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Les étudiants africains en France

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par Aline Mandrilly
Universoité Bordeaux III - DUT Gestion du Developpement et de l'Action Humanitaire 2007
  

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CONCLUSIONA

La période de la colonisation a véhiculé un certain « rêve français » qui pousse, depuis plusieurs décennies, les étudiants africains (mais aussi les travailleurs), à choisir la France comme destination privilégiée. Malgré les politiques peu accueillantes à leur égard et les conditions de vie souvent difficiles, la France reste un pôle attractif pour les étudiants africains, désireux de poursuivre des études supérieures. « Le contrôle des études des colonisés en voie d'émancipation passait pour une garantie future de loyauté envers l'ancienne puissance coloniale. En faisant venir des étudiants en France, des réseaux technologiques se constituaient et un savoir se perpétuait : la continuité politique serait ainsi assurée et les élites gouvernementales conciliées82(*) ». Aujourd'hui, le même processus est à l'oeuvre, alors que se met petit à petit en place la nouvelle Loi CESEDA, prônant une « immigration choisie », et non une « immigration subie ». Les meilleurs - les cerveaux, comme ils sont appelés - sont les bienvenus en France, et toutes les facilités leurs sont offertes. Cependant, ils ne représentent qu'une infime partie des étudiants africains en France. Le reste, « les autres », continuent, et continueront, de venir par leurs propres moyens, sans qu'aucune réelle politique d'accueil et de suivi, de la part des institutions et des universités, ne soit mise en place.

Après analyse des résultats recueillis d'après mes lectures et les entretiens réalisés, je suis en mesure de répondre aux hypothèses posées précédemment.

La première hypothèse (La politique d'immigration choisie du gouvernement français, qui sélectionne les meilleurs étudiants étrangers, ne paraît pas se préoccuper de la situation des étudiants « individuels ») ne peut être validée totalement, puisqu'à travers mes recherches et lectures, je me suis rendu compte que le gouvernement français commandait des rapports à différents ministères pour connaître les conditions de vie des étudiants étrangers en France, en vue d'une amélioration de leur situation. Malgré une certaine prise en compte de la réalité des difficultés qu'ils rencontrent, les solutions proposées sont loin d'être le fruit d'une réelle réflexion profonde sur les tenants et les aboutissants de cette problématique. Les aspects politiques sous-jacents ne sont, bien entendu, jamais abordés. De plus, ces rapports existent depuis au moins dix ans, mais il ne semble pas qu'il y ait eu d'amélioration majeure de la situation des étudiants étrangers depuis. L'application concrète mise en oeuvre, après explication de la situation et propositions, n'apparaît pas très efficace jusqu'à maintenant. Peut-être est-ce maintenant aux universités elles-mêmes d'agir localement pour un meilleur accueil et suivi de leurs étudiants étrangers, pour tenter de dépasser cette politisation de l'éducation universitaire.

En ce qui concerne la deuxième hypothèse (Le difficile parcours des étudiants africains « individuels » en France résulterait de l'absence d'un réel accueil et suivi de la part des universités envers cette population spécifique : l'exemple de Bordeaux), ma réponse est tout aussi nuancée, puisqu'à Bordeaux, le Pôle Universitaire a fait de sérieux efforts pour l'accueil des étudiants étrangers, en mettant notamment en place un dispositif pour faciliter les démarches administratives des étudiants étrangers (Cellule Carte de Séjour, Espace Rentrée Etudiants), mais aussi pour les « accueillir » à Bordeaux, en organisant une journée de visite de la ville (Journée « Bordeaux accueille ses Etudiants »). Malheureusement, derrière les beaux titres réservés à ces dispositifs, il faut bien comprendre que leur contenu et leur forme ne sont pas toujours pensés au mieux, et qu'il reste de nombreuses lacunes à combler, avant de pouvoir se vanter d'être une « ville universitaire internationale ». En effet, rien n'est prévu pour faciliter l'accès au logement ou l'inscription des étudiants étrangers, ni pour un suivi pendant leur séjour, qu'il soit pédagogique, psychologique ou social. Là encore, il ne s'agit pas seulement de tirer des conclusions alarmantes sur les conditions de vie des étudiants étrangers à Bordeaux, et de proposer quelques dispositifs d'aide, mais il est nécessaire d'en finir définitivement avec les différences de traitement qui peuvent exister entre étudiants français et étudiants étrangers. L'égalité des droits entre tous les étudiants doit prévaloir : chaque étudiant, quelle que soit sa nationalité, doit pouvoir étudier en France dans des conditions satisfaisantes avec le même accès aux informations, au travail, aux aides sociales, aux logements... Les universités ont besoin d'une réflexion interculturelle pour mieux comprendre et aider leurs étudiants étrangers et ainsi faciliter leur adaptation scolaire.

Ma dernière hypothèse (Les associations qui oeuvrent à améliorer les conditions de vie des étudiants africains « individuels » en France ne semblent pas avoir assez de moyens matériels et financiers pour un réel changement) est celle qui m'a demandée le plus de recherches, mais qui m'a amenée le plus de surprises. En effet, j'étais assez sceptique sur le réel pouvoir de décision et de changement que pouvaient avoir les associations d'étudiants africains. A travers mes entretiens, j'ai modifié mon regard sur ces associations, puisque je me suis rendu compte qu'elles avaient, non seulement un réel poids lors de prises de décision (élections étudiantes, liens privilégiés avec le CROUS), mais qu'elles étaient aussi, et surtout, une source de changement important pour les étudiants africains en France. « L'union fait la force » pourrait résumer ce qui fait de ces associations un contre-pouvoir -le seul - face aux politiques de plus en plus cassantes pour les étudiants étrangers. Les moyens humains, techniques et financiers existent bel et bien pour ces associations, qui semblent de plus en plus être le seul refuge possible pour ces étudiants africains. L'engagement des membres des différentes associations que j'ai pu rencontrer n'a d'égal que le désarroi dans lequel sont laissés des étudiants, qui ne demandent, somme toute, que de pouvoir étudier dans l'égalité la plus complète avec les étudiants français. Aujourd'hui, certains étrangers ne veulent plus venir faire leurs études en France, mais privilégient plutôt le Royaume-Uni ou les Etats-Unis, puisque cette image qu'avait la France de Patrie des Droits de l'Homme s'est ternie. Et la majorité des étudiants africains formés en France comptent bien rentrer dans leur pays une fois leurs études terminées. L'idée selon laquelle « Mieux vaut vivre avec un RMI en France qu'avoir la honte de rentrer au pays sans rien », qui prévalait jusqu'alors, est désormais passée, puisque rentrer au pays, c'est maintenant rentrer chez soi, pouvoir jouir des mêmes droits que tous les autres citoyens, pouvoir vivre librement.

Le terme « étranger » n'appartient pas au vocabulaire des textes constitutionnels (Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, Convention Européenne des Droits de l'Homme...) qui ont été ratifiés, entre autres, par la France. Seuls s'y trouvent place les vocables d' « homme » et de « citoyen »83(*). Pourtant, en donnant un statut particulier à l'étranger, qu'il soit étudiant ou non, la France se démarque de cette conception universaliste des Droits de l'Homme, qui ferait de tout être humain un égal de ses semblables. Ne pas être citoyen français exclut non seulement que l'étranger puisse exercer ses droits civiques (droits de vote), mais aussi qu'il puisse prétendre à bénéficier des mêmes droits.

Alors que la législation renforce sans cesse, depuis une décennie, cette distinction entre étudiants étrangers et étudiants français, en donnant une vision utilitariste de l'immigration et en accentuant la sélection des étudiants étrangers selon les « besoins » de l'économie française, il apparaît aujourd'hui nécessaire de réaffirmer la vocation universelle de l'éducation, défendue par ces pays « développés », en laissant ses établissements d'enseignement supérieur ouverts à tous. Leur mission d'enseignement, d'échanges et de réflexion ne peut s'accommoder d'inégalités entre étudiants ou de l'exclusion de certains.

Espérons qu'avril 2007...

* 82 Guimont F. Les étudiants africains en France dans les années 1950-1965,L'Harmattan, Paris, 1997

* 83 Coulon R., Des Droits de l'Homme en peau de chagrin. Le droit des étrangers dans la jurisprudence du Conseil Constitutionnel, L'Harmattan, 2000

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