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La place de l'éducateur dans la relation parent - enfant

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par Aurélia Véquaud
IEPSCF Tournai - Educatrice Spécialisée 2007
  

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L'ENFANT ET LE PÈRE

Qu'entendons-nous par le mot père. Nous allons voir qu'il peut-être vu de différentes manières.

Cependant je pense que le statut de père ne tient pas en une définition mais bien dans la façon dont ce dernier prend son rôle, que ce soit dans une famille traditionnelle, recomposée ou monoparentale.

On pourrait d'abord définir plus précisément «  qui est le père » ? Pour cela, voyons quelques chiffres. En effet, selon Henri Leridon et Catherine Villeneuve Gokalp,7(*) démographes à l'INED, il y a de plus en plus d'unions libres au détriment du nombre de mariages qui diminuent.

- Le nombre de mariage (en milliers) 269 en 1985, 287 en 1990 et 255 en 1995.

- Le nombre de divorces en milliers : 110,4 en 1985 ; 108,8 en 1990 ; 124 en 1995.

- Naissances hors mariage (pour 100 naissances) : 19,6 en 1985 ; 30,1 en 1990 ; 37,6 en 1995

Ces démographes notent également une forte hausse des divorces. Actuellement, cet effondrement du mariage a une conséquence sur les formes de famille. En effet, le modèle nucléaire c'est-à-dire les parents unis par le mariage et les enfants issus de cette union vivant sous le même toit s'effiloche pour laisser la place aux unions libres et aux enfants naturels c'est-à-dire issus de parents non mariés. Dans les recompositions familiales, le père « géniteur » n'est pas forcément le même homme que le père légal, qui n'est pas forcément non plus le père qui assure l'éducation de l'enfant.

Selon Irène Théry8(*), sociologue et juriste, les enfants peuvent avoir plusieurs pères : des pères légaux et des pères de faits.

Je ne suis pas d'accord avec cela. Pour moi, un enfant n'a qu'un seul père. Les autres sont des substituts. Il existe cependant des modèles familiaux différents :

La famille traditionnelle : également appelée modèle nucléaire. Les parents sont unis par le mariage, les enfants sont issus de cette union et vivent ensemble sous le même toit.

La famille recomposée : se désigne pour les familles dont les parents ont eu des enfants d'une précédente union. Par exemple, Martine, divorcée, a 2 filles. Et Paul, divorcé aussi, a 1 fille et 1 garçon. C'est une famille recomposée, Paul n'est pas le père des filles de Martine, et Martine n'est pas la mère des enfants de Paul. Mais ils vivent ensemble, sous le même toit. Il y a la notion de beau-père ou de belle-mère.

La famille monoparentale : se caractérise par le fait qu'un seul parent vit avec ses enfants. L'autre parent peut soit être décédé(e), soit avoir quitté la maison (divorce).

Benoît, Mathias et Magali sont frères et soeurs. Ils ont été placés par le juge pour violences familiales (lors d'une dispute, la plus jeune à été hospitalisée). Le père est alors emprisonné. La maman se retrouve seule avec ses 8 enfants, il y a eu des carences affectives et alimentaires. Pendant le placement, le père décède.

Les rares week-ends où les enfants rentrent chez eux, la maman leur présente un nouveau compagnon et leur dit : « C'est votre nouveau papa. » Les enfants sont perturbés, ils se sentent perdus et abandonnés par leur mère qui ne leur montre jamais un signe d'amour. Cependant ils acceptent sans difficulté leur nouveau papa, et rentrent au foyer tous joyeux d'avoir un papa !

J'explique alors aux trois enfants que ce n'est pas leur papa. Que leur vrai papa est décédé, et que l'homme qui vit aujourd'hui avec leur maman est son nouveau compagnon, donc leur beau-père. Mais il ne remplace pas leur papa. Même si dorénavant, c'est le chef de famille, et qu'il faudra lui obéir. Mon but est de leur faire comprendre qu'on a un seul papa.

Benoît, Mathias et Magali ont vraiment beaucoup de mal à entendre et à comprendre ce qu'on leur dit, puisque c'est leur maman qui le leur a dit, et qu'ils doivent l'appeler papa. A moi, de leur expliquer que même s'ils l'appellent papa, il ne va pas remplacer le vrai papa dans leurs coeurs.

Nous voyons bien que la définition du père peut être difficile pour un enfant. Dans cette situation, ce qui a perturbé les enfants c'est que les éducateurs n'avaient pas le même discours que la mère concernant leur papa. Pour moi, les enfants devaient garder en mémoire leur papa décédé. Et pour la maman, qui reconstruisait sa vie avec un nouveau compagnon, elle voulait effacer de sa vie l'ex-mari violent et redonner une place de père à ce nouvel ami.

L'enfant n'a qu'un père, et c'est important qu'il le sache. Néanmoins, il y a des enfants qui n'ont pas connu leur vrai père, seulement un substitut de père. Et pour ces enfants là, si on leur pose la question : qui est ton père ? Je suis sûr qu'ils répondront le substitut. Car c'est le seul qu'ils aient connu, même si au fond d'eux-mêmes, ils savent que leur vrai père est décédé dès leur naissance. Ils sont conscients que l'homme qui les a élevés n'est pas leur père géniteur mais ils l'assimilent comme tel. Car c'est lui qui les a aimés, nourris, aidés, soutenus, encouragés... A ce niveau là, il y a les sentiments qui interviennent.

Le substitut peut parfois mieux remplir son rôle de père que le géniteur.

Selon moi, le père ne se définit pas biologiquement ou même légalement. Ce n'est pas un statut que l'on possède mais un rôle que l'on tient, que l'on revendique et que l'on assume auprès de l'enfant. « On devient père avec sa tête tout autant qu'avec son coeur et son corps » Jean Le Camus.9(*)

Le point de vue des professionnels :

A ce sujet, Jean Le Camus, psychologue spécialiste dans le développement de l'enfant dit : « en tant que représentant de la loi et incarnation du lien social, le père aide l'enfant à s'ouvrir au monde des autres, à acquérir le pouvoir de contrôle et le désir d'affirmation positive de soi »10(*).

Selon Donald Winnicott, « Il dépend de la mère que le père en vienne ou non à connaître son bébé »11(*) cela laisse penser que le père doit être introduit auprès de l'enfant par la mère.

Aldo Naouri, lorsqu'il parle du père, insiste sur la place que la mère fait à ce père. « Ce qui fait un père, ce n'est pas le fait qu'il y ait un homme présent à côté de la mère. C'est que cette mère reconnaisse cet homme comme père, c'est-à-dire qu'elle lui accorde le droit de limiter sa toute-puissance maternelle, de jouer son rôle de séparateur. »12(*)

Sur ce point-ci, D. Winnicott et A. Naouri se rejoignent assez, tous deux pensent que c'est la mère qui donne une place au père. Personnellement je pense qu'un père présent physiquement dès le début de la vie de son enfant a déjà son rôle, et ce n'est pas la mère qui lui donne puisqu'il le possède déjà. Même si l'enfant ne s'en apercevra que plus tard puisque nous allons voir que l'enfant et sa mère ne forment qu'une entité surtout dans les premiers mois de la vie de bébé.

LE RÔLE DU PÈRE

L'enfant est un avec sa mère même quand le cordon est coupé. Le rôle du père est capital, c'est l'autre par rapport à la mère. Pour l'enfant, le père représente l'autre, devant lequel il va se situer. Papa, c'est l'autorité, la sécurité, la tendresse aussi.

Le rôle du père dans le foyer est primordial. Il joue le rôle de chef de famille. La relation du père à l'enfant ne commence qu'à la naissance ; avant la naissance, la relation est exclusivement maternelle.

On a longtemps pensé que seule la mère était indispensable au bon développement de l'enfant. On sait maintenant que le rôle du père est loin d'être secondaire... au-delà de la figure d'autorité traditionnelle, il exerce une influence positive sur l'ensemble de la personnalité de l'enfant, et ceci dès son plus jeune âge.

La psychologie du XXe siècle s'est accordée à attribuer essentiellement au père la fonction de représentant de la Loi : c'est lui qui, par le fait de son existence empêche symboliquement la relation fusionnelle mère-nourrisson. Cela permet ainsi à l'enfant de s'ouvrir au monde des autres. Le père incarne et transmet à l'enfant les règles qui lui permettront d'acquérir force de caractère, pouvoir de contrôle, sens moral et désir d'affirmation positive de soi. La figure traditionnelle du père se situe donc du côté de l'autorité et il joue un rôle dans la socialisation.

Un des rôles importants du père est la fonction de séparation. Il est là pour dire à l'enfant que c'est un être à part entière. Il permet à l'enfant de ne pas rester le petit objet de sa mère ; le père vient couper le cordon. Cela permet en même temps de dire à la mère qu'elle n'est pas que mère, mais aussi femme et amante. Le père prend sa place dans la relation.

Un modèle d'identification ?

Il est également établi que le père joue un rôle important dans la construction de l'identité sexuelle de l'enfant. Pour le garçon, il est un modèle d'identification : celui à qui il va chercher à ressembler. Pour la fille, il est une sorte de modèle idéal de l'autre sexe : celui qu'elle cherchera à retrouver après la puberté.

On dit souvent que les femmes recherchent leur père dans leur amant...

Dans cette perspective classique, c'est à la mère d'apporter à l'enfant en bas âge affection et présence active; La fonction qui est attribuée au père est symbolique et sa présence effective n'est pas considérée comme indispensable au tout jeune enfant. Ce qui importe, c'est que le père existe dans la pensée et la parole de la mère, indiquant ainsi au petit qu'il n'est pas l'unique objet de son désir. Mais nous allons voir que ce modèle traditionnel est en train de changer.

Les temps ont changé ?

Le rôle traditionnel accordé au père est lié à une conception schématique et dépassée du couple : à l'homme, le monde extérieur et la fonction économique ; à la femme le foyer et la fonction affective. Il est également lié à un modèle de structure familiale construite pour durer.

Or le couple a évolué. Les femmes ont investi le monde du travail et les pères ont tendance à s'impliquer davantage auprès du jeune enfant, dans les jeux, mais aussi dans la vie quotidienne, les repas, les bains... La structure familiale a éclaté pour faire place à une mosaïque de structures différentes (monoparentale, familles recomposées...). Enfin, la vision des rapports au sein de la famille a changé ! La femme n'accepte plus d'être réduite à la maternité. Les hommes sont de plus en plus enclins à renoncer au principe de la puissance paternelle. Ils sont prêts à se reconnaître sensibles, affectueux envers leurs tout jeunes enfants, sans que cela porte atteinte à leur identité masculine. C'est comme si il y avait une ère du « nouveau père » qui arrive.

Qu'apportent les « nouveaux pères » à leurs enfants ?

Plusieurs études récentes ont été menées sur l'influence de la présence physique et active des pères auprès des tout-petits. Elles ont montré que cette présence les prépare plus efficacement et plus rapidement que ne le ferait la mère à s'aventurer dans le monde extérieur. Ils seraient plus vite à même de se débrouiller tout seul, de se faire reconnaître et accepter dans un groupe d'enfants et d'intégrer les règles de la vie collective.

Par ses taquineries, ses tentatives de déstabilisation, le père incite l'enfant à s'adapter à la nouveauté.

Par sa tendance à encourager l'exploration, il le prépare à affronter l'inconnu.

Par son inclination pour les jeux physiques (chatouilles, luttes simulées...), il contribue à le sensibiliser au respect des règles et de l'adversaire.

En effet, qui n'a jamais joué à se battre avec son propre père ? Personnellement étant enfant, je me souviens que j'adorais jouer à ça avec mon père, j'adorais quand il me chatouillait et que je le suppliais d'arrêter tellement je riais...Je me souviens de ces fameux jeux de bagarre où ma mère s'énervait sur mon père en lui disant « arrête de l'énerver ! » Ses plaisanteries qui font que nous partions bouder dans notre coin pour revenir à la charge cinq minutes plus tard ! Je suis sûre que beaucoup d'enfants ont ce souvenir avec leur papa.

Les pères exercent donc une action dynamisante dès les premières années de la vie de l'enfant, en l'aidant à faire le pont entre l'affirmation de soi dans la famille et l'affirmation de soi à l'extérieur.

Un rôle affectif aussi fort que celui de la mère ?

Un domaine des relations père-enfant que les études n'ont pas encore exploré reste celui de la forme que peut prendre leur attachement affectif, domaine traditionnellement réservé à la mère. Il a toutefois été prouvé (assez récemment) que l'enfant de moins de 1 an était susceptible de s'attacher à plusieurs personnes, et donc à son père. Toutefois, si l'enfant est en situation de détresse, la mère reste la plus à même de le réconforter.

Je pense que cette théorie est valable pour les jeunes enfants. Pour ma part, étant adolescente, j'ai toujours été plus liée à mon père qu'à ma mère. Cependant avec ces « nouveaux pères » qui arrivent, je pense que cette étude admettra une transformation dans les relations père enfant. Le lien qui va se créer entre l'enfant et son père sera tout autre. Car les papas acceptent maintenant de jouer les hommes au foyer, d'aller conduire les enfants à la crèche, de les emmener au club de sport le mercredi, de les aider dans leurs devoirs...La question est de savoir s'ils acceptent cette situation, ou s'ils y sont contraints car maman est au travail ? La mère veut (re)prendre sa place dans le monde du travail. Il y a du changement dans les moeurs, ce qui peut accentuer le lien qui existe entre papa et son fils. Pour illustrer, de plus en plus de pères prennent leurs congés de paternité lors de la naissance de leur enfant.

* 7 Chiffres de l'institut national d'études démographiques

* 8 Irène Théry, couple, filiation et parenté d'aujourd'hui, éd Odile Jacob, 1998

* 9 Jean le Camus, le vrai rôle du père, éd Odile Jacob, 2004, page 155

* 10 Ibid. page41

* 11 Ibid. page 20

* 12 Aldo Naouri, La paternité moderne, in femme actuelle n°6684, 1997

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand