Marie 5 ans

M'dahoma Fombaba 68 ans N'tsadjeni .......... Mayotte 5 ans

Saidou Djimba 45 ans Ouhozi .......... Sainte-Marie 4 ans , 6 mois

Icilamo Iahahia 33 ans Mboudé sorcier Sainte-Marie 4 ans, 6 mois

Soilihi Amadi 30 ans Maoueni ......... Sainte-Marie 4 ans

Amada Foundjimba 69 ans Djomani sorcier et Sainte-Marie 4 ans et 6 mois

Ancien chef de canton

Mlimi Mvoulana 59 ans Djomani notable Nosy- Lava 3 ans

Assoumani M'voulana 68 ans Djomani notable Nosy -Lava 4 ans et 6 mois

Alimassi Bambaouma 40 ans Simboussa ........ Sainte-Marie 4 ans

M'homadi M'changama 56 ans Djomani ancien chef Sainte-Marie 4 ans et 6 mois

Icilamou Zahabe 50 ans Simboussa notable Sainte-Marie 4 ans et 6 mois

M'latamou Oussoufi 30 ans Djomani ancien tirailleur Sainte-Marie 4 ans et 6 mois

M'dahoma Mdjimba 52 ans Ivembeni notable Sainte-Marie 4 ans et 6 mois

Mogne Amadi 45 ans Ivembeni notable Nosy- Bé 4 ans et 6 mois

Djahe Mohoma 18 ans N'tsoralé ......... Sainte-Marie 4 ans

Soilihi Ali 20 ans Foumboudzivouni Sainte-Marie 4 ans

Mnemoa Samba Ouma 66 ans M'tsangadjou médecin/sorcier Nosy -Bé 4 ans et 6 mois

Dahoma Moeva 58 ans Chamlé .......... Sainte-Marie 3 ans

Alhamidi Homa 45 ans Djomani .......... Nosy- Lava 3 ans

Moilimou M'roimana 18 ans Djomani .......... Nosy- Lava 3 ans

M'homa Ivessi 35 ans Founga ........... Sainte-Marie 3 ans

Moadjou Bissa 22 ans Djomani ............ Sainte-Marie 3ans

M'bae M'lomri 70 ans Djomani homme influent Nosy- Bé 2 ans

Abdallah Oumouri 50 ans Mandza notable Nosy- Lava 4 ans

Momadi M'soma 50 ans Djomani notable Nosy- Lava 3 ans

Amada Saïdou 44 ans Ouhozi notable Nosy- Bé 4 ans

Backary Mondoha 50 ans Kourani ......... Sainte-Marie 4 ans

M'vouna M'limi 50 ans Ivembeni .......... Nosy- Lava 3 ans

Djabiri Mnemoi 23 ans Domoidjou ........... Sainte-Marie 3 ans

Mrendada Moinzde 40 ans Helendje ........... Sainte-Marie 3 ans

Momadi Salimou 26 ans Founga ...........

Aboudou Abdallah 25 ans Djomani ........... Nosy Lava 3 ans

M'homadi Mrohavoreha 30 ans Helendjé notable Nosy Bé 4 ans

Iahaia M'chinda 60 ans M'boudé ......... Nosy- Lava 3 ans

Kassimou Soilihi 23 ans Foumboudzivouni .... Nosy- Bé 3 ans

Ivessi M'gomri (Boungala) 34 ans Chomoni ............ Mayotte 3 ans

M'kavavo Oulovavo 29 ans Maoueni ............ Nosy- Lava 2 ans

Mabroukou Mzé 19 ans Djomani ............. Nosy -Lava 2 ans

Djassiri Mogne Akili 25 ans Djomani ............. Nosy- Bé 2 ans

Said Mohammed 20 ans Djomani ............. Nosy -Bé 2 ans

Ibouroi Ali 40 ans Kourani .............. Sainte-Marie 2 ans et 6 mois

Mzé Hemou Boina 58 ans Foumbouni .............. Mayotte 2 ans et 6 mois

Fombamba Daoudou 70 ans Djongoue .............. Mayotte 2 ans et 6 mois

Bafounou Soudja 72 ans Douniani .............. Mayotte 2 ans et 6 mois

Mogne Mroiuvili 30 ans Founga .............. Nosy- Bé 2 ans et 6 mois

M'dahoma Madi Djimba 70 ans Djomani ............... Mayotte 2 ans et 6 mois

Said Galoi 20 ans Djomani .............. Mayotte 2 ans et 6 mois

Madina Mfoihaia 26 ans N'tsaoueni .............. Nosy- Lava 2 ans

Djabiri Idjabou 35 ans Ivembeni .............. Mayotte 2 ans et 6 mois

Amadi Mavoubaïa 27 ans Moroni Notable Mayotte 2 ans et 6 mois

Moindzaounie M'vouna 17 ans Djomani ........... Mayotte 1 ans et 6 mois

Sea Mroivili 25 ans Bouenindi ........... Mayotte 1 an

Saidou Ali 60 ans Djomani ............ Mayotte 1 an

Ali Bacary 30 ans Ouhozi ............ Mayotte 1 an

Mogne Mzé ....... Chindini ............ Moroni 1 an

Abdallah Mazi ....... Simamboini chef du village Moroni 1 an

Ali Karizombo ........ Foumbouni ............ Mayotte 2 ans

Dahoma Ceho ........ Kové Chef du village Mayotte 1 an

Smaeli M'babamba ....... Dembeni .......... Mayotte 1 an

Simbamba Tsahoi ..... Tsinimoichongo ..... Mayotte 1 an

Sources : FL 18118, Bibliothèque d'Ankatso Université d'Antananarivo Madagascar.

STATISTIQUES DE L'INDIGÉNAT EN 1936 : NOMBRE DE PEINES INFLIGÉES.

Infractions

Mayotte

Anjouan

Gde Comore

Mohéli

Totaux

Refus d'obtempérer sans excuses valables aux convocations

24

31

25

7

87

Actes irrespectueux

2

2

3

//

7

Refus d'obtempérer aux réquisitions

38

1

7

//

46

Défaut de livret d'identité

199

6

94

9

308

Retard dans le payement de

l'impôt

301

442

173

130

1055

Sources : Centre des Archives d'Outre-Mer, Fond Ministériel, commission Guernut//75 B58.

LISTE DES RESIDENTS EN GRANDE COMORE.

Nom

Fonction

Arrivée

Départ

M. Weber

Docteur

Novembre 1886

Décembre 1887

M. Le Corney

Commissaire de la marine

Janvier 1888

Novembre 1888

M. Pupier

Instituteur

Novembre 1888

Novembre 1889

M. Léon Humblot

Colon

Novembre 1889

Juin 1896

M. De Cases

Commandant

Juin 1896

Novembre 1897

M. Pobeguin

Administrateur

Novembre 1897

Avril 1899

M. Du Plantier

Médecin de la marine

Avril 1899

Septembre 1899

M. Alby

Commissaire de la marine

Septembre 1899

Décembre 1899

M. Bellemar

Colon

Décembre 1899

Avril 1900

M. Sallefranque

Administrateur

Avril 1900

Août 1900

M. Grantier

Commis des secrétariats généraux

Août 1900

Juillet 1901

M. Weisseyre

Administrateur

Juillet 1901

Août 1902

M. René Pierre

Administrateur

Août 1902

Avril 1903

M. Manguey

Administrateur

Mai 1903

Septembre 1903

M. Lemaire

Administrateur

Septembre 1903

Octobre 1903

M. Massel

Commis des secrétariats généraux

Octobre 1903

Avril 1904

M. Feuilland

Commis principal

Mais 1904

Décembre 1904

M. Carten

Administrateur

Janvier 1905

Juin 1905

M. Pierre Martin

Administrateur adjoint

Juin 1907

Juin 1909

M. Lachat

Administrateur Adjoint

Juin 1909

Mai 1911

M. Pierre Martin

Administrateur adjoint

Mai 1911

Février 1913

M. Teyssandier

Administrateur

Mars 1913

Janvier 1916

M. Pechmarty

Administrateur

Janvier 1916

Avril 1918

M. Pierre Martin

Administrateur

Avril 1918

Juin 1919

M. Marcel Avignon

Administrateur

Juin 1919

Avril 1922

M. Charles Allard

Administrateur adjoint

Avril 1922

Novembre 1923

M. Georges Lavau

Administrateur

Novembre 1923

Novembre 1925

M. Pierre Martin

Administrateur

Novembre 1925

Juillet 1927

M. P. Russier

Administrateur

Juillet 1927

Novembre 1928

M. D'Haussy Raoul

Administrateur

Novembre 1928

Octobre 1929

M. De Labarre Thaly

Administrateur

Octobre 1929

Juillet 1930

M. Paton François

Administrateur adjoint

Août 1930

Décembre 1931

M. Ravel

Administrateur

Décembre 1931

Mars 1932

M. Pitou Roger

Administrateur

Mars 1932

Décembre 1934

M. Dalbiez

Services civils

Décembre 1934

Mars 1938

M. Beaumer Henry

Administrateur adjoint

Mars 1938

 

RESUMÇ DES REPONSES DES CHEFS, DES NOTABLES ET DE LA POPULATION DE LA GRANDE COMORE A LA PROCLAMATION DU GOUVERNEUR GENERAL (après les insurrections de juillet - août 1915).

Nous avons écouté les belles paroles utiles et profitables venant du Gouverneur Général et nous sommes tous soumis aux ordres du Gouvernement Français qui, depuis que nous sommes ses sujets, nous comble toujours de bontés et de bien faits pour lesquels nous lui devons une très profonde reconnaissance. Nous avons écouté la voix et avons obéi.

Les mauvais sujets qui ont essayé de troubler l'ordre dans la Grande Comore ont voulu mettre une tâche sur nous par leur mauvaise action. Ils sont des ennemis d'eux même et de nous.

Nous sommes très peinés, de leur mauvaise action, ils méritent une grande punition ; mais comme le Gouvernement Français est très généreux pour ses sujets il a choisi les promoteurs et les principaux de ces malfaiteurs pour les punir.

A cette occasion, nous nous sommes rendus compte de toute la justice et de toute le bienveillance du Gouvernement Français, puisque, seuls les meneurs et les plus compromis ont été frappés. Nous attestons formellement que, grâce à Dieu, des faits pareils ne se renouvelleront plus. Les malfaiteurs sont des rebelles et des gens stupides.

Nous sommes bien contents de voir que le Gouvernement Français a constaté que les désordres ont été commis par de mauvais sujets, qu'il n'en a pas fait retomber les conséquences sur nous et qu'il reste toujours en pleine confiance vis-à-vis de nous.

C'est pour nous un grand honneur et nous en sommes reconnaissants au Gouvernement Français que parmi les cause pour lesquelles il combat, figure l'indépendance de l'islam et des Musulmans, dont beaucoup sont ses sujets et servent sous son glorieux drapeau.

Nous savons que nous continuerons à être loyaux et fidèles envers notre tendre mère et que nous la servirons toujours.

Nous savons parfaitement que la punition qui a été infligée aux malfaiteurs est un bien général pour l'avenir. Par conséquent, s'il y avait encore des individus pareils, nous ne manquerons pas de les conduire devant le Résident.

Nous avons écouté les paroles de Monsieur le Gouverneur Général dans lesquels il nous dit que nous pouvons avoir entière confiance dans la sollicitude du Gouvernement Français qui ne tiendra pas rigueur des désordres dus à certains mauvais sujets, puisqu'ils ont été arrêtés avec le concours de la population, Dieu merci.

Le Gouvernement Français nous fait savoir qu'il continuera à nous témoigner l'affectueuse bienveillance d'une mère pour ses enfants. Nous lui sommes profondément reconnaissants de cette parole d'une si grande bienveillance.

Lorsque nous aurons des affaires, nous irons toujours voir le Résident, et nous tous vous en remercions. Nous savons que le Gouvernement Français est très juste. Nous savons également que nous pouvons être assurés de sa bienveillante sollicitude.

Par exemple, nous avons vu que les mauvais sujets ont été déportés et qu'au contraire, les bons sont restés heureux chez eux.

Nous somme honteux que quelques Comoriens aient commis des désordres dans la Grande Comore.

Nous répétons encore que de pareille mauvaises actions ne se produirons jamais plus à la Grande Comore.

Nous acceptons toujours sur la bienveillante sollicitude de la France.

Nous sommes toujours prêts à la servir, bien obéissants et bien dévoués, sans arrière pensée, ni insoumission. Nous ne suivrons pas les ignorants, les hommes, les hommes sans intelligences, car ce sont les ignorants qui doivent être guidés par les sages. Dieu a dit : « obéissez à Dieu, au Prophète et à votre souverain .» Notre souverain est le Gouvernement Français qui est haut placé, qui est notre père et notre mère et qui nous garde par sa protection et ses bon conseils.

Nous prions Dieu pour notre puissant Gouvernement, nous lui demandons qu'il soit victorieux de touts ses ennemis qui sont les nôtres.

Nous sommes, grands et petits et jusqu'aux femmes, fidèles à la nation magnanime qui est notre fierté, nous prions Dieu d'augmenter notre fidélité à la glorieuse et bienfaitrice nation française qui est la nôtre. Dieu la conserve. Qu'il l'élève au dessus des autres peuples, elle qui est supérieure aux autres nations.

Nous sommes profondément reconnaissants à M. le Gouverneur Général de tout ce que vous nous avez dit. Il est véritablement notre père et notre mère. Nous lui renouvelons l'expression de notre respect, de notre dévouement de notre fidélité./.

QUELQUES DATES REPERES DE L'HISTOIRE DES COMORES.

Xème siècle.Selon la tradition, Mohamed ben Othman aurait introduit la circoncision et l'Islam.

XIIème siècle. Les géographes arabes (comme Edrisi) mentionnent une " région de Qumr " et un " canal de Qumr ", proches des sources du Nil. On peut supposer que ces termes désignaient la zone du canal de Mozambique. Ils ont fini par s'appliquer spécifiquement à l'archipel des Comores.

XVIème siècle. Des Portugais s'installent à la Grande Comore dans les toutes premières années du siècle.

1506.Arrivée d'une flotte, conduisant des " Chiraziens " (qui sont peut-être tout simplement originaires de Kilwa), sous l'autorité de Mohamed ben Haïssa.

Fin XVIème-XVIIème siècles. Les marins comoriens commercent dans l'océan Indien, entre l'Afrique et Madagascar, et jusqu'à la Mer Rouge. Les pirates européens commencent à relâcher dans l'archipel. Les Comores, et particulièrement Anjouan, très accueillante, deviennent une escale très fréquentée.

XVIIIème siècle. Dans la seconde moitié du siècle, des flottes malgaches (composées surtout de Betsimisaraka et pouvant compter jusqu'à 18 000 hommes) viennent ravager les côtes comoriennes.

1780. destruction de la ville de Domoni (à Anjouan) par les pirates malgaches

1805. Iconi (à la Grande Comore) est prise en 1805. La ville d'Iconi tombe entre les mains des pirates malgaches après des combats légendaires qui durèrent plusieurs jours. Ces razzias, très dommageables, incitent les sultans à rechercher la protection des puissances européennes.

1816. Le sultan Abdallah Ier qui a construit la forteresse de Mutsamudu (Anjouan), pour se défendre contre les incursions malgaches, se rend à Bourbon pour solliciter la protection de Louis XVIII.

1828. Ramanateka, un Hova, vient, après la mort de Radama Ier se réfugier à Anjouan, avec une centaine de compagnons. Le sultan lui permet de s'installer à Mohéli. Ramanateka y prend le pouvoir et, converti à l'Islam, en devient le sultan, sous le nom d'Abderahmane.

1831. Mogne M'kou se déclare vassal du roi de Portugal.

1841. Un traité signé par Andriantsuli, qui cède la propriété de l'île de Mayotte à la France.

1843. Le commandant Passot prend possession de Mayotte.

1846. Abolition de l'esclavage à Mayotte

1848. Un consul anglais s'installe dans l'île d'Anjouan et cherche à y faire prévaloir l'influence britannique. Mais quand la Grande Bretagne tentera d'obtenir, en 1882, l'abolition de l'esclavage dans l'île, le sultan se tournera vers la France, dont il sollicite l'intervention.

1850/1852. Guerre dite de Mbadjini.

1864. Guerre de M'dé ( Bambao).

Décembre 1864. Intervention des marins français à Iconi.

1865. Le traitant Lambert, venant de Madagascar, où il avait été fait " duc d'Imerina " par le roi Radama II, obtient de la reine de Mohéli une concession exorbitante, " pour mettre l'île en valeur ".Soutenu par la marine française, il y séjourne jusqu'à sa mort, en 1878. L'île connaît alors une période d'anarchie, attisée par les manoeuvres concurrentes de la France et de l'Angleterre.

1867 ou 1868. M'safoumou se proclame sultan tibé.

1874. Guerre de Manda.

Août 1875. Mort du Sultan Ahmed dit Mogne M'kou, sultan d'Itsandra.

1879. Said Ali rend visite au sultan M'safumu. Said Ali en Badjini.

Avril - août 1880. Reconquête de l'Île de la Grande Comore par Said Ali qui se proclame sultan tibé.

1881. Guerre de Mihambani.

Janvier 1882-janvier 1883. Seconde guerre qui oppose Said Ali à M'safoumou.

Février 1883. Mort de M'safumu, sultan d'Itsandra.

1883.Léon Humblot, envoyé par le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris pour étudier la flore et la faune des îles de l'océan Indien.

5 Septembre 1884. Arrivée de Léon Humblot à Moroni, recommandé par Ferriez à Said Ali, il herborise jusque dans le Mbadjini.

Le 5 novembre 1885. Signature du traité commercial entre Le sultan said Ali et Léon Humblot.

6 janvier 1886. Signature du traité de protectorat de la Grande Comore.

Juin - juillet 1886. Séjour de Karl Wilhem Schmidt aux Comores.

1886. Guerre de Mnadzwanyongo.

1886. Le gouvernement français impose à Anjouan, Mohéli et la Grande Comore des traités de protectorat, reconnaissant son droit de regard sur les affaires comoriennes.

Janvier 1887. Première démonstration militaire française en Badjini ( Grande Comore), Foubouni est prise.

17 mai 1887. Constitution de la Société Française de la Grande Comore.

1888. Famine dite Mongwanane.

4 février 1888. Le résident Weber est relevé de ses fonctions.

Février - Juin 1889. Deuxième Affaire ( guerre) de Mbadjini.

1889. Guerre de Zilimdjou.

1889. Assassinat de Bouvier.

1889. Léon Humblot se fait nommer " résident " à la Grande Comore. Il met en place une compagnie coloniale, qui progressivement se ramifie dans toutes les îles de l'archipel. Le système Humblot, favorisé par l'exiguïté du territoire et la passivité complice de l'administration, réalise la perfection et la caricature de la colonisation.

20 Juin 1889. Mort de Hachimou, sultan de Mbadjini. Mort de M'faoumé M'madjouani, sultan de Oichili.

1890. Troubles en Grande Comore. Said Ali est déposé par ses ministres rebelles.

Février 1891. Said Ali s'enfuit vers Mohéli, puis vers Mayotte.

19 novembre 1891. Restauration du sultan Said Ali au trône.

1892. Les gouvernements locaux sont supprimés, l'annexion d'Anjouan, Mohéli et de la Grande Comore devient une réalité, juridiquement entérinée en 1904.

2 août 1893. Agression contre Léon Humblot.

18 septembre 1893. Le gouverneur Lascade dépose Said Ali.

20 novembre 1893. Déchéance du sultan Said Ali.

1er août 1899. Assassinat du commissaire de police, Bouvier.

29 février 1904. Abolition de l'esclavage en Grande Comore.

1904. Mort de Said Mohamed El Ma'arouf.

1908. Mayotte et ses dépendances (c'est-à-dire les trois autres îles) sont rattachées par décret à la colonie de Madagascar.

1910. Arrivée de France du sultan Said Ali.

1912. La loi du 25 juillet confirme cette annexion. La colonie comorienne devient dépendance de Madagascar. Comme Tananarive est loin est que les budgets sont réduits, les Comores vont désormais vivoter, en accumulant les retards économiques et sociaux.

1914. Mort de Léon Humblot.

Juillet 1915. Rébellion de M'budé, Dimani, Iconi. 3 morts.

1915. Mort du sultan Said Ali à Tamatave ( Madagascar).

1946. les Comores intègrent l'Union Française, avec le statut de " territoire français d'outre-mer ", qui consacre leur séparation d'avec Madagascar. Elles bénéficient désormais d'un statut évolutif, comportant un Conseil général, doté peu à peu de pouvoirs délibératifs sur des sujets non politiques. Said Mohamed Cheik est élu député à l'Assemblée nationale à Paris en 1945/46.

1956. La Loi-cadre " Defferre " introduit une plus large autonomie en unifiant le collège électoral et en organisant un Conseil de Gouvernement. Celui-ci est installé à Dzaoudzi (Mayotte), traditionnel lieu de résidence de l'autorité de tutelle, mais l'Assemblée siège à Moroni (Grande Comore).

1958. Les Comoriens se prononcent au référendum du 28 septembre pour le maintien de l'archipel au sein de la République française.

1961. La loi du 22 décembre organise l'autonomie interne des Comores, dont l'Assemblée nationale a désormais juridiction sur tous problèmes, hormis les Affaires étrangères, la Défense et la Justice.

1964. Révolution de Zanzibar, rapatriement des Comoriens.

1966. Le gouvernement de Saïd Mohamed Cheikh décide de transférer à Moroni la capitale du Territoire.

1968. Evénements du lycée de Moroni, soulèvement des élèves.

1970. Mort du président Said Mohamed Cheikh.

1973. Grève du lycée, incendie de la chambre des députés.

1973. Ahmed Abdallah est porté à la présidence du Conseil de gouvernement avec le mandat d'obtenir l'indépendance de l'archipel.

1974. L'accord du 14 novembre 1974 prévoit l'organisation d'un référendum, qui a lieu le 22 décembre et qui connaît une forte participation électorale. 95 % des votants se prononcent pour l'indépendance..., sauf à Mayotte où 65 % d'entre eux préfèrent le maintien dans la République française. La situation est délicate, et les autorités françaises temporisent.

1975. Mort du prince Said Ibrahim.

1975. Le 6 juillet, le président Ahmed Abdallah proclame unilatéralement l'indépendance, ce qui entraîne la sécession de fait de Mayotte.

Le 3 août 1975. Un coup d'État porte au pouvoir Ali Soilih.

1976. Mort du Mufti Said Omar bin Sumet.

1976. Massacre de Majunga.

1977. Rapatriement à Moroni, des rescapés comoriens de Majunga.

Les 12/13 mai 1978. Des mercenaires, sous le commandement de Bob Denard, débarquent secrètement, arrêtent Ali Soilih, l'abattent au cours d'une tentative de fuite. Une junte rappelle l'ancien président destitué, Ahmed Abdallah.

1978. Déclaration de la République Fédérale Islamique des Comores.

Le 26 novembre1989. le président Ahmed Abdallah est assassiné à l'intérieur du palais présidentiel.

* 1Paul Louis est un socialiste anticolonialiste, il publie, en 1905, une brochure intitulée «le colonialisme», d'où est tirée la citation. Ces propos sont repris par GOUREVITCH J-P , La France en Afrique cinq siècle de présence : vérités et mensonges, le pré aux clercs Paris février 2004.

* 2 MARTIN J, « Grande Comore 1915 et Anjouan 1940 : étude comparative de deux soulèvements populaires aux Comores », in Etudes Océan Indien, vol 111, INALCO, Paris 1984.

* 3 Au sujet des conflits fonciers, voir l'ouvrage de AINOUDDINE S, Anjouan, l'histoire d'une crise foncière, l'Harmattan, Paris/Montréal, 1998.

* 4AÏNOUDDINE S. op. cit.

* 5 op. cit.

* 6 KI-ZERBO J, Histoire de l'Afrique Noire, Hatier, Paris 1999.

* 7 FAUREC U, l'Archipel aux sultans batailleurs, Imprimerie officielle, Tananarive, 1941.

* 8 ILLIFE J, Les Africains, histoire d'un continent, Flammarion, Mayenne, 1997.

* 9 CHAGNOUX H & HARIBOU A, Les Comores, PUF, Paris, 1950,.

* 10 Voir annexe, Article II du traité commercial entre Said Ali et Léon Humblot signé en novembre 1885.

* 11 CHAGNOUX H & HARIBOU A. op. Cit.

* 12 HUGON A, Introduction à l'Histoire de l'Afrique contemporaine, Armand Colin, Paris 1998.

* 13 Said Ali, fils de Said Omar (ex ministre du sultan Salim d'Anjouan), et de la princesse Amina Mogné M'kou et petit fils de Mogné M'kou (lui même sultan tibe de Ngazidja). Il est né en 1855 en Grande Comore, dernier sultan Tibe de la grande Comore.

* 14 VERIN P, Les Comores, Karthala, Paris, 1994.

* 15 SAID A, Mémoire, ma vie racontée par moi même, Imprimerie de l'Avenir, Diego - Suarez, 1894.

* 16BOAHEN A A, Histoire générale de l'Afrique, l'Afrique sous domination coloniale 1880-1935, Présence Africaine/ EDICEF/UNESCO, Paris, 1989.

* 17 KI-ZERBO J, Histoire de l'Afrique Noire, Hatier, Paris, 1999.

* 18 ISNARD H, « Les Comores », in Cahiers d'Outre-Mer N° 21, Bordeaux, janvier-mars 1953.

* Citation d'Alfred de Vigny, in, PRILLAUD N, La France colonisatrice, CID Editions, Nantes, 1983.

* DESCAMPS H, La fin des empires coloniaux, PUF, Paris, coll. Que- sais -je ? Paris 1969.

* 19 Hachimou ben Ahmed Mougne M'kou, dernier sultan de Mbadjini au sud de Ngazidja, il appartient à la lignée M'dombozi qui a régné dans cette province. Il est assassiné avec son compagnon d'arme le sultan de la province de Oichili, Mfaoumé M'madjouani.

* GUEBOURG J L, La grande Comore, des sultans aux mercenaires, l'Harmattan, Paris, 1994.

* 20 JEAN S-C, Résistance et collaboration en Afrique Noire, EHSS, Paris 1982.

* 21 GERARD B, Les Comores, Delaroisse, Boulogne Billancourt, 1974.

* 22 « Sorcier » est le non attribué aux hommes, détenteurs des connaissances religieuses. Il ne s'agit pas des personnes pratiquant la sorcellerie et qui opèrent des maléfices.

* VINCENT, « Les Comores », in Bulletin de la Société de Géographie Commerciale de Paris 1887-88, Ecole Coloniale, Paris 1888, Tome X.

* CAOM, MAD, Série géographique Carton n° 410 Dossier n° 1007.

* 23 Voir le traité en annexe

* 24 CAOM, MAD, Série Géographique Carton n° 328, dossier n° 853.

* 25 Ce Centre se trouve au 1 rue du Moulin de testa 13090 Aix en Provence.

* 26 KI-ZERBO J, ( sous la direction), Histoire Générale de l'Afrique I. Méthodologie et Préhistoire Africaine, Présence Africaine/Edicef/Unesco, Paris, 1986.

* 27 Voir annexe : la liste des déportés Comoriens, suite à l'insurrection de 1915 en Grande Comore. Masimou et Mtsala étant tués lors des affrontement, ne figurent pas dans la liste de déportés bien sûr.

* 28 29 KI-ZERBO J, ( sous la direction), Histoire Générale de l'Afrique I. Méthodologie et Préhistoire Africaine, Présence Africaine/Edicef/Unesco, Paris, 1986.

* 30 MARTIN Jean, Comores : quatre île entre pirates et planteurs tome 2, Genèse vie et mort du protectorat (1875-1912), l'Harmattan, Paris, 1998.

* 31 CAOM, MAD Série Géographique Carton n° 406 dossier n° 1083. Lettre de Léon Humblot au ministre de la Marine et des Colonies, du 18/09/1887,

* 32 DUPLANTIER N, La Grande Comore, sa colonisation, Augustin Challamel, Paris 1904.

* 33 GUILLAUME P, Le monde colonial XIXe -XXe siècle, Armand Colin, Paris, 1994.

* 34 COQUERIE-VIDROVICTH C & MONIOT H, l'Afrique noire de 1800 à nos jours, PUF, Paris, 1974.

* 35 ALMEIDA-TOPOR (d' H°), L'Afrique au XX ème siècle, Armand Colin, Paris, 1999, 363 pages.

* 36 ATTOUMANI M, Les rapports entre Madagascar et les Comores : De la veille de la colonisation au lendemain du rattachement à la Grande île, mémoire de maîtrise d'histoire, Paris 1, 19802/1981.

* 37 CAOM MAD C412, D1106. Note du 8/12/1906, par le Gouverneur de Mayotte et Dépendances.

* 38 CAOM, Fond Ministériel, MAD, Série Géographique, C412, D1106.Note de janvier 1907,

* 39 Voir le traité de janvier 1892, en annexe.

* 40 COQUERIE-VIDROVICTH C & MONIOT H, l'Afrique noire de 1800 à nos jours, PUF, Paris, 1974.

* 41 GUILLAUME P. op. cit.

* 42 CAOM, Mad, Série Géographique, Carton n° 277 Dossier n° 646. Notes de la direction des Affaires civiles de Tananarive, du 27/10/1915,

* 43 Voir la liste des résident en annexe.

* 44 ILLIFFE J, Les Africains, Histoire d'un continent, Flammarion, Mayenne, 1997.

* 45 FRANCIS M, Une enquête à la Grande Comore, comment on trompe le gouvernement et le parlement, Editions du courrier colonial, Paris, [s.d]

* 46 MAURICE M, directeur de la SAGC entre 1945 et 1947, est l'auteur de l'ouvrage Un Mzungo aux Comores, journal 1945-1948, De mémoire d'Homme, Paris 1995.

* 47 Propos tirés d'un rapport administratif (anonyme) de 1922, cité par, IBRAHIME M, Etat français et colons aux Comores (1912-1946), L'Harmattan, Coll. « Archipel des Comores », Paris 1997.

* 48 CAOM, Série D, Dossier D/ 6(2)22.

* 49 FLOBERT T, Les Comores, évolution juridique et sociologique, Presse Universitaire de France, C.E.R.S.O.I, Aix Marseille 1976.

* 50 MAURICE M, Un Mzungu aux Comores, journal, 1945-1948, De mémoire d'homme, Paris, 1995.

* 51 Article intitulé : « Said Ali » in, La presse coloniale du 18 juillet 1907.

* 52 CAOM, Fond Ministériel, MAD, Série Géographique, Carton n°412, Dossier n°1106.

* 53 KLOTCHKOFF J-C, Les Comores aujourd'hui, Jaguar, Paris, 1995.

* 54 La légende dit que la ville d'Iconi en a connu beaucoup de Hamadi. Ce sont des guerriers courageux (SUDJAYI) qui ont défendu la ville contre les agressions externes et surtout durant les guerres entre sultans.

* 55 CAOM, Fond Ministériel, MAD, Série Géographique, Carton n°277 Dossier n° 646

* 56 Idem

* 57 GOUREVITCH J P, La France en Afrique, cinq siècle de présence : vérités et mensonges, Le Prés aux Clercs, Paris, 2004.

* 58 ESOAVELOMANDROSO M, « Madagascar de 1880 à 1939 : initiatives et réactions africaines à la conquête et à la domination coloniales », in, BOAHEN A, Histoire Générale de l'Afrique VII. L'Afrique sous domination coloniale 1880-1935, Présence Africaine, Paris, 1989.

* 59 Vy : Fer, Vato : Pierre, Sakelita : Ramification. La traduction coloniale de VVS donnait une autre version : Vonony ny Vazaha Sysa. C'est à dire tuer touts les Blancs.

* 60 VERIN P, Madagascar, Karthala, Clamecy, 2000.

* 61 ALMEIDA-TOPOR H, l'Afrique au XXème siècle, Armand Colin, Paris 1993.

* 62 ELIKIA M, Afrique noire, Histoire et civilisation, tome II, XIX-XXème siècle, Hâtier, Paris, 1992.

* 63 ALMEID TOPOR H, op. cit.

* 64 CAOM, Fond Ministériel MAD, Série Géographique, Carton n°412 Dossier n°1106.

* 65idem.

* 66 MARTIN J, Grande Comore 1915 et Anjouan 1940 : étude comparative de deux soulèvements populaires aux Comores, in Etudes Océan Indien, vol 111, INALCO, Paris 1984.

* 67 MARTIN, J, « Grande Comore 1915 et Anjouan 1940 : étude comparative de deux soulèvements populaires aux Comores », in, Etude Océan Indien vol III, INALCO, Paris, 1983.

* 68 ALMEIDA-TOPOR (d' H°), L'Afrique au XX ème siècle, Armand Colin, Paris, 1999.

* 69 Bibliothèque Universitaire d'Ankatso d'Antananarivo : 18118 Fond Local. Note de la Direction des Affaires Civiles de Tananarive. CAOM, Mad Série Géographique Carton n° 412, Dossier n°1106. Note du Résident de la Grande Comore. 

* 70 El AZIZ B A, L'organisation sociale traditionnelle face à la colonisation dans l'île de la Grande Comore de 1885 à 1945, Maîtrise d'Histoire, Université de Paris VII, année universitaire 1993/94.

* 71 CAOM, Fond Ministériel MAD, Série Géographique, Carton n°412 Dossier n°1106.

* 72 Voir en annexe, la liste des déportés.

* 73 La liste des insurgés mentionne les villages originaires des manifestants.

* 74 CAOM, Série D, dossier D/6 (2) 22, note du Gouverneur Général de Madagascar du 26 août 1915..

* 75 CAOM, Série D, dossier D/6(2)22.

* 76 Bibliothèque Universitaire d'Ankatso, Tananarive : 18118, Fond Local. Note de la Direction des Affaires Civiles de Tananarive,

* 77 Propos extrait d'une note de Guesdes (chef de Province), cité par IBRAHIME M, Etat français et colons aux Comores (1912-1946), L'Harmattan, Coll. « Archipel des Comores », Paris 1997.

* 78 Voir l'article de MOUSSA S, « Mshé Mhaza, la complainte d'Ivessi Mgomri dit Bungala », in, Etudes de l'Océan Indien N° 3, INALCO, Paris 1984

* 79 MARTIN J, « Grande Comore 1915 et Anjouan 1940 : étude comparative de deux soulèvements populaires aux Comores », in Etudes Océan Indien, vol 111, INALCO, Paris 1984.

* 80Fils du sultan Said Ali et de la princesse Oumanga de Mbadjini. Son père qui le méprise, l'éloigne de sa succession, disant qu'il est voleur, menteur, gourmand. Exilé par l'administration coloniale à Madagascar à la veille de la Première Guerre mondiale. Il rentre en Grande Comore en 1946 et demeure toujours critique envers l'administration coloniale. Il est l'un des fondateurs de « l'Entente Comorienne », parti à tendance nationaliste fondé en 1951. Sources : GUEBOUR J L, et MAURICE M.

* 81 MAURICE M, Un Mzungo aux Comores Journal 19451948, De Mémoire d'homme, Paris 1995.

* 82 Voir en annexe, le résumé des réponses des chefs, des notables et de la population de la Grande Comore à la proclamation du Gouverneur Général, après les insurrections.






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