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L'estime de soi dans la philosophie de Kant

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par Thomas Giraud
Université Paris I Panthéon-Sorbonne - Master 2 Recherche 2010
  

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2.3.4. L'amour du prochain

Il semble que Kant oscille entre deux positions dans la Doctrine de la vertu. D'une part, une position où il reste fidèle à la thèse du respect comme constituant le mobile moral, dans un souci de ne pas menacer la pureté de la détermination morale. D'autre part, une position où il sort de la pure considération de la loi pour faire résider la moralité subjective dans un respect auquel se mêlent d'autres sentiments. Nous avons évoqué le sentiment de plaisir ou de peine

résultant de la conscience de l'accord ou de la non-conformité avec la loi. Nous
pouvons aussi évoquer l'exemple de « l'amour du prochain »167, qui est présenté

dans la Doctrine de la vertu comme l'une des conditions de la réceptivité morale : n'est-ce pas dire qu'il s'agit là d'un sentiment participant à la détermination de la bonne volonté dans l'accomplissement des devoirs envers autrui ?

L'amour du prochain ne fournit pas une condition de la réceptivité à tous les concepts du devoir, mais seulement aux concepts du devoir envers autrui. C'est

165 CrPr, p. 705

166 CrPr, p. 702

167 DV, p. 681

le pendant de l'estime de soi comme condition de la réceptivité aux concepts du devoir envers soi-même : au sujet du « respect pour son propre être », la Doctrine de la vertu affirme que « ce sentiment (...) est le fondement de certains devoirs, c'est-à-dire de certaines actions qui peuvent se concilier avec le devoir envers soimême »168. L'amour des hommes est donc dans la Doctrine de la vertu ce qui doit s'éprouver pour que la représentation d'une action conforme ou contraire au devoir envers autrui puisse être cause en nous de la joie ou de la peine morale qui doit nous pousser à agir d'après ce devoir. Il s'agit donc bien d'un sentiment qui se mêle au plaisir ou à la peine pratique pour constituer le mobile de l'action morale dans les cas où nous sommes obligés envers autrui.

L'exemple de l'amour du prochain est particulièrement intéressant parce que, dans un texte contemporain de la Doctrine de la vertu, intitulé La Fin de toutes choses, Kant présente cet amour subjectif des hommes comme un mobile participant à la détermination de la bonne volonté à côté de la considération du devoir envers autrui : « Dès qu'il s'agit non seulement de se représenter le devoir, mais de lui obéir ; dès que l'on cherche le fondement subjectif des actions (...), on trouve en fait dans l'amour, en tant que libre acceptation de la volonté d'autrui parmi ses maximes, le complément indispensable » au devoir ; « en effet, quand on n'agit pas de bon coeur », c'est-à-dire par amour comme cause subjective de l'action, on essaie d' « éluder la loi du devoir » si bien « qu'on ne peut guère compter sur cette loi pour servir de mobile sans le concours de l'amour »169. Ce passage nous semble donc manifester particulièrement bien l'oscillation de Kant entre les deux positions que nous avons indiquées concernant la motivation morale. En effet, le respect comme sentiment exprimant la représentation de la loi

est encore considéré comme mobile dans ce passage : « Le respect, sans aucun
doute est primordial », écrit Kant170. Et quand il parle dans le même paragraphe de

« se représenter le devoir »171, c'est au respect que l'on confierait cette tâche spontanément. Mais il ne suffit plus à déterminer subjectivement la bonne volonté : « dès qu'il s'agit non seulement de se représenter le devoir, mais de lui obéir », c'est-à-dire d'agir, il lui faut le concours de l'amour.

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