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Ebanda tono (les peaux tachetées): utilisations et représentations de la faune sauvage (Gabon)

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par Florence Mazzocchetti
Université de Lettres et sciences humaines, Orléans - Master2 2005
  

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IV Les Croyances mystiques

IV.1 Zambé, le divin civilisateur !

Dans la tradition Bakota, on trouve le Dieu Zambé, héro initial de l'humanité Bakota. Les Bakota restent toujours très vagues au sujet de la création du monde et des hommes. Un être divin, jamais nommé ni prié aurait créé le monde tel que nous le voyons aujourd'hui avec une nature redoutable peuplée d'animaux, de monstres surnaturels et un premier homme, chef de lignage appelé Zambé. Il est donc l'être primordial qui est à l'origine de tous les comportements humains bons ou mauvais, sans qu'il soit « créateur » de quoi que ce soit. Il est l'ancêtre premier, le géniteur de tous les rameaux Kota. C'est lui qui a tout appris aux Bakota, les techniques de survie et la vie dans la grande forêt tropicale (chasse, pêche, cueillette, culture, construction etc.).

Ses aventures et celles de sa famille sont relatées dans de nombreux contes et mythes moralisateurs. Il existe deux Zambé : celui du haut ou de l'amont de la rivière (le civilisateur ?) et celui du bas ou de l'aval de la rivière (celui des contes ?). Ceci met en évidence la règle stricte d'exogamie dans les mariages. En effet, s'il n'y avait qu'un seul dieu et ses enfants, ces derniers devraient avoir recours à des relations incestueuses pour se reproduire, chose extrêmement condamnée chez les Bakota. Cela signifie que l'exogamie et donc l'inceste, sont situés au niveau du clan, donc de façon très restrictive. Dans les contes, le fils d'un Zambé veut épouser la fille de l'autre Zambé, donc l'exogamie est respectée.

On retrouve Zambé et sa bipolarité dans d'autres ethnies du Gabon notamment chez les Mitsogho où il y a le Nzambé « qui sait » et celui « qui ne sait pas » soit le Nzambé du ciel et celui de la terre (Gollnhofer, Sallée, Sillans : 1975).

IV.2 Sorcellerie et Devins-Guérisseurs

La sorcellerie est, chez les Bakota, une menace constante et obsédante. Les devins-guérisseurs (nganga) sont des chasseurs de sorciers et de « médicaments » (qui peut être un poison ou un remède) qui sont craints et toujours respectés.

Un des plus célèbre Nganga du pays Bakota est Zoaka Pascal, originaire du canton de Mékambo et initié au Congo par les Bakwélé qui sont des spécialistes dans la recherche de sorciers. Zoaka est un ancien combattant qui a sont retour au pays affirme avoir eut une illumination : une demoiselle très belle lui est apparue en songe et lui a confié le pouvoir et la mission de supprimer la sorcellerie de son pays. Ce rituel est connu sous le nom de « Mademoiselle » et connaît une expansion très rapide dans tout le pays entre 1954 et 1957 (Perrois, 1968 : 37). C'est à cette époque que la plupart des derniers spécimens d'art plastique Bakota ont disparu, brûlés ou jetés dans les rivières, car après le passage de Mademoiselle et Zoaka, toutes les fioles à poison, les objets « fétiches » et les reliques du Bwété avec les sculptures rituelles devaient être détruits. Si certaines pratiques et croyances ont supporté le joug de Zoaka, d'autres ont été rendues publiques, mises en valeur et favorisées comme le Mungala, le Ngoye et Isembwé.

A la suite de la campagne « Mademoiselle », deux danses ont entretenu le même esprit : c'est la danse bwété (à ne pas confondre avec le culte des ancêtres) et la danse Ndjobi, vers Franceville et que l'on retrouve aussi au Congo (Goyendzi, 2001).

Malgré tout, la sorcellerie reste très vivante et tout comportement psychologique des Bakota est conditionné par la crainte d'être envoûté, empoisonné ou de recevoir un mauvais sort. Ceci est le corrélaire presque mécanique d'une pensée immanente, percevant la nature et la culture comme un tout. Les gens ne vont pas parler de « sorciers » mais de « vampireux ». Le vampire est une personne généralement considérée comme jalouse qui a le pouvoir de se transformer en une multitude d'animaux (voir même de personnes), mais le plus souvent il se déplace en hibou (Ehukuku), la nuit pour faire du mal aux gens ou à leurs animaux domestiques. Les vampireux (Izanga) n'ont pas de signe extérieur distinctif. Ils ne se reconnaissent qu'entre eux, mais les personnes extérieures n'en savent rien. Il s'en suit alors un climat de doute et de suspicion, avec toujours le risque d'éveiller la jalousie de l'un d'entre eux. C'est pourquoi maintes précautions sont prises dans la vie quotidienne (nous verrons que c'est le cas notamment pour la pêche et la chasse) et qu'il existe de nombreux rituels et médicaments voués à la protection contre ces personnes. C'est principalement le cas lors de la naissance de jumeaux et lors de la circoncision. Ces croyances surnaturelles font que la malchance et la mort d'une personne ne sont jamais le fruit du hasard et qu'il y a toujours des origines suspectes à ces évènements.

IV.3 Esprit, es-tu là ?

Contrairement à d'autres ethnies des régions tropicales, les Bakota ne pensent pas que les animaux de la forêt ont un « esprit » et ils n'ont pas de divinité gardienne des animaux sauvages comme des « maîtres de brousse » connus dans de nombreuses régions d'Afrique.

Par contre, il existe des lieux réputés comme dangereux à cause de la présence d'esprits. C'est souvent le cas des grottes (où il faut préalablement demander la permission d'y pénétrer à l'esprit présent) et de certains points d'eau (notamment vers les chutes de Kongou). Il existe une forêt où les chasseurs ne pénètrent pas. Il s'agit de la forêt Mangazima lipépa, vers Mékambo, au village de Malassa. Cette croyance se manifeste dans un mythe chanté où l'on raconte l'histoire d'un guerrier qui part à la chasse, tout seul, et qui se perd dans la forêt ; peu à peu, sous l'effet de la solitude, il régresse de état d'homme à celui d'un animal sauvage (Perrois, 1968). Depuis, il est dit que si un chasseur pénètre dans ces bois, il s'y perdra pour toujours à cause de cet esprit que l'on nomme Engumba.

IV.4 Les nouvelles religions

Aujourd'hui, la principale religion présente au Gabon est le Christianisme. Il existe plusieurs mouvements chrétiens : catholiques, protestants « classiques », évangéliques et d'autres sectes plus ou moins récentes. La plupart des gens sont assez croyants ce qui n'empêche pas le cumul des croyances. Croire en Dieu et en Jésus-Christ n'empêche pas de croire aux forces de la Nature et aux Vampireux. Les Bakota, comme beaucoup d'autres ethnies en Afrique, combinent les deux systèmes de croyance sans grand conflit psychologique. Il est à signaler que le phénomène sectaire, dont le but est de casser les logiques traditionnelles, semble toutefois prendre du terrain.

Deuxième Partie

Interrelations entre la faune sauvage

et les Bakota

Chapitre 1 : Utilisations de la faune sauvage

L'utilisation de la faune sauvage chez les Bakota est, aujourd'hui, essentiellement17(*) alimentaire et économique, comme nous l'avons montré précédemment. Toutefois, certains animaux restent présents dans les différents domaines de la vie sociale et culturelle. Nous allons d'abord envisager les utilisations proprement dites de la faune dans la pharmacopée traditionnelle, dans les rites et les cérémonies ainsi que dans l'artisanat. Certains animaux sont capturés et domestiqués, principalement les primates. Les animaux sauvages sont également fortement évoqués dans la littérature orale. Afin d'illustrer notre propos, nous présenterons, par la suite, quelques exemples de contes, de proverbes et de chants Bakota.

I La pharmacopée traditionnelle

Les animaux de la forêt sont souvent utilisés pour soigner toutes sortes de maladies physiques ou psychosomatiques. On les utilise aussi lors de nombreux rites et cérémonies pour se protéger du mauvais sort ou « remettre la Panthère dans le ventre du patient ». C'est pourquoi, la médecine traditionnelle ne peut pas être séparée du domaine des croyances et en particulier celles qui connectent les humains à la nature.

* 17 Ceci est une évidence qui ressort à travers les enquêtes, mais la réalité culturelle est sans doute plus complexe.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius