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Impacts de la préssion du cout de ma vie sur les principaux indicateurs de la production nationale : Cas d'Haiti 1975@2005

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par Yverno Henry
Faculté de Droit et des Sciences Economiques - Licencié 2009
  

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III.4) Conditions de vie des ménages

III.4.1) Dépendance alimentaire

Cette libéralisation des importations, mal inspirée et mal équilibrée, s'est accompagnée d'un déficit au niveau des échanges agricoles qui n'a pas cessé d'augmenter. Les importations alimentaires et les exportations agricoles ont évolué en sens inverse. En moins de vingt ans (1981-1999), ces importations ont plus que triplé pendant que les exportations continuent leur chute (plus de 30%). Ce qui conduit à des déséquilibres de la balance commerciale qui, après avoir connu une période de stabilisation entre 1996 et 1998 pour des déficits moyens de l'ordre de 300 millions de dollars, a subi une accélération particulière pour atteindre un déficit avoisinant les 600 millions de dollars en 1999. Le coefficient de dépendance alimentaire oscille ces jours-ci entre 35 et 40. La production rizicole a significativement décliné de plus de 110 000 tonnes en 1985. La production du riz a chuté de plus du quart en moins de vingt ans (environ 80 000 tonnes aujourd'hui). Les tarifs douaniers appliqués sur le riz importé sont les plus bas de la région. Ils ont été ramenés de 35% à 3% alors que le tarif extérieur commun de la caraïbe pour ce produit ne va pas en deçà des 20%. Ce qui facilite les importations provenant notamment des Etats-Unis au détriment de la production nationale et des producteurs nationaux qui ont été exclus des marchés locaux. Les importations du riz américain sont passées pratiquement de zéro avant la libéralisation des marchés à plus de 200 000 tonnes métriques. Ce qui classe Haïti dans les cinq premiers marchés d'exportation du riz américain après respectivement le Japon, le Mexique et le Canada. Parallèlement, le riz arrivant sous forme d'aide alimentaire a suivi la même tendance. De moins de mille tonnes métriques en 1984, le volume de dons alimentaires dépasse les trente milliers de tonnes métriques (34 000 TM en 2000). La part de cette forme d'importation serait, suivant les années, entre 10 et 15% du total du riz consommé. L'aide alimentaire, véritable arme de pénétration des marchés réticents, a pris une place importante dans la sécurité alimentaire en Haïti et s'est institutionnalisée depuis plus d'une quinzaine d'années.

La production agricole, en raison de sa stagnation, ne couvre qu'environ la moitié des besoins alimentaires aujourd'hui, un recul assez important quand on le compare au 70-75% du début des années 1970. Plus du tiers des besoins alimentaires sont couverts par les importations totales y compris les dons alimentaires. Cette dépendance est de plus en plus importante comme l'indique le Tableau VI.

De 25% en 1995, elle est de 37% en 2001. Toujours est-il que le pays semble devoir compter pour longtemps sur l'extérieur pour assurer ses besoins alimentaires et combler les déficits, ceci pour maintes raisons, telles la faible performance économique, la récurrence des catastrophes naturelles, le rythme d'accroissement de la population et de leur concentration dans la capitale et les villes urbaines secondaires. Cette concentration, particulièrement à Port-au-Prince (plus de 20% de la population) constitue un défi majeur en matière d'approvisionnement alimentaire. De là les difficultés à concilier la nécessité de satisfaire les besoins intérieurs (faciliter les importations) et le désir de promouvoir les exportations (augmenter la production).

Tableau VI

Couverture des besoins alimentaires

 

1995-96

2000-01

Balance alimentaire

TEC

%

TEC

%

Besoins

1 710 000

100%

1 830 000

100%

Offre Nationale Nette (Production -

Exportations)

980 000

57%

1 000 000

55%

Importations Commerciales Nettes

300 000

18%

525 000

29%

Aide alimentaire

140 000

8%

140 615

8%

Déficit alimentaire

290 000

17%

164 385

8%

Source : CNSA, 2002 TEC : Tonnes-Equivalent Céréales

III.4.2) Insécurité alimentaire

Haïti affiche l'un des Indices Globaux de Sécurité Alimentaire (IGSAM) le plus faible du monde (28,60 en 1993). Les récentes estimations de la CNSA indiquent que près de la moitié de la population serait en situation d'insécurité alimentaire. Ainsi, il n'y a pas eu de retournement des niveaux de vie de la population. L'économie nationale est remodelée et la production pour le marché intérieur est détruite. Les revenus ont significativement reculé et les prix des produits de premières nécessités ont renchéri. Les populations à faibles revenus sont les premières victimes de cette hausse des prix. En dépit d'éventuelle amélioration de l'offre alimentaire globale, l'accès à ces disponibilités demeure dans une certaine mesure très problématique, aussi bien pour les catégories vivant en milieu rural que urbain. L'agriculteur se verrait dans l'obligation de tourner vers la caféiculture, la floriculture et les produits maraîchers, parallèlement, le consommateur se procurera d'aliments à de meilleurs prix.

Tableau VII

Evolution comparative de la productivité agricole par région

Valeur ajoutée agricole par travailleur agricole en dollar de 1995

Pays

1988-1990

1998-2000

Haïti

430

334

Honduras

855

979

Bolivie

956

1039

Jamaïque

1027

1559

Nicaragua

1251

1813

République Dominicaine

2010

2769

Source : Banque mondiale (BM), Rapport du développement dans le monde 2003.

III.4.3) Appauvrissement de la population

Reprenant un document de la Banque mondiale daté de 1985, ``Haïti :Comment stimuler la croissance'', Dewind et Kinley ont noté que l'Etat haïtien sur demande de cette institution a été contraint de réduire considérablement les services sociaux déjà précaires dans le but de consacrer le maximum de ressources au profit d'un développement économique axé sur l'exportation : « On devrait soutenir énergiquement des projets privés ayant des taux de rentabilité économique élevés en mettant relativement moins l'accent sur les dépenses publiques consacrées aux secteurs sociaux. Les dépenses publiques de développement devraient se concentrer sur une aide à l'expression de la production dans les domaines et les secteurs les plus prometteurs. Dans l'immédiat, il convient d'accorder moins d'importance aux objectifs sociaux qui causent une augmentation de la consommation, étant donné qu'il est urgent de libérer une part importante de l'accroissement du PIB pour l'exportation ». Les résultats n'ont pas tardé : « Les mesures de libéralisation ont amplifié les inégalités de revenus entre les secteurs urbain et rural en pénalisant beaucoup plus directement les détenteurs des revenus agricoles. La qualité de vie et les services sociaux ne se sont pas améliorés. » « Le programme d'ajustement structurel imposé à Haïti constitue un remède douloureux et n'a pas apporté les résultats escomptés. La pauvreté et les différents maux sociaux (chômage, malnutrition chronique, équipements insuffisants, analphabétisme et absence de soin de santé, etc.) continuent de toucher [la grande majorité] des haïtiens »65 et cette pauvreté ne fait pas exception ni de milieu ni de catégories socioéconomiques. Au phénomène de ''Boat People'' s'est joint celui du Plane People pour les classes moyennes.

III.5) Evolution de la quantité de monnaie en circulation et de la hausse des prix

Les économistes de l'école monétariste expliquent la hausse des prix observée au niveau de l'économie par les excédants de la masse monétaire qui ne sont pas utilisés à des fins de production. Cette théorie est illustrée notamment par l'équation MV=PQ de Fisher. La hausse des prix étant expliquée par les principales composantes de l'Offre et de la Demande Globales23(*), cet excédant monétaire est susceptible de contribuer à stimuler la consommation des ménages créant ainsi des pressions inflationnistes au niveau l'économie.

Ainsi, l'impulsion des prix peut passer par le biais de la monnaie. Toutefois, pour parodier l'économiste Fréderic-Gérald Chéry, il ne s'agit pas toujours d'une augmentation de la masse monétaire en tant que telle qui influe sur la hausse des prix. De nouvelles pratiques monétaires peuvent progressivement se mettre en place dans l'économie. Ainsi, les ménages haïtiens expriment des demandes de biens et services qui vont avec de nouvelles possibilités de circulation de la monnaie. Ils notifient le choix de nouveau « patron » de consommation, non saisi au niveau du panier de la ménagère, en exigeant plus de valeur monétaire pour les biens qu'ils ont produits en cédant de la monnaie pour avoir d'autres biens et services24(*).

En réalité, le ménage haïtien est soumis à de nouvelles contraintes (sociales) de consommation. Par exemple, tout petit détaillant de rues affirme qu'il vend cher afin de pouvoir faire face aux besoins en éducation de ses enfants, en soins médicaux et autres. Le producteur recherche une réévaluation du prix des ses produits afin de satisfaire de nouveaux besoins sociaux mal cernés en Haïti. Il est observé également un phénomène implicite d'indexation du prix d'un bien, en fonction du niveau de consommation visé par le producteur ou le commerçant.

D'où, le phénomène de la fixation arbitraire des prix sur le marché haïtien. Ce phénomène a été largement débattu par l'Economiste Fritz DESHOMMES, dans son livre « Vie Chère et Politique Economique en Haïti », pour qui les circuits de commercialisation ne sont pas aussi clairs, aussi limpides et transparents que le suppose la théorie de la libre concurrence. A la faveur des situations de monopole et l'absence de l'Etat les prix sont donc fixés unilatéralement par un petit groupe de vendeurs sur le marché Haïtien.

Ainsi, dans une situation de stagnation de la production nationale, les demandeurs doivent se concurrencer pour acheter les biens produits localement en quantités réduites ou se reporter sur les marchés étrangers pour utiliser leur pouvoir d'achat. Les chiffres disponibles montrent que la production agricole et l'offre locale de biens manufacturés diminuent depuis 1986. En 2002, ces deux secteurs ont vu leurs productions chuter de 15% et de 36% par rapport à leur niveau de 198025(*).

Il est évident qu'il existe une plus grande volonté de consommer et également un accès aux biens et services plus ouverts à tous. Les transferts d'haïtiens expatriés et l'aide externe permettent de financer l'accès à la consommation ; ils alimentent l'économie nationale en devises converties locale. Ainsi, la quantité de monnaie en circulation augmente et parallèlement la demande croît.

La production nationale étant déficiente, les importations compensent l'offre locale de biens. Elles comptaient pour moins de 23.7% de la demande globale en 1987. Elles en représentent 53.2% en 200226(*). Ainsi par le biais des importations et du financement de ces activités se dessinent d'autres mécanismes de formation et de hausse des prix.

Le chapitre IV de ce travail s'applique alors, à l'aide du modèle économétrique élaboré dans le cas d'Haïti, à quantifier l'évolution du coût de la vie au regard des principaux déterminants d e la production nationale.

* 23 Microsoft ® Encarta ® 2006. (c) 1993-2005 Microsoft Corporation.

* 24 Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin de l'Association Haïtienne des Economistes (AHE), déc. 03, vol. 1, No.1, p. 14.

* 25 Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin de l'Association Haïtienne des Economistes (AHE), déc. 03, vol. 1, No.1, p. 15.

* 26 Institut Haïtien de Statistiques et d'Informatique (IHSI).

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway