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Evaluation économique de la qualite de l'air a Abidjan: Une approche par la méthode de l'évaluation contingente

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par Celaine N'GOTTA
Université de Cocody - Master NPTCI 2009
  

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1. La revue de littérature

On doit à Davis (1963), la première étude fondée sur des techniques d'enquêtes comme instrument de révélation des préférences. Cette étude portait sur l'évaluation de la valeur récréative des forêts du Maine. IL s'agissait, par le biais de questionnaires individuels, de faire enchérir des individus sur des droits d'entrée. Une fois l'enquête réalisée, l'auteur estimait une équation permettant de prévoir, sur la base des caractéristiques socioéconomiques des individus enquêtés, le montant d'équilibre à partir duquel l'individu s'exclut volontairement de l'usage du site.

Bien qu'élaborée par les économistes au début des années 1960, la Méthode d'Evaluation Contingente (MEC) ne connaît un véritable démarrage qu'à partir des années 1980.

Schulz (1985), afin de mesurer les avantages d'une amélioration de la qualité de l'air à BerlinOuest a adressé par courrier un formulaire d'enquête, sur la période 1983-1985, sur le CAP à un échantillon de 4500 Berlinois. Le formulaire comportait des questions sur l'appréciation de la qualité de l'air, sur les effets de la pollution atmosphérique et, bien entendu, sur le CAP pour une amélioration de la qualité de l'air. Les résultats indiquent une évaluation de l'air pur de 4,6 milliards de marks pour Berlin-Ouest et de 138 milliards de marks extrapolés à l'ensemble de l'ex-RFA, soit respectivement 7 et 11% du PIB. Cette étude montre notamment que le CAP dépend beaucoup de l'âge et du niveau de connaissance des phénomènes de pollution de l'air: la valeur accordée à l'air pur était plus forte pour les jeunes et fonction du degré de connaissance.

Rainelli (1993) et Bonnieux (1998) montrent comment, aux Etats-Unis, le développement de la méthode est étroitement lié à la prise en compte de l'environnement par les pouvoirs publics. L'événement marquant est un décret présidentiel de 1980 (Executive Order 12291) « qui rend obligatoire les études d'impacts pour toute législation d'une certaine importance ayant trait à l'environnement » (Bonnieux, 1998, p.48).Un autre fait notable est le Comprehensive Environmental Response, Compensation and Liability Act (CERCLA) de décembre 1980 qui prévoit des fonds de financement pour la remise en état de sites pollués

par des substances dangereuses, les responsables étant tenus d'indemniser les autorités de tutelle pour la dépollution.

Portnay (1994) souligne deux événements marquants qui ont suivi le CERCLA et, selon lui, favorisé le développement de la MEC. Le premier est la réécriture, dirigée par la cour fédérale en 1989(Etat de l'Ohio, Ministère de l'Intérieur américain, 880 F. 2d 432, D.C Circuit 1989), des arrêtés relatifs à l'évaluation des dommages environnementaux, donnant aux valeurs de non usage un poids égal à celui des valeurs d'usage. Ce fait a naturellement placé la MEC dans des conditions favorables à son essor. C'est lors de cette année 1989 qu'est publié l'ouvrage de référence sur le sujet: Mitchell et Carson (1989) « Using Surveys to Value Public Goods: The Contingent Valuation Method. Resources for the Future »: Washington D.C.

Le second événement est celui du Oil Pollution Act de 1990, légiféré suite à la marée noire de l'Exxon Valdez dans la baie de Prince William Sound en Alaska. Cette loi a conduit le Ministère du Commerce américain, sous l'égide du National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), à écrire ses propres recommandations quant à l'évaluation des dommages environnementaux. Ces recommandations sont retranscrites dans la NOAA Panel (Arrow et al., 1993), rapport d'un groupe d'experts, réunissant des économistes renommés dont plusieurs prix Nobel, qui avait pour vocation de statuer sur la validité de la MEC et de définir un certain nombre de contraintes nécessaires à sa bonne mise en oeuvre.

Walsh et al. (1990) estiment que la méthode d'évaluation contingente est l'instrument le plus important dont nous disposons pour mesurer la demande des individus pour la protection de la qualité de l'environnement (l'air notamment).

Munasinghe et Lutz (1993) signalent qu'il est possible d'obtenir des résultats raisonnables avec la méthode d'évaluation contingente, dans les pays en développement.

Sagoff (1988) soutient que la littérature portant sur l'évaluation environnementale n'arrive pas à distinguer si les individus se comportent comme des consommateurs ou des citoyens lors des enquêtes d'évaluation contingente : « en tant que citoyen, je suis concerné l'intérêt public, plutôt que mon propre intérêt ; avec le bien de la communauté, plutôt que le simple bien-être de ma famille [...] Dans mon rôle de consommateur, je poursuis les buts que j'ai en tant que consommateur ».

Pour déterminer le CAP, on peut utiliser plusieurs formats de questionnaires.

Les questions de type référendum, ou carte de paiement, sont des questions fermées, demandant à l'individu de choisir entre deux modalités, pour le référendum, ou plus de deux, pour la carte de paiement, réduisant le discours à sa plus simple expression. Par contre, dès lors, qu'il s'agit de demander à un individu de préciser des motivations quant à sa réponse à une question de valorisation, c'est-à-dire d'expliciter son jugement, ceci ne peut être fait que par le biais de questions ouvertes. Le discours devient alors plus élaboré, fait d'un individu apte à construire une argumentation, extériorisation de la justification de l'action. Se pose alors la question d'une méthode susceptible de saisir l'information contenue dans le discours dans la perspective d'une analyse quantitative. Malheureusement, il n'existe encore, à notre connaissance, que peu d'écrits se rapportant à une théorie du langage en économie, exceptés les travaux de Rubinstein (1996, 1999) et de Glazer et Rubinstein (1997).Les développements proposés par Rubinstein (1999) vont bien dans le sens de la problématique retenue ici, en avançant, par exemple, que, dès lors qu'il s'agit pour un individu d'énoncer un ensemble de préférences, un certain nombre d'entre elles ne peuvent être exprimées dans le langage usuel. Ces travaux ne constituent cependant qu'une avancée théorique et il convient de préciser, dans un cadre empirique, les principes d'une méthodologie adaptée. La proposition de Schkade et Payne (1993), qui utilisent des « protocoles verbaux », technique importée de la psychologie cognitive, est une première tentative en ce sens. Schématiquement, cette méthode consiste à demander aux répondants comment ils ont déterminé leur consentement à payer et d'analyser les discours recueillis sur la base d'une typologie prédéfinie. Une telle approche est toutefois soumise à une critique évidente : dans quelle mesure les discours recueillis ne sont pas des « rationalisations » des consentements à payer déclarés, rendant impossible toute tentative d'interprétation ? Pour contourner cette difficulté, Hollard et Luchini (1999) et Luchini (2000) proposent d'utiliser des questions ouvertes dans lesquelles on demande aux répondants d'évoquer les mots ou expressions que leur évoque le bien soumis à l'évaluation et d'analyser ensuite les propriétés des réponses obtenues sur la base d'une démarche axiomatique fondée sur les théories du choix social. Dans des résultats récents, Flachaire et al. (2002) montrent que les informations fournies par une telle méthode apportent un gain significatif lorsqu'il s'agit d'expliquer des consentements à payer déclarés.

En ce qui concerne la pollution de l'air au niveau global, les économistes ont essayé d'estimer les dommages futurs du réchauffement climatique. L'une des études les plus citées est celle de William D. Nordhaus and Joseph Boyer (2000). Cette étude prévoit comme coût global de 2,5°C de réchauffement en 2100 environ 2% du PIB mondial. La moitié de ce coût proviendrait du risque d'un changement climatique catastrophique ou brut. Une autre composante significative du dommage proviendrait d'une possible expansion de maladies tropicales surtout en Afrique, laquelle est déduite de données sur l'incidence de diverses maladies à travers différentes régions climatiques.

Une étude remarquable avec des conclusions frappantes est celle de Nicholas Stern (2006) qui prévoit les dommages totaux du futur réchauffement climatique à 5-20 % du PIB mondial en perpétuité et préconise un coût social actuel qui équivaut à 311 $ par tonne de carbone. Une majeure partie de cette estimation est expliquée par des hypothèses relatives au rapide réchauffement, aux grandes perturbations provenant des grands évènements météorologiques.

Mais selon Nordhaus (2006), la plus grande différence concernant ces études provient de l'hypothèse que le taux d'actualisation social de la consommation future est autour de 1% plutôt que les 3-5% supposé dans plusieurs études de prévisions.

Le taux d'actualisation approprié pour les effets de telles longues séries demeure litigieux selon Portney Paul et Weyant John (1999).Les taux d'actualisation conventionnel actuel garantissent équitablement des actions modestes pour un changement climatique lent pour les générations futures. Cependant, plusieurs taux faibles sont incompatibles avec les comportements observés menant à des résultats pervers dans d'autres contextes comme la réduction drastique de la consommation actuelle et implique que le plus spéculatif des effets distants a une large influence sur la politique actuelle.

Le problème qui se pose lorsqu'il s'agit d'évaluer de façon économique la qualité de l'air est celui d'obtenir une valeur monétaire pour un bien intangible qui n'a pas de prix de marché. Toutefois, l'importance accordée à l'évaluation des biens intangibles pendant ces dernières décennies a favorisé l'émergence de plusieurs méthodes d'évaluation (Rozan, 1999).

L'une de ces méthodes est celle de l'évaluation contingente. Cette méthode présente les consommateurs avec des opportunités hypothétiques d'achat de biens publics dans le but de pallier l'absence d'un marché réel pour ces biens (Lockwood et al, 1996).

Certaines études d'évaluation contingente ont montré que les valeurs du CAP des répondants varient en fonction des différents formats de questionnaire. En conséquence, la convergence des différentes valeurs annoncées du CAP mérite d'être testée.

Mitchell et Carson (1989) ont comparé les taux de réponses positives du CAP pour tester la validité de la convergence des différentes valeurs du CAP. Ils concluent qu'il y a absence de convergence en procédant de cette façon.

Rafia Afroz (2005), dans l'étude du consentement à payer pour une amélioration de la qualité de l'air dans la zone urbaine de Klang Valley en Malaisie a abouti au résultat selon lequel les valeurs annoncées du CAP ne varient pas significativement suivant le type de questionnaire en comparant les taux de réponses positives, de zéros valables et de rejets du marché hypothétique. Toutefois, les valeurs annoncées qui proviennent du format contenant la question à choix dichotomique sur la valeur du CAP sont les plus élevées.

D'autres autres études ont mis l'accent souvent en utilisant des modèles économétriques sur les déterminants du CAP.

Fanougbo (2002) a eu recours à un modèle Probit pour estimer les déterminants du consentement à payer des conducteurs de taxis-moto « Zémidjan » dans la ville de Cotonou. Il obtient que le « niveau d'instruction » contribue négativement au CAP. Il trouve en outre que lorsque le conducteur est le propriétaire de la moto, il a tendance à donner un CAP plus élevé.

Gbinlo (2006) développe un modèle Tobit pour identifier les facteurs explicatifs du CAP des béninois pour une amélioration de la qualité de l'air afin d'évaluer le coût social de la pollution de l'air par les taxis-motos à Cotonou au Bénin. Il obtient que les femmes donnent plus volontiers un CAP positif et, plus le nombre d'enfants élevé, plus faible est la probabilité de donner un CAP positif. En outre la probabilité de payer augmente avec le revenu et les dépenses de santé.

N'guessan (2008) a recours à deux modèles à savoir : les modèles Tobit censuré simple et Tobit généralisé pour apprécier l'impact du processus décisionnel sur le consentement des chefs de ménages à cotiser pour l'Assurance Maladie Universelle (AMU) dans le département d'Aboisso en Côte d'Ivoire. Les résultats de l'étude suggèrent que la majorité des chefs de

ménages enquêtés souhaiterait cotiser annuellement pour l'AMU un montant moyen de 9569FCFA et un montant médian d'environ 5000FCFA. Par ailleurs, les analyses économétriques montrent que les modèles Tobit censuré simple et Tobit généralisé produisent des résultats différents.

Dans notre étude, nous nous servons de la Méthode d'Evaluation Contingente pour déterminer la valeur monétaire de la qualité de l'air que désirent respirer les abidjanais. Pour y parvenir, nous nous servons de deux formats de questionnaires à savoir:

Un format avec une question ouverte sur le CAP et un autre format avec une carte de paiement sur le CAP. Nous utilisons ensuite deux modèles économétriques pour estimer les déterminants du CAP.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984