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Méagui, une zone de production et de commercialisation des produits vivriers

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par Dagou Hermann Dagou
Université de Cocody/Abidjan - Institut de Géographie Tropicale - Maitrise de Géographie 2009
  

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    Université d'Abidjan - Cocody Institut de Géographie Tropicale

    UFR : Sciences de l'Homme et de Société

    Cote attribuée par la bibliothèque

    Année Académique : 2009-2010

    Mémoire de Maîtrise
    Option : Géographie Rurale

    Sujet :

    Méagui, une zone de production et

    de commercialisation des produits vivriers

    Présenté par
    DAGOU Dagou Hermann Wenceslas

    Encadreur
    Dr DOUKA ANNE MARCELLE

    Abidjan, Novembre 2010

    DEDICACE

    Á Monsieur ANON DAGOU AUGUSTIN, mon père
    Á ma mère, Madame MANIBE JULIETTE
    Á mon oncle, Monsieur N'GBO PIERRE-MARIE
    Soyez bénis pour votre affection agissante à mon égard.

    Á mes frères DAGOU Anon Stéphane, DAGOU Yves Yannick ; YAPO Jean-Rodrigue.

    Que la grâce et la paix abondent toujours dans vos vies, pour les sacrifices consentis durant ce travail.

    RESUME : Méagui, une zone de production et de commercialisation des produits vivriers

    Comment nourrir les hommes ? Tel est le défi actuel auquel il faut faire face. Dans le Sud ouest de la Côte d'Ivoire, la région de Méagui s'est prêtée à cette interrogation. Faiblement peuplée de Bakwé, la région a vu, dans le cadre d'une opération de mise en valeur du Sud-Ouest, affluer des migrants qui représentent aujourd'hui la majorité de la population : Dioula, Burkinabé, et surtout Baoulé. Ceux-ci ont transformé cette zone forestière en de vastes espaces occupés par les cultures pérennes. Mais avec la demande urbaine existante, on a le développement du vivrier renforcé par la crise alimentaire et le potentiel de la région. On se demande alors comment une région de cultures de rentes peut contribuer à répondre aux sollicitations des marchés en produits vivriers.

    La présente étude veut contribuer à une meilleure connaissance du bassin vivrier de la région de Méagui. Elle entreprend, plus spécifiquement d'identifier la nature des produits vivriers et évaluer leur importance dans la région de Méagui ; d'analyser l'organisation des acteurs autour de l'activité vivrière et de décrire les circuits de commercialisation et les dysfonctionnements liés à cette filière.

    L'échantillon se base sur deux construits. Le choix des localités s'est fait parmi les villages que compte la sous préfecture de Méagui avec comme critères la taille, le type de cultures et la proximité de la voie principale. Les acteurs, concernés sont des producteurs, des commerçants (grossistes et détaillants) et des transporteurs ou propriétaires de véhicules. L'échelle d'étude est le cadre de la souspréfecture de Méagui et plus récemment celle d'Oupoyo, ces deux circonscriptions constituent la région de Méagui. Apres définition des unités d'observation et des variables d'études, a suivi la collecte des données. Une pré-enquête à parmi d'ajuster le questionnaire.

    Les résultats sont les suivants. La disponibilité des produits vivriers met à la tète les féculents et les fruits. Un commerce local absorbe une partie. Il est dirigé par les grossistes financièrement plus forts, ce qui freine l'essor du commerce local. Puis une autre, moins importante de la production, est convoyé sur les centres de collecte voisins. La raison se trouve dans l'inadéquation des moyens de transport et les tracasseries routières qui limitent les quantités.

    Mots clés : Méagui, produits vivriers, production, commercialisation

    Abstract : How to feed the people? Such is the present challenge to which it is necessary to cope. In the west South of Côte d'Ivoire the region of Méagui was suitable to this questioning. Weakly populated by Bakwé, the region saw, in the setting of an operation of enhancement of the Southwest, the flow of the migrants from varied origins, who represent today the majority of the population: Dioula, Burkinabé, and especially Baoulé. They transformed this forest zone in vast spaces occupied by the perennial cultures. But with the existing urban demand, we have the development of food crops reinforced by the food crisis and the potential of the region. So, we wonder how such a great region of raw material cultures can contribute to answer the solicitations of Abidjan markets in food crops.

    The present survey wants to contribute to a better knowledge of the basin of the region of Méagui. It undertakes, more specifically to bring up the importance of the food crops, to analyze the organization of the actors around the crops activity and to describe the circuits of merchandising and the dysfunctions bound to this path.

    The sample is based on two criteria. The choice of the localities was made among the villages which are in the prefecture of Méagui with as criteria the size, the type of cultures and the proximity of the main way. The actors concerned are producers, tradesmen (wholesale and retailing) and the carriers or owners of vehicles. The scale of survey is the setting of under-prefecture of Méagui and more lately the one of Oupoyo, these two circumscriptions constitute the region of Méagui. The collection of data comes after the definition of observation units and study variables. A pre - investigation allowed to adjust the questionnaire.

    The results are the next ones. Starchy and fruits come at the head of the availability of food crops. A local trade absorbs a part. It is directed by the financially stronger wholesalers, what slows down the flight of the local trade. Then another, less important of the production, is escorted on the centers of collection neighbors. The reason is in the unsuitability of the transportation means and the road harassments that limit the quantities.

    Key words: Méagui, crops products, production, merchandising.

    REMERCIEMENTS

    La réalisation de ce document a été possible grâce au soutien de certaines personnes à qui nous tenons à exprimer notre sincère reconnaissance.

    Au Pr. ALOKO pour l'initiation à l'épistémologie, socle de la recherche ;

    Au Pr ATTA pour la méthode de recherche et une lisibilité de l'espace à aménager ;

    Au Pr BIPKO et au Dr TIA pour leur guide de mises en forme et d'évaluation ; Au Dr KABLAN et au Dr KONAN pour notre initiation à la cartographie.

    Veuillez trouver ici, l'expression de notre infinie reconnaissance.

    Nous exprimons notre sincère gratitude au Dr DOUKA ANNE MARCELLE, notre encadreur scientifique qui a été d'un apport considérable à la réalisation de cette recherche. En nous faisons l'honneur de suivre ce travail, vos conseils et encouragements et surtout l'esprit d'ouverture nous ont permis de concrétiser ce travail de recherche.

    Nous ne voulons pas omettre les enseignants lecteurs et reviseurs, si souvent oubliés pour leur anonymat, sans qui certains aspects de perfectionnement ne seraient pas intégrés.

    Notre gratitude va également à l'endroit des autorités administratives et municipales de la ville de Méagui qui nous ont facilité la tâche dans les démarches sur le terrain. Enfin, nous exprimons des remerciements particuliers à Messieurs FOFANA Syndou, Directeur de l'O.C.P.V. de Méagui, YAPI ANGE du C.N.R.A. de ladite ville ainsi qu'à Mr N'GBO PIERRE-MARIE pour la documentation.

    Elle va particulièrement à notre frère, camarade et amis d'âme Mr AUBIN KORE DEBRUCHARD, Professeur d'anglais à Méagui, pour l'induction de cette recherche, pour son hospitalité, pour son accès aux sources de données et à bien d'autres choses. Sans oublier nos camarades pour tous leurs conseils et encouragements dont KRA SOLANGE, KODI SALOMON, KOUAKOU STEPHANIE et tous les camarades de la promotion de Maîtrise 2008-2009 avec tous ceux qui de près ou de loin nous ont aidés dans cette recherche.

    TABLE DES MATIERES

    DEDICACE 2

    RESUME 3

    REMERCIEMENTS 4

    TABLE DES MATIERES 5

    LISTE DES FIGURES 7

    LISTE DES PHOTOS 8

    LISTE DES TABLEAUX 9

    LISTE DES ABREVIATIONS 10

    INTRODUCTION GENERALE 11

    REVUE DE LA LITTERATURE 13

    1. La production vivrière 13

    2. Le transport et les circuits de distributions 14

    3. Les marchés 17

    4. L'organisation spatiale 18

    PROBLEMATIQUE 21

    1. Le problème de recherche 21

    2. Les questions de recherche 22

    3. Objectifs de l'étude 23

    3.1. Objectif général 23

    3.2. Objectifs spécifiques 23

    4. Hypothèses de l'étude 23

    METHODOLOGIE DE COLLECTE ET TRAITEMENT DES DONNEES 24

    1. Echelles d'étude et unités d'observation 24

    2. La collecte des données 24

    2.1. Préparation de l'enquête 25

    2.1.1. La recherche documentaire 25

    2.1.2. Les entretiens exploratoires 25

    2.1.3. Variables d'analyse 26

    2.2. L'enquête proprement dite 28

    2.2.1. Echantillonnage 28

    2.2.2. Outils d'enquête 30

    3. Le traitement et analyse des données 32

    DIFFICULTES RENCONTREES 32

    1ère PARTIE :
    POTENTIALITES ET DISPONIBILITES DES PRODUITS VIVRIERS

    34

    Chapitre 1 : HISTORIQUE ET SITUATION GEOGRAPHIQUE 35

    1.1. Création du site 35

    1.2. Situation géographique 37

    Conclusion du Chapitre 1 38

    Chapitre 2 : REGION AUX POTENTIALITES DIVERSES 39

    2.1. Potentialités humaines 39

    2.1.1. Composition de la population des différentes localités 39

    2.1.2. Evolution démographique 41

    2.2. Potentialités naturelles 42

    2.2.1. Les précipitations 42

    2.2.2. Les formations géologiques et le relief 44

    2.2.3. La végétation 45

    2.3. Potentialités économiques : une prépondérance du secteur tertiaire 45

    2.3.1. L'activité primaire : activité principale 45

    2.3.2. L'activité secondaire 46

    2.3.3. L'activité tertiaire 46

    Conclusion du Chapitre 2 48

    Chapitre 3 : PRODUCTION VIVRIERE DANS LA REGION 49

    3.1. Historique des potentialités 49

    3.1.1. Une économie traditionnelle de chasse et de cueillettes 49

    3.1.2. Une économie moderne de planteurs 50

    3.2. Espace et niveau de production 51

    3.2.1. Nature des produits vivriers 52

    3.2.2. Production vivrière à Méagui 52

    3.3. Evolution et nouvelles tendances 57

    Conclusion du Chapitre 3 60

    CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 61

    2ème PARTIE
    ORGANISATION DES ACTEURS AUTOUR DE L'ACTIVITE VIVRIERE
    DANS LA REGION DE MEAGUI

    62

    Chapitre 4 : PRODUCTEURS ET L'ENTRETIEN DES EXPLOITATIONS 63

    4.1. Producteurs et la main d'oeuvre familiale 63

    4.2. Producteurs et la main d'oeuvre étrangère 64

    4.3. L'utilisation de la main d'oeuvre et des pesticides 67

    Conclusion du Chapitre 4 70

    Chapitre 5 : TRANSPORT VERS LES MARCHES DE LA REGION 71

    5.1. Les différents modes de transports en vigueur 71

    5.1.1. La marche à pied ou le portage 72

    5.1.2. Les moyens de transports sans moteurs 72

    5.1.3. Les moyens de transports à moteurs 73

    5.2. Le transport sur les différents marchés 74

    5.3. Des acteurs particuliers : chargeurs et forces de l'ordre 75

    Conclusion du Chapitre 5 77

    Chapitre 6 : LE ROLE DU GROSSISTE DANS LA COLLECTE ET LA DISTRIBUTION

    DU VIVRIERS 78

    6.1. Grossistes et Producteur : les différents lieux de collectes 78

    6.1.1. La collecte par la vente au champ ou la vente bord champ 79

    6.1.2. La collecte par la vente en cours de route 79

    6.1.3. La collecte par la vente à domicile 79

    6.1.4. La collecte par la vente au marché local 80

    6.2. Grossistes et Détaillantes : une dépendance masquée 80

    6.3. L'approvisionnement des détaillants auprès des grossistes 82

    Conclusion du Chapitre 6 85

    CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 86

    3ème PARTIE
    COMMERCIALISATION DES PRODUITS VIVRIERS
    DE LA REGION DE MEAGUI

    87

    Chapitre 7 : FONCTIONNEMENT DU COMMERCE LOCAL 88

    7.1. Organisation des marchés de la région de Méagui 88

    7.1.1. L'installation sur les espaces de ventes et les modes d'utilisation 89

    7.1.2. Activités des acteurs du vivriers sur les marchés de la région de Méagui 90

    7.2. De la région de Méagui vers d'autres centre de commerce 91

    7.2.1. Le centre de commerce de Yabayo 91

    7.2.2. Les marchés abidjanais 94

    7.3. Les circuits de commercialisation 96

    Conclusion du Chapitre 7 99

    Chapitre 8 : IMPACT DE LA COMMERCIALISATION ET PROBLEMES 100

    8.1. Relations entre Méagui et sa région : urbanisation ou périurbanisation ? 100

    8.2. Difficultés 102

    8.2.1. Insuffisance du système entourant le vivrier 102

    8.2.2. Confits fonciers 103

    8.2.3. Financement du stock des produits vivriers 104

    8.2.4. Saisonnalité et instabilité des prix des produits 106

    8.2.5. Insécurité commerciale et mauvais état des routes 107

    Conclusion du Chapitre 8 107

    Chapitre 9 : PERSPECTIVES DE LA PRODUCTION ET DE LA COMMERCIALISATION

    DES PRODUITS VIVRIERS 109

    9.1. Renforcement de l'appui aux produits vivriers 109

    9.2. Sécurisation foncière 109

    9.3. Amélioration des conditions d'exercice de l'activité des détaillantes 110

    9.4. Amélioration des conditions de circulations du vivriers 110

    9.5. Articuler stratégies individuelles et collectives : une nécessité 111

    CONCLUSION DE TROISIEME PARTIE 112

    CONCLUSION GENERALE 113

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 115

    ANNEXES 119

    LISTE DES FIGURES

    Figure 1.1 : Situation des localités enquêtées 38

    Figure 2.1 : Répartition de la population des localités par nationalités 40

    Figure 2.2 : Précipitation de la station de Tabou 43

    Figure 2.3 : Précipitation de la station de Gagnoa 43

    Figure 2.4 : Localisation des sols de la région 44

    Figure 3.1 : volume de production des spéculations par superficies et par exploitants 54

    Figure 3.2 : Répartition de la production des spéculations par superficies et par exploitants 60

    Figure 6.1 : Position des autres acteurs par rapport aux grossistes 78

    Figure 7.1 : Schéma récapitulatif des points de commence depuis Méagui jusqu'à Abidjan 88

    Figure 7.2 : Circuit de distribution des produits vivriers 93

    Figure 7.3 : Localisation des marchés approvisionnés à Abidjan 95

    Figure 7.4 : Les circuits de commercialisation des produits vivriers dans la région de Méagui 98

    Figure 8.1 : Répartition des commerçants selon leur source de financements 105

    LISTE DES PHOTOS

    Photo 3.1 et 3.2 : Associations Igname-Maïs (dans un champ) et Riz-Banane Plantain (dans un bas

    fonds) 58

    Photo 5.1 : Commerçants et planteurs de Léonkro en destination d'Oupoyo 73

    Photo 6.1 et 6.2 : Détaillantes venues s'approvisionner auprès de grossistes 82

    Photo 8.1 et 8.2 : Utilisation des bas fonds et des terrains non bâtis 101

    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau 0.1 : Echantillonnage de la population d'étude 29

    Tableau 2.1 : Ventilation des ethnies majoritaires par localités et par sexes 40

    Tableau 2.2 : Recensement général en pays Bakwé - A.R.S.O. - 1972 41

    Tableau 2.3 : Recensement général en pays Bakwé - A.R.S.O. - 1975 41

    Tableau 2.4 : Recensement général en pays Bakwé - I.N.S. - 1998 42

    Tableau 2.5 : Répartition de la population de la région par secteurs d'activités et par sexes 47

    Tableau 3.1 : Superficies des spéculations par nombres d'exploitants et par productions 52

    Tableau 3.2 : Comparaison des productions vivrières par localités 59

    Tableau 4.1 : Résumé des relations de travail en vigueur 67

    Tableau 4.2 : Répartition de la main d'oeuvre par nationalités et par ethnies 68

    Tableau 4.3 : Superficies des spéculations par nombres d'exploitants et utilisation des pesticides 69

    Tableau 5.1 : Parc auto des gares de Méagui 75

    Tableau 6.2 : Extrait d'une fiche de formations de prix de l'O.C.P.V. 83

    Tableau 7.1 : Répartition des commerçants selon les canaux d'information utilisés 91

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

    A.N.A.D.E.R. : Agence Nationale d'Appui au Développement Rural

    B.N.E.T.D : Bureau National d'Etude Technique et de Développement

    C.C.T : Centre de Cartographie et de Télédétection

    C.N.R.A. : Centre National de la Recherche Agronomique

    F.A.O : Fonds des Nations Unies pour l'Alimentation

    F. C.F.A : Francs de la Communauté Financière Africaine

    F.D.S : Forces de Défense et de Sécurité I.G.T : Institut de Géographie Tropicale I.R.D : Institut de Recherche pour le Développement

    I.N.S : Institut National de la Statistique Km : Kilomètre

    Kg : Kilogramme

    O.C.P.V. : Office pour la Commercialisation des Produits Vivriers

    R.G.P.H : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

    INTRODUCTION GENERALE

    1. Compréhension du sujet

    L'humanisation du territoire ivoirien se dessine sous l'action des producteurs et des consommateurs. Leurs rencontres animent des espaces pour les transformer en places marchandes grâce aux transactions effectuées. Autour de ces espaces, se développent de nouveaux lieux qui sont une sorte de « marché de route » qu'exploitent les consommateurs sur les axes de communication. Ces marchés dynamiques, dont les consommateurs ambulants et les entreprises tirent profit, se structurent pour devenir des villes. Méagui, est un exemple de ce phénomène. Cette localité est née du rassemblement de cinq villages Bakwé à coté d'une scierie près de laquelle s'était créé un marché local dominé par la production vivrière (Dardel 1991, p 10). Situé au centre d'une zone pionnière de produits de rentes, ce marché a pris de l'ampleur tant au niveau local, régional que national grâce au couple café cacao. Des commerçants sont venus s'y installer et ont développé un véritable centre de transit et de distribution de la production. Cette situation était favorable selon l'étude de Dardel (1991, p 46) puisque les voies et moyens de communication servaient indifféremment aux cultures de rentes et aux cultures vivrières. Faiblement peuplée de Bakwé, la région a vu, dans le cadre d'une opération de mise en valeur du Sud-Ouest (A.R.S.O.), affluer des migrants d'origines variées, qui représentent aujourd'hui la majorité de la population : Dioula, Burkinabé, et surtout Baoulé.

    La diversité des produits vivriers vendus est à mettre en relation avec les différentes ethnies. Selon nos enquêtes de juin 2009 : les Baoulé sont les principaux producteurs d'igname, les Dioula et les Burkinabé produisent les céréales (riz et maïs), les Bakwé mettent sur le marché de la banane plantain. Pour finir nous avons noté que toutes les ethnies mettent du manioc en association avec la culture principale. Pour la commercialisation nos préenquêtes (juin 2009) ont révélé que sur le marché local, chaque ethnie vend ce qu'elle produit et pour le transport vers les villes ce sont des regroupements ponctuels par types de produits. Cependant la production vivrière joue un rôle secondaire dans les revenus de l'exploitation : l'essentiel des ventes provient du café et surtout du cacao. Une lecture de la trajectoire de l'agriculture de plantation souligne le fait qu'elle a reposé sur des formes d'incitation (Chauveau 2003, p 2). Les populations migrantes et étrangères, constituant la main d'oeuvre essentielle pour le développement des cultures d'exportations se trouvent soutenu par le système politique ivoirien des années 1960. Celui-ci faisait pression sur les populations autochtones pour accueillir et installer les étrangers, galvanisant de plus en plus la migration et

    l'immigration par le slogan « la terre appartient à celui qui la met en valeur »1. Ainsi, profitant de cette situation, ceux-ci ont transformé cette zone forestière en de vastes espaces occupés par les cultures pérennes ; toutes choses qui contribuaient à l'essor économique du pays. Mais avec la demande cumulée de la population urbaine et de la population immigrée, on a le développement du vivrier renforcé par la crise alimentaire urbaine plus accrue. La production et le commerce de produit vivrier dans la région est le fait en partie des couronnes périurbaines (Méagui et Touagui 2) mais aussi de zones plus éloignées comme Robert-Porte et Oupoyo. Les agriculteurs produisent d'avantage pour se nourrir et alimenter les villes comme San-Pedro, Soubré (O.C.P.V., 2008), que pour acheminer leurs produits sur Abidjan, marché fort éloigné de plus de 440 Km.

    Dans cette région, l'activité agricole fournit aux femmes leurs principaux revenus. Agents producteurs de vivriers et exclus partiellement des retombées des cultures de rentes, elles investissent dans le vivrier d'où elles tirent de nombreux bénéfices. Ensuite, elles assurent la trésorerie quotidienne, par les ventes régulières effectuées sur les marchés.

    Le problème géographique posé est le suivant : comment la région de Méagui va mettre en place des mécanismes pour polariser tout son potentiel en vivrier et le commercialiser.

    2. Questions de recherche

    La production et la commercialisation des denrées alimentaires se heurtent à un certain nombre de contraintes. Il faut tenir compte de celles-ci pour que la région de Méagui puisse jouer son rôle de zone de production. Malgré cela, on note l'existence et les actions de plusieurs acteurs autour des produits vivriers de cette région. Alors, comment se fait la production et se déroule la commercialisation des produits vivriers de cette région.

    La réponse à cette question de départ nécessite de répondre à ces interrogations:

    -Quels sont les produits vivriers concernés, les zones de production et le niveau de leurs productions ?

    -Quels sont les acteurs qui interviennent et comment son-ils structurés autour de la production vivrière ?

    -Comment est animé le commerce des produits vivriers de la région et quel est son ampleur ?

    1 Discours de Félix Houphouët B. (Août 1963)

    REVUE DE LA LITTERATURE

    L'intitulé du sujet suggère une référence à des publications sur le ravitaillement en général, et en particulier sur l'apport de la région de Méagui pour les marchés abidjanais. Dans le but de réaliser un travail plus spécifique et de couvrir un champ plus large, nos informations sont regroupées en quatre points :

    -La production vivrière et son importance ;

    -L'organisation des circuits de distribution fonctionnelle sur les marchés ; -L'importance des marchés urbains ;

    -L'impact du vivrier sur la structuration de l'espace.

    Dans l'analyse des relations ville-campagne et les recherches sur les politiques alimentaires, il faut introduire une différence d'approche entre ravitaillement et approvisionnement au niveau du fonctionnement et des acteurs majeurs du système. Avant tout, une définition des termes du sujet est nécessaire. Selon le Dictionnaire Robert 2010 (version électronique), une zone est une portion de l'espace terrestre, d'un territoire. C'est aussi un domaine dans lequel s'exerce une activité, ce domaine représente Méagui. La production de vivrier est assurée par les producteurs de la région. Le commerce de ces produits implique plusieurs agents, avec le commerçant grossiste au coeur du dispositif. Cet entrepreneur (le grossiste) prend en compte les besoins des consommateurs et met en oeuvre des procédures de régulation en vue de satisfaire producteurs et consommateurs.

    1. La production vivrière

    La politique volontariste de mise en valeur du Sud-Ouest jusqu'alors coupée du reste du pays va susciter une très forte vague d'immigration agricole. Ce courant se dirige en particulier vers le pays Bakwé. Il est, essentiellement sous-tendu par les possibilités d'accès à l'économie de plantation que permet un milieu naturel favorable et un faible peuplement. De nombreuses innovations sont à l'actif du pionnier, autant techniques que sociales: la forêt et son mode de défrichement ont été maitrisés; la nourriture à base de tubercules et de banane n'a pas été un problème, même si chaque ethnie a tenté d'acclimater les plantes de la base alimentaire traditionnelle; une fois la forêt consumée, les plantes vivrières ont été maintenues en concevant un système de culture igname/manioc/jachère courte; le manioc produit pour la vente a parfois conduit à l'emploi d'herbicide. L'exploitation forestière, en couvrant la région d'un réseau dense de pistes et la construction d'un pont, sur le Sassandra à Soubré ont joué un rôle

    décisif dans cette progression spectaculaire (Lesourd 1989, p 360). L'origine ethnogéographique des migrants est d'une diversité telle que, face au milieu social autochtone existant, c'est la naissance non pas d'un nouveau milieu social allochtone mais d'autant de spécificités qu'il y a de groupements humains homogènes en présence.

    Selon Balac (1993), elle compte trois grands groupes de populations : les Bakwé qui sont les populations autochtones ; les allogènes venus notamment du Nord, du Centre, du Centre-Ouest et de l'Est, avec pour majorité les déplacés Baoulé de l'opération d'aménagement du SudOuest (A.R.S.O.) et les étrangers venus d'autres pays dont les plus nombreux sont les ressortissants de la C.E.D.E.A.O. C'est à ce titre que dans son étude sur le département de Soubré, Chaléard (1996) affirme qu'on a un « système Baoulé » fondé sur l'igname et un « système autochtone » fondé sur la banane plantain. Le travail dans la conception du Bakwé est de cultiver des denrées alimentaires telles que le riz, le manioc, le tarot et la banane plantain sur des espaces très restreints et d'être un grand travailleur sur les navires. Il vivait donc de la pêche, de la cueillette, de la chasse puis de la navigation et ne s'intéressait pas aux cultures de rentes. Une telle situation nous permet de comprendre pourquoi la région des Bakwé, vaste zone forestière jadis inoccupée ou faiblement occupée, est aujourd'hui peuplée d'étrangers attirés par les cultures industrielles comme le café et le cacao. Dans ce contexte, la banane plantain et l'igname sont favorisées : la première parce qu'elle est la plante d'ombre des jeunes cacaoyers et la seconde parce qu'elle est l'aliment préféré des Baoulé. Pour les Baoulé, Lesourd (1989, p 367) affirme qu'«ils ne sacrifient jamais les cultures vivrières car elles sont une base considérée comme indispensable, un grenier pour la famille, une sécurité alimentaire». En effet en quittant leur région d'origine, ils n'abandonnent pas leurs habitudes alimentaires. Les Dioula et les Burkinabé commercialisent du riz et du maïs dont ils sont consommateurs et dont ils font des champs à part, à côté des plantations arbustives. Chaléard (1990, p 326) conclut pour dire que tous les groupes associent banane plantain et igname sur le défrichement de l'année. Chaque groupe a ses préférences en fonction d'habitudes alimentaires et des pratiques culturales anciennes. La résultante est une production riche et diversifiée.

    2. Transport et circuits de distribution

    Les politiques de sécurité alimentaire ont été longtemps orientées uniquement vers les populations rurales. Le consommateur n'est pas considéré comme un acteur séparé du producteur car en fait il est supposé « produire lui-même sa nourriture ou l'acquérir par troc » (Dia 1997, p 13). Le modèle de pensée dominant de l'époque ne s'attardait pas sur une analyse objective de la réalité de production et de mise sur le marché des produits agricoles par les producteurs. Il

    faut attendre le caractère marchand du vivrier pour voir émerger des stratégies et l'intérêt pour les ventes lointaines. Les communes comme Méagui, distante d'environ 440 Km de la capitale économique Abidjan, de 270 Km de la capitale politique de la Côte d'Ivoire utilise donc exclusivement un transport motorisé pour le commerce lointain.

    Le transport est lié à l'organisation des marchés et des circuits commerciaux. Un constat général en Afrique concerne le poids remarquable des coûts de commercialisation par rapport aux prix finaux des produits. Une partie importante de ce coût relève souvent des transports.

    Chaléard (1995) montre que le modèle dominant de l'époque « agro exportateur » cède la place aux << modèle du vivrier marchand » où l'essor des cultures destinées aux villes est d'abord le résultat des initiatives paysannes exploitant par leur seule force la conjoncture créée par l'explosion urbaine. En effet, « Ce sont (...) les Lobi qui, transposant sur le plan commercial leur dynamisme agraire, acheminent la plus forte part de la production sur les centres urbains. Ils se groupent à plusieurs, louent aux transporteurs de Bondoukou des camions et expédient leur récolte sur Abidjan» (Chaléard 1990, p 327). Ces moyens de transport sont parfaitement adaptés aux besoins spécifiques individuels des détaillantes des marchés, des petits grossistes de denrées alimentaires ou des particuliers aux faibles revenus. Une certaine nuance est établie par Wilhelm (1997, p 24) quant à la composition des passagers. Elle affirme que si les commerçants forment l'essentiel de la clientèle régulière, les citadins sont aussi des usagers fréquents pour le transport de produits de première nécessité (sacs de riz et bidons d'huile) et pour tous les objets encombrants et volumineux (meubles, pièces de rechange).

    Le transport par camion (10 ou 20 Tonnes) est inaccessible à ces différentes catégories d'utilisateurs en raison de son coût élevé et, en ce qui concerne les commerçants, parce qu'il ne possède pas la souplesse nécessaire pour fournir les services répondant très exactement à leurs contraintes spécifiques. Particulièrement à Méagui, on voit se développer deux types de circuits2 reposant sur une division géographique et fonctionnelle des espaces : Sur place, <<un pisteur parcourt la brousse à la recherche des produits. II loue des camions (10 ou 20 Tonnes) pour aller les chercher et les concentrer à Méagui, ou dans un des nombreux villages situés sur la route bitumée. Un commerçant grossiste d'Abidjan vient chercher la production qu'il transporte pour la vendre à un grossiste ou au détail dans la métropole ivoirienne» (Chaléard 1996, p 587). Il poursuit pour dire que les acteurs les plus actifs de ce commerce sont les négociantes, installées à Méagui, qui utilisent des camions qui reviennent vide sur San Pedro.

    2 Itinéraire parcouru par un produit entre la production et la consommation finale est plus ou moins long en fonction du nombre d'intermédiaires qui y participent.

    Hermann, Larissa, & Solange ( 2008, p 14) dans leurs études sur Taabo ont distingué des circuits directs (ne faisant pas intervenir d'intermédiaire), des circuits courts (où le seul intermédiaire est le détaillant) et des circuits longs (dans lesquels les intermédiaires sont soit des grossistes, soit des détaillants). Dans d'autres cas, à travers nos enquêtes nous avons constaté que la productrice concentre sa récolte et celle de sa voisine pour obtenir des quantités plus importante. Ensuite une grossiste (fille, nièce ou soeur) la transporte à Abidjan, où elle l'écoule auprès de commerçants ou d'une parente, souvent salariée en ville. Elle utilise pour le transport le réseau de cars en place (Chaléard 1996, p 593).

    Wilhelm (1997c, p 8) décrit comment les usagers et les commerçants bénéficient et ont intérêt à pérenniser ce mode de transport pour raison de fourniture de services essentiels. C'est «un package» qui contient « une économie des frais de manutention intégrant les opérations de chargement et déchargement (...); des possibilités de groupage de marchandises entre plusieurs commerçants; une variété de types de chargement (...); une organisation de la livraison qui libère le producteur de l'obligation d'accompagner sa marchandise». Le choix effectué par ceux-ci entre les différents moyens de transport dépendra certes de leurs coûts, mais aussi et surtout de la quantité de marchandises à transporter, la rapidité avec laquelle le commerçant souhaite être livré de telle sorte que l'on constate une réelle segmentation du marché du transport. Chaque type de véhicule étant dominant sur un segment de marché pour un trajet donné, un type de marchandise transporté et une catégorie d'utilisateur. Cette évolution, née d'initiatives paysannes ou du secteur marchand "informel", est largement spontanée. La priorité du transport dans la commercialisation est souvent frappante quand elle se concrétise par la création de marchés relais le long des grands axes routiers et méme à l'intérieur de la ville (Wilhelm 1997, p 10). Et ce qu'il y a de remarquable, c'est la rapidité avec laquelle les infrastructures et les réseaux se mettent en place lorsqu'il y a matière à négoce. En outre, face à la croissance urbaine, il faut rappeler que l'alimentation est fortement dépendante des transports de longue distance qui, encore aujourd'hui, véhiculent des quantités importantes de produits vivriers surtout des féculents et des fruits et légumes (O.C.P.V., 2008).

    L'outil le plus efficace du développement des cultures vivrières est, en effet, représenté par la construction du réseau routier qui charpente désormais le territoire national. C'est grace aux routes que les agriculteurs ont su saisir les opportunités que leur offrait l'extension des marchés urbains, en défrichant de nouveaux secteurs et en développent leurs cultures vivrières, et que les circuits commerciaux ont été organisés.

    3. Le marché

    D'une manière générale, le marché est le lieu où un ensemble de transactions ou d'opérations de négoce est conclu entre acheteurs et vendeurs. On y identifie des acteurs, des flux de marchandises et la formation des prix. Dans les grandes zones de production, de véritables centres de groupage3 sont nés. Cela s'illustre à travers deux exemples. Dans le Nord-Est, la localité de Flakièdougou est devenue un point de collecte important des produits vivriers, particulièrement de l'igname précoce dont la zone est grande productrice (Chaléard 1996, p 535). Les commerçants parcourent la campagne environnante à la recherche de tubercules, rassemblés dans le gros bourg. Dans cette optique, le marché hebdomadaire est un centre de renseignements et le lieu où le marchand peut, éventuellement, compléter son chargement. De même la localité de Méagui, au sud de Soubré, est un centre de transaction où est concentrée la production de banane plantain par des collectrices qui l'expédient ensuite sur San-Pedro et Soubré (O.C.P.V. 2008) ou Abidjan. Ce marché rural représente le deuxième maillon dans l'organisation marchande après les marchés bord champ. Ils assurent la collecte des produits et ouvrent les campagnes sur l'extérieur.

    Au sens de Paulais & Wilhem (2000, p 52), le marché est un centre de << dispatching >> : en ville, c'est le point d'arrivée et le point de départ des marchandises avant la vente au consommateur. Si les marchés ruraux servent en partie de lieux officiels de négoces et de concentration d'une production paysanne très dispersée, les marchés urbains sont le point d'éclatement des denrées pour la vente au consommateur. Le renforcement de ce point de vue conduit Chaléard (2001) à les qualifier de << pôles de diffusion vivriers >>. En caractérisant les grands marchés des villes d'Afrique, Paulais et Wilhem (2000, p 57) soutiennent que c'est la diversité des fonctions qu'ils assurent : micro détail, détail, demi gros, gros, zone de stockage et de réexpédition qui est fondamentale. Le marché est pour eux, le point de convergence des réseaux d'approvisionnement et de distribution des produits vivriers comme des produits manufacturés. Dans les zones de production, un vaste projet, né à la fin des années 1980 prévoyait de mettre en place une vingtaine de centres de collecte. Trois furent construits dont celui de Méagui qui fut un échec. Les agriculteurs ne se déplacèrent pas, préférant attendre les marchandes chez eux. Les grossistes choisirent de rester sur la place qu'elles occupaient dans le centre ville, le long de la route bitumée. On note une méfiances vis-à -vis de toute tentative de contrôle de la part de l'administration par le payement des droits sur les transactions et un loyer pour l'utilisation d'entrepôts dont elles jugeaient pouvoir se passer. En somme, ces mar-

    3 Les zones de groupages peuvent être considérées comme un avant-marché pour le consommateur

    chés sont nés inopérants. Comme raisons, Tollens (1997, p 31) constate qu'ils sont trop éloignés du centre et les consommateurs ou détaillants préfèrent s'approvisionner auprès des commerçants restés près du marché central. Coquery (1997, p 52) explique ces échecs par la place secondaire et insignifiante du commerce de détail dans la planification et l'intervention des urbanistes. Il présente le marché dans les villes africaines comme des espaces ouverts où producteurs ruraux et marchands viennent vendre << à même le sol ». Ces marchés donnent l'impression d'un développement qui n'est possible et viable que dans l'informel. En d'autres terme moins ils sont structurés plus il y a de l'affluence et les transactions son intenses. Dans le même sens, Franqueville (1997) complète cette conception par l'analyse suivante : << on peut donc se trouver en présence, notamment pour les grandes villes, d'un espace d'approvisionnement qui laisse une impression d'incohérence et de démesure, (...) ce qui ne va pas sans faire peser un risque certain d'insécurité sur l'alimentation urbaine quotidienne». (Franqueville 1997, p 12).

    Aux discours pessimistes qui ne voient la croissance urbaine dans les pays en développement qu'en termes d'exode rural, de dépendance alimentaire, de pauvreté et d'insécurité, Bricas (1997, p 67) oppose une vision plus optimiste qui voit dans la ville une occasion pour le développement agricole dans la mesure où le marché qu'elle représente offre des débouchés, prenant le relais d'un marché international très instable.

    4. L'organisation spatiale

    Comme Paul Claval (1977, p 124) le disait << la nouvelle géographie est ainsi conduite à s'interroger de plus en plus sur les rapports entre l'organisation sociale et l'ordre spatial ». L'agencement de différentes composantes de l'espace de Méagui qui constitue son organisation spatiale, peut être modifié par la dynamique du vivrier. Leurs influences peuvent être lues à différents niveaux. En premier lieu sur l'offre par l'amélioration des échanges, donc la disponibilité alimentaire; puis sur l'environnement économique général en favorisant l'emploi et le pouvoir d'achat, donc l'accessibilité à la nourriture; et enfin sur les circuits commerciaux par l'amélioration de leur efficacité.

    > La production et les échanges, donc la disponibilité alimentaire

    La croissance de la demande alimentaire urbaine entraîne une concentration très forte d'activités et de marchandises vers les villes. Ce qui a pour effet de stimuler l'émergence de nouvelles formes d'exploitation ou de valorisation des espaces de l'hinterland.

    D'abord elle permet la valorisation des bas-fonds, jusque-là délaissés par l'arboriculture mar-
    chande. A l'échelle régionale, apparaissent des zones de production plus ou moins spécialisés

    et organisées en auréoles concentriques, avec au moins trois secteurs : une zone centrale, intra ou périurbaine, dans laquelle est développée les cultures valorisant fortement le sol, cultures maraîchères et rizicoles ; une auréole où l'emportent les denrées comme le manioc, parfois accompagné d'igname ; au-delà, une dernière auréole, où l'agriculture locale est fortement étendues banane, ou igname (Chaléard 1996, p 47). Ce qui frappe aujourd'hui dans cette population, c'est bien d'une part, le nombre croissant de marchands ambulants itinérants ou semiitinérants et occasionnels et, d'autre part, la forte mobilité spatiale des vendeurs installés. Les distinctions, opératoires autrefois, entre sédentaires et ambulants, réguliers et occasionnels, deviennent de plus en plus floues. Wilhelm ajoute que l'image du vendeur à l'étal attendant son client et de l'ambulant se portant au devant de celui-ci, est aujourd'hui totalement brouillée ( Wilhem 1997a, p 33). Pour ce qui est des aires d'approvisionnement, le cas de Méagui suggère la prévalence des circuits longs sur les circuits courts pour le ravitaillement du centre urbain qu'est Abidjan. Autrement dit, «l'augmentation de la demande alimentaire urbaine n'a pas conduit au développement d'une intense agriculture périurbaine, mais à la stimulation de l'offre en zones rurales relativement éloignées». (Oyep 1997).

    > L'environnement économique, en favorisant l'emploi et le pouvoir d'achat

    La détérioration des conditions économiques fait augmenter la pression sociale: le chômage pousse une masse sociale consistante vers l'activité commerciale, à la recherche d'occupations et de sources additionnelles de revenus. Ceux qui perdent leur emploi dans le secteur moderne se créent au niveau du secteur informel une autre source de revenu. C'est ainsi que l'investissement dans la restauration est devenu, pour bon nombre de licenciés, une alternative au chômage (Akindès 1991, p 172). On assiste au développement de la restauration populaire de type informel. Ces restaurants sont en général alimentés par du vivrier de moindre qualité ou à la limite de la conservation. Pour Akindès (1991, p 160), l'agrandissement de la ville, conjugué au rythme de vie urbain et à la faiblesse des moyens de transport, enlève aux travailleurs et à la population scolaire la possibilité de prendre leurs repas à domicile. D'ou une orientation vers la restauration populaire où les prix peuvent être négociés en fonction du pouvoir d'achat.

    > Les circuits commerciaux, par l'amélioration de leur efficacité.

    Selon Moustier (1990 ; p 89): «L'analyse du système de commercialisation révèle une organisation, à l'amont et à l'aval, adaptée à un contexte de forte incertitude, à un marché du crédit et à une information sur l'offre très imparfaits ». Les réseaux commerciaux atomisés, où les relations personnalisées permettent une bonne circulation de l'information entre producteurs et vendeurs et des relations de crédit, sont plus efficaces qu'une organisation centralisée et ano-

    nyme. D'autre part, l'existence de points de vente en gros, souvent informels, permettent une confrontation des transactions, et l'intensification de marché de gré à gré. Pour Nassa (2007), cette activité engendre des effets induits très diversifiés sur l'organisation de l'espace. Ainsi le développement de l'espace marchand donne lieu à l'étalement de la ville. La ville prend donc du volume grâce aux marchés routiers et à leur croissance.

    Des recherches en Afrique centrale ont été initiées par Pierre Vennetier (1972, p 63). Il met en avant la polarisation de l'espace géographique où l'alimentation des citadins dépend d'apports lointains, ce qui entraîne des difficultés de ravitaillement et un rôle croissant pour les transports. Se référant à l'évolution des fronts pionniers, Chaléard (1996, p 207) constate des localités nouvelles se créer à partir des centres, devenues en quelques années des agglomérations de plus de 5000 habitants, comme Méadji (dans le Sud-ouest) ou Flakièdougou (dans le Nord-est), à partir desquels opèrent des marchands qui rassemblent la production avant de l'expédier sur Abidjan ou Bouaké. Chaléard montre l'importance du transport dans la capacité de réponse des agricultures vivrières locales à la demande des villes, mais également celle des flux d'échange entre agglomérations urbaines et campagnes qui ne sont pas limités à des flux alimentaires à sens unique.

    En somme, la littérature sur notre sujet a été abordé dans ces différentes parties prisent individuellement. La production vivrière embryonnaire à l'époque est spécialisée par ethnie est déjà évoquée. Les transports dans la région, a fait l'objet d'étude mais à une époque ou l'activité n'avait pas grande ampleur. Bien que des marchés existent dans la région, ils n'ont pas fait l'objet d'étude à notre connaissance ainsi que l'organisation spatiale. Elle a été intégrée par Chaléard4 dans un cadre plus global du département de Soubré sur le plan géographique et sur le plan sociologique par Schwartz5. De plus, l'actualisation de ces connaissances dans le cadre plus spécifique de la région de Méagui sur les produits vivriers n'est pas encore documentée. La mise en évidence dans cette région du jeu complexe des acteurs du commerce qui combinent : une diversité d'espaces de ravitaillement et de redistribution ; une gamme de produits adaptée à l'instabilité dans le temps de la production et une dissémination des espaces cultivés conduit à notre problématique.

    4Temps des villes, Temps des vivres. L'essor du vivrier marchand en Côte d'Ivoire. Paris, Karthala, 661 p

    5 Sous-peuplement et développement dans le Sud-ouest de la Côte d'Ivoire : Cinq siècles d'histoire économiques et sociales, Paris, ORSTOM, 488 p

    PROBLEMATIQUE

    La planète est-elle capable de nourrir un nombre d'habitants en croissance constante ? Telle est la question-clé de notre actualité, qui se traduit partiellement en termes de géographie rurale de la façon suivante : Quels seront les nouveaux rapports villes/campagnes ? Comment nos recherches géographiques peuvent-elles s'intégrer dans cet ensemble ?

    La géographie rurale a gardée le privilège de concerner des territoires bien circonscrits : « les espaces hors des villes ». Elle donne à chacun d'y observer les évolutions et les ruptures provoquées par l'ensemble des conditions endogènes et exogènes (Bonnamour, 2003). Nous avons choisi la Côte-d'Ivoire pour observer ce dynamisme. Elle connaît depuis plusieurs décennies une croissance urbaine spectaculaire : le pourcentage de citadins dans la population totale est passé de 3 % en 1940, à 15 % en 1958 et à plus de 50 % dans les années 1990. Ce mouvement s'est traduit par une demande accrue en produits alimentaires, qui a provoqué, en dépit d'un recours non négligeable aux importations, des mutations dans les campagnes. Le relatif développement économique qu'elle a connu dans les années 1960 et 1970 était essentiellement lié à sa performance agricole basée sur le binôme café-cacao. Selon le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (D.S.R.P version 2009), la Côte d'Ivoire est un pays dont 57% de la population vit en milieu rural. L'agriculture y représente l'activité principale avec 2/3 des recettes d'exportation et 2/3 des emplois. Elle contribue pour 27% du PIB et a permis de générer des revenus pour l'Etat ; les producteurs et les exportateurs ; et a contribué au développement des secteurs secondaire et tertiaire. Le secteur vivrier occupe 85% de la population active agricole dont 90% sont des femmes. Les principales cultures vivrières sont le riz, l'igname, le manioc, la banane plantain, le maïs et les légumes. La production vivrière, estimée à 9 000 000 de tonnes en 2006, occupe une superficie de 2 448 000 ha.

    A partir de 1980, dans le cadre du Plan d'Action de Lagos, est lancé le mot d'ordre d'autosuffisance alimentaire. Il faut attendre la fin de cette année avec le projet soja, auxquels sont associés le riz et secondairement le mais et l'igname, pour que les cultures vivrières prennent de l'importance. Il s'agit à la fois d'assurer la nourriture des ivoiriens en réduisant les importations. Ainsi plusieurs zones de production ou fronts pionniers sont misent en place et identifiés notamment les régions forestières avec la production de banane plantain, de riz, d'igname et de manioc. De plus le désenclavement du Sud-Ouest forestier par le projet A.R.S.O avec la réinstallation des populations déplacées et l'ouverture du port de San-Pedro en 1972, entraîne l'apparition du dernier front pionnier (N'gotta, 2010), dont fait partie Méagui. Par le développement d'une production destinée à nourrir les villes, les cultures vivrières apparaissant de plus en plus comme de véritables cultures spéculatives (Douka 1981, p 125)

    avec la hausse continue et soutenue de la demande urbaine. En effet, l'insuffisance de l'offre nationale en produits alimentaires rend vulnérable notre système alimentaire. Dès lors il devient important de se pencher sur les greniers ou plus précisément les bassins de productions vivrières en Côte d'Ivoire au nombre desquelles se trouve la région de Méagui.

    Le choix de cette région s'est fait sur la base d'une pure curiosité scientifique. Celle-ci a été renforcée par rapport à son importance sociodémographique (population hétérogène) et économique (cultures de rentes). Elle constitue aujourd'hui une zone très stratégique pour le pays du fait de son statut de boucle des produits d'exportation en particulier le cacao. Du point de vue démographique, la localité compte un fort potentiel humain (42914 habitants en 1998 (I.N.S. 1998) pour une superficie de 362 Km2 soit une densité de 118 habitants au Km2). On y rencontre une forte présence de communautés allogènes et étrangères constituées de plusieurs couches ethniques ivoiriennes (Baoulé, Yacouba) et de ressortissants des pays de la C.E.D.E.A.O (Guinéens, Maliens, Burkinabés, Togolais...). Ces populations sont les plus importantes de la localité (96% de la population totale). Sur le plan naturel, la localité bénéficie d'un climat véritablement humide avec une pluviométrie très élevée (2000mm de pluie en moyenne) qui rythme bien la vie des planteurs et les travaux champêtres. Le relief est constitué de nombreux bas-fonds argileux qui sont favorables aux cultures vivrières. L'abondance des pluies, la richesse du sol et surtout l'immensité de la forét lui confère de nombreuses aptitudes culturales et font de cette zone un lieu de développement agricole.

    Au sujet de vivrier, Chaléard (1990, p 324) affirmait qu'autour de Méagui, les ventes sont importantes en tonnages mais faibles en valeur, les prix étant très bas, et les pertes dans les champs considérables. Les paysans producteurs sont en situation de faiblesses dans le négoce locale puisqu'incapable de vendre ou d'acheminer leurs récoltes sur d'autres centre de collecte comme celui de Yabayo. Les commerçantes se retrouvent souvent en situation de monopsone6 pour certains produits difficiles de conservation (maraicher et fruits). Dès lors, le faible pouvoir d'achat local et le bon état relatif des axes routiers sont ici les causes principales de l'attrait des villes comme Abidjan. Ainsi, nous avons cherché à savoir comment une région de cultures de rente, fourni-t-elle une production vivrière et organise un commerce au-tour de cette production ?

    6 Etat d'un marché où le jeu de concurrence est faussé au niveau de la demande du fait de la présence d'un seul acheteur.

    3. Objectifs de l'étude

    - Objectif général : La présente étude veut contribuer à une meilleure connaissance du bassin vivrier de la région de Méagui.

    - Objectifs spécifiques :

    _ Identifier la nature des produits vivriers et évaluer leur importance dans la région de Méagui _ Analyser l'organisation des acteurs autour de l'activité vivrière ;

    _ Décrire les circuits de commercialisation des produits vivriers et les dysfonctionnements liés à cette filière.

    4. Hypothèses de l'étude

    Première hypothèse : Les féculents et les fruits sont les principales denrées produites dans le bassin vivrier de Méagui.

    Deuxième hypothèse : La faible autonomie financière des producteurs et de détaillants à l'égard des grossistes freine l'essor du commerce des produits vivriers.

    Troisième hypothèse : L'inadéquation des moyens de transport et les tracasseries routières limitent les quantités de produits vivriers qui transitent par les principaux circuits commerciaux.

    METHODOLOGIE DE COLLECTE ET TRAITEMENT DES DONNEES

    La méthodologie suivie dans le cadre de cette étude se base sur trois éléments fondamentaux. Il y a d'abord, l'échelle des unités d'observation puis de la collecte des données décomposées en phase exploratoire et en une phase de terrain et enfin le traitement et l'analyse des données recueillies.

    1. Echelle d'étude et unités d'observation

    La démarche de base de cette recherche est simple : il s'agit de noter la manière dont les hommes emploient leur temps et utilisent l'espace. Elle se fait donc dans un cadre spatial limité à la sous-préfecture de Méagui et plus récemment celle d'Oupoyo. Donc pour nous, ces deux circonscriptions constituent la région de Méagui. On y note la nature de l'activité, le lieu où il se déroule, les flux qu'elle implique ou qu'elle crée, les relations proches ou lointaines qu'elle met en oeuvre. Comme cette région n'est pas en autarcie, les marchés de Yopougon, d'Adjamé et d'Abobo, lieu de destinations de ces flux ou de ces relations constituent d'autres lieux à l'échelle de la commune.

    Dans le but de vérifier les hypothèses, plusieurs unités d'observation ont été retenues.

    - Concernant l'origine et la nature des produits vivriers vendus sur les marchés de Méagui, nous allons d'abord mener nos observations dans les plantations, les bassins de production (Méagui et villages ciblés), ensuite sur les marchés de la ville qui les réceptionnent.

    - Quant au fonctionnement du bassin et ses composantes, les acteurs, les voies et moyens de communications, les ventes sur les marchés et les points d'activités économiques ont servi d'unité d'observation.

    - Pour l'impact de ce bassin sur le développement de l'espace de Méagui, nous avons évalué l'intensité du commerce, le nombre de convoies de vivriers destiné à Abidjan, observé le cadre de vie des populations de la région de Méagui ainsi que le niveau d'équipements.

    2. La collecte des données

    La documentation utilisée peut classer en deux séries. La première rassemble celles qui appartiennent déjà à la géographie, les monographies locales ou régionales et les études à portés géographiques. La seconde, pose les problèmes plus délicats des informations extérieurs à elle mais indispensables pour son information tels les recueils statistiques, les études économiques sociologiques ou ethnographiques. Nous avons dans un premier temps, recherché la documentation composée d'ouvrages généraux et de référence sur la question du vivrier au sens large.

    L'autre étape a été la recherche de données primaires par des enquêtes de terrains vue l'obsolescence des chiffres et la prise en compte des réalités actuelles.

    2.1. La préparation de l'enquête :

    L'objectif était d'être mieux équipé face à des interlocuteurs peu disposés à perdre du temps. La phase préliminaire se décompose en recherche documentaire et entretiens exploratoires.

    2.1.1. La recherche documentaire

    Cette documentation a contribué à nous faire comprendre le sujet dans sa globalité. Les ouvrages consultés proviennent respectivement de la bibliothèque de l'Institut de Géographie Tropicale (I.G.T.) de l'Université de Cocody Abidjan, des bibliothèques de l'Institut Recherche pour le Développement (I.R.D.) pour les articles et travaux d'enseignants et étudiants sur la géographie rurale (épistémologie, méthode, perspectives de recherche...) et sur le vivrier (nomenclature, évolutions, répartitions régional...). A l'Institut National des Statistiques (I.N.S.) des données sur l'évolution (1975-1998) de la population des localités d'étude (sexes, ethnies, nationalités, activités). Auprès des directions de l'Office d'aide à la Commercialisation des Produits Vivriers (O.C.P.V.), du Ministère de l'Agriculture et la Production Animale détaché à Méagui et de l'Agence Nationale d'Appui au Développement Rural (A.N.A.D.E.R.), nous avons obtenus les données sur l'agriculture (types de produits, provenance, destination, prix sur le marché, état de l'utilisation des espèces améliore et des engrais). A cette liste, il faut ajouter les archives de la mairie et de la sous-préfecture de Méagui pour des organismes internationaux.

    2.1.2. Les entretiens exploratoires

    En complément à la lecture de ces documents et dans l'objectif de nous familiariser avec le terrain étudié, nous avons fait une reconnaissance durant le mois d'octobre 2008 pour connaitre l'espace d'étude. Cette pré-enquête a eu pour but de faire l'état des lieux en répertoriant les différentes unités d'observation nécessaires à notre étude et à tisser des premiers contacts. C'est aussi par ce biais que nous avons « négocié » notre entrée dans l'univers des chargeurs, des déchargeurs et des porteurs.

    En juin 2009, nous y avons fait un très court séjour pour rencontrer le responsable de l'O.C.P.V. (pour obtenir des données chiffrées) et la responsable d'une coopérative agréée. Ainsi, dès notre arrivée à Méagui, nous avons cherché à faire la connaissance des différents responsables de certains services tels que l'A.N.A.D.E.R. et l'O.C.P.V. Dans ces différents

    services, nous basant sur les premières informations livrées (2007-2008), nous avons établi l'inventaire des zones de production et estimé les volumes des produits convoyés vers les marchés urbains.

    2.1.3. Variables d'analyse

    Les unités d'observation ainsi définies, nous avons privilégié trois grands groupes de variables pour mener les enquêtes. Ces différentes variables serviront à renseigner nos hypothèses afin de les infirmer ou de les confirmer.

    -Variables relatives aux caractéristiques démographiques

    Pour étudier ce bassin, un préalable est de connaitre les acteurs qui animent les activités de ce bassin de ravitaillement. Il a donc été primordial de renseigner les variables suivantes :

    Le sexe ; La tranche d'age ; Le niveau d'instruction ; La première profession ; Le village d'origine ; La situation matrimoniale ; Le nombre d'enfants et de résidents ; et L'ethnie. Pour cette variable « ethnie», la question n'était pas posée mais renseigner de façon informelle.

    -Variables relatives à la nature, à l'origine et l'ampleur des produits vivriers.

    Pour collecter des informations portant sur la nature de ces denrées, nous nous sommes intéressés aux types de produits vivriers cultivés dans la région de Méagui et convoyés sur les marchés. Cette étape permet de faire la classification de ces denrées alimentaires et d'observer leur état et leur fréquence. En outre, pour être fixé sur l'origine de ces cultures, il faut identifier les producteurs intervenant dans la production vivrière pour être situé sur les types de produits cultivés, la pratique de leur activité champêtre et sur l'évaluation des volumes produits.

    Pour apprécier l'ampleur de la mise en valeur des terres, l'intérêt sera porté sur :

    -La taille des exploitations ;

    -Les superficies cultivées et leurs rendements,

    -Le temps de rotation des cultures et calendrier agricole ;

    -L'investissement réalisé et revenus obtenus ;

    -La place du vivrier dans le système de production global des agriculteurs.

    Aussi, le niveau d'encadrement des producteurs aidé à comprendre l'environnement dans lequel cette activité se pratique. A ce stade, les données de l'A.N.A.D.E.R. et l'O.C.P.V. ont été d'une grande utilité.

    -Variables liées aux acteurs et au fonctionnement du bassin de ravitaillement.

    Il faut préciser que les producteurs ont été identifiés plus haut. Aussi, un préalable sera de faire un inventaire des acteurs du transfert des produits vivriers vers la ville et leur importance res-

    pective dans le fonctionnement du bassin de ravitaillement (Méagui) et des marchés Abidjanais.

    Pour appréhender le fonctionnement de ce bassin, les variables choisies sont : Le réseau de transport utilisé pour les échanges vivriers;

    -Les potentialités non utilisées de réseaux ;

    -Les flux des produits depuis le producteur jusqu'à la ville: entrepôts et marchés, volumes, étapes et ruptures de charge ;

    -L'état des véhicules ;

    -La formation des prix et les marges obtenues par les différents acteurs le long des flux observés.

    Cela a conduit à visiter les lieux suivants : les différentes gares routières, Les lieux de stationnement des véhicules, aux abords des marchés et aux différents lieux de productions dans les champs pour saisir les modes de transport en vigueur.

    Pour comprendre la stratégie commerciale des détaillants et des grossistes, les variables suivantes sont retenues :

    -Les lieux de provenance et de destination ;

    -Les produits les plus convoyés ;

    -Les lieux d'approvisionnement ;

    -Les relations avec les autres acteurs ;

    -Les organisations, et Les difficultés rencontrées. Ces informations vont permettre de comprendre si les acteurs opèrent individuellement ou en réseau sur les aires de commerce et s'ils appartiennent à des organisations de commerçants et de savoir les lieux d'approvisionnement.

    Au niveau des marchés, les variables sont :

    -Les modalités d'installation,

    -Les lieux de stockages (entrepôts et marchés) et de conditionnements ;

    -La répartition géographique des activités des détaillants.

    Cela servira pour appréhender les procédures d'installation des détaillants et des grossistes exerçant dans le domaine du vivrier et d'être situé sur le genre de places qui leur sont attribués dans les différents marchés.

    - Variables liées à la commercialisation et à l'ampleur de ce commerce.

    Une importance particulière sera accordée à la description et à l'explication de l'organisation des espaces avec pour principale variable l'extension spatiale de la ville.

    L'aide des services techniques de la mairie de Méagui a permis de percevoir l'impact de cette filière sur le développement du bassin de ravitaillement (Méagui et ses villages). Les variables retenues sont :

    -L'état des lots mis en valeur et /ou partiellement mis en valeur ;

    -Répertorier les équipements,

    -Évalué l'état de la voirie, de l'habitat et des infrastructures socio-économiques. Auprès des ménages de la région de Méagui, comme variables on a :

    -La consommation alimentaire et son évolution ;

    -Une estimation de l'utilisation des revenus de la production vivrière commercialisée. Á Abidjan, les marchés de Treichville, de Youpogon, d'Abobo et d'Adjamé seront visités ainsi que les acteurs qui y opèrent et les coopératives. Les espaces particuliers comme Abobogare et Yopougon-gare seront parcourus. Les variables retenues sont :

    -Le type et le volume de vivrier en provenance de Méagui et de sa région ; -La fréquence et la période de ravitaillement ;

    -La suffisance en quantité et en qualité de la desserte et lacunes dans le réseau.

    Tout ceci aura pour but d'évaluation de la quantité et la qualité de l'approvisionnement en provenance de la région de Méagui. Les commerçantes-voyageuses qui descendent des cars seront interviewées.

    2.2. L'enquête proprement dite.

    2.2.1. Echantilonnage

    Nous avons la structure de la population selon les documents du Recensement Général de la Population et de l'Habitat de 1998. Cela constitue notre base de sondage et notre choix se porte sur les méthodes empiriques. Cette base de sondage n'est pas une statistique récente et occulte certaines réalités comme les nouveaux bassins de productions. Déjà en 1977, Claval (1977, p 43) notait que « les recensements (...) négligent certains aspects essentiels de la vie des groupes». Ils convient donc de mobiliser d'autres sources. De plus, le fait que notre es-pace d'étude comprend des villages disséminés dont on ne connait pas le nombre exact de chef de ménages nous impose d'utiliser la méthode des quotas. Elle utilise le raisonnement pour opérer le choix à partir de critère défini de telle manière à avoir tous les cas de situation possible dans notre échantillon. Ainsi, l'accent sera mis sur le choix des villages, des chefs de ménage ayant une exploitation.

    -Choix des villages

    Il s'est fait parmi les villages que compte la sous préfecture de Méagui : dans le secteur communal et dans le secteur non communal (I.N.S. 1998). Les critères utilisés sont la taille, le type de cultures et la proximité de la voie principale qui est bitumée.

    - La taille : il s'agit de l'effectif des populations issues des statistiques du recensement général de la population et de l'habitat fait en 1998.

    - Le type de cultures : La répartition en fonction du type de culture a pu être possible grâce aux données issues de l'O.C.P.V. (2007-2008). Dans ces statistiques, nous avons retenues après traitement les zones de grandes productions de différentes cultures (féculents, fruits, maraichers, oléagineux et céréales).

    - La proximité de la voie principale : la notion de prix de transport et l'accessibilité des zones de production ont été privilégiée. En effet, la plupart de ces zones de production sont situées en bordure de la voie bitumée. Pour voir quelle est l'influence de cette voie sur l'accès des produits vivriers aux marchés, un village dont l'accès est difficile est choisi : Gnititouagui 2.

    En croisant ces différents critères, nous avons choisit d'enquêter 10% de l'ensemble des ménages de 5 villages. Ce choix est guidé par la contrainte financière et le temps imparti à cette étude. La répartition est la suivante :

    Tableau 0.1 : Constitution de notre échantillon d'études

     

    Localités

    Populations
    résidentes

    Ménages i enquêter

    Proportions

    Secteur
    communal

    Méagui

    3282

    3282*10%

     

    328

    328/586 * 100 55,97%

    Touagui 2

    753

    753*10%

     

    75

    75/586 * 100 12,80%

    Secteur non
    communal

    Oupoyo

    1291

    1291*10%

     

    129

    129/586 * 100 22,01%

    Robert-Porte

    222

    222*10%

     

    22

    22/586 * 100 3,75%

    Gnititouagui 2

    323

    323*10%

     

    32

    32/586 * 100 5,46%

     

    5871

    586

     
     

    100,00%

    Source : (I.N.S., 1998)

    -Choix des acteurs

    L'approche par l'acteur est privilégiée pour confronter les logiques et les pratiques antagonistes. Les données ont été recueillies auprès des producteurs, des commerçants grossistes, des détaillants et des chauffeurs ou propriétaires de véhicules. Le choix de réaliser trois types d'enquêtes s'explique par la complexité de l'objet et de la société étudiée et le souci de contribuer au mieux à la compréhension du système.

    - L'enquête auprès des grossistes : Pour étudier les réseaux, nous avons considéré comme
    grossistes dans les différentes filières, ceux qui font le va-et-vient entre les zones de produc-

    tion et la ville de Méagui d'une part et les marchés Abidjanais d'autre part. De manière générale, il s'agit de 12 commerçants grossistes choisis à partir du nombre de déplacement et qui travaillent avec plusieurs partenaires en ville ou à la campagne. Nous n'avons pas retenu le chiffre d'affaires dans la mesure où cela était impossible à établir avec la méme fiabilité pour tous les commerçants mais plutôt le type de produits commercialisés, la zone d'approvisionnement, le marché fréquenté, le nombre de chargements par semaine effectués dans les lieux de collecte pour approvisionner un marché.

    - L'enquête auprès des détaillants inclue les vendeuses de rue, il s'agissait de mieux cerner les pratiques de survie des populations urbaines les plus pauvres. Pour cette catégorie d'acteurs, il n'y avait pas de base de sondage possible pour l'effectif des vendeurs à enquêter ou la taille de l'échantillon. Parce que la majeure partie de la population de la ville pratique cette activité, nous avons optés pour un échantillon par grappes en retenant comme critère d'échantillonnage le produit vendu, le marché fréquenté à Méagui et l'importance du commerce des vivres frais sur le marché considéré. Nous avons enquêtés 180 acteurs.

    - L'enquête auprès des chauffeurs et des propriétaires de véhicules de transport reflète leur rôle fondamental. En raison de la grande mobilité de ces acteurs, nous avons utilisés la technique des échantillons stratifiés en fonction de la catégorie de transport (transport urbain, interurbain ou entre la ville et les villages) et de la zone fréquentée (axe Soubré-Méagui ou axe Méagui San-Pédro). Cette enquête a été complétée par des entretiens avec les autres auxiliaires de transport (chargeurs, déchargeurs, pousseurs et porteurs). Leur nombre est de 45 acteurs repartit dans les cinq localités d'étude.

    2.2.2. Outils d'enquête

    -L'interview

    Nos interlocuteurs sont aussi bien des responsables, agents des services publics et privés que des particuliers dont les activités professionnelles ont trait à la production agricole, à la distribution et à la commercialisation des produits vivriers. Les instruments utilisés pour cette enquête sont un guide d'entretien et un questionnaire.

    La première phase a concernée les autorités politiques, les services administratifs et techniques locaux pour avoir des informations sur les acteurs du vivrier et les infrastructures (des marchés et voiries). Mais également sur la gestion des marchés de Méagui, comprendre les enjeux de pouvoir. Pour ces autorités, les lieux visités et les acteurs rencontrés sont :

    · La direction régionale de l'agriculture et des ressources animales (le Directeur)

    · La mairie (le Maire)

    · L'agence de l'A.N.A.D.E.R.-zone de Méagui et le C.N.R.A. (Des agents de terrain)

    · L'agence locale de l'O.C.P.V. de Méagui (le Directeur et deux enquêteurs)

    · Les coopératives (2 responsables et des membres)

    Les questions ont concerné l'identité et l'entrée dans l'activité, le mode d'approvisionnement, la vente des produits vivriers et les problèmes rencontrés au cours des transactions dans la filière vivrière.

    La seconde phase s'est déroulée auprès des acteurs de la filière pour avoir des informations relatives à leurs activités. Pour la visite dans les différents villages, notre contact sur place, un professeur d'anglais à faciliter notre insertion. En effet certaines réticences ou méfiances peuvent être observées. Un questionnaire à été administré à ces différents acteurs. Ce sont : Les producteurs de vivriers ; Les transporteurs ou propriétaires agricoles ; Les commerçants grossistes ; Les commerçants détaillants.

    -L'inventaire

    L'inventaire a été nécessaire pour connaître les différentes activités liées à la filière du vivrier, le nombre de marchés urbains et ruraux de la région. L'agent enquêteur de l'O.C.P.V. a permis de faire un inventaire des produits vivriers sur le marché de Méagui et de Robert-Porte. Cela a servit à élabore un fiche des prix (bas - moyen - élevé) et aussi d'avoir une idée du nombre de commerçants. De plus, la liste de grossistes et de transporteurs fut actualisée par rapport à celle détenus par la mairie. On dénombre donc 12 grossistes dont 6 appartiennent à une association sans dénomination et 45 transporteurs permanents.

    -L'observation directe

    Cette technique nous met en situation de spectateur. Elle nous permet d'observer la composition sociologique des différents groupes d'acteurs (producteurs, détaillants, grossistes) les faits et les gestes quotidiens de notre population d'enquête. Sur les différents corridors à l'entrée de la ville, le contrôle douanier a permis d'observer la présence dans les coffres à bagages, de sacs de bananes plantain et de manioc embarqués depuis la veille. Sur les routes de champs, des micros points d'achats bord champ sont présents et segmentés soit par ethnies ou par parentés. L'utilisation des bas fonds commence à prendre plus d'importance, mêlant féculents et céréales. En effet, une année avant lors des entretiens exploratoires et la situation sous nos yeux justifie cette affirmation. Des photos illustratives ont été prises.

    3. Traitement et analyse de données

    Ce processus comprend deux étapes : la première concerne l'organisation et la seconde relève de l'interprétation. Dès l'étape de l'organisation des données, des décisions ont été prise pour repérer ce qui s'avère signifiant dans les propos qui ont été tenus lors des entretiens. Les indicateurs statistiques simples permettent de caractériser les tendances et de mesurer de manière synthétique leurs répartitions. Toutes les informations sont intégrées dans la rédaction du travail et présentées parfois sous forme de tableaux statistiques, des diagrammes ou des graphiques. Avec le développement de l'informatique, des logiciels spécialisés en analyses qualitatives de données aident à cette tâche. De la mise en forme du questionnaire jusqu'aux tableaux statistiques, le progiciel Sphinx2 Lexica V5 a été utilisé. Si on est bien d'accord pour admettre que l'approche géographique se fonde sur le paysage et que son outil d'excellence est la carte, on comprendra que l'ensemble de la connaissance et que la réflexion du géographe passent à un moment ou un autre par la cartographie, ce qui implique une absolue rigueur dans la fabrication et le maniement de la carte. A cette fin, la conception des cartes a été confiée au Laboratoire de Traitement de l'Information Géographique (LA.T.I.G.). De manière à savoir ce qui, de son interprétation, relève d'une lecture sans incertitude et ce qui relève d'une lecture spéculative dont les leçons doivent être balisées (René de Maximy 1995, p 112).

    DIFFICULTES RENCONTREES

    Une contingence majeure à été l'information auprès des administrateurs de la ville et des ministères détachés. Obtenir une carte de la ville était quasiment impossible. Celle qui était proposée date de 2004 et des localités d'étude n'y figure pas (Gnititouagui 2 et Touagui 2). Ce handicap a été une difficulté majeure dans le travail. Mais comme dans le sujet, « Méagui » doit être compris comme une région et non la ville de Méagui, cela a permis de pallier cette contrainte.

    1ère PARTIE

    POTENTIALITES ET DISPONIBILITES
    DES PRODUITS VIVRIERS À MEAGUI

    Que par définition la géographie fasse de l'espace terrestre l'objet méme de ses recherches, est une évidence qui n'est mise en doute par personne. Notre espace d'étude est la région de Méagui dont nous présentons l'historique et la situation géographique dans le chapitre 1.

    Création continue de la société, la région de Méagui est un produit social qui se reproduit en s'adaptant au cours des générations. Il a connu des mutations mais c'est l'action humaine, surtout celles des populations immigrées qui a remis en cause l'ordre sur lequel s'est fondée cette symbiose entre les populations Bakwé et leur espace. Il sera présenté dans le chapitre 2, les potentialités naturelles, humaines et économiques de la région de Méagui.

    Le milieu s'est adapté à la mise en place du peuplement. Des activités de production et des moyens de circulation se sont mis en place pour assurer la vie des hommes qui exploitent cet aménagement particulier. Dans le chapitre 3, il est mis en exergue la production vivrière de la région.

    Chapitre 1 : CREATION ET SITUATION GEOGRAPHIQUE DE MEAGUI

    Le contexte historique de la zone va prendre en compte le peuplement de Méagui. Il s'agit ici de voir les circonstances du peuplement, les mouvements de migrations vers la zone d'étude, et l'avènement du site de Méagui.

    1.1. Création du site

    Le peuplement de Méagui été le fait d'une volonté politique du pouvoir en place d'alors. En effet, jusqu'à l'avènement des indépendances en 1960 la localité était encore une zone isolée et impénétrable. A l'origine, Méagui était l'un des cantons de la subdivision de Soubré, et cette subdivision était composée des cantons Brokoua, Akuya, Bogouo, Lobre, Kousier, Guibouao et le canton Bakwé. La population autochtone Bakwé est rattachée au groupe linguistique Krou originaire du Nord et du Nord-est de la Côte d'Ivoire actuelle. Les populations autochtones Bakwé y vivaient de façon dispersée dans ce vaste espace forestier. Cet espace leur sert en fait plus de domaine de chasse que de territoire de cultures. D'ailleurs la taille des regroupements était de vingt (20) à trente (30) individus au maximum (Schwartz 1993, p 97). Après les indépendances, il y eut une volonté politique de développer toute la zone forestière du Sudouest dont fait partie Méagui. Des politiques de développement ont été mises en place à travers l'A.R.S.O. (Autorité pour l'Aménagement du Sud-ouest). Dès 1965, un pont reliant Soubré et partant du reste du réseau national a été créé ; ce qui permettait désormais un accès facile à cette zone. Ainsi, des sociétés d'exploitation s'y sont implantées à travers les scieries. Cependant, pour le fonctionnement de ces sociétés, d'autres populations ont été sollicitées compte tenu de la faible densité des populations autochtones. De plus jusqu'en 1965, la localité de Méagui ne connaissait aucun développement en matière d'infrastructures. Cette absence va rendre difficile la commercialisation du cacao et du café, pourtant introduits dès le début du siècle. Il était nécessaire de repeupler cette zone avec d'autres populations afin que celle-ci bénéficie des infrastructures.

    Ainsi, la zone de Méagui a commencé à enregistrer la présence des étrangers car « ils

    étaient de préférence la meilleure main-d'oeuvre des chantiers et la plupart avaient enregistrédes engins ». Les Bakwé occupés par les activités de navigation, et aussi, de peur qu'un pro
    blème de cohabitation se pose, n'ont pas voulu accueillir les chantiers. Alors les chantiers se
    sont construits en dehors des sites d'accueil qui sont les villages Bakwé. Les employés de ces
    chantiers étaient composés à 90% d'étrangers non Ivoiriens. Dans ces conditions la région va
    connaître une forte émigration des jeunes actifs masculins. Un peu plus tard, les employés ont

    créé un marché dans leur zone d'habitation. Par la suite, il y a eu l'envie de créer un gros village composé d'abord des employés des scieries. Le marché étant devenu l'atout principal, les autochtones que sont le patriarche Kato, ensuite la vielle Wawa, puis le vieux Kato Pierre ont eu besoin de se déporter sur ce nouveau site qui est devenu aujourd'hui Méagui. Cette forte émigration n'a pas favorisée une augmentation de l'emprise foncière des terroirs autochtones. Elle n'a pas conduit non plus la prise de conscience de la valeur de la terre et de la nécessité de préserver l'avenir pour les jeunes générations. La terre n'ayant jamais été une source de revenus intéressants, on s'explique que certains villages aient cédé des superficies considérables. On voit par conséquent se dessiner les conditions d'une infériorité économique des autochtones par la réduction de la capacité de travail potentielle. Par ailleurs, le contrôle de leur es-pace par les Bakwé est rendu très difficile par la faiblesse de la population, sa mauvaise répartition, et la petite dimension des villages (60 à 80 hts en moyenne)7.

    Aussi, faut-il rappeler que la facilité de peuplement de la zone était liée aussi à des évènements qui ont joué sur la psychologie des Bakwé. Il y avait d'abord la guerre contre le fétichisme avec l'introduction de la religion chrétienne à travers le Harrisme dans la période de 1965 et en 1970, la guerre du Guébié qui était des populations voisines8 (Schwartz 1979a, p 67). Ensuite le souci de bénéficier au développement pourrait être considéré comme des facteurs explicatifs de l'acceptation et de l'introduction de nouvelles populations dans la région. Enfin il fallait donc coopérer avec le pouvoir en place, favorable aux Baoulé pour régner sur son village. Ainsi des mobilités considérables se sont faites observées dans la localité et les vagues migratoires ont infiltré de façon progressive la zone de Méagui. Ces vagues étaient constituées en grande partie par les Akans notamment les Baoulé. Ils avaient été aidés dans leur pénétration par les autorités administratives en charge de la dite zone, et étaient à cette époque tous d'origine Akan (Baoulé). Il s'agissait en effet du moniteur de l'agriculture, originaires de Bocanda, du capitaine des eaux et forêts, originaires de Sakassou, du sous-préfet originaire de Bouaké. Le commandant de brigade et le juge étaient également des Baoulé. Ainsi les mouvements de populations de Bocanda (les Agba), de Sakassou (les Walèbo), de Bouaké (les Fafouê) et un peu plus tard, ceux de Daoukro sont arrivés. Comme on le re-marque, dans toute la zone de Méagui, beaucoup de campements portent un nom Akan en

    7 Schwartz, 1976, Le peuplement du canton Bakwé en Mai 1975, Abidjan, ORSTOM.

    8 Le lundi 27 octobre 1970, un groupe d'hommes d'une tribu Bété -la tribu Guébié- de la région de Gagnoa, monte à l'assaut d'un centre de regroupement Baoulé en tenue de guerre traditionnelle. A leur tête, un jeune "intellectuel" de la tribu, Gnagbé Opadjlé qui avait maintes fois manifesté son hostilité au régime du Président Houphouet-Boigny.

    souvenir du lieu d'origine. C'est le cas de Petit Bocanda, Petit Daoukro, N'Drikro (en souvenir du sous-préfet d'alors).

    C'est le canton Bakwé qui prend plus tard le nom de Méagui en mémoire de l'ancêtre emblématique du nom de ME. Méagui signifie donc les descendants de ME (unis par un ancêtre commun, Méa). Au total, les stratégies mises en place pour l'occupation de la zone de Méagui, à savoir le choix des autorités de la zone et de leurs ethnies ont permis à la population d'accueillir et de réserver dès les premières heures un espace de communication favorable à l'installation des étrangers. La pénétration de la zone de Méagui s'est faite de façon violente sur la base de l'étranger accueilli. Par ailleurs l'arrivée des populations a occasionné la création du site de Méagui.

    1.2. Situation géographique

    La zone de recherche choisie est la localité de Méagui. Elle est située dans la zone forestière de la Côte d'Ivoire dans la région du Bas-Sassandra précisément dans le département de Soubré. C'est une localité issue de l'éclatement de la Sous-préfecture de Soubré. Erigé en souspréfecture sous le décret n° 86-1021 du 24 Septembre 1986 avec Grand-Zattry, elle couvre une superficie de 2400Km2. La sous préfecture de Méagui se limite, (voir figure 1.1) : Au nord par la Sous-préfecture de Soubré, Grand Zatry et Buyo ; Au sud par la Sous-préfecture de San Pedro ; A l'est, par les sous-préfectures de Okrouyo et de Sassandra ; A l'ouest, par les Souspréfectures de Grabo et de Taï (Parc national).

    La commune de Méagui est distante d'environ 440 Km de la capitale économique Abidjan, de 270 Km de la capitale politique de la Côte d'Ivoire, de 47 Km de Soubré son chef-lieu de département et de 80 Km de San-Pedro, zone portuaire. Le décret N°95-941 du 13 décembre 1995 organise la localité en commune sur une superficie de 362 Km2 avec 11 quartiers dont Grutel, Commerce, Kaboré Bila, Kato, Wawa, Bayard, Nogbolo, Bako, Netro, Kobiti, Gbooulio. Les localités étudiées se situent au nord de la sous-préfecture pour les villages de Robertporte et Oupoyo sur l'axe Méagui-Soubré. Toujours au nord mais beaucoup plus proche de Méagui (2 Km), on a le village de Touagui 2. Au sud, sur l'axe Méagui San-Pedro, se trouve le village de Gnititouagui 2. Pour y arriver, il faut d'abord descendre à Krohon puis emprunter une voie non bitumée de 7Km pour y parvenir. Sur la carte ci-dessous, ces localités ont été identifiées en rouge.

    Figure 1.1 : Situation des localités enquêtées

    Conclusion du Chapitre 1

    Après l'historique et de la situation des localités qu'achève la carte ci après, on peut retenir qu'une mutualisation ethnique est à l'origine de la création de cette région. Il convient de passer en revue le potentiel de la région sur le plan naturel, humain et économique.

    Chapitre 2 : REGION AUX POTENTIALITES DIVERSES

    La région de Méagui, grace à sa position géographie bénéficie d'avantages naturels. Anciennement forêt vierge et presque vide d'hommes, elle a connue une immigration de populations avec diverses raisons comme le peuplement ou la réinstallation ; le manque de mains d'oeuvres pour l'agro industrie et une compétition foncière. D'où une diversité dans la population. Chaque migrant se déplaçant avec son modèle de société, il est rare qu'il choisisse un modèle fondamentalement différent de celui qui a régi son univers avant la migration. Ainsi chacun va exercer, en grande parti son ardeur vis-à-vis de l'activité économique propice au milieu.

    2.1. Potentialités humaines

    La population est cosmopolite et on y distingue : des autochtones (Qui est issu du sol même il habite, qui ne sont pas venu par immigration ou ne sont pas de passage) comme les Bakwé ;

    des allochtones (Qui proviennent d'un endroit différent). Parmi ceux-ci, il y a des allogènes (D'une origine différente de celle de la population autochtone) comme les Baoulé et les Etrangers (Non ivoiriens) comme les Burkinabé.

    2.1.1. Composition de la population des différentes localités

    Les localités étudiées se situent au nord de la sous-préfecture de Méagui pour les villages de Robert-porte et Oupoyo sur l'axe Méagui-Soubré. Toujours au Nord mais beaucoup plus proche de Méagui (2Km), on a le village de Touagui 2. Au Sud, sur l'axe Méagui_ San-Pedro en empruntant une voie en terre (Gnititouagui 2). Leurs populations sont dans le tableau n°2 qui suit. De prime abord, on peut voir que le cosmopolitisme ethnique de chaque village. Région de peuplement car tardivement mise en exploitation, les autres ethniques y sont venus pour leur part de terres.

    2.1.1.1. Composition par ethnies

    Dans la région de Méagui, différentes ethnies sont représentées à des proportions variables. Le tableau n°2 est une synthèse élaborée en tenant compte des populations les plus représentatives des localités et leurs incidences sur le vivrier. On peut distinguer trois classes : Les Baoulés (81,83%), sont parmi les Ivoiriens les plus nombreux, qui représentent la première classe ; Les Dioula (4,75%), les Agni (3,04%) et les Senoufo (3,93%) et les Bakwé (3,53%) viennent en seconde classe. Enfin, il faut noter la présence des Lobi (1,39%) et des Bété (1,53%) pour l'igname et l'exploitation des bas-fonds et des plaines en riz dans la dernière classe.

    Tableau 2.1 : Ventilation des ethnies majoritaires dans la région d'étude

    Source : I.N.S, 1998

    2.1.1.2. Composition par nationalités

    Outre les Ivoiriens, on constate dans l'ensemble que les Burkinabé sont les plus nombreux dans toutes les localités avec un taux qui gravite autour de 20 à 30%. Ensuite viennent les Ma-liens et le groupe des Togolais et des Béninois. Mais dans l'ensemble le rapport Ivoiriens / non Ivoiriens est en faveur des Ivoiriens.

    Figure 2.1 : Population des localités par nationalités. (Source : I.N.S, 1998)

    Á travers la figure 2.11, il est question de monter que par lieux d'enquête, les Ivoiriens et le
    Burkinabés sont les plus important. Depuis que ce recensement a été effectué, les chiffres ont
    varié et tendent plus vers une égalisation entre populations Ivoiriennes et Burkinabé à cause

    des taux de natalité individuel et de l'immigration. En relation avec la première hypothèse, ce sont ceux-ci qui sont la locomotive de l'activité agricole dans la région.

    2.1.2. Évolution démographique

    Grande bourgade bâtie au milieu de plantations de café et de cacao dans l'ouest forestier de la Côte d'Ivoire, Méagui a connu une démographie galopante, en raison de ses terres fertiles qui ont attiré des allochtones de la savane, mais surtout des étrangers des pays frontaliers du nord. Selon l'I.N.S., la région avait une densité de 0,8 habitants /Km2 en 1965. Dix ans après, Méagui avait une centaine d'habitants pour une densité de 4,6 habitants /Km2. On remarque que la densification de l'espace comme déjà. Avec les différents recensements, la population estimée à 7684 habitants en 1988 (population urbaine : 1561 et population rurale : 6123) avec une densité de 41,5 habitants /Km2 est passée à 15998 habitants en 1994 (source I.N.S.). Actuellement la sous-préfecture de Méagui selon les chiffres du dernier recensement de l'habitat en 1998, compte environs 211.917 habitants pour une superficie de 2562 Km soit 82 habitants au Km2. En pratiquement trente ans (1965 - 1998), la densité de la population a été multipliée par cent. Les trois tableaux 2.2 ; 2.3 et 2.4 qui suivent sont une synthèse qui élimine les valeurs aberrantes.

    Tableau 2.2 : Recensement général en pays Bakwé - A.R.S.O. 1972

    NATIONALITES

     

    Proportion relative de chaque acteur

    BENIN

    5,45%

    5,45%

    BURKINA-FASO

    15,85%

    15,85%

    IVOIRIEN

    71,13%

    AGNI

    0,76%

    0,54%

    BAOULE

    62,32%

    44,33%

    BAKWE

    1,63%

    1,16%

    BETE

    15,07%

    10,72%

    DIOULA

    16,88%

    12,00%

    LOBI

    0,04%

    0,03%

    SENOUFO

    3,30%

    2,35%

    MALI

    7,46%

    7,46%

    TOGO

    0,12%

    0,12%

    TOTAL

    100,00%

    Source : A.R.S.O. 1972

    Tableau 2.3 : Recensement général en pays Bakwé - A.R.S.O. 1975

    NATIONALITES

     

    Proportion relative de chaque acteur

    BENIN

    0,22%

    0,22%

    BURKINA-FASO

    12,24%

    12,24%

    IVOIRIEN

    76,67%

    AGNI

    0,54%

    0,41%

    BAOULE

    58,21%

    44,63%

    BAKWE

    28,62%

    21,94%

    BETE

    0,92%

    0,70%

    DIOULA

    9,06%

    6,95%

    LOBI

    1,00%

    0,77%

    SENOUFO

    1,66%

    1,28%

    MALI

    9,27%

    9,27%

    TOGO

    1,60%

    1,60%

    TOTAL

    100,00%

    Source : A.R.S.O. 1975

    Tableau 2.4 : Recensement général en pays Bakwé - I.N.S. 1998

    NATIONALITES

     

    Proportion relative de chaque acteur

    BENIN

    0,71%

    0,71%

    BURKINA-FASO

    29,24%

    29,24%

    IVOIRIEN

    62,42%

    AGNI

    3,04%

    1,90%

    BAOULE

    81,83%

    51,08%

    BAKWE

    3,53%

    2,20%

    BETE

    1,53%

    0,95%

    DIOULA

    4,75%

    2,96%

    LOBI

    1,39%

    0,87%

    SENOUFO

    3,93%

    2,46%

    MALI

    6,67%

    6,67%

    TOGO

    0,97%

    0,97%

     

    TOTAL

    100,00%

    Source : R.G.P.H. 1998

    On peut faire une comparaison entre les nationalités et les ethnies. Avec les différents recensements, on constate que les populations Baoulé dominent suivit de Burkinabé. Leurs évolutions est progressive depuis la création du site de Méagui.

    2.2. Potentialités naturelles

    La production dépend étroitement des effectifs de population et de la capacité des groupes sociaux en présence à mobiliser les hommes. Mais Sawadogo (1977, p 195 cité par Chaléard 1996, p 51) souligne le vallonnement du modelé, dont les paysans doivent tenir compte à l'échelle locale. Pour lui, c'est le climat beaucoup plus que le relief qui rythme la vie agricole et définit l'éventail des plantes cultivées. C'est pourquoi, évaluer la capacité paysanne à répondre au défi citadin impose l'évocation des trois données qui conditionnent la géographie agraire du pays : les précipitations, la végétation, la formation géologique et le relief.

    2.2.1. Les précipitations

    Située dans la zone équatoriale, la localité connaît quatre saisons (deux saisons sèches et deux saisons de pluie) qui favorise des productions agricoles abondantes. La première saison humide dure d'avril à juillet, elle est ensuite suivie par une brève saison sèche en aoüt et septembre. Les pluies recommencent en octobre et novembre. Survient alors la saison sèche principale qui dure de décembre à mars inclus. A part ce cycle général, l'intensité des saisons varie considérablement du Sud au Nord. En effet, la localité bénéficie d'un climat véritablement humide avec une pluviométrie très élevée (2000 mm de pluie en moyenne) qui rythme bien la vie des planteurs et les travaux champêtres. Les données sur la situation pluviométrique proviennent des relevés effectués par le service de la météorologie de la société d'exploitation et de développement aéroportuaire, aéronautique et météorologique (SODEXAM) dans la moitié

    Sud. Nous avons choisi ces deux localités car elles encadrent bien notre région d'étude et c'est dans ces villes que se trouvent les stations les plus proches. A Tabou (Sud-ouest) la pluviométrie en 2009 est supérieure à la normale pour les mois de février- avril, et inférieure pour le reste des mois. De façon générale, le cumul des précipitations pour la même période (Janvier - Septembre) montre que l'année 2009 connait un déficit important par rapport à la normale et à un degré moindre par rapport à l'année 2008.

    Figure 2.2 : Précipitation dans le Sud Ouest de la Côte d'Ivoire ; Station pluviométrique de Tabou (Source : SODEXAM 2009)

    A Gagnoa (Centre Ouest) la pluviométrie en 2009 est supérieure à la normale pour les mois de janvier, février, mars, avril, et inférieure pour le reste des mois. De façon générale, le cumul des précipitations pour la même période (Janvier - Septembre) montre que l'année 2009 est excédentaire par rapport à la normale et déficitaire par rapport à l'année 2008. En plus de ces données, celles recueillies lors de nos enquêtes auprès de producteurs nous disent que cette année, il n'a pas plu et non seulement ça mais les périodes ont changé.

    Figure 2.3 : Précipitation dans le Centre Ouest de la Côte d'Ivoire, station pluviométrique de Gagnoa. (Source : SODEXAM 2009)

    2.2.2. Les formations géologiques et le relief

    Du point de vue géologique, la région Sud-ouest fait partie du socle précambrien du continent africain, qui se compose principalement de roches granitiques, de schistes et de flyschs (formation détritique essentiellement constituée de grès, de schistes et de bancs calcaires). Plus précisément des sols ferralitiques moyennement desaturés, sols remaniés modaux avec faciès de recouvrement (Atlas de Cote d'Ivoire 1976). Ces sols se retrouvent en général sous forêt ombrophile.

    Le relief est constitué de nombreux bas-fonds qui sont à la base de nombreuses productions vivrières. On y note également des plateaux qui dominent en général tout le terrain avec la présence de quelques collines.

    Figure 2.4 : Localisation des sols de la région. (Source : ATLAS de Cote d'Ivoire, 1976)

    2.2.3. Végétation

    Quant à la végétation, elle était caractérisée par la forêt dense et occupait la quasi-totalité de la zone. Mais aujourd'hui cette vaste forét a fait place aux jachères et aux cultures pérennes, hévéa au nord et cacao au sud. Dans l'éventail des cultures adoptées par les paysans, les principaux atouts demeurent la longueur de la période végétative et la grande diversité de plantes cultivables. Le maïs d'abord, qui demande 600 mm répartis sur un cycle de 120 jours et peut assurer deux récoltes par an. Le manioc ensuite, dont l'optimum pluviométrique se situe entre 1 200 et 1 800 mm et dont les faibles exigences quant à la qualité des sols en font une des plantes les plus répandues. L'igname, en raison de l'existence de multiples variétés aux besoins différents : les unes à cycle long, de 8 à 10 mois réussissent dans le centre et le sud du pays. Le riz, qui exige plus de 1 000 mm de pluie pendant la période végétative se cultive sur plusieurs formes (riz de bas fond, de plateau, irrigué). La banane plantain et le taro, qui à l'inverse exigent beaucoup d'eau, ne prospèrent qu'entre Méagui et Soubré où les précipitations dépassent 1 400 mm. Au total, en dépit de l'inégale réussite des différentes cultures, il faut souligner l'omniprésence des cultures maraîchères, des fruits et des plantes oléagineuses. Elles apportent les éléments essentiels à l'alimentation locale et offrant des possibilités variées et souples de commercialisation en fonction des conditions du marché. La pratique d'une polyculture diversifiée, autorisée par la gamme étendue des espaces et des variétés cultivables, trouve sa justification dans l'importante instabilité des prix.

    2.3. Potentialités économiques : une prépondérance du secteur tertiaire

    L'essor récent de Méagui repose sur la densité des relations avec un milieu rural en pleine croissance démographique. A cela, il faut ajouter la multiplication des centres de collecte et de ré-collecte des productions agricoles et les réexpéditions sur Abidjan qui affecte l'activité de la région.

    2.3.1. Le secteur primaire : activité principale

    Au début de la décennie 1970, l'activité primaire est présente dans le Sud-ouest ivoirien sous deux formes principales : l'agriculture, l'exploitation forestière. Le temps actuel nous fait constater, avec le recul du couvert forestier que l'activité forestière a pratiquement disparue.

    - Agriculture : L'agriculture était l'activité de base de la population autochtone. Les données démographiques recueillies à la veille de l'ouverture du port de San Pedro nous montre qu'en 1971, elle occupait 94,8 % des actifs masculins ruraux : 52,8 % a l'exclusion de toute autre actifs, 42,0 % cumulativement avec une autre activité, en particulier la navigation (Schwartz

    1993, pp 44-45). Cette agriculture comprend deux volets : un volet << culture vivrière », un volet << culture de rente ». Le premier volet alimente largement une économie de subsistance en assurant ici pleinement une fonction essentielle : l'alimentation de la population. Le second entretient à travers les cultures du cacao et du café, une économie commerciale.

    Aujourd'hui, l'activité des cultures de rente demeure dominante puisqu'elle créatrice de 80% du revenu monétaire.

    - Exploitation forestière : C'est une activité en disparition. La sylviculture, entendue ici comme la seule activité de coupe du bois, à l'exclusion de toute transformation industrielle de celui-ci employait en 1971, quelque 2000 travailleurs (Schwartz 1976, p 10). Il s'agit là d'un secteur d'activité qui a pratiquement disparu dans la zone. Il s'est déplacé plus au nord dans la région du moyen Cavally.

    2.3.2. Les activités secondaires

    Ils comprennent les industries de transformation des produits (comme les métiers du textile qui produisent du tissu à partir de fibres végétales ou les activités pétrolières qui transforment le pétrole brut en essence) et le bâtiment (le BTP, ou bâtiment et travaux publics). À une époque plus reculée, les industries avaient pour matière première le bois. Une bonne revue et une cartographie sont faites par (Schwartz 1976, pp 8-10). Cependant à l'heure actuelle, il n'existe pas de véritable industrie à Méagui à part quelques unités de transformation telles que la S.A.P.H. pour la collecte du latex sur l'axe Méagui San-Pedro et quelques scieries de très petites tailles.

    2.3.3. Les activités tertiaires

    Il est aussi appelé secteur des services. Il comprend toutes les activités qui n'appartiennent ni au secteur primaire, ni au secteur secondaire. On y inclut donc les métiers les plus divers : le commerce, la restauration, les transports, les communications, les banques, les assurances, les métiers de l'informatique, etc. C'est un marché non construit de 2000 places dans le centre de la ville qui polarise l'ensemble des activités de commerce. Le coté sud du marché se trouve dans une zone délabrée. En plus de ce marché moderne, un autre marché est en construction au quartier Bayard depuis 2000. Il y a 6 hôtels et de nombreux restaurants et auberge (maison, petit hôtel simple, généralement à la campagne, où l'on trouve à loger et à manger en payant). Le transport y est vraiment intense. On y compte 8 associations de transporteurs et de nombreuses compagnies de transport (15 gares). La ville possède deux supermarchés, à côté desquels, il existe des grandes boutiques. Le secteur des transports est la chasse gradée par les

    Dioula et Burkinabé qui possèdent une grande partie des véhicules. La commercialisation des produits importés est dominée par les Dioula et Burkinabé. Ils monopolisent le commerce du poisson, du riz, des tissus (friperies) et de produits manufacturés.

    Chez les petits artisans tels que les horlogers, les mécaniciens, les coiffeurs, les menuisiers et notamment dans le domaine de la confection vestimentaire (tailleurs et couturiers), la domination des Baoulé est nette dans ces professions. Les vendeurs ambulants sont en très grand nombre exerçant avec des brouettes, des pousse- pousses et des bassines. Sur l'ensemble des localités d'enquête, cette stratégie est utilisée pour échapper à la taxation fantaisiste de la mairie et capter la majorité de la clientèle qui est itinérante.

    La répartition par secteurs d'activités qui suit nous en donne un aperçu.

    Tableau 2.5 : Répartition de la population de la région par secteurs d'activités et par sexes.

     

    MEAGUI

    OUPOYO

    ROBERT-PORTE

    TOUAGUI 2

    GNITITOUAGUI 2

    ACTIVITES

    Hommes

    Femmes

    Hommes

    Femmes

    Hommes

    Femmes

    Hommes

    Femmes

    Hommes

    Femmes

    Agriculture

    36,93%

    6,27%

    86,95%

    2,68%

    61,13%

    7,07%

    92,73%

    0,00%

    75,63%

    3,48%

    Mine

    0,02%

    0,00%

    0,00%

    0,00%

    0,00%

    0,00%

    0,00%

    0,00%

    0,00%

    0,00%

    Industrie

    7,68%

    3,49%

    0,43%

    0,67%

    2,08%

    1,29%

    0,73%

    1,36%

    0,63%

    0,20%

    Bat & tp

    2,89%

    0,07%

    0,28%

    0,00%

    3,56%

    0,00%

    0,36%

    0,00%

    0,16%

    0,00%

    Commerce

    24,98%

    23,14%

    0,57%

    0,50%

    2,08%

    6,43%

    0,73%

    1,36%

    0,94%

    4,30%

    Service

    15,81%

    3,36%

    1,84%

    0,00%

    0,59%

    0,32%

    0,36%

    0,45%

    2,04%

    0,20%

    Non classées ailleurs

    4,75%

    1,86%

    0,14%

    0,00%

    28,19%

    0,64%

    2,91%

    0,90%

    14,31%

    9,02%

    Non defini

    6,92%

    61,80%

    9,79%

    96,15%

    2,37%

    84,24%

    2,18%

    95,93%

    6,29%

    82,79%

    Total

    100,00%

    100,00%

    100,00%

    100,00%

    100,00%

    100,00%

    100,00%

    100,00%

    100,00%

    100,00%

    (Source : I.N.S, 1998)

    Le tableau montrent que dans tous les secteurs d'activités, les hommes sont en majorité les plus actifs. Toute fois dans trois localités les femmes sont plus actives dans le commerce. Cependant les « non défini » représentent une part, qui dans les quatre localités exceptés Méagui vaut la moitié de ceux qui appartiennent à un secteur d'activité. Cela ne permet pas d'avoir une lisibilité par secteur. D'autre part, il est à remarquer la grande proportion des femmes qui se retrouvent dans des secteurs non défini. En réalité, la classification officielle les reconnait comme n'étant pas inactives, sinon elle l'aurait mentionnée mais n'arrive pas à trouver des spécificités. Cela repose la problématique des indicateurs de mesure globale pour appréhendé les phénomènes qui ne rentrent pas dans leurs canons ou qui sont difficilement mesurable ou qualifiable. En dépit de toutes choses, cela révèle que les stratégies de survies sont diverses et variées.

    Conclusion du chapitre 2

    Obtenir une production vivrière dépend des possibilités qu'offre la nature mais aussi et surtout de la vigueur des hommes qui transforment ce lieu. La région de Méagui est un espace cosmopolite avec pour les Ivoiriens, une importante de la population de Baoulé dans tous les villages et pour les étrangers, une domination des Burkinabés. Les facteurs naturels sont tous propices aux cultures vivrières. A l'exception du commerce où les femmes sont majoritaires, les hommes sont les plus représentatifs. De cette conjonction d'éléments naturels et humains, nait une diversité de production qu'il faut mettre en exergue.

    Chapitre 3 : PRODUCTION VIVRIERE DANS LA REGION

    La récolte - parce qu'elle dépend d'une multitude de paramètres qui n'évoluent pas nécessairement selon les mêmes modalités (intensité, durée ou fréquence) - est difficile à mesurer et anticiper. Et si les exploitants eux-mêmes ont parfaitement conscience du climat d'incertitude dans lequel ils évoluent, la sécurité des récoltes et des approvisionnements reste souvent un objectif difficile à atteindre.

    3.1. Historique des potentialités

    Jadis, affirment les vieux, << l'homme Bakwé ne consacrait guère plus de 15 jours de l'année à l'agriculture : la chasse et la cueillette constituaient les fondements de son univers économique ». Aujourd'hui, l'activité agricole occupe à << plein temps >> l'ensemble de la population en âge de travailler. Une activité articulée à la fois sur les cultures vivrières, à finalité de satisfaction des besoins alimentaires quotidiens et sur les cultures de rentes à finalité d'accès à un revenu monétaire. L'économie de chasse et de cueillette ancienne sera présentée avant d'évoquer les grands traits de l'économie agricole nouvelle.

    3.1.1. Une économie traditionnelle de chasses et de cueillettes

    La chasse était autrefois l'activité la plus importante de l'homme Bakwé. Une activité dont les finalités étaient multiples et difficilement dissociables, tant sa pratique s'identifiait à un phénomène social total par la diversité des significations qu'elle impliquait. Aller à la chasse, la terminologie est explicite, c'était, en premier lieu, «aller dans la forét» c'est-à-dire affilier une présence dans un espace, marquer une emprise sur un milieu, contrôler un environnement à défaut de le maîtriser (Schwartz 1979b, p 67). Aller à la chasse, c'était, en second lieu, lancer un défi à une nature hostile, aller sciemment au-devant de quelque chose de dangereux; Aller à la chasse, c'était enfin également remplir une fonction économique : les défenses d'ivoire entraient dans la composition de la dot et était un signe sublime de richesse (Schwartz 1993, p 86).

    La cueillette - collecte de produits à la fois végétaux et animaux sans intervention de techniques spécialement élaborées, a laquelle nous ajoutons la pêche - était par contre une activité féminine. Tubercules et agrumes sauvages, feuilles, graines, fruits, escargots, larves de chenilles... étaient ramassés par les femmes de manière quotidienne et constituaient la base de l'alimentation. La péche était pratiquée quand la viande de << brousse >> faisait défaut. Les activités de chasse et de cueillette étaient complétées par une très subsidiaire activité de produc-

    tion agricole, axée sur la culture du riz. C'est à l'abattage des arbres de la parcelle destinée à recevoir cette culture que l'homme consacrait les 15 jours annuels de travail. Le reste des autres opérations, y compris la récolte, incombaient à la femme. Une telle économie, pour se reproduire, avait de toute évidence besoin de beaucoup d'espace. Par le biais de la chasse, l'univers de vie quotidien du Bakwé s'étendait à des dizaines de kilomètres de son village de base. Ce mode de vie n'était reproductible que dans un contexte à la fois d'espace abondant et de mobilité des hommes permanente.

    3.1.2. Une économie moderne d'agriculteurs-planteurs

    La mise en place de l'appareil colonial va mettre fin à l'économie Bakwé traditionnelle. L'une des conditions indispensables à la reproduction de celle-ci, la mobilité spatiale, était totalement incompatible avec la politique de stabilisation, voire de regroupement, des populations que l'autorité nouvelle entreprit de promouvoir avec vigueur dans cette région. La généralisation de la crise actuelle et la durée de plus en plus prolongée entre la période d'inactivité avant un éventuel recrutement poussent les acteurs sociaux (les jeunes surtout) à développer de nouvelles stratégies. La capacité des acteurs des secteurs libéraux à résister ont convaincu les jeunes de la précarité de l'emploi salarié. Dans cette logique, ce qu'il est convenu d'appeler la débrouille permet aux compressés, aux diplômés sans emplois et notamment à la population féminine « de gagner un peu d'argent ». Ceux-ci par leur arrivée accentuent le caractère marchand des activités agricoles et y apportent une certaine modernisation issue de leur éducation scolaire.

    De plus, les petits producteurs de vivriers doivent composer avec deux aléas : une diminution progressive du volume annuel des précipitations comme l'atteste les Figures 2.12 et 2.13 des stations de Gagnoa et de Tabou, et la grande variabilité de leur répartition inter et intraannuelle. On y observe ainsi, d'une année à l'autre, d'importants écarts par rapport à la nor-male et des fluctuations temporelles non négligeables dans le démarrage de la saison des pluies. Il est, par conséquent, très difficile, pour le producteur vivrier de prévoir la date optimale des premiers semis. De même, la répétition et la durée du creux pluviométrique entre les deux saisons pluvieuses constituent une autre source d'incertitude puisque ce phénomène intervient en pleine maturation des deux principales cultures locales, l'igname et le manioc.

    3.2. Nature et niveau de production vivrière

    3.2.1. Nature des produits vivriers

    Les cultures vivrières sont nombreuses en Côte d'Ivoire. On les classe souvent en cinq groupes. Ainsi, à partir des données de l'A.N.A.D.E.R. et ceux de l'O.C.P.V..9, nous classons ces produits de la façon suivante :

    -Les céréales sont des plantes cultivées pour leurs graines comestibles. Leurs grains sont très riches en « sucres lents » (glucides complexes) : ils en renferment entre 60 et 85 %. On les mange soit cuits directement, soit broyés en farine (farine de blé, d'orge, de riz, etc.) avant d'être transformés en pains, en galettes ou en pâtes. Les céréales les plus cultivées sont le blé, le riz, le maïs.

    -Par féculents, il faut voir les aliments qui contiennent de la fécule10 qui est une substance blanche et farineuse composée d'amidon. C'est pourquoi nous considérons comme féculents : les racines (patates), les tubercules (igname, taro) et la banane plantain ;

    -Les oléagineux, plantes dont les graines ou les fruits sont riches en corps gras. Les oléagineux se rencontrent dans les régions tropicales, c'est le cas de l'arachide, du palmier à huile, du cocotier, la pistache, le akpis et dans les pays tempérés, soja, tournesol.

    - Les cultures maraîchères : la tomate, l'aubergine, le gombo, le piment, le concombre... et certains condiments enfin qui entrent, à des titres divers, dans la préparation des sauces accompagnant les aliments de base.

    Il convient de souligner combien cette liste est relative et est propre aux vivriers rencontrés dans la région de Méagui. Le tableau qui suit donne un aperçu de spéculations vivrières selon l'A.N.A.D.E.R. les exploitants pratiques la polyculture et donc sont dans le decompte des paysans qui ont des feculents et ceux qui ont des fruits par exemple. Il est donc difficle de vouloir mesure une quelconque productivité.

    En termes de proportion, les fruits (25%) et les céréales (21%) ont presque les mêmes proportions dans l'intensité de cultures. Les féculents dominent (41%) avec deux fois plus de portions que les fruits ou les céréales. On est dans une région qui est favorable à leurs cultures. Les légumes (3%) sont en proportions très faibles certainement à cause de ce que les plaines et les bas-fonds propices à leurs cultures ont été utilisés à des fins rizicoles.

    9 Les résultats de ces observations ont été confirmés par la consultation des certificats de provenance établis par l'O.C.P.V.

    10 Dictionnaire Petit Robert 2009

    Tableau 3.1 : Superficies des spéculations par nombres d'exploitants et par production

    SPECULATIONS Superficie (Ha) Nombre d'exploitants Production(T)

    FECULENTS

    Banane plantain

    1212,00

    134,00

    79

    Igname

    3729,20

    415,00

    299

    Patate

    153,00

    223,00

    27

    Manioc

    291,30

    576,00

    256

    Total féculents

    5385,50

    1348,00

    661,00

    CEREALES

    Riz de bas-fond

    324,00

    69,00

    67,32

    Riz de plateau

    103,40

    12,00

    12,00

    Riz irrigué

    381,00

    45,00

    41,12

    Maïs

    1937,50

    497,00

    198,30

    Total céréales

    2745,90

    623,00

    318,74

    LEGUMES

    Aubergine longue violette

    78,00

    231,00

    Non Défini

    Aubergine

    90,00

    113,00

    34,00

    Piment

    321,30

    26,00

    13,00

    Courgette

    121,10

    33,00

    Non Défini

    Chou

    99,20

    42,00

    55,80

    Tomate

    259,20

    94,00

    13,00

    Concombre

    189,70

    56,00

    11,00

    Gombo

    176,34

    69,00

    9,00

    Total légumes

    1334,84

    664,00

    135,80

    OLEAGINEUX

    Graine

    87,70

    15,00

    Non Défini

    Coco

    23,40

    12,00

    Non Défini

    Arachide

    294,20

    88,00

    112,40

    Total oléagineux

    405,30

    115,00

    112,40

    FRUITS

    Papaye solo

    67,20

    21,00

    22,70

    Mangue

    679,70

    34,00

    32,10

    Orange

    2370,00

    127,00

    Non Défini

    Citron

    189,00

    45,00

    6,00

    Gingembre

    29,70

    11,00

    3,00

    Total fruits

    3335,60

    238,00

    63,80

    (Source : A.N.A.D.E.R., Septembre 2009)

    3.2.2. Production vivrière à Méagui

    La mise en valeur de l'exploitation est relativement et uniformément dominée par les vergers de cacaoyers et de caféiers. Mais les planteurs doivent aussi assurer leurs autonomies alimentaire pour cela, ils associent productions vivrières et plantations arbustives. La première année sur défriches forestières, ils plantent d'abord les espèces vivrières comme les féculents qui serviront d'ombrage aux jeunes arbustes mis en terre par la suite. Chez le Baoulé d'Oupoyo et Gnititouagui 2, l'igname vient presque toujours en tête d'assolement : 77,4 % des surfaces semées ou plantées l'année du défrichement le sont en igname, contre 21 % en d'autres vivriers et 1,6 % en arbustifs. D'après nos enquêtes portant sur les exploitations, quatre types de

    production sont particulièrement vendues : la banane plantain, l'igname « tardive », le manioc et les fruits (oranges et avocats). Viennent ensuite le riz et le maïs.

    En fonction des groupes ethniques en place, on peut distinguer une spécialisation. Les Baoulé sont les principaux vendeurs d'igname dont ils sont également gros consommateurs et qu'ils plantent systématiquement en première année sur défriche avant les cacaoyers. Les allochtones (les Baoulé en grande partie, 67%) mettent en semence des quantités non négligeables de manioc et de maïs plantés en général après le riz, sur la même parcelle. Les Dioula et les Burkinabé commercialisent le riz et le maïs dont ils sont consommateurs. Ils font des champs séparés des plantations arbustives. Un fait remarquable surtout à Méagui est la sous utilisation des bas-fonds pour la culture du riz. Les dépenses à effectuer dans le riz jusqu'à sa récolte est plus élevée que l'achat du riz importé est la principale raison évoquée par les Bakwé et Baoulé propriétaire de bas-fonds. Selon un agent de l'A.N.A.D.E.R., « cette pratique n'est pas dans leurs habitudes culturales et alimentaires ». Il poursuit pour dire que ce sont les Bété de Soubré qui s'intéressent à ces bas-fonds. Des propriétaires de champs leur loués des parcelles. Il explique que la location se fait tout de même dans une proportion encore très faible. A cela, il faut dire qu'en ce qui concerne le vivrier, les ressortissants de la C.E.D.E.A.O ont de terres qu'ils louent ou échangent, ce qui leur permet de développer le riz (pluvial, irrigué et de plateau). De plus comme la majorité de leurs progénitures fréquente l'école coranique, ils servent pour la plupart comme main d'oeuvre dans les bas fonds à proximité et à l'intérieur des localités. Outre tous ces aspects, ils détiennent 89% des unités de décorticages visités dans l'ensemble des cinq (5) localités d'étude. On comprend donc qu'ils contrôlent la filière des céréales.

    Figure 3.2 : Volume de production des spéculations par superficies et par exploitants (Source : C.N.R.A., Mars 2010)

    La principale plante utilisée sur les défriches forestières est le bananier. Toutefois, si la banane plantain est la production la plus répandue, l'agriculture vivrière est d'abord une poly-culture. A côté de la banane, beaucoup d'autres espèces sont cultivées, par les agriculteurs euxmêmes et surtout par les femmes qui plantent de denrées comme le gombo, le piment, la to-mate qu'elles commercialisent ensuite. En outre, dans de nombreuses parties de la région (Gnititouagui 2), les sols paraissent peu favorables à la banane qui ne produit correctement que la première année. Sur les parcelles sont presque toujours associées ignames précoces et tar-dives, ignames de savane et de forêt. L'association la plus fréquente est le << lokpa >> et le << bete-bete >>. La présence de l'igname précoce « lokpa » s'explique par la préférence alimentaire que lui porte les Baoulé, mais aussi parce qu'elle offre l'avantage de donner deux récoltes, l'une en septembre pour la consommation, l'autre en décembre, utilisée le plus souvent comme plant pour l'année suivante et pour les fetes. De plus, elle est immédiatement consommable, alors que le << bete-bete >>, par exemple, doit sécher plusieurs mois sur claie pour acquérir la fermeté souhaitée. La culture de plusieurs variétés montre la prudence des paysans face à un milieu qu'ils ont conscience de mal maîtriser : les ignames réussissent inégalement selon les sols, et les variétés permettent d'étaler la récolte et de limiter les risques d'échec. Enfin, l'igname permet d'accueillir des arbustifs (cacao ou hévéa) dès le mois d'avril, alors qu'il faut attendre la récolte (septembre) pour disposer librement d'un terrain semé de riz par exemple. L'association banane-patate est fondamentale. Elle est le plus souvent plantée dès la première année, en association avec l'igname sur 86,6 % des surfaces selon un agent de l'A.N.A.D.E.R. Avec 61,5 % des surfaces vivrières des plantations, elle permet en association avec la patate d'assurer une aide alimentaire aux élèves11 pendant les périodes des petits congés. L'igname pénètre la forét, avec des rendements équivalents (buttes plus espacées mais plus productives), partout où il y a des paysans baoulé, qu'ils constituent le fond autochtone du peuplement, comme dans la région de (...) de Soubré (Haeringer 1972, p 204)

    Le manioc, en plantation spécifique et unique est modeste (33 ha) et ne couvre que 34,2 % de la superficie vivrière annuelle. Deux grands types existent dont << le manioc de Bonoua >> pour la consommation directe et << le manioc Blanc >> qui est transformé en attiéké12,

    11 Cela concerne surtout les élèves qui louent des maisons et qui font la navette entre le village et leurs lieux de fréquentation.

    12 Sorte de couscous de manioc. Le manioc est épluché, lave à plusieurs eaux, réduit en farine, presse (après ajout d'une petite quantité d'huile et de manioc fermenté, le magnan), séché, vanné et cuit à la vapeur dans un canari ou un couscoussier.

    placali13 avant utilisation. Il est toujours en association avec une autre culture à cause de son utilisation comme culture de soudure sur le plan nutritionnel et financier. Il est présent toute l'année et indifféremment planté par tous les agriculteurs. Le manioc a pris de l'importance dans l'alimentation et est consommé sous différentes formes nourriture et médecine.

    Dans toutes les zones, le riz (surtout le riz pluvial) occupe une place importante au niveau des cultures vivrières, car c'est souvent l'aliment de base de ces différentes populations. Le choix du riz comme culture principale d'appoint dépend aussi de la présence de nombreux bas-fonds, des possibilités d'extension de la plantation (alternative aux blocages fonciers) et des disponibilités en main-d'oeuvre pour la confection des buttes. Le maïs (3,9 % de la superficie vivrière annuelle) est présent en culture pure, mais on le trouve fréquemment en association avec l'igname dans 63% des cas. Les ventes sont faibles à Méagui car la majeure partie de la production est autoconsommée. Le riz importé étant plus cher, les planteurs préfèrent garder leurs productions en les conservant dans des greniers aménagés initialement pour l'igname et le maïs, mais aussi pour le riz. Mais actuellement les planteurs commencent à multiplier les champs de riz dans les bas-fonds. En dépit de cela, cette riziculture de bas-fonds n'a pas la même importance partout. Le problème est de savoir comment développer cette forme de riziculture dans les différents villages.

    Légumes et cultures maraîchères, très variés, sont, comme en pays baoulé, présents dans toutes les associations culturales. Servant à confectionner les sauces, ils peuvent être aussi vendus. Les superficies qui y sont consacrées sont très modestes sauf pour la tomate. A en juger par le Figure 3.2, ils sont tous dans des proportions semblables et la culture de l'un n'est pas privilégier par rapport à celui de l'autre. Une lecture des données du C.N.R.A. fait constater que l'aubergine malgré la non-utilisation des produits phytosanitaires a une productivité plus élevée. Le maïs est aussi la seule culture alimentaire importante à couvrir l'ensemble du territoire ivoirien, sans qu'il soit besoin, pour l'affirmer, de prendre en compte l'apport des mouvements migratoires actuels (Haeringer 1972, p 206). Toute ethnie la pratique.

    Les fruits sont en quantité et en qualité diverses en témoignent les agents du C.N.R.A.. C'est surtout dans la zone entre Soubré et Méagui dans les campements des localités d'Oupoyo et de Robert porte qu'on peut observer des champs de 3 à 5 ha associant orangers et

    13 Pate molle de manioc, obtenue après grillage des racines, épluchage, fermentation et enfin pilage.

    avocatiers14. D'autres combinaisons comme légumes (tomates, aubergines, gombos...) et fruits (mandarine, orange avocat ...), les premiers étant à l'ombre des seconds existent. De plus en ce qui concerne les éléments nutritifs, il y a une certaine compensation ou complémentarité comme les avocatiers qui puisent le trop d'eau nuisible aux tomates.

    Par rapport à l'espace utilisé de l'exploitation, les superficies vivrières diminuent avec les années. Si, pendant les trois premières années de mise en valeur la plantation est vivrière à 100 %, une plantation de 7 ans a, en moyenne, 38,5 % de sa surface en vivriers et une plantation de 12 ans, 21,9 % selon des parcelles témoins de l'A.N.A.D.E.R.

    3.3. Evolution et nouvelles tendances

    Pendant la phase pionnière d'économie de plantation, les cultures vivrières et les caféiers et cacaoyers sont co-plantés après le défrichement de la forêt ; deux ou trois années plus tard, les cultures vivrières laissent la place aux seuls caféiers ou cacaoyers. La production vivrière est alors gênée par l'extension progressive des plantations. Lorsque la forêt a disparu (blocage de l'extension des plantations), les planteurs commencent à pratiquer un système vivrier à jachère, soit sur une parcelle de forêt noire préservé à cette fin, soit après l'abattage de plantations de-venues improductives. La reconversion de l'économie agricole villageoise conduit à une diversification des formes d'insertion des cultures vivrières dans les systèmes de culture, du fait soit d'une association (temporaire) ou d'une succession cultures vivrières - nouvelles plantations, soit d'un maintien du système à jachère. L'évolution n'a pas concerne uniquement les modalités de l'insertion des cultures vivrières dans le terroir villageois ; les cultures pratiquées ont également varié dans le temps. A l'époque pionnière, le bananier plantain, l'igname et le taro étaient les principales cultures d'autoconsommation, donnant également lieu à des ventes ; le manioc - variété amère - plante à faible densité dans la parcelle d'igname était destiné uniquement à la consommation familiale.

    14 Selon les agents du C.N.R.A., cette zone couvre 27% des superficies cultivables, proportion qui est la plus importante parmi les surfaces en cultures.

    Photo 3.1 et 3.2 : Associations Igname-Maïs (dans un champ) et Riz-Banane Plantain (dans un bas fonds) (Source : DAGOU, 2009)

    Comme on peut le voir sur la photo 3.1, les associations de cultures sont courantes pour palier les mauvais rendements mais aussi pour juguler le contraste entre augmentation des individus à nourrir et saturation foncière. Ici on voit sur un même espace mais manioc (en arrière plan), ignames en buttes manioc récolté et attente d'être planté. Cette prise de vue date du 11 juin 2009 à 6h47 où le paysan rencontré nous confie qu'étant polygame et n'ayant plus de terres, chacune de ses femmes veut avoir une culture qui lui est propre. Pour lui, c'est donc la polygamie et le manque de terres qui sont les raisons de la compétition spatiale entre les cultures. La fin des défrichements sur forêt a conduit à une forte réduction du bananier et du taro, cultures devenues marginales. La culture de l'igname continue à être pratiquée mais avec des résultats qui, selon les planteurs, sont moins bons qu'à l'origine. La photo 3.2 montre aussi une association de maïs-banane plantain et du riz dans un bas-fond. En faite on peut donc associer et c'est d'ailleurs ce qui est courant, le maïs avec tous types de cultures. On comprend pourquoi l'utilisation d'engrais s'intensifie chez ceux qui la pratique en culture pure.

    L'introduction d'une variété de manioc doux (le Bonoua rouge) a présenté dans ce contexte un double avantage. D'une part, cette variété plus productive et plus appréciée que la variété amère a permis de pallier la réduction des productions vivrières traditionnelles d'autoconsommation. D'autre part, il s'agit d'une production pour laquelle existe une demande des centres urbains proches (Soubré, San Pedro) et présentant de nombreux avantages culturaux, ce qui a favorise son développement comme culture commercialisée. Quatre cultures vivrières dominent actuellement, spatialement et économiquement : le manioc, l'igname, le maïs et la patate douce. On distingue deux principaux systèmes vivriers culturaux : un système maïsmanioc-jachère et un système igname-manioc-jachère, la culture de la patate douce pouvant

    venir se greffer sur ces systèmes. 72 % des producteurs-propriétaires fonciers pratiquent le système igname-manioc-jachère, contre 28 % seulement des producteurs sans terre. Que l'igname soit peu cultivée par les producteurs sans terre, s'explique par la conjugaison de plusieurs facteurs.... La durée minimale de jachère de trois années que requiert, selon les producteurs, la culture de l'igname, représente une contrainte certaine dans contexte de pénurie de terre. Les producteurs-propriétaires fonciers non «bloqués» peuvent assurer une durée de jachère suffisante pour une production d'igname, même médiocre, alors que lorsque la parcelle est louée, la jachère peut avoir été d'une duré bien inferieure. Par contre le manioc, la patate douce et le maïs peuvent être plantés sur une jachère de courte durée.

    Tableau 3.2 : Comparaison des productions vivrières par localités

    PRODUITS VIVRIERS

    MEAGUI

    OUPOYO

    GNITITOUAGUI 2

    ROBERT-PORTE

    TOUAGUI 2

    TOTAUX PAR PRODUITS

    TONNAGES

    TONNAGES

    TONNAGES

    TONNAGES

    TONNAGES

    IGNAME

    10070

    31,13%

    5070

    15,67%

    9070

    28,04%

    2070

    6,40%

    6070

    18,76%

    32350

    11,36%

    BANANE PLANTAIN

    9620

    29,88%

    6620

    20,56%

    6720

    20,87%

    3620

    11,24%

    5620

    17,45%

    32200

    11,31%

    MANIOC

    7970

    28,62%

    2970

    10,66%

    8970

    32,21%

    2970

    10,66%

    4970

    17,85%

    27850

    9,78%

    RIZ

    12270 52,55%

    3270

    14,00%

    3270

    14,00%

    3270

    14,00%

    1270

    5,44%

    23350

    8,20%

    MAIS

    6140 38,86%

    1140

    7,22%

    5190

    32,85%

    2190

    13,86%

    1140

    7,22%

    15800

    5,55%

    ARACHIDE

    2500

    21,74%

    1500

    13,04%

    3500

    30,43%

    3500

    30,43%

    500

    4,35%

    11500

    4,04%

    GRAINE

    1820

    17,06%

    2220

    20,81%

    2820

    26,43%

    2990

    28,02%

    820

    7,69%

    10670

    3,75%

    AVOCAT

    1800

    8,45%

    5800

    27,23%

    5100

    23,94%

    7800

    36,62%

    800

    3,76%

    21300

    7,48%

    MANDARINE

    1300

    6,63%

    4900

    25,00%

    4200

    21,43%

    8700

    44,39%

    500

    2,55%

    19600

    6,88%

    ORANGE

    4200

    17,50%

    7200

    30,00%

    2200

    9,17%

    9200

    38,33%

    1200

    5,00%

    24000

    8,43%

    GOMBO

    1200

    5,72%

    4120

    19,63%

    1200

    5,72%

    6200

    29,54%

    8270

    39,40%

    20990

    7,37%

    OIGNON

    2230

    21,97%

    230

    2,27%

    230

    2,27%

    5230

    51,53%

    2230

    21,97%

    10150

    3,56%

    PIMENT

    1200

    6,93%

    1770

    10,23%

    1570

    9,07%

    8570

    49,51%

    4200

    24,26%

    17310

    6,08%

    TOMATE

    2222

    12,55%

    2120

    11,98%

    2120

    11,98%

    5120

    28,92%

    6120

    34,57%

    17702

    6,22%

    64542 48930

    56160 71430 43710 284772 100,00%

    Source : O.C.P.V, Mars 2010

    SOn peut voir une specialisation des localités : Pour les féculents, Méagui (Igname : 31,13%)

    Gnitouagui 2 (Banane plantain : 28,04%) et Touagui 2 (Manioc : 18,76%) ; Pour les céréales, 8% 0 20 36 1 %

    Méagui (Riz : 52,55% et Mais : 38,86%) ; Pour les oléagineux, Gnititouagui 2 (Arachide : 30,43%), Robert-Porte (Arachide : 30,43% et Graine : 28,02%) ; Pour les fruits, Robert-Porte 722% 15800 555%

    (Avocat : 36,62%, Mandarine 44,39% et Orange : 38,33%) ; Pour les cultures maraichères 0 8 %

    Touagui 2 (Gombo : 39,40% et Tomate : 34,57%), Robert-Porte (Oignon : 51,53%, Piment : , ,% , %

    49,51% et Tomate : 28,92%). Il est vrai que dans ce tableau, nous avons mis en exergue les 900 3833% 1200 500% 2000 8e3%
    cultures les plus importantes dans les villages d'études. Le riz est une culture jeune, qui pro-

    gresse rapidement dans le cadre de l'autoconsommation paysanne mais aussi dans celui de 1% 20 1 2% 2 ,5% 0 %l'approvisionnement urbain. Pour l'igname aussi, de gros débouchés urbains, mais ces besoins

    64542 48930 5610 1430 43710 284772 10000%

    sont trop aisément couverts pour bouleverser les cadres de production. Le seul accident dans la

    géographie de l'igname n'est pas l'expression d'un dynamisme propre à l'igname, mais celle d'un phénomène démographique : les migrations Baoulé (Haeringer 1972, p 207). Le maïs est un appoint partout apprécié et s'associe sans problème à toute culture de même que le manioc. Toutefois, il est à remarquer un nivellement de l'intensité de ces cultures. Cela est dû à la compétition spatiale et aux habitudes alimentaires qui tendent à se porter vers les tubercules et les céréales, en particulier le manioc et le riz.

    Conclusion du Chapitre 3

    D'une agriculture de chasse et de cueillette, l'activité des cultures vivrières est devenue une occupation à part entière. Les paysans sont passés d'une monoculture à une polyculture dans toutes les localités. Créant ainsi une micro spécialisation des espaces de production. A cela il faut ajouter le fait que toutes les associations culturales sont essayées même dans les bas fonds. Ce qui montre que chaque lopin de terre est poussé au maximum de son exploitation. On constat donc que la production vivrière est présente. Selon qu'une part sert à l'autoconsommation ou pour la commercialisation, la mise à disponibilité se fait par les marchés. On y distingue des marchés ruraux et un marché urbain, celui de Méagui. Le fonctionnement et les rapports entre ces marchés seront étudiés.

    CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

    Le mode de peuplement de la région de Méagui constitue un potentiel majeur dans sa réussite agricole. De la diversité des provenances et du truchement de la rencontre entre ces peuples est né une région où les cultures vivrières ce sont développées. Igname et manioc ont été amenés incontestablement par les Baoulé du fait de leurs habitudes alimentaires puis adoptés par les Burkinabés et Maliens mais aussi par les autochtones Bakwé. Avec la fragilité de la culture et la rentabilité aléatoire des maraichers, les paysans immigrants du Nord se sont orientés vers les céréales et les fruits. En croisant les données du CNRA ; de l'ANADER et de l'OCPV, on a une riche production et une micro spécialisation dans la région. Céréales pour Méagui ; Féculents pour Gnititougui 2 , Touagui 2 et Méagui ; Fruits pour Robert-Porte et Oupoyo ; Oléagineux pour Robert-Porte et Gnititouagui 2 et Maraicher pour Touagui 2 et Oupoyo. Sur celle--ci se calque aussi les ethnies qui sont Baoulé - Féculents ; Burkinabé - Céréales et Fruits. En rapport avec la population des localités par ethnies et par nationalité, on retient que plus une population domine dans une localité, plus sa culture propre y prédomine. Cependant, il faut préciser que les céréales ne font l'objet de spéculations à cause de l'augmentation du prix du riz importés. Ce qui valide la première hypothèse de travail qui suggère que les féculents et les fruits sont les principales denrées produites dans le bassin vivrier de Méagui.

    Ces populations immigrantes ont su très tôt bâtir de grands champs et rendre ces cultures spéculatives au point de chercher de nouveau marché vers les zones de grandes consommations. Après la production de ces denrées, différents acteurs seront à l'oeuvre pour leurs acheminement jusqu'aux consommateurs finaux. Cette deuxième partie se consacre à l'étude des relations qu'ils entretiennent.

    2ème Partie

    ORGANISATION DES ACTEURS AUTOUR DE LA
    PRODUCTION VIVRIERE DANS LA REGION DE MEAGUI

    Dans le cas du développement rural, Olivier de Sardan (2008, p 3) identifie les principaux acteurs du développement: paysans de statuts divers, jeunes sans emplois, notables ruraux, agents de développement, représentants locaux de l'administration, membre d'ONG, experts de passage, ... Pour notre analyse, nous pourrions rajouter : les commerçants, les banquiers, les universitaires (qui constituent une part non négligeable des "experts de passage").

    Pour obtenir cette disponibilité de produits vivriers montrés dans la première partie, les paysans mettent en jeu leurs forces de travail. Elle peut être issue de sa famille ou non familiale avec pour but d'entretenir l'exploitation. A cette main d'oeuvre, les producteurs associent des moyens phytosanitaires (Chapitre 4). Ces produits sont convoyés sur les marchés de la région grâce aux transports (Chapitre 5). Après la récolte, un acteur central, le grossiste met en jeu le système de distribution entre le paysan et le consommateur final (Chapitre 6). Toute fois, cette vue brève et simpliste n'occultera pas les relations directes qui ont cours.

    Chapitre 4 : PRODUCTEURS ET L'ENTRETIEN DES EXPLOITATIONS

    Les hommes ont développé plusieurs types d'activités liées au travail de la terre. Ces activités sont le labour du sol, la préparation du lit de semence, l'ensemencement, la fertilisation et la lutte contre les parasites des plantes. L'ensemble de ces activités est effectué par l'utilisation de la main d'oeuvre familiale ou salariée. D'une année à l'autre, l'utilisation de manoeuvres rémunérées est variable et dépend, en plus des possibilités de main-d'oeuvre familiale, des prévisions de récolte, donc des conditions climatiques de la saison. Dans les grandes plantations, la main-d'oeuvre familiale est insuffisante et le chef d'exploitation doit impérativement faire appel à une main-d'oeuvre rémunérée. Il le fait d'autant plus volontiers que ses possibilités financières sont importantes. Les petits planteurs, modestes défricheurs, n'ont pas autant de facilités : la main d'oeuvre familiale disponible est encore largement l'assurance de la bonne marche et de la croissance de l'exploitation.

    4.1. Les producteurs et la main-d'oeuvre familiale

    Toutes les exploitations utilisent naturellement la main-d'oeuvre familiale pour le nettoyage des parcelles. Leur part est d'ailleurs sous-estimée dans la mesure où la main-d'oeuvre familiale accompagne souvent les travaux des six-mois sur la plantation, et aussi parce que le chef d'exploitation peut disposer temporairement de main-d'oeuvre supplémentaire. La maind'oeuvre familiale comprend outre l'(les) épouse(s) du chef d'exploitation, ses enfants actifs, des aides familiaux diversement apparentés (ou alliés), éventuellement des parents de même génération ou non. Selon nos enquêtes, le nombre moyen de résidents par exploitation est de 7 personnes et le nombre moyen d'actifs de 4. Les exploitations sont cependant de taille très variable : elles vont de 1 à 17 résidents et de 1 à 10 actifs en général. Elle peut comporter des actifs temporaires «prêtés » par les familles de départ pour une tâche particulière : notamment des neveux (utérins ou non) surtout à l'époque de la récolte ou pour l'entretien. En réalité, les enfants inactifs de 10-14 ans jouent un rôle d'appoint non négligeable, notamment en période de vacances scolaires. Mais d'autres investigations montrent que la proximité de la ville de fréquentation comme Méagui et Touagui 2 par exemple offre la possibilité de faire un tour en week-end chez les parents soit pour une aide au champ ou un apport financier. En période d'abondance ou de récolte, ils sont occupés par les études scolaires mais sont très utiles pendant les vacances. Souvent, certains parents viennent chercher leurs fils à l'école ou au collège pour superviser une vente ou une affaire qui nécessite lecture et écriture. Ce qui nous fait dire que l'utilisation de cette main d'oeuvre est beaucoup dépendante du niveau d'instruction du chef d'exploitation.

    L'utilisation de main-d'oeuvre familiale dépend en partie aussi du rapport surface à entretenir/nombre d'actifs de l'exploitation. Il est normal qu'un planteur disposant de nombreux actifs familiaux les utilise de préférence à des salariés. Ce sont effectivement les planteurs qui ont la superficie à entretenir par actif la plus faible qui utilise le plus cette main-d'oeuvre familiale. Vingt-sept planteurs de Touagui 2, avec en moyenne 2,8 ha à entretenir par actif (Vivrier et arbustifs confondus; actifs masculins et féminins confondus), ont fait appel à cette maind'oeuvre pour au moins 75 % de leur superficie à nettoyer et quatorze planteurs à Gnititouagui 2 avec en moyenne 2,76 ha par actif sur 50 à 75 % de leur superficie. Parmi les actifs familiaux, signalons l'importance particulière de la main d'oeuvre féminine, et notamment des épouses des chefs d'exploitation. C'est sur elle que repose l'entretien de la plupart des parcelles vivrières, les planteurs qui disposent de deux épouses ou davantage ont tendance à faire de grands défrichements, puisque chaque épouse aura la responsabilité d'une parcelle plantée en ignames ; ils ont aussi de meilleures possibilités d'entretien. De la très grande diversité des situations on peut retenir trois constantes selon Isabelle Droy (1990, p 29) : la contribution des femmes aux travaux agricoles est importante et parfois supérieure à celle des hommes, les tâches domestiques qui mobilisent beaucoup de temps et d'énergie et elles ont pour principal objectif de trouver une source de revenu pour faire face aux obligations familiales. A l'opposé, les planteurs ayant un déficit relatif en main-d'oeuvre familiale comme les monogames (32%) et les célibataires (18%) n'ont pu utiliser celle-ci que sur des surfaces limitées. Il y a naturellement des exceptions, certains font venir pendant les périodes de récoltes ou de semences leurs parentés (cousins nièces neveux...) pour une aide ponctuelle. A Robert-porte et Oupoyo, 27% des planteurs rencontrés leurs font faire un petit métier pour justifier un temps soit peu leurs déplacements et après cela ils repartent. Mais dans l'ensemble, on peut dire que l'utilisation de main-d'oeuvre familiale décroît avec l'importance des défrichements effectués, ce que confirment les planteurs en situant l'obligation de prendre des salariés au-delà de 4 ha.

    On retrouve à Méagui presque uniquement des contractuelles sur les petites plantations car même en se livrant à d'autres activités (couture, cordonnerie, maçonnerie,...), certaines personnes veulent conservées leurs parcelles en exploitations. Cette forme de contrat verbal se rencontre seulement entre parents car il est plus lié à un effet de solidarité qu'a une rémunération. Il a pour but d'éviter une expropriation pour non mise en valeur de la terre ou acheter des produits qu'on peut cultiver.

    4.2. Les producteurs et la main-d'oeuvre étrangère

    La structure de la main d'oeuvre agricole non familiale varie en fonction de la taille des exploi-
    tations. Dans nos enquêtes, la personnalisation des rapports (84%) est apparue comme

    l'élément directeur des relations entre acheteurs et vendeurs de la main d'oeuvre mais aussi entre propriétaire terriens et ceux qui n'en disposent pas.

    L'utilisation du terme << rémunéré » ou << salarié » implique que la main d'oeuvre ainsi qualifiée soit libre, en mesure d'accepter ou de refuser les conditions et le salaire que lui offre l'employeur. De plus le salaire peut être de l'argent ou des produits de récoltes. Le travail peut se vendre sous plusieurs formes : L'« abugnan » consiste en un partage à parité de la récolte : une moitié pour le planteur, l'autre moitié pour la ou les parties bénéficiaires ; L' << abusan » est divisé selon d'autres proportions : deux tiers pour le chef d'exploitation, un tiers pour l'équipe de manoeuvres.

    - L'<< abugnan » est attribué par un planteur autant à de proches parents pour les récompenser de leur zèle au travail qu'à une équipe de manoeuvres qui se consacrent à la culture du café, considérée comme plus pénible que celle du cacao. Il chevauche donc la frontière entre cellule familiale et cellule non familiale au sein de l'unité de production. Il se fonde sur une personnalisation des relations de travail. Dans cette logique, le chef d'exploitation engage souvent des manoeuvres individuels pour une période qui dure en gros six mois, c'est pour cela que dans la littérature ils sont appelés les << Six-mois ». Ces manoeuvres sont payés forfaitairement en fonction du nombre de mois pendant lequel ils ont travaillé. Ce paiement en nature n'intervient le plus souvent qu'après la vente. Les nettoyages effectués par les << six mois » concernent d'abord les arbustifs. Quelques parcelles (11% à Gnitouagui 2) de vivriers ont cependant été entretenues par des six-mois, bien que ce soit la main-d'oeuvre familiale - femmes et filles surtout - qui en ait la charge. Les grands planteurs, dont les parcelles les plus anciennes sont au plus fort de leur production, utilisent aussi volontiers des six-mois, mais peuvent faire face, une année, à un besoin exceptionnel de main-d'oeuvre en engageant, plus facilement que les petits planteurs, des <<contrats ». Ceux-ci sont utilisés dans les travaux d'entretien. Ce sont les «six-mois » qui sont le plus utilisés (50,96% dans la région) car les avantages de la main-d'oeuvre de six-mois sont connus, tant pour l'utilisateur que pour le manoeuvre. Le planteur, parce qu'il dispose d'une main-d'oeuvre jeune, docile, d'une grande souplesse d'utilisation puisque le six-mois peut être conduit à effectuer tous les types de travaux (y compris les défrichements) ; le six-mois, parce que, hormis le fait de gagner de l'argent, il peut espérer s'insérer dans la société qui l'accueille et obtenir une part de forét qui lui permettra de s'installer à son compte. Certains des << six-mois » rencontrées à Robert-Porte affirment être devenu indépendant grâce à la générosité de ceux qui les employait car en réalités ils sont maintenus dans cet état sans possibilité réelle de sortir de ce cercle. C'est donc une chance pour eux car certains vont jusqu'à user de leur relation pour empécher qu'ils aient de la terre

    méme en location. Contrairement à Gnititouagui 2, ils ont une vision plutôt de cumul d'un certain capital pendant leur période d'activité et de se payer des terres plus loin dans d'autres régions. Quand la superficie de l'unité de production augmente, l'<< abusan » devient le mode de rémunération dominant.

    - Une deuxième catégorie de salariat l'<< abusan », quelques fois qualifiées de métayage correspond au partage au tiers. Ils sont recrutés pendant la période des grands travaux pour nettoyer, entretenir, récolter et nettoyer une dernière fois les plantations. On partage en attribuant le tiers (1/3) de la récolte au manoeuvre et les deux tiers (2/3) au le planteur. Ces proportions varient en fonction de la superficie et du type d'intrants utilisés. Or 23% seulement utilise des herbicides et des pesticides avec des techniques traditionnelles ce qui nous fait penser que le facteur le plus à méme d'influencer ces proportions est la superficie. La formule est avantageuse pour le planteur car elle attache davantage le manoeuvre à la parcelle qu'il est chargé d'entretenir : faire effectuer les deux nettoyages annuels qu'exige la parcelle par un << abusan » permet d'avoir la quasi-certitude d'un travail de qualité, le manoeuvre étant directement intéressé à l'obtention d'un bon rendement. Aussi, ce mode de paiement se généralise dans les villages comme Oupoyo et Robert-Porte. La stratégie est simple. Ce sont le plus sou-vent de jeunes Baoulé en général et quelques autochtones rémunérés soit en argent (le prix est fixé lors de l'engagement) soit en nature (1/3 de la récolte de la ou des parcelles) sur place qui sillonne les parcelles. Or ceux-ci sont membres de << sociétés » qu'ils utilisent pour travailler et accomplir leur contrat. C'est une forme de mains d'oeuvres collectives à but unique.

    - Une troisième catégorie est composée de contractuels, travailleurs rémunérés à la tache (nettoyage ou défrichement), après discussion avec l'employeur. Il s'agit d'une forme très souple d'utilisation de main-d'oeuvre, la plupart du temps étrangère suscité par les cultures des rentes. La période dans ce cas est la journée. Cette forme voilée de << société » fonctionne comme si chacun est un commercial. Dès qu'un contrat est conclu, tous les membres se réunissent pour accomplir la tâche. Ces << sociétés » reposent sur des associations de divers types (groupements de jeunes, de femmes ou de fidèles affiliés à un même culte) et fonctionnent sur la base d'un échange entre les différents membres. Elles sont très minoritaires (quatre à Méagui, un à Oupoyo et 2 à Touagui 2). Cependant, ces << sociétés de travail » sont une bonne affaire pour le planteur, puisque le prix demandé n'est que légèrement supérieur à celui d'un <<contrat » ordinaire et le travail est fait beaucoup plus rapidement. Ces paysans tentent de compenser leurs problèmes d'accès à la main-d'oeuvre par des innovations dans l'organisation du travail. Mais la satisfaction de l'instinct grégaire est apparemment la première raison d'être dans ces groupes plutôt que le plaisir d'être ensemble pour travailler (Maynard 1974, p 46).

    Tableau 4.1 : Les relations de travail en vigueur

    UNITE DE PRODUCTION

    Hors unité de
    production

     

    Cellule familiale

    Cellule non familiale

    RETRIBUTIONS ET REMUNERATIONS

    DONS

    ABUGNAN

    ABUSAN

    TRAVAIL
    A LA
    TACHE

    SALAIRE

    - à la journée
    - au mois
    - à l'année

    Sans con-
    trepartie

    Fonction du
    travail

    Fils
    Neveux

    Manoeuvres

     
     

    La moitié

    La moitié

    Un tiers

    Source : Nos enquêtes, Décembre 2009

    Cette apparente séparation ne doit pas laisser perdre de vue que dans la pratique, ont assiste à une combinaison de ce facteur de production au mieux de ses moyens. Les formes mixtes salarié-familial sont répandues: le premier nettoyage, de Mai à Juillet, est effectué par un manoeuvre, le second, en Octobre, par la famille. La stabilité du salarié est fonction des promesses de l'employeur et des perspectives d'avenir. Une assurance minimale qu'il a, c'est que la concurrence entre les planteurs lui assure des rapports non purement mercantiles mais la satisfaction d'un ultime désir : celui d'accéder à la terre (Gastellu 1979, p 29).

    4.3. L'utilisation de la main-d'oeuvre et des pesticides

    Tous les planteurs n'ont pas été touchés de façon équivalente par la transformation et l'accroissement du coüt de la main-d'oeuvre consécutif à l'épuisement des réserves foncières. Les Bakwé et les Baoulé ont dû faire face à la défection de leurs travailleurs saisonniers « sixmois » pour lesquels l'accès à la terre était la principale motivation. La chute du prix du cacao a ensuite porté un coup fatal au système de recrutement qui fonctionnait depuis la mise en place du front pionnier. Pour les allochtones du nord de la Côte-d'Ivoire et les Burkinabè, l'accès à la main-d'oeuvre repose en revanche sur des réseaux familiaux et un système de coercition beaucoup plus prégnants et efficaces. Les naissances multiples et l'émigration soutiennent ce réseau. Le coût de cette main-d'oeuvre est également plus faible et il n'a pas été affecté par les stratégies d'implantation en ville. De tous les groupes d'immigrants, les Baoulé sont les plus importants utilisateurs de main-d'oeuvre, et c'est leur capacité de la mobiliser à bon prix qui explique leur réussite économique d'ensemble. A coté de ce groupe, on a les habitants de la C.E.D.E.A.O qui sont aussi travailleurs et qui utilise les sociétés de travaux.

    Le tableau 4.2 est la fusion de la répartition par nationalité et par ethnie. Il montre que dans la proportion des 62,42 % d'Ivoiriens, 81,83% sont des Baoulé et 4,75% des Dioula. Le produit des deux pourcentages donne la part relative de chaque acteur (62,42 % x 81,83% = 51,08% ). La dernière colonne du tableau permet une comparaison entre nationalité et ethnie

    grace aux valeurs relatives. Pour mobiliser la main d'oeuvre, le Baoulé (51,08%) et les Burkinabé (29,24%) seront les pionniers.

    Tableau 4.2: Répartition de la main d'oeuvre par nationalités et par ethnies

    NATIONALITES

     

    Proportion relative de chaque acteur

    BENIN

    0,71%

    0,71%

    BURKINA-FASO

    29,24%

    29,24%

    IVOIRIEN

    62,42%

    AGNI

    3,04%

    1,90%

    BAOULE

    81,83%

    51,08%

    BAKWE

    3,53%

    2,20%

    BETE

    1,53%

    0,95%

    DIOULA

    4,75%

    2,96%

    LOBI

    1,39%

    0,87%

    SENOUFO

    3,93%

    2,46%

    MALI

    6,67%

    6,67%

    TOGO

    0,97%

    0,97%

    Source : I. N.S, 1998 TOTAL

    100,00%

    Les chefs d'exploitation emploient en général trois types de main-d'oeuvre : familiale, salariée variée (« contrats15 » individuels, « société16 » saisonnière, «six-mois »17), occasionnelle plus ou moins familiale et salariée. Quel qu'en soit le statut, elle est utilisée pour le défrichement et l'entretien des vergers. Sous diverses formes, les planteurs de Méagui et Touagui 2 utilisent ce type de main-d'oeuvre pour le défrichement de 51% de leurs parcelles. L'emploi des «contrats » est la forme la plus répandue (39,5%) tandis que l'utilisation des «six mois » est plus restreinte (8,6%) et localisée à la zone de Robert-Porte et d'Oupoyo. Apparenté au

    S t

    «contrat », mais effectué par un groupe d'hommes jeunes désireux de gagner quelque argent,

    0,7% 0,71%

    le travail par «société» n'existe que sur 3,3 % des parcelles. Les techniques culturales diffèrent

    AGNI 304% 90%

    peu. Le planteur prend le soin d'édifier lui-même ou le fait faire par un de ses proches à qui il N

    fait confiance, les buttes. Mais, en raison de l'abondance des récoltes, la baisse de rendement
    6242% BETE 153% 095%qu'entraîne l'absence de tuteurage est jugée importante par les planteurs. Les parcelles

    IOULA 4,5% 296%d'igname sont bien entretenues par les femmes. En revanche, les parcelles de deuxième et troi-

    SENOUFO 393% 2,46%

    sième années sont le plus souvent médiocrement nettoyées : la pousse de végétation parasite

    6, 7 0 %

    apporte un ombrage non négligeable aux jeunes arbustes sans véritablement gêner leur crois-

    TOTAL 100,00%

    sance. En ce qui concerne le mode d'entretien, si les moyens humains étaient beaucoup utili-

    15Contrat : Ouvrier agricole travaillant pour une tâche déterminée (défrichement, sarclage) sur une parcelle d'étendue déterminée. Le salaire est fonction de la surface de la parcelle.

    16 Société : Contrat passé entre un chef d'exploitation et un groupe d'hommes pour exécuter une tiche déterminée pour une somme déterminée.

    17 Six mois : Salarié engagé pour un contrat à durée déterminée allant de juin (préparation de la parcelle) à décembre (fin de la récolte cacaoyère et caféière).

    sés, les moyens chimiques le sont de plus en plus avec la raréfaction de la main d'oeuvre. Le tableau suivant en témoigne.

    Tableau 4.3 : Superficie des spéculations par nombre d'exploitants et utilisation de pesticides

     

    SPECULATIONS

    Superficie (Ha)

    Nombre d'exploitants

    Utilisation de produits

     

    FECULENTS

     

    Banane plantain

    1212,00

    134,00

    Non - F

     

    Igname

    3729,20

    415,00

    Non

     

    Patate

    S Superf

    153,00

    223,00

    Non

     

    Manioc

    291,30

    576,00

    Non

     

    Total féculents

    5385,50

     
     
     

    CEREALES

     

    Riz de bas-fond

    Nombr

    Uti

    Oui - H

     

    Riz de plateau

    103,40

    12,00

    Non

     

    Riz irrigué

     

    LENTS45,00

    Non

     

    Maïs

    1937,50

    497,00

    Oui - H - E

     

    Total 3722745,90

     
     
     
     

    3,00

     

    c

    longue 291,30

    78,00

    231,00

    Oui

     

    5

    90,00

    113,00

    Non

     

    Piment

    ALES

    26,00

    Non

     

    Courgette

    121,10

    33,00

    Non

     

    Chou

    99,20

    42,00

    Oui - H

     

    Tomate

    259,20

    94,00

    Oui - P - H

     

    Comcombre19189,70

     

    56,00

    Non

     

    Gombo

    176,34

    69,00

    Oui - P - H

     

    Total legumes

    UMES

     
     
     

    231,00

     

    Graine de 90

    87,70

    15,00

    Non

     

    Coco

    23,40

    12,00

    Non

     

    Arachide

    294,20

    88,00

    Non

     

    Total 99,

    405,30

     
     
     

    00

     

    1

    Papaye solo

    67,20

    21,00

    Non - E

     

    Mangue

    679,70

    34,00

    Non - E

     

    Orange

    2370,00

    127,00

    Non - H - E

     

    Citron

    GINEU

    45,00

    Non

     

    Gingembre

    29,70

    11,00

    Non

     

    Total fruits23335,60

     
     
     

    gineux 405,30

    e Source : C.NR.A 67970 (Janvier 34

    La disponibilité des produits phytosanitaires ne conduit pas à leur utilisation surtout que

    237000 127,00 Non - H E embre

    ceux-ci sont plus destinés au couple café-cacao. Les pesticides sont des substances chimiques,
    1100 Nonnaturelles ou de synthèse, destinées à lutter contre les parasites végétaux et animaux nuisibles

    fruits 3335,60

    aux cultures, aux récoltes et à l'homme. Les pesticides sont classés selon la nature des nuisibles auxquels ils sont destinés : herbicides (contre les plantes parasites), insecticides (contre les insectes nuisibles), fongicides (contre les champignons parasites), acaricides (contre les acariens), nématicides (contre les nématodes) et rodenticides (contre les rongeurs). Du point de vue de leurs utilisations et de leurs quantités de production, les trois premières classes de pesticides constituent les plus importantes18. Selon le C.N.R.A., leur utilisation est très marginal (15% sur l'ensemble des exploitations) certainement à cause du manque de sensibilisations mais plus encore selon nous à cause du fait qu'il ne peuvent pas juger objectivement de la différence de production dü à l'utilisation d'intrants chimiques. On remarque concernant les légumes, l'utilisation de pesticides est encore faible d'où la proportionnalité constatés entre superficie et production. Sur le tableau 5.2, l'utilisation de pesticides pour la banane plantain concerne exclusivement les fongicides. Aucun d'autres féculents n'a besoin de pesticides ainsi que les oléagineux. Les sols contiennent encore suffisamment de nutriments. Par contre, pour les céréales comme le riz et le maïs, leur utilisation est plus intense pour le maïs que pour le riz car cette culture peut facilement faire quatre récoltes sur l'année. Le riz de bas fond est difficile à pratiquer, les paysans s'aide pour ce faire d'herbicides. Pour les légumes ou cultures maraichères, tomates, chou, gombos et aubergine sont concernés. On peut remarquer que ce sont les intrants essentiels de nos sauces (le piment ayant une production naturellement abondante). L'orange, la mangue et la papaye solo sont des cultures marchandes, l'apport en engrais se justifie donc.

    Conclusion du Chapitre 4

    Mobiliser la force de travail conditionne en grande partie les récoltes. Une main d'oeuvre « naturelle » qui existe est la famille et dans la région de Méagui, elle est fortement mise à contribution. Au cas où elle fait défaut, un appel est fait à la main d'oeuvre étrangère. Celle-ci est très diversifiée et répond et s'adapte aux besoins du producteur en fonction de sa générosité. Pour être plus efficace, des regroupements de main d'oeuvre sont faites. Ainsi, certaine main d'oeuvre passe du statut d'aide familiale à une société de travail surtout à Méagui. En plus de l'utilisation de cette main d'oeuvre, les producteurs y ajoutent les pesticides dans le but d'avoir un meilleur rendement. Mais après cette récolte, comment se fait le transport vers les centres de commerce ?

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    Chapitre 5 : TRANSPORT VERS LES MARCHES DE LA REGION

    Le transport conditionne la compétitivité et la régularité de l'approvisionnement des marchés urbains. Pour ces raisons, la part du transport dans les coûts de commercialisation des produits vivriers vendus est assez élevée. De ce fait, chaque piste nait et meurt en fonction des pratiques commerciales qui elles-mêmes sont conditionnées par les récoltes. Comme aucun aménagement n'a prévalu a leur naissance, pendant la saison des pluies, c'est un sauve qui peut : soit les cultures ou les récoltes sont abandonnées à leurs sorts soit on prend le risque moyennant une forte somme de s'y rendre. De sorte que pendant tout le temps que dure cette période, une majorité des produits mis sur le marché l'est grace au portage. Cette situation avantage les familles aux actifs nombreux mais il nait temporairement des groupes de jeunes adolescents qui prennent l'initiative pour effectuer le transport.

    5.1. Les différents modes de transports en vigueur

    La route s'est imposée comme la principale voie de communication dans les liaisons entre Méagui et ses villages. L'état de la liaison avec la ville a accéléré la commercialisation des produits agricoles et l'exploitation de nouvelles zones. Avant d'entrer dans l'activité de transport, 73% des transporteurs conduisaient des taxis urbains. Quand les véhicules prennent de l'age, ils sont commis pour le transport de brousse. En moyenne ceux qui possèdent 2 à 3 véhicules sont les retraités ou des personnes issues de l'association de transporteurs. Comme l'activité des cultures de rentes polarise le transport, les propriétaires sont 42% et ceux qui font la location 73%. On distingue les différents moyens de transport selon plusieurs critères :

    - selon le milieu dans lequel on se déplace : transports terrestres sur les terres, maritimes sur les mers et aériens dans les airs ;

    - selon le mode de traction utilisé : force humaine (vélo, bateau à rames, pousse-pousse, etc.), force animale (chevaux, éléphants, etc.), forces naturelles (vent, courant des cours d'eau), moteurs (automobile, train, avion, etc.) ;

    - selon la capacité : transports individuels (vélo, moto, automobile, etc.) et transports en commun (autobus, train, etc.) ;

    - selon ce qui est transporté : transports de passagers (avion ou train de ligne) et transports de fret (avion ou train de marchandises) ;

    - selon qui organise le transport : transports privés (organisés par des particuliers ou des entreprises privées), transports publics (organisés par l'État ou les collectivités), transports militaires (organisés par l'armée).

    Une combinaison de ces critères nous permet de présenter les trois grands modes de transport: le transport motorisé, les transports non motorisés et le portage.

    5.1.1. La marche à pied ou le portage

    Il faut rappeler en effet que la marche à pied représente toujours l'un des modes de déplacement importants dans les villes en Afrique. La charge transportée à pied ne peut dépasser 30 à 50 kg pour une femme, éventuellement 80 kg s'il s'agit d'un homme; le portage s'effectue sur de courtes distances et concerne de très petits détaillants. Tous ceci sont des données relatives qui ne sont garanties que par la force physique de chaque individu. La part du portage dans les modes de transport pour l'approvisionnement des marchés tient compte de l'accessibilité de la zone de production. A Robert-Porte par exemple les habitants de Léonkro sont convaincus à cause de la route que jalonne des cours d'eau qu'aucun véhicule ne franchira ces eaux pour le transport du vivrier. Ils sont donc obligés de << faire la pirogue19 >>. Dans cette localité donc il est probable que la part du potage soit très importante. Elle est basée sur la seule volonté de l'individu. Cette pratique décrit le pratiques qui on court dans les autres localités.

    5.1.2. Les moyens de transports sans moteurs

    Le parc des transports non motorisés comprend les bicyclettes et les véhicules à traction humaine à deux roues (les brouettes et les pousse-pousse). Il faut souligner comme dans le portage la force physique ou la force de traction indique la charge à porter. La bicyclette, d'après certaines études20, peut transporter jusqu'à 180 kg, le pousse-pousse et la charrette à deux roues prennent entre 200 et 500 kg en moyenne, voire parfois 600 kg pour certains poussepousse. Ce mode de transport est très utilisé car chacun peut pour une somme de 40 000 à 50 000 F. C.F.A. peut acquérir une bicyclette et aussi les champs sont éloignés. On assiste donc à une transformation des habitudes de déplacement des autochtones pour adopter ceux de migrants nordistes.

    19 Expression couramment utilise qui faire allusion à la traversée de l'eau, les bagages sur la tête.

    20Cusset J.-M. et Sirpe G., 1994, <<La mobilité apportée par le système deux roues: le cas de Ouagadougou>> in Les transports dans les villes du Sud; la recherche de solutions durables, Paris, Karthala, CODATU,

    Photo 5.1 : Commerçants et paysans de Léonkro en destination pour Oupoyo. (Source : DAGOU, 2009)

    Comme le montre cette photo illustrative prise à 6h, l'utilisation de bicyclettes se fait très tôt dès le matin pour éviter la chaleur du soleil et pour ne pas épuiser à d'autres taches. Juste à coté du mur on peut voir un point de groupage de produit pour les porteurs en partance pour Oupoyo. D'autres aussi en reviennent avec un échange de marchandise igname farine par exemple. Mais le personnage de dos à bicyclette à droite de la photo est un pisteur qui va chercher des légumes et du maraicher pour sa femme. Cette route est encore en bonne état parce que beaucoup de véhicules ne l'emprunt pas. On peut remarquer que toutes les personnes sont descendues de leurs bicyclettes car une pente se trouve juste à 10 mètres.

    5.1.3. Les moyens de transports à moteurs

    Les engins de transport motorisé sont les motocyclettes, les fourgonnettes, les camionnettes et pick-up (bâchées, vieilles jeeps, etc.), les moyens porteurs de trois à cinq tonnes de charge utile pour les plus courants. Il y a très rarement des plus gros porteurs (sept à dix tonnes). Le chargement type des fourgonnettes est de quelques centaines de kg (entre 300 et 500 kg) et consiste à convoyer indifféremment produits vivriers ou denrées alimentaires. Les camionnettes et les pickups prennent une tonne en moyenne et sont utilisés par des semi-grossistes organisant un transport groupé à cause des quantités modestes prises individuellement. Ces différents véhicules sont toujours d'occasion et le plus souvent hors d'age. A Méagui, la majorité des véhicules sont utilisés pour le transport des personnes et des cultures de rentes. Par nécessité et surtout pour combler un période de latence, les utilises pour le transport du vivrier.

    Mais les routes ou les pistes étant très mauvaises et impraticables, les prix du transport sont très élevées ou le transport ne sa fait que sous le rapport ethnique. Les Dioula étant très solidaires à cet effet, particulièrement à Gnititouagui 2 où le relief en plus d'être accidenté se trouve dans un sol argileux.

    5.2. Le transport vers les différents marchés

    Le camion peut embarquer les marchandises appartenant à une dizaine de commerçants et à destination de plusieurs marchés lors du même voyage. Pour y participer, il faut être accepté et payer un droit d'adhésion qui va de 1500 à 5000 F. C.F.A.21 en fonction de la quantité de marchandises puis chaque fois que le marché se tient soit les vendredis ou les dimanches, chaque commerçant dépose son colis à un lieu fixé à l'avance. Cette pratique est l'apanage des commerçants d'Oupoyo et de Robert-Porte qui veulent vendre sur les marchés de Méagui ou de Soubré. Certains grossistes ont dû signer des contrats permanents de location avec les propriétaires de camions pour sécuriser la disponibilité des moyens de transport. En effet, ils ne sont pas membre de cette organisation des grossistes Dioula et doivent donc compter sur leur vigueur personnelle pour se trouver un moyen de transport. A Gnititouagui 2, les grossistes (67%) y associent une relation amicale avec des petits présents et des facilités qu'ils tiennent secrètes. Les grossistes (38%) sont liés à un propriétaire par un contrat de ce type. Il s'agit souvent de contrats verbaux fondés sur la confiance et la parole donnée. Les grossistes (6 seulement sur les 12) disent avoir un accord ou un contrat écrit. Plusieurs stratégies prévalent puisque les commerçants préfèrent prendre un camion en location à titre individuel (12%), en colocation (24%) ou encore payer par colis à chaque voyage (17%). II existe plusieurs propriétaires de camion à Méagui. A l'exception d'une collectrice, ceux-ci sont des commerçants de marchandises diverses. Ils utilisent leurs véhicules pour leurs propres besoins ou pour le transport du cacao, et jouent donc un rôle tout à fait secondaire dans l'acheminement du vivrier vers les marchés ruraux et centres urbains. Les expéditions de retour se font grâce à des camions venus livrer de la marchandise à San Pedro et retournant à vide. Dans d'autres cas, si le transport débute dans les villages pour converger vers Méagui, le parc auto des gares en place est mis à contribution.

    Toutes les « Dynas » que nous avons mentionnés sont celles qui sont permanentes dans les gares. Comme nous nous situons sur un axe routier, les passagers pris en cours de routes par les cars de (50 à 60 places) et les véhicules de type « MASSA » en provenance de Soubré ou de San-Pedro sont variables et ne sont pas pris en compte dans le tableau. Toutefois, il faut

    21 Propos d'un commerçant de friperie à Oupoyo

    préciser que leurs activités en ce qui concerne le transport du vivrier mis en sac n'est pas négligeable.

    Tableau 5.1 : Parc auto des gares de Méagui

    Provenance-Destination

    Type de
    véhicules

    Nombre de véhicules

    Prix du voyage
    en F. C.F.A

    Nombre
    d'enquêtés

    Méagui - Touagui 2

    Baché

    5

    200

    5

    Méagui - Oupoyo

    Minicar
    Dyna (Hiace)

    20

    500
    400

    2

    9

    Méagui -- Robert-Porte

    Personnel
    Dyna (Hiace)

    2
    2

    500
    400

    13

     

    Car

    -

    350

     

    Méagui - Gnititouagui 2

    Personnel
    Minicar

    15
    -

    250
    300_500

    2

     

    Baché

    9

    1000

     

    Taxis communaux

    Peugeot 504

    30

    1000

    4

     

    Taxi

    35

    1000

    10

     

    Total

    45

    Source : Nos enquêtes, Décembre 2009

    Monsieur Narcisse, responsable des syndicats sur l'axe Méagui - San-Pedro nous dit ceci « les cars ne prennent des commerçants qui ont tout au plus deux sacs parce qu'ils sont pressés mais veulent bénéficier des taxes sur les sacs». Le prix du transport est beaucoup plus intéressant qu'une location de véhicule à Soubré ou Méagui. La collectrice voyage avec le chauffeur et va négocier son chargement dans le centre récepteur. Sur les trajets plus courts, et en terrain moins escarpé, les charrettes et les véhicules motorisés sont en concurrence. Le choix du mode de transport dépend alors, pour un prix sensiblement identique, du volume transporté, du service demandé (rapidité), des liens qui ont été noués avec tel ou tel type de transporteur.

    5.3. Des acteurs particuliers : chargeurs et force de l'ordre

    Chargement aux points de regroupement sur les places de collecte, déchargement aux points de débarquement, portage au point de vente ou au magasin de stockage, redistribution par pousse-pousse et brouettes. Ces actions induisent des petits métiers qui permettent l'approvisionnement et la distribution alimentaires dans la ville. En milieu rural, le métier de chargeur ne se limite pas à la manutention. Il canalise et diffuse l'information sur la disponibilité de la marchandise et des véhicules de transport surtout pour les taxis-brousses. Ceux-ci font des gains ponctuels importants22 quand ils aident les femmes à convoyer leurs récoltes mis en sac sur Méagui ou Oupoyo. A Touagui 2, une unité de production qui décortique le riz fait gagner 250 F. C.F.A pour chaque sac au chargeur qui donne la bonne information. Le

    22 C'est montant sont compris entre 1000 et 4000 F. C.F.A

    chargeur joue le rôle d'intermédiaire, d'informateur et de négociateur entre le propriétaire du véhicule et son chauffeur, entre le producteur et le commerçant. Plus qu'une activité de survie, les auxiliaires de transport considèrent cette phase comme une étape transitoire.

    Ils dépendent souvent du transporteur ou du commerçant dont ils attendent protection et promotion. La nature des tâches, la force physique qu'elle requiert et le souci d'éviter la concurrence les y obligent. << Nous formons une équipe de trois personnes par chargement : une personne envoie, un autre réceptionne en haut du camion et le troisième range dans le camion » explique un chargeur au marché de collecte de Robert-Porte. Et c'est d'ailleurs la pratique qui a cours dans tous les lieux de chargements. Concernant le mode de tarification, s'il est connu de tous, les tarifs pratiqués sont en revanche le résultat de négociations entre les commerçants et les transporteurs. Ils tiennent compte du sens du transport qui est plus cher dans le sens San-Pedro que celui de Soubré ; de la nature et du conditionnement du produit, de la distance à partir du marché de collecte, de l'état des routes, du nombre de postes de péages et de contrôles de la police. Cette activité apparait en général minoritaire dans le vivrier d'autant que la grande partie de ceux qui s'y consacrent sont dans les cultures de rentes.

    Olivier De Sardan, (1995, p 65) estime qu'il n'y a pas de société dotée d'Etat ou de bureaucratie qui ne connaisse pas la corruption, les pratiques de corruption nuisent fortement à l'efficacité de l'approvisionnement des villes. Le contrôle des policiers et des gendarmes est abusif et excessif sur les routes nos route. Les motifs de ces contrôles sont des plus fantaisistes et des plus arbitraires. La brigade sur les routes aux différents corridors a pour mission non seulement de vérifier que les véhicules qu'elle intercepte ont des papiers en règle (établis aux postes réguliers), et donc ne contiennent pas de marchandises de contrebande, non déclarées, mais aussi de vérifier que ces dédouanements sont « normaux », autrement dit qu'il n'y a pas eu sous-évaluation de complaisance par les autres douaniers et policiers. Cette brigade a toute latitude pour réévaluer le montant des droits à payer et établir des redressements ou infliger des amendes. Il y a normalement des << indications » (sondages aléatoires, motifs de soupçons ou action sur renseignements) qui devraient borner les interventions de la brigade. Mais en fait, celle-ci agit bien au-delà de ces indications et utilise son pouvoir quasi discrétionnaire pour prélever un péage presque systématique sur tous les transporteurs entre Méagui et Tiassalé. Il suffit de menacer d'opérer un contrôle : celui-ci implique en effet un déchargement intégral pour fouille du véhicule et une perte considérable de temps et d'énergie, méme pour un camionneur « en règle », lequel n'a de surcroît aucune garantie que ses papiers ne seront pas contestés malgré tout. En témoignent les récriminations de ces acteurs : << Dans tous les cas, le transporteur doit compter avec les policiers qui constituent la menace la plus grave pour la

    commercialisation des vivres frais. Que ce soit à partir des différentes zones de production ou dans la distribution.... » . «L'état du véhicule ne compte pas pour eux. Que tu aies toutes les pièces ou non, cela ne les intéresse pas. Ils prennent non seulement de l'argent, mais très sou-vent ils se font payer en nature. Avec ces gens, il n'y a pas de stratégie efficace. Ils peuvent te bloquer sur place pendant deux ou trois heures et dites-vous qu'entre Soubré et Abidjan, il y a une vingtaine de postes de contrôle». «Cette catégorie d'agent de l'Etat constitue un obstacle majeur pour la commercialisation des vivres frais en termes de perte de temps».

    L'usage est donc de glisser, que l'on soit en règle ou pas, une certaine somme aux forces de l'ordre. Les « convois » (camions groupés sous l'autorité d'un chef de convoi expert en arrangements avec la douane) ont leurs propres tarifs. Ici aussi, mais d'une autre façon, le « racket » profite de la vulnérabilité de l'usager, en prenant son temps en otage et en jouant sur sa fatigue. La corruption est devenue un mode de fonctionnement normal sur nos routes. Pour les transporteurs et les grossistes, la maîtrise de la géographie des postes de contrôle sur les différents axes routiers permet de prévoir avec exactitude le montant des « frais de route » qui contribuent à accroître les coûts de commercialisation (Olivier de Sardan 2001, p 12).

    Conclusion du Chapitre 5

    Les transports de personnes de deux fois plus importants que les transports de marchandises, en termes d'utilité mesurée par les sommes payées, et les déplacements interurbains pèsent plus lourd que les transports urbains. Le transport vers les marchés se fait sans grande tracasseries endogènes sauf le pouvoir financier et le courage pour le portage. Mais quant il s'agit de se rendre sur les marchés voisins de Yabayo, il faut compter avec le racket des forces de l'ordre qui conduit les grossistes à fractionner l'ensemble de leur marchandise au départ (Méagui) et à les reconstituer à Yabayo.

    La commercialisation des produits issus de la récolte affecte à chaque acteur une importance. Divers contacts peuvent existés entre leurs acteurs impliqués dans cette commercialisation, mais celui du grossiste est primordial dans la région de Méagui. En effet, les va-etvient du grossiste entre la campagne (Gnititouagui 2, Oupoyo, Robert-Porte et Touagui 2) et la ville (Méagui) le placent au centre des rapports entre tous les acteurs. Producteurs, Transporteurs et Détaillants gravitent autour de lui. Par rapport au grossiste, principal acteur, on peut distinguer trois niveaux de rapports qui lui permettent d'assurer la maîtrise de l'espace : avec les producteurs dans les lieux de ventes ; avec les transporteurs dans l'acheminement et avec les détaillants dans la distribution en milieu urbain.

    Chapitre 6 : LE ROLE DU GROSSISTE DANS LA COLLECTE ET LA DISTRIBUTION DU VIVRIERS

    L'approvisionnement des villes en produits vivriers est organisé par des grossistes dont le métier spécifique recouvre plusieurs opérations: la prospection, l'achat, le groupage des produits, leur collecte, l'expédition, le transport et la mise sur les marchés. Ces grossistes sont regroupés et organisés sur les marchés et les lieux de collecte, et de plus en plus sur la voie publique à la sortie de la ville de Méagui. La maîtrise des débouchés est le principal souci des grossistes car la rapidité de rotation des expéditions en dépend. L'efficacité du système d'approvisionnement et de distribution alimentaires dépend toutefois de la qualité des rapports entre ces acteurs et en particulier des rapports des grossistes, principaux animateurs et coordonnateurs de cette activité avec les producteurs, les transporteurs et les détaillants. Ces opérations peuvent être assurées par des agents différents, relativement spécialisés, ou par un seul et même agent, seule la fonction transport étant alors remplie par un intervenant spécialisé.

    Figure 6.1 : Position des autres acteurs par rapport aux grossistes

    6.1. Commerçantes grossistes et Producteurs : les différents lieux de collectes

    Les grossistes des marchés urbains de Méagui sont pour la plupart des grossistes collecteurs traitant des quantités limitées de produits. Ils ne possèdent pas de véhicules et sont dépendants des transporteurs. Ils se déplacent donc peu et utilisent les services de collecteurs ou achètent aux paysans qui se rendent sur les marchés en convoyeurs de leurs récoltes. A contrario, ceux qui sont en association même informelle dispose de véhicules de type « KIA ». Puisqu'en gé-

    néral, les paysans ne possèdent pas de grands moyens de transport, ils apportent leurs récoltes par petites quantités (une cuvette par exemple) à pied, avec les taxis brousses, à vélo ou à moto. L'essentiel de ces opérateurs commercialisent des volumes nettement plus limités, entre 300 et 500 kg par jour. Ils sont en général en contact étroit avec les zones de production. C'est en transit pour les marchés que les grossistes et leurs pisteurs les rencontrent.

    6.1.1. La collecte par vente au champ ou la «vente bord champ»

    Elle est une forme de vente du produit en végétation, c'est-à-dire non récolté. Quoique nous ayons trouvé des personnes qui aient déclaré vendre de cette manière, cette forme de vente n'apparaît que de façon marginale pour les cultures vivrières. Ici il est très probable que la transaction soit en défaveur du paysan mais ce qui prime c'est l'obtention des moyens financiers pour résoudre ses problèmes urgents. Si le paysan a été en position de faiblesse dans la négociation du prix, l'acheteur assume néanmoins certains risques, lors de l'acquisition des vivres sous cette forme, notamment ceux liés au rendement connu avec peu de précision et ceux liés au vol par les habitants du village. A Gnititouagui 2 par exemple, des cas de doubles ventes ont été signalés. Ces deux formes de risque dissuadent la plupart des commerçants que nous avons interrogés de procéder à cette manière.

    6.1.2. La collecte par la vente en cours de route

    C'est la dernière possibilité pour le paysan. Dans ce cas il étale le produit au bord de la route pour le sécher et pour l'exhiber en méme temps. Cette activité apparaît marginale et seulement appliquée par des consommateurs et des collectrices-détaillantes. Nous avons observé cette pratique à Oupoyo et elle est très courante surtout pour ceux qui sont dans les villages voisins pour l'achat de produit manufacturés. Aussi, il faut dire que cela les déchargent de toute activité de transport ou de perte comme nous l'on confier des vendeuses de fruits à Robert-Porte. Une dizaine de femmes s'en réjouissent à cause de la conservation qui est difficile surtout pour l'avocat.

    6.1.3. La collecte par la vente à domicile

    Elle apparaît comme une forme de vente fréquemment pratiquée par les paysans. La partie de la récolte destinée à la vente échangée par ce canal n'est pas connue de façon précise. Ce pourcentage peut reporter selon le moment et selon le producteur en fonction des motifs suivants : manque de moyens financiers et matériels, besoin urgent de liquidités, faible quantité destinée à la vente. L'achat à domicile se fait par des collecteurs, des grossistes et méme par

    des détaillant(e)s qui sillonnent les villages à la recherche de produits vivriers. Mais sur ce terrain, les grossistes en association sont spatialement plus efficaces car ils essaiment les différents hameaux avec leurs pisteurs, leurs chargeurs, leurs « cokseurs » et autres. Au final, ils rabattent dans leurs magasins une collecte plus importante.

    6.1.4. La vente au marché local ponctuel

    Elle s'adresse presqu'exclusivement aux consommateurs. Arrivé au marché, un paysan a deux possibilités : la première possibilité, c'est de vendre toute sa marchandise en méme temps au grossiste rural. Dans ce cas il opte pour l'écoulement rapide. Une de nos enquêtées Madame Malan, nous affirme « je préfère vendre en gros même si mon bénéfice est réduit comme cela je peux vite rentrer à la maison pour m'occuper du ménage ». Elle fait un panier de gombos à 1500 F. C.F.A. La deuxième possibilité, notamment la vente aux détails. C'est un regroupement non structuré de vendeurs qui vendent surtout des produits destinés à la consommation directe. La majorité des acteurs sont des micro-détaillantes avec un petit nombre de détaillantes. Les agriculteurs et acheteurs se regroupent chaque semaine sur le marché rural.

    En pratique23, il y a une pré-collecte. Quand le paysan n'a pas les moyens pour transporter le produit jusqu'au bord d'une route, il lui faut trouver un chargeur pour le faire. Afin d'éviter ceci, beaucoup de paysan(ne)s se regroupent pendant un jour convenu avec les grossistes pour former un lieu de collecte temporel et périodique. En fait ce n'est qu'une place où la transaction entre le grossiste et le paysan a lieu. Cette place est beaucoup fréquentée par les grossistes de la ville la plus proche, les collecteurs et les collectrices-détaillantes à cause des prix.

    6.2. Grossistes et Détaillants : une dépendance masquée

    Des acteurs de la distribution dans la région de Méagui, les détaillants qui interviennent tous en milieu urbain sont les plus vulnérables. L'importance des rapports sociaux pour leur maintien en activité n'a d'égal que la faiblesse des fonds de roulement. Sans capital, ni fonds de roulement consistant, le détaillant doit faire preuve d'ingéniosité et d'habileté pour générer une marge bénéficiaire et maintenir les rapports avec son grossiste. Toute fois ces détaillantes sont très actives dans la distribution des vivres en ville.

    L'activité des détaillants est principalement conditionnée par la faiblesse de leur capital commercial. Les quantités pouvant être journellement commercialisées sont de ce fait toujours très limitées. En conséquence, la détaillante est fortement dépendante des possibilités de crédit

    23 Cette description est celle des marchés de Touagui 2 et Gnititouagui 2

    accordées par le grossiste, ce qui l'empêche de jouer entre plusieurs fournisseurs selon les saisons ou l'état du marché, pour pouvoir obtenir le «meilleur prix».

    Les femmes sont en nette majorité sur les marchés et sont spécialisées dans les produits périssables: bananes, manioc, produits maraîchers. Elles assurent la recherche du produit (et sou-vent sa récolte), son groupage, la recherche du véhicule et le convoyage du chargement. Plusieurs formes de collecte sont à distinguées, en fonction de leurs particularités, on a :

    - La collecte avec partage du bénéfice : cette formule est fondée sur une relation de con-fiance absolue entre le collecteur et le grossiste et se rencontre à Touagui 2 et Gnititouagui 2. Dans ce cas l'apport financier du grossiste comme le montre le commentaire suivant « comme je suis sur le terrain, j'utilise mes relations familiales et amicales pour rassemblé les produits, c'est ma contribution ». Le grossiste avance la somme couvrant la transaction, le transport et parfois les frais de subsistance du collecteur pendant sa tournée en brousse. Cela concerne surtout la banane plantain et le manioc. Une fois la vente réalisée par le grossiste, les frais de collecte sont déduits de la recette, le bénéfice est partagé à parts pratiquement égales entre le grossiste et le collecteur ;

    - La collecte avec commission par sac : tous les frais de collecte (prospection du collecteur, achat du produit, location du véhicule) sont avancés par le grossiste qui fixe le prix d'achat au producteur souhaité. Cette forme de collecte est moins présente à Touagui 2 qui est très proche de Méagui. Les produits sont transportés à partir des champs sur une place non loin de la gare dans des paniers confectionnés à cet effet. Le collecteur, «coxer» ou «pisteur, est rémunéré par une commission entre 100 et 500 F. C.F.A./sac de banane plantain ou d'avocat surtout et parfois des sacs de manioc et d'ignames mais il peut accroître sa rémunération en négociant avec le producteur un prix inférieur à celui accepté par le grossiste ;

    - La collecte indépendante pré financé par le grossiste : le grossiste finance entièrement l'achat du produit, les frais de transport sont à la charge du collecteur. Ce dernier peut céder le produit au client de son choix, parfois au grossiste qui l'a financé. Mais nous avons rencontré qu'une seule qui dit avoir recours à cette pratique pour le manioc. Après la cession, elle doit en plus du remboursement de l'avance, verser au grossiste une commission fixe de 200 F. C.F.A/sac. Il peut encore s'y ajouter un droit d'entreposage si elle utilisait le magasin du grossiste mais elle constitue le stock en plein air et le couvre avec des sacs.

    - Une autre forme est le regroupement sur une place centrale de collecte. Elle est répandue surtout à Méagui et secondairement à Oupoyo. Les paysans envoient leurs produits eux-mémes à un dépôt qui se trouve près d'une route ou sur une place qui est accessible pour le transporteur. A Oupoyo par exemple, les commerçants tôt dès le matin dans les villages de

    Leonkro et Pascalkro se dirigent vers le centre de collecte. Chaque membre de la famille charge sur la tête ou sur une bicyclette pour certains une partie des produits à vendre. Puis c'est le départ pour une marche de 5 Km pour Leonkro et 7 Km pour Pascalkro. En chemin, ils sont abordés par des grossistes et des pisteurs pour les autres qui demandent à acheter. Il faut préciser que les grossistes ne vont pas aussi loin que les pisteurs qui créés des points de transactions environ chaque 400 mètres. Quand les quantités deviennent importantes, un véhicule est déplacé spécialement pour acheminer le tout vers la place centrale.

    6.3. L'approvisionnement des détaillants auprès des grossistes.

    Les grossistes opèrent le dégroupage nécessaire à la répartition entre les différents marchés de quartiers. En aval, les clients sont principalement les petites détaillantes des marchés et, secondairement, les consommatrices. Le fractionnement des lots est très important étant donné la faiblesse des capacités commerciales de la majorité des acteurs de la redistribution. Deux types d'approvisionnement peuvent être distingués : celle qui se fait auprès des grossistes individuels donc de gré à gré et celle des grossistes en association donc encadré.

    Le premier type est l'apanage des Baoulé et des Burkinabé qui sont disséminés sur les lieux de collectes. Ces aires de dégroupage sont développées sur un des axes principaux de pénétration de la ville soit vers Soubré ou San-Pedro, à côté des gares routières. Pour les fruits et les tubercules particulièrement, il faut remarquer que les plates-formes d'arrivée fonctionnent à la fois comme relais dans le trajet des poids lourds et comme lieux d'achat. Il s'agit de deux aires de stationnement situé à côté du grand marché comme le montre les images suivantes.

    Photo 6.1 et 6.2 : Détaillantes venues s'approvisionner auprès de grossistes. (Source : DAGOU, 2009)

    Dès l'arrivé des grossistes, les détaillantes, accourent pour constituer leurs stocks. Plusieurs méthodes existes « c'est ma cliente », « c'est ma parente », « elle est ancienne et paie bien». Puis c'est le départ vers le marché ou les villages voisins pour un commerce de derniers échelons. Sur leur étales respectives, elles vendent en tas, en boîte, en seau, en cuvette ou à l'unité. Le choix de ces unités de mesure s'explique par leur praticabilité. Chez les vendeuses de rue ou à la sauvette, c'est plutôt le tas. Dans la pratique, ce sont les enfants (fils et filles) des vendeuses fixes sur le marche qui vendent aussi à la sauvette. Les revenus sont très modestes entre 2000 et 15000 F. C.F.A selon la marchandise.

    Tableau 6.1 : Extrait d'une fiche de formation des prix de l'O.C.P.V.

    Centre de collecte et de groupage de Méagui Date : Lundi 6 Avril 2010

    Enquêteur : FOFANA SYNDOU

    PRODUITS

    NIVEAU D'APPROV.

    DESTINATION

    UNITES

    POIDS

    PRIX

    PRIX AU KG

     

    Féculents

     

    Igname « Kinglè »

    faible

    Didievi

    Kg

    1Kg

    125

    125

    Igname « Assawa »

    fort

    Méagui

    Tas

    4500g

    500

    111

    Banane plantain

    moyen

    Guiglo

    Sac

    100Kg

    7000

    70

    Manioc doux

    moyen

    Méagui

    Tas

    7500g

    500

    66

     

    Céréales

     

    Mais grain blanc

    Fort

    Gagnoa

    Sac

    100Kg

    13000

    130

    Mais grain jaune

    fort

    Gagnoa

    Sac

    150Kg

    16000

    107

    riz paddy

    moyen

    Méagui

    Sac

    100Kg

    14500

    145

    Mil

    moyen

    Burkina

    Sac

    100Kg

    30000

    300

     

    Oléagineux

     

    Graine de Palme

    moyen

    Méagui

    Cuvette

    10Kg

    1000

    100

    Arachide décortiqué

    moyen

    Bouake

    Sac

    100Kg

    36000

    360

    Pistache

    faible

    Danané

    Sac

    150Kg

    20000

    133

     

    Fruits

     

    Avocat

    moyen

    Méagui

    Tas

    2Kg

    25

    12,5

    Gingembre

    fort

    Grand-Zattry

    Sac

    100Kg

    10000

    100

    Papaye solo

    faible

    Abidjan

    Tas

    100Kg

    20000

    200

    Orange

    fort

    Abidjan

    Tas

    1125Kg

    15000

    13

     

    Cultures maraichers

     

    Tomate SODEFEL

    moyen

    Issia

    Kg

    10Kg

    3000

    300

    Aubergine « n'drowa »

    moyen

    Méagui

    Tas

    900g

    500

    55

    Gombo frais

    moyen

    Soubré

    Cuvette

    10Kg

    1750

    175

    Piment frais

    fort

    Issia

    Cuvette

    10Kg

    2000

    200

    Choux vert

    faible

    Burkina

    Tas

    3200g

    500

    156

    Carotte

    faible

    Abidjan

    Filet

    10Kg

    7000

    700

    Source : O.C.P.V Méagui, 2010

    Comme on peut le voir à la lecture de ce tableau, les prix sont faibles en moyenne sur le site de groupage mais sont grevés d'une multitude de frais qui les font augmenter. Les grossistes de produits vivriers, tels que les céréales, dans certains cas, les fruits (ces deux produits pouvant être traités ensemble par les mêmes grossistes), s'installent principalement sur les marchés des localités enquêtées ou dans les quartiers où ils forment souvent un ensemble dense de magasins réunis dans une ou deux rues.

    Le second type, celui de l'organisation des grossistes. La grande partie (86%) des grossistes de Méagui ont un groupement structuré autour d'une famille Malinké. Celle-ci a une main mise sur de KIA qui effectue le transport dans toute la région. Les Burkinabé qui s'y sont affiliés l'on été grace à l'Islam. Dans le quartier Bayard et Kaboré-Bila de Méagui, le nouveau marché qui devait être construit à vu ses magasins achevés par des grossistes. Ils les ont loués par groupe de cinq ou de quatre pour stocker tous ce que les rabatteurs trouvent. Ces magasins constituent pour certaines des lieux d'habitations. De là, ils partent pour approvisionner leurs clients dans les quartiers périphériques ou les villages voisins. Dans certains cas, pour les chefs de réseau, c'est l'ensemble des détaillants qui se rend à son domicile ; qui pour un stock ou pour le règlement d'une créance ou pour une demande de subvention. Ces dernières peuvent louer une chambre à la nuit, pour quelques jours, ou un logement, pour plusieurs mois selon l'aire d'extension de leur commerce. Pour le rabattage des vivriers, ils sont aidés par les pisteurs familiaux, les « cokseurs » et les chargeurs. Les uns dans les gares, sur les pistes champétres ou sillonnant les villages dans le but de réduire l'écart temporelle. Si un pisteur à Gnititouagui 2 ou Robert-Porte à une information d'une récolte prochaine ou en cours, il in-forme tous les transporteurs du réseau à proximité et trouve quelqu'un de disponible puis celui-ci se rend sur place pour faire évacuer. Leur prix de transport est invariant fixé à 30 000 FCFA indépendamment du lieu du moment où la récolte leur est vendue. Alliant ainsi réduction temporelle et spatiale beaucoup de producteur les préfère surtout qu'avec une certaine fidélité, on peut espérer un crédit. En revenant sur l'aspect du transport, la convergence vers les magasins est assurée par les véhicules de types « KIA ». Mais pour le transport sur d'autres localités comme Oupoyo ; Soubré ou Yabayo, deux camions remorques de 30 tonnes, mis à la disposition par l'organisation ethnique des Dioula, de ceux qui sont leurs grossistes. Toutes les commodités que se soit la part des syndicats, des policiers ; les chargeurs et autres sont mobilisés pour la bonne conduite jusqu'à Yabayo. Le regroupement des grossistes ou des détaillantes sur un marché ou dans un quartier résulte de la combinaison d'un ensemble de facteurs historiques (primauté et pouvoir des commerçants de produits secs par rapport aux acteurs des autres circuits commerciaux), ethniques et familiaux (spécialisation dans un type

    de produits), et enfin socio-économiques (communautés de besoins et d'intérêts). Les quartiers «spécialisés» dans lesquels opèrent aujourd'hui les grossistes de produits vivriers sont situés à proximité immédiate du marché central. Cette image correspond bien à Gnititouagui 2 qui à son marché méme s'il est temporaire (3 heures environ) au centre du village. Ce processus, assez récent, de transformation du tissu urbain d'habitation autour des marchés au profit de la fonction commerciale (plus spécialement le commerce de gros et le stockage) s'explique par la pression foncière provoqué par de la saturation des installations actuelles du marché.

    Conclusion du chapitre 6

    Producteurs, grossistes et détaillants peuvent poursuivre des objectifs contradictoires, par exemple en termes de volume ou de rentabilité. Mais, surtout, ils se trouvent de fait en concurrence pour se partager la valeur créée par le canal. La concurrence rendant difficile l'augmentation des prix de vente au détail, les grossistes vont donc assurer le fonctionnement du canal tout en maximisant leur propre marge. Les grossistes se rendent dans les villages périphériques pour constituer ou augmenter leurs stocks. Leur poids économique (chiffre d'affaires généralement supérieur à celui des producteurs) et leur rôle crucial comme point d'accès obligatoire au marché ont conduit à des relations souvent tendues polarisent en conséquence, toutes actions. De plus la relative dispersion spatiale des grossistes de produits vivriers dans le tissu urbain et les innombrables points de vente qu'ils approvisionnent (étals des rues, commerces du soir, etc.) permettent un bon drainage du réseau des marchés. Ils contribuent à une optimisation de la redistribution urbaine.

    CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

    Si, de manière générale, aucun contrat écrit ne lie le commerçant (grossistes) à ses différents partenaires (colporteurs, collecteurs, pisteurs, acheteurs-groupeurs) ou à ses employés (chauffeurs, convoyeurs, aides vendeurs), il existe cependant entre les uns et les autres une certaine complicité et un niveau de confiance. Ceux-ci dépendent de l'appréciation que le commerçant fait du sérieux et du dynamisme des partenaires qu'il met très souvent en concurrence. Partenaires et employés sont recrutés soit en fonction de leurs appartenances aux mêmes groupes ethniques, soit en raison de leur connaissance des producteurs ruraux, des marchés, des demi-grossistes et des détaillantes. Dans les zones de production, les rapports grossistes-producteurs se renforcent et se diversifient par le jeu des rapports de force et de négociation pour que les producteurs arrivent à vendre leurs productions. Au niveau de la distribution en milieu urbain, les rapports sociaux et les relations de crédit basées sur la confiance nouées constituent surtout pour la détaillante, financièrement fragile, le vecteur essentiel d'expansion commerciale. La multiplication des agents, parties prenantes dans la distribution avec une bonne base ethnique et religieuse, de même que la minimisation du coût du transport par la maitrise du réseau de transport concourent à la suprématie des l'organisation des grossistes. La gestion d'un nombre aussi important de relations avec les autres acteurs économiques aussi diversifiés confirme la fonction de chef de réseau que joue le grossiste. La production ne sera stimulée du coté des producteurs que s'ils trouvent des débouchés favorables à leur récolte. Le devenir donc de la production et de la commercialisation des produits vivriers dépend donc du grossiste. La deuxième hypothèse est donc vérifiée.

    3ème partie

    COMMERCIALISATION DES PRODUITS VIVRIERS
    DE LA REGION DE MEAGUI

    Le commerce des produits vivriers à un certains aire d'extension qu'on peut définir par son rayonnement commercial. Il défini l'ensemble des villages ou des villes susceptibles d'y effectuer des achats, soit de produits locaux soit de produits manufacturés. Au départ de la région de Méagui, selon le rayonnement commercial, trois types de commerces vivriers peuvent être distingués :

    - Le négoce local est très actif : transactions entre paysans, ventes aux citadins de la région sur les lieux de production, sur les marchés ruraux ou en ville. Il est pratiqué aussi bien par des agricultrices que par des marchandes professionnelles. Il s'étend sur un rayon de 20Km.

    - Le commerce sur San Pedro et Soubré (Yabayo) n'est pas négligeable. Ce sont des femmes qui le pratiquent, Malinké surtout, Maliennes et Burkinabé en grand nombre également. Elles louent des camionnettes ou viennent directement en car et achètent des vivres sur les marchés ou chez les agriculteurs. Il s'étend sur une distance comprise entre 50 et 80Km.

    - Le commerce à longue distance avec plus de 400 Km, c'est-à-dire principalement sur Abidjan. Les points centraux de ce commerce sont, outre Méagui, Yabayo (Soubré) centre de groupage en concurrence géographique où sont installés de façon temporaire ou permanente de nombreux commerçants.

    Chapitre 7 : FONCTIONNEMENT DU COMMERCE

    Le circuit parcouru par un produit entre la production et la consommation finale est plus ou moins long en fonction du nombre d'intermédiaires qui y participent. Il est d'usage de distinguer les circuits directs (ne faisant pas intervenir d'intermédiaire ou un seul) et des circuits indirects. Ce schéma détaille les étapes suivies par les commerçants regroupant les productions de Touagui 2, Gnititouagui 2 et Méagui au centre de collecte de Méagui. Ensuite suivant la voie bitumée, ils parcourent les différents points de collecte jusqu'à Abidjan. Il suggère que le facteur principal qui modèle ou structure le circuit principal distribution est le transport dans une direction bien précise : Méagui - Oupoyo - Abidjan.

    Ce schéma est le processus général suivi par les produits vivriers au départ de la région Méagui. Plusieurs points de collecte existent mais seul celui de Yabayo principalement et d'Oupoyo en second ont une activité intense.

    Figure 7.1 : Schéma récapitulatif des points de commence depuis Méagui jusqu'à Abidjan

    7.1. Organisation des marchés de la région de Méagui

    Les principaux éléments qui caractérisent les marchés mais la fréquence, la durée, la répartition des activités et l'aire d'influence.

    7.1.1. L'installation sur les espaces de ventes et les modes d'utilisation

    En réponse à la crise qui frappe l'économie ivoirienne, les habitants de Méagui s'investissent dans le commerce pour répondre à des situations de détresse économique et sociale (veuves sans ressources, jeunes au chômage) ou pour diversifier les revenus des ménages (cas de nombreuses épouses). Dans la localité de Robert-porte et de Méagui, la majorité des détaillantes enquêtées sont entrées dans la profession en faveur du déplacement dû à la guerre et à leur situation matrimoniale mais aussi à cause du niveau croissant de pauvreté. En effet, beaucoup sont veuves (23%), célibataires (39%) ou épouses de chômeurs (12%). L'installation des vendeuses n'exige pas de grands frais, ce qui explique un accès facile à la profession et son succès : l'investissement de départ est réduit et, dans quelques cas, les grossistes font crédit aux détaillantes jusqu'à ce qu'elles aient vendu les produits. L'équipement se limite à un ou deux récipients (cuvette, bassine ...) servant au transport et à l'entrepôt des denrées, rarement une balance. Beaucoup (80%) ont été aidées par un parent au départ (mère, frère ou soeur, etc.), et parfois leur mari, commerçant ou salarié. Le capital de départ oscille entre 20 000 à 80 000 F. C.F.A pour la construction de l'étale ou de la table avec un toit ; les frais à la mairie et d'autres frais. D'une façon générale, on constate que les aménagements ont été réalisés et financés en grande partie par les commerçants eux-mémes sans l'aide de la municipalité. Tout dépend de la surface qui peut être achalandée et du réseau utilisé (connaisseur du milieu). Une attention particulière montre qu'en fait, le niveau d'équipement est fonction de l'investissement de départ et des revenus espérés. Cette typologie, classée par niveau d'équipement, distingue: les bâtiments et les boutiques, l'installation délimitée par quatre poteaux, couverte et ouverte (hangar), la table et l'étalage au sol. Des équipements ont été réalisés beaucoup plus pour donner un plan directeur d'urbanisation que pour le souci des commerçantes24. Ces équipements se sont révélés souvent non fonctionnels, et ont été insuffisants pour répondre à la demande croissante de places de vente sur les marchés. De ce fait, les règles d'attribution des places de marché, qui interdisent la sous-location et imposent qu'il n'y ait qu'un attributaire par emplacement et qu'un vendeur ne puisse en cumuler plusieurs, sont par-tout transgressées. Le nombre d'installations d'un marché ne correspond jamais au nombre de vendeurs : de méme, la liste d'attributaires que l'on peut trouver auprès de la municipalité n'a qu'un lointain rapport avec la réalité. Le partage d'installation est une des pratiques généralisées sur tous les marchés surtout celui de Méagui. Deux causes distinctes sont à l'origine de cette situation: d'une part, la saturation des marchés et l'impossibilité d'obtenir un emplace-

    24 Cette description est valable pour l'ensemble des localités non compris Gnititouagui 2 où le marché se fait sur « un chemin » aménager à cet effet

    ment et, d'autre part, la nécessité de partager les frais d'installation et d'exploitation de l'installation. Il est très courant qu'un vendeur dispose de plusieurs installations de vente à travers des prête-noms. Ainsi, la majeure partie des ventes de vivriers se font aux abords des routes et pour cause la chaleur des toitures et la clientèle qui est toujours de passage les obligent à se déplacer (Hermann, Larissa, et Solange, 2008, p 12).

    7.1.2. Activités des acteurs du vivriers sur les marchés de la région de MéaguiLes acteurs qui opèrent sur les marchés sont variés, chacun avec ses particularités : consom-

    mateurs, de la simple paysanne du village voisin au citadin qui fait ses achats réguliers ; détaillants, qui étalent leurs marchandises et dont la diversité est grande (agriculteurs, commerçants professionnels en produits alimentaires, vendeurs d'objets manufacturés ...) (Paulais & Wilhem 2000, p 48) ; collecteurs, qui opèrent sur ces places où se rassemblent les marchandises ; sans oublier les transporteurs, qui relient les localités entre elles et assurent le convoiement des personnes et des produits. A ces catégories, sans qui le marché n'existerait pas, il faut ajouter des agents secondaires, présents surtout dans les principaux centres : «brouettiers» qui transportent les marchandises entre les gares routières et les stands; gardiens des marchés urbains et balayeurs. Le commerce du vivrier de détail appartient tout entier à ce vaste secteur informel qui permet, en fournissant aux femmes ressources et emplois, à la très grande majorité des ménages urbains de survivre (Droy, 1990). Les commerçantes de vivriers occupent les secteurs les plus dégradés des marchés, ceux qui cristallisent tous les dysfonctionnements: surconcentration, enclavement, manque d'hygiène, bâti vétuste à la limite du dangereux. Elles ont été «repoussées» à l'extérieur des marchés pour rester à la périphérique. Cette description convient bien au marché de Méagui qui est situé dans un bas-fond qu'on peut qualifier de vallée en U. De plus en ce lieu convergent toutes les eaux usées des habitations voisines et les eaux de ruissellement qui stagnent et rendent cet endroit insalubre. Quant à la rue, elle accueille aujourd'hui non seulement les petites détaillantes progressivement refoulées hors des marchés par les vendeurs de produits manufacturés, mais aussi, en nombre toujours plus grand, des grossistes de produits vivriers.

    Les achats sont fréquents mais portent sur de faibles sommes : la majorité des consommateurs dépense de 500 à 2 000 F. C.F.A. au marché, sans que l'on note de différence significative entre villes et campagnes. En milieu rural (Gnititouagui 2, Oupoyo, Robert-Porte et Touagui 2), les paysans achètent peu de vivres : ils sont venus vendre leurs récoltes pour se procurer les produits manufacturés indispensables. La plus grande partie de cet argent sert à acheter des denrées de première nécessité pour la maison : pétrole, savon, bouillons cubes

    pour la sauce, phytosanitaires ... Le reste est épargné en prévision de dépenses plus importantes. En ville (Méagui), la situation est différente : les épouses viennent presque tous les jours, pour acquérir des vivres, ou délèguent une parente (soeur, nièce, fille...) ou servante pour cette tâche.

    7.2. De la région de Méagui vers les centres de commerce

    En partant de Méagui jusqu'à leurs destinations finales, les commerçantes visitent plusieurs centre de commerce comme l'indique le schéma ci-dessus. Le plus essentiel est celui de Yabayo.

    7.2.1. Le centre de commerce de Yabayo

    Les vingt et unes commerçants rencontrées reconnaissent tous faire de la collecte de vivriers sur le tronçon de Soubré. Au départ de la région de Méagui, tous constitue leurs stocks à Méagui sur un centre de collecte à la sortie de la ville destinée à cet effet. Dès ce moment, les spéculations se mettent en place. Pour une commerçante qui ne possède pas des produits en grande quantité et qui n'a pas de sources d'information fiable sur le trajet, il est préférable de revendre à une autre grossiste pour éviter les pertes. Par contre, celle qui a un bon réseau de communications se déplace sur le centre de collecte voisin de Yabayo. Cette pratique est légion dans le domaine. Pour le transport de leurs marchandises, elles dépensent entre quinze mille (15000 F. C.F.A.) et vingt cinq mille (25000 F. C.F.A.), voire plus. Le tableau qui suit donne les sources possibles du réseau de communication.

    Tableau 7.1 : Répartition des commerçants selon le canal d'information utilisé en (%)

     

    Observations

    Téléphone

    Commerçants

    Chauffeurs

    Sources d'information sur les prix

    44,8

    0,2

    34

    1,8

    Sources d'information sur les disponibilités
    administratives

    3

    52

    10

    15,4

    Sources d'information sur les routes

    -

    33

    9

    50,8

    Sources d'information sur les coûts du
    transport

    12

    10

    16

    32

    Sources d'information sur la qualité des
    produits

    40,2

    4,8

    31

    -

     

    100

    100

    100

    100

    Sources : Nos enquêtes, Décembre 2009

    Pour pratiquer l'observation, il faut se déplacer le long du circuit ce qui est coüteux pour un bénéfice incertain même pour des commerçantes à grand fond de roulement. L'alternative est donc d'être sur place par le téléphone en étant absente. Là encore cette pratique ne marche qu'entre parente. En effet de Méagui jusqu'à Yabayo, on est dans le même groupe ethnique cependant un lien de parenté est plus efficace qu'un lien ethnique dans ce domaine à cause de

    la concurrence. Sur la place de collecte de Yabayo, celles qui ont complété leur stock à un niveau satisfaisant peuvent embarquer pour Abidjan directement. Une autre catégorie encore, si elles constatent une insuffisance du niveau de stock peut revendre comme les premières l'on faite à Méagui. En général, cet échange se fait avant l'arrivée sur le centre de collecte par cession à une parente ou une partenaire qui va sur Abidjan. Il y a aussi celles qui travaillent avec le réseau de car en place (U.T.B. surtout). Installé initialement à Méagui, elles ont des contacts à Yabayo, à Gagnoa et à Divo de sorte qu'avant Tiassalé, le stock acceptable est atteint avec un déplacement minimum et un coüt de transport élevé. On constate qu'a ce niveau, il n'est plus possible de distinguer le produit vivrier originaire de Méagui tant il y a des récollettes sur le trajet. Enfin, il y celles qui en période d'abondance surtout pour les fruits (avocats et orange), s'informent auprès des transporteurs et viennent pour un court séjour dans la région, constituer un chargement entier et se rendent directement sur le marché d'Abobo et de Yopougon à Abidjan. Toute fois même si nous sommes dans l'impossibilité de distinguer les produits en provenance de la région de Méagui, la certitude existe que ces produits on eu pour point de départ la région de Méagui.

    Ravitailler les marchés en produits vivriers s'avère être un vrai casse tête pour les commerçantes. Celles-ci doivent non seulement faire face aux différents frais de transport, mais aussi aux chargeurs, sans toutefois oublier les taxes douanières. Loin de connaître un répit financier, les commerçantes doivent aussi faire face à des dépenses supplémentaires pour ne pas avoir à subir les nombreuses et fréquentes tracasseries routières. C'est pourquoi, cellesci préfèrent s'attacher les services de policiers. " Il est préférable de payer les trente mille francs aux policiers et de se faire escorter que de tout perdre " affirme Bertine. Si certaines commerçantes effectuent elles-mêmes les voyages pour leurs produits vivriers, cela n'est pas le cas pour d'autres qui préfèrent attendre patiemment qu'une connaissance ou un parent en collaboration avec un chauffeur de camion les leur livre. Ce type de circuit se rencontre sur la voie de San-Pedro - Abidjan mais avec un nombre très faible de commerçants. Souvent, par faute de moyens, celles-ci sont obligées de s'associer à deux ou à trois pour minimiser les dépenses effectuées et rentabiliser leurs déplacements. A côté de cela, il y a aussi le coût du convoi qui leur revient à trente mille (30.000) Francs C.F.A. Outre ces dépenses, les commerçantes qui vont se procurer les produits vivriers dans les campements et villages doivent verser une taxe de trois mille (3000) Francs C.F.A. à l'Office pour la Commercialisation des Produits Vivriers (O.C.P.V.) en plus d'une taxe à payer au corridor de Yopougon. Or les quantités qu'elles collectent ne sont pas grandes pour couvrir l'ensemble des charges engagées dans ce

    commerce. Du coup, comme dans leurs budgets, le postes des dépenses en transport et ses frais annexes sont les plus importants, elles préfèrent livrer son stock.

    Figure 7.2 : Circuit de distribution des produits vivriers

    L'amélioration de l'efficacité du transport par des cargaisons plus importantes, les allers-retours plus rapides et la meilleure utilisation des capacités, sont toutes des méthodes qui ont fait leurs preuves concernant la diminution des coüts et l'ouverture de débouchés de marché plus compétitifs comme celui d'Abidjan. La voie qui passe par la côtière est plus courte mais est la plus dégradée du faite de son intense utilisation. C'est pourquoi dans la conception de cette carte (Figure 8.1), il n'est pas fait mention d'elle. Mais ré profiler la voie rendrait plus dynamique le commerce de vivre. Un ancien commerçant, notre locataire pendant le séjour d'étude, regrettait encore la stimulation à la production que l'acheminement par cette voie leur procurait à l'époque. A l'ouverture du marché de collecte en 1992, les produits vivriers destinés aux commerces étaient détournés pour emprunter cette voie. Mais avec l'usage, elle s'est dégradée, détournant ainsi le commerce vers la région de Soubré.

    7.2.2 Les marchés abidjanais

    L'existence de réseaux anciens de commercialisation, les trajectoires migratoires des commerçants urbains, leurs relations avec leurs zones d'origine et leur type d'implantation dans la ville expliquent le développement de fonctions commerciales spécialisées. Certains circuits d'approvisionnement de la ville sont indépendamment du produit traité. On peut distinguer deux formes principales d'organisation des circuits :

    Dans le premier cas, l'agent principal de l'approvisionnement, le grossiste collecteur, est obligé de se déplacer lui-même le long du circuit, assurant la plupart des opérations nécessaires à la circulation du produit: prospection, collecte, groupage, convoyage, mise sur le marché. Cette dernière opération étant parfois abrégée par les grossistes en place sur le marché terminal de distribution. Ce grossiste est par conséquent relativement spécialisé dans un produit et une zone d'approvisionnement ;

    Dans le second cas, le grossiste collecteur est inséré dans un réseau marchand. Grâce à la circulation des flux d'information et des flux financiers entre ses membres ; la multiplication de ces opérations dans l'espace et le temps, il a une maîtrise bien supérieure des risques et des contraintes inhérents au commerce des produits vivriers. La gamme de produits sur lesquels le grossiste intervient est alors beaucoup plus diversifiée.

    Abidjan est caractérisé par la coexistence de différents types de circuits et de réseaux, sans que l'on puisse toujours saisir avec précision leurs articulations. Si les produits vivriers arrivent sur les marchés d'Abidjan et dans d'autres villes de la Côte d'Ivoire, c'est en grande partie grâce aux femmes Gouro qui ont "colonisé" les "Marché Gouro" d'Adjamé et le "Marché Gouro" de Yopougon. La figure qui suit en donne une localisation.

    Figure 7.3: Localisation des marchés approvisionnés à Abidjan

    Les gares d'Abobo et de Yopougon jouent un rôle particulier pour les commerçantes qui font le transport par cars. Ces lieux ont longtemps joué le rôle de centre de stockage et de distribution. Actuellement ils se caractérisent dans notre étude car ils sont les premiers lieux de rencontre entre commerçantes-voyageuses et les réceptionnistes et les clientes. Par ailleurs elles sont les deux principales zones d'entrée en provenance de l'intérieur ce qui fait que les premiers déchargements se font d'abords dans ces gares. A la fin de notre séjour à Méagui, des commerçantes effectuaient aussi le voyage. A la gare UTB de Yopougon Siporex, une foule de femmes dont l'âge oscille entre 12 et 60 ans attendaient avec patience l'arrivée des convois de marchandises. Certaines portant des grossesses, d'autres des enfants au dos. Les unes assises, les autres, couchées sur un morceau de pagne ou à même le sol. Objectif, s'en procurer. Parfois, à l'issue d'une rude lutte. L'essentiel est de repartir soit avec un sac d'aubergine, soit un panier de tomates ou encore un sac de gombo, de piments, de bananes ou de manioc. Les commerçantes-voyageuses font décharger les sacs marqués d'un signe de vernis à des grossistes qui les attendent. Après cette étape, elle continue pour Adjamé et Treichville selon le cas. Les marchés centraux de Treichville et d'Adjamé s'emploient surtout à répondre aux be-

    soins alimentaires de l'ensemble de la population abidjanaise. Leur fréquentation se fait sur la base des prix pratiqués et de la qualité des produits ce qui fait qu'Adjamé bénéficie d'une réputation de prix bas et Treichville des produits de bonne qualité. C'est spécifiquement ces trois marchés que ravitaille Méagui selon les entretiens obtenus. Il faut dire que le marché d'Abobo reçoit surtout l'avocat et de la cola en destination d'Ayama (Figure 8.2). L'essentiel des autres produit sont conduit sur le marché Gouro de Yopougon et d'Adjamé. Dans notre enquête, nous n'avons pas eu de véhicules en destination directe de Méagui. Cette certitude peut être établit pour l'avocat car il est livré conjointement avec le cola.

    Au marché Zamblé (Gouro) et Roxy à Adjamé, la situation est la même. De toutes les manières, il faut pouvoir être présente sur le marché dès l'aube. Quand un camion, surchargé, roulant péniblement et transportant les produits apparait, c'est la course au trésor. Certaines femmes n'hésitent pas à lancer un morceau de pagne sur le véhicule. D'autres, tout objet qu'elles trouvent sur leur passage. C'est une manière à elles de faire la réservation, peu importe la manière. Il faut précise que ces camions viennent directement de l'intérieur sans escale préalable dans un des marchés abidjanais. Telle se présente la situation avant l'approvisionnement.

    En définitif pour le vivrier en provenance de Méagui, trois commune sont concerné celle de Youpougon, celle d'Abobo et celle d'Adjamé. La commune de Treichville ne vient d'en second plan. Sur les marchés concernés dans chacune des communes, les quantités en provenance de Méagui ne peuvent être distingué car indifféremment collecte avec d'autres vivrier sur d'autres villes. Les convois « pure » sont faibles voire inexistant à cause de nombreuses tracasseries constaté déjà au niveau de Soubré. Ce qui ne motive pas au risque et fait donc que l'essentiel du commerce se déroule sur place.

    7.3. Les circuits de commercialisation

    La distribution consiste en plusieurs opérations matérielles et économiques intermédiaires, qui impliquent au moins un achat par le distributeur et un achat par le consommateur ; elle suppose donc que soit organisé de manière satisfaisante l'ajustement entre quantités offertes et quantités désirées. Ces transactions revêtent une dimension spatiale (il faut oraniser le transport des biens et fournir des points de vente accessibles aux acheteurs), une dimension temporelle (il faut rapidement mettre les produits sur le marché en fonction des besoins des consommateurs, tout en tenant compte des disponibilités des fournisseurs) et proprement économique (le rôle du distributeur consiste à gérer le décalage entre l'offre et la demande sur un marché déterminé). Le circuit parcouru par un produit entre la production et la consommation

    finale est plus ou moins long en fonction du nombre d'intermédiaires qui y participent. Il est d'usage de distinguer les circuits directs (ne faisant pas intervenir d'intermédiaire ou un seul) et des circuits indirects. Dans ces derniers, on distingue des circuits courts (où le seul intermédiaire est le détaillant) et des circuits longs (dans lesquels les intermédiaires sont soit des grossistes, soit des détaillants). Cependant dans le cadre de notre analyse, nous parlerons de circuits principaux et de circuits secondaires. Sur la figure 7.1, on voit de manière schématique les différents circuits parcourus par le vivrier.

    Un premier circuit est animé par principalement par les néo ruraux (licenciés, retraités,...) qui se rendent directement sur les exploitations pour des achats de petites quantités justes pour l'autoconsommation. Ils se déplacent à moto ou à vélo et quelque fois en véhicule.

    Des bassins de production (Robert-Porte, Oupoyo, Touagui 2 et Gnititouagui 2), le vivrier accède aux marchés par les producteurs ou par les grossistes. Un second circuit débute par des grossistes (ruraux ou venant d'Abidjan) qui vont directement dans les zones de productions pour constituer leurs stocks. Puis, ils se rendent pour certains (Grossistes d'Abidjan) à Yabayo ou à Soubré pour compléter le stocks initial et pour d'autres, ils le commercialisent auprès des détaillants ou de leurs clients. Ceux-ci les revendent directement aux consommateurs sur les marchés et un autre se poursuit pour les villes voisines. Pour les grossistes d'Abidjan, si les quantités ne sont pas toujours importantes, ils se déplacent vers le centre de collecte suivant : le centre de Yabayo. On peut remarquer l'absence de semi grossiste car ceux-ci sont confondus aux détaillants. C'est de véritables spéculateurs se déplaçant en fonction des sites spéculatifs de vivriers. Ce circuit est principal car il mobilise un plus grand nombre d'acteurs et des quantités aussi importantes y transitent.

    Le troisième circuit dit secondaire par rapport à notre étude, comporte plusieurs embranchements parmi les grossistes en premier lieu (l'un peut racheter les marchandises à l'autre) ensuite entre détaillantes. De la diversité des types de circuit de distribution qui existe, tous sont pratiqués. Il ne suffit pas d'être présent dans la chaîne de distribution pour avoir une connaissance précise et actualisée de la situation. Chaque maillon détient une information partielle et partiale. De façon à maîtriser l'information, il convient de se déplacer physiquement tout au long du circuit ou bien d'avoir intégré dans son organisation des agents spécialisés. C'est le rôle que jouent les grossistes afin de centraliser les productions achetées à Méagui. Deux situations se présentent alors : celles qui ont un pouvoir d'activité plus faible (grossistesdétaillantes) revendent leurs productions aux détails ou à d'autres grossistes. Celles-ci, après ces rachats se rendent sur de centres de collecte (voir figure 7.1). Ainsi de suite jusqu'à ce qu'elles atteignent les quantités qui peuvent être convoyé sur Abidjan.

    Bassin de production

    Fruits

    Céréales

    Féculents

    Oléagineux

    Produits maraîchers

    Bord champs :
    Grossistes collec-
    teurs d'Abidjan

    Grossistes Collecteurs
    de Yabayo ou Soubré

    San-Pedro - Sassandra
    Fresco - Grand-Lahou

    Marché de routes :
    Carrefour de villes

    Détaillants de produits

    Micro-détaillantes de
    quartiers ou de rues

    Consommateurs

    Bord champs :
    Grossistes ruraux
    intermédiaires

    Gagnoa - Lakota
    Divo- Tiassalé

    Autres centres de commerce

    Consommateurs

    Marchés permanents
    [Méagui-Oupoyo-Robert-porte]

    Marchés hebdomadaires
    [Touagui 2 - Gnititouagui 2]

    Bassin de commercialisation

    Productrices
    Détaillantes

    Productrices
    Détaillantes

    Abidjan

    Destinations diverses

    Figure 7.4: Les circuits de commercialisation des produits vivriers dans la région de Méagui. (Source : Nos enquêtes, Décembre 2009)

    Légende :

    : Principaux circuits : Circuits secondaires

    Circuits indirects Circuits directs

    Long Court Court Long

    La route, support fondamental de ce circuit, facilite les échanges de produits agricoles entre Méagui et ses villages. Il permet de renforcer la distinction entre le circuit principal et les circuits secondaires, la facilité de déplacement permettant une circulation plus importante des flux de marchandises. La région de Méagui ne possède qu'une voie bitumée qui relie Soubré et San-Pedro. Le réseau routier est très dense en piste non praticable selon qu'il se trouve au bout des cultures. Les commerçantes dans leur grande majorité vivent des difficultés pendant leur voyage: dépense pour l'achat des produits vivriers, le prix du déchargement, le prix de l'escorte, les taxes ainsi que les imprévus comme la panne d'un camion qui pourrait survenir en cours de route ou pire, les vols occasionnés par les coupeurs de route. Le vrai dilemme est trouver un type de véhicule qui fasse sortir les récoltes sans trop les abimés surtout pour les fruits et le maraichers. Mais il ne s'en trouve pas.

    Aux nombreuses difficultés de déplacement des récoltes, il faut ajouter les coupeurs de routes. Ces derniers profite de dos d'âne et des nids de poule sur la voie bitumé pour créées des difficultés aux commerçantes en prennent soit leurs marchandises ou l'argent qu'elles possèdent. A contrario, le tronçon Méagui - San Pedro est en bonne état mais n'est pas pratiqué car les prix ne sont pas rémunérateur sur ces marchés. Les produits entre en concurrence avec ceux de la région de San-Pedro qui ont un coût de transport très faible et un développement des moyens de transports liée à l'activité portuaire.

    Conclusion du Chapitre 7

    Le commerce de la région se déroule dans une sphère locale et sur les centres de commerce de Yabayo. Le centre de Yabayo est plus actif car carrefour de plusieurs villes. De l'ensemble des circuits, plusieurs sont utilisés mais le bon état relatif de la route fait de la voie bitumée le principal circuit de distribution. De par ce fait comme le transport en commun s'y déroule, la grande partie des commerçantes l'utilisent pour le transport de leur produit.

    Chapitre 8 : IMPACT DE LA COMMERCIALISATION
    ET PROBLEMES

    Usant de stratèges et souvent au prix de leur santé, les commerçantes parcourent des kilomètres depuis Méagui pour ravitailler certains marchés d'Abidjan. Ce sont les commerçantes en gros de produits vivriers qui ravitaillent nos différents marchés, en dépit d'énormes difficultés qu'elles rencontrent aussi bien lors de leurs différents voyages que dans la livraison. Mais quelles sont les influences entre Méagui et ses localités et quelles sont les difficultés rencontrées dans les pratiques commerciales?

    8.1. Relations entre Méagui et sa région : urbanisation et périurbanisation

    L'urbanisation rurale, désigne tantôt un état, tantôt une relation entre deux termes (ville/campagne, rural/urbain), tantôt un processus. Bien des acceptions de cette notion sont différentes et donnent lieu à de multiples définitions parfois contradictoires.

    Par urbanisation des campagnes comme Oupoyo et Robert-Porte, nous entendons un processus d'intégration de la mobilité spatiale des personnes, des biens et des idées dans la vie quotidienne. Elle donne toute la logique à l'individualisation, en diminuant le poids des enracinements locaux. Elle fait, du projet individuel, un élément clé de revendication dans la vie quotidienne. Vu sous cet angle, l'urbanisation des campagnes, n'est plus un processus d'assimilation mais d'intégration des catégories de populations, même arriérées, dans la modernité.

    Nous définirons par périurbanisation tout processus de transformations discontinues des espaces ruraux à proximité et sous influence des villes (comme Méagui). L'espace périurbain est un espace fonctionnellement urbain situé à la périphérie d'une agglomération urbaine. Cela convient bien à Touagui 2 qui est considéré comme un quartier de Méagui. L'espace rurbain, quant à lui, résulte d'une transformation sur place de l'espace rural. Il produit un territoire, conservant des structures héritées, où s'épanouit une culture individualiste calquée sur la culture urbaine et relativement à l'abri des contraintes collectives. C'est l'image de Gnititouagui 2 qui se transforme avec l'électrification et la construction de gares modernes.

    Depuis longtemps, les planteurs-commerçants Dioula ont l'habitude d'avoir une main mise sur leur plantation et une autre en ville où ils ont construit une demeure, voire plusieurs, pour les louer. A Méagui comme à Oupoyo, les agriculteurs font quelquefois construire des maisons qu'ils louent ou qu'ils habitent le dimanche ou lors des périodes de moindres travaux. C'est le cas des planteurs Baoulé qui s'intéressent en priorité à leur village d'origine mais

    commencent à investir dans les cités de la zone pionnière. C'est certainement la mutation de l'habitat qui est la plus visible dans le paysage. Beaucoup de paysans surtout les grossistes résidents pour qui les disponibilités monétaires sont importantes et certains producteurs cherchent à posséder leur maison en dur : murs crépis de ciment, toit en tôles ondulées, voire pour les plus riches, maison à étage.

    Le développement de l'économie de plantation villageoise, s'il a servi de support à la croissance urbaine, s'est nourri d'elle également. L'agriculture d'exportation a besoin d'un certain nombre d'infrastructures, de relais commerciaux, qui ne se trouvent qu'en ville. En même temps, la cité fournit au paysan les produits dont il a besoin ou qu'il désire, notamment les produits de consommation, et que ses gains dans l'agriculture lui permettent d'acquérir, soit directement en se rendant en ville ou soit par un intermédiaire.

    Photos 8.1 et 8.2 : Utilisation des bas fonds et des terrains non bâtis (Source : Dagou, 2010)

    On peut remarquer les bas-fonds qui sillonnent la ville. On a des bas fonds secs dans les quartiers Bako, Netro et Bayard. Du riz et des cultures maraichères s'y développent avec une faible intensité. Sur la photo 10.1, le riz a été récolté et on aperçoit quelques épis qui sont restés dans le quartier Bayard. Un champ de maïs et de banane plantain se trouve le long du versant de ce bas-fond. Dans les autres quartiers, les bas fonds humides sont plantés en riz principalement. Dans les quartiers périphériques, domaine d'extension de la ville, ceux qui possèdent des terrains viabilisés mais non mise en valeur y cultivent de l'igname, du manioc pour maintenir leur propriété sur le terrain (Photo 8.2). Certains plutôt, comme sur la photo 8.1, y construise leur demeure. En effet, on peut sur cette photo observer les murs de la terrasse et la clôture en bois qui définie la limite de son terrain. Maintenir une agriculture périurbaine n'est pas

    l'objectif initial mais la sécurité foncière lui donne droit de cité surtout que des litiges récurrents naissent de ventes de terrain à plusieurs personnes.

    L'agriculteur ne répond à la demande que pour autant qu'il y trouve avantage ou refuse de vendre sa marchandise. La réponse paysanne à la demande urbaine croissante se traduit par le développement de systèmes de production fondés sur la culture de la banane ou de l'igname ou par l'association des vivriers au café-cacao. La réussite commerciale des paysans repose également sur une stratégie qui suppose un déploiement urbain surtout pour le transport, comparons ceux du Nord-Est et ceux du Sud-Ouest. Les agriculteurs Lobi qui commercialisent leur igname directement sur Abidjan regroupent leur production dans de gros camions et char-gent l'un des leurs qui connaît la ville et instruit, d'aller contacter le transporteur, puis de conduire et de vendre la production à Abidjan. Stratégie rurale où le paysan scolarisé qui a vécu en ville tient une position clef (Chaléard et Dubresson, 1989, p 288). La mise en place d'une agriculture spécialisée dans l'approvisionnement de marchés lointains répond à des prix suffisamment rémunérateurs et exige une organisation efficace des circuits commerciaux. C'est parce que l'igname est une denrée relativement chère qu'elle a pu susciter l'intérêt de paysans situés à plus de 500 kilomètres du lieu de consommation25. Dans le Sud-Ouest par contre, pour rendre possible un tel essor, on assiste à la greffe de l'agriculture vivrières sur l'agriculture de plantation qu'ils développent une production alimentaire pour les villes. Si on peut percevoir la ville comme porteuse de déracinement et d'uniformisation face à l'espace rural, les rapports entre Méagui et ses villages s'inscrivent dans une série de rapports sociaux, qui évoluent avec les techniques de contrôle de l'espace (moyens de transport, de communication, de coercition) qui sont timides.

    8.2. Difficultés

    Les difficultés sont de plusieurs ordre tant au niveau de la production que de la commercialisation. Mais aussi des éléments exogènes comme l'instabilité des saisons.

    8.2.1. Insuffisance du système d'encadrement entourant le vivrier

    Les structures étatiques d'encadrement et de planification que sont le C.N.R.A, l'A.N.A.D.E.R, l'O.C.P.V. ; le Ministère du Plan et de l'Urbanisme, le Ministère de l'Agriculture ont toutes leurs représentations à Méagui. Mais la proximité des agents et des paysans est un défi majeur. Ils ont été prioritairement déployés pour les cultures de rentes et

    25 Chaléard J. L., Fronts pionniers et ravitaillements des villes en Côte d'Ivoire, 1990

    pour atténuer les problèmes fonciers. Mais actuellement, le soutient initial a baissé et les locaux qu'abritent ces différentes structures sont dans un état dégradé.

    Pour le Ministère du Plan et l'Urbanisme, le manque d'électricité et l'utilisation temporaire des locaux de la mairie limite leur champ de compétences. Obtenir une carte fut un véritable parcours du combattant. Si nous y avons eu recours, c'est que les autres voies étaient épuisées. Pour l'O.C.P.V., les magasins de stockage ne contiennent que des produits de rentes (café-cacao) et des aires de séchages. Les responsables au nombre de deux ne vont que quand ils le peuvent sur les marchés et les corridors. Le manque d'engins roulant ou de carburant est la raison principalement évoqué. Ces locaux sont souvent transformés en centre culturelle pour les activités sportives « Maracana » et culturelles comme l'émission « Tonnerre ». Pour ter-miner, le marché actuel de Méagui devrait être construit dans le prolongement de l'O.C.P.V. mais le faible engouement pour la spéculation autour du vivrier a conduit au détachement des deux entités. Actuellement l'espace de l'O.C.P.V. est en entrain d'être réduit par la construction de magasins, de gares routières et point de commerce. L'A.N.A.D.E.R et le C.N.R.A ne sont pas présent en tant que tel mais ont des agents qui sillonnent le département de Soubré. Ces structures manquent véritablement de moyens techniques pour mieux encadrer les producteurs mais surtout souffre de ce que leurs activités ne sont pas contrôlées ne permettant pas de dégager des seuils d'améliorations.

    8.2.2. Conflits fonciers

    L'épuisement des réserves forestières et l'inéluctable nécessité d'intensifier les systèmes de production se sont accompagnés de la remise en cause des conventions foncières entre autochtones et migrants. Progressivement, les obligations morales dues aux tuteurs sont devenues des prestations, de plus en plus importantes et de plus en plus régulières, pour l'accès et l'occupation de la terre. Le changement de génération, chez les tuteurs comme chez les migrants, l'augmentation de la pression foncière et le retour au village de ressortissants citadins ont contribué encore à accentuer les tensions entre autochtones et étrangers.

    En ce qui concerne les jeunes ivoiriens, le modèle urbain d'ascension sociale, qui a été leur référence durant les années de prospérité, s'est estompé. Les jeunes autochtones ont subi les conséquences de la crise économique dans les principales villes du pays. Leur contestation a été d'autant plus vive qu'ils se trouvaient confrontés aux difficultés d'accès à la terre au sein de leur propre famille et au monopole des « vieux » sur la rente foncière. Enfin, leur frustration a été accrue par leurs aspirations à un mode de vie urbain, que le caractère « rurbain » des

    campagnes ivoiriennes, au moins dans le Sud forestier, continue d'encourager méme lorsque le repli sur les villages d'origine reste la seule stratégie possible de survie.

    Les jeunes exploitants migrants, particulièrement d'origine sahélienne, sont constamment confrontés au risque de voir dénoncer les conventions foncières qui avaient été accordées aux parents auxquels ils succèdent. L'affaiblissement de la sécurisation foncière des migrants étrangers de la région de Méagui aura en effet un impact négatif important sur la durabilité des cultures vivrières (production et qualité d'entretien). En effet, une part importante de ceux-ci, en particulier Burkinabés, participent à la production tout en attirant de la main d'oeuvre utilisée tant par eux que par les exploitants autochtones et par les migrants ivoiriens. Une partie notable d'entre eux sont d'ailleurs à la fois producteurs directs et fournisseurs de main d'oeuvre. Un désengagement, même partiel, des migrants non ivoiriens pourrait donc avoir des conséquences non seulement sur la productivité par rapport à la surface, mais aussi, à terme, sur l'état phytosanitaire du verger ivoirien. Enfin, une frange des exploitants migrants, surtout Burkinabé, est également fournisseuse de services para-agricoles stratégiques (crédit, achat de produit, transport).

    8.2.3. Financement du stock des produits vivriers

    Probablement, la plus grande barrière à l'entrée dans le commerce est la possibilité d'obtenir des crédits pour le financement de départ. Cette barrière sélectionne les gens qui ont assez de moyens et empêche les gens sans moyens d'entrer sur le marché. La plupart des grossistes (68%) ont déclaré d'avoir hérité le commerce de la famille. Par conséquent, ils peuvent profiter d'un financement de départ. A Oupoyo par exemple, deux grossistes rencontrés nous ont confié bénéficier d'une retraite anticipée pour pratiquer cette activité. Sachant que leur retraite était proche, ils ont profité d'une offre de leur société pour réaliser leurs voeux. Dans la région de Méagui, les réseaux de crédit et de commercialisation reposent sur un tissu social très structuré et hiérarchisé. Les mécanismes de coercition y sont très contraignants et ont sans doute opéré, lors de la phase pionnière, comme un frein aux comportements individualistes. En période de pénurie financière, ils représentent en revanche une sécurité : les contraintes se traduisent par le prélèvement d'une part importante du surtravail des planteurs, via les prix d'achat du cacao et les services rendus aux chefs de la communauté, mais elles sont compensées par un accès privilégié à la main-d'oeuvre et au crédit. Cependant avec les informations collectées, une typologie d'ensemble a été établie concernant leur source de financement.

    Figure 8.1 : Répartition des commerçants selon les sources de financement (%)

    Source : Nos enquêtes, Décembre 2010

    Le financement de départ des grossistes indépendants provient soit d'un crédit de la famille ou d'un avoir personnel. Il est très difficile d'obtenir un crédit de la famille ou de la banque. Un crédit entre les amis est considéré comme une «émission d'actions». Il n'y a pas de taux d'intérêt, mais le partage du bénéfice se fait avec le crédit en deux parts égales. De cette façon, le créditeur porte le risque de ne pas avoir un intérêt quand le débiteur enregistre une perte avec l'argent emprunté. 54 % des grossistes interrogés ont déclaré avoir un compte bancaire dans une micro finance plutôt que dans une banque ordinaire. Ceci parce que les possibilités de retrait sont plus souple et la fin pour laquelle ces dépôts sont fait est l'emblème de la structure. Tous ces fonds son soigneusement surveillés par l'organisation des grossistes. Ce sont à Méagui et Touagui 2, 71 % des grossistes résidents et à Robert-Porte et Oupoyo de 36 %. Pour obtenir un crédit, il faut leur vendre ta production. On se tromperait sur le fait qu'un opportunisme quelconque puisse exister car ils sont bien informés sur l'emplacement des champs des sortes qu'au moment de la récolte, ils sont présents. Les vendeurs au détail sont surtout des femmes, dont le financement initial provient souvent des fonds propres familiaux (21,30%), du capital décès ou des indemnités de licenciement du conjoint. Une épargne peut être mobilisée à travers les tontines (42,70%) ou du soutien d'une grossiste qui donne la marchandise à crédit. Dans la pratique, la méthode la plus courante est la tontine pour le financement des stocks de départ. Comme on peut le voir, les détaillantes combinent différents mode de financement mais qui sont au final inefficace puisque la mauvaise gestion et les aléas sont

    tels qu'elles se retrouvent endettées. En définitive, on remarque que les détaillantes de marchés constituent des communautés très fragiles et contrôlées par le fond de roulement d'où le besoin d'un fond d'aide et de soutien.

    8.2.4. Saisonnalité et instabilité des prix des produits

    Le marché du vivrier ne se porte pas trop bien en ce moment. Les femmes du vivrier évoquent de plus en plus la baisse de la pluviométrie. Les climatologues essaient de tirer, eux-aussi, la sonnette d'alarme. Pour Djé Kouakou Bernard, chef du département de la climatologie et de l'agro-métrologie de la Société d'exploitation et de développement aéroportuaire, aéronautique et métrologique (SODEXAM), si actuellement la baisse de la production paraît un phénomène normal (voir figure 2.2 et 2.3), force est de reconnaître que les effets du changement climatique se font ressentir malheureusement sur les cycles de production. En effet, les régions comme Gagnoa26 ont vu leur cycle de production reculer de 31 jours, soit un mois. Pour M. Djé, la déforestation et le réchauffement climatique risquent de mettre en péril les productions agricoles nationales.

    Selon les agents de l'A.N.A.D.E.R., la production agricole ivoirienne de «type pluvial» a baissé de moitié ces dix dernières années en raison du phénomène de changement climatique. C'est un grand risque qui pèse sur la sécurité alimentaire si nous n'arrivons pas à prendre des mesures, avait prévenu Yo Tiémoko, Directeur du Centre National de Recherche Agronomique27. Dans la pratique, le principal risque est d'ordre économique. Variations des cours et mévente sont les deux gros risques économiques que rencontrent les cultures vivrières.

    On constate cependant une certaine instabilité des systèmes de production : les superficies en manioc ont fortement augmenté au moment des hausses pour redescendre ensuite. L'augmentation des prix est signe de pénurie (le risque de mévente est alors éliminé) ; en même temps elle accroît la marge de sécurité financière de l'exploitation, l'agriculteur étant assuré de revenus par tonne plus élevés. Les risques à ce moment là sont donc atténués. Mais ces productions trouvent leurs limites : aucun producteur ne choisit la monoculture, et rares sont les agriculteurs qui tirent l'essentiel de leurs revenus des cultures maraîchères voire vivrières. Tous pratiquent l'association différentes spéculations : café-cacao quand ils le peuvent, banane plantain, manioc et cultures maraîchères. Les cultures vivrières pour les ventes faites dans un cadre traditionnel ne se heurtent pas à ce danger : mais le risque vient de l'absence d'assurance d'écoulement de la production, que l'agriculteur ne peut guère prévoir car il

    26 Il fait allusion à la station de recherche de la SODEXAM qui se trouve à Gagnoa.

    27 Vendredi 19 mars 2010 - Par le journal Nord-Sud : Vivriers, une pénurie guette le marché

    ne connaît ni l'état du marché, ni le niveau de la production globale au moment de sa vente. C'est pourquoi, les petits exploitants qui ne maîtrisent qu'imparfaitement les techniques culturales et la commercialisation cherchent souvent à réduire les risques en minimisant les coûts de production : ils utilisent moins d'engrais, et moins de produits que les gros exploitants. En-fin, beaucoup de petits producteurs, quand ils ont la possibilité, évoluent vers une agriculture bien connue pour répartir et amoindrir le risque : la polyculture.

    8.2.5. Insécurité commerciale et mauvais état des routes

    A la faveur d'un séminaire de réflexion sur la relance du vivrier, les acteurs de la chaîne du vivrier se sont concertés à Bouaké. Productrices du vivrier, commerçantes et transporteurs ont débattu du 02 au 05 avril 2009 au Foyer Jeune Viateur de Bouaké des difficultés qui minent ce secteur. Les problèmes qui sont l'apanage de ce secteur ont été exposés. Mais aussi et surtout les tracasseries routières qui frappent le secteur. Un dysfonctionnement qui a pris de l'ascendant avec l'avènement de la crise qui a éclatée le 19 septembre 2002. Les productrices, commerçantes et transporteurs de vivrier attendent toujours l'amélioration du problème de fluidité routière pour leur permettre d'exercer au mieux leurs activités respectives et d'en tirer véritablement profit. D'une localité quelconque à Abidjan, commerçantes et transporteurs de produits maraîchers et vivriers sont rançonnés par les Forces de Défense et de Sécurité. Le réseau routier de la Côte d'Ivoire connaît depuis l'année 2000, une dégradation dramatique. Les causes en sont multiples, mais on peut en retenir quatre principales qui sont l'absence d'une politique cohérente d'entretien et de réhabilitation ; les malfaçons d'origines diverses constatées lors de la construction des chaussées et relatives à la qualité des matériaux ; les conditions climatiques et les causes liées aux poids des marchandises. On peut ainsi constater que sur ce réseau le << nid de poule », le rétrécissement de la voie créant ainsi des embouteillages Et si dans cette situation, un accident survient, c'est tout le trajet qui est mis en mal. Ainsi pour des commerçantes de produits périssables (fruits et légumes), cette fluidité est vitale car ces produits ont déjà fait l'objet de plusieurs collectes.

    Conclusion du Chapitre 8

    En inscrivant l'analyse du phénomène urbain dans la hiérarchie et la dynamique spatiale des relations villes-campagnes, Courade (1985, p 73) estime que << le rôle que la ville joue dans le développement des campagnes est fonction des caractéristiques de la ville dirigeante et encadrante », mais également des modes d'organisation des paysanneries et de la structuration

    des espaces ruraux. En effet le faible niveau et la vétusté des équipements de Méagui fait qu'elle se vide de ses richesses « vivrières » au profit des centres urbains voisins comme Yabayo. Une typologie peut être établit, entre les sous-espaces ruraux : les périphéries rurales actives (Oupoyo et Gnititouagui 2), les périphéries rurales passives (Touagui 2) et les sousespaces marginaux (Robert-Porte). Cette structuration ne va pas sans crée de externalités négative. Les problèmes ou obstacles, frein à la bonne organisation de la filière du vivrier, sont nombreux.

    La saisonnalité aussi perturbe beaucoup la production vivrière et rend donc les prix ins-tables surtout qu'il s'agit d'une production traditionnelle. Les agents de l'A.N.A.D.E.R. et de l'O.C.P.V manquent de matériels de tout genre pour offrir leur expertise et encadrer les producteurs. Par ailleurs, le racket auquel s'adonnent les agents des forces de l'ordre gangrènent cette activité et les véhicules incommodes aux transports des produits vivriers constituent un premier lot de complexité qui freine la production.

    La désorganisation des marchés dus à la saturation et à la mauvaise occupation des places auxquelles se greffent les difficultés d'ordre social et ethnique qui annihile toute velléité d'organisation pour les Baoulés et Burkinabé pionnier de cette agriculture. Enfin, l'insécurité routière due aux coupeurs de route termine d'égrainer le chapelet de problèmes que rencontre ce secteur. Toutefois, une chose est de faire le diagnostic et un autre est de proposer des recommandations et solutions pour redynamiser ce secteur.

    Chapitre 9 : PERSPECTIVES DE LA PRODUCTION ET DE LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS VIVRIERS

    L'exercice de la production et de la commercialisation est imparfait dans son ensemble et nécessite pour chaque acteur que ses capacités soient renforcées par la détection des insuffisances et les attentes probables pour l'évolution de son activité. Chaque acteur, en fonction de ce qu'il participe comme un maillon de cette chaine, production-commercialisationconsommation a des préoccupations spécifiques. Ils se caractérisent par la collecte : elle est l'affaire des commerçants qui proposent des prix non rémunérateurs aux producteurs ; le transport : il est affecté par des coûts élevés dus à l'état défectueux des infrastructures routières, les tracasseries routières lors de l'acheminement des produits, la non-disponibilité des moyens de transport et le prix élevé du carburant ; et la distribution des produits vivriers : elle est inefficace à cause de l'insuffisance d'infrastructures de groupage, de stockage et de conservation des produits, du déficit d'information et de communication sur l'offre et la demande entraînant une mauvaise répartition de la production dans les centres de consommation.

    9.1. Renforcement de l'appui aux produits vivriers

    L'absence d'un système de collecte dynamique et ordonné a comme effet de maintenir un statu quo de la production à petite échelle, et une compétition déséquilibrée, dominée par de bas niveaux de productivité. Les petites transactions sont des contraintes qui mènent à une utilisation inefficace des camions en raison du nombre élevé de commerçants impliqués. Cette inefficacité a des implications sur la chaîne de commerce. Afin de réaliser une collecte plus efficace, les agriculteurs devraient centraliser les transactions de vente dans le temps et à moindre mesure dans l'espace. La collecte optimale se situerait au niveau du village ou d'un groupe de villages, avec un calendrier de vente fixe. Une transaction de vente de trois à quatre sacs par ménage au lieu du nombre actuel de un ou moins, mènerait de manière significative à moindre coüts de collecte et de transport. L'introduction d'équipements de transport bon marché dans les régions rurales permettrait aux agriculteurs de transporter leurs produits aux marchés sans perdre leur pouvoir de négociation.

    9.2. Sécurisation foncière

    La question foncière ne trouvera pas de voie d'évolution relativement paisible et durable si les
    politiques de développement ne s'attaquent pas aux racines structurelles de la crise de la rura-
    lité, qui ne sont ni seulement agraires ni seulement rurales. Pour y parvenir, il est de la respon-

    sabilité des bailleurs de fonds de réviser les objectifs de la libéralisation qui se sont avérés largement inadaptés à l'ampleur des défis ivoiriens par leur simplisme, leur dogmatisme, leur vision de court terme et la déconnexion, dans leur conception, des champs du politique et de l'économique. L'attention devrait être portée en particulier sur le caractère de plus en plus « rurbain » des campagnes, par la promotion d'activités non exclusivement agricoles pour les jeunes hommes et les jeunes femmes. Toute action dans le domaine foncier devra être accompagnée de mesures visant à améliorer les marchés du crédit, des intrants et des prestations de services, et à débarrasser les organisations coopératives de leur chape clientéliste.

    9.3. Amélioration des conditions d'exercice de l'activité des détaillantes

    Avoir une aide financière pour débuter son commerce est le seul fait de l'affiliation parentale ou ethnique. Beaucoup d'entre elles font des tontines pour combler ce besoin de financement. Cette initiative privée bien qu'insignifiante par rapport aux besoins doit être soutenue. Cela passe par la mise en place d'un fonds de crédits pour la commercialisation des produits vivriers (achat de produits bord-champ). De plus, la construction d'installations de vente leur permettant d'être à l'abri des intempéries mais aussi de leur assurer un bon stockage de leurs marchandises. Aussi la sécurité de ces marchés est-elle de plus en plus exigée. Les commerçants souhaitent que leurs marchés du moins officiels, soient par exemple clôturés et soient éclairés pour leur permettre d'exercer à toute heure. Par ailleurs, un service de police efficace est aussi important, pour permettre à ces vendeurs d'exercer en toute quiétude. Pour terminer, l'approvisionnement en eau et la disponibilité des: équipements sanitaires publics (latrines et douches) rendront toutes ces installations viables.

    9.4. Amélioration des conditions de circulation du vivriers

    Les difficultés de transport constituent une véritable contrainte pour les acteurs à tous les niveaux de la filière. Ceci s'explique par le fait que très peu de transporteurs se sont spécialisés dans la commercialisation des produits vivriers. Cette composante traite des aspects de collecte, de transport et de distribution. Il s'agit d'une part, d'améliorer les conditions de mise en marché en vue de réduire les prix des produits vivriers au niveau des consommateurs. A la question de savoir comment ils font l'entretien de leurs véhicules ; 47% ne vont chez les mécaniciens que quand ils ont des pannes ; 23% que quand les véhicule sont très sollicités ; 20% quand ils ont un bon contrat. Cette répartition montre comment les réparations sont soumises aux grés du hasard et font peser un risque sur l'accomplissement du contrat. Les distances à parcourir et le relief du lieu de collecte bord champ constituent des limites à leurs action. Le

    commerçant peut attendre plusieurs jours «en brousse» lors des pannes et ne peut réclamer de dédommagements. L'incertitude quant aux conditions et à la durée du voyage est le principal inconvénient de cette pratique. La colocation de véhicules de transport et le payement par colis constituent des palliatifs pour contourner cette contrainte et amoindrir les coûts. Pour la réussite de toutes ces actions, il faut aussi au support du transport par l'entretien des pistes rurales reliant les zones de production vivrières aux principaux marchés. Les véhicules assurant le transport des produits agricoles sont des moyens de transport en commun de passagers. Si l'on veut professionnaliser la filière du vivrier, il importe de spécialiser des véhicules avec des capacités de chargements et de conditionnement adéquats au vivrier comme pour la viande congelée. Par ailleurs, tous les transporteurs ont décrié le phénomène du racket aux différents postes de contrôle. Il est donc impérieux que l'Etat prenne des dispositions rigoureuses en vue de faire face à ce phénomène en sanctionnant de manière exemplaire ces auteurs. Ces mesures pourraient faciliter la fluidité routière et stabiliser les prix des denrées alimentaires à un niveau intéressant pour la population.

    9.5. Articuler stratégies individuelles et collectives : une nécessité

    Dans une optique prospective, l'organisation des grossistes Dioula doit être un modèle pour stimuler d'autres regroupements. On peut avancer quelques critères permettant de la distinguer 1) elle mène des activités économiques durant la contre-saison ; 2) elle a des relations avec des acteurs du développement situés hors du village ; 3) elle affiche une volonté de rechercher de solutions et de contrôle de la crise agricole actuelle en restant au village ; 4) elle a une "autonomie", tant du point de vue des activités à mener que des règles de fonctionnement. Même s'il ne faut pas sous estimer les stratégies individuelles elles se sont montrées jusque là inefficace. Avec l'émergence des néo-ruraux, l'arrivée des migrants, la diversification des stratégies individuelles, un nouveau lieu d'élaboration de consensus peut être l'organisation rurale, dans la mesure où une mutualisation des stratégies individuelles peut être trouvée. Les uns avec leurs expériences du terrain et les autres avec leurs connaissances scolaires. Ceux qui travail-lent pour moderniser l'agriculture souhaitent l'émergence de groupements de producteurs capables de devenir des entreprises ou organismes sachant gérer la chaine entière d'activité, au risque de les voir échouer faute d'un environnement socio-économique sécurisé.

    CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE

    La présence d'un système efficace de commercialisation, de transformation et de distribution des produits alimentaires est une voie de la sécurité alimentaire pour tous. Trop souvent, les capacités de stockage et de transport entre la zone de production et le lieu de consommation sont insuffisantes. Un commerce local se tient dans la région de Méagui. Mais quand il s'agit d'un commerce qui dépasse l'échelle du local, il est influencé par les routes sur lesquelles les forces de l'ordre sont présentes, par la distance qui ne rentabilise pas le commerce et par l'absence de véhicules destinés aux vivriers. De ce fait plusieurs points de collecte sont sollicités depuis Méagui jusqu'à Abidjan. Les centres permettent surtout de compléter les quantités de produits. Il est rare de rencontrer en « convoi pure » des produits vivriers qui n'on pas fait l'objet d'une collecte supplémentaire. Si à celle-ci, doit venir se greffer des charges comme la location d'une remorque, les taxes sur les routes, les coûts de commercialisation peuvent être considérables et représenter une part importante du prix. On assiste alors à un rétrécissement des quantités et du nombre de commerçantes ; le grand nombre d'entre eux empruntant les transports en commun de voyageurs, principaux circuits commerciaux. Cette inadéquation des moyens de transport et les tracasseries routières qui ont cours sur les routes quelque soit les modalités de transport, réduisent les quantités de produits vivriers. Ce qui valide la troisième hypothèse.

    CONCLUSION GENERALE

    Cette recherche est née d'une curiosité scientifique. Sa visée est donc exploratoire et elle a pour objectif de contribuer à une meilleure connaissance du bassin vivrier de la région de Méagui. Cette recherche de quatre parties présente dans sa première partie, la structure du dispositif de recherche mobilisé et mis en oeuvre pour recueillir les informations traitées.

    Dans la seconde partie, la nature des produits vivriers et les disponibilités vivrières sont démontrées tant pour les féculents, les fruits, les maraîchers et les oléagineux. Que ce soit par le dynamisme Baoulé et Burkinabé en particulier ou par le suivisme des Bakwé, chacun contribue selon sa force de travail au développement des cultures vivrières. L'évaluation de leurs importances dans la région montre que chaque groupe est reconnu pour être pionnier dans un type de cultures. Ce qui valide la première hypothèse et satisfait au premier objectif. Toutefois, des changements devraient être opérés dans les techniques de production, grâce à une formation appropriée, accompagnés de mesures incitatives telle que la fixation d'un prix garanti qui valorise au mieux la journée de travail du paysan. De même, une meilleure organisation des paysans tendant à leur inculquer un plus grand sens des responsabilités, de l'autonomie et de l'initiative pourrait amoindrir les difficultés que rencontrent les agriculteurs.

    Au niveau de la distribution en milieu urbain, les rapports sociaux et les relations de crédit basées sur la confiance nouées constituent surtout pour les détaillantes, le vecteur essentiel d'expansion commerciale. La multiplication des agents, parties prenantes dans la distribution et la minimisation du coût du transport par la maitrise du réseau de transport concourent à la suprématie des l'organisation des grossistes. La gestion d'un nombre aussi important de relations avec les autres commerçantes confirme le rôle central des grossistes. Autour de l'activité vivrière, les acteurs à cause de leur faible autonomie financière sont donc organiser par les grossistes. Sans la volonté de ceux-ci ou un désengagent même partiel de leur part étoufferait le commerce de cette région. Ce qui à pour conséquence que leurs rôles essentiels conditionnent l'évolution de la production et de la commercialisation du vivriers de la région. Ce qui valide la deuxième hypothèse et satisfait au second objectif.

    Pour rentabiliser leurs commerces d'autres centres comme celui de Yabayo et sur une plus longue distance, les marchés abidjanais sont d'attraits. Les grossistes qui se déplacent de Méagui sont confrontés à deux difficultés majeures : l'inadéquation des moyens de transport et les tracasseries routières. Dans ce processus de commercialisation, les moyens de transport ne conviennent pas aux attentes des commerçantes qui se déplacent sur d'autres centres. De plus

    les agissements des forces de l'ordre fragilisent d'avantage un commerce qui ne rapporte déjàpas de gros profit. Ce qui a pour conséquence de limiter les quantités de produits vivriers qui

    transitent par ces circuits commerciaux. La troisième hypothèse est donc validée et le denier objectif satisfait.

    Le cas de la région de Méagui, comme le montre les statistiques de la population, est un espace d'<< aventuriers» en proie à ne faire que des bénéfices. Une activité comme le vivrier qui se présente comme un sacerdoce ne peut pas occuper cette population durablement, surtout que les bénéfices sont soumis à de forts aléas. En passant du grenier à l'autosuffisance puis à la sécurité pour aboutir à la souveraineté alimentaire, le but était et est de plus en plus que les populations soient garantes de leurs alimentations. Dans le cas présent en l'occurrence, cette responsabilité est confiée de manière tacite aux populations accueillies. En effet, le potentiel de production, de commerces et de transports est détenu par des populations << étrangères » à la zone. Comment s'expliquer que le schéma directeur du développement local soit aux mains des étrangers à la zone. Les acteurs piliers de l'agriculture sont soit des Baoulé soit des Burkinabé. Comme ceux-ci n'ont pas rompu les liens avec leurs origines, toute la richesse qu'elles créent, retourne dans leurs lieux de provenances. On comprend que cette région se vide de sa richesse agricole.

    Si la somme des hypothèses donne à constater que la production existe mais que c'est son déplacement qui pose problème, cela met en évidence le rôle crucial occupé par les activités de transformation : l'alimentation hors domicile. Elle permet aux citadins d'avoir accès à des produits locaux sous une forme particulièrement bien adaptée à leurs modes de vie. Le développement de l'alimentation hors domicile est à mettre en relation d'abord avec les changements de conditions de vie en ville (éloignement du lieu de travail, développement des activités professionnelles des femmes). Mais d'autres facteurs sont à prendre en considération comme les prix abordables des plats préparés à partir des produits vivriers locaux. Ainsi, pour la population défavorisée, ce mode d'alimentation constitue un moyen de se nourrir à faible coût. Au lieu de transporter du vivrier sur près de 400Km, il conviendrait d'étudier les ten-dances à la diversification alimentaire, d'examiner en particulier dans cette perspective, quels sont les produits locaux qui seraient les plus susceptibles de se prêter à la diversification après transformation.

    Une chose est certaine : les opérateurs de ce secteur, en particulier les multitudes d'artisanes qui l'animent, sont rarement prises en compte dans les stratégies alimentaires. Pourtant, le rôle prépondérant de ce secteur dans la valorisation des produits agricoles locaux et son importante contribution à la valeur ajoutée dans les filières vivrières en matière d'emplois et de revenus méritent que son développement soit appuyé. /.

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    ANNEXES

    Annexes 1: Structure des prix depuis les zones de production jusqu'au marchés Annexes 2: Questionnaire aux producteurs

    Annexes 3: Questionnaire aux grossistes

    Annexes 4: Questionnaire aux transporteurs

    Annexes 5: Questionnaire aux détaillantes

    Prix de gros +
    Prix de manutention et stockage
    Prix du transport + Douane

    Prix de gros + manutention Prix du transport + Douane

    Prix demi-gros + Prix transport

    Prix de micro détail + Taxes + Marge

    Prix de gros ou
    Prix de demi-gros +
    Prix du transport + Douane

    Prix de miro détail
    + / - Taxes

    Marchés permanents
    [Méagui - Oupoyo - Robert-porte]

    Marchés hebdomadaires

    [Touagui 2 -- Gnititougui 2]

    Prix de gros
    Prix de détail + Taxes

    Prix de détail
    Prix de micro détail
    + Taxes

    Bassin de réception

    Prix du voyage + Prix du déchargement + Taxes + Marge

    Prix de gros + Prix de stockage et manutention

    Prix du voyage + Prix du déchargement + Taxes + Marge

    Prix à l'entrée des marchés

    Prix du voyage + Prix du déchargement + Taxes + Marge

    Destinations diverses

     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Bassin de Production

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Prix bord
    champ

     

    Prix sur
    champ

     

    Prix en cours
    de route

     

    Prix place
    centrale

     

    Prix marchétemporel

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     





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