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Potentiel des friches industrielles des secteurs de gare pour un développement urbain durable

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par Marianne Thomann
Université de Lausanne - Licence ès Lettres 2005
  

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3.1.3 Secteurs de gare

Les gares et les secteurs de gare sont particulièrement concernés par le phénomène des friches. Les techniques ferroviaires et le transport par rail ont subi de profondes mutations ces dernières décennies, menant un bon nombre de gares et d'infrastructures ferroviaires à l'inutilité, d'où la présence aujourd'hui de friches ferroviaires. A proximité des gares se sont souvent constitués, au tournant du siècle passé, des sites industriels d'une certaine importance. Les facilités offertes par le transport marchandise par le rail rendaient ces terrains attractifs. Au fil du temps, ces sites ont connu à leur tour une désindustrialisation, menant à la constitution de friches industrielles.

Nous entendons par « friches industrielles des secteurs de gare » les sites industriels localisés à proximité des gares. Cette dénomination n'implique ni un type d'infrastructure en particulier, ni un type de propriétaire en particulier. Elle suppose par contre un état (en friche), une affectation originelle (industrie), et une localisation (près d'une gare ferroviaire). Les définitions proposées par les CFF et l'OFAT (1991) différencient la gare, l' ensemble des installations servant ou liées à l'exploitation du chemin de fer situées entre le signal d'entrée et de sortie, le bâtiment de gare, autrement dit le bâtiment voyageurs, les terrains de gare dont les propriétaires sont les CFF et qui sont situés à proximité directe des gares, et les secteurs de gare, quartiers situés dans le

voisinage des gares et dont le développement peut être influencé par celles-ci. En pratique, les secteurs de gare jouxtant les terrains de gare, les projets de reconversion comprennent souvent des terrains appartenant à divers propriétaires dont les CFF. Les compagnies ferroviaires d'ailleurs, grâce à leur patrimoine foncier et bâti, détiennent avec l'Armée la plus grande part de sols urbains (Chaline, 1999). En Suisse, les CFF sont effectivement le premier propriétaire du pays avec trois millions de m2 de surfaces à développer, et ce essentiellement en ville (Le Temps, 3 novembre 2004).

Les gares ont été construites en Suisse dans la deuxième moitié du 19ème siècle; {...} appelées à desservir les villes, généralement conçues en cul-de-sac, {les gares} furent implantées aux portes de la cité alors que celles des villages, en tant que gares de passage, furent érigées à la périphérie du milieu bâti (Ragon, 1984). Le coût du terrain ainsi que les nuisances causées empêchaient une localisation plus centrale. Aujourd'hui, après 150 ans d'urbanisation, les portes de la ville d'autrefois se retrouvent au coeur des agglomérations.

Les gares, symboles de la modernité dans un premier temps, perdent leur attractivité au début du 20ème siècle déjà; bien avant que les industries ne leur tournent le dos, ce sont les architectes, dans un premier temps, qui s'en désintéressent. Les architectes la méprisent ou l'enterrent (Ragon, 1984: 79). Ce n'est qu'avec l'apparition du temps libre et des loisirs que la gare redevient porte (idem: 82). Mais pas pour longtemps. En effet, les bâtiments perdent leur identité avec le modernisme; ils deviennent standardisés et conçus comme uniquement fonctionnels. La gare s'ouvre sur les voitures et la place de la gare devient parking. On ne va plus rêver dans les gares. Les gares donnent une impression de désolation lorsqu'elles sont désertes et d'angoisse lorsque la foule y afflue. C'est que la gare n'est plus qu'un sas (idem: 87).

D'autre part, de nombreuses infrastructures ferroviaires, pour les marchandises et les voyageurs, deviennent peu à peu inutiles. Des friches ferroviaires se constituent aux abords des gares et le long des voies, pour des raisons diverses: conception nouvelle du transport des marchandises, mais aussi du transport des personnes, automatisation, inadaptation de certains bâtiments au nouveau matériel roulant, ou encore modifications de tracé (Camélique, entretien).

Dans les bâtiments de gare de moyenne importance, les buffets, hérités des débuts du trafic ferroviaire où l'on ne trouvait ni toilettes ni restaurant dans les wagons, disparaissent, tout comme les buvettes et hôtels qui accueillaient les voyageurs après de longues routes. Ces infrastructures étaient d'autant plus nécessaires que la ville était relativement éloignée de la gare (ibid.). Dans les grandes villes cependant, buffets, hôtels et restaurants constituent toujours les abords immédiats de la gare; ces fonctions, non contradictoires avec les fonctionnalités centrales urbaines, gardent en effet leur pertinence au vu du volume de trafic voyageur qui transite.

En ce qui concerne le transport marchandises, les évolutions techniques ont provoqué l'obsolescence de toute une série d'éléments: lignes déferrées (ligne de Jougne, ligne Le Creux-les Convers ou encore ligne de Varen), ballastières, rotondes (remises aux locomotives), châteaux d'eau (Brigue, Berne) ou encore maisons de garde de passages à niveau (aujourd'hui supprimés ou automatisés) constituent le stock d'infrastructures ferroviaires désaffectées (Camélique, entretien). Avec la restructuration des CFF en 1999,

qui a centralisé ses activités administratives, ainsi qu'avec la modernisation du matériel roulant, la plupart des bâtiments administratifs, de service ou d'habitation ont également perdu leur vocation originelle.

Les plus profonds changements résultent sans aucun doute des modifications dans le transport marchandises: la part modale du rail dans le transport des marchandises en Suisse à travers les Alpes a en effet diminué de 90% en 1981 à 63% en 2003 (ARE, 2005). Avec une part croissante du transport marchandises assurée par la route, les infrastructures ferroviaires destinées à cet usage ont été fortement centralisées, faisant de la plupart des gares marchandises des espaces sous-utilisés, voire désaffectés. Les halles marchandises, entrepôts et autres bâtiments de service sont parfois affectés transitoirement à divers usage d'utilité publique (affectation temporaire) avant d'être transformés ou de disparaître.

Enfin, les sites industriels des secteurs de gare, organiquement liées à elles, ont vu leurs industries s'en aller l'une après l'autre avec la vague de désindustrialisation, si bien que le quartier dans son ensemble tend à se transformer peu à peu en no man's land, une zone neutre, amorphe, comme stérilisées par la vapeur (Ragon, 1984: 17).

Aujourd'hui et depuis quelques années, on prend conscience que ces terrains offrent une opportunité considérable pour le développement urbain des villes et de leurs agglomérations. La localisation par rapport au centre ville et les conditions d'accessibilité étant des paramètres déterminants de la potentialité des lieux (Chaline, 1999: 56), les terrains à proximité des gares sont des lieux idéaux pour la création de quartiers d'une certaine densité. Délaissées durant des décennies, les gares regagnent l'attention qu'elles avaient perdu avec les préoccupations liées au réchauffement climatique, à l'explosion de la mobilité individuelle motorisée, et à l'étalement urbain. D'autre part, avec les grands projets de Rail 2000 au niveau national, et d'intégration de la Suisse au réseau européen de chemin de fer à grande vitesse, les gares acquièrent une importance en termes d'image dans la compétitivité nationale et internationale.

Ainsi, les gares et les espaces attenants deviennent l'objet de divers enjeux: régénération urbaine, mobilité durable, marketing urbain. L'importance stratégique des friches industrielles des secteurs de gare ne devrait cependant pas faire oublier le patrimoine, tant ferroviaire qu'industriel, qui retrace l'histoire de ces sites. Tant les bâtiments que les infrastructures diverses, dont les voies de chemin de fer désaffectées, constituent un héritage qui fait encore aujourd'hui partie du paysage urbain. La reconversion de ces sites, dont l'usage industriel n'est la plupart du temps plus possible, devrait donc se faire de manière à préserver cette identité.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius