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La sexualité en milieu scolaire dakarois: comportements, connaissances et perceptions liés au VIH/SIDA

( Télécharger le fichier original )
par Ndeye Ami Niang
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Master 1 recherche 2007
  

Disponible en mode multipage

UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

*********************

FACULTÉ DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

******************

DÉPARTEMENT DE SOCIOLOGIE

MEMOIRE DE MAITRISE

LA SEXUALITE EN MILIEU SCOLAIRE DAKAROIS :

Comportements, connaissances et perceptions liés au VIH /sida

Liés au VIH/SIDA

Présenté par : sous la direction de :

Mlle Niang Ndèye Amy M. Dièye Mouhamed Moustapha

Maitre - assistant

Année universitaire 2007-2008

LA SEXUALITE EN MILIEU SCOLAIRE DAKAROIS :

Comportements, Connaissances et

Perceptions liés au VIH/SIDA

REMERCIEMENTS

Je remercie très sincèrement :

o Allah le Tout Puissant sans qui, ce travail n'aurait jamais connu le jour ;

o Mon directeur de mémoire M. Diéye Mouhamed, je vous remercie pour l'attention et la patience dont vous avez fait preuve tout le long de votre encadrement. Merci aussi pour vos conseils, vos critiques, etc. qui m'ont fait avancer.

o M. Camara Habibou Diagne, sociologue consultant, un livre ne sera jamais à la hauteur des remerciements que je te dois, en tous cas merci pour l'attention toute particulière que tu portes à mon égard.

o L'ensemble des enseignants du département de Sociologie, particulièrement M. Faye Silvain.

o M. Tamba, M. Ndiaye Lamine et M. Ndiaye Malick, M. Aly Dieng qui ont assuré la formation de tant d'étudiants, moi, y compris.

o Tous les enseignants de mon cursus depuis le préscolaire jusqu'à l'université en passant par le primaire et le secondaire.

o Mes camarades de tout mon cursus pour les travaux de groupe qu'on a eu à faire ensemble.

o Toutes les personnes, qui de prés ou de loin, d'une manière ou d'une autre, ont contribué à l'aboutissement de ce travail. Je ne l'aurai jamais fait sans vous.

DEDICACES :

Je dédie ce mémoire à :

o Mon père, ma mère,  pour tous les efforts et sacrifices consentis à mon égard pour mon éducation. Qu'ils reçoivent ce travail en guise de mon extrême reconnaissance et de mon amour pour eux. Qu'Allah le Tout Puissant vous garde. Si je me réveille tous les matins et que je suis motivée à me battre, c'est bien pour que vous soyez fières de moi.

o Mes grands-mamans Ami Ndao, Khoudia Dème, Feu Maimouna Fall, je vous adore trop, une vie ne sera jamais assez pour épanouir l'affection que je vous porte.

o Feu Bassirou Niang, Feu Touffic Khalil Yazback, pour leurs prières qui n'ont jamais cessé de m'accompagner tout le long de ma vie, que la terre vous soit légère.

o Mes frères Maniang, Alioune, Lamine, Touffic qui n'ont jamais cessé de combler de joie et d'affection mes 26 années de vie sur terre. Courage dans vos études et vos entreprises futures.

o Ma tante Astou Socé Niang et son mari Mahawo Diouf, recevez par ce mémoire, l'expression de ma gratitude et de ma reconnaissance profondes. Qu'Allah vous protège.

o Toute la famille Niang, Yazback, Ba, Sarr, Cissé, Diop, Kane, Ndao, Diaw, Diouf, Dramé,Thiam,

o Mes camarades de promotion, spécialement à Siley Sow, Oumar Camara, Augustin, Vieux, Fanta, Isseu, Maimouna, vous êtes mes compagnons de guerre.

o Moussa Mboup, merci d'étre toi-meme, merci pour tout, en fait je ne pourrai te remercier suffisamment.

o Mr Pape Camara du PAD (Port Autonome de Dakar), Mr Mbaye Diop à la FLSH pour toutes les fois où il m'a facilitée mes inscriptions en début d'année et en bien d'autres occasions.

o Notre camarade et ami Théodore Kor, qui est parti brutalement il y'a quelques mois. Toi qui me demandais toujours où j'en étais avec le mémoire, ce travail t'est dédié.

o Tous ceux qui m'ont soutenue et aimée depuis ma tendre enfance.

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

AIDS

ACQUIRED Immuno Deficience Syndrome

ARV

Antirétroviraux

ASPROCIDE

Association pour la Promotion de la Citoyenneté et du Développement

CA(C) P

Connaissances, Attitudes, (Croyances) et Pratiques

CAP

Connaissances, Attitudes, et Pratiques

CILS/ME 

Comité International de Lutte contre le SIDA avec le Ministère de l'Education Nationale

CNLS

Conseil National de Lutte contre le Sida

ConFeGes

Conférence des Ministres de la Jeunesse et des Sports des pays d'expression française

CSC

Collège Sacré- coeur

EDS

Enquêtes Démographiques et de Santé

ESA

Elèves Sexuellement Actifs

ESAM

Enquête Sénégalaise Auprès des Ménages

EVF

Evaluation du programme d'Education à la Vie Familiale

EVF/EMP 

Education à la Vie Familiale en Matière de Population

IDEN 

Inspection Départementale de l'Education Nationale

IST

Infection Sexuellement Transmissible

LBD

Lycée Blaise Diagne

LEA 

Leader - Elève - Animateur

LMR

Lycée Moderne de Rufisque

LPA

Lycée des Parcelles Assainies

MICS

Enquêtes à indicateurs multiples

MSM

Man having Sexe with Man

OMS 

Organisation Mondiale de la Santé

ONUSIDA 

Organisme des Nations Unies de lutte contre le sida

OSIWA

Open Society Initiative for West Africa

PNLS

Programme National de Lutte contre le Sida

PVVIH

Personne Vivant avec le VIH/SIDA

RAES

Réseau Africain de l'Education pour la Santé

RP

Relations entre Partenaires

SME

Sommet Mondial des Enfants

SVT 

Sciences de la Vie et de la Terre

TIC

Technologies de l'information et de la communication

TS

Travailleuses du Sexe

UNICEF

Fonds des Nations Unies pour l'Enfance

VIH/SIDA

Virus de l'Immunodéficience Humaine, Syndrome Immunodéficitaire

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 1: REPARTITION DES ESA (ELEVES SEXUELLEMENT ACTIFS) 72

Graphique 2: REPARTITION DES ESA SELON L'AGE 73

Graphique 3: REPARTITION DES ESA SELON LA SITUATION MATRIMONIALE 73

Graphique 4: REPARTITION DES ESA SELON LA RELIGION 75

Graphique 5: REPARTITION DES ESA SELON LA NATIONALITE 76

Graphique 6: REPARTITION DES ESA SELON L'ETHNIE 76

Graphique 7: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON L'AGE DU PREMIER RAPPORT SEXUEL 81

Graphique 8: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LA RAISON DU PREMIER RAPPORT SEXUEL 83

Graphique 9 : REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON l'ENTRETIEN DU OU DES RAPPORTS (S) SEXUELS (S) ENTRE 2006 ET 2008 85

Graphique 10:REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LA RAISON DES RAPPORTS SEXUELS ENTRETENUS ENTRE 2006 ET 2008 86

Graphique 11: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LE NOMBRE DE RAPPORTS SEXUELS ENTRETENUS ENTRE 2006 ET 2008 87

Graphique 12: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET LE MULTIPARTENARIAT ( 2006 ET 2008) 88

Graphique 13: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON L'USAGE DU PRESERVATIF LORS DES RAPPORTS SEXUELS 90

Graphique 14 : REPARTITION SELON LE SEXE ET SELON LA DEMANDE DU PRESERVATIF 92

Graphique 15: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LE RISQUE ENCOURU PAR UNE PERSONNE SANS USAGE DU PRESERVATIF 94

Graphique 16 : REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LE LIEU DE SOIN 95

Graphique 17: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LA CONNAISSANCE DU TEST DE DEPISTAGE 98

Graphique 18 : REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LE TEST DE DEPISTAGE 99

Graphique 19 : REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LA CONNAISSANCE D'UN LIEU DE DEPISTAGE 100

Graphique 20 : REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET LE SOUHAIT DE FAIRE OU NON LE TEST DE DEPISTAGE 101

Graphique 21 : REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LA CONCEPTION D'UNE PVVIH COMME UN VAGABON SEXUEL 102

Graphique 22 : REPARTITION DES ESA SELON LE RISQUE ET SELON L'USAGE DU PRESERVATIF 104

Graphique 23 : REPARTITION DES ESA SELON LE RISQUE ET SELON LE MULTIPARTENARIAT 105

Graphique 24 REPARTITION DES ESA SELON LE NOMBRE DE RAPPORT SEXUEL ET SELON LA CONNAISSANCE DU RISQUE 106

Graphique 25 : REPARTITION DES ESA LE DU RISQUE ET SELON LA DEMANDE DU PRESERVATIF AU PARTENAIRE PENDANT LES RAPPORTS SEXUELS 107

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: REPARTITION DES ESA SELON LA PRISE DES TROIS REPAS QUOTIDIENS 78

Tableau 2: REPARTITION DES ESA SELON LA RECEPTION D'ARGENT POUR ACHAT DE MEDICAMENTS EN CAS DE MALADIE 79

Tableau 3 : REPARTITION DES ESA SELON LA RECEPTION D'ARGENT POUR L'ACHAT DE FOURNITURES SCOLAIRES 79

Tableau 4: REPARTITION DES ESA SELON LA RECEPTION D'ARGENT POUR LE TRANSPORT A L'ECOLE 80

Tableau 5 : REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LA CONNAISSANCE DE LA SEROPOSITIVITE 96

SOMMAIRE

Introduction générale 1

Première partie : Cadre théorique et méthodologique 6

Chapitre I : le cadre théorique 6

Chapitre II - Cadre méthodologique 48

Deuxième partie : présentation du Sénégal et contexte du VIH/SIDA 62

Chapitre I : Présentation du Sénégal 62

Chapitre II : Situation épidémiologique du VIH/SIDA au Sénégal 64

Chapitre I : caractéristiques socio démographiques des ESA 72

Chapitre II : conditions de vie socio économiques des ESA 78

Chapitre V : connaissances et comportements sexuels 104

Conclusion générale 109

BIBLIOGRAPHIE 113

TABLE DES MATIERES 116

ANNEXE 118

BIBLIOGRAPHIE

Introduction générale

Parmi toutes les maladies qui sévissent dans le monde, l'infection à VIH/SIDA constitue l'une des plus redoutables et des plus redoutées durant ce siècle. Aujourd'hui, le nombre de cas de Personnes Vivants avec le Virus du VIH (PVVIH) s'est accru à un point tel que l'on parle de pandémie. Sa présence fait que la littérature à son sujet est florissante et à ce propos, on recense énormément d'écrits et de recherches.

Sur la population mondiale générale, elle a fait des millions de victimes dans le monde ces deux dernières décennies et elle continue à en faire. Aujourd'hui, l'Afrique détient le record du rythme de propagation du VIH/SIDA dans le monde. En effet, selon certaines sources, depuis le début des années 80, le SIDA est devenu « la principale menace pour la santé des Africains »1(*). L'Organisme des Nations Unies de lutte contre le SIDA (ONUSIDA) estime à ce propos que : « 28 millions d'Africains ont été infectés du virus à la fin de l'année 2001, ce chiffre représente presque 70% du total de personnes vivant avec le virus du VIH dans le monde »2(*).

Le rythme de progression du VIH/SIDA donne l'impression de faire une course toujours plus rapide surtout dans la tranche des jeunes. C'est d'ailleurs ce qui est à l'origine de l'attention toute particulière accordée aux comportements sexuels des jeunes par les chercheurs, car avant la propagation de l'épidémie, il y avait très peu d'écrits sur le sujet. Le thème était peu exploré, sûrement parce qu'il y avait des questions plus urgentes pour ces chercheurs comme la pauvreté ou la mortalité maternelle et infantile. Aujourd'hui, les statistiques tablent sur des milliers de jeunes africains concernés  par la maladie. Du coup, la sexualité est devenue un sujet de préoccupation majeure de santé publique avec l'extension reconnue du Sida ces dernières années.

Comme dans la plupart des pays d'Afrique, la transmission au Sénégal se fait principalement par voie sexuelle. D. Ward estime à ce propos que «.... la transmission sexuelle est responsable de 90 % des cas de Sida [...] »3(*). Il est surtout remarquable, que l'infection ne touche plus seulement les groupes à haut risques (les travailleuses de sexe et les homosexuels) comme au tout début, mais elle affecte aussi les autres catégories de la population générale comme les jeunes adolescents qui représentent la majorité de la population, « ils sont en 2002, presque 11,8 millions entre 15 et 24 ans à vivre avec le virus [...] »4(*). Il semble dés lors, que les jeunes adolescents ont des comportements sexuels, et si l'on associe cela à l'idée selon laquelle la transmission du VIH se fait essentiellement par voie sexuelle, on peut en déduire que ces jeunes adolescents ont des comportements sexuels à risques et cela peut donc contribuer fortement à la hausse du nombre de PVVIH jeunes. Selon les rares données statistiques disponibles, on note que la proportion des grossesses hors mariage contractées en milieu scolaire varie entre 9 à 14%. Et toujours dans ce sens, les données fournies par EDS IV- Sénégal affirment que les filles de 15 -19 ans ont des comportements sexuels à risques plus élevés que celles des jeunes femmes de la tranche d'âge 20-24 ans, et il est surtout remarquable - quand on fait la comparaison entre les résultats de l'EDS III et ceux de EDS IV - que l'âge des premiers rapports sexuels préconjugaux aient tendance à baisser. Selon le Bulletin Santé Magazine n° 6 (Juillet- Août 2006), « si en 1960, l'âge moyen pour les premiers rapports sexuels tournait autour de 20 ans, aujourd'hui il avoisine les 15 à 16 ans dans la plupart des pays africains»5(*).

A l'heure actuelle, l'évolution des recherches qui porte à croire que l'épidémie frappe surtout les jeunes, fait, qu'ils représentent dès lors un groupe dit «  vulnérable » ou « groupe à haut risques ». En effet, cette épidémie dont les chiffres sont particulièrement croissants au niveau de cette tranche d'âge justifie les efforts déployés par les autorités sénégalaises dans la lutte contre le VIH/SIDA qui en fait sa cible principale. Ils sont les plus exposés au VIH/SIDA et la prise de conscience de leur exposition constitue dés lors un grand espoir dans la lutte déjà entamée par les autorités.

D'ailleurs, la lutte du Sénégal contre le Sida, est saluée par de grands organismes internationaux et aujourd'hui, ce pays est présenté comme l'un des pays où la prévalence au sein de la population générale est des plus faibles parmi les pays d'Afrique au sud du Sahara. Les estimations varient entre 0,7% et 0,9% (EDS IV, 2005 ; ONUSIDA, 2006), avec cependant des variations importantes d'une région à une autre.

Ainsi, dans le souci d'apporter une contribution aux nombreuses questions soulevées ci-avant et qui préoccupent aussi bien les autorités que les responsables sociaux et sanitaires, nous nous proposons d'inscrire notre recherche dans la problématique la santé des jeunes en l'occurrence leur santé sexuelle. Nous avons choisi les jeunes principalement ceux du milieu scolaire en raison du fait que dans le cadre scolaire, les jeunes sont plus disponibles et sont plus à l'aise et plus libres pour répondre à des questions aussi intimes en rapport avec leur sexualité.

Ø Quels sont les déterminants des pratiques sexuelles des adolescents ?

Ø Pourquoi certaines pratiques peuvent être considérées ou qualifiées de comportements à risques ?

Ø Pour qui ces comportements sexuels sont à risques ?

Ø Quelles sont les influences du milieu scolaire, des connaissances relatives à l'infection et celles des perceptions de ces jeunes sur leurs comportements sexuels ?

Voilà une des nombreuses questions que nous nous posons et auxquelles nous essayerons de répondre tout le long de notre travail de recherche. Par conséquent, nous envisageons d'articuler notre travail autour de trois grandes parties.

La première partie sera consacrée à la partie théorique et à la partie méthodologique ; dans la deuxième partie, il sera question du contexte dans lequel se place notre grand thème, l'infection du VIH/SIDA depuis ses débuts jusqu'à ses réalités actuelles, ceci passera en revue bien évidemment, la présentation du Sénégal dans le contexte de la situation épidémiologique, aussi, sera-t-il question de définir l'historique de la lutte contre le Sida ; et enfin, la troisième et dernière partie sera consacrée à l'analyse et à l'interprétation des résultats de la recherche. Il s'agira concrètement d'abord, de répondre aux questions que nous nous étions posée et aux objectifs que nous nous étions assignée au préalable et ensuite il s'agira de voir si les résultats obtenus au sortir de cette recherche infirment ou non les hypothèses qu'on avait retenues.

PREMIERE PARTIE :

CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE

Première partie : Cadre théorique et méthodologique

Chapitre I : le cadre théorique

I-1 Problématique

Si dans la société traditionnelle, le début des premiers rapports sexuels coïncidait avec le mariage, aujourd'hui, il existe un décalage temporel entre les deux phénomènes. De plus en plus, les jeunes s'adonnent à une activité sexuelle, qu'ils soient mariés ou non, et même si cette activité sexuelle est sensée démarrer en même temps que la nuptialité. En fait, pour comprendre cette tournure nouvelle qu'a prise la sexualité, il est important de ne pas perdre de vue que, de plus en plus, les habitudes dites «traditionnelles » sont en train d'être supplantées par  d'autres dites de « modernité ». Du coup, beaucoup de choses ont tendance à changer, même la manière dont l'éducation est inculquée aux jeunes générations.

Dans la société traditionnelle, le développement des jeunes se faisait à l'intérieur de la structure familiale. Toute leur éducation et leur apprentissage à la vie étaient assurés par tous les membres de la communauté (les parents et l'entourage) et l'éducation sexuelle n'échappait pas à ce sillage. A ce propos, A D. Camara avance que : « L'adolescent était inséré dans un réseau de relations avec les membres de la communauté et ces derniers exerçaient une certaine pression sur lui »6(*). Dans ce contexte, le contrôle était strict et serré de sorte que la différenciation des sexes des enfants était assurée. Il y avait une éducation pour les filles et une éducation pour les garçons, si bien qu'une proximité physique entre deux adolescents de sexe opposé était pratiquement impossible. Cela était aussi valable pour les jeux, on trouvait des jeux réservés aux filles et d'autres réservés aux garçons.

Aujourd'hui, avec l'influence du monde moderne, on assiste à un autre type d'éducation. Pour preuve, le développement des jeunes générations se partage entre la structure familiale et la structure scolaire, second lieu de socialisation de l'individu « moderne » et nouveau pôle d'éducation.

Censée prolonger le rôle de la famille et élargir l'éducation des jeunes, l'école ne dispense pas seulement des valeurs traditionnelles mais également des valeurs étrangères comme les valeurs de liberté, de justice, de démocratie, et de parité entre l'homme et la femme, bref, des notions qui sont contraires à notre culture traditionnelle. C'est d'ailleurs ce qui permet de dire que l'école a une part de responsabilité dans la distance, de plus en plus grandissante entre les jeunes et les parents. De plus, c'est un lieu propice à tout ce qui a trait à une éducation et à une expérimentation sexuelle pour les jeunes.

Cet univers éloigne l'enfant des valeurs traditionnelles et le transporte dans un monde où les TIC (Technologies de l'Information et de la communication) comme la radio, l'Internet, les TV, les journaux etc. et les groupes des pairs ont une place première. Avec une telle tournure, les parents ont du mal à contrôler leurs enfants en plus du fait de la réduction de temps qu'ils passent avec eux, de même, que de négocier un terrain de confiance avec ceux-ci, afin de les persuader des comportements relatifs aux valeurs culturelles traditionnelles en rapport avec la sexualité.

Selon Rwenge, « l'école et les nouvelles valeurs récréatives éloignent souvent les jeunes des adultes. En plus la séparation des sexes n'y est pas assurée. Toutes les nouvelles inventions telles que le cinéma, les soirées dansantes, le football [...] raccourcissent le temps que les jeunes passent sous le contrôle des parents ou dans le cercle familial »7(*).

L'influence de l'école et celle du groupe des pairs semblent être plus grandes que celle de la structure familiale dans les comportements des jeunes d'aujourd'hui, et une des résultantes de cette nouvelle tournure n'est autre que la précocité de l'activité sexuelle  des jeunes, qui elle, occasionne les grossesses précoces et /ou hors mariage, mais aussi le multipartenariat sexuel. « [...] le premier rapport sexuel se produit de plus en plus souvent avant le mariage »8(*). Selon Valérie Delaunay, « cette plus grande liberté sexuelle à laquelle les jeunes générations accèdent désormais est aussi à l'origine d'une augmentation sensible des grossesses prénuptiales »9(*). L'auteure trouve l'explication de la dissolution entre sexualité et mariage dans le retard de l'entrée en union généralisée auprès des jeunes : « l'explication de la prévalence des grossesses précoces et préconjugales semble se trouver dans le recul de l'âge au premier mariage et dans la détérioration du contrôle social, sous l'urbanisation»10(*). Les jeunes non seulement ont des rapports sexuels, mais cela avec des partenaires différents. Cela est courant ces derniers temps si bien qu' « aujourd'hui, le fait d'avoir eu des rapports sexuels avec plus d'une personne au cours de sa vie est devenu une banalité »11(*).

Le recul de l'âge en union peut en effet expliquer les comportements sexuels de ces jeunes car dans la tradition où les mariages se scellaient de manière précoce aussi bien pour les hommes que pour les femmes, ces derniers n'avaient pas le temps d'assouvir leur désir sexuel que l'entrée en union se présentait. Maintenant, avec la scolarisation, filles comme garçons ont tendance à vouloir finir leurs études pour gagner une certaine indépendance financière avant d'entrer en union et de fonder un foyer. Cependant, cela les expose au risque d'une activité sexuelle prénuptiale qui peut durer plus ou moins longtemps. De plus, par l'instruction que leur inculque l'école, les jeunes reçoivent et parviennent à déchiffrer les messages lancés par les médias notamment les chaînes de télévision ou les sites Internet qui ne contrôlent pas la cible qui reçoit ces messages. De ce fait, les jeunes qui ne sont pas toujours au fait de la sexualité vu l'inexistence d'une éducation sexuelle, peuvent se laisser influencer par la sexualité diffusée par les médias et cela peut les amener ainsi à commencer une activité sexuelle qu'ils ne maîtrisent pas toujours.

Parmi les facteurs qui occasionnent cette activité sexuelle, on trouve aussi le caractère tabou de la question de la sexualité dans nos sociétés africaines, et qui est lourd de conséquence, aussi bien chez les jeunes que chez les adultes. En fait, les parents, même intellectuels répugnent encore à aborder un tel sujet avec les enfants, ce qui fait que l'éducation sexuelle en famille est presque inexistante. Ce qui en résulte, c'est que beaucoup de jeunes, même scolarisés, parviennent à la maturité sexuelle sans connaissances réelles sur la sexualité. Selon Lindsay Stewart « la grande majorité des gens qui prennent la décision de devenir sexuellement actifs le font en disposant d'une information inadéquate »12(*). En fait, la culture africaine en général, celle sénégalaise en particulier, veut que certains débats ne soient pas instaurés en famille. Les jeunes, traditionnellement, ne parlent pas de sexe devant les adultes. Même si ces derniers (parents et professeurs) savent que les jeunes sont très souvent au devant des faits sexuels et qu'un besoin d'en connaître tous les aspects s'impose à eux de plus en plus, on fait toujours abstraction de tels sujets. Donc du fait de son caractère tabou, cette sexualité qui s'impose aux jeunes est entourée de mystère et la résultante de cette situation est que les jeunes ne sont pas correctement informés sur la sexualité ; ni l'école, ni la structure familiale ne donne aux jeunes Sénégalais l'opportunité de connaître la sexualité et les moyens de prévenir les grossesses et les autres corollaires de las sexualité. Ces jeunes se tournent alors vers les médias ou les groupes de pairs qui vont se charger d'envoyer des messages d'information, qui peuvent être selon le cas, erronés et déformés (les pairs) ou sensationnelles (médias), et donc pas exhaustifs. Le directeur du centre de santé de la reproduction de Grand-Yoff qui accueille des filles et des garçons, pense que c'est le caractère tabou qui est accolé à la sexualité qui est la cause de la persistance des problèmes que rencontrent certains jeunes par rapport à leur sexualité. D'après lui, « plus on sait, mieux on se méfie »13(*) .

Malgré cela, nombreux sont les professeurs et même les parents d'élèves qui se dressent contre l'idée de dispenser une éducation sexuelle aux jeunes. Ils trouvent en cela que les adultes pervertissent les filles avec ces informations. Les pesanteurs sociales et culturelles sont telles dans notre pays que malgré l'occidentalisation avec le recours à la télévision et aux autres supports comme la radio, l'Internet, les parents - même intellectuels - s'offusquent encore dés que leurs enfants disposent d'une éducation sexuelle, même dispensée à l'école.

Par ailleurs, les grossesses ne sont pas la seule retombée de ces comportements sexuels car si avant, un rapport sexuel pouvait conduire à une maternité ou à une paternité, aujourd'hui, depuis deux décennies, cela peut conduire aussi à une infection d'IST/VIH/SIDA.

En effet, le SIDA est l'une des principales contraintes liées à la sexualité des jeunes d'Afrique et du Sénégal, et représente un des plus grands soucis des autorités publiques. Sa prévalence continue à croître dans la plupart des pays de la sous région et ses répercussions démographiques, socio économiques et psychosociales sont un désastre. Aujourd'hui, avec l'impact du VIH/SIDA, la sexualité des jeunes n'est plus seulement une préoccupation des parents avec les grossesses précoces hors mariage, mais aussi celle des autorités du pays qui comptent sur cette frange de sa population.

Le caractère tabou de la sexualité n'encourage pas les jeunes à s'informer librement et malheureusement, les études montrent qu'effectivement les jeunes ne sont pas assez informés au sujet du VIH/SIDA aussi. En effet, « De nouvelles études [...] ont montré qu'un nombre considérable de jeunes ne savent pas comment le VIH se transmet et comment se protéger de la maladie  »14(*).

Beaucoup d'autres études ont montré aussi que l'inexpérience liée à l'âge constitue un obstacle à la lutte contre le SIDA car « même s'ils disposent de l'information nécessaire, certains adolescents pratiquent des rapports sexuels non protégés, car ils n'ont pas les compétences nécessaires pour négocier soit l'abstinence, soit l'utilisation du préservatif [...]. »15(*).L'insuffisance avérée en besoin de connaissances de la maladie par les individus même infectés ou affectés et la négligence que l'on note auprès des populations, contraste avec le rang du Sénégal parmi les autres pays en ce qui concerne la maladie mais aussi avec l'ampleur que prennent ses proportions de nos jours.

Bien que les jeunes soient ceux qui pâtissent le plus de l'infection, cette dernière qui sévit parmi eux reste en grande partie invisible non seulement aux jeunes eux-mêmes mais aussi à l'ensemble de nos sociétés où chaque famille ou chaque personne se croit à l'abri. En effet, les jeunes sont souvent vecteurs de VIH /SIDA pendant des années sans savoir qu'ils sont infectés. Ce qui fait que l'épidémie se diffuse au de là des groupes à hauts risques et atteint l'ensemble de la population générale.

Ainsi, la vulnérabilité dont les jeunes ont fait l'objet, justifie les mesures et les initiatives de grande envergure que les gouvernements ont prises. Dans cette perspective, les jeunes scolarisés sont conséquemment privilégiés. Au Sénégal, on a vu s'implanter des centres conseils ados dans les quartiers et jusque même dans les écoles avec les centres médicaux scolaires et les clubs antisida (qui privilégie l'éducation par les pairs), et les programmes EVF (Evaluation du programme pédagogique d'Education à la Vie Familiale en matière de population EVF/EMP). Dans la même perspective, « une nouvelle génération d'écoles a connu « le 5éme programme d'assistance de l'UNFPA au Sénégal qui a permis de mettre en place un projet pilote (Projet SEN/02/PO3) intitulé « Intégration des services de Santé de la Reproduction  dans le lycée des Parcelles Assainies et le centre Médico-scolaire de Dakar »16(*), la création des centres de Santé de la Reproduction des jeunes de ASBEF, encore que ceci ne soit orienté que vers les jeunes. D'ailleurs, les efforts du Sénégal dans la lutte contre l'épidémie, ont été salués par la Banque Mondiale, l'ONUSIDA et l'OMS.

Malgré les attentions de sensibilisation déployées à ce sujet, l'ignorance reste le premier obstacle à la lutte contre le VIH/SIDA au plan mondial. Par conséquent, la tâche des autorités est lourde car beaucoup de choses restent à faire; celles-ci devraient dans cette perspective, faire face à des mentalités, des coutumes et des pratiques que les sociétés ont connues et respectées depuis très longtemps comme le sororat, le lévirat, ou encore la polygamie. Parmi les obstacles à cette lutte, l'ignorance et l'insouciance de l'âge sont aussi des concepts clé qui devraient être une priorité pour les autorités. Selon les données de l'EDS IV-Sénégal, parmi la proportion des jeunes de la tranche d'âge 15-24 ans interrogés ,11% des jeunes femmes et 91% des jeunes hommes déclarent avoir eu des rapports sexuels à haut risques pendant les 12 derniers mois ayant précédé l'enquête.

En outre, il est connu que les rapports sexuels non protégés de même que le multi partenariat sont des facteurs de propagation du VIH et les jeunes sont considérés comme une population à risques dans la mesure où, à ces âges les rapports sexuels sont généralement instables et le multipartenariat fréquent.

Nombreux sont ceux qui continuent à avoir un comportement sexuel à risques, malgré les initiatives prises par nos gouvernements pour amoindrir et combattre l'épidémie, et ce qui est en train de se faire sur le terrain. Avec cette politique orientée vers les jeunes, le Sénégal se retrouve parmi l'un des pays que l'on cite en exemple dans la lutte qu'il mène contre le Sida et, il est considéré comme un pays - phare en matière de prévention du VIH/SIDA avec à coté des pays comme l'Ouganda, la Thaïlande, les Philippines. Depuis le premier cas dépisté en 1986, le taux de prévalence s'est maintenu chez les adultes entre 1 ,77 et 1,74. Ces chiffres qui semblent très réconfortants n'ont pourtant pas l'air de traduire la réalité auprès des plus jeunes car, ceux-ci même s'ils sont très au fait de la maladie et de ses modes de transmission et de prévention, ne prennent pas les précautions nécessaires.

Parmi tous les modes de transmission de la maladie, les rapports sexuels non protégés contribuent en grande partie à sa propagation. Dans des sociétés où la virginité des jeunes filles avait une importance particulière, aujourd'hui, cette coutume a tendance à perdre son poids avec les idées dites de « modernité ». Selon Delaunay, « ...les normes réprouvent la sexualité hors mariage. Les faits montrent que ces normes évoluent et que l'exigence de la virginité au mariage s'affaiblit »17(*).

Mais, qu'en est -il de la perception des élèves sur leurs comportements sexuels quand la médecine les perçoit comme un risque ?

Pour une analyse exhaustive des comportements humains, nous jugeons qu'il est important de prendre en considération des facteurs moins concrets, comme les perceptions de la population étudiée sur la question. La dimension du risque, du comment est perçu le risque par les jeunes sexuellement actifs, sont des concepts-clés dans la compréhension des comportements sexuels des jeunes face à la sexualité.

En effet, connaitre un risque suppose un minimum de connaissance. L'individu qui sait qu'il coure un risque doit, au préalable connaître le risque et les effets de ce risque. Si les élèves sexuellement actifs ne connaissent pas l'infection à VIH/SIDA et ses retombées, on peut supposer dans ce cas qu'ils ne seront pas capables de déceler les risques encourus ni d'avoir des appréhensions vis-à-vis de la sexualité. C'est pour dire de fait, que la perception du risque qu'ont les jeunes de l'infection a une influence assez lourde sur les comportements et les attitudes des jeunes par rapport au VIH/SIDA. La méconnaissance de la maladie peut être à l'origine d'une prise de risque dans cette sexualité.  « La prise de risque est [...], une recherche incertaine dans la meilleure satisfaction, à un moment donné, d'objectifs prioritaires et quelques fois en opposition entre eux et aux consignes de prévention »18(*).

En effet, connaître la maladie du Sida est en soi très relatif. Dans ce cas de figure, on peut conceptualiser la connaissance de l'infection par la connaissance relative aux principaux modes de prévention, de transmission, des symptômes et des signes de manifestation de l'infection, des notions de séropositivité. Si on a des connaissances relatives à ces points, on peut supposer qu'on a de « bonnes » connaissances sur l'infection et c'est cela même qui ferait qu'on décèle un risque ou non dans telle attitude ou dans une autre, seulement parce qu'on serait en bonne posture pour en connaître les tenants et les aboutissants. Une attitude qui est en phase avec « les consignes de prévention » peut, dans ce cas être considérée comme une attitude à moindre risques.  « Les représentations de la maladie au sein de la communauté et les constructions sociales des groupes à risque sont des éléments- clés qui dimensionnent le risque. La prise de risque relève donc du choix des individus en prise avec le monde, les structures sociales, économiques et culturelles de leur environnement »19(*).

La prise de risque ou l'adoption de comportements à risques relative à la sexualité sont déterminées par des réalités socioculturelles. Pour preuve, le fait d'avoir été scolarisé, favorise de façon significative la perception du VIH comme un danger ou un risque. D'après une étude réalisée au Sénégal sur les perceptions des populations sur le risque du VIH/SIDA, «  la probabilité de considérer le VIH comme un danger est prés de quatre fois plus élevé pour les hommes que pour les femmes » de même, l'étude appliquée au Cameroun a montré que « les hommes qui considèrent le VIH comme un danger sont plus nombreux parmi ceux qui ont été scolarisés (86%) que parmi ceux qui ne l'ont pas été (67%) »20(*). On voit là combien l'impact de la perception du risque peut être lourd de conséquence dans la logique de prise de risque ou d'adoption de comportement sexuel des jeunes.

Le fait de considérer le VIH/SIDA ou un comportement sexuel comme un danger ou un risque peut varier d'un jeune à un autre. « La première réaction de la population du Cameroun lorsqu'elle entend parler du VIH/SIDA est une attitude de peur. La proportion de personnes qui pense ne pas courir de risque varie selon la région »21(*). Ces différences pour une même maladie tiennent d'avantage à l'ampleur de chaque phénomène et des perceptions individuelles qu'à leur nature. Mais au-delà de toutes ces considérations, l'impact du SIDA sur la population générale n'est pas seulement une réalité médicale, elle est aussi une réalité sociale pour les PVVIH et pour leurs proches aussi.

Aujourd'hui, avec le développement considérable de la maladie en Afrique subsaharienne, on n'est pas seulement témoin d'un fort taux de personnes infectées mais on assiste aussi à un type de comportements à l'égard de ces personnes à savoir la discrimination et la stigmatisation. Ces deux attitudes sont fortement remarquées au niveau de ces personnes et la plupart en sont victimes aussi bien sur le plan individuel qu'institutionnel. Ceci est tellement vrai que les jeunes mais aussi les adultes, ont tendance à éviter de recourir à des méthodes de prévention, ou au dépistage du VIH ou à la divulgation à leurs partenaires sexuels de leur statut sérologique quand celui-ci est positif. Et pour ce qui est des PVVIH, la crainte de la stigmatisation ou de la discrimination les empêche généralement de recourir à des traitements ou à des médicaments antirétroviraux même si ces derniers ont un prix réduit depuis quelques années au Sénégal. Cette situation vient s'ajouter à la longue liste des raisons qui influencent positivement la propagation dans un pays comme le Sénégal, si bien que les individus abandonnent leurs droits les plus fondamentaux comme se soigner, travailler ou étudier, fréquenter des endroits publics au même titre que les autres en bonne santé ou encore leurs droits d'être protégés de la violence. En effet, les ravages du VIH/SIDA ont des effets catastrophiques sur les droits humains et cela fait que les autorités ne traitent plus la question en termes de maladie seulement mais aussi en termes d'obstacle au développement social et économique. Le VIH/SIDA coûte cher à nos gouvernements et le drame est que beaucoup de moyens lui sont accordés alors que des maladies curables comme le paludisme, la drépanocytose ou le cancer sont négligées. Mais il coûte cher aussi aux jeunes qui risquent de ne pas réaliser leur potentiel à participer au développement des sociétés à travers la violation des droits humains mais aussi à travers la perte de leurs pères, mères, frères, soeurs, ou enseignants ou tout autre personne qui est susceptible de contribuer à leur éducation et à leur avenir. Sur ce, les autorités devraient accorder une attention toute particulière à cette tranche d'âge car non seulement ils sont au coeur de la pandémie du SIDA, mais ils sont aussi un moyen sûr et efficace de lutter contre la pandémie grâce au vecteur de progrès qu'est l'éducation. En effet celle-ci permet de défier des concepts avec une présence importante comme le caractère tabou de la sexualité, l'ignorance, les idées fausses et erronées, le silence autour de la maladie, la stigmatisation, la discrimination, la honte de porter le virus et en même temps, elle facilite la tâche aux autorités à qui cela incombe à travers l'éducation pour les pairs. Bien formés, les éducateurs pour les pairs sont une source indéniable d'informations sur la sexualité et ils pourraient corriger ces idées fausses, briser les mythes et présenter l'information de manière pertinente de sorte que les autres jeunes même non scolarisés la comprennent et se sentent impliqués. Des études ont montré que l'éducation est un concept clé auquel les gouvernements pourraient accorder une priorité particulière et la résolution de l'épidémie du Sida n'est pas en reste dans cette initiative. Et d'ailleurs, une étude faite par l'UNICEF a montré qu'il y'avait une corrélation entre le niveau d'instruction et l'acceptation du test de dépistage du VIH/SIDA. Les jeunes, ne sont surtout pas à négliger dans cette lutte et le DG de ONUSIDA l'a bien compris dans son appel ; «  c'est en accordant une priorité spéciale aux jeunes que l'on parviendra à influer sur le cours de l'épidémie. Le changement des comportements et des attentes à un jeune âge permettra d'obtenir des avantages pendant toute la vie, à la fois pour prévenir le VIH et atténuer la stigmatisation qui lui est associée. [...]. Dans tous les pays où la transmission du VIH a reculé, c'est parmi les jeunes que les progrès les plus spectaculaires ont été enregistrés».22(*)

Ainsi pour un travail sur une question aussi large que celle que nous venons d'entamer à savoir la vulnérabilité des adolescents à l'infection du VIH/SIDA, il est important d'analyser les informations sur les connaissances des adolescents. Par conséquent, il sera axé sur un certain nombre de questionnements, cela nous permettra de nous situer dans le sens de nos objectifs afin de ne pas trop nous éloigner de la perspective que nous voulons mettre en exergue.

v Les jeunes sexuellement actifs en milieu scolaire ont-ils des comportements sexuels à risques d'IST, et d'infection par le VIH/SIDA ?

v Quelle forme prend leur vie sexuelle?

v Les jeunes sexuellement actifs en milieu scolaire connaissent- t - ils les risques liés à leurs comportements sexuels ?

v Quelle perception ces jeunes ont-ils de ces risques ?

v La perception du risque, si elle existe chez ces élèves, a-t-elle une influence sur les comportements sexuels de ces élèves ?

I-2 Revue de la littérature existante

Le thème de la sexualité se retrouve au centre de notre recherche. On a souvent tendance à l'allier avec celui du comportement sexuel avec qui il reste très lié aussi bien dans le langage parlé que dans la réalité des choses.

A ce sujet, il est important de souligner que la littérature n'est pas très florissante, en tous cas, dans le continent, jusqu'à l'apparition et le développement fulgurant de l'infection du VIH/SIDA. Il faut dire que l'Afrique a toujours souffert du manque de données scientifiques dans ce domaine-ci. Cela est dû à plusieurs raisons d'ailleurs, en premier lieu, pour les nombreuses cultures reconnues à ce continent, la sexualité est un domaine plutôt sensible, en second lieu, le manque de moyens pour reproduire des données scientifiques bien adaptées aux réalités socio culturelles de la région est un fait. En général, les méthodes utilisées pour avoir les résultats des réalités sociales nous viennent d'Europe ou d'Amérique et celles-ci souvent se heurtent à des obstacles dus à la différence de conception d'une culture à une autre.

Du coup, faire une revue de la littérature existante dans ce domaine revient à accomplir une tâche laborieuse.

C'est avec la diffusion et l'impact important de l'infection à VIH/SIDA que les écrits et les recherches à ce sujet vont commencer à affluer.23(*)De plus, ce sujet devait sembler secondaire aux yeux des chercheurs à coté de questions plus urgentes à l'époque comme la pauvreté, le sous-développement, la mortalité maternelle etc. A cette situation qui a fait que très peu d'écrits ont été fournis pour la production dans le domaine de la sexualité, s'ajoute le caractère tabou de la question qui reste tout de même sensible pour nos sociétés. Selon Vellay « pendant des générations, le mystère le plus complet a régné sur la sexualité : elle était fortement imprégnée de peur, d'angoisse, ce qui lui donnait un contexte dramatique 24(*) ». Après ce stade, il a fallu attendre la découverte du Sida associée à une montée fulgurante de nombre de personnes infectées pour que les spécialistes comme les anthropologues, les démographes principalement, accordent de l'intérêt à la sexualité et aux comportements sexuels des populations, encore qu'ils ne se sont penchés que sur les comportements sexuels à risques d'IST/ VIH/ SIDA que sur la sexualité. Malgré les réticences à parler ouvertement de la sexualité dans plusieurs sociétés, les quelques études sur les comportements sexuels à risques révèlent un changement dans la pratique et les perceptions des populations. Ce changement qui est jugé très lent n'était constaté que dans les sociétés occidentales avant l'avènement du VIH/SIDA. A ce sujet, Le Jeune nous dit, « notre comportement en regard de la chose sexuelle est en constante évolution. [...]. La science avance à pas de géant et nous oblige à réviser nos attitudes en fonction des découvertes les plus imprévues et que la sexualité, n'échappe pas à ce dynamisme dans la mesure où telle conception admise hier, est périmée aujourd'hui ; telle certitude d'aujourd'hui sera peut être dépassée demain » 25(*). C'est cette évolution de la conception de la sexualité qui va offrir aux chercheurs l'opportunité de se préoccuper davantage de ce phénomène encore mal connu du fait des fausses idées qui lui sont associées.

En Afrique subsaharienne, par exemple, la plupart des études orientées vers la sexualité se sont concentrées principalement sur les comportements à risques d'une part et de la fécondité d'autre part. Ces études se sont davantage tournées vers les populations adultes (15 -49 ans). Quand celles-ci se font au niveau des plus jeunes, ce qui est rare, chez les adolescents par exemple, les données sont collectées dans le milieu scolaire, en dehors du cadre familial. Parce que dans ces cas là, ils sont plus facilement ouverts au thème, sont moins stressés de parler de sexualité avec à coté la présence des parents, et il est plus évident de les avoir en grand nombre dans ces circonstances. Cette perspective laisse pourtant apparaître quelques failles notamment l'exclusion des jeunes non scolarisés qui a tendance à s'élever en nombre dans les pays africains.

A travers les différents travaux consultés, les concepts privilégies étaient souvent rattachés aux comportements sexuels comme la prévalence, les représentations, les constructions sociales de la sexualité, et du Sida et des IST. Ces concepts étaient valorisés à cause du rôle qu'ils jouaient dans les campagnes de sensibilisations des populations pour l'adoption de comportement sexuel à moindres risques d'IST et de VIH.

En Afrique, la plupart des études traitant de la sexualité repose sur les données des Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS). Elles constituent une source importante de données pour l'étude de l'activité sexuelle et du Sida en Afrique. Elles ont touché principalement des femmes d'abord et des hommes ensuite âgés de 15 ans et plus jusqu'à 54 ans. Les centres d'intérêt des ces enquêtes reposaient sur des questions liées à l'utilisation des moyens de contraceptions disponibles, à la bonne santé de l'enfant etc.

Malheureusement, ces enquêtes n'ont pas beaucoup d'informations sur les comportements de la sexualité et les attitudes, et les facteurs de risques. Le volet SIDA a été ajouté à partir de la phase EDS - II qui s'est déroulée de 1990 à 1993 avec 22 enquêtes dont la moitié en Afrique, mais cela n'a pas permis beaucoup d'analyses démographiques des comportements sexuels. Les travaux basés sur ces enquêtes n'ont pas assez exploité les aspects en rapport avec les comportements à risques et du SIDA. Ce qui de plus, fait la faiblesse de ces enquêtes, c'est qu'elles reposent en fait sur la standardisation des questionnaires élaborés à l'intention des populations d'enquête. Elles ne répondent pas spécifiquement aux besoins ou préoccupations des pays dans lesquels elles ont été élaborées car elles sont dans un cadre plutôt international ou régional. A notre avis, il faudrait une considération locale pour chaque pays ou localité. Cette approche ne permet pas une lecture et une bonne compréhension du phénomène, car la sexualité n'est pas la même partout, elle se manifeste différemment d'un groupe social à un autre. Elle n'est pas l'expression de la seule nature mais elle relève aussi du culturel. Elle est à la fois dynamique et est fonction d'un produit culturel, propre à chaque groupe.

Néanmoins, ces enquêtes ont l'avantage de permettre certaines analyses démographiques des comportements sexuels, et concrètement, elles ont permis de révéler les changements intervenus dans la vie sexuelle des Africains.

Par ailleurs, « il existe aussi des travaux sur les connaissances et le Sida réalisés à travers des enquêtes de types CA(C)P ( Connaissances, Attitudes , Croyances et Pratiques ), CAP( Connaissances , Attitudes et Pratiques ) ou RP ( Relations entre Partenaires ) » 26(*) . Ces enquêtes ont été supervisées par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) entre 1988 et 1990 dans plus de 60 pays dont 21 en Afrique27(*). Elles sont plus centrées sur les comportements sexuels à risques et le SIDA que les EDS, et ciblaient les individus adultes (hommes et femmes) âgés de 15 ans et plus. Les variables principalement visées étaient la transmission contre le VIH/SIDA et la protection.

Cependant, les enquêtes de ce type peuvent sembler insuffisantes pour notre étude car elles ne mettent pas en avant les motivations de enquêtés. Pour nous, il est essentiel d'étudier la sexualité sous cet angle car il est impossible d'étudier les comportements sexuels sans pour autant voir les raisons qui font que les cibles (ici les jeunes) ont des rapports sexuels.

Par ailleurs, on concède à ces études d'avoir donner une certaine idée de l'activité sexuelle principalement sur les comportements sexuels à risques même si cela est sur une courte période.

Il existe aussi d'autres études réalisées dans beaucoup des pays africains mais c'est sur l'Afrique subsaharienne qu'elles ont le plus centrées. Il s'agit des Enquêtes à indicateurs multiples (MICS). Elles étaient destinées à la production statistique nécessaire à l'évaluation des progrès réalisés par le Sommet Mondial des Enfants (SME) tenu à New York en 1990. Ces enquêtes s'intéressent aux enfants et aux femmes, et privilégient en matière de sexualité, les variables directement liées aux comportements sexuels à risques du VIH/SIDA. Les questions posées sur le VIH/SIDA ne concernent que les femmes, à l'exclusion des adolescents, des adolescentes et des hommes. Ces enquêtes portent sur la connaissance du Sida, les moyens de protection, les fausses conceptions qui planent autour de la maladie, les moyens de transmission, les attitudes discriminatoires à l'égard des PVVIH, le niveau de connaissance de la transmission du VIH/SIDA ainsi que la connaissance et la pratique du test du Sida. Sur la sexualité, les comportements sexuels à risques saisis concernent l'âge au premier rapport sexuel, le rapport sexuel occasionnel non protégé ainsi que le multipartenariat. Ces enquêtes ont eu le mérite d'avoir analysé des questions très présentes dans la réalité et qui sont pour la plupart soit liées à la sexualité, soit des corollaires du VIH/SIDA comme la discrimination ou le test de dépistage.

Cependant, comme les enquêtes précédentes, celles-ci sont aussi jugées insuffisantes dans la mesure où elles ne prennent pas véritablement les motivations des enquêtés en compte, de plus elles sont jugées restreintes en raison du fait qu'elles s'adressent exclusivement aux femmes. En plus, elles sont plutôt générales, car n'ont pas assez abordé la sexualité. A cet effet il est important de souligner que pour résoudre une question qui semble aussi délicate que celle de la sexualité, il est important de connaître les sources de la question, et bien entendu, ceci passera des motivations individuelles qui sont un point qui s'avère utile à la compréhension du phénomène en question.

Ces grandes enquêtes internationales à savoir les EDS, les CACP et les MICS ont comme point commun d'être de vastes programmes destinés à faciliter tout type d'enquêtes dans le sens de la santé reproductive. Par ailleurs, cette revue de la littérature nous a permis de voir que ces enquêtes qui ont analysé la sexualité des jeunes ne l'ont abordée que dans une perspective comportementale. Aucune n'a essayé d'analyser ce phénomène dans une perspective dynamique à travers les motivations des individus par exemple, se limitant juste à l'analyser sous l'angle de la constatation. En effet, ces études se contentent de constater le comportement sexuel et ne s'intéressent pas aux causes probables. D'ailleurs, elles n'ont pas tenté de connaître les motifs pour lesquels les jeunes s'adonnent à la sexualité. Des variables comme l'ethnie ou la religion sont saisies de façon implicite ou parfois même inexploitée quand il s'agit de la biographie scolaire ou résidentielle des jeunes. Bref, plusieurs facteurs dont l'analyse permettrait une meilleure compréhension des causes de la sexualité des jeunes et de leur exposition aux risques d'IST et du VIH/SIDA n'ont pas intéressé ces recherches. Et c'est dans cette optique que l'intervention de notre étude s'avère pertinente car les raisons probables des comportements sexuels des jeunes n'y sont pas négligées et nous verrons cela dans les hypothèses, les objectifs et les indicateurs de l'enquête.

Ainsi, sans remettre en cause cette orientation, nous nous proposons une autre lecture de cette sexualité à travers une large littérature fournie par le biais des rapports réalisés à titre individuel ou non, respectivement, des chercheurs ou des organismes mais aussi par les mémoires de recherches d'étudiants en fin de second et /ou de troisième cycle ou d'ouvrages d'ordre académique. Ces recherches sont cependant moins vastes que celles que nous avons vues plus haut mais traitent aussi de questions très intéressantes et qui sont aussi en rapport avec la question que nous traitons dans notre analyse. Cette seconde partie va prendre un autre élan par rapport à la littérature précédente car, elle va plutôt s'intéresser aux données même des enquêtes des ces sources déjà citées mais aussi, des données des EDS, CACP et des MICS. Enfin la dernière étape de cette partie fera étalage des différentes raisons que l'on trouve en Afrique qui justifient les relations sexuelles préconjugales que l'on recense dans le continent et les connaissances des populations liées à l'infection à VIH.

Rappelons juste avant d'aborder le thème en profondeur que, le Sida est l'élément déclencheur de la nouvelle dynamique dans la recherche sur la sexualité en Afrique. En effet, cette infection menace toutes les parties du monde, mais c'est en Afrique et dans le Sud-est Asiatique que l'épidémie prend des proportions plus grandes. D'après le rapport de l'ONUSIDA, presque 70% des PVVIH du monde entier sont recensées dans le continent africain, le VIH se classe d'ailleurs la première cause de la mortalité des Africains. Georges Courade d'ajouter que « Cette tragédie indéniable produit néanmoins quelques raccourcis médiatiques qui laissent supposer que l'Afrique va être rayée de la carte du monde dans les années à venir »28(*).

Parmi les facteurs aggravant le rythme de progression, la migration a été très tôt indexée.  Ainsi, dés le début de l'épidémie, « les relations entre la migration ou la mobilité des personnes et l'extension du VIH ont été abordées dans plusieurs écrits »29(*). Dans le même ordre d'idées, on nous révèle qu' « en Afrique, la mobilité spatiale a été reconnue dans divers travaux comme un facteur de propagation de l'épidémie du VIH »30(*). Il est reconnu à l'Afrique d'être un continent de migrations. Chaque année, on recense des milliers de migrants qui vont vers les autres continents ou d'autres villes pour de longues ou courtes durées,  « Ceux qui migraient avaient plus de rapports extra maritaux que ceux qui ne migraient pas et la majorité de ces rapports avaient lieu pendant la migration, en dehors du village »31(*).

Ces migrations donnaient lieu à des rencontres qui occasionnent des rapports sexuels entre partenaires. Ces rencontres se font le plus souvent entre hommes et femmes, mais aussi entre partenaires de même sexe, d'où parfois les phénomènes de prostitution et d'homosexualité. Ces deux phénomènes sont aussi considérés comme des facteurs de propagation.

Et parmi les modes de transmission de l'infection, le plus répandu, reste la transmission sexuelle « la transmission sexuelle est responsable de plus de 90% des cas de Sida dans le monde »32(*). Au début de la découverte de l'infection, seuls les travailleurs de sexe et les migrants étaient ciblés, aujourd'hui, l'infection cible toutes les couches de la population générale, ce qui fait qu'à l'heure actuelle, personne n'est à l'abri. Depuis ses débuts jusqu'à maintenant, les statistiques tablent sur 18 millions de personnes qui seraient infectées. Mise à part les traitements qui sont proposés, la lutte contre l'expansion du VIH/SIDA se limite seulement au test de dépistage, à l'usage du préservatif, aux campagnes d'informations sur les risques de contamination, un traitement curatif faisant défaut. Les programmes de lutte contre l'infection ont surtout axé leurs politiques de lutte sur la prévention en général et les comportements sexuels à risques en mettant un accent sur l'information et la sensibilisation. Dans cette perspective, la promotion des comportements sexuels à moindre risques telle que l'utilisation du préservatif, l'abstinence ou la fidélité a beaucoup été développée Dans les pays en Afrique subsaharienne, au Sénégal particulièrement, cette politique a connu le jour et des fins heureuses. En effet, en 1998, le Sénégal avait entrepris la première initiative Gouvernementale d'accès aux antirétroviraux en Afrique. Celle-ci a donné des résultats positifs en démontrant la faisabilité et l'efficacité des traitements antirétroviraux dans un contexte de pays en développement. Dans cette initiative qui a été réalisée en phase pilote, la décentralisation de l'accès aux ARV (antirétroviraux) et la mise en place d'équipes compétentes ont été un acquis. Aujourd'hui d'ailleurs, le Sénégal est parmi les premiers pays d'Afrique à avoir bénéficié de la possibilité d'accéder à ces médicaments (ARV) pour soigner les personnes porteuses du virus. Le coût moyen des médicaments nécessaires aux traitements des malades a été réduit de 90 % en 2001.

Les premières enquêtes sur l'épidémie révélaient qu'un nombre assez important de personnes dans le monde n'était pas au courant des moyens de prévention du VIH, ni même des modes de transmission. D'après les EDS, le Sénégal est aujourd'hui considéré comme l'un des pays d'Afrique où la prévalence est moins élevée, soit 0,7 % dans la population générale avec des variations dans les sous populations. Malgré cela, la connaissance du VIH et de ses moyens de prévention y est relativement faible. Les résultats de l'EDS IV révèlent que la connaissance des moyens d'éviter le VIH est positivement associée au niveau d'instruction et d'urbanisation aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Les hommes avec un niveau de 77, 5% sont légèrement plus informés que les femmes 75 ,5% sur les moyens à utiliser pour prévenir l'infection.  « Concernant l'influence du niveau scolaire sur la connaissance de la maladie, il apparaît que les femmes analphabètes sont les moins informées »33(*). Dans leur ouvrage qui aborde l'épidémie du Sida du point de vue anthropologique, Isabelle Bardem et Isabelle Gobatto font la différence entre les femmes veuves, divorcées, séparées et celles célibataires ou jeunes filles. Les résultats de leurs enquêtes auprès de leurs cibles à Ouagadougou (Burkina Faso) révèlent une autre différence dans les niveaux de connaissances liées à l'infection à VIH/SIDA. A ce titre, on retient que « La majorité des femmes célibataires ont une bonne connaissance de base de la maladie, particulièrement de son mode de transmission par voie sexuelle. [...]. Les femmes divorcées ou séparées ont elles aussi une bonne connaissance de base de la maladie et de sa transmission hétérosexuelle [......]. Les femmes veuves sont celles qui sont les plus mal informées sur la maladie. En effet, prés de la moitié n'ont pas d'informations précises sur le sida. Même si elles en ont déjà entendu parler de manière formelle, elles n'ont pas retenu ses modes de transmission. [....]. Celles [les jeunes filles] qui ont été scolarisées au secondaire citent souvent l'école comme le lieu où leur a été transmise l'information, ce qui n'apparaît pas chez celles qui ont arrêté au niveau primaire. A coté du milieu scolaire, la télévision et la radio sont les deux moyens privilégiés d'information »34(*). Partant de ces constats, on peut dire que la scolarisation crée alors une disparité sur les connaissances et on remarque que plus les études sont longues, plus les niveaux de connaissances sur l'infection sont élevés. A coté de ces femmes, les auteurs ont aussi fait le point sur les connaissances « des femmes libres » communément appelées les TS.  Les deux auteurs poursuivent que « Si l'on se réfère aux deux premiers groupes constituant le vaste ensemble des jeunes filles et des femmes seules, les femmes libres apparaissent comme les mieux informées. En effet, toutes connaissent le sida, son mode de transmission par voie hétérosexuelle et les principaux symptômes de la maladie déclarée » 35(*). En fait, ce qui est important de savoir sur les femmes TS c'est que, contrairement aux femmes dites « libres » et qui ne sont pas officielles, elles ont pris rapidement conscience de leur exposition aux risques de l'infection à cause de leurs pratiques sexuelles. Ces femmes TS bénéficient d'un encadrement médical pendant leurs suivis dans les structures de santé mises à leur disposition. Cet encadrement est secondé par un dialogue, un échange relatif à la question entre elles et les spécialistes dans ces dites structures. Cela s'est montré très efficace car elles se sont senties concernées et ont réagis en adoptant les comportements préventifs qui leurs étaient proposés.

Par ailleurs, l'utilisation du préservatif qui fait partie de la promotion des comportements sexuels à moindre risques dans la politique de lutte contre la pandémie a été renforcée mais reste encore insuffisante chez les jeunes. Prés de 52% des jeunes hommes de 15 à 24 ans ont déclaré utiliser le préservatif lors des relations sexuelles avec des partenaires non cohabitants. Ce taux est plus faible chez les jeunes femmes du même âge, 35 % d'entre elles ont eu recours aux préservatifs. Néanmoins le recours au préservatif est plus important chez les femmes scolarisées, 53% chez celles du niveau secondaire et plus contre 19 % chez les non scolarisées, cela s'explique par le fait que la non scolarisation occasionne la vulnérabilité aux risques d'infection. Les EDS IV ont montré qu'il y avait une corrélation positive entre l'usage du préservatif et le niveau d'instruction. En fait, les femmes non scolarisées n'ont pas les moyens nécessaires pour négocier avec leurs partenaires l'usage du préservatif au moment des rapports sexuels avec ces derniers, et donc cela les exposent aux risques, ce qui les plus vulnérables. En plus de leurs situations de non scolarisation, on remarque aussi une certaine discrimination dont elles font l'objet notamment une discrimination sexuelle par rapport aux hommes. Généralement quand elles sont non scolarisées, ces femmes vivent aux dépends de leurs maris ou de leurs conjoints et dans ce cas, elles auront encore plus de mal à négocier ou même à exiger à leurs maris ou conjoints l'usage du préservatif. Mac Cormack l'affirme en ses termes, « la situation sociale des femmes fournit un exemple particulièrement pertinent. A juste titre, la position de dépendance sociale et économique que celles-ci connaissent la plupart du temps en Afrique a été soulignée. On a montré que leur vulnérabilité à l'égard de la contamination par le VIH y trouvait son origine »36(*).

Toujours dans la proportion des femmes par rapport à l'usage du préservatif, les travailleuses de sexe (TS) officielles (89 ,8%) qui utilisent systématiquement le condom avec leurs clients dépassent 90%.

La faible connaissance du VIH et la non utilisation du préservatif dans la population générale ne constituent pas à elles seules les facteurs aggravants la progression du VIH au Sénégal, on compte aussi les comportements sexuels notamment la précocité des rapports sexuels.

La sexualité précoce est un constat fait dans beaucoup de pays. On remarque même qu'elle s'opère de plus en plus tôt dans les sociétés dites « modernes ». « Lorsque les premiers rapports sexuels ont lieu à un jeune âge, la période de la vie sexuelle active devient très longue augmentant ainsi la probabilité d'avoir un grand nombre de partenaires sexuels »37(*). Selon Nathalie Lydie et Michel Garene, cette précocité concerne de plus en plus de femmes qui sont les plus concernées,  «les femmes entrent en vie sexuelle plus tôt que les hommes. L'âge au premier rapport sexuel est de 16 ans pour les femmes et de 20 ans pour les hommes »38(*).

Parmi les raisons qui poussent les jeunes à exercer une activité sexuelle, on trouve une liste de raisons diverses et variées.

La valorisation du mariage dans plusieurs sociétés africaines et les récentes difficultés d'accès au stade matrimonial accroissent l'activité sexuelle et devient une stratégie d'acquisition d'un mariage pour les jeunes filles.  « Les récits de vie réalisés auprès des jeunes filles vivant toujours dans leur famille montrent que le mariage est leur première préoccupation ». 39(*)

Au Cameroun par exemple, la jeune fille accepte des relations sexuelles préconjugales comme preuve d'amour afin de mériter la confiance du jeune homme. Là, l'activité sexuelle est vue comme une sorte de test d'amour posée à la fille par l'homme et comme un moyen d'avoir un époux. Cela est plus développé encore au Mali lorsque les filles de 25-30 ans encore célibataires sont taxées « d'invendues ».

De plus, on voit que l'entrée en union se fait de plus en plus tard de nos jours qu'avant, cela explique aussi l'entrée précoce des jeunes dans une vie sexuelle active car ils restent dans la situation de célibat plus longtemps.

Cependant, les garçons n'envisagent pas les relations sexuelles de la même manière que les filles dans d'autres contrées.

Au de-là des raisons matrimoniales, on attribue aussi la sexualité préconjugale des jeunes au dépassement des valeurs traditionnelles et à l'adaptation à la mode, la notion de la virginité étant actuellement « dépassée ». A ce propos, Savage rapporte que « les jeunes filles déclarent être l'objet de moqueries de la part des copines qui les considèrent comme naïves, ignorantes, non modernes, laides ou peu évoluées à cause de leur virginité ».40(*) D'après le même auteur, cette vision de la sexualité n'est pas partagée par certaines filles. C'est le cas de certaines étudiantes de l'université de Douala au Cameroun qui éprouvent de la nostalgie à propos des valeurs traditionnelles en rapport avec la virginité. Elles pensent pour leur part que la virginité est le plus beau cadeau qu'une femme puisse offrir à son mari.

Par ailleurs, on constate aussi que certains rapports sexuels sont conclus uniquement par prestige. Dans ce cas de figure, les jeunes hommes s'adonnent à la sexualité pour confirmer leur « performance » et leur position au sein du groupe de pairs (amis).

On note aussi d'autres justifications à l'activité sexuelle des jeunes, à savoir les raisons financières et matérielles.41(*) D'après ces auteurs, ce sont surtout les filles des ménages à moyens limités qui s'adonnent à la sexualité pour ces seules raisons. En échangent de rapports sexuels, elles acceptent des cadeaux ou de l'argent. Au Cameroun par exemple, le partenaire sexuel souhaité par les jeunes filles, surtout celles aux études plus poussées comme les universitaires, est celui qui a une bonne situation professionnelle et qui donc , peut les aider à trouver facilement un emploi.

Par ailleurs, la sexualité des jeunes bien que justifiée par les raisons susmentionnées, peut aussi être déterminée par l'entourage familial, éventuel facteur inhibiteur.

En résumé, les grandes enquêtes internationales que nous avons exploitées à savoir les EDS, les CACP et les MICS ont comme point commun d'être de vastes programmes destinés à faciliter tout type d'enquêtes dans le sens de la santé reproductive. Par ailleurs, cette revue de la littérature nous a permis de voir que ces enquêtes qui ont analysé la sexualité des jeunes ne l'ont abordée que dans une perspective comportementaliste. Aucune n'a essayé d'analyser ce phénomène dans une perspective dynamique à travers les motivations des individus par exemple, se limitant juste à l'analyser sous l'angle de la constatation. En effet, ces études se contentent juste de constater le comportement sexuel mais, ne s'intéressent pas aux causes probables. D'ailleurs, elles n'ont, jusqu'ici, pas tenté de connaître les motifs réels pour lesquels les jeunes s'adonnent à la sexualité. Des variables comme l'ethnie ou la religion sont saisies de façon implicite ou parfois même inexploitée quand il s'agit de la biographie scolaire ou résidentielle des jeunes. Bref, plusieurs facteurs dont l'analyse permettrait une meilleure compréhension des causes de la sexualité des jeunes et de leur exposition aux risques d'IST et du VIH/SIDA n'ont pas intéressé ces recherches. C'est dans cette optique que notre étude s'avère pertinente, car les raisons probables des comportements sexuels des jeunes n'y sont pas négligées et nous verrons cela dans les parties qui vont suivre dans ce travail à savoir les hypothèses, les objectifs et les indicateurs de l'enquête. De même, notre travail apparaît plus global par le fait qu'elle brosse la question de la sexualité aussi bien du point de vue des comportements et attitudes des enquêtés que du point de vue des perceptions de ces derniers de la question, de même, les connaissances des enquêtés ne sont pas négligées.

I-3 Les objectifs de la recherche

L'objectif général de l'étude est de démontrer l'influence des connaissances des risques d'IST/VIH/SIDA sur les comportements sexuels des élèves.

S'agissant par là de mesurer un concept par un autre à savoir les comportements sexuels des élèves par les connaissances des risques d'IST/VIH/SIDA, nous allons par conséquent, voir dans un premier temps, si les connaissances en rapport avec les risques d'IST/VIH/SIDA sont disponibles chez la population enquêtée, et ensuite, nous verrons si les comportements sexuels sont à risques ou non.

Par conséquent, une partie de nos recherches sera consacrée à vérifier si ces comportements sont à risques ou non par les indicateurs que nous allons formuler et qui nous serviront dans l'enquête de terrain.

Ensuite, il s'agira de voir si les connaissances des risques encourus par les élèves sexuellement actifs sont vérifiées dans la réalité. Et si tel est le cas, l'étude sera ensuite orientée vers la mesure de l'influence des connaissances des risques sur les comportements sexuels des élèves.

Pour atteindre cet objectif, un certain nombre d'étapes intermédiaires doit être franchi. Ces étapes consistent à :

· Mesurer l'influence du milieu scolaire où évolue cette cible de jeunes scolarisés sur leurs comportements sexuels.

· Voir si les comportements sexuels sont des comportements à risques d'IST/VIH/SIDA.

· Voir le niveau de connaissances des élèves sexuellement actifs sur la sexualité et les risques d'infection à VIH/SIDA, d'IST et de grossesses précoces.

· Mesurer l'influence des perceptions du risque des élèves sexuellement actifs sur leurs comportements sexuels.

I-4 Les hypothèses de recherche

· Les connaissances et les perceptions des risques liées à la sexualité et à l'infection à VIH/SIDA des élèves ont une influence sur leurs comportements sexuels.

· Le milieu scolaire favorise un cadre où s'épanouit la sexualité des jeunes.

· Le cadre scolaire a une influence sur l'accès précoce à la vie sexuelle des jeunes.

· Le besoin de découverte de la sexualité et la recherche du plaisir sont les raisons décisives qui justifient l'entrée dans la vie sexuelle de ces jeunes scolarisés.

Comportements sexuels

Concepts

HYPOTHESE I

Grossesses non désirées

ou non

Comportements sexuels à moindres risques

Risques immédiats

Risques ultérieurs

Infection

à VIH/SIDA

Infection d'IST

Perte de virginité

Multipartenariat

Rapports sexuels non protégés

Rapports sexuels à risques

Abstinence

Fidélité

mutuelle

Préservatif

SOURCE : Ndèye Amy NIANG, Modèle adopté d'aprés R.QUIVY et L.V. CAMPENHOUDT, dans Manuel de recherche en Sciences Sociales, 1995. P.131.

Indicateurs

Dimensions

Connaissance des risques liés à la sexualité

Comportements sexuels à moindres risques

CONCEPTS

HYPOTHESE II

Comportements sexuels

Connaissance des risques liés au VIH

Connaissance des modes d'infection

Connaissance des moyens de prévention

Transmission sexuelle

Abstinence

Fidélité mutuelle

Préservatif

Transmission mère-enfant

Transmission sanguine

Multipartenariat

Rapports sexuels non protégés

Rapports sexuels à risques

Abstinence

Fidélité

mutuelle

Préservatif

SOURCE : Ndèye Amy NIANG, Modèle adopté d'après R.QUIVY et L.V. CAMPENHOUDT, dans Manuel de recherche en Sciences Sociales, 1995. P.131.

Indicateurs

Dimensions

Indicateur I :

Clubs Education à la Vie Familiale (EVF)

Indicateur III :

Cours en Sciences de la Vie et de la Terre (SVT)

Indicateur II :

Cours d'Economie

Familiale

Indicateur I :

Les pairs éducateurs

Indicateur III :

Accès facile aux médias (TV, radios, journaux)

Indicateur II :

Accès facile aux TICs à l'école (Salle informatique) dans les quartiers (Cyber-cafés)

SOURCE : Ndèye Amy NIANG, Modèle adopté d'après R.QUIVY et L.V. CAMPENHOUDT, dans Manuel de recherche en Sciences Sociales, 1995. P.131.

Dimension I :

Education Sexuelle Formelle

Dimension II :
Education Sexuelle non formelle

CONCEPT III : Milieu Scolaire

Dimensions

Indicateurs

HYPOTHESE III

Indicateur I :

Curiosité

Indicateur I : récompense matérielle

Indicateur II :

Recherche de l'inconnu

Indicateur II :

Rétribution financière

Indicateur II :

Plaisir du partenaire

Indicateur I :

Plaisir égoïste

SOURCE : Ndèye Amy NIANG, Modèle adopté d'après R.QUIVY et L.V. CAMPENHOUDT, dans Manuel de recherche en Sciences Sociales, 1995. P.131.

Dimension I :

Découverte

Dimension III :
plaisir

CONCEPT IV : ENTREE DANS LA VIE SEXUELLE

HYPOTHESE IV

Dimension II :

Intérêt financier et économique

I-5 Modèle théorique

Les relations sexuelles préconjugales des jeunes sont toujours motivées. Ces motivations sont multiples et diverses d'un jeune à un autre et d'un lieu culturel à un autre. Elles peuvent être d'ordre social, psychosocial, financier, ou matériel. Nous allons tenter de voir les différentes théories et leur fondement pour voir de prés les véritables motivations des comportements sexuels des jeunes.

La première théorie intitulée théorie biologique soutient l'idée que l'activité sexuelle des jeunes résulte d'un mécanisme purement biologique, donc naturel. Freud l'un des auteurs de cette approche postule que « les types de comportements sexuels sont le résultat d'un vif désir sexuel »42(*). Selon lui, la motivation de l'activité sexuelle trouverait son explication dans les pulsions biologiques que l'individu chercherait à assouvir à n'importe quel prix. Des auteurs comme Bancroft et Skakkebaek, inspirés des travaux de Freud, ont montré que l'activité sexuelle est déterminée par un mécanisme hormonal, naturel, donc biologique.

Ces résultats davantage développés dans les travaux de Beach, ont montré en 1974 que l'activité sexuelle augmente avec le niveau des hormones à l'adolescence. Cette approche n'a pas fait long feu, car les sociologues lui ont reproché de « désocialiser » en grande partie l'activité sexuelle. En effet, celle-ci n'est pas seulement une réalité naturelle mais aussi une réalité culturelle, sociale. Pour preuve, elle se manifeste différemment d'un groupe à un autre. Elle n'est donc pas l'expression de la seule nature mais relève aussi du culturel.

Cette approche ne nous éclaire pas dans nos objectifs mais dans la seule explication qui justifie les motivations de l'activité sexuelle humaine, encore que cette explication ne soit pas très pertinente.

N'existant pas jusqu'ici de théorie institutionnelle, nous nous proposons d'utiliser l'appellation approche institutionnelle qui nous semble plus adéquate.

Cette approche repose sur la prise en compte des interventions de divers organismes étatiques ou non dans les études sur la sexualité et les comportements sexuels à risques.

Elle est basée sur l'idée que l'environnement institutionnel en matière d'activité sexuelle aurait une influence certaine sur les comportements sexuels des jeunes. Il s'agit de déterminer la manière dont les institutions politiques gèrent les questions relatives à la sexualité ainsi que les stratégies qu'elles mettent en oeuvre pour faire face aux IST/SIDA. Cette approche accorde une grande importance aux politiques, aux programmes et aux lois en matière de sexualité relatifs aux comportements sexuels. « Elle suppose que les facteurs institutionnels, c'est-à-dire les lois, les programmes et services en faveur des jeunes puissent influer sur l'activité sexuelle des jeunes ainsi que sur leurs comportements sexuels à risque ».43(*)

Cependant, cette approche ne nous permet pas véritablement d'interpréter et de conduire une analyse pertinente de la sexualité des jeunes scolarisées. Les lois en vigueur dans notre république n'interdisent pas des rapports sexuels, ni pour les personnes de leur âge, ni pour celles des autres tranches d'âge. Et il n'existe pour ainsi dire, pas de loi qui interdise des rapports sexuels à haut ou à moindres risques. Les seules contraintes pour ces jeunes vis-à-vis de leur sexualité restent leurs familles ou leurs tuteurs, peut être aussi leurs professeurs et on imagine que lorsque ces jeunes s'adonnent à leurs activités sexuelles, ils le font à l'écart de toute personne susceptible de s'y opposer.

De plus, lorsque les institutions politiques mettent en oeuvre des stratégies pour toucher ces jeunes par rapport aux questions relatives à la sexualité et aux IST/SIDA, la distance qu'il y a entre la sensibilisation et l'adoption de comportements conséquents par les cibles peut être grande. Nous verrons cela avec les résultats de nos enquêtes dans les parties suivantes.

La théorie du capital social développée par Coleman, J.S, postule que les comportements des individus se situent dans un contexte social donné. Ce contexte renvoie au capital financier, humain, et au cadre social.

Le capital financier ou économique se réfère aux possibilités (richesse) financières, mais aussi matérielles, c'est - à- dire à la capacité d'un ménage à assurer un bel encadrement aux enfants à travers la satisfaction de leurs besoins.

Le cadre humain concerne les caractères socio culturels (niveau d'instruction, profession, religion, ethnie, système de filiation etc.) des parents ou du chef de ménage.

Le cadre social se réfère aux caractères démographiques du ménage : structure et taille du ménage.

Cette théorie permet d'identifier les facteurs familiaux de la sexualité des jeunes. Le milieu social joue un certain rôle dans la pratique de l'activité sexuelle. Les jeunes des ménages socio démographiques à moyens limités semblent plus s'adonner à la sexualité préconjugale.

Il est reproché à cette théorie du capital social le fait d'expliquer la sexualité à travers le seul contexte familial sans tenir compte de la personnalité de l'individu.

La théorie socio-culturelle se fonde sur l'idée que l'activité sexuelle fait partie intégrante du social, cela veut dire qu'elle ne peut être « désocialisée » comme on l'a vu précédemment. Selon M. Foucault, « l'activité sexuelle accorde un rôle central à la construction sociale et culturelle sans laquelle aucun désir ne peut apparaître et s'exprimer »44(*). Ainsi selon l'auteur, les comportements sexuels sont également déterminés par les normes et les valeurs socioculturelles en matière de sexualité, l'ensemble de ces normes et valeurs déterminant les circonstances dans lesquelles a lieu l'activité sexuelle.

Dans la société traditionnelle, le développement des jeunes se fait à l'intérieur de la structure familiale. Toute leur éducation et leur apprentissage à la vie sont assurés par les aînés ou leurs parents. Dans ce contexte, le contrôle social est serré et strict. « Dés l'âge de la puberté, l'adolescent était inséré dans un réseau de relations avec les membres de la communauté et ces derniers exerçaient une certaine pression sur lui. De ce fait, il y'avait une sorte de régulation qui permettait de contrôler de prés la sexualité des adolescents des deux sexes et les conseils donnés aux uns et aux autres dans la prise en charge de leur sexualité n'étaient pas les mêmes ». 45(*)

Dans les sociétés modernes par contre, l'éducation des jeunes se fait dans plusieurs espaces, notamment entre la famille et l'école, qui se trouve être le second lieu de socialisation de l'individu de notre époque. Néanmoins les valeurs enseignées à l'école ne sont pas toujours le prolongement de ce que l'enfant contracte dans le cercle familial. L'école où l'enfant passe plus de temps, enseigne des valeurs de liberté, des droits des enfants, de scolarisation et de démocratie qui donnent à cet enfant l'occasion de faire face à l'autorité parentale, d'autant plus que cette autorité a tendance à se relâcher par le fait que les parents passent de moins en moins de temps avec leur progéniture. Du coup, on assiste à ce que les philosophes appellent «  l'effondrement des valeurs traditionnelles » qui laisse la place à l'accroissement de l'adoption des valeurs occidentales et étrangères.

Ces jeunes adolescents profitent de cela et adoptent ainsi leurs nouveaux comportements sexuels en direction de la satisfaction des besoins personnels ou une gratification individuelle. La disparition de l'exigence de virginité de la jeune fille dans les sociétés où elle était jusqu'ici une condition pour le mariage est une des preuves du relâchement de la morale sexuelle traditionnelle.

Les auteurs rejettent les conceptions de la sexualité qui se fondent sur l'intervention des hormones qui selon eux, n'interviennent que dans la croissance et la maturité des organes sexuelles.

Cette approche est intéressante et très pertinente du fait qu'elle convoque le cadre scolaire, espace où évoluent le plus souvent ensemble les jeunes scolarisés. En effet, elle nous décrit le vécu des ces jeunes et la situation à la fois complémentaire et contradictoire dans laquelle ils évoluent en ce sens que la maison familiale et l'école présentent des similitudes et des différences dans les valeurs qu'elles diffusent, ce qui est un élément fort important pour l'explication des conduites sexuelles des élèves. Dans cette perspective, nous allons asseoir notre problématisation sur cette théorie car elle décrit le cadre dans lequel évoluent les élèves, cadre qui favorise à nos yeux, l'épanouissement de leur sexualité. Mais cela se fera de manière partielle, car la théorie présente des limites à notre analyse.

En effet, elle ne nous renseigne pas sur les activités sexuelles et sur les nombreuses interrogations soulevées par l'infection par le VIH/SIDA.

En fait, notre analyse apparaît sous plusieurs dimensions c'est-à-dire que la question de la sexualité des jeunes soulève aussi la question de la précocité des rapports sexuels, la question des IST, des comportements sexuels, de l'infection à VIH/SIDA, et des connaissances et perceptions relatives à cette infection sans oublier l'impact du milieu scolaire sur toutes ces questions. Par conséquent, il nous faudrait une théorie plus cohérente dans le meilleur des cas, ou alors qui fasse l'ensemble des dimensions de la question de la sexualité qui sont rattachées à ce cadre (milieu scolaire), afin de servir de complément à cette première théorie.

Par conséquent, dans une optique additionnelle, nous allons convoquer la théorie des stratégies rationnelles et voir dans quelle mesure, elle nous aide à éclairer sur les réelles motivations de la sexualité des jeunes en milieu scolaire.

Cette théorie qui postule en rapport avec la sexualité, qu'un rapport sexuel est un acte bien réfléchi et motivé par un intérêt économique (matériel ou financier) ou social (besoin du mariage notamment), distingue deux catégories de jeunes par rapport aux motivations pouvant justifier les relations sexuelles préconjugales.

La première catégorie concerne les jeunes qui s'adonnent à l'activité sexuelle avec comme principale motivation des échanges de cadeaux, d'habits ou d'argent. Certains adolescents ont des rapports sexuels contre une gratification financière ou des cadeaux qui leur permettent de satisfaire leurs besoins matériels et financiers. L'activité sexuelle devient alors une stratégie de survie, autrement dit, un moyen de se mettre à l'abri des besoins matériels et financiers. Calves qui est l'un des auteurs de cette théorie affirme après ses enquêtes qu'  « il s'agit de filles qui, dans l'incapacité de satisfaire leurs besoins financiers, sont obligées de commercialiser leur sexe aux hommes de situation financière aisée »46(*).

Mais les filles ne sont pas les seules à s'adonner à ce type de relations sexuelles pour satisfaire leurs besoins financiers. Les garçons sont, eux aussi, plus ou moins impliqués dans cette activité sexuelle mercantile mais cette fois avec des femmes plus âgées.

La deuxième catégorie comprend les jeunes qui s'adonnent à la sexualité pour des raisons matrimoniales. Ces jeunes sont surtout des filles et leurs activités sexuelles s'expliquent par des préoccupations comme le mariage, la fécondité, celles-ci étant en fait des stratégies pouvant aboutir au mariage en guise de preuve d'amour ou de signe de fécondité.

On note cependant une troisième catégorie même si on ne la retrouve pas dans la présente théorie, à savoir celle des jeunes qui s'adonnent à une activité sexuelle préconjugale pour satisfaire une certaine curiosité : acquisition d'expérience afin de plaire plus tard à leur conjoint. Ainsi certaines filles s'engagent dans une activité sexuelle pour perdre leur virginité, signe d'innocence et de naïveté, sous la pression des copines. Dans ces milieux, les filles vierges sont vues comme des naïves, arriérées.

Cette dernière justification de la motivation des relations sexuelles des jeunes montre en effet, que la décision d'avoir un rapport sexuel ne peut pas se fonder uniquement sur la rationalité. La recherche d'intérêt financier ou économique et le mariage ne sont pas toujours les seules motivations suffisantes de la sexualité des jeunes.  « L'imitation des autres, le besoin d'être à la mode, la curiosité, l'amour de son partenaire mais aussi la coercition »47(*) sont autant de motifs de la précocité de la sexualité préconjugale des jeunes.

Cette théorie semble plus adéquate à l'analyse que nous allons porter à l'étude que nous traitons pour deux raisons. D'abord, parce que cette théorie s'adresse à des jeunes en situation de célibat et qui sont donc exposés à toutes sortes de relations préconjugales pouvant mener à des rapports sexuels ou non. Ensuite parce qu'il s'agit de jeunes comme dans notre thème entre 14 et 21 ans. A cette tranche d'âges généralement, les motivations des rapports sexuels sont plus orientées vers la recherche du plaisir, la conformité par rapport à leurs pairs et /ou même à l'assouvissement de la découverte de l'inconnu ou du « jamais vécu ». A ce stade de la vie, les jeunes n'ont pas vraiment la notion de la réalité de la vie comme leurs aînés au point de faire de leurs besoins financiers et matériels les principales motivations qui les poussent à des rapports sexuels préconjugaux. C'est pourquoi, nous concevons que les seules motivations qui poussent les jeunes de ces âges à des rapports sexuels préconjugaux sont la curiosité, la recherche du plaisir, ou encore le besoin de faire comme « tout le monde » dans leur entourage, c'est à dire comme leur pairs.

En résumé, nous allons fonder notre analyse sur les deux théories, la première, la théorie socioculturelle qui nous offre le même cadre d'évolution que notre population d'étude, et la seconde, la théorie des stratégies rationnelles pour les éventuelles motivations aux comportements sexuels que l'on retrouve chez notre population d'étude.

I-6 Analyse conceptuelle

I-6-1-Santé sexuelle

La santé sexuelle à moindres risques est un concept et non un terme technique. C'est un aspect vital d'un sujet plus vaste qu'est la santé sexuelle et qui est présentée par l'OMS comme « l'intégration des aspects physiques, émotionnels, intellectuels et sociaux de l'existence sexuelle d'une façon enrichissante, susceptible de renforcer la personnalité, la communication et l'amour ».

Elle permet à l'individu de jouir et de contrôler le comportement sexuel et reproductif, sans pour autant limiter le degré de jouissance et de contrôle de l'autre.

La santé sexuelle, notamment la sexualité sans risques est une question qui ne peut être dissociée de la problématique du développement de l'ensemble de la communauté.

I-6-2- Jeunesse

Définir le concept de « jeunesse » ou « jeune » est une tâche difficile du fait des nombreuses significations qui leur sont accordées. L'approche la plus commune et la plus ancienne du terme se fonde sur le critère de l' « âge ».

Au plan international, l'âge des jeunes est fixé par les Nations Unies entre 14 et 25 ans pendant que la ConFeGes (Conférence des Ministres de la Jeunesse et des Sports des pays d'expression française) retient la tranche d'âge15 à35 ans. Cet âge est plus bas dans les pays occidentaux plus développés où le jeune a entre 15 et 24 ans.

Selon l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) on entend par «  jeunes », la tranche d'âge qui part de 10 à 24 ans.

Dans les médias français, le mot « jeune » est fréquemment employé comme terme « politiquement correct » pour désigner un individu ayant commis des actes répréhensibles, souvent dans un contexte sensible.

Au Sénégal, on a adopté une définition mettant en exergue le critère d'âge, dans cette perspective, le jeune est celui qui a entre 18 et 35 ans.

Une autre approche plus dynamique est l'approche sociologique basée sur la théorie des cycles d'existence. La jeunesse vue sous cet angle est un temps de transition, de passage marqué par des étapes repérables conduisant à « l'âge adulte ».

Pour les besoins de cette étude, la jeunesse va être considérée comme la tranche d'âge comprise entre 14 et 21 ans car les élèves des classes de seconde constituant notre cible ont dans l'ensemble des tranches d'âges situés dans cette tranche.

I-6-3- Adolescence

L'adolescence est une phase de transition entre l'enfance et l'âge adulte. Dans la plupart des dictionnaires, l'adolescence est définie comme le : «  processus à travers lequel un individu fait la transition du stade de l'enfance à celui d'adulte ». Alors que le début de l'adolescence est associé dans la plupart des cultures au début de la puberté, la fin de l'adolescence est rarement définie clairement. En règle générale, l'UNICEF, l'ONUSIDA et l'OMS définissent les personnes entre 10 et 19 ans comme des « adolescents » et la tranche d'âge plus nombreuse des 10 à 24 ans comme des « jeunes ».

De manière générale, le concept recouvre plusieurs dimensions : biologique, démographique, social, psychologique, judiciaire, économique. Il n'est par conséquent, pas étonnant que les définitions utilisées différent selon les approches et les chercheurs. L'absence d'une définition univoque de ce concept rend donc assez difficile la détermination d'une période stable de la vie à laquelle s'appliquerait l'adolescence.

Dans tous les cas, les âges de l'adolescence varient d'une culture à une autre.

I-6-4 Comportement sexuel

Il peut être entendu comme l'ensemble des façons et des modes de faire et de vivre la sexualité d'un groupe particulier. Ainsi, il vise un double objectif : d'abord la satisfaction d'un instinct, d'une pulsion biologique indispensable à la perpétuité de l'espèce humaine et ensuite la recherche du plaisir à travers les organes sensoriels.

Mais aujourd'hui, ce concept ne se limite plus seulement à la reproduction ou aux rapports sexuels comme sous entendu plus haut, mais il peut être élargi de nos jours lorsqu'on entend des comportements comme faire le dépistage, quand il est question du VIH/SIDA , utiliser ou prendre ses précautions lors des rapports sexuels, s'informer sur les mesures à prendre lors de rapports sexuels aussi, le « Monopartenariat» et son contraire le  « Pluripartenariat » qui consistent respectivement à entretenir des relations sexuelles avec un seul partenaire ou au contraire d'entretenir des relations sexuelles avec plusieurs partenaires, la liste est longue et peut s'étendre jusqu'à opter pour l'abstinence aux rapports sexuels qui elle, a tendance à disparaître dans nos sociétés où pourtant cela avait un poids assez lourd .

Parmi ces deux types de comportements sexuels, on décèle, ceux jugés à hauts risques et ceux à moindres risques.

Est considéré comme comportement sexuel à risques dans cette recherche, tout rapport sexuel qui se déroule sans usage d'un préservatif, avec, un ou plusieurs partenaires infectés ou non. Dans tous les cas, c'est un concept très facile à cerner qui est aujourd'hui très usité par ceux qui travaillent dans le domaine de la santé, spécialement la santé reproductive et le VIH/SIDA.

Chapitre II - Cadre méthodologique

II-1 Délimitation du champ

Pour aborder le thème de la sexualité des jeunes en milieu scolaire au Sénégal, nous avons choisi comme champ d'étude la région de Dakar, plus précisément les départements de Dakar, Guédiawaye, et Rufisque. En effet, nous avons exactement ciblé quatre (4) établissements déjà cités, pour mener cette étude.

Nous avons délimité le champ de recherche à ces quatre établissements dans le milieu scolaire avec le consentement des autorités administratives des dits établissements car avec une population scolarisée, il nous est plus facile d'atteindre les cibles ; l'école se chargeant déjà de faire le travail d'assemblage des enquêtés. Ceci va donc faciliter la tâche qui nous incombe avec une population aussi vaste.

II-2 Population ciblée

Pour une étude portant sur la sexualité des jeunes, nous avons choisi les jeunes scolarisés, donc ceux qui sont issus principalement du milieu scolaire. Les raisons de ce choix sont multiples et diverses. Parmi ces élèves, on retrouve aussi bien dans les parties précédentes des élèves issus de familles aux moyens financiers et économiques limités que le contraire ; on retrouve aussi des élèves habitant la banlieue de Dakar, et d'autres dans les quartiers non loin du centre ville. Par ailleurs, ils sont de sexe confondus et sont tous dans le secondaire, précisément en classe de Seconde et ont entre 14 et 21ans.

Pour plus de précision, la région de Dakar où habitent ces jeunes est couverte par des dizaines de chaînes radios FM, 5 chaînes de télévisions publiques, des centaines de cybercafés où la connexion Internet d'une heure de temps coûte environ 200 Francs CFA, des dizaines de quotidiens avec d'autres possibilités d'accès à des chaînes cryptées payantes. Cet accès massif aux médias de communication a une forte influence sur les connaissances et les comportements des élèves de la région de Dakar par rapport au VIH/SIDA et à la sexualité.

II-3 Présentation des lycées retenus pour l'enquête

II-3-1 le lycée Blaise Diagne (LBD) et le lycée des Parcelles Assainies (LPA)

Les établissements ont été choisis en fonction des critères spécifiques à chaque lycée ou collège qui sont à la fois démographiques, sociologiques ou géographiques.

LBD et LPA

Le LBD est l'un des lycées les plus grands de la région de Dakar du fait du nombre élevé d'élèves qu'il compte. Les 4.000 (environ) élèves qui fréquentent ce lycée proviennent de tous les quartiers de la capitale. L'établissement se trouve éclaté entre plusieurs quartiers et le centre ville.

Le LPA a des effectifs qui dépassent 2500 élèves et est situé dans des quartiers de la banlieue. Les parents ou les tuteurs des élèves de ces 2 établissements sont pour la plupart issus de couches sociales moyennes (employés du secteur informel ou agent de l'Etat ou commerçants).

II-3-2 Le lycée Moderne de Rufisque (LMR)

Le LMR est un établissement qui fait partie des établissements choisis avec un effectif qui dépasse 1000 élèves. De par sa situation géographique, il est assez éloigné des autres sites, car il se situe à plus de 20 km des autres établissements choisis. Cette distance permet de minimiser l'effet d'influence du fait d'un possible contact entre les élèves de l'établissement et ceux des autres durant la réalisation de l'enquête. A ce titre, il faut signaler que le LMR est un lycée témoin dans le projet qui est en train de se dérouler, et il est censé permettre de mesurer l'impact du projet en cours. Dans ce cas de figure, il a été décidé qu'il ne bénéficiera d'aucune intervention du projet. Il va permettre pat ailleurs de comparer les résultats entre les trois établissements d'intervention du projet.bbb

Un autre critère est la composition sociologique des élèves dont les parents appartiennent à différentes catégories sociales et professionnelles : paysans, fonctionnaires, commerçants employés du secteur informel et du secteur privé.

II-3-3 Le Collège Sacré-Coeur (CSC)

Le CSC qui a des effectifs qui dépassent 1500 élèves se singularise par son statut d'établissement privé catholique. Au regard du coût global des frais de scolarisation par année, on peut dire que les élèves sont issus de couches sociales moyennes ou aisées. L'établissement est entouré par des quartiers où résident des fonctionnaires ou des employés du secteur privé (Banque, Commerce ou services).

Les critères de choix de ces établissements montrent que les élèves ont des parents qui appartiennent à différentes catégories sociales et professionnelles et par conséquent, sont représentatifs des autres élèves du Sénégal dont les parents appartiennent aussi à ces mêmes catégories sociales.

II- 4 Cadre de l'étude

L'étude en question a été menée auprès des jeunes issus du milieu scolaire, principalement de quatre établissements secondaires, de la région de Dakar. Elle pose la problématique de la sexualité des jeunes lycéens avec ses corollaires comme les IST, les grossesses précoces, le VIH/SIDA principalement, et par conséquent, l'usage des services du dépistage volontaire.

Elle met aussi en évidence l'influence du milieu scolaire sur le niveau de connaissance des élèves à propos des risques qu'ils encourent par rapport à leur sexualité, leurs appréhensions, leurs comportements sexuels et leurs perceptions face à la sexualité. Autrement dit, elle s'intéresse non seulement aux comportements sexuels des jeunes en milieu scolaire mais aussi, au niveau de connaissances de ces jeunes par rapport à l'infection du VIH /SIDA et à l'impact de ces connaissances sur ces comportements sexuels.

Les élèves ciblés sont ceux issus des classes de seconde des quatre (4) établissements suivants à savoir : le Lycée blaise Diagne, le Lycée Moderne de Rufisque, le Lycée des Parcelles Assainies, et le collège Sacré -coeur. Ces lycées ont la particularité d'être les lycées mixtes où l'on retrouve des élèves de différents sexes. Ces lycées offrent donc un cadre approprié où l'on peut étudier la sexualité car ils proposent déjà une proximité des sexes propice à une évolution et à une évaluation de la sexualité.

Aussi, avons nous choisi le cadre scolaire parce que les jeunes issus de ce milieu sont plus exposés aux risques de la sexualité, et cela pour les raisons suivantes :

Ø Ces jeunes passent plus de temps à l'école avec des groupes de pairs dont l'influence est plus forte que celle de la famille où le contrôle social e idéologique est assuré avec des valeurs traditionnelles.

Ø Dans le cadre familial, les jeunes ne bénéficient pas d'une éducation sexuelle exhaustive ; les parents n'abordant pas ouvertement le sujet de la sexualité.

Ø Ces jeunes qui n'ont encore aucune expérience de la sexualité et qui ne disposent d'aucune éducation sexuelle ni à l'école de manière formelle, ni à la maison, disposent généralement d' informations inadéquates pour vivre une sexualité sans risques et pourtant, paradoxalement, ils sont animés par un désir pressant de connaître la sexualité par eux-mêmes.

Ø La mixité notée dans ces établissements favorise l'activité sexuelle de ces jeunes par le voisinage et la disponibilité du sexe opposé.

Ø Dans le cadre de leur scolarité, ces jeunes ont plus de possibilité que les jeunes des autres milieux d'utiliser les TIC et les médias par le biais des cybers et des salles d'informatique à l'école (Internet, les journaux, le cinéma) pour côtoyer la sexualité. En cela, ils sont plus exposés aux risques car animés par la curiosité.

De plus, les élèves des classes de seconde ont été choisis parce qu' à ce stade de la scolarité, les jeunes lycéens se croient plus expérimentés car ils viennent de rejoindre le lycée, un espace, qui pour eux est réservé aux « grandes personnes ». Ils se croient dans ce cas, assez « grands » pour faire tout ce qui est réservé à cet univers qu'ils viennent d'intégrer. De plus, pour beaucoup d'élèves qui viennent de rejoindre le lycée, c'est la première fois qu'ils partagent les mêmes salles de classe avec des camarades du sexe opposé vu la mixité des établissements choisis, mixité dont ils ne jouissaient pas dans leur collège d'origine.

Ce changement peut en effet avoir des conséquences auprès des comportements de ces jeunes qui viennent d'empocher leur diplôme.

La ville de Dakar a été choisie pour accueillir cette recherche car d'après les EDS Sénégal IV, les rapports sexuels à hauts risques sont plus fréquents en milieu urbain (9 % parmi les femmes et 50 % parmi les hommes) qu'en milieu rural (respectivement, 4 % et 32 %).

II- 5 Echantillonnage

Dans une première enquête réalisée grâce au projet pilote auquel nous avons participé comme assistante de recherche, nous avons enquêté tous les élèves en classes de seconde des quatre établissements cibles. Officiellement, le nombre total des élèves à interroger était au nombre de 2603 dont 1535 garçons et 1064 filles, avec les absences notées les jours de l'enquête, nous nous sommes retrouvé avec 2174 enquêtés, dont 1230 garçons et 944 filles. .

Pour notre travail de mémoire, nous avons choisi de travailler avec les élèves présents les jours de l'enquête, et qui avaient déjà eu des rapports sexuels, donc des élèves sexuellement actifs. Les premières enquêtes ont révélé que ces élèves sexuellement actifs étaient au nombre de 454 dont 400 garçons et 54 filles. Nous avons donc tiré les questionnaires de ces élèves et en avons fait notre objet d'étude. Pour plus de précision, notons qu'à l'issue de ce tirage, nous avons eu un nombre de garçons sexuellement actifs plus élevé que celui des filles.

Pour ce qui est des focus groups, nous n'avons pas eu cette possibilité car il est pratiquement impossible de recenser physiquement les élèves qui ont eu des rapports sexuels .Vu cette difficulté, nous avons donc pris les élèves volontaires parmi ceux qui étaient présents le jour de l'administration du questionnaire pour constituer les groupes de discussions.120 élèves ont été retenus à cet effet, à raison de 3 groupes de 10 élèves par établissement.

II-6 Techniques d'investigation

II-6 -1 Enquête quantitative : le questionnaire

Nous avons procédé à l'élaboration d'un questionnaire et au pré-test de celui-ci au Lycée Seydina Limamoulaye. Suite au pré-test, nous avons introduit de nouvelles questions et reformulé les questions qui semblaient confuses aux yeux des élèves. Nous avons ensuite codifié les réponses, distribué dans les classes les questionnaires aux élèves qui étaient chargés de le remplir (auto administration), et avons ensuite procédé au ramassage.

Enfin, par la suite, nous avons élaboré le masque de saisie sur le programme Sphinx, supervisé la saisie effectuée par les agents de saisie recrutés à cet effet, corrigé les erreurs de saisie et enfin supervisé la correction.

A l'aide du statisticien, nous avons transféré les données saisies sur Sphinx vers SPSS 12.0. Ensuite nous avons procédé à la sortie des fréquences concernant les élèves qui ont déclaré avoir eu un (1) ou des rapports sexuels. Nous avons croisé les variables concernant les élèves avec les autres variables pertinentes en rapport avec leurs comportements sexuels et la prévention du VIH/SIDA.

Le questionnaire a été articulé autour des thèmes suivants :

· Les caractéristiques socio démographiques des élèves.

· Les conditions socio économiques des élèves ;

· Les connaissances des risques liés à la sexualité et au VIH/SIDA.

· Les connaissances des services de dépistage et de son utilisation.

· L'utilisation du préservatif pendant les rapports sexuels.

· Le multipartenariat et le renouvellement des rapports sexuels.

Nous avons jugé utile de cumuler deux types d'enquêtes, une quantitative et une autre qualitative, afin d'enrichir les données des résultats et de combler le vide des questions qu'on aurait omis ou qu'on n'aurait pas pu poser par le biais du questionnaire.

II-6 -2 Enquête qualitative : le focus group

Pour cette étape d'enquête qualitative, la procédure qui a été utilisée est celle du guide d'entretien pour animer les discussions de groupe ou, en termes plus adéquats, les focus groups.

Dans un premier temps, nous avons procédé au pré-test du guide d'entretien après son élaboration. Contrairement au questionnaire qui a nécessité une correction et une reformulation des questions, le guide d'entretien était plutôt bien compris par les élèves et donc il n'y a pas eu de correction d'autant plus que les réponses recueillies nous menaient à nos objectifs.

Après l'administration du guide d'entretien, nous avons procédé à la traduction des cassettes car nous avons autorisé les enquêtés à s'exprimer dans la langue de leur choix à savoir, le français et le wolof, cela, pour éviter d'avoir des biais dans les informations fournies par les élèves. Pour ce faire, nous avons dû corriger le style. Ensuite, nous avons analysé le contenu des réponses par rapport aux thèmes du questionnaire.

Le guide d'entretien a été articulé autour des items suivants :

· Les connaissances en rapport avec les signes de séropositivité ;

· Les connaissances des symptômes que présente un séropositif ;

· Les modes d'infection du VIH /SIDA ;

· Les modes de prévention du VIH /SIDA ;

· La nécessité du dépistage (les avantages).

II-7 Enquête de terrain

II-7-1 Pré test des questionnaires et des guides d'entretien

Avant d'entamer l'enquête de terrain, nous avons d'abord procédé à un pré-test des techniques choisies sur le terrain

Ce pré-test a été opéré auprès de personnes répondant aux mêmes caractéristiques de notre population à l'étude.

Pour ce qui est des questionnaires, nous sommes allé dans un lycée non loin de notre cadre physique d'étude du nom de Seydina Limamoulaye sis à Guédiawaye. Nous avons interrogé tous les élèves en classe de seconde avec le questionnaire.

Pour ce qui est des du focus groups, nous avons choisi un autre établissement privé du nom de Oméga non loin du lycée des Parcelles Assainies où nous avons choisi quatre (4) groupes de dix (10) élèves chacun, tous choisis au hasard.

Cette étape a été pertinente, car elle nous a permit de procéder à des réajustements tant au niveau de la reformulation des questions ou des thèmes qu'au niveau de leur ordre.

Les prés-tests avaient pour but de vérifier si les réponses aux questions posées dans le questionnaire et dans le guide d'entretien étaient objectives, claires, bien comprises des enquêtés et enfin si ces questions répondent bien aux objectifs de l'enquête. Ils vérifient donc si les questions sont à la hauteur des attentes espérées par le chercheur.

II-7-2 Enquête proprement dite

Cette étape très importante pour le travail de terrain consiste théoriquement à l'administration des techniques utilisées pour le recueil des informations nécessaires à savoir l'administration des questionnaires et la réalisation des guides d'entretien. Pour ce faire, nous avons fréquenté nos quatre établissements cibles et à chaque fois, il nous fallait auparavant passer par les autorités administratives respectives avant de rentrer dans les salles de classe et d'interroger nos enquêtés. Il faut dire que nous avons bénéficié d'une certaine aide notamment l'appui des points focaux du projet dans les différents établissements. Ceci nous a beaucoup aidé surtout quand il était question de nous entretenir avec les autorités administratives des lycées.

Après ces autorités administratives, on nous mettait en rapport avec un (e) surveillant (e) des classes de seconde qui se chargeaient de nous indiquer parfois même de nous présenter la classe disponible. Ceci a vivement facilité notre travail auprès des élèves mais aussi auprès des professeurs qui étaient tenus de nous céder la classe pendant une heure ou plus.

L'enquête de terrain s'est déroulée en quatre phases successives puisqu'il est question de quatre établissements, chacune avec deux étapes majeures à savoir l'enquête quantitative et l'enquête qualitative. Elle a commencé au mois de Mars pour finir au mois Mai 2008, elle a donc duré trois mois. La première étape consiste en l'administration des questionnaires, et la seconde à la réalisation des focus groups.

Pour commencer, nous avons été au lycée des Parcelles assainies, ensuite au Collège Sacré-Coeur, au Lycée Blaise Diagne et enfin pour finir, nous avons été au Lycée Moderne de Rufisque. Pour ces premières visites dans chaque établissement, nous avons procédé à l'administration des questionnaires.

Pour ce qui est des questionnaires, nous avons opté pour une auto administration, donc les élèves ont remplis eux-mêmes les questionnaires. A cet effet, nous avons tenu à ce que cette auto administration se fasse de la manière la plus individuelle possible pour éviter que les enquêtés ne s'influencent entre eux dans les réponses, vu que la plupart des questions sont « sensibles » et « intimes ». La présence des professeurs dans certaines classes était nécessaire pour veiller à la tranquillité même de la classe vu que certains élèves profitaient de l'enquête pour perturber leurs camarades. Ces premières visites concernent l'administration des questionnaires.

En ce qui concerne la réalisation des focus groups ou guides d'entretien, au moment des secondes visites, la procédure était moins lourde car nous nous étions déjà familiarisée avec les enquêtés et donc n'avions plus besoin de repasser par la direction pour nos entretiens. Néanmoins, nous étions secondée dans cette étape par un des enquêteurs du projet, chargé de prendre des notes tout le long des discussions, pendant que nous l'animions.

Comme pour les questionnaires, nous avons procédé, établissement par établissement : d'abord le lycée des Parcelles Assainies, ensuite le Collège Sacré - Coeur, le Lycée Blaise Diagne et le Lycée Moderne de Rufisque.

En ce qui concerne le choix des élèves pour la constitution des groupes d'entretien, nous avons pris les élèves disponibles et volontaires, présents les jours de l'administration du questionnaire jusqu'à avoir le nombre convenable pour un focus groupe (12 élèves). Tout ce qu'il nous fallait de plus, c'était nous trouver une salle disponible loin des bruits pour éviter de trop charger l'enregistrement.

II-7-4 Traitement des données
Sphinx 2000 et Spss 12.0

Après la correction du questionnaire par le pré - test, nous avons introduit ce dernier dans un logiciel de traitement et d'exploitation de données dénommé Sphinx. Grâce à celui-ci, nous avons pu coder chaque question et cela nous a facilitée grandement l'exploitation des données recueillies sur le terrain.

Pour ce qui est de l'analyse, nous avions besoin de dresser des tableaux, certains visant à croiser deux (2) ou trois (3) variables. Etant donné que cette opération est impossible avec le logiciel Sphinx, nous avons finalement opté pour un autre logiciel avec les mêmes dispositions que le premier, du nom de SPSS 12.0. Nous avons pu faire cela grâce à l'aide d'un statisticien qui nous a conseillée de transférer toutes les données vers cet autre logiciel et c'est suite à cette opération que nous avons pu procéder à l'analyse des résultats de l'enquête. Nous avons interprété des tableaux simples, des tris à plats mais surtout des tris croisés qui sont plus pertinents quand il est question d'appréhender un phénomène social, les tris à plats nous offrant juste une lecture de la réalité.

Analyse de contenu

Après la réalisation des entretiens par le Focus Group, nous avons fait recours à l'analyse de contenu pour exploiter les informations recueillies.

Pour ce faire, nous avons d'abord procédé à la dactylographie des données fournies par les interviewés et à la traduction en français des enregistrements des discussions de groupe. Ensuite, nous avons procédé à la correction du style des traductions puis, à l'analyse des données selon la méthode de l'analyse de contenu.

Nous avons analysé les réponses des interviewés et l'ensemble des données collectées avec les techniques utilisées, cela, combiné avec les données tirées de la revue de la littérature existante, a servi dans la présentation des résultats.

II-8 Limites de la recherche et difficultés rencontrées

Dans toute production, scientifique ou non, l'auteur est confronté à des limites ou au moins une difficulté qui rendent ainsi sa tâche difficile.

Pour ce travail-ci que nous avons effectué, nous avons rencontré des contraintes de plusieurs ordres.

D'abord pour ce qui est des limites, l'anonymat exigé par les commanditaires du projet en rapport avec l'association des chiffres relatifs aux noms des établissements ciblés et les questions sur la sexualité des élèves constitue la première limite de notre travail de recherche. Cette aporie est telle que nous sommes dans l'impossibilité d'associer les résultats de l'enquête aux noms des établissements respectifs. Par conséquent, les chiffres qui seront donnés à l'issu de cette enquête seront généraux et seront aussi analysés dans cette optique. De même, il est aussi impossible de comparer les établissements du point de vue socio économique car cela ferait sortir les disparités qui existent entre les écoles sur les comportements sexuels.

Ensuite, nous avons eu un nombre élevé de « Non réponse » dans les réponses données par les élèves. De fait, il faut rappeler que nous avons opté pour ce qui est du remplissage des questionnaires à une auto administration ou en d'autres termes d'une administration directe par les élèves eux-mêmes. Vu l'intimité de la plupart des questions, il nous aurait été impossible d'avoir les réponses si nous nous étions occupé d'une administration indirecte (faite par nous même). En fait, les « Non réponse » constitue une des nombreuses limites auxquelles sont confrontés les chercheurs qui optent pour une administration directe.

Pour ce qui est des difficultés de cette recherche, la première a résidé dans le cadre pratique : la disponibilité des salles de classes et dans certains cas, celle de la classe elle-même. Certains professeurs ont jugé notre présence superflue et n'ont pas voulu nous céder la classe pour la réalisation des enquêtes, prétextant qu'ils avaient un programme à achever avec les élèves, vu que le temps leur était compté. Dans d'autres cas, si nous avions une classe disponible, c'est la salle où nous devions administrer le questionnaire ou procéder au focus group qui nous faisait défaut. Parfois nous étions obligée de recourir à la surveillante pour que ces professeurs fassent preuve de compréhension et de patience.

L'autre contrainte à laquelle nous avons été confrontée a résidé dans le comportement de certains élèves durant l'auto administration .Vu leur âge, il est compréhensible que certains parmi eux profitent de l'enquête pour faire du chahut scolaire dans la salle afin d'attirer l'attention de leurs camarades, ou même la nôtre. Toutefois, nous avons su positiver en gardant notre calme et avons pu surmonter tout cela sans trop de dommages.

Une autre contrainte, mais cette fois ci plus surmontable a été que les élèves nous ont pris pour des spécialistes en maladies infectieuses, et du coup certains n'ont pas hésité à nous interpeller par rapport à des questions liées au VIH/SIDA. Parmi ces questions, on trouvait certaines que nous ne maîtrisions pas et dans ces cas là, nous les exhortions à prendre le numéro du consultant du projet pour avoir des réponses plus fiables.

Dans le déroulement de l'enquête aussi, nous avons déceler une certaine limite liée à la présence des enseignants dans les salles de classe. Cette présence n'a objectivement aucune incidence sur l'enquête d'autant plus que le professeur était généralement assis prés de son bureau et n'était pas impliqué dans le déroulement. Mais, subjectivement, la présence de l'enseignant, qui est une source de garantie de l'ordre et de la discipline a crée un climat auquel les élèves interviewés étaient soumis. Cette situation a crispé certains élèves, qui malgré les garanties de l'anonymat, se demanderont sûrement si l'enseignant ne verra pas les réponses, surtout celles qui portent sur les rapports sexuels. Néanmoins cela nous a quelques fois aidée à calmer certains élèves qui s'entêtaient à faire du bruit dans la salle.

Par ailleurs, certains élèves ont pensé que le remplissage était collectif et n'hésitaient pas à se consulter entre eux pour répondre aux questions posées. Pour faire face à cela, nous avons dû faire les gendarmes à savoir leur soumettre une surveillance constante afin d'éviter d'éventuelles influences.

Certains élèves ont omis de préciser leur sexe ou dans d'autres cas, leur situation matrimoniale ou l'âge et vu le nombre et l'anonymat des questionnaires, nous avons dû procéder de manière spécifique. Pour palier à cette difficulté (variable sexe), il nous a fallu vérifier les questions qui sont liées au genre dans le questionnaire et nous nous sommes appuyé sur cela. En effet, des questions comme  « avez-vous demandé le port du préservatif à votre partenaire pendant les rapports sexuels ? », avec des modalités comme « le garçon a refusé » ou « le garçon a accepté » nous ont permis de corriger ces imperfections liées à l'auto administration.

Pour ce qui est de la variable « âge », nous n'avions pas d'autre choix que de cocher nous même la moyenne pour avoir le chiffre exhaustif, heureusement ces cas n'étaient pas nombreux.

Une autre difficulté a aussi résidé dans l'inattention de certains élèves. Certaines questions nécessitaient des précisions mentionnées en bas de la question comme « réponse unique » ou « réponses multiples », et dans tous les cas, la machine respectait ces indications. Parfois, nous avions plusieurs réponses pour une question à réponse unique et la programme de saisie Sphinx qui est utilisé à cet effet, n'enregistre pas de réponses multiples quand il s'agit d'une question à réponse unique. C'est pourquoi, nous avons choisi la première réponse donnée par l'élève en cas de réponses multiples quand il est question d'une seule réponse.

En dépit de ces contraintes, nous sommes parvenue à avoir toutes les informations nécessaires afin de mener à bien notre étude.

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DU SENEGAL ET CONTEXTE DU VIH/SIDA

Deuxième partie : présentation du Sénégal et contexte du VIH/SIDA

Chapitre I : Présentation du Sénégal

Le Sénégal est situé dans la partie occidentale du continent africain dans la zone soudano- sahélienne. D'une superficie de 196.722Km², il est borné au nord par la République Islamique de Mauritanie, à l'Est par le Mali, au Sud par la République de Guinée et la Guinée -Bissau, et à l'ouest, il est ouvert sur l'océan Atlantique avec 700 km de côtes.

Sur le plan administratif, le Sénégal est subdivisé en onze (11) régions comportant chacune trois (3) départements, à l'exception de Dakar qui en compte quatre (4), soit trente quatre (34) départements sur l'ensemble du territoire national. Ces départements sont subdivisés en communes (64) et arrondissements (au moins 100). Les principaux groupes ethniques sont : les Wolofs, les Puulars, les Serers, les Diolas, et les Mandingues. La population du Sénégal est essentiellement musulmane (90%), on y trouve aussi des chrétiens (8%) et d'autres religions.

En 2005, la population sénégalaise était estimée à 11 126 832 habitants avec une espérance de vie à la naissance de 55,7 ans (HDR UNDP 2005) et un PIB de 3.874 Milliards de FCFA en 2004. La population est très jeune avec 55,6% de moins de 20 ans, et prés de 64% âgée de moins de 25 ans. Les femmes représentent 52% de la population globale. La population s'accroît au rythme de 2,7% par an doublant son effectif tous les 25 ans environ. Elle est très inégalement répartie à travers le territoire national, l'essentiel étant concentré dans la partie occidentale du pays, dans la région de Dakar qui abrite 22,42% de la population totale alors qu'elle ne couvre que 0,3% de la superficie nationale. La région de Dakar enregistre ainsi une densité de population de 4 251 habitants au Km² en 2004 contre une moyenne nationale de 53 habitants au Km².

La population urbaine (résidant dans les communes) représente 41,5% de la population globale, plaçant le Sénégal parmi les pays les plus urbanisés d'Afrique Sub-saharienne (DPS 2004).

La croissance économique du Sénégal s'est maintenue sur une pente positive avec une moyenne annuelle d'environ 5% dans un contexte d'amélioration de la gestion des finances publiques, de maîtrise de l'inflation (moins de 2% par an) et de consolidation des agrégats macroéconomiques fondamentaux. Cependant, les résultats de la deuxième Enquête Sénégalaise Auprès des Ménages (ESAM II), montrent que l'incidence de la pauvreté reste élevée. Même si elle a baissé de façon significative dans la période 1994-2002, la majorité de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Selon des chiffres officiels, l'indice de la pauvreté est tombé de 67,9% en 1994 /1995 à 57,1% en 2001/2002, soit une réduction de 10,8 points de pourcentage en termes absolus et de 16% en termes relatifs.

Chapitre II : Situation épidémiologique du VIH/SIDA au Sénégal

Au Sénégal, on retrouve les deux types de virus de l'Immunodéficience Humaine; le VIH-I et le VIH-2.

Les résultats de l'EDS IV montrent qu'au niveau national, la prévalence globale (tous sexes confondus) est de O, 7%. Par contre on note une tendance féminine de l'infection, les femmes avec une prévalence de 0,9% sont plus infectées que les hommes (0,4%).

La prévalence varie en fonction de l'âge et du sexe dans la tranche d'âge 15-19 ans, le taux d'infection est plus élevé chez les femmes (0,2%) que chez les hommes (0,1%) et croît plus rapidement. Les écarts de prévalence sont plus grands à 20 - 29 ans. C'est dans cette tranche d'âge que les femmes ont des taux plus élevés que les hommes. De plus, la prévalence maximale est observée à 25-29 ans chez les femmes (1,5%) et plus tard à 35-39 ans pour les hommes (O, 7%), (EDS IV, 2005).

Les résultats de la surveillance sentinelle montrent que l'épidémie du VIH est de type concentré au Sénégal. Elle est caractérisée par une prévalence relativement faible dans la population générale mais particulièrement faible dans les populations clés les plus exposées à l'infection à VIH.

Selon le bulletin sero-épidémiologique de surveillance du VIH paru en 2006, la prévalence moyenne du VIH chez les femmes enceintes est de 1,7%. La prévalence du VIH chez les TS est de 20% en moyenne avec des chiffres qui peuvent aller jusqu'à 29% à Ziguinchor.

Les premières données épidémiologiques sur la prévalence du VIH chez les MSM (Man having Sexe with Man) datent de 2005. Elles sont issues d'une étude réalisée en 2004 auprès de 463 MSM à Dakar et dans 4 grandes villes du pays : Kaolack, Mbour, Saint-Louis, Thiès (Wade et al.2005). La prévalence globale du VIH est de 21,5% chez ce groupe avec une forte prédominance du type VIH I.

En ce qui concerne la séroprévalence par milieu de résidence, il n'y a pas de différence significative entre le milieu urbain et le milieu rural. Cependant la prévalence varie assez fortement par région. Aussi bien chez les hommes que chez les femmes, des prévalences plus fortes sont observées à Ziguinchor (3,4% pour les femmes et O, 8% pour les hommes) et à Kolda (2 ,7% pour les femmes et 1,1% pour les hommes). A l'inverse, on observe des taux plus faibles à Diourbel (0,1% pour les femmes et 0,0% pour les hommes) et à Thiès (0,4% pour les femmes et 0,3% pour les hommes), (EDS IV ,2005).

Néanmoins, « le Sénégal compte l'uns des taux d'infection à VIH les plus bas de l'Afrique Subsaharienne 48(*)», alors que l'Afrique continue à détenir le record du rythme de progression de l'infection. Mais les autorités locales ont compris que cela ne doit pas être une raison pour baisser les bras dans le combat déjà entamé. Tirant la leçon de la situation dans les autres pays voisins où la prévalence a accru et a atteint des proportions inquiétantes, elles sont conscientes du fait que c'est comme cela que cela avait commencé et que c'est maintenant qu'il faut agir afin d'éviter une situation pareille.

Chapitre III : Aperçu du VIH/SIDA

Décrit pour la première fois en 1981, le SIDA est aujourd'hui entré en l'espace de quelques années dans le cercle des maladies infectieuses les plus redoutables et redoutées de cette fin de millénaire.

C'est aux Etats Unis que cette maladie a été identifiée pour la première fois et à l'époque, il ne s'agissait que d'une infection inconnue, encore que son origine reste jusqu'à ce jour très discutée. A ce titre, certains scientifiques parlent d'une transmission du virus des primates à l'homme qui se serait faite en Afrique Centrale dans les années 30 tandis que pour d'autres, l'infection proviendrait de l'homme spécialement des homosexuels.

Toutefois, l'ampleur que prend la maladie est de plus en plus grande vers le mois d'Août de la même année puisque le nombre de cas recensés augmente abruptement et l'année suivante de son apparition, cela s'intensifie vers d'autres couches de la société (toxicomanes, Haïtiens, travailleuses du sexe). Cette tendance amène les médecins à abandonner des qualificatifs comme « gay Syndrom » ou « gay related » pour s'accorder sur l'appellation de « AIDS » plus large et moins restrictif qui signifie « Acquired Immuno Deficiency » Syndrome qui veut dire en français Sida ou Syndrome d'Immunodéficience Acquise ou encore VIH. L'impact du VIH sur le développement, l'économie et la société a amené les autorités internationales et nationales à le traiter non pas comme une simple maladie mais comme un grave obstacle au développement. La question du rythme de propagation interroge non seulement les spécialistes mais aussi les chercheurs, les chefs de gouvernements et les actionnaires des sociétés civiles. Aujourd'hui le concept de SIDA est associé à des termes comme pandémie mondiale, crise mondiale, ou épidémie.

III -1 Historique de la lutte contre le VIH/SIDA au Sénégal

La réponse à l'épidémie du VIH au Sénégal a été précoce.

Cette réponse à l'épidémie du VIH est marquée par le succès enregistré dans la prévention après plus d'une dizaine d'années. Dés le dépistage des premiers cas de Sida en 1986, les autorités ont mis en place le Conseil National de Lutte contre le Sida (CNLS).

A l'époque, la lutte contre le SIDA était coordonnée au sein du Ministère chargé de la Santé qui avait élaboré un Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS). Le programme avait mis l'accent sur la prévention en général et sur la promotion des comportements à moindres risques telle que l'utilisation de préservatif, l'abstinence, ou la fidélité.

Ainsi, l'utilisation du condom a connu une augmentation importante avec la participation de la société civile dans la promotion et la distribution grâce à l'appui des partenaires au développement.

En 1998, le Sénégal a mis sur pied la première initiative Gouvernementale d'accès aux antirétroviraux (ARV) en Afrique. Celle - ci a démontré la faisabilité et l'efficacité des traitements antirétroviraux dans le contexte de pays comme le Sénégal.

Après une phase pilote, la décentralisation aux ARV a été opérée en mettant en place des équipes compétentes au niveau des régions.

« La surveillance sentinelle démarrée dés 1989 a permis de suivre annuellement l'évolution de la prévalence du VIH chez les groupes cibles dont les femmes enceintes, et a montré un niveau stable de la prévalence du VIH chez les femmes enceintes autour de 1% et chez les prostituées autour de 20%. »49(*)

L'appel des Chefs d'Etats à la session Spéciale des Nations Unies sur le SIDA de 2001, les acquis tirés des deux premières décennies du programme ont permis le renforcement du leadership dans la lutte contre le VIH. En 2001, la coordination de la lutte contre le VIH/SIDA jusque là sous la tutelle du Ministère de la Santé, a été élevée au niveau de la Primature avec la mise en place du CNLS sous la présidence du Premier ministre. Cette réforme institutionnelle a permis de renforcer le leadership politique, étatique et communautaire et a rendu plus effective l'appropriation de la riposte à l'épidémie par les autres secteurs du Gouvernement impliquant dans la mise en oeuvre les Ministères en charge de la Jeunesse, de la Santé , des élèves, des militaires, des femmes et des travailleurs.

IV- présentation du projet

Ce projet pilote intitulé « Promouvoir la réponse du milieu scolaire contre le VIH/SIDA et promotion des Droits Humains et de la Communication », est financé par Open Society Initiative for West Africa (OSIWA), et commandité par le Réseau Africain de l'Education pour la Santé (RAES) et l'Association pour la Promotion de la Citoyenneté et du Développement ( Asprocide) qui en sont également les principaux bénéficiaires de fonds.

L'objectif général de cette enquête est de procéder à une évaluation pré-intervention d'un projet d'amélioration de la réponse au VIH/SIDA en milieu scolaire par la réduction des comportements sexuels à risques, la promotion du dépistage volontaire, des droits humains et de l'utilisation des techniques de l'information et de la communication. Il s'agit dans un premier temps d'évaluer les comportements sexuels des cibles mais aussi les connaissances relatives au VIH/SIDA et IST, disponibles afin de pouvoir mesurer l'impact du projet qui s'étale sur une durée de deux années successives. Concrètement, le projet en tant que tel s'articule autour d'une formation de certaines des cibles de l'enquête, appelées ici « des éducateurs pairs » à travers des séminaires. A travers cette formation, ces « éducateurs pairs » vont bénéficier de l'encadrement de professeurs spécialisés en IST/VIH/SIDA et au sortir de la formation, ces élèves cibles vont faire profiter de leurs camarades dans les lycées et dans les autres écoles du Sénégal, les informations acquises, par la sensibilisation à travers des messages lancés dans les médias (télévision, radio, Internet, journaux).

La méthodologie de l'évaluation repose sur la combinaison des étapes suivantes : L'enquête quantitative avec un questionnaire auto-administré aux élèves des classes de seconde des établissements cibles et l'enquête qualitative avec des discussions de groupe menées, auprès de plus de 120 élèves, à l'aide de guides d'interviews. Les établissements cibles sont le Lycée des Parcelles Assainies, le Lycée Blaise Diagne, le Collège Sacré-Coeur et le Lycée Moderne de Rufisque. Le nombre d'élèves qui ont rempli le questionnaire s'élève à 2174.

Les résultats montrent qu'un pourcentage remarquable d'élèves a déclaré avoir eu un ou des rapports sexuels (21,5%) et parmi ces élèves la grande majorité sont des célibataires. Les garçons sont les plus nombreux parmi ceux qui ont déjà eu un ou des rapports sexuels. L'utilisation du préservatif est acceptée pendant les rapports sexuels. Toutefois, il est inquiétant qu'un nombre de 102/251 élèves qui ont eu un ou des rapports sexuels entre 2006-2008 (89 garçons et 13 filles) n'aient pas demandé l'utilisation du préservatif.

Par ailleurs, ce sont les filles qui éprouvent d'énormes difficultés, d'ordre culturel et moral, pour proposer ou demander à leur partenaire l'utilisation du préservatif. La notion de séropositivité est, parfois, confondue avec la manifestation des signes du SIDA maladie. Des attitudes de tolérance, de sympathie et de soutien sont notées vis-à-vis des personnes infectées par le VIH/SIDA. En revanche, certains élèves craignent de partager une structure de santé destinée aux élèves avec un élève atteint de SIDA et la présence d'un professeur atteint de SIDA qui dispense ses cours. Les lieux qui offrent des services de dépistage anonyme et gratuit du VIH/SIDA sont peu connus, 48,1% des élèves interviewés ignorent l'existence d'un lieu de dépistage, même si la majorité des élèves ont émis le souhait de faire le test de dépistage et de recevoir les résultats.

Globalement, les attitudes et les comportements préconisés en cas de résultat positif d'un test sont à moindres risques de propagation du SIDA. Beaucoup d'élèves (48,5%) associent souvent le SIDA à une « punition de Dieu ». Une telle conception porte les germes d'une attitude de stigmatisation, de rejet ou de discrimination vis-à-vis des personnes vivant avec le VIH.

La violence sexuelle est une pratique connue par la plupart des élèves et, en majorité, ils rejettent l'usage de la force physique ou d'une forme de contrainte quelconque pour avoir un ou des rapports sexuels avec une fille. En revanche, beaucoup d'élèves (41,7%) admettent qu'un homme a le droit d'obliger sa femme à avoir des rapports sexuels avec lui et un autre pourcentage plus élevé (81,9%) soutiennent que la femme mariée n'a pas le droit de refuser d'avoir des rapports sexuels avec son mari. La radio, la télévision, les journaux et l'internet sont des moyens admis par les élèves pour recevoir ou diffuser des informations sur le SIDA. Ce qui dénote un certain engouement pour la sensibilisation par les canaux des moyens de communication classiques.

TROISIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS DE L'ENQUETE

Troisième partie : Analyse et interprétation des résultats de l'enquête

Chapitre I : caractéristiques socio démographiques des ESA

Graphique 1: REPARTITION DES ESA (ELEVES SEXUELLEMENT ACTIFS)

SELON LE SEXE

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008.

La majorité des ESA sont des garçons. En effet, ces derniers sont au nombre de 400 soit une valeur relative de 88,10% contre 54 filles, soit 11,89 %. Cette grande disparité entre le nombre de garçons et celui de filles s'explique par le fait que dans la société Sénégalaise, les filles doivent rester vierges jusqu'au mariage, et donc même si on retrouve des filles sexuellement actives dans cette population, elles ne sont pas aussi nombreuses que les garçons. Le fait que les filles aient des rapports sexuels hors mariage reste encore un phénomène timide. Chez les garçons, la virginité au mariage dans les cultures africaines n'est pas une nécessité comme c'est le cas auprès des filles, au contraire, cela renvoie à un signe de faiblesse physique, d'infériorité auprès de leurs pairs de sexe masculin. Les résultats du tableau ne reflètent alors que les exigences de la culture.

Graphique 2: REPARTITION DES ESA SELON L'AGE

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Comme indiqué par le graphique, les ESA ont entre 14 ans et plus de 21 ans. Néanmoins, ces deux âges sont très peu représentés et la majorité des ESA ont entre 17 et 20 ans. Cette spécificité de jeunes s'explique par le fait que la population enquêtée se trouve au niveau du secondaire et à ce stade des études, les âges ne sont pas encore assez élevés. Par ailleurs, nous avons extrapolé avec les âges de 14ans, 15 ans et 20, 21 ans pour prévoir les élèves qui sont en avance ou qui sont en retard par rapport aux autres élèves sur leur cursus scolaire comme cela se voit fréquemment dans les écoles au Sénégal.

Graphique 3: REPARTITION DES ESA SELON LA SITUATION MATRIMONIALE

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

La majorité des ESA sont célibataires comme nous le révèle le graphique. En effet, on trouve 3% d'entre eux qui sont mariés contre 97% qui sont des célibataires.

Par contre les variables comme « veuf » ou « divorcé » ne sont pas représentées dans cette population.

Cette population est essentiellement constituée de célibataires, et cela s'explique par le fait que les cibles sont très jeunes et vu leur statut d'élève, ils ne disposent pas pour le moment, d'assez de moyens financiers pour subvenir seuls à leurs besoins. Ce qui est la raison fondamentale pour laquelle il n'y pas beaucoup de mariés. La faible représentativité des mariés ainsi que l'absence des veufs et des divorcés peut s'expliquer par le fait, qu'actuellement, les jeunes, surtout les filles ont tendance à poursuivre leurs études jusqu'à un certain âge. Ce qui est une entrave, pour le mariage, car il est parfois difficile d'allier études et vie conjugale.

Cette faible représentativité des autres modalités à savoir « mariés », « veufs », « divorcés », ou « séparés » nous donne raison dans le choix porté sur la théorie des stratégies rationnelles qui décrit la situation de célibat dans laquelle sont les enquêtés de notre étude et les jeunes en général qui s'adonnent à la sexualité en général.

Les résultats du graphique sont révélateurs par rapport au concept du retard de l'entrée en union des jeunes qui a tendance à se généraliser dans les sociétés africaines. Si dans la société traditionnelle, les jeunes garçons et les jeunes filles convolaient très tôt aux noces, aujourd'hui, avec les études qui durent plus ou moins longtemps et l'ouverture de ces sociétés vers « la modernité », les jeunes peuvent rester plus de temps avant de se trouver un partenaire conjugal. La démographe Valerie Delauney l'a développé « la sexualité préconjugale [...] trouve son explication dans le recul de l'entrée en union »50(*) . De fait, ce retard de l'entrée en union occasionne d'abord des rapports sexuels préconjugaux qui connaîtront une durée plus longue et, ensuite elle occasionne une exposition aux risques de grossesses préconjugales et d'IST/VIH/SIDA. L'auteure va plus loin dans son analyse, « cette plus grande liberté à laquelle les jeunes générations accèdent désormais est aussi à l'origine d'une augmentation sensible des grossesses prénuptiales»51(*).

D'autres parts, le graphique lui donne encore raison car elle postule par ailleurs que la sexualité des jeunes d'aujourd'hui interpelle surtout les célibataires, « les jeunes s'adonnent de plus en plus à des rapports sexuels, qu'ils soient mariés ou non »52(*).

Graphique 4: REPARTITION DES ESA SELON LA RELIGION

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

La majorité des élèves de notre échantillon est musulmane (89 %). Ils sont suivis des Chrétiens qui représentent 11%. Ceci est à l'image de la population sénégalaise générale qui est essentiellement composée de Musulmans ; là aussi ils sont suivis des Chrétiens. Ce qui est compréhensible dans la mesure où la population sénégalaise est, majoritairement, constituée de musulmans.

Graphique 5: REPARTITION DES ESA SELON LA NATIONALITE

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le graphique révèle que sur l'ensemble de la population étudiée, la majorité est de nationalité sénégalaise soit une valeur relative de 96 %. Le reste appartient à diverses autres nationalités, mais, comme le montre le graphique, ils ne sont pas nombreux (4 %).

Graphique 6: REPARTITION DES ESA SELON L'ETHNIE

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

La majorité des ESA sont des Wolof, ils sont au nombre de 129 soit 28,41% en valeur relative. Ils sont suivis des Peul qui sont au nombre de 41. Par contre les Ballante/Bainouck sont les moins représentés soit un effectif de 3 soit O ,6% en valeur relative.

Cette situation s'explique par le fait que les wolofs sont majoritaires dans la population sénégalaise et surtout dakaroise. Ainsi, leur forte représentativité peut-elle se comprendre aisément.

Chapitre II : conditions de vie socio économiques des ESA

Afin de mesurer les conditions socio économiques de vie des élèves, nous avons posé des questions en rapport avec l'accès facile ou pas aux besoins vitaux (la nourriture, les soins de santé, les conditions d'hébergement) à domicile et à l'école (argent pour acheter des fournitures scolaires, et pour le transport pour aller à l'école).

Tableau 1: REPARTITION DES ESA SELON LA PRISE DES TROIS REPAS QUOTIDIENS

Prise des 3 repas quotidiens

Effectif

Pourcentage

OUI

371

81,71

NON

10

2,2

QUELQUES FOIS

61

13,43

NON REPONSE

12

2 ,64

TOTAL

454

100

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le tableau nous indique que 81,71% des élèves affirment qu'ils prennent régulièrement leur trois repas quotidiens contre 2,2% qui disent ne pas en prendre. Par ailleurs, nous avons aussi des Non Réponses soit 2,64% en valeur relative.

Tableau 2: REPARTITION DES ESA SELON LA RECEPTION D'ARGENT POUR ACHAT DE MEDICAMENTS EN CAS DE MALADIE

RECEPTION D'ARGENT POUR ACHAT DE MEDICAMENTS EN CAS DE MALADIE

Effectif

Pourcentage

OUI

349

76,87

NON

42

9,25

QUELQUE FOIS

56

12,33

NRP

7

1,54

TOTAL

454

100

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Un nombre assez élevé d'ESA disent qu'ils reçoivent de l'argent pour satisfaire l'achat de médicaments en cas de maladie soit 76,87%, contre 9,25% qui disent ne pas en recevoir. Comme dans le tableau précédant, nous recensons également des Non Réponses par rapport à notre échantillon, soit 1,54%.

Tableau 3 : REPARTITION DES ESA SELON LA RECEPTION D'ARGENT POUR L'ACHAT DE FOURNITURES SCOLAIRES

RECEPTION D'ARGENT POUR FOURNITURE SCOLAIRE

Effectif

Pourcentage

OUI

387

85,24

NON

29

6,38

QUELQUE FOIS

38

8,37

TOTAL

454

100

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le tableau nous révèle que la majorité des ESA reçoivent de l'argent pour l'achat de fournitures scolaires en cas de besoin soit (85,24 %).

Tableau 4: REPARTITION DES ESA SELON LA RECEPTION D'ARGENT POUR LE TRANSPORT A L'ECOLE

RECEPTION D'ARGENT POUR LE TRANSPORT A L'ECOLE

Effectif

Pourcentage

OUI

309

68,06

NON

97

21,36

QUELQUE FOIS

48

10,57


TOTAL

454

100

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Pour ce qui est de l'argent pour le transport quotidien pour aller à l'école, la majorité des ESA affirme en recevoir régulièrement (68,06%).

Les tableaux ci-présents montrent de fait que les ESA sont majoritairement issus de milieux au niveau de vie assez élevé. Nous avons jugé utile de mesurer la dimension économique des ESA car il est important pour notre étude d'identifier le niveau de vie et les conditions dans lesquelles ils évoluent.

En effet, mesurer le niveau de vie de notre population d'étude nous permet d'instrumentaliser notre modèle théorique sur lequel repose notre analyse. En fait la théorie des stratégies rationnelles postule qu'il existe un groupe de jeunes sexuellement actifs qui sont motivés dans leur sexualité non pas par des gratifications financières mais par des motifs comme l'imitation des pairs, la curiosité ou même l'amour porté à leurs partenaires. Nous verrons que cela va nous aider à confirmer (avec le graphique 10 relatif aux raisons qui poussent les ESA aux rapports sexuels) que les réelles motivations des ESA à l'entretien des rapports sexuels ne sont pas toujours la recherche de l'assouvissement des besoins économiques ou financiers.

Chapitre III : Comportements sexuels des ESA

Graphique 7: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON L'AGE DU PREMIER RAPPORT SEXUEL

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le graphique révèle que sur 400 garçons interrogés, les 109 ont eu leurs premiers rapports sexuels à moins de 12 ans contre 1 garçon qui a eu son premier rapport sexuel à 20 ans. Avoir un premier rapport sexuel à moins de 12 ans révèle que ce rapport sexuel est très précoce. C'est pourquoi, il est fort possible que les élèves aient confondu un rapport sexuel et un jeu sexuel qui est courant chez les garçons. Ils ont certainement assimilé ce jeu à un acte sexuel.

Pour ce qui est des filles, c'est à l'âge de 18 ans qu'on retrouve le plus grand effectif à raison de 10 filles, soit 2,2% du total, contre 0 fille à partir de 21 ans. Par contre, dans l'ensemble, c'est entre 15 ans et 18 ans que la majorité des filles ont débuté leur activité sexuelle.

Ce nombre relativement considérable d'élèves, qui ont déclaré avoir eu un ou des rapports sexuels à des âges très précoces, s'explique par le fait que les ESA échappent très tôt à la surveillance des parents à la maison. Les toilettes à l'école, les chemins qui mènent de l'école à la maison sont des endroits très propices à des rapports sexuels où les élèves ne sont surveillés ni par les professeurs, ni par les parents.

L'un des deux modèles théoriques sur lesquels nous avons fondé notre analyse (la théorie socioculturelle) a soulevé cette contradiction entraînée par l'école dans la manière dont elle socialise les enfants et dans sa manière de procéder par rapport à cette socialisation. D'abord, le contenu de l'éducation que l'école diffuse est quelque part en contradiction avec celle diffusée par la famille, ensuite, elle s'accapare de ces jeunes pendant de longues heures, et finalement elle ne les contrôle pas dans leurs comportements notamment sexuels. De plus, du fait des valeurs étrangères diffusées par l'école et de la longue durée que prennent les études de nos jours, le recul de l'entrée en union est de plus en plus présente et la résultante de cette situation est que la virginité au premier mariage a tendance à disparaître de nos cultures.

En outre, ce graphique est pertinent car non seulement il nous permet de confirmer notre première hypothèse à savoir « le milieu scolaire favorise la sexualité des jeunes » par cette liberté qu'il leur accorde dans les différents lieux (toilettes et chemin de l'école), mais aussi, il confirme également l'autre hypothèse à savoir que « Le cadre scolaire a une influence sur l'entrée précoce à la vie sexuelle ». La même étude, appliquée à une population qui ne fréquente pas l'école n'aurait certainement pas donné les mêmes résultats surtout auprès des filles du fait de la surveillance stricte dont celles-ci font l'objet dans le cadre familial.

Graphique 8: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LA RAISON DU PREMIER RAPPORT SEXUEL

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le graphique 8 nous montre les effectifs relatifs aux motivations des premiers rapports sexuels des enquêtés.

« Le mauvais comportement sexuel des jeunes s'explique aussi par l'influence de la télé, des films. Les élèves ont tendance à imiter ce qu'ils voient à la télé, à se « moderniser » (sic !) croyant que les temps ont changé.»

En effet, chez les garçons, c'est la modalité « par curiosité » qui prime parmi toutes celles proposées dans les questionnaires avec un effectif de 192. Elle est suivie de la modalité «  par amour » qui totalise un effectif de 114/400 garçons. En fait, comme nous l'avons suggéré plutôt dans nos hypothèses, la véritable motivation des comportements sexuels chez les jeunes des ces âges ne peuvent pas être autre chose que la curiosité ou l'envie de découvrir ce dont ils entendent parler ou ce qu'ils ne voient qu'à travers les médias par le biais du cinéma. Un élève, à travers l'une des discussions qu'on a eues dans les focus groups a tenu les propos suivants :

Par ailleurs, un effectif de 55/400 ne donne aucune raison au premier rapport sexuel. Nous imaginons que c'est par imitation des autres que ces rapports sexuels ont eu lieu car pour beaucoup de garçons, c'est le culte du mâle qui les incite à rivaliser les performances en matières de sexualité. Un des élèves, pendant les Focus Groups l'a mentionné :

«  Dans certains groupes de garçons, n'avoir pas eu de rapports sexuels est un signe de faiblesse ».

De plus, c'est fréquent de trouver des garçons qui nourrissent des sentiments de machisme par rapport au sexe opposé et ils pensent que c'est en ayant des rapports sexuels avec les filles qu'ils se sentent ainsi supérieurs à elles.

De même, chez les filles, la raison la plus indiquée pour justifier le premier rapport sexuel est « l'amour » avec un effectif de 29 /54 filles. Elle est suivie de la modalité « par obligation » qui représente un effectif de 8/54 filles. Elles ont peut être fait l'objet de chantage ou dans tous les cas d'une certaine pression de la part de leur partenaire. Cela traduit une vulnérabilité dont ces jeunes filles font l'objet à ces âges.

En adéquation avec notre hypothèse sur les raisons qui justifient l'entrée en union dans la vie sexuelle des jeunes scolarisés, ce n'est donc pas l'argent qui motive les premiers rapports sexuels chez ces garçons (2/400) à ces âges, mais plutôt, le besoin de découverte et la « curiosité ». De même qu'avec le choix que nous avons porté sur la théorie des stratégies rationnelles, pour qui les raisons des rapports sexuels ne sont pas celles en rapport avec l'assouvissement d'un besoin financier ou économique, mais plutôt avec des concepts comme l'envie de découverte de la sexualité, la curiosité, l'imitation des pairs, l' « amour » porté à son partenaire etc. Pour preuve, Calves l'a bien développé dans ses travaux  car il affirme que parmi les motifs qui justifient la sexualité des jeunes, on trouve « l'imitation des autres, le besoin d'être à la mode, la curiosité, l'amour de son partenaire mais aussi la coercition »53(*).

Graphique 9 : REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON l'ENTRETIEN DU OU DES RAPPORTS (S) SEXUELS (S) ENTRE 2006 ET 2008

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Pour mesurer la continuité de l'activité sexuelle des ESA, nous avons circonscrit les rapports sexuels au cours des deux dernières années (2006 à 2008). En effet, les résultats nous ont montré que c'était pertinent de procéder de la sorte car effectivement il y'a eu des ESA dont l'activité sexuelle a évolué dans le sens d'interruption. En effet, il se trouve que les chiffres indiquent qu'il y a des ESA qui ont arrêté d'avoir des rapports sexuels pendant cette période de deux ans qui précède l'enquête. Le graphique 9 nous indique que ceux là sont au nombre de 132 garçons contre 9 filles.

Cette interruption des rapports sexuels de la population reflète les efforts et les progrès dont ont fait preuve les campagnes de sensibilisation à travers la région de Dakar. En effet, celles-ci exhortent les populations à adopter des comportements à moindre risques de VIH/SIDA à savoir : l'abstinence, la fidélité, ou l'usage des préservatifs. La population enquêtée est une population instruite et elle est capable de déchiffrer tous les messages lancés à travers les médias (presse écrite, orale) et à travers les supports didactiques distribués à l'école par les clubs EVF (brochures, dépliants posters, prospectus, diapositives, manuels scolaires, pins, tee-shirt, casquette etc.) et à travers les supports de publicité sur les affiches. Sans perdre de vue qu'à l'école, la présence des initiatives est très marquée avec les programmes des clubs EVF qui organisent souvent des journées de sensibilisation à des occasions comme la journée mondiale de la lutte contre le SIDA.

Graphique 10:REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LA RAISON DES RAPPORTS SEXUELS ENTRETENUS ENTRE 2006 ET 2008

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le graphique nous indique les raisons des rapports sexuels des ESA qui ont continué à nourrir une activité sexuelle durant la période qui va de 2006 à 2008.

La plupart des garçons disent que c'est leur propre plaisir qui justifie ces rapports sexuels, cette modalité est aussi celle qui prime chez les filles. En fait, cela traduit une évolution dans les raisons des comportements sexuels des ESA. Car, si les premiers rapports sexuels étaient guidés par la curiosité et par l'envie de découverte (besoin qui est maintenant assouvi), aujourd'hui, les motivations de ces derniers sont la recherche de son propre plaisir (242 pour les garçons et 18 pour les filles) ou par celui de son partenaire (54 pour les garçons et 7 pour les filles). Par ailleurs, nous avons un nombre important de Non Réponse ou Autre. Nous concevons par conséquent que ceux là sont ceux qui n'ont pas eu des rapports durant cette période de 2006 à 2008 (cf. Graphique 9).

Pour ce qui est des résultats en rapport avec les tableaux précédents (chapitre 2 : les conditions de vie socioéconomiques), le graphique nous confirme que les motivations des rapports sexuels des ESA ne sont pas liées à l'argent. D'ailleurs, ils ont confirmé qu'ils prennent leurs trois repas quotidiens en majorité (81,71%), (cf. Tableau 1) qu'ils reçoivent aussi de l'argent pour l'achat de médicaments en cas de maladie (76,81%) (cf. Tableau 2), qu'ils reçoivent de l'argent pour l'achat des fournitures scolaires (85,24%) (cf. Tableau 3), et qu'ils reçoivent de l'argent pour le transport quotidien pour l'école (68,06%) (cf. Tableau 4). Ils sont d'après ces résultats dans d'assez bonnes conditions et cela montre encore une fois que les raisons des rapports sexuels ne sont pas liées à l' « argent ».

Graphique 11: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LE NOMBRE DE RAPPORTS SEXUELS ENTRETENUS ENTRE 2006 ET 2008

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le graphique nous montre le nombre de fois que les ESA ont entretenu des rapports sexuels durant les deux dernières années qui varient entre aucune fois et plus de 5 fois.

Il est en effet paradoxal de retrouver ici des ESA qui n'ont pas de rapports sexuels, avec la modalité « aucune fois », sachant que toute la population d'étude est sexuellement active, en fait nous rappelons une fois encore que les chiffres sont relatifs à la période des deux dernières années (2006-2008). Et donc cela signifie comme nous l'avons déjà souligné, qu'il y' a des ESA qui ont arrêté d'entretenir des rapports sexuels durant les deux dernières années qui précèdent l'enquête.

En outre, il est établi que l'accroissement du nombre de rapports sexuels favorise largement l'augmentation de l'exposition aux risques d'infection sexuelle ou de contamination par le VIH/SIDA, d'autant plus que si les partenaires n'utilisent pas le préservatif comme c'est le cas avec la plupart de nos enquêtés (cf. Graphique 13).

Forts de ces constats, nous nous permettons d'affirmer que les comportements de ces ESA sont des comportements à risques d'IST/VIH/SIDA. Cela nous permet aussi d'atteindre un de nos objectifs qui consiste à vérifier si les comportements sexuels des ESA sont des comportements à risques.

Graphique 12: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET LE MULTIPARTENARIAT ( 2006 ET 2008)

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le graphique démontre que les ESA, pour la majorité, ont eu plusieurs partenaires entre 2006 et 2008 même si ceux qui ont eu un partenaire durant cette période de deux ans sont plus nombreux soit 139 garçons et 34 filles. Ils sont suivis de ceux qui ont eu deux partenaires avec un effectif de 67 garçons ESA et 6 filles ESA.

Ces résultats viennent confirmer Calves, Maillochon et Warszawski 54(*) qui avancent que de nos jours le multi partenariat est devenu un phénomène banal du fait de sa fréquence.

Ce multi partenariat sexuel qui est fréquent dans cette population d'ESA, cumulé au fait que les ESA n'utilisent pas les préservatifs pendant les rapports sexuels sont des indicateurs des comportements sexuels à risques d'infection à VIH/SIDA de ces ESA malgré le fait qu'ils connaissent bien les risques qu'ils encourent.

Néanmoins, si un effectif élevé d'ESA garçons a bien voulu donné le nombre de partenaires sexuels qu'il a eu durant cette période, un effectif d'ESA filles n'a pas voulu répondre à la question posée. Nous concevons que cela est dû au fait que, soit il s'agit là d'une fidélité à un seul partenaire, soit à une réticence à répondre à une question relative au nombre de partenaires et qui supposerait appartenir à une catégorie de filles jugées de « faciles » dans nos sociétés.

Par ailleurs, le graphique nous indique qu'un effectif de 61 ESA n'a eu aucun partenaire sexuel pendant cette période. Nous retrouvons là encore les ESA qui ont arrêté d'avoir des rapports sexuels pendant cette période de deux ans successifs (cf. graphique 9).

Graphique 13: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON L'USAGE DU PRESERVATIF LORS DES RAPPORTS SEXUELS

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le graphique fait ressortir l'usage du préservatif pendant les rapports sexuels. En effet, pour ce qui est des garçons, 149/400 disent utiliser le préservatif pendant les rapports sexuels contre 74 qui disent ne pas en utiliser, et 46 autres disent l'utiliser quelques fois. Pour les filles aussi, l'utilisation du préservatif n'est pas très importante, 21/54 seulement l'ont utilisé.

Vu que le pourcentage d'ESA qui utilise le préservatif pendant les rapports sexuels n'atteint pas 50%, nous concevons alors que la plupart des comportements sexuels des ESA qui entretiennent encore des rapports sexuels jusqu'à ce jour, sont des comportements à risques d'infection par le VIH/SIDA et aussi par les IST étant donné que le préservatif est à ce jour le seul moyen d'éviter les IST pour une personne sexuellement active.

En effet, pour des jeunes qui sont scolarisés, nous trouvons que c'est très insuffisant car, la plupart des politiques de sensibilisation s'adressent d'abord à une population scolarisée. Mais il ne faut pas perdre de vue aussi que notre population d'étude est essentiellement composée de jeunes, et souvent à ces âges, c'est l'insouciance qui prime dans les comportements plus que les principes ou les lignes de conduite. Donc même si les messages lancés par les campagnes sont bien reçus, il peut, selon le type de récepteur, exister un décalage entre la réception du message et l'adoption du comportement adéquat au message.

Encore une fois, le graphique nous permet d'atteindre un des objectifs que nous nous étions assignée à savoir : « voir si les comportements sexuels des élèves sexuellement actifs sont des comportements à risques d'IST, de grossesses et de VIH/SIDA»

Il faut aussi ajouter que ces résultats vont à l'encontre des résultats de l'EDS-IV du Sénégal qui affirment que « les TS officielles qui utilisent systématiquement le condom avec leur clients dépassent 90% », quand nos résultats indiquent que l'utilisation du préservatif de notre cible n'atteint pas 50%. Cependant, force est de constater qu'il y'a une différence dans la prise en charge des TS et des élèves même si les jeunes sont les principales cibles de la lutte contre le SIDA. En fait, les TS bénéficient d'un encadrement rapproché de spécialistes en matière de santé de la reproduction car elles font l'objet d'un suivi médical du fait qu'elles sont en exposition permanente cumulé à un contact très fréquent avec la population masculine. Et pendant ces suivis médicaux qui sont obligatoires, il existe des séances tenues par des spécialistes qui s'entretiennent avec elles des questions de santé sexuelle, appelées « counceling »55(*). Fort de ces constats, nous pouvons dire que ces TS sont plus au fait que n'importe qui dans la société sénégalaise des risques qui planent autour de la sexualité. Cela n'étant pas le cas de notre population d'étude, qui, si elle ne se rapproche pas volontairement des ces structures pour un éventuel « counceling » n'a d'autres moyens que de se limiter aux campagnes de sensibilisation au même titre que les autres citoyens à défaut de celles qui existent à travers les clubs EVF de lutte contre le SIDA à l'école, encore faudrait-il que cela l'intéresse.

Graphique 14 : REPARTITION SELON LE SEXE ET SELON LA DEMANDE DU PRESERVATIF

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le graphique nous donne les informations relatives à la demande du port du préservatif pendant les rapports sexuels par les partenaires.

On remarque dans un premier tempt que les filles sont moins sensibles à la demande du port du préservatif que les garçons, sur l'effectif total qui est rattaché à la variable  je n'ai pas demandé, les garçons sont plus nombreux avec un effectif de 138 soit un pourcentage de 30,39 % contre 16 filles soit 3,52 %. Pour ce qui est des filles, nous comprenons aisément la raison pour laquelle certaines ne veulent pas demander le préservatif, car, cela peut renvoyer à l'étiquette de « fille facile qui aurait l'habitude d'avoir des rapports sexuels et qui prend ses mesures de prévention ». Pour le cas des garçons, s'ils n'ont pas demandé le préservatif, c'est sûrement par négligence vu qu'ils connaissent bien les risques et qu'ils ne font l'objet d'aucun préjugé éventuel comme les filles.

La discrimination sexuelle qui existe dans l'usage du préservatif et qui est dénoncée par la demande du préservatif a été soulevée dans les travaux de Cormick et de Schoepf. En effet, ces deux auteurs ont montré que les femmes, quand elles ne sont pas scolarisées ont généralement du mal à exiger ni même à négocier la demande d'usage du préservatif avec leurs conjoints ou maris, cela à cause de la situation de dépendance dans laquelle elles vivent. De la même manière que ces femmes, les filles qu'on a interrogées dans notre travail sont dans une position délicate pour demander l'usage du préservatif pendant le rapport sexuel. Du fait qu'elles sont des célibataires sexuellement actives et que la société a assigné aux filles célibataires l'abstinence, ces filles se reconnaissent comme des marginales et donc elles pensent perdre leurs droits les plus fondamentaux dans un couple en taisant des exigences comme « réclamer le condom à leur partenaire » même si elles savent que c'est un moyen de prévention fort reconnu aujourd'hui.

En outre, le graphique nous révèle aussi que les élèves ne sont pas réticents au port du préservatif quand celui-ci est demandé. Seules 5/54 chez les filles et 4/400 chez les garçons ont refusé le port du préservatif à la demande du ou de la partenaire, ce qui fait un total de 9 refus sur une demande de 454.

Ceci témoigne de la réussite des campagnes de sensibilisation dans la lutte contre le VIH/SIDA qui exhorte les populations à trois recours, soit l'abstinence ou la fidélité ou en dernier recours le préservatif. Si les élèves qu'on a interrogés sont pour la plupart des célibataires sexuellement actifs, ce qui est le cas, c'est concevable qu'ils optent pour le préservatif. Et d'ailleurs, pendants les focus groups, un élève qui y a participé a déclaré que :

«  Pour éviter l'infection, il faut utiliser les préservatifs pendants les rapports sexuels »

Par ailleurs, on a un nombre élevé de Non Réponse à la question posée à raison de 124/454. Cette question a dû sembler « intime » pour ce groupe qui ne veut pas répondre. Même si l'anonymat des réponses est assuré, ils ont encore des réticences par rapport au thème en question.

CHAPITRE IV : CONNAISSANCE DU VIH/SIDA ET DES RISQUES ENCOURUS

Graphique 15: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LE RISQUE ENCOURU PAR UNE PERSONNE SANS USAGE DU PRESERVATIF

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le graphique nous montre que la contamination par le VIH/SIDA est le plus grand risque encouru par une personne en ayant des rapports sexuels sans usage du préservatif selon les ESA, soit un effectif de 224 pour les garçons et 26 pour les filles. Avoir une infection sexuelle est le second risque évoqué, soit 85 garçons et 14 filles.

Cela révèle en fait que les ESA sont plus sensibles aux risques de VIH/SIDA qu'à ceux d'IST ou de grossesse même s'ils devraient être attentifs au trois en même temps quand il s'agit des comportements sexuels.

Par ailleurs, le graphique nous révèle aussi que les grossesses extraconjugales, dont l'une des conséquences est l'exclusion de l'école, est un risque faiblement évoqué.

De plus, le graphique révèle qu'un nombre assez important d'ESA ont de bonnes connaissances par rapport aux IST/VIH/SIDA et il est pertinent car nous permet d'atteindre deux de nos objectifs en même temps. D'abord il donne la possibilité de mesurer le niveau de connaissances des ESA sur la question, et éventuellement il permet de mesurer leurs perceptions du risque sur leurs comportements sexuels et pour finir, il permet de rendre compte de l'existence de la perception du risque chez cette population.

Graphique 16 : REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LE LIEU DE SOIN

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le graphique désigne les lieux fréquentés par les ESA à l'apparition des signes d'une quelconque maladie. En fait, ces chiffres sont importants car ils permettent de mesurer les chances qu'ont les jeunes d'être informés par des spécialistes en IST/VIH/SIDA à travers des « counselings ». 56(*)

Les ESA ne fréquentent pas en grande majorité les lieux adéquats en cas de maladies comme le montre le graphique, c'est également le cas pour les centres médico - scolaires, les infirmeries des lycées,  et les centres de santé. On voit que les hôpitaux sont parfois fréquentés avec un effectif de 53 pour les ESA garçons et 11 pour les ESA filles. Cette insuffisance relative à la fréquentation des lieux s'explique par les appréhensions sociales qui se reflètent sur toutes les couches de la population et qui font que les patients ont des difficultés à fréquenter selon leurs besoins les lieux adéquats à la Santé de la Reproduction.

Ceci réduit donc les chances d'être au fait de tout ce qui a trait à la santé de la reproduction mise sur pied dans les centres pour jeunes notamment les connaissances et les comportements sexuels.

Tableau 5 : REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LA CONNAISSANCE DE LA SEROPOSITIVITE

Séropositivité

Sexe

Personne qui a le virus dans le sang

Personne qui est malade du SIDA

Pers. qui maigrit, qui à la diarrhée et des maux de tête

NSP

Total

Masculin

269

100

0

31

400

Féminin

36

16

0

2

54

TOTAL

305

116

0

33

454

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le tableau nous révèle que la séropositivité est bien connue des ESA soit un effectif de 305/454.

Pendant les focus groups, les élèves ont mentionné beaucoup de signes se rapportant à la séropositivité :

« Il n'y a pas de signe qui montre qu'une personne est séropositive».

Parfois certains parmi eux bénéficient des activités de formation des clubs EVF qui s'organisent dans les Lycées ou alors ils sont enrôlés dans les activités de sensibilisation pour la prévention du VIH/SIDA. Ces élèves sont en mesure alors de bien déceler la différence entre les signes d'une personne séropositive et les signes d'une personne malade du Sida. Ils soutiennent alors que :

«  Seul le test permet d'affirmer avec certitude qu'une personne est malade du Sida, donc il ne faut pas se fier aux signes comme les boutons, les pertes de poids et les diarrhées ».

Toutefois, 33 ESA déclarent ne pas connaitre ce qu'est une personne séropositive, à coté d'autres qui ont donné de fausses réponses.

En effet, on note tout de même, une légère confusion chez certains ESA à propos de la séropositivité et de la maladie du Sida. A l'origine de cette confusion, on n'a retenu des déclarations comme :

« Il y' a beaucoup de signes car, quand on est atteint du Sida, on est vulnérable à toutes les maladies : la tuberculose, la diarrhée, le paludisme » ou alors «  moi, je ne veux pas faire le test parce que je n'ai pas de signes qui montrent que j'ai la maladie, alors je ne l'ai pas. »

Les énormes confusions qui planent autour de l'infection à VIH ont été indexées dans beaucoup d'études comme le principal frein de la lutte contre le SIDA. Ces idées fausses ou idées erronées comme l'appellent les spécialités, font que les PVVIH ont honte de porter le virus et sont par la même occasion victimes de stigmatisation ou de discrimination. Ces deux attitudes constatées dans beaucoup de pays du monde ont été fortement dénoncées par la Déclaration Universelle de Droits de l'Homme.

Graphique 17: REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LA CONNAISSANCE DU TEST DE DEPISTAGE

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Les connaissances des ESA relatives au dépistage sont comme indiquées par le graphique, très bonnes. En effet, sur un effectif total de 454 ESA interrogés, 378 garçons et 51 filles ont montré qu'ils connaissaient bien le test de dépistage. Aussi bien chez les garçons comme chez les filles, les résultats montrent que les connaissances sont relativement très bonnes. Ce taux fort élevé s'explique par l'impact des campagnes de sensibilisations sur les effets bénéfiques du dépistage aussi bien par le bais de la télévision et de la radio que des affiches dans la ville de Dakar, mais aussi avec l'apport des stratégies des clubs EVF dans les écoles qui luttent contre le Sida.

De plus, les jeunes scolarisés en milieu urbain ont l'avantage de savoir lire et donc de pouvoir déchiffrer les messages d'information lancés dans les campagnes de sensibilisation pour la prévention de l'infection, mais aussi, ils ont l'avantage de côtoyer et de fréquenter un milieu propice à l'information par les médias (la radio, et la télévision) et l'Internet mais aussi les affiches qui sillonnent la ville de Dakar.

Ces résultats vont à l'encontre de l'affirmation de LINDSAY STEWART qui soutient que « la grande majorité des gens qui prennent la décision de devenir sexuellement actifs le font en disposant d'une information inadéquate »57(*). Cette affirmation peut dans certains cas s'avérer pertinente, surtout quand il s'agit de cibles non scolarisées, en plus du fait que beaucoup de jeunes dans le monde entier n'ont pas accès à la scolarisation. Mais notre cible est une population très exposée aux médias et qui vit dans une société qui très ouverte à l'information.

Graphique 18 : REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LE TEST DE DEPISTAGE

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le graphique nous montre que les bienfaits du dépistage du VIH/SIDA sont connus par une large majorité des ESA interviewés. En effet, sur 454 élèves interrogés, les 352 connaissent son utilité soit un effectif de 307 garçons contre 45 filles. De plus, 73 parmi les ESA savent aussi que le fait de faire le dépistage permet d'éviter de contaminer les personnes bien portantes.

« Le test permet de connaitre son statut sérologique car ce n'est pas seulement par les rapports sexuels qu'on contracte la maladie. Il y'a aussi les objets tranchants comme les seringues et les lames qui peuvent être dangereuses ».

D'ailleurs dans les focus groups, un élève a déclaré que :

Les bonnes connaissances liées au dépistage sont aussi soulignées par le fait que sur 454 ESA interviewés, 3 seulement parmi eux ne connaissent pas son utilité.

Graphique 19 : REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LA CONNAISSANCE D'UN LIEU DE DEPISTAGE

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Malgré le fait que le dépistage du VIH/SIDA et son utilité soient bien connus, le graphique nous informe que les connaissances en rapport avec les lieux de dépistage sont moins bonnes. Sur 454 intérrogés à propos de la connaissance d'un lieu de dépistage, 227 garçons dont 199 28 filles, ont répondu par « Oui » soit une valeur relative de 50%, donc la moitié des cibles. Ceux qui ont répondu par « Non » sont au nombre de 192 dont 169 garçons et 23 filles soit une valeur relative de 42,29%.

Le nombre élevé d'ESA qui savent l'utilité du dépistage du VIH/SIDA (cf . graphique 18) alors qu'ils ne connaissent pas les lieux de dépistage témoigne de l'écart qui existe entre la connaissance et l'action. En fait, on a remarqué que dans de nombreuses campagnes de sensibilisation, même si l'information est reçue comme recherché au niveau des cibles, ces dernières prennent du temps avant de se laisser convaincre à agir en conséquences. Or, on oublie très souvent que si on ne réagit pas par rapport à une bonne information, c'est comme si on investissait pour ne rien récolter. Cela constitue un obstacle à l'utilisation des services de dépistage mais aussi à la lutte des campagnes de sensilisation.

Le nombre élevé d'ESA qui ne connaissent pas les lieux de dépistage signifie aussi qu'ils n'ont jamais fait le test de dépistage par eux-mêmes, sauf s'ils ont rencontré les services de dépistage mobiles qui interviennent un peu partout, dans les écoles, les quartiers et autres.

Par ailleurs, nous avons aussi un nombre élevé d'élèves qui ne veulent pas se prononcer sur la question, soit 32 garçons et 3 filles, ce qui fait un pourcentage de 7,7% au total.

Graphique 20 : REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET LE SOUHAIT DE FAIRE OU NON LE TEST DE DEPISTAGE

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le nombre d'ESA qui souhaite faire le test de dépistage et recevoir les résultats est assez élevé comparé au nombre d'ESA qui ne le souhaite pas du tout. Les chiffres indiquent que sur 454 garçons, 301 le souhaitent contre 86. Chez les filles, sur 54 interrogées, un effectif de 51 le souhaite contre un effectif de 3 qui ne le souhaite pas. Toutefois, cela est paradoxal, quand ceux sont les mêmes ESA qui, pour la grande majorité, ont des comportements sexuels à risques d'IST/VIH/SIDA et qui veulent faire le test de dépistage et recevoir les résultats, sachant qu'ils sont conscients des risques qu'ils encourent (cf. graphique 15). Généralement, dans la culture sénégalaise, quand on a des comportements sexuels à risques, les auteurs préfèrent ne pas connaitre leur statut sérologique en évitant de faire le test de dépistage. Cela révèle une insouciance dû à l'âge d'adolescence ou au manque de maturité chez cette population qui est âgée pour la plupart de 17 ans à 19 ans.

Au demeurant, nous remarquons qu'avec cette question, nous n'avons pas recensé de non réponse, comme c'est fréquent dans l'étude. En effet, cette question n'est pas « taboue » ou « sensible» pour notre population, ce qui fait que les jeunes enquêtés n'ont aucune réticence à répondre à la question posée.

Graphique 21 : REPARTITION DES ESA SELON LE SEXE ET SELON LA CONCEPTION D'UNE PVVIH COMME UN VAGABON SEXUEL

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le graphique révèle en fait que les ESA interrogés font la différence entre la contamination par le SIDA et le vagabondage sexuel. Sur 400 garçons interrogés, un effectif de 345 affirme que la PVVIH n'est pas forcément un vagabond sexuel à coté de 33 autres garçons qui disent le contraire. Chez les filles, l'écart est aussi grand entre l'effectif de celles qui attribuent le malade du Sida au vagabondage sexuel et celui de celle qui les dissocient. Sur 54 filles, les 47 sont pour à coté de 6 qui sont contre, comme le montre le graphique. Ce qui fait un total de 292 ESA qui dissocient infection à VIH et vagabondage sexuel. C'est la bonne connaissance des différents modes de transmission du VIH/SIDA qui explique les conceptions de ces jeunes face aux PVVIH. Ils savent en effet qu'il existe différents modes de transmission de l'infection notamment la transmission sexuelle, la transmission mère-enfant, et la transmission sanguine et donc une PVVIH peut, bien entendu, être infectée de différentes manières. D'après les propos des élèves recueillis à travers les focus groups, le fait de penser que la PVVIH est un vagabond sexuel relève d'une ignorance des différents modes de transmission.

« Il faut que les gens sachent que ce n'est pas seulement en ayant des rapports sexuels qu'on attrape le Sida. Il y a pleins d'autres modes de transmission, alors même si on n'a pas de rapports sexuels, on peut attraper le Sida »,

Un autre d'ajouter :

« Il y'a aussi le fait d'utiliser les mêmes rasoirs avec une personne infectée ».

Cette bonne connaissance des modes de transmission permet aussi d'atténuer les comportements tels que ceux de stigmatisation ou encore de discrimination auxquels les PVVIH font l'objet dans beaucoup de sociétés.

Chapitre V : connaissances et comportements sexuels

Graphique 22 : REPARTITION DES ESA SELON LE RISQUE ET SELON L'USAGE DU PRESERVATIF

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le graphique nous indique que les connaissances liées à la pratique sexuelle et au VIH/SIDA sont adéquates. En effet, un grand nombre d'élèves sait que le plus grand risque encouru par une personne qui a des rapports sexuels sans usage du préservatif est l'infection à VIH (cf. graphique 15). Il nous montre aussi que parmi ces ESA qui redoutent plus l'infection, ceux qui utilisent le préservatif sont plus nombreux (soit un effectif de 92 ESA) que ceux qui ne l'ont pas utilisé (49/454 ESA) ou ceux qui n'en utilisent que « quelques fois » (25/454). Néanmoins ceux qui ne l'utilisent pas ou ceux qui l'utilisent que « quelques fois » sont nombreux pour une population instruite et qui se trouve dans un milieu urbain avec toutes les campagnes de sensibilisation sur la prévention des comportements à risques d'IST/VIH/SIDA et dans le milieu scolaire où évolue cette population.

On voit dés lors que, l'influence du milieu scolaire mais aussi celle des connaissances liées à l'infection et les perceptions du risque encourus sur les comportements sexuels de la population étudiée n'est pas aussi grande qu'on l'avait avancé dans nos hypothèses. Même si les connaissances adéquates sont disponibles, les ESA ne se laissent pas influencer dans leurs comportements par ces connaissances. Cela s'explique par le fait que ces ESA sont trop jeunes et trop inconscients pour se rendre compte à chaque instant, même dans leurs comportements les plus familiers, qu'ils sont à tout moment exposés aux risques. Il y' a le fait aussi qu'ils ne relativisent pas assez les risques car, pour eux le danger plane surtout sur les autres et ils se croient toujours à l'abri d'un éventuel risque. L'idée selon laquelle « le Sida, n'arrive qu'aux autres » est aussi une des raisons qui explique le manque de conscience de ces ESA.

Graphique 23 : REPARTITION DES ESA SELON LE RISQUE ET SELON LE MULTIPARTENARIAT

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le graphique nous montre qu'un nombre d'ESA n'ont eu aucun partenaire pendant cette période, cela s'explique par le fait qu'on a eu des enquêtés qui ont interrompu d'avoir des rapports sexuels (cf. Graphique 9). Là encore nous avons un grand nombre d'ESA qui ne veut pas répondre à la question relative au nombre de partenaires. Comme déjà expliqué, nous imaginons que ceux sont là les filles qui ne voulaient pas se prononcer pour éviter d'être traitées de « filles faciles » car elles ont eu plusieurs partenaires durant la période de deux ans qui précèdent l'enquête.

Les ESA avec un seul partenaire durant la période allant de 2006 à 2008 et qui redoutent plus l'infection à VIH/SIDA sont largement plus majoritaires à ceux avec plusieurs partenaires. Cela peut en effet donner raison à l'hypothèse que nous avions proposée selon laquelle, les jeunes sont motivés dans leurs comportements sexuels par l'affection qu'ils entretiennent vis-à-vis de leurs partenaires. Ils ont eu un comportement sexuel à moindre risques en ce sens qu'une grande majorité a eu un seul partenaire pendant ces deux années successives, mais cela ne relève pas d'un besoin qu'ils auraient à adopter un comportement à moindre risques, mais plutôt, d'un besoin affectif qu'ils auraient avec ce partenaire. De plus, le graphique montre aussi que le multi partenariat est présent car on retrouve des ESA avec plusieurs partenaires.

Graphique 24 REPARTITION DES ESA SELON LE NOMBRE DE RAPPORT SEXUEL ET SELON LA CONNAISSANCE DU RISQUE

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Comme indiqué, les connaissances relatives à l'infection sont bien présentes. Les ESA craignent plus le risque du VIH que celui des autres modalités proposées «  infection sexuelle », ou « grossesse ». C'en est de même pour les ESA qui n'ont pas eu de rapports sexuels pendant cette période. Ceci témoigne encore de la réussite des campagnes de sensibilisation quand il s'agit d'envoyer les messages aux populations. Cependant, le fait que les ESA connaissent bien les risques ne les empêche pas d'avoir des comportements à risques dans la mesure où ils multiplient leurs rapports sexuels.

En effet, le graphique nous indique que ceux qui ont des rapports sexuels au nombre de 4 et 5 fois et qui connaissent bien les risques relatifs à l'infection sont mieux représentés. Sachant que la multiplicité des rapports sexuels est un facteur qui expose les partenaires, nous en déduisons, comme dans le graphique précédant, que les ESA ont des comportements sexuels à risques malgré les réelles connaissances liées à l'infection du VIH et à celles des IST.

Graphique 25 : REPARTITION DES ESA LE DU RISQUE ET SELON LA DEMANDE DU PRESERVATIF AU PARTENAIRE PENDANT LES RAPPORTS SEXUELS

Source : Enquête mémoire maîtrise, 2008

Le graphique-ci présent indique que les connaissances vis-à-vis des IST/VIH/SIDA sont adéquates avec une dominance de la modalité « infection sexuelle » suivie de celle de « VIH/SIDA ». Néanmoins, ces mêmes ESA qui connaissent si bien les risques encourus par une personne qui a des rapports sexuels sans usage du préservatif, ne demandent pas suffisamment l'usage du préservatif au partenaire pendant un rapport sexuel. D'ailleurs c'est cette réponse qui domine de loin les autres modalités favorables à la demande. Parmi ce groupe d'élèves qui ne veut pas demander l'usage du préservatif, il se trouve que le nombre de filles est assez élevé (graphique 14), et cela s'explique par les craintes de stigmatisation dont elles font l'objet. En effet, dans une société comme celle sénégalaise, quand une fille demande le préservatif au partenaire, cela traduit une certaine habitude à entretenir des rapports sexuels et donc amener la stigmatisation de « filles faciles ». Et pour éviter cette stigmatisation, elles préfèrent se taire même si elles savent que cela n'est pas un comportement sexuel adéquat.

Là encore, l'hypothèse sur l'influence des connaissances de la sexualité et les risques n'est pas confirmée, au contraire, elle est infirmée par l'enquête.

Conclusion générale

Dans la première partie de notre travail de recherche, nous sommes partie de plusieurs constats : d'abord, l'entrée en union est de plus en plus tardive à coté d'une sexualité préconjugale de plus en plus précoce, et ensuite, la dimension de l'impact du VIH/SIDA est de plus en plus grandissante au niveau des jeunes. Ensuite, nous avons parlé des facteurs qui pouvaient encourager ces différents constats et des différentes raisons qui pouvaient être à l'origine de cela. Ceci nous a conduit à parler des connaissances des jeunes relatives à la question de l'infection à VIH/SIDA. C'est à la suite de cela que nous avons décliné nos objectifs et nos questionnements et élaboré nos hypothèses de recherche qui ont été le fil conducteur de notre recherche.

Passant à la seconde partie, nous avons présenté notre population d'étude et avons montré la méthode utilisée pour étudier cette question sur la population d'étude.

L'impression d'ensemble qui se dégage au sortir de notre étude est que les connaissances des ESA en rapport avec la sexualité (IST, grossesse), et à l'infection à VIH/SIDA (modes d'infection et de prévention, le dépistage volontaire et gratuit et ses corollaires) sont « bonnes ».

En effet, les ESA connaissent bien les risques qu'ils encourent lorsqu'ils sont sexuellement actifs et lorsqu'ils ne se protègent pas avec un préservatif pendant un rapport sexuel. Cela est attesté avec un effectif de 250/454 ESA qui dit que le premier risque qu'encoure une personne sans usage du préservatif pendant un rapport sexuel est le risque d'être infecté du VIH/SIDA, il est suivi de l'infection sexuelle avec un effectif de 99/454. Les connaissances relatives à la notion de séropositivité sont aussi très représentées avec un effectif total de 305/454 qui dit qu'une PVVIH est une personne qui a le virus dans le sang, de même que celles en rapport avec le dépistage volontaire et gratuit. Sur ce, 429/454 ESA disent qu'il s'agit d'une prise de sang et non d'un entretien avec un conseiller dans un centre (4/454), ni d'une prise de médicament (51/454). Les résultats relatifs à l'utilité du dépistage renforcent aussi l'idée selon laquelle les ESA sont bien au fait du dépistage avec un effectif de 352/454 qui disent qu'il sert à savoir si l'on est infecté et non pour être soigné (7/454).

Ces résultats relatifs aux connaissances des ESA nous ont permis d'atteindre un des objectifs que nous nous étions assignée au départ, à savoir « mesurer le niveau des connaissances en rapport avec la sexualité, les risques d'IST, de grossesses précoces mais surtout de VIH/SIDA ».

Cependant, même si les connaissances sont comme nous l'avons déjà dit, adéquates, l'enquête nous a, par ailleurs révélés que certains élèves avaient des confusions relatives aux connaissances des lieux de dépistage. En effet, ces confusions déguisent la distance qui existe entre les bonnes connaissances des ESA et le manque d'influence que ces connaissances ont sur les comportements. L'enquête a révélé que même si les connaissances des ESA en rapport avec leur sexualité et à l'infection à VIH/SIDA sont « bonnes », ces derniers n'adoptent pas les comportements adéquats à la prévention des risques qu'ils encourent. Il s'agit là de la deuxième conclusion à laquelle nous sommes parvenue au terme de notre recherche.

Le faible nombre d'ESA qui utilisent le préservatif (moins de 50%) ou qui demande l'usage du préservatif pendant les rapports sexuels au partenaire témoigne de la non appropriation de leurs connaissances sur leurs comportements sexuels, mais aussi, la multiplication des rapports sexuels et le multi partenariat qui sont significatifs dans la considération de ces comportements à risques d'IST/VIH/SIDA.

Il ressort des résultats qu'un effectif de 102/454 ESA n'a pas demandé l'usage du préservatif. Et parmi cet effectif, les filles constituent un nombre important qui n'ose pas le demander pour éviter l' étiquette de « filles faciles ».

Du reste, le taux élevé de non réponse que nous avons eu dans l'étude constitue une des principales faiblesses que nous avons remarquées. Cela rappelle encore les réticences de la société sénégalaise à des questions aussi sensibles comme la sexualité.

En outre, avec les résultats obtenus au sortir de cette recherche, nous avons aussi eu, l'occasion de mesurer l'influence des connaissances sur les comportements qui est presque inexistante dans la mesure où les ESA ont des comportements sexuels à risques : non usage du préservatif, multi partenariat fréquent, multiplication des rapports sexuels, non fréquentation des lieux adéquats en cas de maladie, non prise de décision favorable au dépistage volontaire et gratuit, malgré les « bonnes » connaissances qu'ils ont.

En définitive, certaines de nos hypothèses, sont infirmées comme indiqué au niveau de l'interprétation des tableaux qui leurs sont relatifs, et d'autres sont confirmées. C'est le cas de la première l'hypothèse sur l'influence du milieu scolaire qui favorise un cadre où s'épanouit la sexualité des jeunes, et de la troisième qui avance que le cadre scolaire a une influence sur l'entrée précoce à la vie sexuelle et aussi de la quatrième qui postule que les besoins de découverte de la sexualité et la recherche du plaisir sont les réelles motivations des rapports sexuels préconjugaux des ESA.

Fort de tous ces constats, nous pouvons affirmer, sans risque de nous tromper que la lutte contre le VIH/SIDA au Sénégal, celle auprès des jeunes dans le milieu scolaire en particulier n'est pas sans échecs. En effet, dans nos études nous avons eu l'occasion de mesurer l'impact de la lutte auprès de notre cible. D'abord avant d'aller plus loin dans nos affirmations, nous nous permettons d'annoncer au préalable les étapes d'une lutte qui fait de la sensibilisation sa principale arme. La lutte contre le SIDA nécessite deux étapes à franchir nécessairement. Il s'agit dans un premier temps de faire connaitre les réalités de l'infection aux populations (symptômes, manifestation, mode de prévention, mode de transmission, effets sanitaires, sociaux, démographiques, économiques, etc.) et ensuite il s'agit de faire en sorte que les populations prennent conscience des risques pour qu'elles adoptent des comportements à moindres risques. Il existe aussi une troisième étape à franchir dans cette lutte mais qui ne rentre pas dans le cadre de notre étude. Il s'agit d'effacer les attitudes discriminantes et stigmatisantes auxquelles sont confrontées les PVVIH.

Les constats qui ressortent de notre travail sont :

La sensibilisation a bien atteint sa cible des jeunes dans le milieu scolaire car ces derniers sont bien au fait des réalités principales de l'infection à VIH. D'ailleurs dans notre population, un bon nombre d'enquêtés a arrêté l'activité sexuelle, parmi eux aussi, la grande majorité n'est pas réticente à l'usage du préservatif quand celui-ci est proposé par le ou la partenaire, le VIH/SIDA est considéré à leurs yeux, comme le premier risque encouru par une personne qui a des rapports sexuels sans préservatif.

Au demeurant, là où la lutte a connu des limites, auprès de cette cible, c'est au niveau de l'exhortation de ces jeunes à l'adoption des comportements à moindres risques. Comme nous l'avons déjà dit, les ESA ne se laissent pas influencer par les « bonnes » connaissances qu'ils ont de l'infection dans leurs comportements sexuels.

BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES GENERAUX

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MEMOIRES ET THESES

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· Séne (Marie Noelle Djimby), 2001, Analyse des conditions socio économiques de vie des enfants infectés par le VIH/SIDA au Sénégal, mémoire de DEA, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Option Sociologie, 65 p.

RAPPORTS D'ETUDE ET ARTICLES

· Atlas de l'Afrique, SENEGAL, 2007, Les Editions J.A.

· Bulletin Santé Magazine n°6 (Juillet- Août 2006).

· Conseil National de Lutte contre le Sida (CNLS)/Programme National Multisectoriel de Lutte contre le Sida : Plan Stratégique de Lutte contre le Sida 2007-2011.

· L'Education et le VIH, Modélisation de l'impact du VIH /sida sur les systèmes d'Education : Manuel de Formation, 2éme ouvrage dans une série de publication sur l'évaluation, la Prévention et l'Atténuation de l'Impact du VIH/SIDA sur le secteur de l'Education, UNAIDS.

· Dossier réalisé par Adélaïde Ndione, in Le Matin, vend. 15 juin 2001.

·  Le sida en Afrique, recherche en sciences de l'homme et de la société, Avril 1997, ANRS, ORSTOM.

· Le VIH/SIDA dans le monde, 2006, Rapport de l'OMS.

·  Les jeunes et le VIH/SIDA : une solution à la crise, 2006, rapport de l'Unicef, de l'OMS et d'ONUSIDA.

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· Onusida /99.34F, 2000 (version française, Mars)  Agir vite pour prévenir le Sida : le cas du Sénégal.

· Rapport d'évaluation pour le RAES/ASPROCIDE et SIDASERVICE et OSIWA, Evaluation pré-intervention d'un projet d'amélioration de la réponse au VIH/SIDA en milieu scolaire par la promotion des comportements sexuels à moindre risque, du dépistage volontaire, des droits humains et de l'utilisation des techniques de l'information et de la communication, 2008, Dakar.

· Rwenge (A), 2000, Comportements sexuels à risque parmi les jeunes de Bamenda au Cameroun, article financé par le Programme des petites subventions de l'Union pour les études démographiques africaines, numéro spécial.

· Rwenge (A.), 2003, Facteurs conceptuels des comportements sexuels : le cas des jeunes de la ville de Bamenda (Cameroun ; Yaoundé) ; IFORD ; UEPA.

· Rwenge (A), 2005, Facteurs conceptuels des comportements sexuels, cité par Frédéric Kobelembi, in African Population Studies/Etude de la population Africaine, Vol.20 ; N° 2.

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· Suriname-EGIM/UNICEF, 2000

SITES INTERNET VISITES

· http:/www.bioline.org.br/request?ep05012

TABLE DES MATIERES

Introduction générale 1

Première partie : Cadre théorique et méthodologique 6

Chapitre I : le cadre théorique 6

I-1 Problématique 6

I-2 Revue de la littérature existante 18

I-3 Les objectifs de la recherche 32

I-4 Les hypothèses de recherche 32

I-5 Modèle théorique 38

I-6 Analyse conceptuelle 44

I-6-1-Santé sexuelle 44

I-6-2- Jeunesse 45

I-6-3- Adolescence 45

I-6-4 Comportement sexuel 46

Chapitre II - Cadre méthodologique 48

II-1 Délimitation du champ 48

II-2 Population ciblée 48

II-3 Présentation des lycées retenus pour l'enquête 48

II-3-1 le lycée Blaise Diagne (LBD) et le lycée des Parcelles Assainies (LPA) 48

II-3-2 Le lycée Moderne de Rufisque (LMR) 49

II-3-3 Le Collège Sacré-Coeur (CSC) 49

II- 4 Cadre de l'étude 50

II- 5 Echantillonnage 52

II-6 Techniques d'investigation 52

II-6 -1 Enquête quantitative : le questionnaire 52

II-6 -2 Enquête qualitative : le focus group 53

II-7 Enquête de terrain 54

II-7-1 Pré test des questionnaires et des guides d'entretien 54

II-7-2 Enquête proprement dite 55

II-7-4 Traitement des données 56

Sphinx 2000 et Spss 12.0 56

Analyse de contenu 57

II-8 Limites de la recherche et difficultés rencontrées 57

Deuxième partie : présentation du Sénégal et contexte du VIH/SIDA 62

Chapitre I : Présentation du Sénégal 62

Chapitre II : Situation épidémiologique du VIH/SIDA au Sénégal 64

III -1 Historique de la lutte contre le VIH/SIDA au Sénégal 66

IV- présentation du projet 68

Chapitre I : caractéristiques socio démographiques des ESA 72

Chapitre II : conditions de vie socio économiques des ESA 78

Chapitre V : connaissances et comportements sexuels 104

Conclusion générale 109

BIBLIOGRAPHIE 113

TABLE DES MATIERES 116

ANNEXE 118

ANNEXE

GUIDE D'ENTRETIEN : FOCUS GROUPE

1. Existe-t-il des signes qui montrent qu'une personne est séropositive ? Si oui, lesquels ?

2. Existe-t-il des signes qu'on trouve chez une personne malade de Sida ? Si oui, lesquels ?

3. Quels sont les modes d'infection du VIH/SIDA ?

4. Quels sont les modes de prévention du VIH/SIDA ?

5. Qu'est- ce qu'une personne peut faire pour se protéger contre le Sida ? Sonder : Chez le garçon ? Chez la fille?

6. Qu'est-ce qu'un comportement sexuel à risque ?

7. Quelless sont les raisons qui amènent les élèves à avoir des comportements sexuels  à risque?

8. Trouvez-vous nécessaire de faire le dépistage du VIH/SIDA ? Si oui, quels sont les avantages pour une personne qui fait le test du VIH/SIDA ? Si non, pourquoi ?

9. Connaissez-vous les lieux de dépistage?

10. Accepteriez-vous qu'un élève qui a le Sida se soigne dans une structure de santé ou au centre médico-scolaire des élèves ? Si non, pourquoi ?

RESUME DE MEMOIRE

Le mémoire de maitrise intitulé : « la sexualité en milieu scolaire dakarois » a été orienté vers les trois concepts à savoir les comportements, les connaissances, les perceptions des élèves en raison du fait qu'ils sont très significatifs dans la compréhension du lien existant entre les jeunes et l'infection à VIH/SIDA et les IST.

Si dans la société traditionnelle, le début des premiers rapports sexuels coïncidait avec le mariage, aujourd'hui, il existe un décalage entre les deux phénomènes. Les jeunes s'adonnent à une sexualité prénuptiale qui a tendance à prendre une ampleur considérable dans une société sénégalaise partagée entre tradition et modernité. L'ampleur de cette situation matérialisée par un nombre élevé de grossesses préconjugaux a longtemps préoccupé les familles des jeunes concernés. Aujourd'hui, avec l'extension reconnue au VIH/SIDA dans la tranche des jeunes, la sexualité est aussi celle des autorités sanitaires et des chercheurs. Comme dans les autres pays d'Afrique, les jeunes sont particulièrement exposés à l'infection à VIH/SIDA et c'est cela qui va être à l'origine de l'attention toute particulière accordée à la sexualité des jeunes. En effet, parmi les causes de cette vulnérabilité, les études révèlent que beaucoup de jeunes rentrent très souvent dans une activité sexuelle sans connaissances adéquates relatives à la sexualité. Le recul de l'entrée en union est ce faisant, un concept explicatif dans cette vulnérabilité mais aussi l'effondrement des valeurs traditionnelles en Afrique matérialisée par l'effritement de l'exigence de la virginité au mariage.

Nous avons ciblé les élèves sexuellement actifs dans le milieu scolaire, particulièrement ceux qui sont en classe de seconde. A cet effet, nous avons retenu un certain nombre de questions pour arriver à nos objectifs :

· Quelles sont les influences du milieu scolaire sur la sexualité de ces jeunes ?

· Les ESA ont-ils de bonnes connaissances de l'infection à VIH/SIDA ?

· Les connaissances et les perceptions des risques relatives à l'infection ont-elles une influence sur leurs comportements sexuels ?

Nous avons formulé un certains nombres d'hypothèses :

· Le milieu scolaire favorise un cadre où s'épanouit la sexualité des jeunes mais aussi l'accès précoce à cette vie sexuelle;

· le besoin de découverte de la sexualité et la recherche du plaisir sont les raisons qui justifient l'entrée dans la vie sexuelle des jeunes scolarisés ;

Tout cela nous a permis d'arriver aux conclusions suivantes :

D'abord, les ESA ont de bonnes connaissances relatives à leur sexualité, aux IST et à l'infection à VIH. En effet, ces élèves connaissent les risques encourus par une personne qui entretient des rapports sexuels sans usage du préservatif (les chiffres indiquent à ce propos que 55,06% des enquêtés affirment que le premier risque encouru est le VIH/SIDA contre 5,7 % qui affirment ne pas connaitre le risque). Ensuite, les ESA ont des comportements sexuels à risque d'IST et de VIH/SIDA et même de grossesse, malgré les bonnes connaissances qu'ils ont de la sexualité.

Aussi, avons nous remarqué que le début de la sexualité est très précoce chez cette cible, nous concevons par conséquent que c'est le milieu scolaire qui favorise cette précocité du fait du manque de surveillance dont ces jeunes font l'objet entre le chemin de l'école et la maison et des heures de pause qu'ils passent dans les environs de l'école.

En outre, le nombre élevé de non réponse que nous avons obtenus au cours de l'enquête constitue une des ses principales faiblesses, ce qui rappelle encore les résistances de la société sénégalaise relatives aux questions de sexualité.

* 1 Atlas de l'Afrique, SENEGAL, 2007, Les Editions J.A, p.50

* 2 « L'Education et le VIH, Modélisation de l'impact du VIH /sida sur les systèmes d'Education : Manuel de Formation », 2éme ouvrage dans une série de publication sur l'évaluation, la Prévention et l'Atténuation de l'Impact du VIH/SIDA sur le secteur de l'Education, UNAIDS, p.10

* 3 Ward (D.), 2002, Comprendre le VIH/SIDA, L e guide de l'AMFAR, Nouveaux Horizons, - Ars, Paris, p.37

* 4 Rapport de l'Unicef, de l'OMS et de l'ONUSIDA, 2002, Les jeunes et le SIDA, une solution à la crise, p.34

* 5 Bulletin Santé Magazine n°6 (Juillet- Août 2006), p.9

* 6 Camara, (A.D), 2001, Etude sur la sexualité des adolescents : le cas des pères précoces, mémoire de DEA, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Option Sociologie, p.43

* 7 Rwenge (A), 2005, Facteurs conceptuels des comportements sexuels, cité par Frédéric Kobelembi in African Population Studies/Etude de la population Africaine, Vol.20 ; N° 2, p.65.

* 8 Carael (M.), Blanc, et Way, cité par Frédéric Kolembi dans African Population Studies/Etude de la population africaine, Ibid, p. 14

* 9 Delaunay, (V.), 1994, l'Entrée en vie féconde .Expression démographique des mutations socio-économiques d'un milieu rural sénégalais, Paris, CEPED, 326 p

* 10 L'Entrée en vie féconde .Expression démographique des mutations socio-économiques d'un milieu rural sénégalais, 1994, op.cit, p.15

* 11 Calvez (M.), Maillochon (F.), Mogoutou (A.), Warszawski (J.), 1997, L'entrée dans la sexualité, le comportement des jeunes dans le contexte du Sida, Paris, Editions La découverte, 431 p.

* 12 Network en français, janv. 1994, vol 9, p.17

* 13 Le Matin, vend 15 juin 2001, dossier réalisé par Adelaïde Ndione, p.3

* 14 Les jeunes et le VIH/SIDA, une solution à la crise, op.cit, p.6

* 15 Les jeunes et le VIH/SIDA, une solution à la crise, Ibid. p.13

* 16 Rapport d'évaluation pour le RAES/ASPROCIDE et SIDASERVICE et OSIWA, 2008, Evaluation pré-intervention d'un projet d'amélioration de la réponse au VIH/SIDA en milieu scolaire par la promotion des comportements sexuels à moindre risque , du dépistage volontaire , des droits humains et de l'utilisation des techniques de l'information et de la communication, Dakar, p.11

* 17 Delaunay (V.), 1996, Santé de la reproduction et des changements socio-économiques dans le milieu rural sénégalais. Cadre conceptuel d'un programme de recherche. Notes et Projets n°2, ORSTOM, Paris ; p.14

* 18 Lalou (R.) et Msellati (P.), Comportements sexuels des migrants de retour et des séropositifs , in Santé de la reproduction et Fécondité dans les pays du Sud. Editions Academia Bruyland, 613 p.

* 19 Ibid., p. 362

* 20 De Lerenzien (M.), 2002, Connaissances et attitudes face au VIH/SIDA, Collection Populations, l'Harmattan, 271 P.

* 21 Ibid., p.56

* 22 Peter Piot, DG ONUSIDA, in Les jeunes et le VIH/SIDA : une solution à la crise, 2002, Op.cit. , p. 7

* 23 Sauf peut être les premières études sur les comportements  sexuels en Afrique subsaharienne qui remontent à la période coloniale. Celles-ci avaient pour objectif de déceler les causes de l'infécondité et de la stérilité observées surtout en Afrique Centrale. Au cours des années 80, précisément dans la seconde moitié, c'est l'OMS qui prend la décision de relancer ces recherches .Celles-ci eurent à peine le temps d'aboutir que la question du Sida est apparue et a été vite classée en priorité pour l'OMS. A ce titre  beaucoup de spécialistes, des démographes, des cliniciens, des biologistes notamment ont ainsi été soutenus par cette institution pour étudier le virus responsable de la pandémie. Les recherches en Afrique subsaharienne portaient sur les aspects socioculturels et démographiques du Sida et ont fourni d'abondantes informations sur la sensibilisation et les connaissances du VIH, des modes de transmission et de propagation, des attitudes à l'égard des PVVIH, des comportements sexuels etc.

* 24 Vellay, 1979, La vie sexuelle de la femme, Marabout Université, Verviers (Belgique), 283 p.

* 25 Le Jeune (C.), 1973, Tout savoir sur l'information sexuelle, Paris, 3ditions Filipacchi, 155 p. P.8

* 26 Caraël, (M.), 1995 a, Bilan des enquêtes CAP menées en Afrique : Forces et Faiblesses in .Caraël, M, 1995 b, La mesure de l'activité sexuelle dans les pays en développement, in Bajos, N. et al. (Coord.) , Sexualité et Sida. Recherches en Sciences Sociales .p. 57- 59

* 27 Les pays engagés dans les enquêtes CACP(Connaissances, Attitudes , Croyances et Pratiques) et RP( Relation entre Partenaires) en Afrique Subsaharienne sont :Botswana (CACP),Burundi (CACP),Cameroun(CACP) , République Centrafricaine(CACP) , Tchad (CACP),Congo(CACP), Côte-d'Ivoire(CACP/RP), Ethiopie(CACP), Guinée -Bissau(CACP), Kenya(CACP), Lesotho(CACP/RP), Mali(CACP), Maurice(CACP), Niger(CACP), Nigeria(CACP/RP), Rwanda(CACP),  Sénégal(RP), Tanzanie(CACP/RP), Togo(CACP), Ouganda(CACP/RP), Zambie(CACP),

* 28 Courade (G.), 2006 l'Afrique des idées reçues, Editions Belin, p.16

* 29 Dawson, (M.H.), cité par Fréderic Kobelembi dans African Population Studies/Etude de la population africaine, Op.cit, p.13

* 30Séne (M.N.D), 2001, Analyse des conditions socio économiques de vie des enfants infectés par le VIH/SIDA au Sénégal, mémoire de DEA, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Option Sociologie, p.36

* 31 Le sida en Afrique, recherche en sciences de l'homme et de la société », Avril 1997, ANRS, ORSTOM, p. 18

* 32 Ward (D.), Le guide de l'AMFAR, Op.cit, p.37

* 33Bardem (I.), Gobatto (I.), 1995,  Maux d'amour, vies de femmes, sexualité et prévention du sida en milieu urbain africain (Ouagadougou),  Editions l'Harmattan, Paris, p.90

* 34 Maux d'amour, vies de femmes, sexualité et prévention du sida en milieu urbain africain (Ouagadougou), 1995, Ibid. p.90

* 35 Ibid., p.118

* 36 Mac Cormack, Schoepf, Cité dans ANRS, ORSTOM, Op.cit, p. 13.

* 37 Bilan des enquêtes CAP menées en Afrique : Forces et Faiblesses, 1995, Op.cit .p. 47

* 38 Lydié (N.) et Garenne (M.),2001, Genre et Sida,les dossiers du CEPED n°67, Paris

* 39 Maux d'amour, vies de femmes, sexualité et prévention du sida en milieu urbain africain (Ouagadougou), 1995, Op.cit., p.39.

* 40 Savage, cité par Rwenge (A), 2000, Comportements sexuels à risque parmi les jeunes de Bamenda au Cameroun, article financé par le Programme des petites subventions de l'Union pour les études démographiques africaines, numéro spécial.

* 41 Calvès, Djamba, Meekers et Raynaut, cité par Rwenge (A),2000, dans Comportements sexuels à risque parmi les jeunes de Bamenda au Cameroun, I.bid, p.44

* 42 Freud, cité par Rwenge (M), 1995, in  Statut de la femme,  Comportements sexuels et Sida en Afrique subsaharienne : le cas du Cameroun », (communication présentée au séminaire sur «  les aspects socio-économiques sanitaires et démographiques du VIH/SIDA en Afrique ») organisé par l'UEPA Abidjan ,26-28 Oct.

* 43 Rwenge (A.), Facteurs conceptuels des comportements sexuels : le cas des jeunes de la ville de Bamenda (Cameroun ; Yaoundé) ; IFORD ; UEPA ; 163 p

* 44 Foucault, cité par Bozon (M.), 1994a, Les constructions sociales de la sexualité, in Bozon et Leridon (H.), ( éds), Sexualité et Sciences Sociales ,n° spécial Population , 48(5) : 1153-1196. (Paris, PUF/INED)

* 45 Camara (A.D.), Op.cit, p.25

* 46 Calvès cité par Kobelembi (F.), dans African Population Studies/Etude de la population Africaine Op .cit, p.5

* 47 Rwenge (A.) 2000,  Comportements sexuels à risque parmi les jeunes de Bamenda au Cameroun, Op.cit

* 48 Onusida, Agir vite pour prévenir le Sida : le cas du Sénégal / 99.34F (version française, Mars 2000), p.30

* 49 Conseil National de Lutte contre le Sida (CNLS)/Programme National Multisectoriel de Lutte contre le Sida : Plan Stratégique de Lutte contre le Sida 2007-20011.p.19

* 50 Delauney, (V.), l'Entrée en vie féconde, Expression démographique des mutations socio-économiques d'un milieu rural sénégalais, Paris, 326p.

* 51 Ibid

* 52 Ibid

* 53 Rwenge, « comportements sexuels des risques parmi les jeunes de Bamenda au Cameroun », article financé par le Programme des petites subventions de l'Union pour les études démographiques africaines, numéro spécial, UEPA

* 54 Calvès (M.), Maillochon (F.) et Warszawski (J.), 1997, L'entrée dans la sexualité, le comportement des jeunes dans le contexte du SIDA, Paris, 431p

* 55 Séance d'informations et d'échanges avec un spécialiste

* 56 Séance d'informations et d'échanges avec un spécialiste

* 57 Network en francais, janv. 1994, vol 9, p.17







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