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De l'art de gouverner par les lois et par la force d'après Nicolas Machiavel

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par Julien BUKONOD
Université Saint Augustin de Kinshasa - Graduat en philosophie 2009
  

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II.1.1. Les lois

Dans la pensée de Machiavel les lois renvoient à l'homme comme la force à la bête. Parler de l'homme dans la conception du florentin, c'est parler de l'ordre légal et des sentiments moraux. Le prince doit en tenir compte pour mener à bon port la res publica. Puisqu'en empruntant cette voie tous les grands de l'histoire ont réussi, le prince doit faire autant, car « les hommes suivent généralement les chemins frayés par d'autres, se gouvernent par imitation (...) ; aussi un homme sage doit-il suivre toujours les sentiers battus par les grands personnages »41(*). En revanche, le respect des lois (constitutions, règles, coutumes...) conduira les gouvernés à la liberté et au bien-être.

A en croire C. Rousseau, Machiavel ne fait pas de distinction entre bonnes lois et mauvaises lois. Pour lui, toute loi est bonne à condition qu'elle ait une emprise de la force. « Des lois quasiment iniques ou absurdes ont de l'efficacité si la force les appuie (...) »42(*).

II.1.2. La force : le lion et le renard

« Étant donc dans la nécessité de savoir bien user de la bête, un prince doit prendre de celles-ci (sic), le renard et le lion, parce que le lion ne se défend pas des filets, le renard ne se défend pas des loups (...)»43(*). Pour Machiavel, comme pour Trotski, tout État est fondé sur la force car, comme l'explique Max Weber, « s'il n'existait que des structures sociales d'où toute violence serait absente, le concept d'Etat aurait alors disparu et il ne subsisterait que ce qu'on appelle au sens propre du terme, l' ` anarchie' »44(*). « La politique est le champ des rapports de force », ajoute M. R. D'Allonnes45(*). Or, Machiavel fait bien de distinction entre violence et violence : « Ce n'est pas la violence qui répare, mais la violence qui détruit qu'il faut condamner »46(*). Il ne s'agit donc pas de la violence d'un Napoléon, ou d'un Hitler, d'un Idi Amin ou encore d'un Eugène Terre' Blanche, mais de la violence d'un Cavour, d'un Jules César, d'un Kabila (père), d'une Elisabeth Ière d'Angleterre ou encore d'un Bismarck.

II. 2. La déontologie politique du prince et la morale

L'originalité de la pensée de Machiavel est de ne pas conseiller pour autant au prince de mépriser toute forme de moralité. « Il ne dit pas : sois un usurpateur, ou : empare-toi du gouvernement par des canailleries (...). En revanche voilà ce qu'il dit bel et bien : si jamais tu es un usurpateur, ou si jamais tu es parvenu au gouvernement par des canailleries, il est à tout prendre encore préférable que nous te conservions, maintenant que nous t'avons au pouvoir, plutôt que de voir un nouvel usurpateur ou une nouvelle canaille te succéder et susciter de nouveaux troubles et de nouvelles canailleries (...) »47(*). Machiavel n'hésite pas à inviter le prince à « fuir ces choses qui le rendent haïssable et méprisable (...) »48(*). Il s'agit des actions comme « être rapace, et d'attenter, soit au bien de ses sujets, soit à l'honneur de leurs femmes »49(*), la dernière action étant, par-dessus tout, ce qui rend le prince haïssable.

Aussi, pour s'assurer le soutien et l'appui de la population, le prince devra respecter publiquement, au moins en apparence, les règles de morale admises par son peuple, peu importe qu'en privé, il méprise ces règles. Il devra souvent aller contre la morale dans ses actions politiques secrètes, par exemple ne pas hésiter à trahir sa propre parole si c'est un moyen de conserver le pouvoir, mais publiquement il devra toujours être capable de « donner le change » afin que son peuple ne se retourne pas contre lui.

Machiavel, disons-nous, visait le meilleur gouvernement pour les hommes. Si l'adjectif « meilleur » nous renvoie à l'éthique, l'on pourrait d'emblée affirmer que la politique de Machiavel est éthique. Or, l'éthique se distingue bien de la morale, car d'après Nicole Huybens, bien que l'éthique, la morale et la déontologie, comme les lois, définissent ce qui est bien, permis ou juste ou mal, défendu ou injuste, « L'éthique dans l'action s'inspire de ces règles générales, mais accepte les contradictions entre les valeurs morales et oblige à faire des choix. Les éthiciens appellent cela : `prendre la meilleure décision dans les circonstances' et pas  `prendre la bonne décision' »50(*). Dans la même optique, Marcel Brion de l'Académie française ajoute : « Son éthique (celle de Machiavel) est rigoureuse, sévère, et ses lois, pour n'être pas conformes à celles de la morale coutumière, gardent quelque chose d'austère et de grave, qui impose le respect, sinon toujours l'acquiescement »51(*). Cela nous rappelle le titre de l'ouvrage de Gérard Sfez : Machiavel. La Politique du moindre mal (1999). Si le moindre mal ici est compris comme une alternative face au pire, alors le Prince proposé par Machiavel serait machiavélien et non machiavélique52(*).

* 41 Ibid., p. 91.

* 42 C. ROUSSEAU, Le Prince Machiavel. Analyse critique, Paris, Hatier, 1978, p. 45.

* 43 N. MACHIAVEL, op. cit., p. 128.

* 44 M. WEBER, Le Savant et le Politique, traduit par Julien FREUND, Paris, Plon, 1963, p. 123.

* 45 M. R. D'ALLONNES, op. cit., p. 11.

* 46 MACHIAVEL, op. cit., cité par M. BRION, op. cit., p. 102.

* 47 J. G. FICHTE, Machiavel et autres écrits philosophiques et politiques de 1806-1807, traduit par Luc FERRY et Alain RENAUT, Paris, Payot, 1981, p. 42.

* 48 N. MACHIAVEL, op. cit., p.131.

* 49 Ibid.

* 50 N. HUYBENS, L'éthique du développement durable, in http :www.des_repères_pour_orienter_le_monde. Com, visité le 18 février 2010.

* 51 M. BRION, op. cit., p. 103.

* 52 Nous nommerons « machiavéliens » ceux qui ont suivi ou suivent fidèlement la pensée originale de Machiavel et « machiavéliques » ceux qui ont porté ou portent cette pensée à l'extrême.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe