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Analyse de l'incidence du Seguro Popular et de son impact sur l'utilisation des services de santé au Mexique

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par Alioune Badara SANE
Université d'Auvergne Clermont Ferrand 1 - M2 Economie du développement  2009
  

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III. L'effet indirect de l'assurance sur l'état de santé

Le modèle sous-jacent aux travaux empiriques présentés jusqu'ici repose sur l'idée que les soins sont le chaînon entre extension de l'assurance et amélioration éventuelle de l'état de santé. Une approche alternative consiste à supposer que l'extension de l'assurance maladie améliore l'état de santé sans pour autant que les assurés consomment plus de soins.

Les soins médicaux sont parfois consommés pour des raisons impératives liées à la survie de l'individu, et, dans ce cas, le fait de disposer d'une assurance couvrant les dépenses de soins médicaux permet d'éviter que ces dépenses vitales ne mettent en péril le budget global du ménage ou n'obligent le ménage à ponctionner sur d'autres postes de dépenses pouvant contribuer à l'etat de santé de ses membres, comme l'éducation ou le logement.

Pour que ce mécanisme soit plausible, il faut que l'état de santé soit sensible à certaines dépenses du ménage, autres que les dépenses médicales. Il y a peu de résultats empiriques sur ce point. Olsen et al. (1983) montrent cependant que le fait d'avoir accès à une salle de bains dans la maison, ou le fait que le logement soit équipé d'électricité, ou encore le nombre de chambres à coucher du logement, sont des déterminants importants de la survie des enfants en Malaisie. Une littérature historique vaste cherche à déterminer l'effet propre de l'alimentation ou de la richesse sur la santé. Nous nous proposons d'en faire état dans la seconde revue de littérature portant sur les facteurs des inégalités sociales de santé autres que les soins médicaux.

Cette idée est reprise par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2000), qui considère comme une marque de non équité du système de soins le fait que des ménages aient à supporter des dépenses de soins de leur poche qui représentent une part importante de leur budget. Du reste, l'assurance maladie s'est développée dans beaucoup de pays d'Europe sous la forme d'une garantie, contre les pertes de revenus liés à l'arrêt d'activité du père de famille salarié.

Ross et al. (2000) suggèrent que l'assurance pourrait avoir un effet protecteur sur la santé en évitant les difficultés économiques à l'assuré : ils montrent d'une part, que l'augmentation du nombre de maladies chroniques est corrélée avec les difficultés de trésorerie et d'autre part, que l'assurance réduit les difficultés de paiement des soins nécessaires. Ils en déduisent que l'assurance peut avoir un effet sur la santé en évitant que les dépenses de soins nécessaires soient une source de difficultés de trésorerie. Cependant, ils ne mettent pas directement en relation les difficultés de trésorerie avec les dépenses de soins. De plus, cette interprétation semble contradictoire avec leur résultat principal : à difficultés économiques données, l'état de santé des personnes assurées par Medicare se dégrade davantage.

Le mécanisme décrit par Ross et al. sous-entend que les épisodes de précarité ont des effets néfastes sur la santé. A partir des données du «Panel Study of Income Dynamics» entre 1968 et 1989, McDonough et al. (1997) montrent que les personnes âgées de plus de 45 ans ont un risque de décès décroissant en fonction de leur revenu moyen. Cet effet est d'autant plus marqué que leur revenu moyen est bas et qu'ils ont vécu des épisodes de pauvreté. La moyenne des revenus sur cinq ans est corrélée négativement avec le risque de décéder durant les cinq années suivantes. Les épisodes de pauvreté (correspondant à une baisse de plus de 50 % du revenu annuel) impliquent une augmentation de la probabilité de décès des plus pauvres mais aussi des revenus moyens. L'étude ne montre pas si l'effet protecteur du revenu passe par le système de soins. En revanche, les auteurs montrent que l'effet protecteur du revenu sur la santé est plus faible après 65 ans. Cela peut alors être expliqué soit par un effet de sélection (les pauvres qui ont dépassé 65 ans). Dans le même ordre d'idées, Benzeval et al. (2001) étudient les effets du revenu de long terme et des épisodes de pauvreté sur la santé à partir des données du British Household Panel Survey, de 1991 à 1996/97. Ils montrent en particulier que la pauvreté a d'autant plus d'impact sur la santé qu'elle est persistante. Ils dénotent que les baisses de revenu ont plus d'effet sur la santé que les hausses ; une assurance qui protégerait des pertes imprévisibles de revenus serait donc aussi une assurance santé. A l'instar de Mc Donough (1997), ils constatent que le lien entre revenu et santé est moins visible chez les personnes âgées, ce qu'ils expliquent d'une part par un effet de survie et d'autre part parce que les mesures du revenu des personnes âgées sont moins représentatives de leur trésorerie.

En conclusion,

- les études semblent converger sur l'évidence d'un lien positif entre niveau d'assurance et niveau de recours aux soins ;

- en revanche, l'impact de la consommation de soins permise par l'assurance sur l'état de santé n'est démontré que dans des domaines particuliers: la vision et l'hypertension dans l'expérience de la Rand, la mortalité des enfants par les études sur Medicaid, la prévention primaire ou secondaire pour les études normatives ; sur des indicateurs plus généraux d'état de santé, l'horizon d'observation de ces études ne permet pas de conclure à une amélioration ;

- enfin, les gains observés sur l'état de santé sont plus importants pour les bas revenus. Le fait que l'assurance santé ait un rôle plus protecteur sur la santé des pauvres que sur celle des riches tend à confirmer l'hypothèse de l'efficacité de l'assurance maladie en tant qu'instrument de lutte contre les inégalités sociales de santé.

Si ces études ne débouchent pas sur des conclusions plus tranchées, c'est sans doute parce qu'il est difficile d'établir des relations causales sur des périodes courtes et, a fortiori, sur des données transversales. De ce point de vue, le dispositif d'enquête Santé et Protection Sociale du CREDES permet maintenant de disposer d'un panel de 3 900 personnes et de trois points d'observation à quatre ans d'intervalle. Ce panel nous permettra d'étudier longitudinalement l'évolution de l'état de santé et de ses déterminants, qu'il s'agisse de la consommation de soins, du niveau d'assurance, des revenus.

Analyse de l'incidence du Seguro Popular et de son impact sur l'utilisation des services de santé au Mexique

2009

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