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Relation entreprise-clients et performance : le cas des établissements de micro-finance au Cameroun

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par Odette CKOUEKAM
Université de Yaoundé II-SOA - Diplôme d'Etudes Approfondies en sciences de gestion, option finance 2008
  

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I-1-2-2. Lien entre relation d'agence et qualité de portefeuille d'un EMF

Précisons au préalable qu'au sein des théories contractualistes, l'accent est mis sur les contrats qui se nouent entre les individus. Les contrats, modes de coordination de l'activité économique alternatifs au marché, se caractérisent par leur relation d'agence : une ou plusieurs personnes (le principal) engage(nt) une ou plusieurs autre(s) personne(s) (les agents) pour exécuter en leur nom une tâche qui implique la délégation d'un certain pouvoir de décision à ces derniers (Jensen et Meckling, 1976).

Toute relation d'agence donne bien souvent lieu à une asymétrie d'information entre les individus car, d'une part, les agents en savent généralement plus sur la tâche à accomplir que le principal et, d'autre part, il est souvent difficile et onéreux pour le principal de «mesurer les efforts déployés par un agent dans l'accomplissement de ses obligations et par conséquent, de spécifier par contrat, ce que doivent être ces dernières» (Charreaux et al, 1987,). Or, ces théories font également l'hypothèse d'une rationalité substantive des individus : les agents vont chercher à maximiser leurs préférences. Qui plus est, ils sont supposés opportunistes. Les agents sont dès lors enclins à profiter de leur avantage informationnel pour poursuivre leurs propres intérêts personnels au détriment de ceux du principal.

Le refus des banques commerciales de financer jusqu'il y a peu les micro-entrepreneurs résultait de l'importance des problèmes de détection («screening problem») et du bon respect des contrats («enforcement problem») (Hulme et Mosley, 1996). La relation de crédit peut en effet être considérée comme une relation d'agence par laquelle le prêteur (le principal) «loue» une part de sa richesse aux micro-entrepreneurs (les agents) qui s'engagent à rembourser le principal et à lui payer les charges d'intérêt à l'échéance et auxconditions fixées dans un contrat établi au préalable entre les parties. Un problème d'agence se pose car il est certain que dans toute relation de crédit, les intérêts de l'emprunteur et du prêteur diffèrent : alors que le premier est essentiellement concerné par la rentabilité des capitaux empruntés, l'autre l'est par la solvabilité du premier (Jullien et Pallanque, 1995) et la rentabilité des fonds prêtés.

Depuis Stigler (1967) et surtout Stiglitz et Weiss (1981), le fonctionnement imparfait du marché du crédit a largement été démontré. Celui-ci résulte de l'existence d'asymétries d'information entre les prêteurs (le principal) et les emprunteurs (les agents), rendant difficile ex-ante l'évaluation de la qualité du demandeur (risque de sélection adverse), et ex-post, la vérification du bon respect des termes du contrat (risque d'aléa moral). En conséquence, les banques ont tendance à «bloquer» les taux d'intérêt à un prix qui ne satisfaisait pas la demande. Il s'ensuit une situation de rationnement de crédit. S'il est vrai que toute relation de crédit se caractérise par cette incertitude, celle-ci est d'autant plus forte dans les pays pauvres. En effet, dans nos pays, les banques tentent de diminuer le risque de sélection adverse en récoltant des informations sur le demandeur de crédit et le risque d'aléa moral en exigeant des garanties tant matérielles que financières qui seront saisies en cas de non-remboursement.

Dans les pays pauvres au contraire, les registres comptables (lorsqu'ils existent) ne peuvent offrir aux banques une connaissance fiable sur la qualité et la solvabilité des clients potentiels dans la mesure où la plupart du temps une partie importante des ventes sont non-déclarées. Il est donc très difficile pour les prêteurs de récolter des informations pour déterminer la qualité des débiteurs.

De telles recherches entraîneraient un coût démesuré pour les prêteurs au vu des faibles montants de prêts demandés. Par conséquent, le risque de sélection adverse est bien présent dans ces pays. Par ailleurs, les prêteurs ne peuvent se protéger contre le risque d'aléa moral et ce essentiellement pour deux raisons : Premièrement, la pauvreté des emprunteurs est telle que ceux-ci ne sont pas à même de pouvoir offrir les garanties matérielles traditionnellement requises par les institutions financières. Deuxièmement, l'appareil judiciaire est bien souvent trop faible dans ces pays pour pouvoir jouer efficacement son rôle (récupération des biens mis en garanties, etc.). Il convenait dès lors que des mécanismes de financement alternatifs soient mis en place. Conformément à l'article de Stiglitz et Weiss (1981), ceux-ci se devaient de réduire l'asymétrie d'information existant entre les agents économiques.

Ainsi levé le pan de voile sur la problématique de la gouvernance en microfinance, il convient de définir le type de client qui est le plus enclin à minimiser ces risques, tout en mettent en exergue les moyens dont il dispose pour le faire. C'est l'objet de notre deuxième section.

I-2. Nomenclature de la clientèle dans les Etablissements de Microfinance

Le client type des services de microfinance est une personne dont les revenus sont faibles et qui n'a pas accès aux institutions financières formelles faute de pouvoir remplir les conditions exigées par ces institutions (documents d'identification, garanties, dépôt minimum etc.). Il mène généralement une petite activité génératrice de revenus dans le cadre d'une petite entreprise familiale.

- Dans les zones rurales, ce sont souvent de petits paysans ou des personnes possédant une petite activité de transformation alimentaire ou un petit commerce.

- Dans les zones urbaines, la clientèle est plus diversifiée : petits commerçants, prestataires de services, artisans, vendeurs de rue, etc.

On les dénomme généralement sous le terme de micro-entrepreneur et la plupart de ces microentrepreneurs travaillent dans le secteur informel ou non structuré. C'est donc aux individus qui composent ce segment de marché exclu ou mal servi par les institutions financières classiques (banques, assurances) que s'adresse la microfinance.

Selon N'Goala (2005), les banques distinguent 3 marchés :

ü Particuliers

ü Professionnels

ü Entreprises et Institutionnels

Nous pouvons essayer de classer ces marchés ou clients en deux grands groupes à savoir la clientèle interne (professionnels ou client/associés) et la clientèle externe (particuliers, entreprises et institutions). Il faut noter que cette dernière catégorie n'entretient que des relations purement commerciales avec l'EMF alors que cette même relation est partenariale dans le premier cas ; parceque ceux-là participent à la prise de décision et par conséquent à la gouvernance de l'EMF.

I-2-1. Client /associés : un type particulier de client en microfinance

Nous nous attelons ici à dévoiler les visages du client/associé et à définir son statut particulier par rapport aux clients de l'EMF.

I-2-1-1 Visages du client/associé

Il participe au conseil d'administration de l'EMF et c'est pour cette dernière raison qu'il est un client particulier. Ainsi, il participe à la prise de décision et est traité particulièrement par rapport à d'autres clients.

Un regard sur le conseil d'administration nous permettra de mieux étayer la contribution du client/associé à la performance de l'EMF.

A. Rôle et responsabilités du conseil d'administration

La majorité des ouvrages portant sur la gouvernance concentre leur analyse sur une structure institutionnelle donnée : société à but lucratif, entité à but non lucratif ou société publique. Cette approche suppose implicitement que le comportement du conseil d'administration se définit par le type d'entité qu'il gouverne. S'il est vrai que la structure institutionnelle a un impact sur la mise en place d'une gouvernance efficace, elle ne la définit pas. La définition large qui suit présente les caractéristiques d'une bonne gouvernance et peut être appliquée à toute EMF indépendamment de sa structure institutionnelle.

Le conseil d'administration endosse une responsabilité fiduciaire à l'égard de l'institution. On parle de responsabilité fiduciaire lorsqu'une ou plusieurs personne(s) est (sont) investie(s) d'une propriété ou d'un pouvoir pour le compte d'un tiers. Attribuer une responsabilité fiduciaire aux administrateurs et aux directeurs, c'est prévoir un mécanisme permettant d'imposer des sanctions s'ils échouent dans l'exercice de leurs responsabilités envers l'institution, sans que celles-ci ne soient nécessairement explicitées dans le détail au préalable. Comme l'expliquent les juristes Frank H. Esterbrook et Daniel R. Fischel, « le principe fiduciaire est une alternative à la définition détaillée d'engagements et du contrôle de ces engagements. Il remplace le contrôle préalable par des mesures dissuasives, tout comme le droit pénal met en place des sanctions en cas de braquage d'une banque plutôt qu'il ne prévoit la fouille systématique de chaque personne entrant dans la banque ».

B. Obligations légales du conseil d'administration

De par sa responsabilité fiduciaire, le conseil d'administration doit obéir à plusieurs obligations légales. En premier lieu, il doit s'assurer que l'institution respecte ses statuts constitutifs, les règlements locaux, les politiques et les procédures internes. De même, le conseil doit vérifier que l'institution respecte son statut légal. Il doit également veiller à ce que l'institution agisse conformément aux lois et réglementations publiques. De telles lois et réglementations varient selon la structure de l'institution. Par exemple, lorsqu'un établissement de microfinance se légalise, elle est soumise à de nouvelles exigences réglementaires que le conseil doit connaître. Enfin, définir les obligations légales du CA renvoie aussi à la question suivante : dans quelle mesure les administrateurs peuvent-ils être tenus pour responsables des activités de l'institution ? Cela diffère immanquablement selon le pays, mais les membres du conseil doivent être pleinement conscients du degré de responsabilité et d'immunité que leur attribue la législation locale. Les lois bancaires de nombreux pays fixent très peu de responsabilités.

En représentant les intérêts d'un tiers et en remplissant ses obligations légales, le conseil d'administration délègue la responsabilité à la direction et la tient pour responsable au niveau interne d'un ensemble d'objectifs et de critères de performance qu'il a lui-même définis.

Cependant, le respect de ces objectifs et de ces normes peut être compromis, et l'efficacité de la gouvernance amoindrie, si les membres du conseil n'ont pas une vision claire de leur rôle. Ainsi, un administrateur peut croire que les questions opérationnelles relèvent de sa responsabilité, et ainsi réduire la capacité d'action de la direction ou sa responsabilité.

C. Relation entre conseil d'administration et direction

La relation entre un conseil d'administration et le directeur général, ou DG, est dynamique et évolutive dans le temps, mais doit se fonder sur une compréhension claire des rôles de chacun.

Une gouvernance efficace trouve l'équilibre approprié des relations entre le conseil d'administration et la direction, à travers la mise en commun de leurs efforts pour développer l'institution. Chacun apporte une compétence particulière à cet effort commun, et a sa propre vision de l'institution. Ils offrent ensemble une valeur ajoutée, précisément en raison de leur complémentarité. Selon Diane Duca, cette complémentarité existe parce que le conseil d'administration et la direction utilisent différents cadres de référence dans la compréhension de l'institution et l'exercice de leurs responsabilités. Le tableau ci-dessous fait apparaître certaines de ces différences, et compare le conseil d'administration en tant que groupe à l'organe exécutif de l'institution, composé d'une seule personne.

Source : Principes et pratiques de la gouvernance en microfinance par Rachel Rock, Maria Otero et Sonia Saltzman, ACCION International, 1998.

Une gouvernance efficace exige que les conseils d'administration se concentrent sur trois domaines principaux de responsabilités : (1) responsabilisation de la direction, (2) planification stratégique et élaboration des politiques, et (3) autorégulation. Ces trois domaines permettent au conseil de remplir ses obligations fiduciaires. A chacun de ces trois domaines essentiels correspondent plusieurs tâches spécifiques, présentées dans le tableau résumé ci-dessous et traitées dans les paragraphes suivants.

Source : Principes et pratiques de la gouvernance en microfinance par Rachel Rock, Maria Otero et Sonia Saltzman, ACCION International, 1998.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand