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La place de l'éducateur dans la relation parent - enfant

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par Aurélia Véquaud
IEPSCF Tournai - Educatrice Spécialisée 2007
  

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LES OUTILS DE L'ÉDUCATEUR SPÉCIALISÉ :

Après avoir rappelé brièvement ce qu'est un éducateur spécialisé, parlons maintenant de ses outils. Avec quoi travaille un éducateur ? Nous venons de voir qu'il oeuvre beaucoup avec sa personnalité, son savoir-être et son savoir-faire. Mais notre action se fait aussi beaucoup à l'aide d'outils permettant de privilégier la relation éducative.

Ces outils sont entre autres, le cadre ; très important quand on vit en communauté, nous avons tous besoin de limites, les enfants comme les adultes. Mettre un cadre à la relation éducative permet de savoir où l'on va et de rassurer l'enfant aussi.

L'autorité fait aussi partie des outils de l'éducateur. En effet, nous devons faire autorité sur les jeunes, dans le sens où nous avons une mission auprès d'eux, et que nous sommes là pour les aider à respecter la loi.

La relation éducative est un grand mot dans le travail de l'éducateur spécialisé. Je pense que l'on ne peut voir l'un sans l'autre. La relation est le fait de créer un lien avec quelqu'un. Et ce lien est primordial pour être en relation avec l'enfant et augmente les chances d'un bon accompagnement

Je parlerai également du pouvoir de décision, car il me semble important de rappeler que nous avons un pouvoir de décision sur les enfants du fait de leur placement, mais les parents ont aussi leur pouvoir de décision sur leurs enfants. Et c'est là que devient important le fait que chacun ait sa place. Sur certains points c'est nous qui décidons, sur d'autres, c'est aux parents de décider. Il faut que ce soit clair dans la pensée de tout le monde, et que nous agissons tous pour le bien-être de l'enfant. Il y a déjà une démarche de collaboration entre éducateur et parent.

L'éducateur ne travaille jamais seul, il y a toujours une équipe avec lui. Une équipe doit pouvoir être sur la même longueur d'onde concernant l'accompagnement des enfants. L'équipe est un appui pour chaque éducateur, en effet, on y trouve des réponses à nos questions, un soutien, une ambiance. Mais c'est aussi un support pour les enfants qui sentent qu'il y à toute une équipe derrière eux qui les soutiennent. Il ne faut pas oublier que parfois, l'échange passe mal entre deux personnes, dans ce cas-ci, l'enfant a la possibilité d'aller voir un autre éducateur avec qui le rapport passe mieux. Il en est de même pour l'éducateur.

Et enfin l'implication fait pour moi partie des outils, car un éducateur doit savoir s'impliquer dans son travail, mettre ses propres problèmes de côté et être entier, être vrai avec l'enfant. Cette qualité conditionne l'échange, la confiance avec l'autre.

Tous ces points me semblent donc nécessaires dans le travail de l'éducateur spécialisé pour la prise en charge d'un enfant. Il me parait donc essentiel de les développer dans ce travail de fin d'étude afin de comprendre comment et avec quoi l'éducateur met en place son accompagnement.

a) Le cadre éducatif

Il est vrai que le cadre est important pour un enfant. Cela permet de lui donner des repères sécurisants, de pouvoir s'appuyer sur quelque chose de stable, de se construire.

Nous avons tous un cadre autour de nous, des règles à respecter à la maison, au club de sport, au travail. L'exemple premier est le règlement intérieur, qui nous dit ce qui est permis et ce qui est interdit. Ça nous permet de voir où l'on va. On sait ce que l'on peut faire, mais on sait aussi ce que l'on ne peut pas faire, ça a un côté rassurant. Pour l'enfant c'est pareil. Quand il arrive dans une institution, il y a un règlement à respecter. Et nous, éducateurs, sommes là pour lui apprendre à respecter et à accepter ce cadre.

Cependant, quand un enfant arrive à l'institution, il enfreindra forcément le règlement, et c'est normal.

1) Il n'est pas au courant de ce qu'il peut ou ne peut pas faire.

2) Il vient d'être séparé de sa famille, et il ne comprend pas toujours la raison du placement. Il s'exprime à sa manière.

Tout cela pour dire qu'il faut lui laisser le temps d'arriver, de prendre ses marques dans l'institution, avec les autres enfants et avec l'équipe éducative.

Quand Kévin est arrivé au foyer, il avait la mauvaise habitude de grimper sur les fauteuils. A la maison il avait le droit, c'est donc une habitude pour lui et ça lui paraissait normal puisque tout le monde le faisait à la maison.

Au foyer, je lui dis gentiment que dans un fauteuil on s'assoit correctement afin de laisser de la place pour les autres enfants. Malgré mes remarques, Kévin continue. Je lui répète alors plusieurs fois et lui explique qu'ici c'est interdit. A la maison il fait comme il veut, mais ici, on se tient correctement dans un fauteuil, ça fait partie du règlement de bonne conduite.

Je suis donc en train de poser un cadre, mais je le fais en douceur. Je me mets à la place de l'enfant qui du jour au lendemain doit intégrer de nouvelles règles de vie. Il vient d'être séparé de sa famille, il se retrouve seul, dans une maison qu'il ne connaît pas, avec des personnes qu'il ne connaît pas. Je pense qu'il faut lui laisser le temps de prendre ses marques. Kévin doit apprendre à nous connaître, à nous accepter avant de respecter certaines règles

Ce ne sera que dans un deuxième temps et après avertissement, que la punition tombera. S'il continue à ignorer les remarques. Après lui avoir répété plusieurs fois, après lui avoir expliqué, après qu'il se soit imprégné de l'ambiance, des enfants, de l'institution, je l'enverrai s'asseoir sur une chaise le temps qu'il comprenne et qu'il accepte de se tenir correctement sur un fauteuil. Si on ne veut pas perturber l'enfant encore plus, il faut que ces changements se fassent petit à petit. Cependant, il y a parfois des règles de vie qui se mettent en place naturellement, comme l'heure du coucher, l`heure des repas.

Une rencontre entre un éducateur et un éduqué ne peut avoir lieu que s'il y a un cadre qui est posé. La relation éducative intervient dans un cadre institutionnel. Le cadre tient une place importante dans le travail éducatif, c'est une des fonctions de l'éducateur d'être garant de ce cadre. Celui-ci est avant tout un repère sécurisant, et la base d'un chemin vers la socialisation, le respect de soi et des autres.

On peut difficilement parler de la notion de cadre sans parler de la notion de l'autorité.

b) La question de l'autorité

Qui dit autorité, ne dit pas forcément puissance, pouvoir. En effet, ce n'est pas parce que j'exerce mon autorité sur quelqu'un que je vais lui crier dessus. Nous pouvons passer notre temps à hurler sur un enfant sans pour autant qu'il nous obéisse.

Nous sommes tous porteur de l'autorité, car nous avons tous quelqu'un au dessus de nous qui fait autorité. La Société fait autorité sur les institutions ; qui font elles mêmes autorité sur les éducateurs ; qui faisons autorité sur les jeunes. En tant que professionnel, nous devons garantir la loi et donc faire autorité.

La dernière fois j'écoutais une émission de radio pour jeunes, un auditeur a appelé la radio pour parler de son problème. La personne en question fumait régulièrement des joints et voulait en parler. Les animateurs de la radio recevaient pour l'occasion un toxicologue. En tant que professionnel, le toxicologue à rappelé à l'auditeur que la consommation de produit illicite était interdite par la loi et que le consommateur pouvait être poursuivi par la justice. Une fois le rappel à la loi fait, l'auditeur a pu poser ses questions et parler de sa dépendance.

Il a su établir une bonne relation avec son interlocuteur, qui de ce fait a pu se confier, s'exprimer, trouver de l'aide. Il a établi une relation de confiance. Il a appliqué son autorité en passant par le dialogue.

Autrement dit, nous ne pouvons pas interdire à un jeune de fumer un joint, nous n'en avons pas les moyens. Mais nous pouvons lui dire que c'est interdit et dangereux.

L'autorité doit passer par la relation. Si les personnes ne sont pas en relation, elles ne pourront pas exercer leur autorité. On ne fait pas autorité sur soi-même (ou alors c'est notre propre conscience).

Maxence, 9 ans, et son frère Jérôme, 7 ans, sont placés depuis peu. Une des raisons de leur placement est la déscolarisation des deux garçons qui passent leurs journées dans la rue (vols, dégradations...). Notre principale mission est de les renvoyer à l'école dès le lendemain de leur arrivée. C'est un geste autoritaire, mais il n'y a pas lieu de discuter. C'est la loi qui le dit ! Selon l'article 26.1 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme3(*) : « Toute personne a droit à l'éducation. L'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire et fondamental. L'enseignement élémentaire est obligatoire. L'enseignement technique et professionnel doit être généralisé ; l'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite ». Et les deux garçons le comprennent.

Pourtant retourner à l'école est difficile pour Maxence. Devoir se conformer à un règlement, devoir se concentrer, travailler, étudier ne lui est pas facile.

A côté de cela, nous devrions faire autorité pour leur apprendre à se tenir correctement à table, et à manger proprement. Pour éviter d'être en conflit permanent avec eux, et comme nous donnons plus d'importance au suivi scolaire, nous sommes plus laxistes sur les questions de bonne tenue.

Tout ça pour dire, qu'il y a des priorités, on intervient moins si c'est moins important.

c) La relation éducative

Au coeur de l'action éducative, il y a la relation, l'échange entre personnes qui permet de mettre en place le travail, de créer du lien, de se construire, de transmettre certaines normes et valeurs.

Les éducateurs s'investissent dans une relation avec une personne qu'ils ont en charge, à travers les petites choses du quotidien. Je pense que la relation éducative doit être un véritable outil pour les professionnels et un facteur de structuration pour les personnes en difficulté qui leur sont confiées. Pour pouvoir aider au mieux la personne, la relation éducative doit s'inscrire dans un projet mis en place en accord avec l'équipe éducative et l'instance de placement.

Dans la relation, l'éducateur n'est pas neutre. Il met en jeu sa personne, sa personnalité, ses sentiments, ses goûts, ses opinions, ses représentations de lui-même et des autres.

L'action éducative est une réelle relation. Elle est basée sur des échanges. C'est entendre, écouter l'autre, se mettre à sa disposition afin qu'il s'exprime, se confie. L'éducateur est là pour l'aider à se comprendre et à comprendre ce qui l'entoure. Selon moi la relation est basée sur le respect de l'autre, la vision de celui-ci en tant que sujet à part entière, et acteur de son devenir. La relation est basée sur l'acceptation de la personne avec ses richesses mais aussi avec ses limites. On prend alors en considération ce qu'il est capable de faire et c'est à partir de cela qu'on parviendra à travailler les points faibles de la personne. L'écoute est primordiale dans une relation. Il faut être à l'écoute des mots mais aussi des gestes, des attitudes et des silences. L'écoute permet à la personne de se sentir compris, reconnu et digne d'intérêt.

La relation nécessite une attitude empathique, c'est-à-dire une capacité à s'identifier à autrui par l'émotivité, mais en faisant toutefois attention à ne pas tomber dans la pitié. Il est donc indispensable, pour celui avec qui on est en relation autant que pour soi, de garder une certaine distance. La relation est partout et tout le temps, et l'éducateur reste à l'écoute, dans tous les temps du quotidien.

Il est parfois difficile lorsque l'on est dans l'action de réagir de manière raisonnée ou distanciée. Je pense qu'il est alors indispensable de revenir sur ce qui s'est passé, d'y réfléchir, de l'analyser, puis d'en parler avec la ou les personnes concernées. On revient sur l'évènement, d'abord sur ce qui s'est passé, ce qui l'a déclenché. Puis on se centre sur l'autre, sur sa réaction, ses sentiments supposés, ce que notre attitude aura pu signifier. Et enfin on se questionne sur soi, sur ce qui nous a poussé à agir de telle ou telle façon, sur ce que cela a impliqué pour nous. Il faut comprendre l'autre sans pour autant accepter ses dérives.

Voilà la manière dont je vois la relation éducative, et dont je souhaiterais la mettre en place.

Je pense que toute intervention éducative est vouée à un échec retentissant si l'adulte, dans une sorte de poussée instinctive généreuse, veut combler par une affection débordante le vide qu'il perçoit en l'enfant. Je ne pense pas qu'on aide un jeune carencé en le maternant tout le temps grâce à des contacts physiques, des caresses ou des marques exclusives d'attention. Il faut accompagner l'enfant tout en sachant maintenir une certaine forme de distance sur le plan des échanges affectifs. L'éducateur doit être disponible, présent, à l'écoute des demandes du jeune. L'éducateur n'est ni le père, ni la mère. Il doit leur laisser leur place.

En tant qu'éducateur, nous avons souvent le désir de combler ce vide, face aux manques de l'enfant. Inconsciemment, nous voulons représenter un idéal maternel, et c'est par ce biais que la relation éducative est vouée à l'échec. En effet, nous sommes des professionnels en charge de l'enfant, nous pouvons l'aimer, le câliner, mais ce n'est pas notre amour qu'il recherche, c'est celui de ses parents. Il serait dangereux de s'approprier l'enfant, car en tant que professionnel, nous sommes de passage dans sa vie. Notre travail est d'aider le jeune à vivre avec ce manque.

d) Le pouvoir de décision

L'éducateur ne peut agir sans l'avis des parents, car ils ont toujours l'autorité parentale sur leur enfant dans la plupart des cas.

Ne serait-ce que pour une bonne coopération famille / éducateurs, il est important je pense que toute décision doit être prise en accord avec la famille. Les parents ne doivent pas se sentir mis de côté concernant la vie de leur enfant, par exemple pour les réunions scolaires parents / professeurs, pour les fêtes de l'école...

Angélique est une fille de 9 ans placée à l'institution. L'école n'étant pas très loin, nous la laissons s'y rendre seule. Un matin l'école nous appelle pour nous avertir qu'Angélique est en pleurs. Une voiture l'aurait suivie jusque l'école. Nous décidons de la laisser à l'école pour la journée et d'aller la chercher le soir en voiture. En rentrant de l'école, elle nous demande de téléphoner à sa maman et lui raconte alors l'épisode de la voiture. Cette dernière demande à nous parler et nous fait comprendre qu'elle s'oppose formellement à ce que sa fille aille seule à l'école.

L'équipe éducative explique à la maman que cela nous pose un problème d'organisation pour aller conduire tous les enfants à 8h30 dans trois écoles différentes. Angélique étant une fille débrouillarde, qui plus est de 9 ans, notre objectif était de la responsabiliser. Cependant la mère reste sur sa position et refuse.

Lors de la réunion hebdomadaire, nous en discutons avec le directeur de l'établissement. Il en ressort que la maman a l'autorité parentale et que de ce fait, nous devons nous plier à sa demande.

Nous expliquons à Angélique que dorénavant un éducateur ira la conduire tout les jours à l'école, ce qui l'arrange plutôt. Deux jours plus tard, en fin de journée, Angélique nous demande si elle peut aller à la boulangerie du coin pour acheter des bonbons. Etant donné que sa maman ne veut pas que sa fille promène seule dans les rues, nous lui disons que ce n'est pas possible car nous n'avons pas le temps de l'accompagner. Nous devons surveiller les devoirs des plus grands, préparer le repas, donner les bains aux plus petits...et lui disons donc que si elle veut des bonbons, elle attendra le week-end pour que nous puissions l'accompagner.

Cet exemple montre bien que les parents ont encore leur mot à dire. Ce qui je pense est important pour l'enfant, pour les parents et pour la bonne relation entre les éducateurs et les parents. Cela permet à l'enfant de garder certains repères et de savoir que l'autorité parentale est toujours exercée par ses parents.

Cependant, il ne faut pas oublier que les enfants sont placés pour une raison bien particulière. Le placement a pour but de faire une coupure entre l'enfant et ses parents. Nous ne pouvons donc pas laisser intervenir les parents en permanence, surtout lorsqu'il s'agit de problèmes internes à l'établissement.

En revanche, l'accord des parents est obligatoire pour certaines décisions (classe verte, colonie de vacances, choix de la religion à l'école, autorisation d'opérer, changement d'école...) Cela dit, si les parents refusent que leur enfant parte en colonie par exemple, et que nous leur prouvons que c'est pour le bien-être de l'enfant, c'est alors le Juge qui tranchera, et sans l'avis des parents.

Cependant, tout dépend du type de placement de l'enfant. Il faut savoir que si l'enfant a été placé par le SAJ (Service d'Aide à la Jeunesse), dans ce cas-ci, nous travaillons au maximum avec les parents. A l'inverse, si l'enfant a été placé par le SPJ (Service de Protection de la Jeunesse), là l'accord des parents ne se fait pas forcément.

Antoine est un garçon de 8 ans placé au foyer avec sa grande soeur de 11 ans, Nadège. Antoine est un garçon têtu et assez provocateur. Il est censé porter des lunettes, mais ne veut jamais les mettre, fait exprès de les oublier chez les parents, à l'école. Après de multiples explications sur l'importance de devoir porter des lunettes, il rentre de l'école en nous disant qu'il a encore perdu ses lunettes. Nous lui disons que nous sommes fâchés parce qu'il en a besoin, et qu'il devrait se responsabiliser un peu plus. Nous lui demandons de monter dans sa chambre, il est 16h.

Lors du retour du week-end que les enfants ont passé chez eux, le père n'est pas content, il nous dit que nous n'avions pas le droit de punir son fils parce qu'il a perdu ses lunettes, et de le monter dans sa chambre à 16h. Le papa est furieux. Nous lui expliquons que ce n'est pas le fait d'avoir perdu ses lunettes, mais plutôt le comportement d'Antoine que nous voulons reprendre.

Ce problème est interne au foyer et les parents n'ont pas à intervenir. Les éducateurs ont un pouvoir de décision et ne doivent pas toujours faire appel aux parents. Les décisions prises concernant un enfant se discutent souvent lors de réunions avec l'équipe pluridisciplinaire. Car il ne faut pas oublier qu'un éducateur ne travaille jamais seul, mais avec une équipe. Que fait-on lorsque des collègues ne sont pas d'accord sur une décision concernant un enfant ?

e) Le travail d'équipe

Comme je viens de le dire, l'éducateur travaille avec une équipe. Cette équipe peut-être constituée de psychologues, d'animateurs, de médecins, d'assistantes sociale, d'enseignants spécialisés...ou uniquement d'éducateurs spécialisés. Mais c'est toujours avec une équipe pluridisciplinaire que l'éducateur met en place, pour chaque enfant, un projet éducatif ou professionnel, selon le lieu d'exercice. Lors de réunion, l'équipe en profite pour discuter d'éventuels problèmes et prendre une décision. Mais parfois, il arrive que l'équipe ne soit pas d'accord. Alors elle peut se donner un temps de réflexion plus long et décider à la majorité. Rappelons que les décisions doivent être prises pour le bien de l'enfant.

Article 3.1 « Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu'elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération primordiale. »4(*)

Lors de leur placement, une assistante sociale accompagne deux enfants de religion musulmane : Nasser et Nacira. Elle précise à l'équipe qu'ils ne mangent pas de porc. Une éducatrice de l'équipe, Nicole, déstabilisée par ce changement dans son organisation propose alors au reste de l'équipe de ne pas se soucier de ce régime particulier. Une collègue, Anna, réagit lui signalant que la déontologie l'oblige à respecter le choix des parents.

Nicole indique à l'équipe que les jeunes enfants (7 et 10 ans) ne savent pas différencier le porc des autres viandes et donc ne s'apercevront de rien. Comme l'équipe suit la décision de Nicole, Anna fait intervenir le directeur de l'établissement. Celui-ci fait la lecture du code de déontologie, et rappelle à l'équipe la convention des droits de l'enfant qui stipule que dans l'article 14.1 nous devons tenir compte de la religion de l'enfant.

Je cite : « Les Etats parties respectent le droit de l'enfant à la liberté de pensée, de conscience et de religion5(*)» Autrement dit, nous devons respecter et appliquer leur religion surtout si les parents nous en font la demande. Je pense que c'est aussi une forme de respect de l'autre. Nous ne devons pas profiter de l'ignorance de l'enfant pour lui faire croire n'importe quoi ou lui laisser manger ce que sa religion lui interdit.

Si Anna a fait intervenir le directeur, c'est bien parce que la décision de l'équipe avait été prise à la majorité mais à l'encontre de la déontologie.  Article 3 du code de déontologie «Les intervenants ne peuvent en aucun cas imposer leurs convictions philosophiques, religieuses ou politiques au bénéficiaire de l'aide.»6(*) La déontologie est comme une charte. Elle dirige les droits et les devoirs liés au métier.

f) L'implication

La pratique éducative nécessite une implication forte de la part du personnel éducatif. L'accompagnement d'une personne ne se fait pas en quelques jours. Il faut du temps pour mettre en place un projet individualisé, ne serait-ce que pour apprendre à connaître la personne. Il en va de même pour les enfants, ils doivent apprendre à nous connaître, on s'apprivoise l'un l'autre.

L'accompagnement nécessite à l'éducateur de s'impliquer entièrement, ce qui permet la constitution d'espace où la relation entre l'éducateur et l'éduqué pourra naître.

L'éducateur devient important pour la personne accompagnée, dans ce sens où l'éducateur est le confident du soir et en même temps celui qui fait respecter le cadre, qui pose les interdits et donc suscite les révoltes. Le sujet peut identifier alors l'éducateur comme son parent. Mais je reviendrai sur ce point de pôle identificatoire dans la troisième partie.

Il est nécessaire de mettre en place un climat de sécurité, qui pose des limites à ne pas dépasser. La personne sait que l'éducateur est là, nous sommes une garantie. Le cadre est très important car il permet au jeune de se sentir contenu, il se construit à travers les limites qu'on lui pose.

En effet, l'éducateur est avant tout là pour accompagner les personnes avec lesquelles il travaille. Il ne faut pas perdre de vue le fait que notre but premier est de disparaître de la vie de ces personnes, en les accompagnant vers une meilleure autonomie et une insertion dans la société.

* 3 www.un.org Déclaration Universelle des Droits de l'Homme

* 4 Convention relative aux droits de l'enfant.

* 5 Convention relative aux droits de l'enfant.

* 6 Code de déontologie

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand