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Potentiel des friches industrielles des secteurs de gare pour un développement urbain durable

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par Marianne Thomann
Université de Lausanne - Licence ès Lettres 2005
  

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3.3.3 Disponibilité des données

L'action des pouvoirs publics pour la viabilisation des friches urbaines ainsi que pour la promotion et la stimulation d'une réhabilitation devrait s'appuyer sur une large base de données qui soient sûres et constamment actualisées et [devrait] être en étroite relation avec la politique d'organisation du territoire (OFAT, 1/1999: 4).

Or les autorités cantonales en Suisse ne possèdent pas, sauf exception, de recensement de leurs friches. Dès lors qu'il n'existe pas une connaissance précise du potentiel existant en zone à bâtir, il ne peut y avoir de politique visant à systématiser l'utilisation des friches existantes lors de la localisation de nouvelles activités sur un territoire. En outre, l'incertitude face au degré de contamination des sites porte atteinte à leur attractivité. Chaline relève ces insuffisances, qui ne sont pas propres à la Suisse en particulier: (...) d'une manière générale et à l'exception de quelques catégories dûment recensées, force est de souligner les nombreuses lacunes concernant des données précises, actualisées, indispensables à toute politique urbaine (1999: 31).

On commence à prendre conscience du problème présenté par les friches depuis quelques
années au niveau national. La première tentative de recensement date de 1996 et a été
entreprise par la revue Hochparterre en collaboration avec l'Office fédéral de

l'aménagement du territoire (OFAT 10): elle révélait alors l'existence de 213 friches d'une taille minimale de un hectare, une liste complétée par de nouveaux objets pour atteindre plus de 300 friches en 1999 (Hochparterre, 1999, Annexe 9). Le lieu, la taille, l'âge, le propriétaire, l'ancienne affectation ainsi que le statut actuel de chaque friche sont donnés.

Le second recensement, le plus complet à ce jour, a été initié suite à un postulat déposé en 2002 au Conseil fédéral demandant d'évaluer l'étendue des friches industrielles et des sites contaminés, et de montrer quels sont les obstacles aux reconversions et les mesures possibles pour faciliter ces dernières11 (Valda et Westermann, 2004: 1). Il n'existait en effet jusqu'alors aucune vue d'ensemble précise sur l'étendue de ces friches industrielles et sur les raisons de la lenteur de leur reconversion (idem: 4). Une synthèse de cette étude a été publiée en octobre 2004, révélant une surface industrielle non utilisée de 17 millions de mètre carrés (1700 ha), autrement dit l'équivalent de la ville de Genève et de ses environs (Figure 10). Les données ont été récoltées auprès de différentes sources: les enquêtes ponctuelles précédentes, notamment celles effectuées par Hochparterre, les archives de presse, les offices cantonaux d'aménagement du territoire, de la protection de l'environnement et de la promotion économique, ainsi que grâce à un questionnaire diffusé auprès de 510 propriétaires. Ce recensement représente une étape importante notamment dans la compréhension des obstacles à la réhabilitation des friches; mais il n'est de loin pas exhaustif. Pour s'en convaincre, il suffit de jeter un oeil aux fiches cantonales, qui comptent chacune quelques friches connues et quelques friches soupçonnées (Annexe 10). Seuls les bâtiments complètement désaffectés depuis au moins une année semblent être pris en compte au niveau cantonal; les bâtiments ou les aires partiellement désaffectés ou utilisés de manière transitoire n'apparaissent pas dans ces décomptes. La définition de friche est donc attribuée de manière très restrictive.

Figure 10. Les friches industrielles en Suisse selon le recensement de l'ARE

10 Aujourd'hui l'Office fédéral du développement territorial, ou Bundesamt für Raum Entwicklung (ARE)

11 Postulat déposé par les conseillers nationaux Leutenegger et Oberholzer

(Valda et Westermann, 2004)

Acquérir une vue d'ensemble nationale, mais aussi cantonale et communale, de la situation des friches industrielles constitue un pré requis nécessaire à toute politique visant un développement de l'urbanisation à l'intérieur du tissu bâti (OFAT, 1996: 36- 37), un des trois buts de la stratégie d'organisation du territoire en Suisse. A l'échelle cantonale, il serait judicieux de disposer d'une connaissance des terrains disponibles et de leurs caractéristiques, notamment de leur degré de contamination, afin d'optimiser la gestion et l'utilisation de ce stock de terrain en zone à bâtir.

3.3.4 Cadre légal

« Des conditions légales insatisfaisantes (plan d'affectation ) » sont citées dans un tiers des cas (Figure 11) comme obstacle à la reconversion des friches. La plupart des aires considérées dans l'étude sont situées en zone industrielle ou artisanale, mais l'on en trouve également en zone d'habitation. Etant donné les faibles perspectives de réaffecter des friches industrielles urbaines à des activités industrielles, l'affectation industrielle dans le plan d'aménagement local entrave fortement les chances de reconversion de la friche.

 

Figure 11. Perspectives de développement offertes par le zonage actuel (en pourcentage de l'ensemble des aires)

(Valda et Westermann, 2004) L'étude montre que dans 23% des cas, une

requête a été faite aux autorités pour adapter le plan d'aménagement (Valda et Westermann, 2004: 8). Dans 16% des cas, autrement dit dans les deux tiers des requêtes, le changement d'affectation a été accepté. Il semble donc que les modifications soient généralement faites. Cependant, ce n'est probablement pas tant le déclassement de la zone industrielle qui est ressenti comme un obstacle, que la difficulté d'arriver à un accord avec les autorités sur la nouvelle affectation.

Un second obstacle peut entraver une réutilisation rapide et systématique des terrains désaffectés: la thésaurisation. Issue de la volonté du propriétaire de conserver un bien foncier en vue d'une conjoncture économique plus favorable ou à des fins patrimoniales, elle est cependant regrettable dans une perspective de développement urbain à l'intérieur de la zone à bâtir. Parce que la propriété est garantie par l'article 22 ter (26 dans la nouvelle Constitution de 1999) et que l'expropriation n'est que très rarement pratiquée, et parce qu'un classement en zone à bâtir n'implique pas une obligation de construire, la thésaurisation est permise par la législation. Cette situation met l'aménagement du territoire en situation de dépendance et de postériorité par rapport à l'aménagement résultant de volontés individuelles non coordonnées (Ruegg et al. 1992: 4).

La garantie de la propriété privée comme le zonage résultent des compromis politiques sur lesquels se sont basées la Constitution de 1969 et la LAT de 1979. Nahrath (février 2004), dans son analyse de la genèse de la politique d'aménagement du territoire, montre que l'origine de l'article 22quater, qui ancre le principe d'une compétence fédérale en matière d'aménagement du territoire, provient des préoccupations socialistes face à la

spéculation foncière, la crise du logement, le renchérissement des prix du sol. La volonté du parti radical de ne pas réguler ou modifier la propriété foncière déboucha à l'inverse sur l'inscription de l'article 22ter, qui renforce la garantie de la propriété privée (notamment foncière) sous la forme de l'obligation, pour l 'Etat, d'indemniser les propriétaires en cas d'expropriation, aussi bien matérielle que formelle (Nahrath, 2004: 3). En ce qui concerne la LAT, la version définitive de 1979 résulte d'un rejet par référendum de la version de 1976 par les milieux immobiliers et fonciers ainsi que fédéralistes, supprimant les instruments fonciers (droits de préemption et d'expropriation, prélèvement de la plus-value foncière) au profit du zonage (idem: 4). Cet éclairage historique est intéressant car il montre que certains blocages auxquels est confrontée la réutilisation des friches, zonage et propriété foncière, découlent d'une volonté néolibéraliste de ne pas réguler la liberté individuelle par l'aménagement du territoire.

Le tableau qui suit (Tableau 3) offre une synthèse des différents obstacles relevés ci- dessus:

Tableau 3. Obstacles à la reconversion des friches industrielles des secteurs de gare

fait friche fait urbain gare autorités cadre légal

incertitudes

morcellement

nuisances

déclassement

zonage

face à la

des propriétés

ferroviaires

 
 

contamination

 
 

subventions

foncier

coûts d'as-

multiplicité

imbrication

gestion de

 

sainissement

des visions

d'échelles

projet

 

coûts de ré-

imbrication

 

disponibilité

 

habilitation

de projets

 

de données

 

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