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Analyse pragmatique du témoignage des anciens malades alcooliques sur les forums Internet : Influence et représentations

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par Michel Naudet
Université Paris 8 - Maîtrise de psychologie clinique 2004
  

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Le parcours de l'alcoolique : de la non consommation primaire à la guérison - Courbe de Jellinek

Il convient d'abord de définir ce qu'on peut appeler « guérison » pour un patient alcoolique.

Définition de la guérison dans le cadre de l'alcoolisme

Dans Le Petit Robert, la guérison est définie comme « Suppression, disparition d'un mal physique ou moral ». Une maladie infectieuse banale est dite guérie lorsque tous les agents pathogènes, microbes ou virus ont disparu. En supposant que la pathologie ne laisse pas de séquelles et ne donne lieu à aucune complication majeure, le malade une fois guéri retrouve son état de santé initial. La maladie pourra récidiver si le même agent pathogène réinvestit ultérieurement l'organisme.

Dans le cas qui nous intéresse, l'agent pathogène est bien sûr l'alcool. Il peut « facilement » être supprimé par un comportement d'abstinence totale à son égard. Si l'intoxication n'a pas provoqué de syndrome neurobiologique majeur (ex syndrome de Korsakoff) ou d'hépatopathie irréversible (cirrhose ou fibrose), le « mal physique » pourra être réparé, le plus souvent sans médicaments. En cas de récidive, c'est-à-dire de réalcoolisation, le mal physique se réinstallera.

De nos jours, il existe un large consensus pour affirmer que l'alcoolodépendance est une maladie et que le patient qui en souffre n'est pas coupable de son comportement compulsif de boisson, pas plus qu'il ne le serait d'attraper la grippe. Mais ici se situe la différence fondamentale entre une pathologie somatique courante et la maladie alcoolique : la personne victime d'une épidémie de grippe n'est pas responsable de sa maladie, le microbe a investi son organisme à son insu. L'alcoolique, par contre, est toujours responsable car c'est lui, et personne d'autre, qui ingère l'agent pathogène, à savoir l'alcool.

La guérison d'un malade alcoolique ne pourra donc pas être déduite du simple fait qu'il est devenu abstinent. L'abstinence n'est qu'un moyen de guérir, comparable aux antibiotiques dans une maladie bactérienne. Si la comparaison avec une maladie infectieuse était valide, un alcoolodépendant guéri devrait retrouver l'état de santé (physique et moral) qu'il avait avant le début de son alcoolisation et, en cas de récidive (réalcoolisation), son parcours vers la dépendance devrait être le même qu'initialement. Or, tous les témoignages montrent qu'une rechute après une période abstinence même très longue est foudroyante et que le niveau de dépendance précédent est vite atteint et très souvent dépassé.

C'est pour cette raison logique que, sans pour autant entrer dans les nombreux débats autour de ce sujet, nous n'utiliserons pas dans le cas de l'alcoolique dépendant le mot « guérison » dans son sens médical courant. Ici, le terme « guérir » aura une connotation avant tout comportementale et cognitive : le patient alcoolodépendant guéri est celui qui maintient de façon durable et qu'il pense définitive un comportement d'abstinence totale envers toute boisson alcoolisée. Cela implique aussi de maintenir cette abstinence sans souffrance et sans lutte de tous les instants, d'avoir admis sans réserve que la vie sans alcool était possible.

Dans notre corpus de témoignages, nous verrons que certains alcooliques parviennent après abstinence à reconsommer de l'alcool avec modération15(*) sans rechuter, même après une longue période. On parlera également dans ce cas de guérison, mais ce n'est pas ce critère que nous retiendrons ici pour qualifier cette dernière, le nombre de cas observés étant statistiquement non significatif. D'autre part, la majorité des malades parvenus à maintenir une abstinence durable connaissent les risques encourus en cas de réalcoolisation même ponctuelle et ne souhaitent pas vérifier leur capacité à redevenir tempérants.

* 15 Témoignage d'Albert

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