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Potentiel des friches industrielles des secteurs de gare pour un développement urbain durable

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par Marianne Thomann
Université de Lausanne - Licence ès Lettres 2005
  

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6.5 Modalités d'action publique: enseignements

Les obstacles auxquels se heurtait la régénération de la friche ferroviaire et industrielle de Crêt-Taconnet ont visiblement pu être levés puisque aujourd'hui la reconversion du secteur, bien que non encore terminée, est largement engagée.

Le rôle des pouvoirs publics a sans aucun doute été prépondérant dans la reconversion de
cette friche. La Ville de Neuchâtel a su tout d'abord saisir l'opportunité offerte par la
délocalisation de l'office fédéral de la statistique. Prospective, elle a vu le potentiel que

représentait ce site au début des années 1990, et a mis en place toute une série d'outils qui ont permis un développement cohér ent de ce secteur.

Pour ce qui est du secteur nord, le rôle de Bauart a également été déterminant; la gestion de site mise en place par le bureau a permis d'une part la concrétisation d'un aménagement satisfaisant les acteurs concernés, mais a d'autre part assuré une qualité globale en terme de développement durable, puisque ce concept fut proposé comme thème fédérateur au cours de la construction du quartier.

En analysant les outils qui ont été mis en place pour parvenir à élaborer puis à concrétiser un projet sur cette friche, nous verrons comment les obstacles inhérents à la reconversion d'une friche urbaine ont pu être contournés dans le cas de Crêt-Taconnet.

Les principaux outils qui ont été mis en oeuvre par les autorités pour la reconversion de ce site sont les suivants (ordre chronologique):

1. Concours d'architecture pour le bâtiment de l'OFS, engageant déjà une réflexion sur l'ensemble du secteur (1989).

2. Inscription de secteur comme pôle de développement stratégique dans le Plan Directeur communal (1994).

3. Publication de la « Conception directrice du pôle de développement stratégique Gare/Crêt-Taconnet » (1994).

4. Révision du plan d'aménagement communal modifiant l'affectation du secteur et exigeant l'élaboration de plans de quartiers (1998).

5. Établissement de quatre plans de quartiers, dont trois sont actuellement terminés: PQ Crêt-Taconnet nord/ouest, PQ Crêt-Taconnet est et PQ Crêt-Taconnet sud (1999).

1. L'implantation de l'OFS a été l'élément détonaneur de la reconversion du site. La décentralisation des offices fédéraux a représenté une chance pour les terrains désaffectés des secteurs de gare: parce que leur décentralisation allait engendrer un grand nombre de pendulaires, et parce que la Confédération s'attache à promouvoir une mobilité plus durable, la localisation de ces offices à proximité de gares était une condition de base de l'appel d'offre de l'OFCL. De plus, l'importance de ces offices en termes d'emploi nécessitait de grandes surfaces, ce qui rendait les aires en friches particulièrement intéressantes. L'intérêt de la Confédération à une telle localisation rendait donc les obstacles inhérents à ce genre de terrains secondaires, ce qui n'aurait probablement pas été le cas pour d'autres types de promoteurs.

La Ville souhaitait de toute manière faire de ce site un pôle de développement (Thiébaut, entretien); seulement, sans l'arrivée de l'OFS, il aurait probablement été plus difficile et plus long encore de concrétiser ce projet.

2. L'implantation de l'OFS a été sans aucun doute un élément moteur dans la reconversion du secteur Gare/Crêt-Taconnet. Mais l'OFS aurait encore longtemps surplombé un quartier peu attractif si les réflexions issues du concours n'avaient pas été entérinées dans le plan directeur de 1994. L'importance du site ayant été inscrite dans le

document principal d'aménagement du territoire de la Ville, les bases étaient posées pour donner une réelle chance à la régénération du secteur.

3. Dans un deuxième temps, la conception directrice de 1994 - définie comme une vision d'ensemble qui doit guider le développement de tous les secteurs du site afin d'en garantir la cohérence (Feddersen et Klostermann, 1994 (I): 4) - a permis de donner une vue plus détaillée de ce qui était attendu de la reconversion du futur pôle principal de développement stratégique de la ville de Neuchâtel. Pour un site d'une telle importance, il était nécessaire d'élaborer une vision d'ensemble, élément de référence pour toutes interventions sur le site (idem: 5).

Ce document présente la conception urbanistique et les affectations du secteur (Annexe 7), ainsi que les caractéristiques spatiales du site à préserver (Annexe 8), en se basant notamment sur les réflexions du jury et des experts du concours pour l'OFS. Il a, tout comme le plan directeur, une valeur juridique qui lie les autorités, et donne le cadre juridique nécessaire à l'élaboration des plans de quartier, qui eux lient les particuliers. En offrant une analyse détaillée du secteur, ce document permet de montrer que la friche Gare/Crêt-Taconnet possède un certain nombre de qualités qui peuvent être mises en valeur. Elle permet de mieux imaginer une reconversion qui, au regard du site en état de déclin, peut paraître abstraite.

En donnant un cadre tant descriptif que visuel au développement du site, la conception directrice a « révélé » le potentiel des lieux et a constitué le fil rouge du projet de reconversion. Grâce à ce document, la Ville de Neuchâtel s'est donc donné les moyens de parvenir à concrétiser son objectif visant à la création d'un nouveau centre urbain sur les friches de Crêt-Taconnet.

4. La révision du plan d'aménagement a permis de changer l'affectation du secteur Gare/Crêt-Taconnet. Les terrains ferroviaires sont ainsi entrés sous l'égide des règlements communaux, et l'ensemble des parcelles ont été classées en zone mixte. Les règles urbanistiques du plan d'aménagement déterminent une densité maximale de 2, ainsi qu'un quota de logement de 40% pour les périmètres couverts par les plans de quartier est et sud (Annexe 6).

5. L'élaboration de plans de quartier pour les trois secteurs nord et ouest, est et sud était exigée par le plan d'aménagement communal révisé. Ces plans avaient pour but de planifier le développement urbanistique des secteurs du pôle de développement stratégique; ils devaient veiller à assurer une cohérence urbanistique selon les principes énoncés par la conception directrice. Les trois plans ont été approuvés par les autorités en 1999, et leur mise à l'enquête publique n'a pas rencontré d'oppositions, excepté celle liée à la tour.

L'aboutissement de ces plans de quartier a résulté de la convergence des intérêts des propriétaires entre eux ainsi qu'avec ceux des autorités. Il a été dit que l'établissement de tels plans en milieu urbain n'était pas chose aisée au vu du nombre important de propriétaires concernés - sans compter les propriétaires des parcelles voisines. L'existence d'une conception directrice a sans aucun doute facilité cette convergence

d'intérêts en donnant un référentiel commun et une base de discussion aux différents partenaires. Cependant, il est instructif de voir que si aucune opposition ne s'est déclarée lors de la mise à l'enquête des plans de quartiers, c'est lors de celle des permis de construire qu'elles sont apparues. Pour Coquillat, les plans de quartiers présentent le désavantage de rester relativement abstraits, notamment pour le voisinage direct qui souvent ne s'exprime que lors de l'étape des permis de construire, beaucoup plus concrète (entretien). Une ouverture plus en amont de la consultation publique, au moins avec les propriétaires limitrophes, aurait peut-être permis d'éviter certaines oppositions pour le périmètre sud. Cependant, de nombreux détails restent forcément ouverts dans un plan de quartier, ce qui rend impossible d'éviter toute opposition au projet définitif.

Quoi qu'il en soit, ces plans représentent une étape décisive de la reconversion. Les bâtiments et les espaces non construits sont définis de manière relativement détaillée, fournissant un cadre dans lequel devront se mouler les différents projets.

La planification du site de Crêt-Taconnet ne s'est pourtant pas arrêtée là, au contraire: le rôle actif du bureau Bauart a renforcé la dynamique de régénération du lieu, en complétant les instruments « traditionnels » d'aménagement - plan directeur, plan d'aménagement, conception directrice, plans de quartier -, déployés jusque là par les autorités, par la mise en place progressive d'une « gestion de site ». Rey explique en effet que c'est cette convergence d'intérêts entre de multiples acteurs {exprimée par les plans de quartier}, associée à la complexité induite par les fortes contraintes du lieu, qui a amené Bauart à prendre progressivement en charge la gestion du périmètre couvert par les deux plans de quartier (Rey, interviewé par Collage, 4/02).

L'architecte définit cette gestion comme relevant de trois type d'actions: l'un est lié aux projets de bâtiments, l'autre à la coordination du quartier avec l'évolution des secteurs avoisinants, notamment en termes de flux routiers et piétons, et le troisième type d'action est lié à la mise en réseau des partenaires ainsi qu'au travail de communication et de recherche d'investisseurs, afin de faire émerger des synergies entre les différents maîtres d'ouvrage. A titre d'exemple, la planification d'un parking global, non prévu par les plans de quartier, résulte de telles synergies.

Nous voyons donc que l'émergence d'un nouveau quartier sur l'ancienne friche ferroviaire et industrielle du secteur Gare/Crêt-Taconnet est tout d'abord le résultat d'une volonté forte de la part des autorités de faire de ce site un pôle stratégique de développement, et de la mise en place d'outils appropriés à cet effet.

Mais elle est également le produit d'une gestion de projet plus poussée, peu à peu prise en charge par le bureau Bauart au travers de mandats successifs.

Enfin, retenons que la délocalisation de l'OFS a joué un rôle déclencheur, d'autant plus que la réalisation du bâtiment a été saluée comme un projet exemplaire en matière d'intégration des critères de développement durable, recevant de nombreux prix dont le prix solaire européen. Cet élément a ainsi pu fonctionner comme un révélateur du potentiel des lieux auprès des différents acteurs. La tour, symbole fort de la nouvelle centralité assignée au secteur Gare/Crêt-Taconnet, a également permis de donner très tôt une identité au site, à l'aube de sa reconversion.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein