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Etude de la conséquence en français contemporain: Le cas de trois oeuvres d'Emile Zola

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par Lysette Nanda
Université de Yaoundé I - DEA de langue française 2006
  

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1.1.2. Les marqueurs de consécution factuelle

Les marqueurs de conséquence factuelle sont ceux qui expriment un lien de cause à effet entre deux faits auxquels réfèrent les énoncés, et ne peuvent pas être utilisés pour marquer une inférence. Il en existe deux catégories : les marqueurs qui expriment la conséquence par l'intensité et ceux qui expriment la conséquence par la manière.

1.1.2.1. L'expression de la conséquence par l'intensité

Parler de l'expression de la conséquence par l'intensité revient à admettre que l'accomplissement de la conséquence est tributaire de l'atteinte d'une certaine intensité. Ce seuil est considéré comme le degré de force, de tension ou d'activité. En grammaire, il est exprimé par des adverbes d'intensité. Il désigne le degré plus ou moins haut qu'atteint une qualité, un état, un sentiment, etc. C'est pourquoi Riegel et alii (1996 :361) relèvent que dans son organisation de la réalité, le français distingue deux échelles, selon que la variation est considérée en elle-même ou en rapport avec un élément extérieur. L'approche énonciative présente les adverbes intensifs comme ceux qui montrent que l'avènement de la conséquence est conditionné par l'atteinte d'une certaine intensité. Sur le plan sémantique, Romero (2005 :2) pense que l'intensité d'un phénomène X se définit comme la différence ou l'écart entre deux états x1 et x2 relatifs à ce phénomène. Cette définition parait très abstraite ; néanmoins, nous relevons que l'écart dont parle l'auteur peut constituer à la fois un contraste (avec la comparaison par exemple) ou une quantité. C'est sur l'aspect quantitatif de l'intensité que nous nous attarderons ici. En fait, pour l'appréhender vraiment, nous revenons à la notion d'échelle déjà notée par Riegel et alii. Quel que soit le cas, un groupe de marqueurs, à savoir si...que, tant que, tellement que à un (tel) point (tel) que, à ce point, à tel point, au point que, forment les systèmes corrélant l'intensité et la consécution. Dans ce sens, Hybertie (1996 :73) reconnaît que

l'énonciateur construit sur le prédicat de P1 une propriété différentielle, propriété qui consiste dans le fait qu'une qualité ou un processus possèdent une intensité telle qu'ils peuvent être tenus comme une cause efficiente de la conséquence représentée.

Par ailleurs, l'élément de P1 susceptible d'être déterminé par l'intensité peut soit être un verbe, soit un adjectif, soit un autre adverbe ou même un nom. Dans ce sens, on parle d'incidence, c'est-à-dire que l'adverbe intensif apporte une précision supplémentaire au mot auquel il adjoint et on note dans les échantillons suivants :

9a. Lorsqu'il sut qu'on le mariait enfin, Zacharie se mit à rire si fort qu'il

en étranglait. (Ge, p.155) ;

9b. Elle (Flore) avait tant souffert, qu'un soir, elle s'était cachée, voulant écrire à la justice. (Lbh. p.301) ;

9c. Elle continuait, jurant, se soulageant, au milieu de la saleté du ménage, abandonné depuis si longtemps déjà, qu'une odeur insupportable s'exhalait du carreau. (Ge, p 251 ;

9d. J'ai travaillé au fond pendant vingt tans, j'y ai sué tellement de misère et de fatigue, que je me suis juré d'obtenir des douceurs pour les pauvres bougres [...]. (Ge, p 228) ;

9e.Elle (Séverine) devenait farouche, elle l'accusait d'avoir gâté son existence, à ce point que la vie était désormais impossible côte à côte. (Lbh p283).

Dans [9], la relation de cause à conséquence établie par les marqueurs est présentée comme une condition déterminée par l'atteinte d'un niveau d'intensité conduisant à la réalisation du processus de cause à effet. Le processus représenté dans P1 (fort) représenté dans [9a] doit connaître un accroissement quantitatif pour permettre la réalisation de l'effet projeté dans P2 : il en étranglait. Voilà pourquoi Hybertie (1996 :75) déclare que

la valeur propre des systèmes qui corrèlent intensité et consécution est donc d'exprimer que la relation consécutive n'est pas validée pour toute occurrence de P1, mais seulement pour une sous-classe d'occurrence du prédicat.

[9a] exprime l'attitude de Zacharie, jeune mineur, dont l'annonce de son mariage réjouit. Toutefois, dans l'univers habituel, il est difficile de penser que le fait de rire puisse être la cause du fait que l'on s'étrangle, même la force liée au fait n'est pas suffisante pour déclencher la conséquence. Ainsi, la relation prédicative, étrangler pour avoir ri fort ne s'explique que si on adjoint à l'assertion de la qualité fort une notion d'intensité, notion qui rend compréhensible et réalisable la conséquence. Ainsi, l'emploi de l'adverbe d'intensité si se présente comme devant atteindre un certain seuil, une certaine échelle pour déclencher la conséquence. Cette analyse est valable pour tous ces adverbes. Parlant d'échelle, Romero (op cit:2) dit qu'il s'agit d'un ensemble d'éléments totalement ordonnés dont un plus petit. Les adverbes si, tellement, tant, à ce point que, etc. renforcent l'assertion de P2 et lui donnent un caractère objectif. En deçà de cette échelle que représente cette intensité, l'interprétation de ces énoncés sera différente comme il est question en [9'] :

9a'. Lorsqu'il sut qu'on le mariait enfin, Zacharie se mit à rire fort, il en

étranglait ;

9b'. Elle (Flore) avait souffert, un soir, elle s'était caché, voulant écrire à la justice ;

9c'. Elle continuait, jurant, se soulageant, au milieu de la saleté du ménage, abandonné depuis longtemps déjà, une odeur insupportable s'exhalait du carreau ;

9d'. J'ai travaillé au fond pendant vingt tans / ans / , j'y ai sué de misère et de fatigue, je me suis juré d'obtenir des douceurs pour les pauvres bougres ;

9e'. Elle (Séverine) devenait farouche, elle l'accusait d'avoir gâté son

existence, la vie était désormais impossible côte à côte.

Les énoncés sont juxtaposés. L'intensité est au degré zéro. On pourrait voir en cette disposition une addition qui favorise la description des faits. La conséquence devient ici inférentielle, car c'est par un calcul interprétatif que l'allocutaire doit la déduire. Aucune condition n'est à remplir pour que le fait conséquence se réalise ou soit validée si ce n'est celle de la relation primitive de causalité. L'absence du marqueur de l'intensité atténue la force argumentative et ôte à l'énonciation les effets pragmatiques escomptés. Pour ce faire, au sujet de la présence des adverbes intensifs dans l'énoncé, Roméro (2005 : 5) déclare qu'ils servent à introduire une conséquence qui, de par sa nature, est à même d'augmenter la force assertive que l'on veut donner à la cause, [...]. L'effet pragmatique que vise le locuteur se situe donc au niveau de cette force, qui est une condition à la réalisation de la conséquence voulue.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote