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Demande du riz importé, demande et offre du riz produit localement au Togo: une étude économétrique

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par Tchabletienne KOMBATE
Université de Lomé (Ecole Supérieure d'Agronomie) - Ingénieur Agroéconomiste 2008
  

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UNIVERSITE DE LOME N°d'ordre 08/03/AE

ECOLE SUPERIEURE D'AGRONOMIE

BP : 1515

LOME-TOGO

MEMOIRE

Présenté en vue de l'obtention du grade d'Ingénieur Agronome

OPTION : AGROECONOMIE

Par

KOMBATE Tchabletienne

THEME :

Demande du riz importé, demande et offre du riz produit localement au Togo : une étude économétrique.

Soutenue publiquement le 30 juin 2008 devant la commission d'examen composée comme suit :

Président : Prof. Kako NUBUKPO, enseignant-chercheur à la FASEC

Directeur de mémoire : Prof. Egnonto KOFFI-TESSIN, enseignant-chercheur à l'ESA

Superviseur : Dr. Aliou DIAGNE, économiste à l'ADRAO

Examinateur : Dr. Yaovi SAMLABA, enseignant-chercheur à l'ESA

REMERCIEMENT

Ce mémoire est une première consécration de longues études commencées à l'école primaire catholique Jean Paul II à Lomé. Le thème de cette étude est la demande de riz importé, demande et offre de riz produit localement au Togo. Ce sujet traite des déterminants de l'offre et de la demande du riz au Togo. Sa principale contribution réside dans l'utilisation des modèles économétriques pour analyser les comportements de demande et d'offre du riz.

Cette étude a permis non seulement de renforcer nos capacités en analyse microéconomique, mais aussi d'avoir une connaissance en économétrie comme outil d'analyse quantitative et qualitative des comportements des agents économiques. Au-delà de ces connaissances, elle a permis de vérifier que l'endurance, la persévérance et l'humilité sont très déterminantes pour tout travail de recherche. Tous ces acquis n'eut été qu'illusion sans la contribution de nombreuses personnes auxquelles nous voudrions profiter de l'occasion pour remercier.

Nous exprimons notre profonde gratitude au directeur général de l'ADRAO, Dr. Papa SECK ainsi que tout son personnel pour nous avoir permis de bénéficier d'un stage dans leur institution. Spécialement, que le Dr. Aliou Diagne, le promoteur de ce travail trouve ici l'expression de notre reconnaissance.

Nous voudrions dire également un grand merci au Pr. KOFFI-TESSIO qui nous a apporté tout le confort technique indispensable à la réalisation de cette étude. Son sens de responsabilité, sa rigueur dans le travail, son énorme potentiel scientifique ont été gracieusement mis à notre disposition durant toute la période de l'étude. Aussi fut-il pour nous un grand honneur de faire notre premier pas dans la recherche à ses côtés. Nous lui restons infiniment reconnaissants.

Nous voudrions dire un grand merci au Prof. Kako NUBUKPO pour avoir accepté présider le jury d'évaluation, malgré son emploi du temps très chargé : merci également au Dr. Yaovi SAMLABA, de faire parti du jury d'évaluation.

Nous remercions également tout le personnel du Laboratoire de Recherche sur la Pauvreté et la Sécurité Alimentaire Durable (LARPSAD), spécialement Mme ADJOH Sophie pour sa grande gentillesse et amabilité.

Nos remerciements s'adressent également au Dr.EVLO, chef de département d'économie à la FASEG. C'est lui qui nous a initiés à l'économétrie, outil quantitatif qui nous a servis à modéliser les comportements des producteurs et consommateurs du riz au Togo. Que M. TCHAMDJA qui nous a appris à utiliser EVIEWS trouve également ici notre reconnaissance.

Qu'il nous soit aussi permis de remercier toutes les personnes qui ont d'une manière ou d'une autre contribué à la réalisation de ce mémoire. Merci à mes parents, mon père feu KOMBATE Lenga, ma mère KOMBATE Larba pour tous les efforts consentis à notre éducation ; un grand remerciement à mon oncle Ogamo BAGNA pour son soutien financier et moral. Merci également à mes frères et soeurs, mes amis de promotion, spécialement KPERIM Tabone, TSOGONNIN Komi, TAKPA Gnantoulouma pour tout le chemin parcouru ensemble, pour leur soutien et leur compréhension. Je ne s'aurais terminé ces remerciements sans penser à ma chérie ZAGLAGO Davy, merci pour ta patience et compréhension.

Merci à Dieu.

SOMMAIRE

 

Remerciement

ii

Sommaire

iv

Liste des tableaux

vi

Liste des figures

vii

Listes des sigles et abréviations

viii

Résumé

ix

Abstract

x

Introduction

1

CHAPITRE I : CADRE GÉNÉRAL DE L'ETUDE

 

1.1.

Problématique

4

1.2.

Objectifs de l'étude

6

 

1.2.1.

Objectif général

6

 

1.2.2.

Objectifs spécifiques

6

1.3.

Hypothèses de l'étude

6

 

1.3.1.

Hypothèse générale

6

 

1.3.2.

Hypothèses spécifiques

6

CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE

 

2.1.

Définition de quelques concepts

9

 

2.1.1.

Production et offre

9

 

2.1.2.

Demande et consommation

10

 

2.1.3.

Élasticités

11

2.2.

Déterminant de la demande des produits alimentaires

13

2.3.

Déterminant de l'offre des produits agricoles

14

2.4.

Problématisation de la construction des modèles d'analyses

17

 

2.4.1.

Présentation générale du modèle multi-marché

17

 

2.4.2.

Problèmes liés au cadre théorique

17

 

2.4.3.

Problèmes liés à la modélisation économétrique

18

 

2.4.4.

Choix de la forme fonctionnelle du modèle empirique

18

2.5.

Présentation des travaux empiriques

22

CHAPITRE III : DESCRIPTION ET ANALYSE DE LA FILIÈRE RIZ AU TOGO

 

3.1.

Description sommaire

26

3.2.

Évolution de la production, des besoins et des importations de riz au Togo

27

3.3.

Analyse de la production et de la consommation de riz au Togo

29

 

3.3.1

Production du riz au Togo

29

 

3.3.2.

Consommation du riz au Togo

37

3.4.

Échanges de riz au Togo

38

 

3.4.1.

Importations

38

 

3.4.2.

Exportations et les réexportations

40

CHAPITRE IV: ANALYSE ÉCONOMÉTRIQUE DE LA DEMANDE DE RIZ

 

4.1.

Base théorique

43

4.2.

Choix de la forme fonctionnelle du modèle

45

4.3.

Données utilisées et propriétés statistiques des variables

48

4.4.

Résultats empiriques

48

 

4.4.1.

Test de stationnarité

48

 

4.4.2.

Test de cointégration.

49

 

4.4.3.

Test de validation du modèle de long terme

50

 

4.4.4.

Modèle à Correction d'Erreur

50

 

4.4.5.

Commentaire des résultats.

52

4.5.

Conclusion

54

CHAPITRE V: ANALYSE ÉCONOMÉTRIQUE DE L'OFFRE DE RIZ LOCAL

 

5.1.

Base théorique

53

 

5.1.1.

Modèle d'ajustement partiel

54

 

5.1.2.

Modèle d'anticipation adaptative

55

5.2.

Choix de la forme fonctionnelle du modèle

56

5.3.

Spécification du modèle empirique

58

5.4.

Données utilisées et propriétés statistiques des variables

58

5.5.

Résultats empiriques

58

 

5.5.1.

Test de stationnarité.

58

 

5.5.2.

Modèle à Correction d'Erreur

59

 

5.5.3.

Commentaire des résultats

60

5.6.

Conclusion

63

CHAPITRE VI : CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

 

6.1.

Conclusion générale

64

 

6.1.1.

Sur le plan des résultats empiriques

64

 

6.1.2.

Sur le plan de la démarche méthodologique

65

 

6.1.3.

Sur le plan des politiques agricoles et commerciales

66

6.2.

Recommandations

66

 

6.2.1.

Sur le plan technique et empirique

66

 

6.2.2.

Sur le plan de la démarche méthodologique

67

 

6.2.3.

Sur le plan des politiques agricoles

67

BIBLIOGRAPHIE

68

ANNEXE

73

LISTE DES TABLEAUX

 

Tableau 2.1 :

Les différents types d'élasticité-prix

12

Tableau 2.2 :

Classification des biens

13

Tableau 3.1 :

Situation des surfaces irriguées et irrigables en hectare

31

Tableau 3.2 :

Évolution des montants des crédits octroyés par l'OSAT dans le

périmètre irrigué de la vallée du Zio

35

Tableau 3.3 :

Évolution des superficies cultivées et de la production dans la zone

UEMOA en 2006

35

Tableau 3.4 :

Évolution de la consommation apparente par habitant de 1990 à 2006

37

Tableau 3.5 :

Évolutions des réexportations de riz au Togo de 2000 à 2006

41

Tableau 4.1 :

Test de racine unitaire de Dicker-Fuller Augmenté (modèle avec constante)

48

Tableau 4.2 :

Test de stationnarité des résidus de la relation de long terme

49

Tableau 4.3 :

Relation cointégrantes (modèle de long terme)

50

Tableau 4.4 :

Test d'autocorrélation et d'hétéroscédasticité

50

Tableau 4.5 :

Résultat de l'estimation du modèle à correction d'erreur

51

Tableau 4.6 :

Élasticités de long terme et de court terme de la demande de riz au point moyen des observations

52

Tableau 5.1 :

Test de racine unitaire de Dicker-Fuller Augmenté (modèle avec constante)

59

Tableau 5.2 :

Résultat de l'estimation du modèle à correction d'erreur

60

Tableau 5.3 :

Élasticité de court et de long terme des variables prix

62

LISTE DES FIGURES

Figure 3.1 :

Évolution de la production du riz paddy au Togo par région

de 1990 à 2005

26

Figure 3.2 :

Évolution de la production, des besoins et des importations de riz

au Togo de 1987 à 2006

27

Figure 3.3 :

Évolution du prix réel au producteur du riz paddy de 198 à 2006

33

Figure 3.4 :

Évolution des superficies cultivées de riz au Togo de 1980 à 2006

36

Figure 3.5 :

Évolution de la production du riz paddy et décortiquée au Togo

de 1990 à 2005

37

Figure 3.6 :

Évolution du bilan vivrier au Togo de 1990 à 2006

39

Figure 3.7 :

Évolution des importations de riz au Togo de 1990 à 2006

40

LISTE DES ABREVIATIONS

AIDS : Almost Ideal Demand System

BADEA : Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique

BCEAO : Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest

CRAL  : Centre de Recherche Agricole du Littoral

DSID  : Direction de la Statistique de l'Information et de la Documentation

DGSCN  : Direction Générale de la Statistique de la Comptabilité Nationale

ESA  : École Supérieure d'Agronomie

FASEG  : Faculté des Sciences Economiques et de Gestion

FAO  : Food and Agriculture Organisation

FCFA : Franc des Communautés Françaises d'Afrique

FSD : Fond Saoudien de Développement

ITRA  : Institut Togolaise de Recherche Agronomique

LES : Linear Expenditure System

MCO  : Moindre Carrée Ordinaire

MCG  : Moindre Carrée Généralisée

ONG : Organisation Non Gouvernementale

OSAT : Observatoire pour la Sécurité Alimentaire au Togo

PIGLOG : Price Independent Generalized log Linearity

RESIMAO : Réseaux des Systèmes d'Information des Marchés Ouest africaine

ROPPA : Réseaux des Organisations paysannes des Producteurs d'Afrique

SOFRECO : Société Française d'Etude et de Conseil

TEC : Tarif Extérieur Commun

UEMOA : Union Économique et Monétaire Ouest Africain

RESUME

Le riz est devenu un aliment de grande consommation pour les populations ouest-africaines. Mais depuis un certain moment, il se développe autour de cette denrée un certain nombre d'enjeux. Ceux-ci d'ordre politique, économique et social relancent le débat d'un approvisionnement domestique de plus en plus important et surtout d'une adéquation de cette offre locale à une demande qui est aujourd'hui satisfaite en grande partie par des importations massives. Il s'avère alors nécessaire de connaître les facteurs qui influencent l'offre actuelle du riz local et les facteurs qui expliquent la demande du riz importé et du riz local afin d'agir sur ceux-ci. La présente étude qui s'inscrit dans le cadre des travaux de fin d'études d'agroéconomie et intitulée « demande du riz importé, demande et offre du riz produit localement au Togo » vise cet objectif.

Afin d'atteindre cet objectif, les déterminants de l'offre et de la demande de riz au Togo sont analysés à l'aide des élasticités calculées à partir des paramètres estimés de différents modèles économétriques. Le modèle d'offre de Nerlove sous l'hypothèse d'ajustement partiel est utilisé pour évaluer les déterminants de l'offre du riz. La demande du riz importé et du riz local est modélisée à l'aide du modèle Almost Ideal Demand System (AIDS) au deuxième stade d'un processus de maximisation de l'utilité.

Les différentes élasticités conditionnelles calculées sont théoriquement et statistiquement significatives. Il apparaît que la demande du riz importé est très élastique, faisant de cet aliment un bien de luxe parmi les deux types de riz considéré. Par contre, le riz local est un bien normal et l'augmentation de sa demande dépend à la fois de l'accroissement du revenu et de la hausse du prix du riz importé. Il est également apparu que le riz local et le riz importé sont substituables. Cependant, cette substitution ne sera efficace que si des mesures de qualité sont prises pour rendre le riz local plus compétitif sur le marché togolais.

Dans le cas de l'offre du riz, les résultats ont montré que l'offre est très peu influencée par les facteurs-prix, en occurrence par le prix d'achat au producteur. Concernant les facteurs non-prix, la dévaluation et la pluviométrie ont eu une influence positive sur l'offre du riz local au Togo. D'une manière générale, la contribution des facteurs-non-prix dans l'explication de l'offre du riz local est plus forte que celle des facteurs-prix. Il convient donc de jouer plus sur les facteurs non prix que les facteurs-prix dans l'élaboration des politiques de relance du secteur rizicole au Togo.

Mot-clé : Demande, offre, élasticité conditionnelle, facteur-prix, facteur non-prix, utilité, qualité.

ABSTRACT

Rice has become a food of big consumption in West Africa. But since a certain moment, some challenges are being developed around this staple food. These challenges which are political, economic and social order throw back the debate, of an increasing domestic provision and especially adequacy of this local supply to a demand that is satisfied largely by the massive imports. Thus, it is necessary to know factors that influence the actual supply of local rice and factors that explain the demand of the imported rice and local rice, in order to act accordingly. The current study titled «Demand of rice imported, demand and supply of rice produced locally in Togo'' is a partial requirement for the fulfillment for the Degree of Agricultural Economist ".

To reach this objective, the behavior of Togolese rice producers and consumers are analyzed using the elasticities calculated from the estimated parameters of different econometrics models. The Nerlove supply model under the hypothesis of partial adjustment is used to modeless the behaviors of rice producers. The demand of imported rice and local rice are analyzed using the Almost Ideal Demand System (AIDS) at the second stage of utility maximization process.

The calculated elasticities are theoretically and statistically significant. It appears that the demand of imported rice is very elastic, making this food luxury among both types of rice considers. On the other hand, the local rice is the normal good and the increase of its demand depends at the same moment on the increase of the income and on the increase of the price of the imported rice. However, this substitution will be efficient if measures of quality are taken to make the local rice more competitive on the Togolese market.

In the case of the supply of local rice, the results showed that the supply is little influenced by price factors, in occurrence by the cost price to the producer. Concerning no prices factors, the devaluation and the pluviometry have a positive influence on the supply of the local rice in Togo. In general, the contribution of prices factors, in the explanation of the supply of local rice is more important than the one of prices factors. To develop viable policies for rice sector in Togo, it is important to emphasize on no prices factors than factors prices.

Key words: Demand, supply, elasticity, prices factors, no prices factors, quality, utility.

INTRODUCTION

Troisième céréale la plus produite au monde après le blé et le maïs, le riz occupe une place importante dans les systèmes alimentaires ouest-africains. Il se distingue des autres produits vivriers de base par l'accroissement rapide de sa consommation et par la dépendance accrue qui en résulte vis-à-vis du marché mondial. Les importations représentant en moyenne la moitié de la consommation totale de riz (Lançon et al, 2002).

La consommation apparente moyenne par habitant pour l'ensemble de la zone CEDEAO, qui était inférieure à 12 kg par an durant les années 1960 est passée à plus de 27 kg au cours de la dernière décennie (Lançon et al, op.cit). Cette forte croissance de la demande à laquelle la riziculture ouest-africaine n'a pas pu répondre immédiatement a entraîné donc une vague d'importation massive. Cependant, des efforts fuient fournis pour relancer la production rizicole. Le riz ayant mobilisé une large part, sinon la quasi-totalité des moyens publics alloués au développement des productions vivrières. Mais tous ces efforts ont été compromis par les politiques de libéralisation et de privatisation dans l'application des ajustements structurels au niveau des systèmes alimentaires.

Les années 1990 sont ainsi marquées par une libéralisation des importations de riz dans l'ensemble des pays de la sous-région ouest-africaine. Selon les prometteurs de cette politique, les changements qu'entrainent cette libéralisation, notamment les changements des prix relatifs devraient produire les incitations nécessaires à la relance de la production vivrière locale et à la reconquête des marchés urbains (Lançon et al, op.cit). Selon Lançon (2001), le démantèlement des institutions publiques d'intervention et de contrôle des filières devait permettre le renforcement ou l'émergence d'un secteur privé qui assurerait une meilleure adéquation entre l'offre locale et la demande urbaine sur la base d'une économie de marché revitalisée. Force est de constater aujourd'hui que ces mesures furent un grand échec, non seulement pour la filière riz, mais aussi pour toutes les filières agricoles en Afrique.

Ainsi, « Le maintien de la part des importations dans l'approvisionnement des consommateurs ouest-africains plusieurs années après la mise en place des premières mesures de libéralisation des filières rizicoles témoigne des limites des stratégies de libéralisation comme cadre de relance de la riziculture ouest-africaine» (Lançon et al, 2002). Certes, la mise en place de ces réformes a coïncidé avec une baisse des cours mondiaux du riz qui a rapidement annihilé les gains de compétitivité escomptés suite à la dévaluation Dawe (2002). Cependant, il apparait plus qu'évident que la libéralisation est la cause majeure du déficit rizicole ; parce qu'elle a entraîné une importation massive de riz. Ce qui constitue une concurrence déloyale face à la riziculture locale du fait que la plupart du riz importé reçoit une certaine subvention à l'exportation au niveau des pays producteurs.

Face à tous ces constats, il est apparu indispensable de définir une politique de protection des marchés régionaux pour une relance des filières importantes. Mais l'adoption du niveau du TEC par l'UEMOA en janvier 2001 et récemment par la CEDEAO semble compromettre davantage l'avenir des grandes filières naissantes, en particulier la filière riz dans la zone ouest africaine.

Aussi, selon Lançon et al (2002), qu'elles reposent sur une stratégie productiviste d'intensification ou sur une régulation par le marché, les limites des politiques de développement de la riziculture en Afrique de l'Ouest sont-elles inhérentes à une conception qui n'a pas pris en compte les exigences des producteurs et des consommateurs et l'incidence de la qualité sur la compétitivité des riz locaux et importés sur les marchés urbains.

Loin de traiter les questions de la compétitivité des riz locaux et importés sur les marchés togolais ; cette étude se propose d'étudier à travers les élasticités calculées à partir des modèles économétriques appropriés, les déterminants de l'offre du riz local et les déterminants de la demande du riz.

Le mémoire comprend six (6) chapitres (i) le cadre général, (ii) la revue de la littérature, (iii) l'analyse de la filière riz Togo, (iv) l'analyse économétrique de la demande de riz au Togo, (v) l'analyse économétrique de l'offre de riz au Togo, (vi) les conclusions et recommandations.

CHAPITRE I :

CADRE GÉNÉRAL DE L'ETUDE

1.1. Problématique

La production vivrière en Afrique de l'Ouest est essentielle pour assurer la sécurité alimentaire. Or l'offre locale des pays africains ne permet pas toujours de couvrir en totalité les besoins des populations. En effet, les systèmes de production existants sont de faibles performances et ne répondent pas toujours aux besoins de la croissance alimentaire. Cette croissance est due essentiellement à la forte augmentation de la population africaine.

Le continent qui représente 14 % de la population mondiale connaît actuellement les plus fortes croissances démographiques mondiales ; par exemple, la population ouest-africaine (29 % de la population du continent) enregistre un taux de croissance proche de 3 % par an, passant d'un effectif total de 40 millions d'habitants en 1930 à 290 millions en 2005. Cette dynamique devrait se poursuivre au cours des prochaines décennies : la population de l'Afrique de l'Ouest pourrait atteindre 430 millions d'habitants à l'horizon 2020 et dépasser le demi-milliard autour de 2040 (FAO et CSAO, 2007). Cependant, le fait le plus marquant est celui de la croissance très rapide de la population urbaine en raison de l'exode rural. Cet effet de l'urbanisation croissante combiné à celui de la hausse des revenus dans les villes africaines (David-Benz et al 2004); a eu pour conséquence majeure le changement des modes de vie et de comportements alimentaires, lesquels changements ont porté la demande alimentaire principalement sur les produits d'importation1(*), et notamment sur le riz.

Le riz longtemps considéré comme l'aliment de base des pays asiatiques est devenu l'une des denrées les plus demandées par les ménages africains. Plus que la production, la demande en riz des pays africains connaît une augmentation très importante. Cette demande croît en Afrique de l'Ouest au taux de 6 % par an, plus que la croissance démographique et plus vite nulle part ailleurs au monde (David-Benz et al, 2004) ; alors que la production intérieure ne couvre qu'environ 60 % de la demande des populations (RESIMAO, 2007).

Cette forte demande faiblement comblée par l'offre intérieure s'est immédiatement traduite par un accroissement très rapide des importations. Plus de 40 % de la consommation de riz en Afrique de l'Ouest est importée, ce qui représente environ 2,75 millions de tonnes/an (Barris et al, 2005) et constitue d'importantes pertes de devises pour la sous région ouest-africaine. Selon les estimations de la FAO, si rien n'est fait les projections pour 2020 font état d'importation de l'ordre de 6,4 à 10,1 millions de tonnes (Barris et al, 2005 ; ROPPA, 2005)2(*).

Cette forte dépendance de l'Afrique pour le riz importé est une menace réelle pour son économie, sa souveraineté alimentaire et pour la paix sociale au regard du contexte actuel de l'environnement rizicole. En effet, l'environnement mondial du riz connaît aujourd'hui de grandes mutations : les stocks mondiaux diminuent, les importantes superficies rizicoles en Asie se transforment en parc industriel et zones de résidences à cause du développement industriel et de l'urbanisation très rapide dans les grandes régions productrices du riz, les tendances actuelles des prix sont à la hausse.

Ces changements structurels en cours en Asie et sur le marché mondial du riz vont compromettre à court et long terme l'approvisionnement du riz des pays africains sur le marché mondial. Il y a donc de graves risques de pénuries de riz dans les villes africaines. Aussi, l'étroitesse du marché international3(*) et l'augmentation structurelle de la consommation en riz dans les principaux pays producteurs asiatiques laissent-elles prévoir une tension croissante dans le domaine de l'approvisionnement des pays ouest-africains dont la demande va continuer de croître. Par ailleurs, la faible capacité de ces pays à générer des ressources par les exportations pour financer leurs importations laisse penser qu'à terme une grande crise de sécurité alimentaire menace toute l'Afrique.

Face à cette situation, l'Afrique doit se donner les moyens de son indépendance rizicole, indépendance qui doit passer nécessairement par une relance soutenue de la production. Aujourd'hui, bien que le riz soit la céréale qui connaît une croissante de production annuelle plus forte (4,4 % entre 1985 et 2003 (Kormawa et al ,2004)) ; celle-ci est faible et ne permet pas de répondre à la demande de plus en plus croissante. Ainsi, il devient plus urgent de définir une politique rizicole pouvant permettre une relance soutenue de la production afin d'obtenir une croissance qui puisse permettre de répondre à cette demande en rizvde plus en plus croissante.

Il existe bien sûr de réelles marges de manoeuvre pour un accroissement plus quantitatif et qualitatif de l'offre de riz ouest-africain. En effet, l'Afrique de l'Ouest présente une diversité de situations agro écologiques favorable pour la riziculture, avec sa pluviométrie et ses nombreux cours d'eau. L'Afrique dispose de 10 millions d'ha de terre irrigables, dont seuls 10 % sont mis en valeur (Faivre et al, 2007).

Le Togo présente presque la même image rizicole que les autres pays africains, outre que durant ces dernières années la filière riz se trouve être difficulté au regard de l'évolution de la production. La production rizicole a fortement diminué ces neuf dernières années. Elle est passée de 56355 tonnes de riz usiné en 1998 à 52273 tonnes en 2007, soit un recul de près de 8% alors que les besoins alimentaires en riz ne cessent de connaître d'importantes augmentations. Ils sont passés de 60511 tonnes en 2001 à 70283 tonnes en 2006, soit une augmentation de 14 % (DSID, 2007). Les déficits enregistrés entraînent des importations massives, ces importations se sont évaluées à plus de 4 milliards de FCFA en 2005 (DSID, 2007).

Cependant, le Togo à l'instar de la plupart des pays de la sous région ouest-africaine dispose d'importantes ressources en eau et en terres irrigables pour permettre une relance de sa production rizicole, mais toutes ces potentialités sont sous-utilisées et celles utilisées actuellement ne sont pas aménagées.

Dans le contexte actuel de crise alimentaire et surtout du fait que le riz est devenu une denrée stratégique, des actions doivent être menées pour permettre une relance de la production au Togo. Il importe alors de définir une politique rizicole qui réponde à un développement effectif de la filière rizicole tout en tenant compte des besoins réels des consommateurs et des producteurs. La définition d'une telle politique doit passer par l'identification des facteurs qui expliquent d'une part la demande du riz et d'autre part l'offre de riz au Togo. La présente étude s'inscrit dans ce contexte et veut aider à la définition d'une telle politique.

1.2 Objectifs de l'étude

1.2.1. Objectif général

L'objectif général de cette étude est d'analyser les facteurs quantitatifs qui déterminent la demande et l'offre du riz en vue de contribuer à une meilleure formulation d'une politique rizicole au Togo.

1.2.2. Objectifs spécifiques

Spécifiquement, cette étude vise à :

Ø Identifier les déterminants de la demande du riz.

Ø Identifier les déterminants de l'offre du riz

Ø Interpréter les résultats obtenus et formuler des recommandations d'ordre méthodologique et politique.

1.3. Hypothèses de l'étude

1.3.1. Hypothèse générale

Les facteurs quantitatifs (Prix,...), et qualitatifs (qualités organoleptiques,...) expliquent les comportements de demande et d'offre du riz au Togo.

1.3.2 Hypothèses spécifiques

Ø Les facteurs prix sont plus déterminants que les facteurs non-prix dans l'explication de la demande du riz au Togo.

Ø Le faible prix relatif du riz importé détermine sa plus grande demande par les ménages urbains, ce qui représente pour eux un grand coût d'opportunité par rapport au prix du riz local de même qualité.

Ø Les facteurs non-prix sont plus déterminants que les facteurs prix dans l'offre du riz au Togo.

CHAPITRE II :

REVUE DE LA LITTÉRATURE

2.1. Définition de quelques concepts

2.1.1. Production et offre

Goffin (1993) définit la production comme étant une opération qui consiste à créer des besoins. Il identifie alors trois facteurs de production à savoir : le travail, la terre et le capital. Les premiers sont ceux dont la quantité ne peut être modifiée dans un délai très bref pour permettre une variation presque immédiate de la production ; tandis que les derniers sont ceux dont la quantité peut être modifiée instantanément pour permettre une variation presque immédiate de la production.

Silem et Albertin (1995), dans leur lexique économique ont défini, la production comme l'activité économique socialement organisée consistant en l'obtention de biens et de services destinés à la satisfaction directe ou indirecte des besoins par la transformation de biens intermédiaires en combinant le travail et le capital, et donnant lieu à un revenu en contrepartie.

Selon Kintche (2005), dans le secteur agricole, la fonction de production est un concept, biophysique qui établit une relation entre les quantités physiques d'une culture et l'ensemble des intrants utilisés dans le processus de production.

La formulation théorique de la fonction de production est la suivante, Y=f (L, K)Y est la quantité physique du produit, L le vecteur travail, K le vecteur capital et f la fonction de production ou encore le processus de combinaison et de transformation. Trois concepts en découlent, à savoir le produit moyen (PM), le produit marginal (Pm) et l'élasticité de production x qui particulièrement, présente le plus grand intérêt pour le besoin de l'étude.

On appelle, production marginale d'un input, l'accroissement de l'output consécutif à l'accroissement de cet input ; on appelle, produit moyen d'un input, le rapport entre la productivité totale et la quantité utilisée de l'input. L'élasticité quant à elle indique le degré de flexibilité de la réponse de la production ou de l'offre aux variations dans l'utilisation des facteurs de production.

Ces trois définitions se recoupent pratiquement et décrivent la production en tant qu'activité. Or dans le cas de cette étude, il s'agit de la production comme résultat de cette activité ; c'est le volume de riz que les agriculteurs sont en mesure de produire.

Le concept d'offre quant à elle, est un peu complexe à définir et varie souvent d'un auteur à un autre. Silem et Albertin (1995) ont défini l'offre comme étant le volume de biens ou de services mis à la disposition du marché afin d'être vendus. Selon ces auteurs, l'offre est une fonction croissante du prix, quant aux produits agricoles, les matières premières, le travail ; l'offre peut être atypique c'est-à-dire qu'une diminution du prix peut entraîner une augmentation des quantités offertes afin que l'offreur puisse obtenir un revenu global minimum.

Pour sa part, l'Encyclopédie économique définit l'offre en ces termes :

« L'offre d'un produit ou d'un service se compose des quantités disponibles ou à venir, qui dépendent des prix possibles et d'autres facteurs. L'offre est ainsi symétrique à la demande. Toutefois, le terme d'offre se rapporte souvent à une quantité plus ou moins bien définie comme la récolte d'une année, d'un mois... Ces quantités résultent des décisions passées du producteur qui se fondait sur ses anticipations de prix... »

Goffin (1993) définit l'offre individuelle du producteur comme les quantités offertes par ce producteur pour chaque niveau de prix. L'offre individuelle, poursuit l'auteur, constitue la partie de la courbe de coût marginal située au-dessus de la courbe de coût moyen). Derson et Quaudt, cités par Koffi-Tessio (1998), définissent l'offre globale comme étant la quantité de produits offerte par l'ensemble des producteurs en fonction du prix.

Dans le cadre de cette étude, l'offre du riz est la quantité de riz grain que les producteurs sont en mesure de livrer à un certain prix.

2.1.2. Demande et consommation

Selon Dadié (anonyme), la théorie microéconomique néoclassique et marginaliste confond la consommation et la demande d'un bien, confondant ainsi la destruction d'un bien avec l'intention d'achat qui dépend du prix.

Selon cet auteur, la demande est une intention d'achat d'une certaine quantité d'un bien ou d'un service pour un prix donné. On parle alors de demandes virtuelles, idéales, notionnelles et rationnelles.

La demande de marché est une demande solvable car elle indique la quantité de biens et services qu'un agent peut acheter. La relation entre le prix et la quantité demandée est telle qu'une augmentation de prix entraîne une baisse de la demande pour un revenu donné, et inversement une diminution du prix entraîne une augmentation de la demande. Cette loi formulée par Cournot (1838, cité par Dadié, op.cit) a néanmoins des exceptions : l'effet Giffen qui s'applique aux biens inférieurs ; l'effet d'anticipation ; l'effet de snobisme et d'imitation. Ces deux derniers effets impliquent cependant une hétérogénéité des produits disponibles pour satisfaire le même besoin fondamental. Deux produits de même apparence, mais de prix différents par la fonction d'information seront considérés comme différents. Il se peut donc que le produit le plus cher soit le plus demandé par le jeu de l'effet de snobisme ou par le jeu de la sélection adverse compte tenu de l'asymétrie de l'information (demandeur moins bien informé que l'offreur).

Selon J.Boncoeur et H.Thouément, cités par Dadié (op.cit.) la notion de demande dans la théorie économique fait très souvent appel au prix pendant que celle de consommation fait plus souvent appel au revenu, le prix des biens étant fixé.

2.1.3. Élasticités

Les élasticités sont dérivées directement de la fonction de demande ou de la fonction d'offre. Elles mesurent la sensibilité des acheteurs et des vendeurs à une variation dans les conditions du marché et permettent alors d'analyser l'offre et la demande avec une plus grande précision. « Étant des nombres sans dimension, les élasticités permettent des comparaisons entre classes et par conséquent l'énoncé de jugement de valeur quant à l'effet des politiques étatiques » (Savadogo, 1990). Par exemple, lorsque le revenu par tête augmente, que se produit-il sur le marché du riz? Quel est l'effet des changements des conditions de marché sur les producteurs ? Et si l'effet s'amplifie, quel serait l'impact pour l'économie globalement ? Pour analyser ces questions, Savadogo (1990), précise que l'on doit disposer d'une « connaissance des réactions à la marge des agents économiques, au changement des variables sous le contrôle du décideur ».

Il existe quatre (4) types d'élasticités, l'élasticité-prix de la demande, l'élasticité-revenu, l'élasticité-prix croisée de la demande et l'élasticité-prix de l'offre.

Ø Elasticité-prix de la demande et l'élasticité prix de l'offre

L'élasticité-prix exprime la variation relative de la demande ou de l'offre induite par une variation relative du prix, toutes choses égales par ailleurs. L'élasticité-prix directe fournit la variation que subira la demande ou l'offre en réponse à la variation de 1 % du prix.

Dans le cas de la demande, les élasticités-prix directes sont négatives puisque la plupart du temps une augmentation du prix entraîne une diminution de la consommation (exception faite des biens de « Giffen» dont la consommation augmente avec le prix). C'est-à-dire que lorsque son prix monte, la quantité demandée diminue (Bazoche et al, 2005). Selon Ravelosoa, et al (1999), en moyenne à Madagascar une hausse de 1 % du prix de riz entraîne une baisse de sa consommation de 0,8 %.

Les élasticités-prix directes sont positives dans le cas de l'offre, puisque contrairement à la demande, une augmentation du prix entraîne dans la plupart du temps, une augmentation de l'offre.

Les produits dont l'élasticité (en valeur absolue) est supérieure à 1 sont fortement sensibles au prix ; cela indique qu'une augmentation de 1 % du prix fera diminuer la consommation ou fera augmenter l'offre de plus de 1 %. Ainsi, la variation de la consommation et celle de l'offre sont plus que proportionnelles à la variation du prix. Ceux dont l'élasticité (en valeur absolue) est inférieure à 1, est inélastique et est donc peu sensible aux prix. Les différents types d'élasticités sont présentés dans le tableau 2.1 ci-dessous.

Tableau 2.1 : Les différents types d'élasticité prix

Différents

valeurs de

l'élasticité

Différents types

d'élasticité

Caractéristique du comportement du consommateur et du vendeur

>1

Parfaitement

Élastique

Élastique

Élasticité unitaire

Inélastique

Parfaitement

inélastique

Une petite variation du prix entraîne une augmentation infinie de la quantité demandée ou offerte ; courbe de demande et d'offre horizontale ; prix du produit fixe.

Une petite variation du prix entraîne une variation plus grande (plus que proportionnelle) des quantités demandées ou offertes.

Une petite variation du prix entraîne un changement proportionnel dans la quantité demandée ou offerte.

Une petite variation du prix entraîne une variation encore plus petite (moins que proportionnelle) de la demande ou de l'offre.

Un changement donné de prix n'entraîne aucune modification de la demande ou de l'offre ; courbe de demande ou d'offre verticale ; demande ou offre fixe quelque soit le prix.

 

Source : adapté de Ravelosoa, et al (1999).

Ø Élasticité-prix croisée de la demande

La consommation d'un bien peut être influencée par le prix d'autres biens et l'on parle alors d'élasticités croisées. À Madagascar, par exemple, dans certaines régions le prix du riz influe fortement sur le niveau de consommation du manioc (Ravelosoa, et al, op.cit). Ce type d'élasticité permet de distinguer les biens complémentaires des biens concurrents.

Un bien est dit « complémentaire » si l'augmentation du prix diminue la consommation du bien initial, alors que le prix de celui-ci est resté inchangé ( <0). Un bien est considéré comme « substituable » si une diminution relative de prix de celui-ci implique une diminution relative de la consommation du bien initial >0).

L'évaluation de l'impact de la variation du prix d'un bien substitut permet de déterminer à quel point ces deux substituts sont proches du point de vue du consommateur.

Ø Élasticité-revenu

Elle mesure la variation en %, de la quantité demandée d'un bien suite à une variation de 1 % du revenu des consommateurs. Les élasticités par rapport au revenu sont des informations essentielles pour prévoir les structures de la demande des consommateurs à mesure que l'économie croît et que les gens deviennent plus riches.

Il s'agit cette fois-ci de comprendre l'impact d'une variation du revenu sur la consommation du riz. L'un des apports essentiels de cette notion d'élasticité-revenu est qu'elle permet une classification des biens (Tableau 2.2). Ainsi, la consommation d'un bien « inférieur » diminue avec l'augmentation du revenu. Celle d'un bien « normal » augmente moins que proportionnellement avec le revenu, la consommation d'un bien de « substitution » augmente plus que proportionnellement avec le revenu.

Tableau 2.2 : Classification des biens

Valeur de l'élasticité-revenu

Caractéristique du bien

< 0

[0 1]

> 1

Bien inférieur

Bien normal

Bien de luxe

Source : Bazoche et al, 2005

2.2 Déterminants de la demande des produits alimentaires

Selon la théorie économique le prix, le revenu et les préférences des consommateurs, sont les principaux facteurs qui déterminent la demande d'un bien. Mais en réalité, les facteurs sociodémographiques conditionnent également pour une grande part la demande de consommation au niveau ménage. C'est pourquoi de nombreuses études portant sur la demande des biens alimentaires incorporent dans le modèle final les facteurs sociodémographiques (Savadogo et al, 1988 ; Savadogo, 1990, Koffi-Tessio, 2002, Chern et al, 2002).

Les variables démographiques souvent prises en compte sont : éducation, composition du ménage par âge et par sexe, état matrimonial, occupation.

Savadogo (1990) a montré que la composition par âge et par sexe a un effet significatif sur la demande du riz en Sierra Léonne. Selon son étude, la présence de femmes âgées de 35 à 64 ans dans les ménages libériens a un rôle positif sur la part du riz local, tandis que celle de femmes plus jeunes (13-34 ans) et d'enfants d'âge moyen influe positivement sur la part du riz importé. Savadogo et al (1988), montre également que le revenu, l'éducation, la taille et la composition des ménages sont les facteurs qui déterminent, la consommation des biens alimentaires et non alimentaires des ménages au Burkina Faso.

2.3 Déterminants de l'offre des produits agricoles

Koffi-Tessio (1997) dans son étude sur l'estimation économétrique de l'offre de coton et de café au Togo souligne que le débat sur les incitations de l'offre agricole est partagé entre deux courants de pensée : les défenseurs des facteurs-prix ("Pricistes?) et les défenseurs des facteurs autres que le prix ("Structuralistes?).

Les "Pricistes" pensent que l'accroissement des prix au producteur et la dévaluation constituent des mesures incitatives à l'offre. Lipton (1987, cité par Koffi-Tessio, op.cit) est l'un des "Pricistes" qui pensent que cette politique est une solution à la crise agraire en Afrique. Il affirme par ailleurs que : « Les petits agriculteurs réagissent de manière significative aux prix (même aux taux de change) fixés par l'État. Ainsi, des prix au producteur plus élevés augmenteraient le Produit National Brut (PNB) de chaque pays en développement et pour tous les pays...» (P.326).

Samlaba (1992) affirme que des prix agricoles très bas ne permettent pas une incitation et une motivation des agriculteurs à produire davantage. Selon cet auteur, les producteurs réagissent plutôt à une augmentation des prix. De plus, une étude de la FAO fait remarquer qu'en 1983, lorsque le gouvernement ougandais a doublé les prix des denrées alimentaires, l'on a observé un accroissement de 400 % de la production des denrées (Kintché, op.cit.).

Koffi-Tessio(1997) souligne par ailleurs que de manière générale, « les élasticités de l'offre des produits agricoles par rapport à leur prix relatif sont significatives» ; cependant, il précise que cette réponse de l'offre par rapport au prix est faible en utilisant les données chronologiques que les données en coupe transversales. Ce fait a été démontré par Peterson (1979, cité par Kintché, 2005) qui en utilisant des données chronologiques a montré que la réponse de l'offre agricole par rapport au prix est faible. Koffi- Tessio (citant Peterson, 1979) affirme que cette différence de réponse s'explique par le fait que l'utilisation des données en coupe instantanée présente des limites puisqu'elles ne permettent pas de prendre en compte les facteurs d'offre spécifiques à chaque pays et que les élasticités obtenues reflètent l'effet de différents facteurs et non uniquement des prix.

D'une manière générale, Koffi-Tessio (1997) pense que « l'élasticité-prix de l'offre agricole agrégée» est faible et ne permet pas de soutenir la thèse selon laquelle les prix élevés entraînent une réaction positive de l'offre agricole. Aussi, certaines études montrent que les élasticités-prix de la fonction de réaction de l'offre globale sont généralement faibles, variant entre 0,2 et 0,4 (Beynon, 1989). D'autres études indiquent que les élasticités de l'offre globale aux incitations prix varient entre 0,3 et 0,9 et sont plus faibles que les élasticités des autres variables incorporées dans le modèle (Bruce, 1980 ; Bond, 1983 ; Cleaver, 1985 ; Biswanger et al, 1987 ; Chibber, 1988 ; Shapiro et Berg, 1988 ; Rao, 1989 ; Pravin, 1992 ; cité par Koffi-Tessio, op.cit.).

Une revue des travaux réalisés dans les pays africains au sud du Sahara met en doute l'efficacité des politiques des prix et des réformes de commercialisation de la production agricole (Smith, 1989). La raison fondamentale est que les mécanismes de prix fonctionnent efficacement lorsque d'une part, toutes les ressources et les biens sont échangés à travers des marchés bien intégrés et concurrentiels, et d'autre part lorsque les pays africains concernés ont la capacité administrative et organisationnelle d'intervention efficiente. Dans tels cas les reformes de prix de l'offre entraînent un accroissement des prix aux producteurs et éliminent les subventions aux prix alimentaires (Koffi-Tessio, op.cit).

Les « structuralistes » pensent quant à eux que la faible réaction de l'offre est due principalement aux retards technologiques et structurels.

D'après Koffi-Tessio (1997), cette école de pensée a été résumée par Delgado et Mellor (1987) de la manière suivante : « ... La croissance de la production dépendra de l'innovation technologique qui réduit les coûts unitaires de production. Il convient donc de mettre en place des systèmes de distribution des intrants, des infrastructures rurales et systèmes de vulgarisation et de recherche efficace. Sans cela, les variations de prix produiraient un effet limité et faible sur l'offre»' (pp.667-668).

Selon certains auteurs, en l'absence des variables structurelles les incitations par les prix auront des résultats limités (Delgado et Mellor, 1987 ; Beynon, 1988 ; Bonjean, 1990).

Au moins huit contraintes ont été identifiées comme étant responsables de la faible performance de la production agricole : imperfection des marchés, rareté des biens de consommation, faiblesse du capital humain, difficultés d'accès à la terre, limitation de la main d'oeuvre et de capitaux, niveau technologique archaïque et infrastructures rurales inappropriées. Ces variables sont considérées par les structuralistes comme plus significatives que les variables prix pour la relance de la production agricole (Koffi-Tessio, op.cit).

Parmi les économistes ?structuralistes?, Delgado et Mellor (1987) ont démontré que les investissements dans les infrastructures rurales accroissent directement la production agricole, en réduisant les coûts moyens de production tout comme en améliorant l'efficacité des marchés et la réaction aux incitations par les prix. Des études au Burkina Faso ont montré que des changements technologiques dans le secteur cotonnier ont entraîné une amélioration du profit du producteur ; de plus, la supériorité de l'effet positif de l'irrigation par rapport à celui du prix sur l'offre du blé a été démontrée au Punjab (Ranate, Gha et Delgado, 1988, cité par Koffi-Tessio, 1997).

Selon Ogbu et Gbetibouo (1990) ; Savadogo et al (1995) ; peu d'études économétriques ont incorporé à la fois les facteurs-prix et les facteurs non-prix dans les fonctions de réaction de l'offre agricole dans les pays africains au sud du Sahara. Mais aujourd'hui, Lele et al (1989), Erickson (1993) pensent qu'il faut se rendre compte des facteurs non prix dans la détermination de l'offre agricole.

En incorporant une variable permettant de prendre en compte différents niveaux technologiques, dans l'étude de Peterson (1979), les élasticités obtenues sont réduites de 1,66 à 1,17. Chibber (1989) introduit une variable d'irrigation aux mêmes données et réduit l'élasticité à 0,9 alors que Biswanger (1987, cité par koffi-Tessio, 1997) arrive à une élasticité négative en introduisant différentes variables structurelles.

Aussi, l'influence des variables agro climatique sur l'offre agricole n'est plus a démontrée. Selon une étude de la FAO (1995, cité par Kintché, 2005), l'estimation des paramètres de l'offre peut être biaisée et conduire à de fausses interprétations, lorsque la variable climat est négligée. Thompson (1969, cité par Abbey, 2002) a tenté de déterminer l'effet de la pluviométrie et de la température durant les périodes de semis, de croissance et de récolte sur le rendement du blé aux USA. Les résultats de l'analyse de régression multiple révèlent que ces facteurs expliquent entre 80 et 90 % des moyennes annuelles des États.

2.4 Problématique de la construction des modèles d'analyse

2.4.1. Présentation générale du modèle multi-marché

Selon Yankam (2004), « les modèles d'équilibre partiel standard sont généralement constitués d'équations de comportement, d'équation de prix et d'équation d'équilibre». La structure générale de ces modèles peut être représentée algébriquement comme suit :

Demande des biens qd = qd (p, y) (1)

Demande des facteurs xd = xd (p, w, z) (2)

Offre des produits qs = qs (p, w, z) (3)

Équilibre pour les biens EN = qs - qd (4)

où :

qd représente le vecteur des quantités des biens i demandées, qs le vecteur des quantités des biens j offertes et p le vecteur des prix correspondants, avec i, j = 1.......n ;

xd représente le vecteur des quantités de facteurs demandés et w le vecteur de prix correspondant ;

y représente la dépense totale pour l'acquisition des n bien ;

z représente le vecteur des quantités de facteurs fixes ou quasi fixes

2.4.2. Problèmes liés au cadre théorique

Dans son étude sur le marché du blé en France, Yankam (2004) souligne que la théorie utilisée pour la modélisation diffère selon la considération du produit. Selon cet auteur, la base théorique pour la modélisation des comportements de demande de bien final est celle de la maximisation de l'utilité du consommateur ; par contre, la théorie de la firme est indiquée pour la modélisation des comportements d'offre des biens et ou de demande des facteurs de production. Selon l'auteur, cette différence est de nature à influencer la qualité des élasticités calculées. Davis et Jansen (1994, cité par Yankam, 2004) affirment que la confusion entre ces deux théories entraîne un problème conceptuel ; lequel aboutit à des problèmes empiriques qui sont de nature à biaiser les estimations économétriques et par conséquent à obtenir des élasticités erronées.

Ainsi pour cette étude, la théorie de maximisation de l'utilité du consommateur sera utilisée comme base théorique pour modéliser le comportement de demande du riz et celle de la firme sera utilisée pour modéliser le comportement d'offre du riz.

2.4.3. Problèmes liés à la modélisation économétrique

Les problèmes liés à la modélisation économétrique concernent essentiellement le choix de la forme fonctionnelle et sa spécification par rapport à l'ajustement entre deux situations d'équilibre.

A. Choix de la forme fonctionnelle du modèle ou du modèle empirique

Il existe dans la littérature plusieurs formes fonctionnelles pour modéliser les comportements des agents économiques. Ces fonctions vont des simples spécifications linéaire ou log-linéaire à des spécifications très complexes telles que les fonctions les fonctions translogarithmiques, les fonctions trinominales, les systèmes quadratiques, les approximations locales utilisant des développements en séries de Taylor, ou des approximations globales basées sur des transformés de Fourier (Savadogo, 1990). Le choix d'une forme fonctionnelle est très important dans le processus de modélisation empirique des comportements de demande et d'offre.

Les spécifications complexes des formes fonctionnelles visent le plus souvent la flexibilité. Selon Yankam (2004), les formes fonctionnelles flexibles sont mieux indiquées pour modéliser les comportements des agents économiques. Il définit une forme fonctionnelle flexible comme «une approximation de second ordre d'une fonction arbitraire d'utilité, de coût ou de profit» ; alors que Savadogo (1990), la définit de façon plus simple : « une fonction flexible est celle qui permet de représenter un éventail de comportements des agents économiques aussi varié que possible». Il poursuit en affirmant qu'une fonction dont le comportement est prévisible n'est pas flexible.

Selon Yankam (op.cit.), les formes fonctionnelles flexibles régulièrement utilisées dans la littérature sont généralement les suivantes : (i) pour la demande des biens, les modèles transcendal logarithmic utility function (translog), almost ideal demand system (AIDS) et Rotterdam. (ii) pour la demande des facteurs et l'offre des produits, les modèles d'offre quadratique normalisée et le modèle de demande translog.

Les fonctions de profit de types Cobb-Douglas, les fonctions Leontief généralisées, en plus de ceux mentionnés par Yankam (op.cit.) sont généralement utilisées pour analyser la fonction d'offre dans le secteur agricole (Sadoulet et de Janvry, 1995).

Parmi les modèles de demande flexible, le modèle AIDS et Rotterdam sont les plus utilisés dans la spécification des comportements des consommateurs, surtout en économie agricole. Comme le note Deaton et Muellbauer (1980), le modèle AIDS donne des résultats empiriques satisfaisants. Selon Yankam (2004) ce modèle est compatible avec « l'agrégation sur les consommateurs et peut aussi être estimé sous la forme linéaire». En effet, le modèle AIDS (Almost Ideal Demand System) est devenu un modèle de référence pour l'estimation des systèmes d'équations de demande. Pour Abdelkrim (2000) : « Ce modèle, construit à partir des composantes appartenant aux deux formes flexibles (le modèle TRANSLOG et le modèle PIGLOG), possède plusieurs caractéristiques désirables ; il peut satisfaire à la restriction d'homogénéité de degré zéro des fonctions de demande au niveau du revenu et des prix ; il peut aussi satisfaire à la condition de symétrie de la matrice de Slutsky».

Dans cette étude, le modèle AIDS sous sa forme linéairisée, c'est-à-dire le modèle AIDS/LA est utilisé pour modéliser la demande du riz au Togo, alors qu'un modèle de type Log-log est utilisé pour modéliser l'offre de riz au Togo. Le modèle Log-log présente un avantage, il donne immédiatement des coefficients estimés qui s'interprètent directement comme des élasticités.

B. Spécification des modèles d'offre et de demande : dynamique et statique

Il existe globalement deux types de spécification dans le processus de modélisation qui sont : la spécification statique et la spécification dynamique. Les modèles dynamiques sont ceux généralement utilisés dans la modélisation des comportements des agents économiques (Yankam, 2004 ; Koffi-Tessio, 1997). Le modèle de demande des biens estimés dans le cadre cette étude, est un modèle statique, parce que « les processus d'ajustement sont relativement lents dans le cas de la demande à cause des phénomènes d'inertie et d'accoutumance des consommateurs» (Yankam, op.cit).

Selon Koffi-Tessio (1997), les producteurs ont le plus souvent des comportements retardés. Ce qui amène forcément à analyser leurs comportements dans un cadre dynamique. Ce modèle est connu sous l'appellation des modèles à décalages temporels. Ces derniers peuvent selon l'auteur, comporter des variables endogènes et exogènes retardées : les modèles autorégressifs avec la variable endogène comme la variable retardée ; les modèles à retards échelonnés où les variables exogènes apparaissent avec plusieurs décalages.

De plus selon Sadoulet et Janvry (1995), les producteurs ne répondent pas aux prix actuels, mais aux prix attendus. En effet, les prix généralement observés sur les marchés sont des prix pratiqués après que la production ait lieu alors que les décisions de production se font plusieurs mois d'avance sur la base des prix attendus. L'estimation de la réponse de l'offre doit tenir alors compte de ce décalage qui existe entre la décision de produire et les prix réels observés et il paraît nécessaire de modéliser la formation des attentes des producteurs.

Il faut également remarquer que les quantités produites sont généralement différentes de celles désirées en raison des délais d'ajustement dans la réallocation des facteurs variables. Lorsque les prix d'un produit changent, plusieurs années peuvent se passer avant que les producteurs n'arrivent à produire la quantité désirée au nouveau prix. Ainsi, la modélisation sur les données actuelles doit tenir aussi compte des délais d'ajustements.

Eu égard aux attentes aux délais d'ajustements, le modèle d'offre doit tenir compte de la spécification dynamique pour modéliser le comportement des producteurs. Dans le cadre de cette étude le modèle d'offre prend en compte l'hypothèse d'ajustement partiel des producteurs qui est préféré à l'hypothèse d'anticipation adaptative, car selon Koffi-Tessio (1997) : « Certaines contraintes techniques comme le manque de main-d'oeuvre, ou la possibilité de se procurer des semences et des engrais peuvent limiter la réaction du producteur en cas de hausse des prix et l'empêcher de réaliser son objectif initial de production, sinon au bout d'un certain laps de temps seulement».

C. Problèmes liés à l'estimation économétrique

La qualité des paramètres estimés dépend généralement de la méthode économétrique utilisée et des hypothèses faites sur les termes d'erreurs. La méthode économétrique doit être adéquate afin de fournir des estimateurs non biaisés ainsi que les statistiques (coefficient de détermination, test F...) correctes. Selon Sckokaï (2001), la méthode économétrique dépend « du type de modèle (linéaire ou non linéaire), du nombre d'équations (équation simple ou systèmes d'équations) qui constituent le modèle, de la caractéristique des variables indépendantes (endogènes ou exogènes), et de l'hypothèse de correction contemporaine du terme de l'erreur».

Les problèmes les plus fréquents rencontrés lors de l'estimation des modèles de comportement sont liés à l'autocorrélation temporelle des termes de l'erreur. En effet contrairement à l'hétéroscédasticité, l'autocorrélation temporelle est surtout présente dans les modèles qui utilisent des séries chronologiques. Ce type d'autocorrélation a un impact sur la variance de l'estimateur qui est minimisé conduisant parfois au rejet de l'hypothèse nulle alors qu'il n'est pas le cas en réalité. Elle tend aussi à augmenter la valeur du coefficient de détermination conduisant à des interprétations incorrectes. Lorsque les variances estimées sont biaisées, les tests réalisés sur les coefficients à l'instar du test de Student et de Fischer sont incorrects et conduisent à une prise de décision erronée sur l'hypothèse nulle (Yankam, op.cit).

Les tests de détection de l'autocorrélation sont généralement le test de Durbin-Waston, test de Breusch-Godfrey, test de Ljung-Box. Le test de Breusch-Godfrey sera appliqué à cette étude, car il prend en compte, contrairement aux autres tests, les valeurs retardées de la variable dépendante ; des autocorrélations d'ordre supérieur à 1.

La présence de l'hétéroscédasticité dans les observations a également une influence sur la qualité des estimateurs. Bien qu'étant consistants et non biaisés, ces estimateurs ne sont pas efficients. Les variances estimées sont biaisées comme dans le cas de l'autocorrélation. Les problèmes d'hétéroscédasticité sont assez complexes dans les systèmes d'équations et sont généralement présents que dans les modèles utilisant des données en coupe transversale.

Il existe plusieurs tests permettant de détecter l'hétéroscédasticité des erreurs. Le test de White est un test très simple qui ne nécessite pas que l'on spécifie les variables dont on pense qu'elles sont à l'origine de l'hétéroscédasticité. Le test de Goldfeld-Quandt par contre est applicable si on connaît la variable qui est à l'origine de l'hétéroscédasticité. Le test de Breusch-Paga généralise pour sa part le test de Goldfeld-Quandt.

D. Problèmes liés aux données

Les données constituent l'élément le plus important dans le processus de modélisation et d'estimation sans lequel aucun résultat ne peut être envisagé. Les problèmes liés aux données généralement rencontrés dans le processus de la modélisation et d'estimation des systèmes de demande sont la faible taille de l'échantillon et la colinéarité des prix dans les différents modèles (Yankam, 2004).

La multicolinéarité dans un modèle économétrique indique l'existence des relations entre deux ou plusieurs variables indépendantes du modèle. Lorsque cette relation est parfaite c'est-à-dire qu'il y'a une relation de combinaison linéaire entre ces variables indépendantes ; dans ce cas on ne peut obtenir d'estimateur à cause de la singularité de la matrice des variables indépendantes. Selon Yankam (op.cit), on peut procéder dans ce cas à l'élimination des variables redondantes. Par contre, lorsque deux ou plusieurs variables indépendantes sont corrélées de manière imparfaite, l'estimation devient parfaite. Bien qu'étant non biaisé et consistant, l'estimateur obtenu est toutefois inefficient. Grenne (2003), rappel qu'en cas de multicolinéarité, « (i) les variances estimées de certains paramètres ainsi que les coefficients de détermination sont très élevés (ii) les paramètres estimés sont très instables et montre de fortes variations lorsque de petites variations sont effectuées sur les observations et (iii) les signes des paramètres estimés sont parfois incorrects».

2.5. Présentation des travaux empiriques

Il existe de nombreuses études économétriques sur la demande et l'offre des produits alimentaires ; mais celles réalisées sur la demande et l'offre du riz en Afrique ne sont pas nombreuses. Il est présenté ici quelques travaux dont cette étude s'inspire sur le plan théorique, méthodologique et analytique.

Lançon et al (2002) dans leur étude sur la qualité et compétitivité des riz locaux et importés sur les marchés urbains ouest-africains ont montré que la classe de revenus n'est plus un déterminant de la consommation du riz. Selon ces auteurs, le riz est devenu un bien ordinaire largement consommé par presque toutes les couches de la population ouest-africaine. Ils pensent que cette rigidité croissante des comportements des consommateurs urbains ouest-africains par rapport à leur consommation de riz limite la portée des politiques d'ajustement de l'offre à la demande reposant uniquement sur des changements de prix relatifs. Ils estiment que d'autres mécanismes d'ajustement sont à l'oeuvre sur le marché et qui limite ces politiques. Les enquêtes faites au Nigeria et en Côte d'Ivoire montrent que le prix n'est qu'un déterminant parmi d'autres dans le choix des citadins entre riz importé et riz local. À Bouaké, la capacité de gonflement et la propreté sont apparues comme des facteurs déterminants dans le choix de consommer des riz importés alors que le prix n'est mentionné comme premier critère de choix que par seulement 30 % des personnes interrogées. Les auteurs précisent que ces résultats ont été obtenus au moment où les prix des riz importés étaient plutôt supérieurs à ceux des riz locaux, même pour les riz importés de moins bonne qualité. C'est dire que les consommateurs ivoiriens choisissent entre les types de riz disponibles sur le marché en fonction d'une série de critères autres que le prix ; selon cette l'étude, ces critères peuvent être regroupés en trois grandes catégories : (i) la qualité intrinsèque du riz que sont les propriétés organoleptiques et physiques du grain, particulières à chaque variété ; (ii) les attributs de qualité acquis au cours du processus de transformation et de commercialisation depuis le champ jusqu'à l'assiette du consommateur comme la propreté, l'homogénéité, le taux d'humidité qui est lié à la durée du stockage ; et (iii) les attributs de marché que sont le prix et la disponibilité. Par contre, au Nigeria, les propriétés organoleptiques jouent un moindre rôle et les choix des consommateurs sont essentiellement déterminés par les attributs de marché (prix, disponibilité). Cette étude montre en fait que la forte demande du riz importé n'est pas déterminée par son faible prix relatif, mais par d'autres critères, notamment sa ?relative? qualité à la présentation.

Savadogo (1990) a analysé la consommation urbaine au Liberia. Dans son étude il a incorporé 15 groupes de produits, dont les céréales (riz, blé, maïs). Le Système Complet de Demande est retenu pour l'étude ; le modèle économétrique obtenu a été estimé par la méthode des moindres carrés pondérés à partir de données d'enquête de ménage de sept (7) villes du Liberia. Dans le modèle économétrique, l'auteur a intégré des variables sociodémographiques (taille et composition du ménage par sexe et par âge, occupation, urbanisation, éducation et état matrimonial du chef de ménage), comme des variables indépendantes. Dans cette étude le riz est désagrégé en riz produit localement et en riz importé. L'auteur a estimé qu'une telle désagrégation suppose que le riz est un bien qui engendre des comportements préférentiels différents. Les valeurs de R2 observé ont été faibles pour les produits alimentaires étudiés. Selon l'auteur cette faiblesse de R2 se justifie par le fait que c'est un fait typique pour des estimations utilisant des données en coupe que d'avoir des R2 petit ; car, citant Timmer et al (1983), il affirme que des variables structurelles causant des modifications dans le comportement du consommateur ne sont pas prises en compte. Au terme de l'étude, l'auteur conclut qu'il y'a une différentiation entre le riz local et le riz importé en matière de préférence des consommateurs. Selon l'auteur les classes de revenu déterminent pour une part importante la demande des deux types de riz. Ainsi, à l'échelle inférieure des revenus, une augmentation exogène du revenu s'accompagne d'une augmentation des achats des deux types de riz. Cependant, quand le revenu s'accroît la demande du riz (local et importé) diminue rapidement.

Savadogo et Brandt (1988) ont analysé la demande alimentaire au Burkina Faso. Les données utilisées dans l'analyse proviennent d'une enquête de ménage de septembre 1982 à août 1983. Le système de demande AIDS est utilisé pour l'estimation avec incorporation des variables socio-économiques comme variables indépendantes. Le modèle économétrique obtenu est estimé par la méthode des moindres carrée ordinaire. L'estimation a concerné six groupes de biens dont les céréales produites localement et celles importées (blé, riz). Les résultats de l'estimation ont montré que l'effet prix croisé entre les céréales produites localement et celle importée est négatif (mais non significatif à 5 %) ; ce qui implique plus une complémentarité qu'une substitution entre les deux biens. Le modèle a indiqué que les prix et le revenu et les variables démographiques affectent le comportement des consommateurs. Les résultats du test F ont montré que l'hypothèse nulle pour l'absence de l'effet prix est rejetée à 5 % pour tous les biens. L'analyse de l'élasticité-revenu a montré que la demande des céréales locale diminue avec l'augmentation du revenu alors que celle de céréales importées augmente avec le revenu.

Ravelosoa, et al (1999) ont estimé des élasticités de demande à Madagascar à partir du modèle AIDS. Ils ont utilisé des données en coupe transversale. L'enquête couvrait un échantillon de 4508 ménages stratifié de façon à fournir une représentativité nationale, avec distinction entre les zones urbaines et rurales. Le modèle est estimé par la méthode de triple moindre carré ordinaire avec ajustement d'Heckman. D'après les résultats de l'estimation, le riz est un aliment de base au Madagascar avec une élasticité-revenu inférieure à 1, ce qui signifie que le riz est un bien normal à Madagascar. Par ailleurs, l'analyse de l'élasticité-revenu a montré qu'à travers les types de ménages le comportement varie nettement. À Madagascar, plus on est riche moins on augmente la consommation du riz à partir des revenus marginaux. Auprès des ménages les plus pauvres, une hausse de revenu de 1 % augmentera leurs consommations en riz de 0,8 % ; auprès des ménages urbains moyens, seulement 0,2 % et parmi les très riches c'est zéro. C'est-à-dire que les riches mangent autre chose que le riz lorsque leur revenu monte. L'élasticité prix propre du riz se situe entre -0,5 et -0,7 sauf dans le sud du pays où il atteint le niveau de -1,5. Cela signifie qu'à part le sud du pays, une hausse de 1 % du prix du riz se transmet par une baisse de -0,5 % à -0,7 % de la consommation en riz selon le groupe de ménage. Les fluctuations du prix du riz qui a une part budgétaire de 26 % induisent non seulement les effets de substitution, mais aussi de très forts effets sur le revenu réel des ménages. Ses élasticités prix croisées s'évaluent à 0,4 en valeurs absolues. Cet impact s'observe surtout avec les aliments de base pour lesquels les élasticités prix croisées prévoient qu'un changement de 1 % du prix de riz changera la consommation de ces aliments de base entre 0,3 % et 1,7 %. Le prix de riz influe notamment sur le niveau de consommation du maïs, des cultures industrielles, du manioc, des autres tubercules, des légumineuses et des légumes. Dans le cas du maïs une hausse de 100 % du prix du riz va faire décroître de 77 % sa consommation, mais fera augmenter de 164 % celle du mais et autres céréales.

Robilliard (1999) a estimé l'offre de riz des ménages agricoles malgaches à partir des données d'enquêtes transversales. La fonction de production de Cobb-Douglas sous l'hypothèse de fixité des facteurs qui a servi à la modélisation a été estimée par la méthode des moindres carrée ordinaire. Les résultats ont montré que l'élasticité prix de court terme variant entre 0,1 et 0,17 selon les méthodes d'estimation. Pour l'auteur, l'interprétation du coefficient du prix du riz dans l'estimation d'une fonction d'offre avec des données en coupe transversale pose un problème du fait de l'origine de sa variabilité. Une grande partie de la variabilité correspond en effet à des fluctuations saisonnières : les prix du riz au Madagascar sont typiquement peu élevés au moment de la récolte, tandis qu'ils augmentent fortement au moment de la soudure. Ainsi, les ménages ayant la capacité financière et physique de stocker du riz au-delà de la récolte peuvent donc obtenir des prix plus élevés. Ces ménages étant généralement les plus gros producteurs, le lien entre capacité de stockage et prix obtenu pourrait conduire à surestimer l'élasticité prix de l'offre.

CHAPITRE III :

LA FILIÈRE RIZ AU TOGO : DESCRIPTION ET ANALYSE

3.1. Description sommaire

La culture de riz est pratiquée dans toutes les régions du Togo avec une importance et un poids variable. La figure 3.1 ci-dessous montre l'évolution de la production par région de 1990 à 2005. À travers cette figure il ressort que les Régions des Plateaux, Centrale et de la Savane sont les zones de forte production de riz avec des superficies qui représentent respectivement 29 %, 40,7 % et 20,6 % des superficies rizicoles totales en 2005. La superficie rizicole dans la région maritime ne représente que 1,7 % des superficies totales.

Figure 3.1 : Évolution de la production du riz paddy au Togo par région de 1990 à 2005

Source : À partir des données de la DSID, 2007

Bien que la production rizicole dans la région maritime n'ait jamais dépassé les 5000 tonnes de riz paddy, elle est actuellement la seule qui reçoit une certaine attention de la part de l'Administration4(*) et des ONG. Les études réalisées sur la filière au Togo ont concerné pour leur majorité la région maritime, plus précisément la riziculture dans la vallée du Zio. La riziculture pratiquée dans cette vallée est totalement irriguée. Aussi, le riz qui y est cultivé présente-t-il une certaine qualité organoleptique proche du riz importé. « Les variétés de riz cultivées sur les périmètres irrigués de Kovié (IR841 et TGR1) sont appréciées sur le marché ; la première pour son arome et son goût bien qu'elle soit collante à la cuisson, la seconde pour son gonflement à la cuisson, et le fait qu'elle soit non collante» Agbogbli et Tetevi (2004).

La riziculture dans les régions situées au nord du pays est essentiellement de type pluvial avec utilisation de semences locales à faible rendement (SOFRECO, 1996). Le riz de bas-fond est essentiellement cultivé dans les régions des plateaux.

Il existe des flux d'échanges du riz local entre le Togo et les différents pays frontaliers, mais ces flux sont relativement faibles. Selon Djélé (2005), en moyenne onze tonnes de riz blanc de la vallée de Zio passent au Ghana à travers les femmes commerçantes ; il pourrait en être de même pour le riz des autres régions du Togo surtout les régions situées au nord du pays compte tenu des relations d'échange des peuples situés de part et d'autre de la frontière. Ce fait a été également montré par Abiassi et Eclou (2006).

3.2. Évolution de la production, des besoins et des importations de riz au Togo

L'évolution de la production, des besoins et des importations de riz au Togo est reprise par la figure 3.2 ci-dessous. Cette figure montre globalement l'existence d'une corrélation entre l'évolution des variables de la production et des importations de riz, la dévaluation du FCFA et le TEC.

Figure 3.2 : Évolution de la production, des besoins et des importations de riz au Togo de 1987 à 2006

Source : À partir des données de la DSID et de la Statistique, 2007

Il ressort en ce qui concerne la production qu'elle avait enregistrée une hausse considérable pendant et après la dévaluation, passant de 22100 tonnes en 1993 à 32565 tonnes en 1994, soit une augmentation de 32,13 %. Elle avait atteint un pic de 56355 tonnes en 1998, avant d'entamer une baisse, un an avant l'adoption du TEC de l'UEMOA le 1er janvier 2000.

L'augmentation de la production de riz quelque temps avant et pendant la dévaluation et sa baisse quelque temps avant la mise en oeuvre du TEC s'expliquerait par le fait que les paysans togolais répondent par anticipation aux mesures annoncées de la dévaluation et de la mise en place du TEC en augmentant leur superficie dans le premier cas et en la diminuant dans le second cas. En effet, peu avant la dévaluation qui devrait être caractérisée par une hausse du prix mécanique du riz importé, une hausse des prix de vente du paddy, une évolution favorable des comptes des producteurs (SOFRECO, 1996), l'on s'entendait à ce que les producteurs augmentent leurs superficies rizicoles. Ce fut le cas en 1994 puisqu'entre 1993 et 1994 les superficies rizicoles se sont accrues de 47 %.

L'abaissement du niveau de protection suite aux processus d'ajustements structurels des années 1980 consolidés par la mise en place du TEC au sein de l'UEMOA, ayant fait de cet espace l'un des plus ouverts du monde au commerce international (David-Benz et al, 2004), a favorisé une importation massive de riz vers l'Afrique de l'Ouest.

Bien que la dévaluation ait permis une diminution des importations (- 38 % en 1994, par rapport à la moyenne des années 1989 à 1993), la mise en place du TEC a eu par contre un effet inflationniste sur les importations de riz au Togo. En effet selon SOFRECO (op.cit.), les importations ont connu leur plus bas niveau en 1995 (12001 tonnes), soit un an après la dévaluation. Cet effet n'a été que de courte durée puisque les importations ont repris leurs augmentations à partir de 1997 pour atteindre un pic de 64175 tonnes en 1999 pour redescendre à 36273 tonnes en 2000. « L'effet limité de la dévaluation sur les importations démontre la relative rigidité de ce mode alimentaire urbain et de la faible élasticité de l'offre nationale par rapport au prix sur la demande en riz » (David-Benz et al, 2004).

Mais après la mise en place du TEC le 1er janvier 2000 les importations se sont envolées, aggravant ainsi l'écart avec la production. C'est dire que la mise en place du Tarif Extérieur Commun loin de permettre une relance de la riziculture dans les pays de la zone UEMOA semble être plutôt un facteur de non-compétitivité des filières rizicoles ouest-africaine. C'est ainsi que sa mise en place et l'harmonisation des taxes internes posent de gros problèmes, car le niveau actuel de la TEC peut compromettre le fonctionnement de la filière riz.

La figure 3.2 montre également l'évolution des besoins de la population en riz. D'après cette figure, les besoins en riz au Togo se sont considérablement accrus durant ces dernières années. Mais entre 1997 et 1998, la production de riz au Togo a dépassé les besoins alors situés respectivement à 51876 t et 53484 t contre une production de riz décortiqué de 56030 t en 1997 et de 56355 t en 1998. Cependant, les importations n'ont pas diminué, par contre elles sont passées de 36778 en 1997 à 47872 en 1998. En effet, la population togolaise surtout urbaine quel que soit leur revenu accorde une moindre importance à la consommation du riz local. Ceci parce que dans une certaine mesure le riz local ne répond pas certainement à leurs attentes. Ainsi dans le contexte actuel le riz local est loin de se positionner face au riz importé jugé moins cher et de bonne «qualité».

3.3. Analyse de la production et de la consommation de riz au Togo

3.3.1 Production du riz au Togo

A. Systèmes de production du riz au Togo

Le riz est produit dans toutes les régions du Togo dans des exploitations pour la plus part individuelle. Ces exploitations sont à majorité multi culturales avec le nombre de cultures qui varie non seulement d'une région à l'autre, mais aussi d'une année à l'autre en fonction de l'influence de la conjoncture sur les décisions des producteurs.

B Facteurs déterminants de la production du riz au Togo

La production quantitative du riz au Togo est influencée comme dans la plupart des pays africains par plusieurs facteurs parmi lesquels : les facteurs techniques et naturels, les facteurs économiques et les facteurs institutionnels semblent être les plus importants.

- Facteurs techniques et naturels

Les facteurs techniques et naturels sont subdivisés aux facteurs liés aux conditions agroclimatiques et météorologiques, aux matériels végétaux utilisés, aux superficies utilisées, aux conduites de la culture et aux manipulations du paddy après la récolte.

Il est admis que les conditions agroclimatiques et météorologiques jouent un rôle très important dans la production agricole dans la mesure où la croissance et le développement des cultures en sont tributaires. L'un des facteurs agroclimatique et météorologique de la production du riz est le niveau de pluviométrie avant ou pendant le semis ou pendant la récolte. En effet, la pluie joue généralement un rôle important dans la production du riz. Ces conditions conditionnent l'existence de différentes zones de production de riz au Togo. Ainsi, trois types de rizicultures sont pratiqués au Togo en fonction des zones agroclimatiques avec cependant un poids et des potentialités très différentes :

Ø La riziculture pluviale : Elle représente environ 10 % de la production nationale et est pratiquée sur les terres exondées de la Région des Plateaux où la pluviométrie est la meilleure. (Aboa et al, 2006).

Ø La riziculture irriguée : introduite au Togo à partir des années 60 dans le cadre de coopérations bilatérales avec la France, Taïwan (remplacé en 1972 par la Chine Populaire) et la Corée du Nord (SOFRECO, 1996). Elle représente 25 % de la production nationale (Agbogbli et Tétévi, 2004).

Le tableau 3.1 ci-dessous montre que le Togo a une potentialité estimée à 1128,5 ha de superficies irrigables en 1996 alors que seulement 364 le sont actuellement, ce qui représente 32,25 % de toutes les superficies irrigables.

La situation d'aménagement de ces superficies irrigables n'a pas évolué jusqu'à aujourd'hui. Actuellement, seul un projet de réhabilitation et d'aménagement de 660 ha pour l'intensification de la production du riz dans la vallée du Zio, a été décidé et couvrira la période 2005 à 2010. D'un montant de cinq milliards de francs CFA ; ce projet est financé par le Fond Saoudien de Développement (FSD) et la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA). Bien que son lancement officiel ait été effectif en 2007, mais les travaux n'ont pas encore débuté et à ce jour aucune action allant dans le sens de l'avancement de ce projet n'est encore entreprise.

Ø Le riz de bas-fond : il fournit plus de 60 % de la production nationale. Ce type de riz est cultivé dans les bas-fonds non aménagés ou sommairement aménagés sans maîtrise d'eau dans toutes les régions du Togo (Aboa et al, 2006).

Le potentiel de bas-fond tel qu'identifié par les images du satellite Spot serait au minimum de 50000 hectares (SOFRECO, 1996).

Selon Agbogbli et Tétévi (2004), des démarrages des projets d'aménagement de nouveaux sites de productions ont été retardés par la crise sociopolitique que connaît le Togo. Il s'agit des projets suivants : projet basse vallée du Mono, projets OTI et Kpendjal, etc.

Tableau 3.1 : Situation des surfaces irriguées et irrigables en hectare

DESIGNATION

LOCALISATION

SUPERFICIS

IRRIGUEES (ha)

SUPERFICIES

IRRIGUABLS (ha)

SYS

TEME D'IRRIGATION

SPECULATI0N

Région Maritime

Région des plateaux

Région de la Kara

Région des savanes

Mission Tové

Agomé Glozou

Kpélé Akata

Akata

Amou oblo

Landa Pozendau

Tantiegou

Gravillou

Koukombou

Barkoissi

300

20

3

31

10

660

60

30

19

43

13,5

41

30

220

12

Gravitaire

Pompage et gravitaire

Gravitaire

Gravitaire

Pompage et gravitaire

Gravitaire

Gravitaire

Aspersion

Gravitaire

Riz

Riz

Riz

Riz

Riz

Riz + vivriers

Riz + vivriers

Riz+maraîchage

Riz + fruitiers

Riz+maraîchage

TOTAL

 

364

1128,5

 
 

Source : SOFRECO, 1996

Le matériel végétal utilisé est un élément essentiel dans la production en ce sens qu'il détermine en grande partie le rendement de la culture et la qualité organoleptique. Il faut cependant reconnaître qu'en ce qui concerne le riz, la variété de semences utilisées pour la production conditionne pour une part non négligeable la demande des consommateurs.

Dans la vallée du Zio où la riziculture irriguée est essentiellement pratiquée, les variétés utilisées sont IR841 et TGR1. Selon Agbogbli et Tétévi (op. cit.) ces deux variétés sont les plus appréciées par les consommateurs. Les riziculteurs togolais utilisent généralement des semences soit prélevées directement sur la production de la campagne précédente, soit achetée auprès des producteurs de semence. Ces derniers se procurent des semences de base à Sotouboua, les multiplient et les vendent aux producteurs entre 250 et 300 F CFA le kilogramme. Les riziculteurs utilisent 60 à 80 kg de semences pour une pépinière d'un hectare. Les produits des semences améliorées sont alors utilisés pendant 3 campagnes avant d'être remplacés (Djélé, 2005).

La conduite des cultures après le semis constitue aussi un élément essentiel pour la production qualitative du riz. Le taux de protéines dans les grains après la récolte dépend de l'assimilation des fertilisants azotés pendant la culture. Il est connu que les apports fractionnés d'azote permettent à la plante de mieux l'assimiler. C'est ainsi qu'un même apport azoté fractionné fournira à la récolte un meilleur taux de protéines qu'un apport non fractionné qui coûte cependant moins cher en terme de travail. Selon Yankam (2004), les coûts additionnels engendrés par les apports fractionnés ne sont pas toujours compensés et redistribués par le marché. Il paraît donc plus économique pour les producteurs de faire que des apports azotés non fractionnés, ce qui pourrait expliquer l'utilisation dans les rizicultures uniquement que des engrais composés, surtout le NPK pour la fertilisation. Cependant, les apports d'engrais ne se font pas en quantité suffisante. Il y'a une disparité lorsque l'on remonte vers le nord du pays.

En effet, bien que les superficies rizicoles soient plus grandes dans ces régions du Nord, elles ne bénéficient pas généralement d'un certain nombre d'appuis techniques, financiers et d'aucun aménagement. Cette réalité combinée au fait que la pauvreté sévit plus au Nord5(*), les riziculteurs ont du mal à faire face aux dépenses d'exploitations. Tout ceci explique d'ailleurs le faible rendement observé dans les régions du Nord.

- Facteurs économiques et institutionnels

Ces facteurs sont constitués essentiellement par les prix au producteur et les prix des facteurs de production.

L'évolution des prix au producteur est donnée par la figure 3.3 ci-dessous. L'évolution du prix réel au producteur s'est faite selon deux (2) périodes ; celle avant et après dévaluation. Entre 1980 à 1993, les prix réels au producteur ont connu une baisse moyenne de 2,9 % par an, alors que pendant cette même période, la production a connu une hausse de 7 % en moyenne par an (figure 3.4). C'est dire que l'offre de riz paddy n'a pas subi la même évolution que celle du prix réel au producteur. Après la dévaluation ces prix réels ont connu une faible augmentation, soit 0,8 % en moyenne par an. Mais l'augmentation des prix n'a pas permis une hausse considérable de la production du riz paddy.

Figure 3.3 : Évolution du prix réel au producteur du riz paddy de 1980 à 2006

Source : À partir des données de la DSID, 2007

La décision des riziculteurs est déterminée par le rapport coût/bénéfice. Les coûts sont liés à l'acquisition des semences, des intrants de production, à la main d'oeuvre et à la location de la terre.

La majorité des riziculteurs cultivent des terres louées, ils représentent près de 73 % dans la vallée du Zio (Djélé, 2005). Les contrats de location ne sont pas toujours signés prédisposant les locataires à une insécurité foncière ; limitant ainsi les investissements et l'adoption des nouvelles technologies de production.

Les locations sont payées soit en nature ou soit en espèces. Dans la vallée du Zio par exemple les frais de location sont de 25000 FCFA/ha ou 1 sac de riz blanc de 100Kg pour un hectare (Djélé, op.cit.).

Les intrants dans la riziculture sont essentiellement constitués par les engrais, les herbicides et les insecticides. Ces intrants sont utilisés en grande partie dans la région maritime avec une moyenne à Kovié de 250 kg/ha d'engrais ; soit 150 kg/ha de NPK et 100 kg/ha d'urée (Meertens, 2001). ACCP/Care International recommandait dans la vallée du Zio 300 kg/ha de NPK (6 sacs) et 150 kg/ha urée (3 sacs) pour un rendement de 3,5 tonnes de riz blanc/ha. Bien que ces recommandations permettent d'augmenter les rendements de riz,, la situation économique des riziculteurs ne permet pas de les respecter. Ceci est démontré par le faible niveau d'engrais qu'utilisent en moyenne les riziculteurs dans la vallée du Zio. Au Togo le prix des engrais vivriers était subventionné par l'État jusqu'en 2006.

Il convient également de préciser que les situations économiques de la plupart sinon de presque tous les riziculteurs constituent un frein à l'augmentation de la production. Ceux-ci sont dans une situation d'endettement, situation qui ne leur permet plus d'accéder à d'autres crédits. Les dépenses pour un hectare de riz dans la vallée du Zio sont estimées à 640250 FCFA par l'ITRA/CRAL (Ani et al, 2001). Une dépense à laquelle ne peut faire un riziculteur moyen sauf s'il n'a accès aux crédits ce qui est très difficile dans la mesure où la filière riz au Togo est laissée pour compte et ne reçoit aucune attention, sinon quelques-unes, mais de façon très timide.

Bien que le riz soit devenu une denrée d'enjeux importants en Afrique de l'Ouest, au Togo il semble que les autorités gouvernementales n'ont pas encore compris le grand enjeu que cette denrée représente aujourd'hui et représentera dans un proche avenir. Dans tous les cas, la riziculture togolaise est laissée pour compte et aucune action n'est alors entreprise jusqu'à aujourd'hui pour relancer la production.

N'ayant pas accès aux crédits comme c'est le cas dans la filière coton les riziculteurs sont pour la plupart dans une situation de précarité. Cependant, une certaine attention est portée sur la riziculture dans la vallée du Zio ; elle reçoit des crédits de la part de l'OSAT et des ONG. Il paraît alors évident que la réhabilitation et l'aménagement des exploitations rizicoles les plus importantes dans les autres régions ne sont pas encore à l'ordre du jour bien que ce soit ces régions qui fournissent la plus grande partie de la production.

Selon Agbogbli et Tétévi (op. cit.), les opérations de joint-venture entre l'OSAT et les producteurs de la vallée du Zio sont l'une des initiatives en cours pour promouvoir la production nationale de riz au Togo.

L'OSAT est une structure créée au sein du département chargé de l'agriculture par décret n° 97/117/PR du 20 aout 1997 avec pour mission de réguler les prix des denrées alimentaires de base et d'assurer l'autosuffisance alimentaire. Cette structure a mis en place le financement de la production du maïs et riz, afin de garantir les besoins en céréales nécessaires à la constitution de son stock de sécurité destinée à la régulation des prix en période de soudure. Le tableau suivant montre l'évolution des financements de l'OSAT aux riziculteurs de la vallée du Zio.

Tableau 3.2 : Évolution des montants des crédits octroyés par l'OSAT dans le périmètre

Années

Montant du crédit (F CFA)

Nombre de groupements bénéficiaires

Nombre

de personnes

Nombre d'hectares exploités

Stock produit (t)

2000

5000000

2

14

15

37

2001

9000000

5

29

34

170

2002

12000000

5

29

37

185

2003

15000000

6

33

43

205

2004

17000000

8

48

75

375

2005

30300000

9

74

108,5

542,5

Source : OSAT, 2007

Djélé (2005) en analysant les actions de l'OSAT affirme que les actions de cette structure ne sont plus appréciées par les riziculteurs. Ces derniers pensent que l'OSAT, au lieu de se limiter à sa mission qui est de constituer des stocks de sécurité et de les libérer au moment de soudure pour régulariser les prix de marché, vend plutôt son riz mis en stock au même moment. Il est devenu pour les producteurs un concurrent sur le marché.

C. Évolutions de la production

Comme la plupart des pays africains, le Togo occupe une position relativement marginale dans la production de riz en Afrique de l'Ouest. En effet, la production de riz au Togo ne représentait que 3,25 % de la production totale de riz en Afrique de l'Ouest en 2006 comme le montre le tableau suivant.

Tableau 3.3. Évolution des superficies cultivées et de la production dans la zone UEMOA en 2006

Pays

Superficies cultivées (ha)

Productionde riz paddy (tonnes)

Bénin

Burkina Faso

Côte d'Ivoire

Guinée Bissau

Mali

Niger

Sénégal

Togo

Total

30 000

51 000

510 000

65 000

400 000

27 800

75 215

35000

1 194 015

66 000

97 103

818 000

97 000

693 203

76 500

177 756

76285

2 101 847

Source : FAOstat cité par Abiassi et Eclou (2006)

L'évolution des superficies rizicoles au Togo est montrée par la figure 3.3 ci-dessous. De 1981 à 1993, ces superficies ont évolué en dent de scie entre 18000 à 28200 ha. En 1994, elles ont atteint leur premier pic (52725 ha). Évaluées à 57442 ha en 1996 les superficies rizicoles sont estimées aujourd'hui à 35000 ha (2006), soit une diminution de 39 %. Bien que cette diminution ait été compensée par une faible augmentation des rendements,6(*) elle reste préjudiciable à l'économie rizicole au Togo puisque pendant cette période, les productions ont connu une chute de 13 %.

Figure 3.4 : Évolution des superficies cultivées de riz au Togo de 1980 à 2006

Source : À partir des données de la DSID, 2007

L'évolution de la production de riz au Togo est représentée par la figure 3.4 ci-après. Cette figure montre l'évolution de la production du riz paddy et celle du riz décortiqué. Cette figure montre que la production rizicole au Togo n'a amorcé sa véritable augmentation qu'à partir de 1992 pour atteindre son pic de 86700 tonnes de riz paddy en 1998. Après cette date la production a connu une baisse pour revenir à 62307 en 2000. Depuis lors, elle amorce une augmentation timide.

Figure 3.5 : Évolution de la production du riz paddy et décortiquée au Togo de 1990 à 2005

Source : À partir des données de la DSID, 2007

3.3.2. Consommation du riz au Togo

Au Togo, le riz a été longtemps considéré comme un aliment de luxe et était surtout consommé dans les villes et uniquement pendant les fêtes en zones rurales (SOFRECO, 1996). Aujourd'hui, la consommation de riz semble se généraliser rapidement comme dans la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest où la consommation per capita de riz elle évaluée à 23,5 kg/hbts/an (FAO, 2003).

Le tableau 3.5 ci-dessous montre l'évolution de la consommation apparente per capita au Togo. Il montre que cette consommation per capita a rapidement augmenté de 12 kg/tête/an en 1990 à 23,62 kg/tête/an en 2005 ; soit une évolution de 3,3 % par an. La croissance démographique étant estimée à 2,4 % par an, il apparaît que la demande par tête de riz au Togo évolue plus rapidement que la croissance démographique.

Tableau 3.4 : Évolution de la consommation apparente par habitant de 1990 à 2005

Années

1990 1995 2000 2002 2004 2005

Population en milliers

Consommation apparente7(*)

En kg/tête/an

3492 4052 4635 4854 5090 5212

12,0 12,9 15,16 19,48 19,28 23,62

Source : à partir des données de la DGSCN, DSID, 2007

L'environnement de la production rizicole actuelle ne permettant pas de faire face à cette demande de plus en plus croissante, l'on comprend la dépendance de plus en plus grande à l'importance de riz. Cette dépense n'est pas sans conséquence pour l'économie déjà en difficulté. En 2006, les dépenses à l'importation de riz sont estimées à plus de 4 milliards de FCFA8(*) en valeur CAF.

Cette demande à l'importation est essentiellement urbaine, car les productions locales restent généralement dans les zones de production où elles sont auto consommée à 90 % (SOFRECO, 1996). Seule une petite quantité arrive dans les zones urbaines où elle est à du mal à se positionner face aux riz importés en termes de prix et de qualité. Bien que le riz local présente une qualité nutritive plus que le riz importé, il n'est pas apprécié par les consommateurs urbains pour un certain nombre de raisons. D'abord, il est mal présenté, ensuite aucun effort de marketing n'est entrepris à son égard et pour finir il revient trop cher lorsqu'il est ramené à un état de qualité comparé à celui du riz importé. Le sac de 50 kg de riz de Kovié vendu par l'OSAT à Lomé est à 20000 FCFA, soit 400 FCFA/kg ; alors que le riz importé thaïlandais varie entre 13000 et 16000 FCFA.

Compte tenu de tous ces facteurs, les ménages urbains préfèrent se tourner vers le riz importé qui est moins cher.

3.4. Échanges de riz au Togo

3.4.1 Importations

Malgré les performances observées aussi bien au niveau des emblavures que des rendements, la production locale est loin de couvrir les besoins de la population. Pour une population d'environ 2,61 millions d'habitants en 1980, la demande était estimée à plus de 26565 tonnes de riz. En 2006, pour une population de 5,47 millions d'habitants, la demande est estimée à plus de 70000 tonnes ; alors que la production de riz décortiqué en cette même année est estimée à 48000 tonnes. Ainsi, de 16815 tonnes de déficits dans les années 1980 on arrive à un déficit de plus de 26235 tonnes en 2006. Ce déficit chronique du solde vivrier national en riz ouvre la porte aux importations. Le tableau ci-dessous montre le déficit du solde vivrier du riz au Togo.

Figure 3.6 : Évolution du bilan vivrier au Togo de 1990 à 2006

Source : À partir des données de la DSID, 2007

Le volume moyen des importations togolaises de riz total est de 43124 tonnes par an, ils représentent en valeur 2,61 milliards de FCFA/an entre 1987 à 2006.

Les importations de riz au Togo proviennent essentiellement des pays asiatiques (Chine, Pakistan, Japon, Thaïlande, Vietnam, Hong-Kong, etc.), des pays européens (Espagne, France, Danemark, Italie, Royaumes Unis, Belgique, etc.), des États-Unis d'Amérique et de certains pays africains (Côte d'Ivoire, Bénin, etc.). Les différents types de riz importés sont le riz non décortiqué (paddy), le riz décortiqué (cargo ou brun), le riz semi-blanchi et le riz en brisures.

L'évolution des importations est représentée par la figure 3.7 ci-dessous. Cette figure montre que les importations ont fortement diminué entre 1993 et 1996. Entre ces dates est intervenue la dévaluation du FCFA en 1994. Ces importations ont connu leur plus bas niveau en 1995 avec 12001 tonnes. Mais elles ont repris leur envol à partir de 1996 pour évoluer en dent-de-scie entre 1999 et 2003. En 2006, le Togo a importé plus de 100000 tonnes de riz, soit en valeur plus de 4 milliards de FCFA. Ce chiffre représente une perte de devise très importante pour le pays qui se trouve dans une situation économique très instable. Il faut également préciser qu'en 2005 les importations faisaient près du double de la production de riz décortiqué en volume. Entre 2005 et 2006, l'on a enregistré près de 22,7 % d'augmentation du riz importé en volume. Ces chiffres à la hausse sont observés alors que la production a du mal à suivre faute d'investissement réel et de soutien aux riziculteurs. Ceci constitue une situation alarmante dans la mesure où la question du riz représente aujourd'hui dans le monde, en Afrique de l'Ouest en général et au Togo en particulier un enjeu social, économique et politique. Ainsi, un petit changement dans l'environnement mondial en termes d'évolution à la hausse des prix ou en termes de diminution de la production entraînerait de graves crises alimentaires mettant en danger la paix sociale9(*) dans les villes à forte dépendance de riz importé.

Figure 3.7 : Évolution des importations de riz au Togo de 1990 à 2006

Source : À partir des données de la DSID, 2007

3.4.2. Exportations et réexportations

Le riz produit au Togo est importé essentiellement vers les autres pays de la sous régions, notamment le Ghana, le Bénin et peut-être même le Burkina Faso. Ces importations sont très marginales qu'elles ne sont pas prises en compte par les statistiques officielles. Djélé (2005) affirme qu'au moins 11 tonnes de riz produit dans la vallée du Zio passent au Ghana à travers des femmes commerçantes. Aussi compte tenu des échanges entre les populations de part et d'autre des frontières du Togo surtout des frontières du Nord, il pourrait exister d'important flux d'échange du riz local.

Chaque année des quantités de riz importé vers le Togo sont ensuite réexportées vers les pays de l'hinterland. Selon SOFRECO (1996), le Togo semble être spécialisé dans le transit du riz. Une partie des importations qui arrivent dans le port est destinée aux marchés des pays voisins plus demandeurs. Les retombées de cette activité se situent aussi bien au niveau des recettes douanières que ces importations génèrent qu'au niveau de la rente considérable que captent les commerçants qui alimentent les circuits de réexportation. Le tableau 3.6 montre l'évolution des réexportations de riz entre 2000 et 2006.

Tableau 3.5 : Évolutions des réexportations de riz au Togo de 2000 à 2006

Années

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

Quantités réexportées en tonne

2447,4

11554

10548

1283

647,8

35

32,059

Source : Direction de la Statistique, 2007

Ce tableau montre que les quantités de riz réexportations du Togo vers les pays de l'hinterland vont en diminuant. Elles étaient de 2447,4 tonnes en 2000 pour chuter à 32 tonnes en 2006 ; soit une diminution de 98,69 %. Cette diminution peut être expliquée par le fait que la demande en riz du Togo croît et que la part des importations qui est jadis réexportée est maintenant utilisée pour satisfaire cette demande de plus en plus croissante.

CHAPITRE IV :

ANALYSE ÉCONOMÉTRIQUE DE LA DEMANDE DE RIZ AU TOGO

4.1. Base théorique

La base théorique pour la modélisation de la demande de riz au Togo est celle de la théorie de la maximisation de l'utilité du consommateur. Stone (1954), fut le premier économiste a estimé un système de demande dérivé explicitement de la théorie des consommateurs (Abdelkrim, 2000). Il utilise le modèle connu sous l'appellation abrégée LES (Linear Expenditure System) proposé par Klein et Rubin (1947) et Samuelson (1947). Dans cette spécification des préférences, Stone (op.cit.) suppose que la demande des biens dépend linéairement du revenu et des prix des biens. Plusieurs autres modèles ont été proposés par la suite, ceux de Rotterdam proposés par Theil (1965) et le modèle Translog indirect de Christensen, Jorgenson et Lau (1975).

Pour Ravelosoa, et al (1999), l'objet de la théorie du consommateur est d'expliquer comment un consommateur rationnel choisit ce qu'il va consommer quand il est confronté à une variété de prix et un budget limité.

Le consommateur néoclassique dans ses emplettes quotidiennes agit de façon à maximiser sa satisfaction ou utilité retirée de la consommation d'un bien dans la limite que son budget impose à ses achats (contrainte budgétaire). L'expression formelle de comportement est conditionnée par la représentation de la fonction objective de l'individu étudié.

Soit la fonction d'utilité du consommateur, le prix de et le prix de et son revenu. Le problème du consommateur est alors de maximiser son utilité compte tenu de sa contrainte budgétaire. La résolution de ce problème s'obtient par l'intermédiaire du théorème de LAGRANGE dont la formule est :

, est le multiplicateur de LAGRANGE.

Dans cette étude il est supposé l'hypothèse de séparabilité des préférences. Cette hypothèse suppose qu'il est possible d'étudier les comportements de demande du riz, indépendamment du comportement des consommateurs vis-à-vis des autres biens. Cette hypothèse, à l'origine du processus de budgétisation par étapes10(*), est fréquemment utilisée dans les études empiriques (Yakam, 2004; Bazoche et al, 2005 ; Koffi-Tessio, 2002).

Selon Bazoche et al (op.cit.), l'hypothèse de séparabilité faible offre l'avantage de réduire le nombre de variables à prendre en compte dans l'analyse et par suite le nombre de paramètres à estimer (il n'est plus nécessaire d'intégrer les prix de tous les autres biens). En tenant compte de cette hypothèse, les produits peuvent être partitionnés en groupes de sorte que des préférences au sein d'un groupe puissent être décrites indépendamment des quantités des autres groupes ; et à l'intérieur du groupe de biens, chaque produit a une fonction d'utilité propre en fonction des autres biens du groupe (Koffi-Tessio, 2002). La séparabilité forte est une des hypothèses les plus restrictives sur les préférences.

La fonction d'utilité directe du groupe de bien considéré est la somme des fonctions de sous utilité. Les conditions nécessaires et suffisantes qu'une fonction d'utilité soit séparable ont été dérivées par Leontief (1974, cité par Koffi-Tessio, op.cit.).

Soit n biens partitionnés en m groupe tel qu'on est

La fonction d'utilité définie par :

est exprimé comme :

Où chaque est une branche de la fonction d'utilité ; chaque est la transformation de la fonction de .

Ainsi, l'hypothèse de séparabilité faible d'une fonction d'utilité implique une indépendance entre les groupes de biens considérés. Dans ce cas, la fonction d'utilité peut s'écrire comme suit :

Où chaque est une branche de la fonction d'utilité.

Avant de définir la fonction d'utilité de ce consommateur représentatif, il convient de définir les différents indices ci-après.

représente le produit, c'est-à-dire le riz,

représente les autres produits consommés en dehors du riz,

représente la fonction d'utilité, la sous-fonction d'utilité associée à la consommation de et la quantité consommée.

représente le prix et la dépense.

La fonction d'utilité du consommateur représentatif togolais est spécifiée comme suit :

(1)

Avec le vecteur des quantités de riz, et le vecteur des autres produits consommés.

La fonction de demande de riz issue du programme de maximisation de la fonction (1) sous la contrainte du budget total est donnée par la relation suivante :

(2)

En supposant que le riz est faiblement séparable des autres produits consommés, l'équation (1) peut s'écrire comme suit :

(3)

L'hypothèse de séparabilité faible permet d'envisager un second stade de budgétisation selon lequel le consommateur décide d'allouer son revenu du riz et à la consommation des autres produits (Yankam, 2004). La fonction de demande du riz issue de la maximisation de (3) sous la contrainte de est alors spécifiée comme suit : (4)

4.2 Choix de la forme fonctionnelle du modèle

Le modèle flexible AIDS (Almost Ideal Demand System) fréquemment utilisé dans la littérature de la demande des biens de consommation est choisi pour la modélisation empirique de la demande de riz importé et de riz produit localement au Togo.

Le modèle AIDS est défini à partir du modèle PIGLOG (Price Independent Generalized Logarithmic Linearity). Ce modèle est représenté via la fonction de dépenses en riz qui définit le niveau minimum de dépenses requises pour atteindre un niveau spécifique d'utilité avec un vecteur de prix prédéterminé comme l'indique la fonction suivante :

(1)

est le coût total supporté par le consommateur, est le niveau d'utilité situé entre 0 niveau de subsistance et 1 le niveau de béatitude ; et sont des indices de prix. La fonction a la forme TRANSLOG suivante :

(2)

Alors que la fonction est sous la forme suivante :

(3)

En remplaçant et par leurs formes fonctionnelles dans l'équation 1, on aura :

(4)

sont des paramètres à estimer. Afin de s'assurer que la fonction de coût est linéaire et homogène, les conditions suivantes sont imposées sur les paramètres :

Additivité :

Homogénéité de degré 0 :

Symétrie : ,

Avec le lemme de Shephard, il est possible de déduire les fonctions de demande à partir de la fonction de coût ci-dessus en dérivant la fonction de coût par son prix soit :

(5)

 :

Cette part de dépenses en fonction d'un niveau de dépense tel que et d'un vecteur de prix, est exprimée comme suit :

, avec (6)

représente le nombre de biens, la part budgétaire du riz i, est le prix du riz j, est la dépense monétaire du consommateur en riz, et sont des paramètres à estimer, est un indice de prix tel que son log égal à ce qui suit :

(7)

Comme le suggère (Deaton et Muelbaeur, 1980 ; cité par Savard, anonyme), cet indice de prix ne se comporte pas toujours très bien et suggère l'indice des prix de Stone (1953) qui est une approximation de cet indice de prix et est plus facile à manipuler ;

(8)

L'utilisation de P* élimine la nécessité d'utiliser des techniques non-linéaire comme serait le cas en utilisant P (Savadogo, 1990).

Les équations (6) et (8) donne :

(9)

Les élasticités compensées (Hicksiennes) et non compensées (Marshalliennes) sont calculées, en utilisant les formules rapportées par Jung (2000).

Les élasticités prix et dépense Marshalliennes sont spécifiées comme suit :

(10)

(11)

=1 pour et =0 pour .

Les élasticités Hicksiennes sont exprimées par l'équation suivante :

(12)

4.3. Données utilisées et propriétés statistiques des variables

Les données utilisées pour calculer les variables du modèle LA/AIDS, sont des données annuelles qui couvrent la période 1986 à 2006. Ces données concernent les quantités de riz importé, la production de riz local décortiqué, les données annuelles des prix du marché correspondants. Les quantités annuelles consommées de riz importé sont calculées en supposant que 10 % des quantités importées sont ensuite réexportées ; il est également supposé que 5 % de la production du riz local constituent la part des exportations et les variations de stock. Ainsi, cette part a été retirée de la production nationale pour obtenir l'approvisionnement domestique de riz.

Disposant des données en séries chronologiques, les variables issues de ces données ont été testées pour juger de leurs stationnarités. En effet, plusieurs données économiques présentées en séries chronologiques sont pour la plupart non stationnaires, rendant non valide l'application des techniques conventionnelles de tests statistiques.

Une variable est dite stationnaire si ces caractéristiques stochastiques sont indépendantes du temps. Il existe plusieurs tests de vérification de la stationnarité d'une variable chronologique, mais notre étude retient le test de racine unitaire de Duckey-Fuller Augmenté (ADF). Ce test effectué sur toutes les variables du modèle est reporté dans le tableau 3.1 ci-après.

4.4. Résultats empiriques

4.4.1 Test de stationnarité

Les résultats du test montrent que toutes les variables sont non stationnaires en niveau puisque toutes les statistiques ADF sont supérieures aux valeurs critiques correspondantes à 5 %, alors qu'en différence première l'on remarque que ces statistiques sont inférieures aux valeurs critiques correspondant à 5 %. En conclusion, toutes les variables sont intégrées d'ordre 1, elles sont toutes I(1), ce qui signifie qu'elles sont stationnaires en différence première.

Les variables étant intégrées de même ordre, le test de cointégration sera effectué pour vérifier l'existence ou non d'une relation d'équilibre de long terme entre ces variables.

Tableau 4.1 : Test de racine unitaire de Ducker-Fuller Augmenté (modèle avec constante)

 

En niveau

En Différence

Variables

Nombre de retards

ADF

Valeur critique (5 %)

Nombre de retards

ADF

Valeur critique (5 %)

Log(Pl)

0

-1.65

-3.02

0

-5.27

-3.0294

Log(Pi)

2

-2.54

-3.04

0

-4.52

-3.0294

Log(Y/P*)

0

-1.46

-3.02

0

-5.48

-3.0294

Note : le nombre de retards est défini à partir du critère d'information d'AIC.

4.4.2 Test de cointégration

L'approche utilisée pour tester la cointégration est celle de Granger et Engle. Cette approche veut que les variables soient d'abord de même niveau d'intégration. Les variables répondent à cette condition, car elles sont toutes intégrées d'ordre 1. Ainsi, l'on peut passer à l'étape suivante qui consiste à régresser par la méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO), la combinaison linéaire des variables du modèle. L'estimation étant faite, on récupère les résidus du modèle et on teste leurs stationnarités. S'ils sont stationnaires, on conclut qu'il existe une relation stable de long terme entre les variables.

Les relations de cointégration qui ont servi au test de l'ADF sont représentées dans le tableau 4.2 suivant.

Tableau 4.2: Test de stationnarité des résidus de la relation de long terme

Résidu de :

Nombre de retards

ADF stat

Valeur critique (5 %)

Wi sur log(Pi), log(Pl), log(Y/P*)

Wl sur log(Pi), log(Pl), log(Y/P*)

0

0

-3,27

-3,03

Le tableau montre que les statistiques de l'ADF sont toutes inférieures aux valeurs critiques à 5 % ; les résidus sont intégrés d'ordre 0, c'est-à-dire stationnaires. Il existe donc une relation stable de long terme entre les variables malgré qu'elles ne soient pas stationnaires. Il n'y a pas relation fallacieuse dans l'estimation du modèle de long terme, autrement dit si le modèle de long terme vérifie les hypothèses classiques des MCO ; on aurait donc estimé le bon modèle.

Les relations cointégrantes qui ont servi au test de l'ADF sont présentées dans le tableau 4.3 suivant :

Tableau 4.3 : Relation cointégrantes (modèle de long terme)

Variables

Riz local

Riz importé

 

Coefficient

Std. Error

Coefficient

Std. Error

C

-0,59

(-1.20)

0.49

1.59*

(3,22)

0.49

Log(PL)

0.35*

(2.96)

0.12

-0.35*

(-2,96)

0.12

log(PI)

0.30*

(2.71)

0.11

-0.30*

(-2,71)

0.11

log(Y/P*)

-0.14*

(-5,11)

0.03

0.14*

(5,11)

0.03

R2a

0,76

 

0,76

 

DW

1,64

 

1,64

 

Les valeurs entre parenthèses sont les t-statistique, *dénote la significativité à 5 %

Le risque de relation fallacieuse étant écarté les tests d'hypothèses nécessaires à la validation du modèle estimé par les MCO sont réalisés. Il s'agit du test d'autocorrélation et d' Hétéroscédasticité.

4.4.3 Test de validation du modèle de long terme estimé par les MCO

Les tests de validation du modèle de long terme par les MCO sont reportés dans le tableau 4.4. Ces tests montrent que les p-values de la statistique de White Heteroskedasticity et de la statistique de Breusch-Godfrey sont supérieure à 5 % ; dans ce cas les résidus ne sont ni autocorrélés, ni hétéroscédastique.

Toutes les hypothèses nécessaires à la validation des résultats obtenus par les MCO ayant été validées, les estimateurs issus des MCO du modèle de long terme sont sans biais, convergents et efficaces.

Tableau 4.4 : test d'autocorrélation et d'hétéroscédasticité

Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:

F-statistic

0,568958

Probability

0,577868

Obs*R-squared

1,480752

Probability

0,476935

White Heteroskesdasticity

F-statistic

1,768141

Probability

0,177850

Obs*R-squared

9,053077

Probability

0,170615

4.4.4. Modèle à correction d'erreur (ECM)

Une relation de cointégration est une relation d'équilibre de long terme, mais à court terme il peut y avoir des déséquilibres. L'estimation du MCE porte sur des variables calculées en différence. Dans le cas de cette étude, Y suit un processus autorégressif à retard distribué d'ordre 1, donc les variables seront calculées en différence première. Ces variables sont les variables explicatives et la variable d'écart de la relation de long terme (ou erreur de déséquilibre).

Le MCE est formulé de la manière suivante :

où :

est l'impact immédiat ou du court terme de sur

est l'ampleur de l'ajustement de par rapport au déséquilibre observé la période antérieure entre et

est l'erreur de déséquilibre ou l'ampleur de l'écart par rapport à l'équilibre.

L'estimation du modèle à correction d'erreur est présentée dans le tableau 3.4 suivant.

Le modèle à correction d'erreur est validé puisque les coefficients de l'erreur du déséquilibre sont significativement différents de 0 et négatifs. Il correspond à la force de rappel.

Le modèle à correction d'erreur stipulant que doit diminuer pour retourner à sa valeur d'équilibre, il est donc supposé que la demande du riz local et celle du riz importé baissent respectivement à la vitesse de 1,01 kg par habitant pour retourner à l'équilibre de long terme. Le résultat de l'estimation du modèle à correction d'erreur est présenté dans le tableau 4.5 suivant.

Tableau 4.5 : Résultat de l'estimation du modèle à correction d'erreur

Variables

Riz local

Riz importé

 

Coefficient

Std. Error

Coefficient

Std. Error

log(PL)

0.54*

(3.04)

0,08

-0.54*

(-3.04)

0,08

log(PI)

0.37*

(6.73)

0,12

-0,37*

(-6.73)

0,12

log(Y/P*)

-0,12*

(-3.10)

0,04

0.12*

(3.10)

0,04

et-1

-1,01*

(-4.52)

0,22

-1.01*

(4.52)

0,22

R2a

DW

0,80

2,21

 

0,80

2,21

 

* significativité à 5 %, les t-statistiques sont entre parenthèses

4.4.5. Commentaire des résultats

Les résultats de l'estimation des tableaux 4.3 et 4.5 montrent que les paramètres du revenu du riz local et du riz importé sont significatifs à 5 %. Un bien est normal quand la valeur du paramètre de son revenu est négative et de luxe quand ce paramètre est positif. Ainsi, les paramètres de court terme et de long terme du revenu du riz local estimé respectivement de -0,12 et -0,14 montrent que ce type de riz est un bien normal alors que le riz importé est un bien de luxe, puisque les paramètres estimés sont respectivement de 0,12 et de 0,14 à court et à long terme.

L'élasticité-revenu présentée dans le tableau 4.6 confirme également ces résultats. Les paramètres des prix propres et des prix croisés des deux modèles estimés sont significatifs à 5 %.

Les élasticités du modèle de court et de long terme sont des élasticités non compensées ou Marshalliennes. Ces élasticités sont calculées au point moyen des observations à l'aide des équations (2.4.3) et (2.4.4), et sont présentées dans le tableau 4.6.

Tableau 4.6 : Élasticités de long terme et de court terme de la demande de riz au point moyen des observations

Élasticités prix non compensés ou Marshalliennes

 

Riz local

Riz importé

Élasticités-dépense ()

 

Court terme

Long terme

Court terme

Long terme

Court terme

Long terme

Riz local

Riz importé

0,40

-1,76

-0.03

-0.70

1,04

-1,02

0.91

-1.66

0,71

1,21

0.65

1.25

o Elasticité-dépense

Les élasticités-dépense de long terme comme de court terme montrent que parmi les deux types de riz considéré, le riz importé est un aliment de luxe alors que le riz local est un bien normal. Une augmentation de 1 % du revenu entraînerait une augmentation de 1,2 % de la dépense accordée à la consommation du riz importé dans le court terme et 1,25 % dans le long terme, soit une augmentation plus que proportionnelle à l'augmentation du revenu. Cette augmentation est de 0,71 % à court terme et de 0,65 % à long terme pour le riz local, soit moins que proportionnel à l'augmentation du revenu.

Il apparaît alors que la demande de riz importé au Togo est alors plus élastique par rapport à la dépense. En effet, le riz importé présente un certain nombre de critères appréciés par les consommateurs : (i) la qualité intrinsèque du riz que sont les propriétés organoleptiques et physiques du grain, particulières à chaque variété ; (ii) les attributs de qualité acquis au cours du processus de transformation et de commercialisation depuis le champ jusqu'à l'assiette du consommateur comme la propreté, l'homogénéité, le taux d'humidité qui est lié à la durée du stockage ; (iii) les attributs de marché que sont le prix et la disponibilité ; (iv) la capacité de gonflement, la facilité de cuisson, etc. Ainsi, toute augmentation de leur revenu se traduit par une augmentation plus que proportionnelle des dépenses accordées à la demande de ce type de riz.

o Élasticités-prix propre

Toutes les élasticité-prix propres sont négatives répondant ainsi à la théorie de la demande sauf l'élasticité-prix propre de court terme du riz local. En effet, le riz local étant un bien normal, une augmentation de son prix dans le court terme n'a pas eu d'incidence majeure sur sa demande ; demande qui a d'ailleurs continué par augmenter. Cette augmentation est tout de même faible puisque l'élasticité est estimée à 0,4. Mais à long terme l'augmentation de 1 % du prix du riz local entraîne une légère baisse de sa demande (0.03 %).

Il apparaît alors que les variations du prix du riz local ont une très faible incidence sur sa demande. Ce résultat pourrait être expliqué par le fait que le riz local est devenu au sein des ménages togolais surtout des ménages ruraux un aliment normal. Ainsi, une petite augmentation de son prix n'aura qu'une faible influence sur la quantité consommée.

Par contre, le riz importé est très sensible aux variations de son propre prix dans le court comme dans le long terme, puisque sa demande diminuer fortement quand les prix augmente de 1 %. Ces diminutions sont respectivement de 1.76 % et 1.02 % dans le court et long terme. Le prix apparaît alors comme un déterminant majeur de la demande du riz importé au Togo.

Dans leur étude à partir des données d'enquête au Nigeria et en Côte d'Ivoire, Lançon et al (2002) ont conclu que les choix des consommateurs nigérians par rapport au riz importé, sont essentiellement déterminés par les attributs de marché (prix, disponibilité) que les propriétés organoleptiques ; alors que les consommateurs ivoiriens fondent leur demande de riz importé sur ces qualités organoleptiques et intrinsèques que sur les attributs de marché. Les consommateurs togolais et nigérians semblent avoir donc les mêmes comportements de demande du riz importé.

o Élasticité-prix croisée

Les résultats de l'estimation montrent qu'il existe une relation de substitution nette entre le riz importé et le riz local, puisqu'une augmentation de 1 % du prix du riz importé entraîne une augmentation de la demande du riz local respectivement de 1,04 % et de 0,91 % dans le court et long terme.

4.5. Conclusion

Les élasticités calculées à partir d'un modèle de demande théoriquement et statistiquement acceptable, permettent de conclure que : (i) la demande du riz importé est essentiellement déterminée par le revenu et les prix (prix du riz local et prix du riz importé). Sa demande évolue fortement suite à une variation de son propre prix ou du revenu ce qui fait de ce type de riz un bien de luxe parmi les deux types de riz considéré dans l'étude. Le riz local s'est montré être un bien de consommation courante, puisque dans le court terme une évolution de son propre prix n'a pratiquement pas d'influence sur sa demande ; (ii) le riz local et le riz importé sont deux biens de substitution. C'est ainsi qu'une augmentation de 1 % du prix du riz importé sur le marché togolais permettrait une augmentation de la demande du riz local. Mais pour que cette substitution soit soutenue dans le long terme (seulement 0,91 % d'augmentation dans le long terme contre 1,04 % dans le court terme), des mesures doivent être prises pour améliorer la qualité intrinsèque du riz local et développer autour de ce type de riz un système de marketing efficace.

En particulier, dans cette étude la consommation des différents types de riz par les ménages togolais est expliquée uniquement à partir de facteurs économiques, les prix de ces riz et le revenu alloué à la consommation de ces produits. Or il est clair que l'évolution des prix n'est pas le seul facteur explicatif de la décision de consommation des différents types de riz par les ménages. La qualité du riz et ses attributs sont d'autres facteurs qui influencent les demandes finales des ménages. Ces autres dimensions doivent donc être intégrées dans l'analyse de la demande du riz au Togo pour mieux appréhender la demande du riz au Togo.

Toutefois, ces conclusions devraient être considérées avec beaucoup de prudence au moins pour trois raisons essentielles.

Premièrement, les paramètres de comportement obtenus ne sont que conditionnels au deuxième stade de budgétisation. Selon Yankam (op.cit.) ces élasticités conditionnelles ne permettent par conséquent, que de réaliser des analyses partielles de comportement. Malgré le fait que Davis et Jansen (1994) affirment que ce type d'élasticité semble avoir beaucoup de succès sur le plan d'analyse des politiques. Deuxièmement, la qualité des données utilisées reste assez problématique compte tenu du fait qu'elles ne reflètent pas toujours les comportements de demande du riz par les Togolais. Troisièmement, la période d'observation qui est limitée à 20 ans n'est pas suffisamment longue pour analyser des comportements de demande.

CHAPITRE V :

ANALYSE ÉCONOMÉTRIQUE DE L'OFFRE DE RIZ LOCAL AU TOGO

5.1. Base théorique

Sur le plan théorique, cette recherche s'appuie sur la théorie de la firme pour dériver la fonction d'offre du riz local. Cette théorie stipule que le producteur tend à maximiser son profit économique, c'est-à-dire la différence entre le revenu reçu par l'entrepreneur (producteur) et tous les coûts supportés (Goffin, 1993).

Les revenus et les coûts dépendent des activités de l'entreprise ; qui peuvent être des activités de production courante, l'acquisition des facteurs de production, la publicité, etc.

En supposant que la technologie du producteur est une fonction de production, , fonction dans laquelle est le vecteur de variables de quantités produites, x est le vecteur de variables de quantités d'intrants et z le vecteur des facteurs fixes. Les facteurs variables sont généralement la main-d'oeuvre, les engrais, les semences, les pesticides... Quant aux facteurs fixes, ils peuvent être la terre, les équipements, les infrastructures, les services de vulgarisation, le climat, l'accès au marché (Tannon, 2004).

Si est le coût total des intrants et p le prix du produit, le profit ð, du producteur est

(1)

(*) indique la transposition de vecteur.

Le profit ainsi calculé est un profit « restreint», car seuls les coûts des facteurs variables sont déduits des recettes totales.

Le producteur est sensé choisir la combinaison des quantités d'intrants à utiliser et des quantités de bien à produire qui maximise son profit étant donné son niveau de technologie.

sous contrainte (2)

La solution à ce problème de maximisation est un système composé des fonctions d'offre de produit et de demande d'intrant comme suit :

et (3)

En substituant ces expressions dans la définition du profit, l'on obtient, une fonction de profit, qui est le profit maximum que peut obtenir le producteur étant donné le niveau de prix et p ; des facteurs fixes disponibles ; et la technologie de production :

(4)

Il existe une correspondance unique entre la fonction de production et la fonction de profit. Toutefois, cette correspondance ne peut pas toujours être établie analytiquement (Sadouet et de Janvry, 1995).

Selon Tannon (2004), le concept de la fonction de profit dans la détermination de la réponse de l'offre, bien que rigoureuse, parce que respectueux de la théorie économique, comporte quelques difficultés. Selon cet auteur, il n'est pas possible de déterminer la fonction de profit des producteurs, car les données pour y arriver sont difficiles à obtenir ; surtout dans les pays en développement. Aussi poursuit-il, dans l'usage de ce concept, les mécanismes de la formation des attentes des prix et de l'ajustement partiel de la production ne sont pas suffisamment prises en compte.

Les agents producteurs n'ont pas nécessairement des comportements synchroniques, mais retardés (Koffi-Tessio, 1997). Le cadre dynamique est donc celui approprié pour analyser ces comportements.

Pour les besoins de l'analyse, deux cas seront examinés : le modèle d'ajustement partiel et le modèle d'anticipation adaptative.

5.1.1. Modèle d'ajustement partiel

Selon Koffi-Tessio (1997), la rigidité des institutions ou des structures ne permet pas à l'offre désirée de se réaliser en une seule période. Ainsi, l'offre peut être formulée de la manière suivante :

(1)

Où :

, est l'offre désirée au temps t et, est la variable explicative de l'offre au temps t, et les paramètres estimés et le terme de l'erreur. Comme n'est pas connu, l'équation ne peut être estimée par la méthode des Moindres Carrés Ordinaire (MCO). En revanche, (offre observée) est connue ; une relation peut donc être spécifié entre et telle que :

0 (2)

Où :

est le coefficient d'ajustement

Par substitution de (1) dans (2) on obtient un modèle simplifié de Koyck de la manière suivante :

ou avec  ; et

L'équation peut donc être estimée par la méthode des MCO.

5.1.2. Modèle d'anticipation adaptative

Dans cette spécification, les valeurs de la variable à expliquer sont fonctions des valeurs, non pas observées d'une variable explicative, mais des valeurs attendues, telles que :

(1)

est la valeur prévue de la variable explicative. , n'est pas connu ; néanmoins, une hypothèse sur peut être spécifiée (anticipation adaptative), soit :

, avec 0 (2)

est le coefficient d'anticipation. En développant l'équation (2), on obtient :

(3)

En remplaçant dans l'équation (1), on obtient un modèle à retards échelonnés :

(4)

À partir d'une transformation de Koyck, on obtient la formulation autorégressive suivante :

(5)

Le modèle peut être donc estimé économétriquement.

5.2. Choix de la forme fonctionnelle du modèle

Dans cette étude l'hypothèse d'ajustement partiel est préférée à celle d'anticipation adaptative, puisque le niveau de production souhaité par le producteur ne peut être atteint au cours d'une seule période. Selon Koffi-Tessio (1997), certaines contraintes techniques comme le manque de main-d'oeuvre ou la possibilité de se procurer des semences et des engrais peuvent limiter la réaction du producteur en cas de hausse des prix et de l'empêché de réaliser son objectif initial de production. Cette hypothèse est soutenue par la permanence de pénurie d'engrais et de semences, que font face la plupart des riziculteurs. En effet, à chaque début de campagne rizicole les riziculteurs sont toujours confrontés à une pénurie d'engrais et de semence de riz, limitant ainsi leur objectif de production.

Pour spécifier cette hypothèse, la fonction d'offre de riz est basée sur le modèle de Nerlove. Ce modèle comme le note Koffi-Tessio (1997) est le plus performant et le plus fréquemment utilisé pour estimer la fonction d'offre des produits dans le secteur agricole. Aussi, tient-il compte des dynamiques d'anticipation adaptative et d'ajustement partiel (Sadoulet et Janvry, op.cit.).

La forme générale du modèle de Nerlove est spécifiée comme suit :

(1)

où :

est l'offre espérée au temps t

est le prix au temps t

regroupe d'autres variables influençant l'offre au temps t

est l'erreur de spécification

La forme la plus employée pour exprimer l'hypothèse d'ajustement partiel s'écrit :

, (2)

est le coefficient d'ajustement partiel.

Il découle des expressions (1) et (2) que :

(3)

Pour, et l'expression peut aussi s'écrire :

(4)

En exprimant les variables du modèle en logarithmes, les coefficients des variables explicatives s'interprètent comme des élasticités. Dans ce cas et sont les élasticités de court terme ; et sont les élasticités de long terme.

Pour ajuster la fonction d'offre, une valeur muette a été ajoutée en vue de prendre en compte la dévaluation intervenue en 1994. Les réactions des producteurs seront mesurées à partir de cette année. Donc, cette variable prend la valeur 0 jusqu'en 1993, et, celle de 1 à partir de 1994.

5.3. Spécification du modèle empirique

La formule empirique du modèle d'offre est spécifiée comme suit :

Où :

= offre du riz paddy au temps t (exprimée en logarithme)

= prix réel aux producteurs de riz paddy (exprimée en logarithme)

= prix réel de l'engrais (exprimée en logarithme)

= pluviométrie moyenne annuelle (exprimée en logarithme)

= offre retardée du riz paddy (exprimée en logarithme)

= variable muette indiquant la dévaluation au temps t

=erreur de spécification du modèle d'offre au temps t

=élasticité de court terme de l'offre du riz paddy par rapport au prix réel aux producteurs

= élasticité de court terme de l'offre du riz paddy par rapport au prix réel de l'engrais

= élasticité de court terme de l'offre du riz paddy par rapport à la pluviométrie

, avec = coefficient d'anticipation

5.4. Les données utilisées et propriétés statistiques des variables

Les données utilisées sont des séries chronologiques qui couvrent la période de commercialisation de 1980 à 2006. Les données utilisées proviennent de différentes sources qui sont essentiellement : DSID, FAOStat (productions annuelles, prix aux producteurs), IFDC (prix des engrais), annuaire statistique de la BCEAO (pluviométrie moyenne annuelle). Tous les prix ont été déflatés par l'indice des prix à la consommation togolaise de la DGSCN, pour obtenir les prix réels de chaque produit.

Les estimations d'offre agricole à partir des séries chronologiques sont généralement influencées par le temps et les résultats économétriques obtenus malgré les coefficients de détermination (R2) et de Student-Fisher élevés, ne sont pas fiables à cause de l'hypothèse implicite irréaliste d'une offre agricole cible fixe basée sur des anticipations stationnaires. Cette absence de vérification préalable de l'hypothèse de stationnarité limite la validité des résultats économétrique dans le contexte de la modélisation dynamique du comportement d'optimisation (Hallam et Zanoli, 1993  cité par Koffi-tessio, 1997).

Disposant pour cette étude des données chronologiques, il s'avère donc indispensable de tester la stationnarité des variables du modèle avant sa spécification.

Une variable est dite stationnaire si ces caractéristiques stochastiques sont indépendantes du temps. Il existe plusieurs tests de vérification de la stationnarité d'une variable chronologique, notre étude retient le test de racine unitaire de Duckey-Fuller Augmenté (ADF). Les résultats du test sont reportés dans le tableau

5.5. Résultats empiriques

5.5.1. Test de stationnarité

Le tableau 5.1 montre qu'au seuil de 5 %, le test de stationnarité de Duckey-Fuller Augmenté indiquent que toutes les variables sont non stationnaires en niveau (ADF>0,05) à l'exception de la variable pluviométrie qui est I(0) (ADF<0,05). Aussi, les statistiques de l'ADF montrent-elles que les variables sont stationnaires en différence première, elles sont donc intégrées d'ordre 1.

Toutes les variables n'étant pas d'un même ordre d'intégration, une relation cointégrante ne peut donc pas exister entre elles. De ce fait, Il n'y a pas de relation de long terme entre les variables du modèle d'offre, puisqu'une relation de cointégration est une relation de long terme.

Tableau5.1 : Test de racine unitaire de Ducker-Fuller Augmenté (modèle avec constante)

 

En niveau

En Différence

Variables

Nombre de retards

ADF

Valeur critique (5 %)

Nombre de retards

ADF

Valeur critique (5 %)

logY

1

-1

-2,98

1

-3,87

-2,99

logp

0

-2,4

-2,97

1

-3,94

-2,99

logPe

logPl

0

0

-2,3

-4,96

-2,97

-2,97

0

1

-6,14

-5,30

-2,99

-2,99

Note : le nombre de retards est défini à partir du critère d'information d'AIC.

L'offre de riz au Togo sera estimée en considérant les relations de court à travers à partir du Modèle à Correction d'Équilibre (MCE).

5.5.2. Modèle à correction d'erreur (ECM)

Le modèle à correction d'équilibre permet de prendre en compte l'ajustement qui s'opère à court terme en vue de rétablir l'équilibre de long terme.

L'estimation du MCE porte sur des variables calculées en différence. Dans le cas de cette étude, les variables sont en différence première.

Le MCE est formulé de la manière suivante :

où :

est l'impact immédiat ou de court terme de

sur

est l'ampleur de l'ajustement de par rapport au déséquilibre observé la période antérieure entre et

est l'erreur de déséquilibre ou l'ampleur de l'écart par rapport à l'équilibre.

L'estimation du modèle à correction d'erreur est présentée dans le tableau 3.2 suivant.

Tableau 5.2 : Résultat de l'estimation du modèle à correction d'erreur (modèle de court terme)

Dependent Variable: DLOGY

Method: Least Squares

Date: 09/09/08 Time: 18:07

Sample (adjusted): 1983 2006

Included observations: 24 after adjusting endpoints

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

DLOGY (-1)

0.172074

0.182490

0.942923

0.3582

DLOGP

-0.191478

0.225499

-0.849129

0.4070

DLOGPE

0.761351

0.260563

2.921950

0.0091

DLOGPL

0.706838

0.265141

2.665895

0.0158

DV

0.031366

0.051736

0.606277

0.5519

E(-1)

-1.393085

0.290746

-4.791418

0.0001

R-squared

0.701124

Mean dependent var

0.063529

Adjusted R-squared

0.618103

S.D. dependent var

0.269029

S.E. of regression

0.166254

Akaike info criterion

-0.538284

Sum squared resid

0.497526

Schwarz criterion

-0.243770

Log likelihood

12.45940

Durbin-Watson stat

1.236906

Source : Auteur

Le modèle à correction d'erreur est validé puisque le coefficient de l'erreur du déséquilibre est à la fois négatif et significativement différent de 0. Il correspond à la force de rappel. De plus, le modèle est stable dans le temps puisque le coefficient de la variable retardée estimée à 0,17 est inférieur à l'unité. Toutes les variables exogènes considérées expliquent l'offre du riz local à 62 % (=0.62).

5.5.3. Commentaire des résultats

Le coefficient d'ajustement évalué à 0,83 montre une capacité très faible d'ajustement du secteur rizicole. Ainsi, les nouvelles productions sont très inférieures à celles désirées par les riziculteurs. En effet, plusieurs facteurs interviennent pour limiter les objectifs de production rizicole au Togo. Ces facteurs sont essentiellement d'ordre économique, puisque l'inexistence de crédit dans la filière ne permet pas aux producteurs de faire face à leurs dépenses d'exploitation que sont surtout les dépenses d'acquisition d'intrants (engrais, semences améliorées, etc.). Aussi, le résultat de l'estimation montre que les producteurs ne tiennent-ils pas compte de la production antérieure pour ajuster leur production actuelle, puisque le coefficient de la variable retardée de l'offre n'est pas significatif.

L'analyse menée sur la base d'élasticités permet de relativiser les effets individuellement estimés par rapport au niveau moyen de la variable dépendante et de la variable explicative correspondante. L'élasticité de court terme de l'offre du paddy par rapport aux prix réels au producteur est de -0,19. Bien que les prix réels au producteur aient connu une baisse moyenne de 1 % par an entre 1980 et 2006, l'offre du riz local n'a pas baissé puisque la valeur de l'élasticité est négative. Ce résultat qui semble être contradictoire à la théorie montre en fait que le riz en tant que produit alimentaire est principalement produit au Togo pour l'autoconsommation. De ce fait, ce n'est que le surplus dégagé de cette autoconsommation qui entre sur le marché pour être vendue. C'est ainsi que pour répondre aux besoins alimentaires en riz de leur famille sans cesse croissante depuis 1980, les riziculteurs augmentent leur production de riz sans tenir vraiment compte de l'évolution à la baisse du prix au producteur.

Par ailleurs, il est remarqué que l'élasticité l'offre de riz par rapport aux prix au producteur évalué à -0,19 est inférieur à l'unité en valeur absolue, ce qui montre que l'offre de riz par rapport aux prix au producteur est inélastique et confirme l'hypothèse selon laquelle les facteurs prix influencent très peu l'offre de riz au Togo. En effet, de nombreux autres facteurs interagissent en priorité sur la production avant que ce ne soit le caractère incitatif du prix (Combe 1999).

L'élasticité de l'offre par rapport au prix de l'engrais est estimée à 0,71 alors que le prix réel des engrais a connu une hausse moyenne de 7 % par an. Dans cette logique, une hausse des prix réels des engrais entraîne une hausse de l'offre de 0,71 ce qui n'est pas le cas en réalité. D'ailleurs, cette assertion est contraire à la théorie. Ce résultat peut être expliqué par rapport à l'environnement dans lequel évolue l'offre de riz au Togo. En effet, dans les trois zones écologiques de production rizicole au Togo, la riziculture de bas-fond et celle pluviale représentent respectivement 65 % et 10 %. Dans ces zones de production, l'engrais est peu ou pas utilisé (SOFRECO, 1996). Bien que l'utilisation de l'engrais soit essentiellement pour l'obtention de bons rendements à l'hectare, la plupart des riziculteurs soit l'utilise en petite quantité soit ne l'utilise pas. Les riziculteurs n'ont pas le capital nécessaire pour faire face à leurs dépenses d'exploitation. Même en riziculture irriguée comme dans celle de la vallée de Zio, les riziculteurs sont confrontés à ce même problème de crédit en intrant et surtout pénurie d'engrais. Ceci explique d'ailleurs les faibles rendements de riz observés au Togo (1,40 à 2,75 kg/ha). Ainsi, l'une des contraintes majeures à la production rizicole au Togo est la pénurie d'engrais et l'absence de Crédit Agricole (Agbogbli et Tétévi, 2004). L'on comprend alors que les riziculteurs togolais sont indifférents à une augmentation du prix de l'engrais puisqu'ils ne l'utilisent pratiquement pas sinon en petite quantité.

Les élasticités de court terme de l'offre de riz paddy par rapport au prix au producteur et au prix de l'engrais sont présentées dans le tableau 3.3 ci-dessous.

Tableau 5.3 : Élasticité de court et de long terme des variables prix

Élasticité

 

Court terme

Offre/prix au producteur

Offre/prix de l'engrais

-0,19

0,71

Source : Auteur

Les résultats montrent une forte variation de l'offre de riz paddy par rapport à la pluviométrie, l'élasticité étant évaluée à 0,71. Ainsi, une augmentation dans les niveaux de pluies de 1 % induira l'amélioration des rendements de l'ordre de 0,71 %. C'est dire que l'offre de riz au Togo est encore très dépendante de la pluviométrie.

5.6. Conclusion

À la lumière des résultats obtenus ci-dessus, il ressort que : (i) les prix au producteur interviennent très peu dans l'explication de l'offre du riz local au Togo, ceci pourrait être dû à la faible variation de ces prix au producteur ; (ii) le résultat contraire de l'élasticité de l'offre du riz paddy par rapport au prix de l'engrais peut s'expliquer par la très faible utilisation de l'engrais dans la filière riz au Togo ; (ii) l'offre du riz au Togo est très dépendante de la pluviométrie.

Tous ces éléments d'analyse permettent de conclure que les facteurs non prix (facteurs institutionnels, facteurs socio-économiques, etc.) sont plus déterminants que les facteurs prix dans l'offre du riz au Togo. Il convient donc de jouer plus sur les facteurs non prix que les facteurs prix dans l'élaboration des politiques de relance du secteur rizicole au Togo.

CHAPITRE VI :

CONCLUSIONS GÉNÉRALES ET RECOMMENDATIONS

6.1. Conclusion générale

La réalisation de cette étude s'est avérée assez difficile en raison d'une inorganisation de la filière rizicole togolaise et de la non-disponibilité de données désagrégées requises.

Dans le souci d'atteindre les objectifs fixés et au regard des contraintes de cette étude, les données utilisées sont des estimations nationales. Bien entendu, ces données ne tiennent pas compte d'une part des spécificités des ménages et d'autre part des spécificités des zones de production rizicole.

Sous réserve de cet élément, cette étude a abouti à des résultats importants qui permettent de tirer les conclusions ci-après autant sur le plan empirique, méthodologique que politique.

6.1.1 Sur le plan des résultats empiriques

Cette recherche a permis de disposer des élasticités théoriquement et statistiquement significatives qui permettent d'analyser (i) la demande de riz importé et local au Togo (ii) et l'offre du riz local au Togo.

L'analyse de la demande du riz au Togo montre à travers les élasticités calculées à partir des paramètres estimés du modèle à correction d'équilibre de la spécification AIDS montre que les déterminants de la demande de riz importé par les ménages togolais sont différents de ceux du riz local. Cette conclusion est conforme à celle issue des recherches effectuées par Savadogo (1990) au Liberia. Il est également apparu que la demande du riz importé est essentiellement déterminée par le revenu et les prix. Lançon et al (2002) ont abouti à ce même résultat au Nigeria.

L'analyse de l'offre du riz local est basée sur une démarche méthodologique qui tient compte des spécificités des cultures vivrières et revêt la particularité de s'inspirer des spécifications proposées par Nerlove (1958) et du modèle à correction d'équilibre. Elle s'appuie sur les préférences d'ajustement partiel. Malgré les limites liées à la disponibilité et la qualité des données statistiques utilisées dans notre travail, l'estimation des différentes équations a permis d'aboutir à des résultats significatifs.

Il ressort de cette analyse un ajustement modéré de l'offre de paddy au Togo, c'est-à-dire que l'offre réelle est très faible par rapport à celle désirée par les producteurs. L'analyse au niveau des élasticités révèle que la réponse de l'offre du paddy aux variables prix est inélastique. Ce résultat est conforme à celle d'autres études portant sur la modélisation de l'offre dans les pays en développement en général et en particulier en Afrique où bien souvent de nombreux autres facteurs interagissent en priorité sur la production avant que ce ne soit le caractère incitatif des prix (Combe, 1999 ; Koffi-Tessio, 1997). Le résultat de l'estimation à montrer que le riz local au Togo est cultivé pour être autoconsomé et une fois que l'autosuffisance est atteinte au niveau des ménages ruraux, le reste entre sur le marché pour être vendu. C'est ainsi que malgré la baisse du prix réel au producteur durant la période 1980 à 2006, l'offre de riz local a augmenté. L'analyse montre également que l'engrais est très peu utilisé dans la filière rizicole au Togo, cette faible utilisation est due principalement au manque de crédit dans la filière et à la pénurie des stocks d'engrais dans les centres de vente.

6.1.2. Sur le plan de la démarche méthodologique

Cette recherche a permis d'apprécier l'importance des données dans l'analyse des comportements des agents économiques. En effet, ce genre d'analyse nécessite des données hautement désagrégées qui ne sont pas toujours disponibles dans les bases de données formelles. Cette indisponibilité a permis de construire certaines données. Cette construction même si elle est faite sur une base scientifique ; pose un certain nombre de problèmes qui sont de nature à affecter les résultats de cette étude. Ces données peuvent ne pas toujours refléter les comportements des agents économiques. Les périodes d'observations pour l'analyse sont aussi relativement réduites pour l'analyse des comportements des agents économiques avec des données annuelles. Il ne sera donc pas superflu de constater que les résultats économétriques changent significativement lorsqu'une ou deux années sont ajoutées à la série chronologique utilisée.

La modélisation de la demande du riz par l'utilisation de la théorie de maximisation de l'utilité au deuxième stade suppose l'hypothèse de séparabilité faible entre le riz importé ou local et les autres produits consommés. Cette hypothèse est forte parce qu'elle exclut les relations avérées entre le riz importé et le riz local d'une part et entre ces produits, et les autres produits alimentaires d'autre part. Cette exclusion s'avère invraisemblable au regard de l'existence de nombreux produits de substitution et de produits complémentaires au riz importé et au riz local au niveau du consommateur. Ainsi, elle a conduit à calculer les élasticités conditionnelles de la demande du riz. Il est alors clair que les élasticités calculées au premier stade de maximisation seront différentes de celles calculées dans cette étude. Cependant, les élasticités conditionnelles bien que n'étant pas théoriquement appropriées pour réaliser une analyse complète des comportements des consommateurs sont d'une importance empirique certaine (Davis et Jansen, 1994 ; cité par Yankam, 2004). De l'avis de Davis et Jansen (op.cit), la plupart des modèles empiriques d'analyse de politique qui utilisent les élasticités conditionnelles sont régulièrement validés et sont donc utilisés pour les prévisions d'impact de politiques.

6.1.3. Sur le plan des politiques agricoles et commerciales

Les résultats obtenus à travers le modèle AIDS montrent que la réponse de la demande du riz importé est différente de celle de la demande du riz local par rapport aux attributs du marché (prix, revenu). De plus, il s'est avéré qu'une augmentation du prix du riz importé diminuerait globalement sa demande alors que la demande du riz local augmenterait. Aussi les résultats montrent-ils que la demande du riz importé est fortement sensible à son propre prix. Par conséquent, le prix du riz importé pourrait jouer un rôle de protection intérieur du marché du riz au Togo ; dans ce sens qu'une augmentation de son prix par la mise en place de mesure tarifaire contribuerait à l'augmentation de la compétitivité du riz local sur le marché. Cependant, cette Compétivité ne saurait se renforcer si la filière riz au Togo est bien organisée avec un apport effectif d'assistance technique et financière aux producteurs dans le but d'améliorer à terme la qualité du riz qui sera produit.

Les résultats de la modélisation de l'offre du riz à également montrer que l'engrais est faiblement utilisé dans la filière riz au Togo. Ceci est expliqué par l'environnement dans lequel évolue cette filière. En effet, la filière riz est inorganisée et ne reçoit pratiquement pas de soutien de la part des décideurs politiques. Ainsi, les riziculteurs n'ayant pas accès au crédit sont pour la plus part dans l'incapacité de financer leur dépense d'exploitation du moins pour se procurer suffisamment d'engrais. De plus, les producteurs font face à des pénuries fréquentes d'engrais surtout en début de campagne rizicole. Tous ces manques sont des handicaps certains qui limitent les objectifs de production des riziculteurs.

6.2. Recommandations

À la lumière de ce qui précède, plusieurs recommandations sont formulées tant sur le plan empirique que sur le plan méthodologique et de politiques.

6.2.1. Sur le plan technique et empirique

Il est opportun de créer une banque de données décentralisées mensuelles fiables et spécifiques à chacune des zones agroécologiques. Cette banque de données, devrait comprendre pour :

- Chaque variété de riz local et chaque produit concurrent et substitut, les données sur les quantités produites, les superficies utilisées, les prix aux producteurs, les quantités et prix des facteurs de production utilisés ainsi que les prix du marché correspondants.

- Chaque type de riz importé, les sources d'approvisionnement, les prix CAF respectifs, les taxes à l'importation, les prix du marché correspondants.

L'ADRAO pourra appuyer la DSID à atteindre cet objectif aux bénéfices de tous les acteurs.

6.2.2. Sur le plan de la démarche méthodologique

- Estimer la demande du riz au Togo au premier stade de maximisation de l'utilité tout en intégrant des variables sociodémographiques dans le modèle d'analyse.

- Poursuivre l'analyse de l'offre du riz local au Togo en utilisant d'autres modèles économétriques tout en intégrant d'autres variables non prix qui pourrait permettre d'expliquer l'offre du riz au Togo. Cette analyse doit tenir compte des différentes zones écologiques de production.

6.2.3 Sur le plan des politiques agricoles

- Organiser la filière du riz au Togo. Cette organisation devra permettre de définir des cadres d'appui technique et financier aux producteurs ;

- Renforcer l'offre de services agricoles (conseil agricole et recherche agricole) et faciliter leur accès aux paysans ;

- Mettre en place de politique et mesures de soutien bien adaptées visant la valorisation du potentiel rizicole existant et garantissant l'accroissement durable de la production et de l'approvisionnement des populations ;

- Mettre en place un système de crédit permettant aux riziculteurs de financer leur dépense d'exploitation ;

- Améliorer et valoriser la qualité du riz local.

BIBLIOGRAPHIE

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ANNEXE : Présentation des données

A. Données de base ayant servi à l'estimation avec des prix nominaux

Années

Superficie de riz (ha)

Production de riz (ha)

Prix de l'engrais (FCFA/kg)

Prix au producteur (FCFA/kg)

Pluviométrie (Hauteur d'eau en mm)

Dévaluation

Prix du riz local (FCFA/kg)

Prix du riz importé (FCFA/kg)

Indice des prix

Quantité de riz importé (tonnes)

1980

18000

15000

15

62

1265

0

-

175

0,63

-

1981

18000

15000

35

87

1132

0

-

226

0,74

-

1982

28000

16000

35

99

1245

0

-

196

0,81

-

1983

22000

10000

40

110

1325

0

-

201

0,87

-

1984

21000

18000

50

97

1235

0

-

226

0,94

-

1985

22000

15185

50

101

1014

0

-

228

0,91

-

1986

17000

19805

65

90

1154

0

214

217

0,89

14924

1987

16000

23195

65

73

1124

0

225

217

0,92

23407

1988

25000

28682

65

100

1265

0

220

210

0,92

29965

1989

20000

27700

65

80

1364

0

215

224

0,91

375315

1990

19900

25149

65

68

1089

0

230

227

0,92

26816

1991

24155

39800

65

67

1321

0

263

205

0,93

25736

1992

13650

25300

65

93

1024

0

265

210

1,01

24094

1993

28200

34040

65

66

1164

0

285

290

1

30220

1994

52725

50100

100

99

1222

1

326

320

0,99

17750

1995

41919

51200

130

116

1288

1

357

350

0,99

12001

1996

57442

76500

155

147

1227

1

405

336

1

37247

1997

31678

86000

155

140

1235

1

407

325

1,05

36778

1998

45941

87200

155

150

1245

1

325

407

1,06

47872

1999

 

81100

155

136

1422

1

326

373

1,06

64175

2000

32413

62307

155

118

1072

1

326

389

1,08

36273

2001

32110

63694

155

134

993

1

266

353

1,13

57054

2002

32014

69243

155

131

1172

1

272

346

1,14

64613

2003

28614

62048

155

128

1371

1

268

341

1,2

47817

2004

32276

82000

155

133

1172

1

272

345

1,15

58702

2005

32983

72860

155

134

1072

1

277

339

1,23

80533

2006

 

76500

240

140

1121

1

278

337

1,26

104191

Source : Etablis par l'auteur à partir des données de la DSID, de la DGSCN, de la BCEAO

B. Production rizicole en tonne du Togo suivant les cinq régions économiques

Années

Maritime

Plateaux

Centrale

Kara

Savanes

Togo

1990

0

7206

9090

4323

4530

25149

1991

1100

13827

5592

4783

14626

39928

1992

1000

3061

12533

3112

5559

25265

1993

1100

8547

4608

4852

14933

34040

1994

2000

8356

9542

7276

22926

50100

1995

2360

9541

7540

8110

23649

51200

1996

1859

20987

29589

4737

19328

76500

1997

61

26833

25104

11193

23009

86200

1998

343

32841

28089

7265

18162

86700

1999

288

27512

29783

5230

17363

80176

2000

802

10442

30522

3583

16958

62307

2001

925

10376

27367

5773

19253

63694

2002

4554

11529

32089

7600

13470

69242

2003

1824

10316

29143

6114

14652

62049

2004

3083

17340

28893

3992

15209

68517

2005

1508

20811

30153

5004

15384

72860

2006

1292

19765

31634

5235

18358

76284

2007

1582

19581

30270

4928

24059

80420

Source : DSID

* 1 La production locale n'arrivant plus à répondre à la demande alimentaire dans les villes africaines

* 2 Ces estimations concernent les pays de la CEDEAO.

* 3 Le riz n'intervient qu'entre 4 et 5 % des échanges sur le marché international (Barris et al, 2005)

* 4 Intervention, de l'OSAT sous forme de crédit aux riziculteurs, de l'ICAT sous forme de conseil

* 5 Au Togo les paysans sont plus pauvres au Nord qu'au Sud, il en est d'ailleurs de même pour toute la population

* 6 Les rendements de riz sont passés de 1.4t/ha en 1996 à 2.75t/ha en 2003.

* 7 Consommation apparente=Production + Importation - (Réexportation + Exportions).

* 8 Les chiffres réels sont nettement en dessus de celle présentée ici et fournie par la DGSCN

* 9 Tant recherché par les gouvernements à travers les importations massives

* 10 La budgétisation par étapes consiste simplement à allouer la totalité du budget du consommateur en deux étapes : lors de la première, le consommateur décide d'allouer une partie de son budget à un groupe de bien ; à la deuxième étape, il décide répartir ce budget aux biens appartenant au groupe.






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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon