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Analyse du système de commercialisation des noix de cajou produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga

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par Mohamed SALIFOU ISSAKA
Université de Parakou - Diplôme d'Ingénieur Agronome 2008
  

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5.2. Les stratégies d'achat et de vente

L'objectif des différents acteurs du marché des noix de cajou est la maximisation du profit. Les acteurs cherchent à minimiser les charges tout en maximisant leurs recettes. Pour atteindre cet objectif cinq stratégies sont mises en oeuvre sur le terrain. Ainsi on a le préfinancement des producteurs avant la campagne par les acheteurs, l'avance sur la commercialisation aux producteurs en période de campagne, l'avance de fonds aux collecteurs locaux par les grossistes, l'achat des noix par les collecteurs pendant la pré campagne en attendant une demande potentielle et l'achat des noix dans le pays voisin de l'Ouest.

Ø La première stratégie est celle du préfinancement des producteurs par les acheteurs. La campagne de commercialisation des noix de cajou est officiellement lancée en Mars de chaque année au Bénin. Mais bien avant l'ouverture de cette campagne, un grand nombre de producteurs ne disposant pas de ressources financières ont recours à des préfinancements sous forme de crédit auprès de certains acheteurs qui à leur tour obtiennent leur préfinancement de la part de certaines institutions financières.

Les résultats des enquêtes ont montré que 13,5% des producteurs bénéficient de ces crédits informels pour entretenir leurs plantations d'anacarde ou pour répondre à des besoins pressants de santé, de scolarisation, d'alimentations, de cérémonies etc. La plupart de ces crédits avec intérêt sont octroyés entre les mois d'Août et d'Octobre et varient entre 10.000 et 50.000 FCFA. Cet état de choses entraîne une grande variabilité des prix d'achat proposés aux producteurs en début de campagne.

Les grossistes locaux profitent de ces crédits informels pour acheter moins chers bien en dessous du prix plancher du Gouvernement. Ainsi les premières ventes, et par conséquent les remboursements en nature de crédit, se font sur la base de 10.000F à 15.000F le sac de 100 kg. Lorsque ces premiers prix ne conviennent pas aux producteurs, ils s'engagent à rembourser le crédit en espèces avant la fin du premier mois de la campagne avec un taux d'intérêt de 20%. Tout ceci oblige les paysans à brader leurs produits tandis que les acheteurs rentabilisent leur crédit.

Toutefois, certains producteurs ayant bénéficié de ce type de crédit ne respectent pas parfois leur engagement. Ceci est dû pour la plus part aux aléas climatiques, aux feux de brousse et à d'autres règlements d'urgence. Cette situation rend de nos jours les grossistes plus réticents à s'engager dans le système de crédit informel. C'est autant dire qu'ils sont sujets à de nombreux risques tout en cherchant à réaliser des bénéfices substantiels.

Ø Une deuxième stratégie est celle de l'avance sur la commercialisation. Cette stratégie est développée par les collecteurs qui préfinancent les producteurs afin de garantir le produit. Ainsi, les producteurs qui se trouvent dans un besoin pressant d'argent pour résoudre les besoins ponctuels (cérémonies, spectacles, alcool etc..) obtiennent un crédit avec intérêt de l'ordre de 2000F à 5000F pour un délai de trois jours au plus. Le remboursement se fait en tenant compte du prix en cours le jour de l'octroi du crédit. L'étude a révélé que 10,3% des producteurs ont recours à ce type de crédit. Cette stratégie semble à priori être meilleure à la première car elle réduit les risques. De ce fait, elle est plus favorable aux producteurs qui vendent alors à court terme leur produit mais suivant le prix du marché.

Ø Une troisième stratégie est celle qui concerne la relation entre les grossistes et les courtiers. En effet, les grossistes confient les fonds pour la collecte avec la première tranche de leur commission aux courtiers qui à leur tour passent de village en village pour chercher la marchandise avec des sacs et des bascules en main. Après l'achat, les courtiers donnent un délai (souvent deux semaines) afin que les grossistes viennent retirer la marchandise. Plus de 90 % des courtiers reçoivent les fonds de commandes des grossistes et signent plusieurs contrats à la fois.

Dans ce système d'arrangement d'achat /Vente qui fonctionne sous forme de commandes faites aux fournisseurs par les clients, on distingue les intermédiaires que l'on appelle en anglais "brokers". Ce sont des individus qui ne prennent pas le risque car ils utilisent l'argent des commandes d'autres personnes pour constituer leurs propres capitaux. Ceci est dû au fait que la plupart des individus sont en quête de sources alternatives de revenus ou de moyens d'existence durable, cette activité leur donne ainsi l'opportunité d'avoir un capital pour subsister.

Dans certains cas, aucun investissement n'est fait à l'avance. Les grossistes viennent directement dans les villages, s'annoncent et commencent par faire des achats.

Ø La quatrième stratégie de vente et d'achat consiste à investir une certaine somme pour l'achat du produit en comptant sur une demande potentielle ultérieure des grossistes. Ces catégories d'acteurs sont souvent désignés sous le terme de" marchands middle men" en anglais. Sur le terrain seulement 39,4 % des collecteurs ont recours aux crédits formels des structures financières locales et prennent le risque.

Ø la cinquième strategie est développée par certains grossistes et courtiers qui achètent des noix dans les pays frontaliers du Bénin, notamment le Togo. Ces noix qui sont de petite taille et très moins chères sont ensuite mélangées à celles achetées chez les producteurs béninois. Pour avoir le maximum de produits, chaque acteur accroît sa potentialité et son aptitude à répondre efficacement à la demande du patron pour lequel il travaille. De ce fait on assiste à une concurrence qui donne lieu à une variation graduelle du prix. Tout ceci incite les producteurs à vite livrer leurs produits.

De tout ce qui précède, les paysans, et même les collecteurs, ont des besoins élevés de capital pour résoudre ces problèmes. Ces besoins de capital et l'impossibilité pour eux de les obtenir de façon formelle et à des coûts réduits les poussent à s'engager dans des transactions qui loin de les relever ou de permettre l'évolution de leur activité, les rendent encore dépendants et donc les maintiennent dans le cercle de la pauvreté. Il serait donc souhaitable de mettre sur pied des structures d'appuis financiers aux producteurs afin de les rendre moins dépendant des acheteurs des noix de cajou.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore