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Commerce potentiel entre le Cameroun et ses pays frontaliers

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par Loudine Bessong à Beyeck
Institut Sous regional de Statistique et d'Economie Appliquée - Diplôme d'Ingénieur d'Application de la Statistique 2006
  

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1. Les modèles de gravité

1.1. Présentation et fondements théoriques

Originellement, les modèles dits `de gravité' ont été déduits intuitivement pour l'analyse des flux d'échanges bilatéraux entre pays ; Tinbergen (1962) et Poyhonen (1963) sont généralement présentés comme les premiers à utiliser ce type de modèle dans des travaux scientifiques. Ces modèles tiennent leurs noms par leur analogie à la loi d'attraction universelle de NEWTON, et sont fondés sur l'idée selon laquelle le volume des échanges bilatéraux entre deux territoires économiques est fonction de la taille ou encore la puissance économique des pays, de leur richesse, et augmente avec la proximité géographique. Le modèle primitif de gravité tel qu'utilisé dans les travaux précurseurs, et généralement appelé modèle standard de gravité s'exprime par la relation suivante :

Avec : une constante de proportionnalité ;

le PIB du pays exportateur ;

le PIB du pays importateur ;

la distance géographique entre les deux ;

le flux total de marchandises entre les deux pays ;

et les élasticités partielles.

Cette équation est généralement exprimée et estimée économétriquement sous la forme logarithmique suivante : , étant le terme d'erreur.

Les modèles de gravité ont connu sans conteste un remarquable succès empirique pour la prédiction du volume naturel ou potentiel ou encore théorique des échanges bilatéraux entre Etats encore appelé potentiel de commerce. Le commerce potentiel estimé correspondant tient compte des variables structurelles et macroéconomiques, et comme nous le verrons plus tard, des entraves au commerce introduites dans le modèle sous forme de variables muettes (dummies). Cette valeur théorique est alors comparée à celle observée : si elle est plus grande, on en déduit l'existence de potentialités réelles de commerce entre les pays concernés.

Cependant, la question de la justification et des fondements théoriques du modèle est apparue primordiale et a fait l'objet de plusieurs travaux de recherche. Comme le soulignent PIERMARTINI et TEH (2005), un manque de fondements théoriques solides serait préjudiciable et estomperait la crédibilité du modèle ; l'omission de variables explicatives et une mauvaise spécification entraîneraient un biais énorme et l'arbitraire dans les estimations.

Une longue lignée de chercheurs a donc participé au développement et à la justification théoriques des modèles de gravité ; selon nombre d'auteurs17(*), y ont contribué LINNEMAN (1966), LEAMER (1970, 1974), ANDERSON (1979), BERGSTRAND (1985, 1989), DEARDORFF (1995), EVENNETT et KELLER (1998). PIERMARTINI et TEH (2005) citent les travaux plus récents de EATON et KORTUM (2002), ANDERSON et van WINCOOP (2003). Les différences entre les approches théoriques utilisées par chacun d'eux justifient la variété des formes (variables explicatives retenues) des équations de gravité ; toutefois, ils obtiennent tous après démonstration des modèles augmentés du modèle standard.

Selon GBETNKOM (2004), on peut regrouper en quatre les différentes approches de justification des modèles de gravité :

F l'approche par les lois physiques de gravitation (LEAMER, 1970) dans laquelle les variables explicatives retenues et mesurant la taille des économies et les coûts de transport des marchandises sont respectivement les PIB des coéchangistes et la distance géographique (modèle standard) ;

F l'approche par le modèle d'équilibre général où chaque pays a ses fonctions de demande et d'offre de tous les biens, la distance capte les coûts de transport qui établissent un pont entre l'offre et la demande ; cette approche inclut aussi la taille des populations comme variable exogène ; A cet égard on peut citer les travaux de ANDERSON (1979). Celui-ci se fonde sur deux hypothèses fondamentales : (1) chaque pays est spécialisé dans la production d'un seul bien, celui pour lequel il a le plus grand avantage au sens de la théorie de HECKSHER-OHLIN ; (2) les préférences des consommateurs sont homothétiques et identiques à travers les pays; il les prend comme des fonctions de type COBB-DOUGLAS18(*). BERGSTRAND (1989, 1990) et DEARDORFF (1995) utilisent également des fonctions de préférence de type CES et tiennent compte soit de la concurrence monopolistique, soit de la théorie de HECKSHER-OHLIN pour justifier la spécialisation.

F l'approche basée sur les modèles de probabilité où les flux sont considérés comme des phénomènes stochastiques ; GBETNKOM cite à ce propos SAVAGE et DUETSCH (1960), LEAMER et STERN (1970) ou encore SATTINGER (1978) ;

F enfin une justification plus récente qui critique les trois premières et introduit les prix relatifs (indices de prix) sans lesquels il y aurait une erreur de spécification. ANDERSON et Van WINCOOP (2003) ont particulièrement insisté sur l'importance de ce point qui leur a permis de résoudre le fameux problème de l'effet-frontière entre les Etats-Unis et le Canada communément connu sous l'appellation `puzzle de McCALLUM'. Cependant, au vue de nombreuses difficultés de prises en compte de ces variables devant capturer les prix sur le plan pratique, ANDERSON et Van WINCOOP proposent qu'une solution alternative et valable serait l'introduction lors des estimations économétriques d'effets fixes19(*) dans le modèle estimé en données de panel.

Quelle que soit l'approche théorique considérée, les modèles de gravité diffèrent par les grandeurs macroéconomiques retenues pour mesurer la taille (PIB, Population, ou même la surface), la richesse (PIB par tête), les barrières au commerce (prix, autres variables dummies). Ils s'expriment généralement sous la forme standard ci-dessus augmentée de variables indicatrices destinées à capturer les effets des politiques commerciales notamment la formation d'unions douanières, la mise en place d'accords préférentiels, etc. de sorte que le modèle s'écrit généralement : , où les sont un ensemble de variables explicatives quantitatives (PIB, PIB par tête, Population, Surface), et les sont des variables « dummies » destinées à capturer l'effet des politiques commerciales, notamment les accords d'intégration régionaux, la diversité culturelle ou linguistique, etc.

* 17 Dont GBETNKOM (2005).

* 18 Anderson déduit un modèle de gravité en supposant la fonction de type CES (Constant Elasticity Substitution) ;

* 19 Dans les modèles économétriques estimés avec les données de panel, les effets sont des variables indicatrices additionnels destinés à corriger certains problèmes (voir SEVESTRE, 2002) ; ils peuvent être fixes, ou aléatoires, individuels ou temporels. Lorsqu'ils sont fixes, il y en a autant que d'individus du panel.

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