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Etude de la conséquence en français contemporain: Le cas de trois oeuvres d'Emile Zola

( Télécharger le fichier original )
par Lysette Nanda
Université de Yaoundé I - DEA de langue française 2006
  

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1. La conséquence réelle

Ce qui est réel est concret, palpable, évident. La conséquence réelle est donc celle qui s'est effectivement produite comme l'illustrent les énoncés ci-après :

1a. [...], jamais les débits n'avaient eu moins de clients. Aussi Mme Rasseneur, immobile au comptoir, gardait-elle un silence irrité.

(Ge, p380) ;

1b. Déballée de sa couverture, elle grelottait sous cette lueur vacillante, d'une maigreur d'oiseau agonisant dans la neige, si chétive qu'on ne voyait plus que sa bosse (Ge, p379) ; 

1c. Les mioches rentraient avec la faim, ils voulaient manger [...] et ils grognèrent, se traînèrent, finirent par écraser les pieds de leur soeur mourante, qui eut un gémissement (Ge, p378) ;

1d. Mais Etienne, la nuit suivante désespéra de nouveau. La compagnie

avait les reins trop forts pour qu'on les lui cassât si aisément,

(Ge, p362).

La conséquence réelle a cependant deux caractéristiques : la conséquence réelle attendue et la conséquence réelle inattendue.

1.1. La conséquence réelle attendue

Ce qui est attendu est souhaité, calculé, prévu. On parle de conséquence attendue lorsqu'elle est sollicitée. Ducrot et alii (1980 :164) parlent de conséquence voulue. C'est le cas des énoncés [2] :

2a. Le coron des Deux-Cent-Quarante ne devait être payé que vers quatre heures. Aussi les hommes ne se pressaient-ils pas, [...]. (Ge, p.169) ;

2b. Mais sa voix se perdit au milieu d'un tumulte si épouvantable, qu'il dut quitter de nouveau la fenêtre, [...].(Ge, p408) ;

2c. Une cage l'attendait, on l'appelait avec colère, en la menaçant d'une amende. Alors, elle se décida, elle lui serra la main. (Ge, p498) ;

2d. Dans les estaminets, on se fâchait tout haut, la colère séchait tellement les gosiers, que le peut d'argent touché restait sur les comptoirs. (Ge, p 177).

Ce type de conséquence est introduit par des marqueurs de relation inférentielle et les marqueurs de conséquence factuelle.

1.1.1. Les marqueurs de relation inférentielle

Un marqueur, encore appelé connecteur, est un mot de liaison qui établit entre les éléments reliés une relation logique et une nuance de sens. Avec les connecteurs pragmatiques, le locuteur donne à son propos une orientation argumentative que seul le contexte permet d'évaluer. A ce sujet, Hybertie (1996 :5) parle, de marqueurs de raisonnement qu'elle définit comme ceux qui ont plus spécifiquement pour fonction de mettre en relation les différents moments d'un raisonnement, qu'il s'agisse ou non d'une inférence. Et Nølke et Olsen (2000a :47-48) de schématiser de la sorte : dans la séquence X donc Y, l'argument véhiculé par Y est présenté comme la conséquence de X, qui est trouvée par un raisonnement.

De ce fait, inférer, c'est partir d'un fait pour en déduire les conclusions. Réboul et Moeschler (1998 : 57) perçoivent l'inférence comme un processus logique qui, à partir d'un certain nombre d'informations, connues (les prémisses), en dérive de nouvelle (la [ou les] conclusion[s]). L'inférence traduit donc une opération de pensée qui, à partir d'un fait donné dans l'expérience du locuteur, permet de déduire l'existence d'un autre fait non donné dans son expérience. Et les marqueurs de conséquence inférentielle sont les traces de cette inférence. Pour Hybertie en tout cas, les connecteurs les plus utilisés sont : donc, alors, ainsi, aussi, par conséquent.

1.1.1.1. Le connecteur donc

Initialement perçu par la grammaire comme l'un des sept conjonctions de coordination, le connecteur donc occupe aujourd'hui une place de choix dans la construction du discours. En effet, l'étymologie de donc est riche en informations ; cette richesse suscite des hypothèses divergentes quant à la genèse même de ce connecteur. Il est tantôt dérivé du latin dunc, tantôt de dum. Dans l'un ou l'autre cas, Hybertie (op cit : 8) tranche en définissant ce marqueur comme une particule temporelle marquant la simultanéité de deux actions qui se déroulent. Par ailleurs, l'auteur signale que cette particule a évolué, et est passée d'une simultanéité constatée à l'expression d'une causalité considérée comme existant en dehors du discours qui la représente, et sur laquelle se fonde la relation établie en discours. En guise d'exemple, dans les énoncés [3] ci-après:

3a. Des camarades, les premiers, étaient sortis ; il n'y avait donc

pas d'échelles cassées (Ge, p 302) ;

3b. C'est qu'il y a d'ennuyeux, dans ces machines-là, c'est que ce

sont toujours les mêmes femmes...Il faudrait du nouveau.

Tachez donc d'en inviter une. (Na, p238) ;

3c. Des éboulements menaçaient partout, les voies avaient tellement

souffert, qu'il fallait raccommoder les boisages sur des longueurs de

plusieurs centaines de mètres. En bas, on formait donc des équipes

de dix hommes, chacune sous la conduite d'un porion ; (Ge, p442).

En [3a], le connecteur donc exprime une relation de causalité entre les faits être sortis et n'avoir pas d'échelles cassées. Parlant des valeurs des connecteurs dans les énoncés, Medina (2001 :192) reconnaît que les instructions procédurales, c'est-à-dire, l'emploi en contexte des connecteurs consécutifs comme donc, en conséquence, par conséquent provoque deux types d'informations. Il déclare à cet effet :

1) dados dos enunciados, A, B, el enlace presenta B como implicación de A (A>B) ; y 2) la relación A>B como relación de presupuesta.

(entre deux énoncés donnés A, B, le connecteur présente B comme la déduction de A (A>B) ; et 2) la relation A>B comme la relation préconstruite).

Ce que Medina note A>B est une relation de cause à effet, où A représente la cause (ou prémisse, origine, source, évènement) et B, l'effet ou la conclusion que l'on tire de A. Ainsi, l'énoncé [3a], présente A : Des camarades, les premiers, étaient sortis  comme origine de l'évènement énoncé en B : il n'y avait pas d'échelles cassées. La relation consécutive s'établit donc entre deux termes orientés, où l'un sert d'argument, c'est-à-dire l'acte subordonné, et l'autre la conclusion, ou acte directeur introduit par le connecteur. A propos de l'acte directeur, il s'agit de l'information essentielle qui motive l'énonciation de B. Dans le cas précis, étant dans la fosse (les mines), il est évident que si les échelles qui assurent la liaison entre le monde souterrain et l'extérieur se cassent, la sortie de la fosse est quasi impossible. En conséquence, il peut ne pas s'agir ici de donner l'information selon laquelle les camarades sont sortis, mais également de chercher à dissiper les inquiétudes de ceux qui sont encore dans la fosse et qui s'interrogent sur leur sort. Le connecteur permet alors d'établir la relation de concomitance préconstruite entre les deux faits qui sont décrits. De ce fait, on interfère la conséquence y non donnée dans l'expérience du sujet de la cause x. Le locuteur présente les arguments de sorte que la conséquence soit justifiée par l'argument de x. Ainsi, en [3a], le connecteur donc ne dit pas seulement qu'un fait x a produit ou causé un autre fait y, mais que x et y correspondent, et donc permet de légitimer la validation de y (n'avoir pas d'échelles cassées) à partir du moment où x (être sortis) est elle-même validée. La sortie des camarades de la fosse se présente comme une évidence l'assertion de il n'y a pas d'échelles cassées. L'énoncé peut être modulée de la manière suivante : x j'affirme que y. Aussi, dans la réalisation des deux mouvements argumentatifs qui donnent lieu à une relation d'implication, la vérité de y est-elle rendue incontestable, parce qu'elle est suggérée par celle de x qui est censée être déjà acceptée.

En établissant donc une relation logique de cause à effet, le connecteur donc permet au locuteur de présenter les prémisses comme vrai et, déclare Rossari (1996 :271), de prétendre à l'objectivité que garantit le mouvement consécutif en tant que procédure argumentative. Soulignons que l'auteur parle de prétention à l'objectivité et non de certitude de l'objectivité. Il s'agit donc d'une aspiration du locuteur à la vérité de son propos. Cela justifie l'emploi de donc qui vient renforcer l'acte illocutoire d'assertion et guide le co-énonciateur dans l'inférence de y. La relation x donc y ne concerne plus la stricte causalité, l'enchaînement qu'établit le connecteur donc exprimant la logique argumentative qui impose de voir en la conclusion y l'explication de x en [3a et 3c] et sa nécessité en [3b]. Comme marqueur d'explication, donc peut être commuté par de ce fait, par conséquent, voilà pourquoi, c'est pourquoi. Dans la perspective de l'utilisation du même cadre d'analyse, que révèle l'emploi de alors ?

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo